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  Préface	
  de	
  Edouard	
  SALUSTRO	
  
	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  Président	
  honoraire	
  de	
  l’Ordre	
  des	
  Experts-­‐Comptables	
  
	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  Président	
  honoraire	
  de	
  la	
  Compagnie	
  Nationale	
  des	
  Commissaires	
  aux	
  Comptes	
  
Président	
  honoraire	
  de	
  la	
  Section	
  Professions	
  Libérales	
  du	
  Conseil	
  Economique	
  et	
  Social	
  
	
  
Crise	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  
et	
  libres	
  contributions	
  
économiques	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
  2	
  
PREFACE	
  DE	
  MONSIEUR	
  EDOUARD	
  SALUSTRO	
  :	
  
	
  
Définir un ouvrage aussi riche que celui que nous propose aujourd’hui Jean-Yves
Archer relève de la gageure. Au fond, je dirais pour tenter de le résumer, qu’il s’agit
là de l’œuvre combinant la recherche de sagesse de l’honnête homme du Grand Siècle
et la faim de savoir(s) des Encyclopédistes.
Rassemblée autour d’un thème ô combien important, la portée de la crise actuelle,
cette série d’essais fixe, par touches successives, le portrait d’une société et d’une
économie occidentales qui commencent seulement à prendre conscience aujourd’hui
qu’elle sont entrées, vers 2007, dans une crise structurelle dont elle ont du mal à saisir
la portée et l’amplitude réelle.
Sans doute n’y a-t-il rien que de très normal, et l’histoire économique des deux
derniers siècles, au moins, nous montre que la myopie est un mal commun à l’histoire
économique comme à l’histoire tout court. Dès lors, une mise en perspective comme
nous l’offre ici Jean-Yves Archer est-elle un vademecum indispensable, non seulement
pour comprendre l’histoire des cinq dernières années, mais aussi pour anticiper, a
minima, les cinq années qui viennent.
Le thème de la régulation apparait en filigrane dans cet ouvrage. Ce thème, devenu un
mantra de nos gouvernants, montre ici toute son ambivalence et la nécessité de le
replacer dans le cadre plus large de la légitimité politique. En effet, un régulateur ne
tire pas de lui-même sa légitimité mais des pouvoirs politiques qui l’ont mis en place.
Ceux qui l’oublient tendent d’ailleurs à perdre rapidement le sens du réalisme et de la
réalité (notamment économique) et perdent ainsi toute efficacité.
La régulation est donc le thème cher à la plupart des politiques, européens
(beaucoup), américains (un peu) et asiatiques (pas encore). Régulation des marchés,
régulation des comportements sociaux, la notion est séduisante. Pour autant, la
longue mutation dans laquelle nous sommes entrés depuis 2007 a démontré également
les limites d’une régulation qui avait pourtant été un leitmotiv de toutes les réformes
économiques menées depuis le milieu des années 1980 : le seul exemple français
atteste de la prolifération des autorités de régulation, parfois les plus surprenantes
(régulation des jeux en ligne ou régulation de la publicité).
Or ces mêmes autorités de régulation , depuis 2007, n’ont pas anticipé les
bouleversements issus des crises successives du secteur bancaire et de la dette
publique, voire ont contribué à les amplifier ou à rendre inopérant une partie de leur
traitement. Ainsi, les superviseurs bancaires européens n’ont-ils pas anticipé la
révolution qu’allait introduire la réforme des ratios prudentiels, véritable bombe à
retardement qui oblige les établissements à une mutation inédite, comparable à celle
des années de crise des années 30 ou de prospérité des années 60.
En matière comptable, l’émergence tardive des instances d’auto-régulation et de
normalisation en Europe en général et en France en particulier, n’a pas permis là non
plus d’anticiper le choc que constituaient les IFRS, en particulier pour le secteur
financier où leur entrée en vigueur se combinait avec les nouveaux ratios prudentiels
mentionnés plus haut.
  3	
  
En quelque sorte, même si la comparaison est osée, la régulation financière et
comptable a manqué, comme la dette publique européenne, d’une instance de
gouvernance qui préexiste à l’instauration des disciplines : le Mécanisme européen de
stabilité est arrivé trop tard, comme va l’être l’émergence d’un régulateur comptable
et financier européen (à travers l’ESMA).
L’intérêt de l’ouvrage de Jean-Yves Archer est certes de nous inviter à cette analyse
rétrospective. Il est aussi un appel à restaurer l’efficacité et donc la légitimité de
l’action publique.
Loin des libertariens dont la pensée est limitée, il nous incite à nous demander
comment améliorer l’intervention de l’Etat et comment la repenser dans un cadre de
refonte radicale de nos structures économiques. L’Etat « modeste » dont M. Crozier
s’était fait le chantre, n’est pas l’Etat minimal, pas plus qu’il n’est l’Etat Gargantua
dont l’action se résume à produire de la dépense publique et (mais on s’en est aperçu
un peu tard) de la dette publique. C’est un Etat qui s’affirme, qui agit, mais qui
assume sa vocation de stratège. En ce sens, la réflexion de Jean-Yves Archer est
véritablement gaullienne car elle remonte à l’essentiel : que doit faire l’Etat, c’est-à-
dire le pouvoir politique, qui ne se résume pas à l’action technocratique.
Le manque d’efficacité de la Commission européenne dans la gestion de la crise, la
reprise en main par les politiques (même si on a critiqué le couple Merkel-Sarkozy)
démontrent que, contrairement à l’idéal saint-simonien ou marxiste, l’administration
des choses ne peut pas se substituer au gouvernement des hommes.
En ce sens, l’ouvrage de Jean-Yves Archer, très réaliste sur les « années d’angoisse »
qui nous attendent, est aussi une leçon d’optimisme et de volontarisme : l’action
collective, publique ou citoyenne, est la condition de l’émergence d’un modèle
nouveau, au terme de ce qui s’annonce déjà comme une « très longue crise ». Mais
c’est justement par la lucidité sur la profondeur du mal que se mesure la capacité à
rebondir.
Edouard SALUSTRO – 14/09/2012
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
  4	
  
En	
  guise	
  d’introduction	
  :	
  
	
  
	
  
La	
  crise	
  économique	
  qui	
  sévit	
  actuellement	
  présente	
  des	
  points	
  de	
  similitude	
  avec	
  un	
  
concert	
  dont	
  les	
  instruments	
  seraient	
  tenus	
  par	
  des	
  personnages	
  aux	
  gestes	
  erratiques.	
  
La	
  cacophonie	
  de	
  la	
  crise	
  a	
  un	
  coût	
  social	
  que	
  nous	
  déplorons	
  et	
  que	
  nous	
  sommes	
  dans	
  
l'envie	
  de	
  dénoncer	
  tant	
  les	
  souffrances	
  sont	
  omniprésentes	
  et	
  multiples.	
  
Que	
  la	
  crise	
  atteigne	
  les	
  plus	
  fragiles	
  de	
  nos	
  sociétés	
  occidentales	
  semblent	
  hélas	
  d'une	
  
certaine	
   normalité	
   et	
   les	
   mécanismes	
   d'amortisseurs	
   sociaux	
   sont	
   là	
   pour	
   parer	
   aux	
  
urgences	
  et	
  grandes	
  détresses.	
  
Mais	
   la	
   crise	
   de	
   2008	
   a	
   des	
   prétentions	
   de	
   destruction	
   sociale	
   plus	
   établies	
   :	
   elles	
  
attaquent	
  sans	
  détours	
  ni	
  ambages	
  les	
  classes	
  moyennes.	
  
L'Insee	
  a	
  instauré	
  le	
  concept	
  de	
  travailleurs	
  pauvres	
  et	
  qui	
  ne	
  saurait	
  oublier	
  les	
  dizaines	
  
de	
  salariés	
  qui,	
  faute	
  de	
  pouvoir	
  honorer	
  un	
  loyer,	
  dorment	
  dans	
  leur	
  voiture	
  sur	
  des	
  
aires	
  de	
  stationnement	
  pour	
  forains	
  ou	
  sur	
  des	
  parkings	
  de	
  supermarchés.	
  
L'humiliation	
   sociale	
   et	
   le	
   peu	
   d'hygiène	
   la	
   nuit	
   à	
   deux	
   pas	
   de	
   rayons	
   richement	
  
achalandés	
  le	
  jour.	
  
Tel	
  est	
  le	
  constat.	
  
A	
  l'échelle	
  de	
  l'Union	
  européenne,	
  si	
  laborieusement	
  construite,	
  nous	
  voilà	
  confrontés	
  à	
  
une	
  crise	
  monétaire	
  (	
  fragilité	
  de	
  la	
  zone	
  €uro	
  et	
  situations	
  grecque	
  et	
  espagnole	
  :	
  retour	
  
au	
   bullionnisme	
   ?	
   ),	
   à	
   un	
   tassement	
   sérieux	
   de	
   la	
   croissance	
   accompagné	
   de	
  
délocalisations	
  (	
  crise	
  économique	
  )	
  et	
  bien	
  évidemment	
  à	
  une	
  crise	
  sociale	
  (	
  pouvoir	
  
d'achat,	
  chômage,	
  développement	
  du	
  temps	
  partiel	
  mal	
  rémunéré,	
  mouvements	
  de	
  lutte	
  
contre	
  l'austérité	
  :	
  les	
  Indignés	
  ).	
  
Nulle	
  personne	
  ayant	
  accompli	
  quelques	
  bribes	
  de	
  scolarité	
  économique	
  ne	
  peut	
  rester	
  
indifférent	
  à	
  cet	
  ensemble	
  de	
  mines	
  dérivantes	
  qui	
  encerclent	
  notre	
  Europe.	
  
Nul	
  ne	
  peut	
  ignorer	
  l'histoire	
  de	
  notre	
  Continent	
  :	
  il	
  y	
  a	
  nettement	
  moins	
  de	
  cent	
  ans,	
  ce	
  
fût	
  autant	
  Lord	
  Keynes	
  que	
  le	
  réarmement	
  qui	
  ont	
  eu	
  raison	
  de	
  la	
  crise	
  alors	
  venue	
  des	
  
Etats-­‐Unis	
  d'Amérique.	
  
La	
  crise	
  plurielle	
  que	
  nous	
  connaissons	
  est	
  une	
  fabrique	
  à	
  exclusion	
  sociale	
  et	
  sociétale	
  :	
  
elle	
  déclenche	
  de	
  sourds	
  et	
  diffus	
  phénomènes	
  de	
  jalousies	
  sociales,	
  de	
  rejets	
  ethniques,	
  
de	
  découragements	
  individuels.	
  
Par	
  la	
  crainte	
  de	
  l'avenir	
  qu'elle	
  déclenche,	
  cette	
  crise	
  nous	
  fait	
  voir	
  des	
  taux	
  d'épargne	
  
hors-­‐norme	
  :	
  on	
  remplit	
  autant	
  son	
  livret	
  d'épargne	
  que	
  son	
  armoire	
  de	
  pharmacie	
  qui	
  
regorge	
  d'anxiolytiques.	
  
Le	
  cadre	
  supérieur,	
  pris	
  dans	
  son	
  jet-­‐lag,	
  l'opérateur	
  pris	
  dans	
  une	
  restructuration	
  suite	
  
à	
   un	
   LBO	
   (	
   Leveraged	
   Buy	
   Out	
   ),	
   la	
   caissière	
   d'hypermarchés	
   exténuée	
   ont	
   un	
   point	
  
commun	
  :	
  l'angoisse	
  voire	
  la	
  peur.	
  
Il	
  n'est	
  pas	
  crédible	
  d'envisager	
  vivre	
  dans	
  une	
  société	
  au	
  sein	
  de	
  laquelle	
  5	
  millions	
  de	
  
gens	
  sont	
  précaires	
  et	
  dix	
  millions	
  dans	
  la	
  crainte	
  d'être	
  déclassés	
  en	
  commençant	
  par	
  la	
  
perte	
  de	
  leur	
  capacité	
  à	
  conserver	
  leur	
  logement.	
  
Bien	
  des	
  économistes	
  ont	
  commis	
  bien	
  des	
  écrits	
  intéressants	
  mais	
  là	
  il	
  nous	
  faut	
  penser	
  
avec	
  l'urgence	
  sociale	
  comme	
  carburant	
  de	
  la	
  plume.	
  
  5	
  
Il	
  ne	
  s'agit	
  pas	
  de	
  définir	
  le	
  scénario	
  X	
  ou	
  Y	
  comme	
  le	
  faisait	
  la	
  Datar	
  (	
  "	
  scénario	
  de	
  
l'impossible	
   "	
   )	
   mais	
   il	
   convient	
   d'aborder	
   diverses	
   questions	
   économiques	
   avec	
   le	
  
compas	
  dans	
  l'œil	
  :	
  autrement	
  dit,	
  avec	
  précision	
  et	
  engagement.	
  
La	
  crise	
  étant	
  partie	
  du	
  monde	
  bancaire,	
  plusieurs	
  contributions	
  de	
  cet	
  ouvrage	
  sont	
  en	
  
rapport	
   avec	
   les	
   banques.	
   Avec	
   leur	
   situation	
   générale,	
   avec	
   leur	
   besoin	
   d'adaptation	
  
pour	
  les	
  banques	
  privées,	
  avec	
  un	
  peu	
  de	
  recul	
  historique	
  pour	
  les	
  banques	
  d'affaires	
  
par	
  référence	
  à	
  feu	
  André	
  Meyer	
  (	
  Lazard	
  Frères	
  ).	
  
Nous	
   sommes	
   en	
   effet	
   convaincus	
   qu'une	
   des	
   conséquences	
   de	
   cette	
   crise	
   quasi-­‐
planétaire	
  va	
  être	
  la	
  relance	
  d'un	
  mouvement	
  de	
  concentration	
  sans	
  précédent	
  que	
  les	
  
vertiges	
  du	
  pouvoir	
  bancaire	
  sont	
  loin	
  d’être	
  soumis	
  à	
  la	
  moindre	
  asymptote.	
  
Bnp	
  et	
  Fortis,	
  accord	
  Peugeot	
  et	
  Gm,	
  	
  Gan	
  et	
  Allianz	
  après	
  Axa	
  et	
  Uap,	
  etc	
  vont	
  être	
  les	
  
signaux	
  précurseurs	
  de	
  la	
  constitution	
  de	
  firmes	
  véritablement	
  transnationales.	
  
Le	
   capitalisme	
   ne	
   sait	
   sortir	
   que	
   par	
   le	
   haut	
   :	
   que	
   par	
   l'incessante	
   massification	
   des	
  
moyens	
   de	
   production.	
   Ces	
   futures	
   opérations	
   de	
   croissance	
   externe	
   seront	
   un	
   des	
  
leviers	
  de	
  la	
  reprise	
  conjoncturelle	
  d'ici	
  à	
  5	
  ans.	
  
D’autant	
  que	
  les	
  acquisitions	
  de	
  firmes	
  venues	
  des	
  pays	
  émergents	
  (	
  exemple	
  Arcelor	
  
Mittal	
  )	
  vont	
  venir	
  renforcer	
  cet	
  état	
  de	
  faits.	
  
Notre	
  réflexion	
  posée	
  nous	
  fait	
  en	
  effet	
  estimer	
  que	
  nous	
  sommes	
  confrontés	
  à	
  une	
  crise	
  
du	
  type	
  de	
  celles	
  que	
  Clément	
  Juglar	
  avait	
  examinées.	
  Leur	
  récurrence	
  est	
  de	
  8	
  à	
  11	
  ans.	
  
Autrement	
   dit,	
   des	
   sub-­‐primes	
   à	
   l'éclaircie	
   :	
   il	
   faudra	
   estimer	
   une	
   amplitude	
   de	
   type	
  
2007	
  –	
  2018	
  dans	
  la	
  pire	
  des	
  configurations.	
  
Plusieurs	
  facteurs	
  militent	
  pour	
  cette	
  durée	
  (	
  qui	
  va	
  être	
  un	
  supplice	
  pour	
  le	
  corps	
  social	
  
occidental	
  )	
  :	
  il	
  faut	
  du	
  temps	
  pour	
  que	
  le	
  système	
  absorbe	
  le	
  déplacement	
  vers	
  l'Est	
  des	
  
foyers	
   de	
   production	
   (	
   Inde,	
   Chine,	
   etc	
   ).	
   	
   Il	
   faut	
   du	
   temps	
   pour	
   les	
   cigales	
   étatiques	
  
redeviennent	
   réalistes	
   et	
   tentent	
   de	
   faire	
   entrer	
   leurs	
   déficits	
   publics	
   dans	
   des	
   zones	
  
acceptables	
  et	
  keynésiennement	
  pertinentes.	
  	
  Il	
  faut	
  du	
  temps	
  pour	
  que	
  nous	
  absorbions	
  
cette	
   fantastique	
   rupture	
   technologique	
   de	
   l'ère	
   numérique	
   et	
   des	
   autres	
   volets	
   du	
  
progrès	
   technologique	
   (	
   voir	
   écrits	
   de	
   Schumpeter	
   ou	
   de	
   Rostow	
   sur	
   les	
   étapes	
   du	
  
développement	
   ).	
   Enfin,	
   il	
   faudra	
   du	
   temps	
   pour	
   atteindre	
   un	
   début	
   de	
   palier	
   de	
  
croissance	
  démographique	
  car	
  on	
  sait	
  désormais	
  que	
  la	
  nature	
  ne	
  pourrait	
  pas	
  absorber,	
  
par	
   exemple,	
   12	
   milliards	
   d'êtres	
   humains.	
   	
   (	
   nourriture,	
   pollution,	
   dérèglements	
  
climatiques	
  et	
  obligations	
  géographiques	
  de	
  lieux	
  sûrs	
  de	
  peuplement	
  ).	
  
Ayant	
  été	
  formé	
  par	
  le	
  Doyen	
  Henri	
  Bartoli,	
  Juste	
  parmi	
  les	
  Nations,	
  il	
  m'est	
  impossible	
  
d'oublier	
  la	
  large	
  section	
  de	
  son	
  ouvrage	
  (	
  Economie	
  et	
  création	
  collective	
  )	
  dédiée	
  à	
  la	
  
question	
  terrible	
  de	
  la	
  faim.	
  Ici,	
  nous	
  serons	
  davantage	
  focalisés	
  –	
  pour	
  le	
  moment	
  –	
  sur	
  
des	
  questions	
  concernant	
  l'Occident.	
  
L'estimé	
   et	
   regretté	
   Doyen	
   a	
   écrit	
   que	
   "	
   l'économie	
   s'inscrit	
   au	
   cœur	
   d'un	
   fait	
   social	
  
infiniment	
  plus	
  complexe	
  "	
  et	
  nous	
  adhérons	
  pleinement	
  à	
  cette	
  affirmation.	
  Interpréter	
  
comme	
  le	
  Professeur	
  Alain	
  Touraine	
  l'a	
  fait	
  certains	
  mouvements	
  de	
  la	
  Société	
  a	
  pour	
  
nous	
  au	
  moins	
  autant	
  de	
  pertinence	
  qu'un	
  modèle	
  économétrique	
  dont	
  les	
  fondements	
  
sont	
  parfois	
  contestables.	
  
Songeons	
  aux	
  stress	
  tests	
  des	
  banques	
  européennes	
  effectués	
  avec	
  sérieux	
  et	
  minutie	
  
par	
   des	
   cohortes	
   d'auditeurs	
   qui	
   n'ont	
   pas	
   retenu	
   pour	
   hypothèse,	
   dans	
   un	
   premier	
  
temps,	
  le	
  risque	
  de	
  dépréciation	
  sur	
  créances	
  étatiques.	
  	
  En	
  étant	
  un	
  peu	
  familier	
  :	
  on	
  se	
  
pince	
  tellement	
  on	
  croit	
  faire	
  un	
  cauchemar.	
  
  6	
  
Dans	
   un	
   entretien	
   du	
   18	
   Mai	
   2012,	
   Monsieur	
   Alain	
   Minc	
   évoque	
   la	
   campagne	
   de	
  
vaccination	
   H1N1	
   et	
   indique	
   avoir	
   prévenu	
   le	
   Président	
   de	
   la	
   République	
   des	
  
dysfonctionnements.	
  Il	
  ajoute	
  "	
  La	
  capacité	
  d'alerte	
  du	
  système	
  est	
  très	
  faible	
  ".	
  
On	
  pourrait	
  risquer	
  un	
  sourire	
  et	
  rappeler	
  que	
  l'urgentiste	
  Patrice	
  Pelloux	
  avait	
  dit	
  la	
  
même	
  chose	
  lors	
  de	
  la	
  canicule	
  :	
  Pelloux	
  –	
  Minc,	
  le	
  nouveau	
  duo	
  improbable....	
  
Plus	
   sérieusement,	
   il	
   est	
   bien	
   évidemment	
   aisé	
   de	
   démontrer	
   à	
   l'infini	
   que	
   l'Etat,	
   en	
  
France,	
  a	
  des	
  capacités	
  de	
  remontées	
  d'information	
  très	
  puissantes	
  et	
  qui	
  s'inscrivent	
  en	
  
contradiction	
  avec	
  les	
  dires	
  du	
  	
  "	
  visiteur	
  du	
  soir	
  "	
  de	
  l'ancien	
  Président	
  Sarkozy.	
  
Ainsi,	
  comment	
  celui-­‐ci	
  aurait-­‐il	
  énoncé	
  son	
  exceptionnel	
  discours	
  de	
  Toulon	
  en	
  2008	
  
sur	
  la	
  garantie	
  des	
  dépôts	
  ?	
  	
  Il	
  fallait	
  bien	
  que	
  le	
  Chef	
  de	
  l'Etat	
  fut	
  informé,	
  par	
  exemple,	
  
par	
  notre	
  camarade	
  le	
  Gouverneur	
  Christian	
  Noyer.	
  
Cette	
  histoire	
  d'Etat	
  qui	
  n'entend	
  rien	
  est	
  véhiculé	
  par	
  des	
  gens	
  qui	
  n'entendent	
  plus	
  les	
  
bruits	
   et	
   les	
   vents	
   du	
   XXIème	
   siècle.	
   	
   Même	
   le	
   bon	
   porto	
   peut	
   devenir	
   vintage	
   et	
  
madérisé.	
  
L'Etat	
  entend	
  mais	
  est	
  désormais	
  face	
  à	
  des	
  complexités	
  de	
  choix	
  publics	
  que	
  Messieurs	
  
Crozier	
  et	
  Friedberg	
  ont	
  démontré	
  dans	
  "	
  L'acteur	
  et	
  le	
  système	
  ",	
  il	
  y	
  a	
  trente	
  ans.	
  
La	
   décision	
   publique	
   nationale	
   est	
   contenue	
   tandis	
   que	
   la	
   décision	
   européenne	
   est	
  
complexe	
   et	
   souvent	
   hybride.	
   	
   Elle	
   relève	
   de	
   compromis	
   qui	
   dessine	
   une	
   politique	
  
économique	
  incertaine	
  ou	
  étirée	
  dans	
  le	
  temps	
  tel	
  l’opportun	
  projet	
  d’union	
  bancaire.	
  
Les	
  Trente	
  Glorieuses,	
  issues	
  du	
  mot	
  célèbre	
  de	
  Jean	
  Fourastié,	
  ont	
  été	
  un	
  moment	
  de	
  
forte	
   intervention	
   étatique.	
   	
   Sans	
   le	
   plan	
   Marshall,	
   l'Europe	
   n'aurait	
   atteint	
   le	
   même	
  
visage	
  que	
  deux	
  décennies	
  après.	
  
Sans	
  l'implication	
  gaullienne	
  dans	
  des	
  grands	
  programmes	
  nationaux,	
  sans	
  le	
  schéma	
  
Delouvrier	
   pour	
   Paris,	
   etc,	
   les	
   choses	
   auraient	
   été	
   très	
   différentes	
   et	
   moins	
   à	
   notre	
  
avantage.	
  
Notre	
  parti	
  pris	
  pour	
  un	
  Etat	
  qui	
  intervient	
  est	
  établi	
  :	
  à	
  condition	
  que	
  les	
  politiques	
  
disposent	
  du	
  bon	
  périscope	
  et	
  sachent	
  lever	
  les	
  yeux	
  pour	
  voir	
  loin.	
  
On	
  préfère	
  entendre	
  un	
  Président	
  évoquer	
  le	
  futur	
  technologique	
  du	
  plateau	
  de	
  Saclay	
  
plutôt	
  que	
  de	
  se	
  voir	
  infliger	
  le	
  nombre	
  d'amphores	
  entourant	
  la	
  piscine	
  de	
  la	
  maison	
  de	
  
l'acteur	
  Clavier	
  en	
  Corse.	
  
Quand	
  on	
  préside,	
  chaque	
  nano-­‐seconde	
  compte	
  sauf	
  à	
  savoir	
  prendre	
  du	
  temps	
  pour	
  
aller	
  marcher	
  près	
  des	
  forestiers	
  d'Avallon	
  ou	
  de	
  Château-­‐Chinon.	
  Ou	
  encore	
  pour	
  relire	
  
tel	
   ou	
   tel	
   Encyclopédiste	
   pour	
   accumuler	
   ce	
   recul	
   qui	
   donne	
   à	
   l'homme	
   politique	
   les	
  
capacités	
  d'initiative	
  que	
  seuls	
  les	
  hommes	
  d'Etat	
  –	
  comme	
  feu	
  François	
  Mitterrand	
  -­‐
détiennent.	
  
En	
  France,	
  il	
  y	
  a	
  une	
  redéfinition	
  de	
  certains	
  services	
  d'Etat	
  à	
  conduire	
  car	
  la	
  crise	
  a	
  
démontré	
  avec	
  voracité	
  leur	
  inertie	
  et	
  le	
  peu	
  de	
  portée	
  des	
  théories	
  holistes.	
  L'approche	
  
par	
  la	
  seule	
  Rgpp	
  (	
  Révision	
  générale	
  des	
  politiques	
  publiques	
  )	
  gomme	
  trop	
  l'analyse	
  
des	
  besoins	
  stratégiques	
  à	
  réaliser	
  en	
  amont,	
  l'analyse	
  par	
  fine	
  capillarité	
  des	
  attentes	
  
du	
  citoyen-­‐acteur.	
  
Dans	
   bien	
   ces	
   cas,	
   la	
   Rgpp	
   s'est	
   trouvée	
   ravalée	
   au	
   rang	
   de	
   l'antique	
   Rcb	
   (	
  
Rationalisation	
  des	
  choix	
  budgétaires	
  )	
  chère	
  à	
  Michel	
  Debré.	
  
	
  
  7	
  
Certains	
  auteurs	
  –	
  parfois	
  en	
  mal	
  d'écritures	
  sensationnelles	
  –	
  laissent	
  leur	
  plume	
  flirter	
  
dangereusement	
  avec	
  l'Histoire	
  et	
  évoque	
  33	
  :	
  1933	
  en	
  Allemagne	
  et	
  ses	
  suites.	
  
Pour	
   notre	
   part,	
   il	
   nous	
   semble	
   que	
   la	
   référence	
   à	
   l'an	
   33	
   suffit.	
   Elle	
   est	
   une	
   date	
  
fondamentale	
  pour	
  les	
  Chrétiens	
  mais	
  elle	
  est	
  aussi	
  une	
  date	
  intéressante	
  en	
  matière	
  
d'histoire	
  économique.	
  
C'est	
   en	
   effet	
   en	
   33	
   que	
   survint	
   à	
   Rome	
   un	
   effondrement	
   du	
   prix	
   des	
   terres,	
   une	
  
aggravation	
   des	
   conditions	
   de	
   crédit	
   et	
   une	
   crise	
   de	
   confiance	
   marquée	
   par	
   la	
  
spéculation	
   et	
   le	
   peu	
   de	
   monnaie	
   en	
   circulation.	
   	
   L'Empereur	
   Tibère	
   est	
   alors	
   dans	
  
l'obligation	
   de	
   constituer	
   un	
   fonds	
   d'intervention	
   de	
   100	
   millions	
   de	
   sesterces	
   qui	
  
accorde	
  des	
  emprunts	
  à	
  trois	
  ans	
  sans	
  perception	
  d'intérêts.	
  
Il	
  serait	
  audacieux	
  d'établir	
  un	
  parallèle	
  avec	
  les	
  mois	
  à	
  venir	
  pour	
  la	
  zone	
  euro	
  mais	
  il	
  
demeure	
   étonnant	
   que	
   nul	
   ne	
   parle	
   des	
   mouvements	
   de	
   déplacements	
   d'épargne	
   qui	
  
voient	
  des	
  détenteurs	
  de	
  patrimoine	
  s'alléger	
  d'emprunts	
  d'Etat	
  lambda	
  pour	
  acquérir	
  
des	
  emprunts	
  d'Etat	
  allemands.	
  
Selon	
  certaines	
  sources,	
  on	
  parlerait	
  en	
  milliards.	
  
La	
  confiance	
  monétaire	
  en	
  zone	
  euro	
  a	
  donc	
  un	
  barycentre	
  et	
  il	
  faut	
  ici	
  se	
  reporter	
  à	
  la	
  
Loi	
   de	
   Gresham	
   qui	
   expose	
   que	
   la	
   bonne	
   monnaie	
   est	
   thésaurisée	
   (	
   le	
   futur	
   nouveau	
  
mark	
   )	
   et	
   que	
   seule	
   circule	
   la	
   "	
   mauvaise	
   "	
   monnaie	
   (	
   celle	
   des	
   autres	
   anciens	
   de	
  
l'euroland	
  ).	
  
Si	
   les	
   coups	
   de	
   butoir	
   finissent	
   par	
   emporter	
   cette	
   noble	
   construction	
   qu'est	
   cette	
  
monnaie	
  commune,	
  nous	
  considérons	
  qu'une	
  thésaurisation	
  venue	
  de	
  plusieurs	
  pays	
  se	
  
portera	
   sur	
   la	
   zone	
   allemande	
   au	
   détriment	
   d'une	
   ou	
   plusieurs	
   autres	
   monnaies	
  
d'échange	
  à	
  valeur	
  érodée.	
  
Gardons	
  en	
  mémoire	
  la	
  phrase	
  de	
  feu	
  François	
  Mitterrand	
  (	
  prononcée	
  le	
  7	
  Janvier	
  1995	
  
lors	
  de	
  ses	
  vœux	
  à	
  la	
  presse	
  )	
  :	
  "	
  l'argent	
  circule,	
  il	
  fuit	
  les	
  places	
  où	
  il	
  ne	
  se	
  sent	
  pas	
  en	
  
sécurité	
  ".	
  
De	
   là,	
   nous	
   parvenons	
   à	
   plusieurs	
   pistes	
   de	
   réflexion	
   dont	
   nous	
   souhaitons	
   livrer	
   au	
  
lecteur	
  le	
  cadre	
  interprétatif.	
  
1	
   )	
   Nous	
   nous	
   inscrivons,	
   à	
   titre	
   principal,	
   dans	
   deux	
   courants	
   de	
   pensée	
   d'origine	
  
française	
   :	
   l'école	
   de	
   la	
   régulation	
   (	
   Robert	
   Boyer	
   et	
   Jacques	
   Mistral	
   )	
   et	
   l'école	
   des	
  
conventions	
  (	
  Robert	
  Salais	
  et	
  Olivier	
  Favereau,	
  notamment	
  ).	
  
2	
   )	
   Parallèlement,	
   nous	
   respectons	
   les	
   sciences	
   économiques	
   et	
   sociales	
   mais	
   dans	
   la	
  
droite	
  ligne	
  de	
  l'interprétation	
  faite	
  par	
  Raymond	
  Barre	
  et	
  surtout	
  par	
  Condillac,	
  nous	
  
raisonnons	
   en	
   termes	
   d'économie	
   politique	
   tellement	
   l'Etat	
   est	
   un	
   acteur	
   majeur	
   et	
  
tellement	
  la	
  politique	
  économique	
  est	
  une	
  variable	
  motrice	
  de	
  rang	
  1.	
  
3	
  )	
  	
  Sur	
  ce	
  dernier	
  point,	
  mais	
  aussi	
  avec	
  les	
  autres	
  agents	
  économiques,	
  nous	
  militons	
  
pour	
  la	
  poursuite	
  des	
  travaux	
  sur	
  l'asymétrie	
  d'informations	
  qui	
  détermine	
  fortement	
  
l'acte	
  d'échange.	
  
4	
  )	
  	
  A	
  l'heure	
  où	
  la	
  mondialisation	
  représente	
  le	
  même	
  type	
  de	
  bouleversements	
  que	
  
celui	
  des	
  "	
  enclosures	
  "	
  au	
  XVIIIème	
  siècle	
  au	
  Royaume-­‐Uni,	
  nous	
  sommes	
  inquiets	
  de	
  la	
  
prolifération	
   du	
   low-­‐cost	
   qui	
   masque	
   une	
   régression	
   sociale	
   dite	
   des	
   biens	
   Giffen.	
  
Autrement	
  dit,	
  ces	
  biens	
  dont	
  la	
  demande	
  augmente	
  quand	
  le	
  revenu	
  baisse	
  et	
  que	
  le	
  
consommateur	
  est	
  tiré	
  vers	
  le	
  bas.	
  	
  
  8	
  
5	
  )	
  Société	
  dangereuse	
  où	
  le	
  peu	
  d'ethos	
  (	
  Max	
  Weber	
  )	
  de	
  certains	
  les	
  conduit	
  à	
  étaler	
  
un	
  effet	
  Veblen	
  :	
  celui	
  qui	
  concerne	
  les	
  biens	
  dont	
  la	
  demande	
  augmente	
  d'autant	
  plus	
  
que	
  leur	
  prix	
  augmente	
  	
  (	
  voitures	
  de	
  grand	
  luxe,	
  produits	
  Lvmh,	
  etc	
  ).	
  
6	
  )	
  	
  Société	
  en	
  transition	
  délicate	
  par	
  le	
  brassage	
  des	
  populations	
  survenu	
  en	
  30	
  ans	
  et	
  
qui	
   mérite	
   d'être	
   lu	
   à	
   travers	
   des	
   analyses	
   d'Emile	
   Durkheim	
   et	
   d'autres	
   tenants	
   de	
  
l'acculturation.	
  (	
  partage	
  des	
  cultures	
  et	
  mixité	
  sociale	
  ).	
  
7	
  )	
  	
  Société	
  démocratique	
  où	
  la	
  "	
  logique	
  de	
  l'action	
  collective	
  "	
  (	
  Mancur	
  Olson	
  )	
  pousse	
  
certaines	
  structures	
  représentatives	
  à	
  s'émanciper	
  du	
  message	
  initial	
  de	
  leurs	
  mandants	
  
pour	
  se	
  tourner	
  vers	
  une	
  logique	
  bureaucratique	
  propre.	
  
8	
  )	
  	
  	
  Société	
  politique	
  où	
  il	
  y	
  a	
  plus	
  de	
  chances	
  de	
  rencontrer	
  un	
  disciple	
  d'Alain	
  Madelin	
  
ou	
  Jean-­‐Michel	
  Fourgous	
  que	
  William	
  Beveridge	
  ou	
  Bismarck	
  (	
  en	
  première	
  période	
  :	
  
lois	
  sociales	
  ).	
  
9	
  )	
  	
  	
  Société	
  d'ensemble	
  où	
  le	
  "	
  Paradoxe	
  d'Anderson	
  "	
  va	
  altérer	
  la	
  portée	
  des	
  mesures	
  
du	
  Président	
  Hollande	
  en	
  matière	
  d'éducation.	
  Rappelons	
  qu'il	
  s'agit	
  de	
  travaux	
  réalisés	
  
par	
  Charles	
  Anderson	
  en	
  1961	
  qui	
  avait	
  démontré	
  que	
  le	
  fait	
  d'obtenir	
  un	
  diplôme	
  de	
  
rang	
   supérieur	
   à	
   celui	
   de	
   ses	
   parents	
   ne	
   garantit	
   pas	
   d'acquérir	
   un	
   statut	
   socio-­‐
professionnel	
  supérieur.	
  Ce	
  blocage	
  de	
  cette	
  mobilité	
  ascendante	
  est	
  souvent	
  nommé	
  la	
  
panne	
  de	
  l'ascenseur	
  social	
  et	
  il	
  englobe	
  aussi	
  bien	
  les	
  exclus	
  du	
  système	
  (	
  qui	
  sortent	
  
non	
  diplômés	
  )	
  que	
  ceux	
  qui	
  ont	
  réussi	
  (	
  Bac	
  +	
  5	
  travaillant	
  dans	
  un	
  fast-­‐food	
  ou	
  en	
  tant	
  
que	
  coursier	
  ).	
  
10	
  )	
  	
  Nous	
  nous	
  interrogeons	
  sur	
  la	
  pertinence	
  de	
  la	
  Loi	
  de	
  Verdoorn	
  qui	
  pose	
  que	
  la	
  
croissance	
   économique	
   est	
   à	
   l'origine	
   des	
   gains	
   de	
   productivité	
   et	
   non	
   l'inverse.	
  
Autrement	
   dit,	
   tout	
   un	
   pan	
   de	
   certitudes	
   économiques	
   serait	
   à	
   revisiter	
   comme	
  
l'indiquait	
  l'article	
  de	
  Frédéric	
  Lemaître	
  dès	
  le	
  5	
  Septembre	
  2009	
  dans	
  Le	
  Monde.	
  
11	
  )	
  	
  A	
  l'heure	
  où	
  des	
  formes	
  spéculatives	
  attaquent	
  l'euro,	
  nous	
  sommes	
  très	
  intéressés	
  
par	
  les	
  travaux	
  rigoureux	
  de	
  Richard	
  Thaler	
  mais	
  aussi	
  de	
  Daniel	
  Kahneman	
  en	
  matière	
  
de	
  finance	
  comportementale	
  et	
  d'application	
  de	
  l'hédonisme	
  aux	
  choix	
  des	
  opérateurs	
  
de	
  marché.	
  
12	
  )	
  	
  Enfin,	
  	
  dans	
  une	
  société	
  de	
  plus	
  en	
  plus	
  imprévisible	
  où	
  l'immaîtrisable	
  se	
  dresse	
  
souvent	
  face	
  à	
  nous,	
  il	
  convient	
  de	
  lire	
  posément	
  "	
  Morale	
  et	
  chaos	
  "	
  de	
  Pierre	
  Caye	
  dont	
  
certaines	
  pistes	
  semblent	
  –	
  selon	
  notre	
  entendement	
  –	
  fructueuses.	
  
Ces	
  douze	
  pistes	
  de	
  réflexion	
  permettront	
  aux	
  professionnels	
  de	
  l'économie	
  de	
  situer	
  le	
  
cercle	
  dans	
  lequel	
  s'insère	
  notre	
  volonté	
  de	
  recherches	
  futures	
  et	
  notre	
  réflexion.	
  
En	
   conclusion	
   de	
   ces	
   prolégomènes,	
   nous	
   émettons	
   une	
   parole	
   à	
   valeur	
   –	
   après	
  
d'intenses	
  réflexions	
  –	
  de	
  postulat	
  :	
  
La	
  crise	
  est	
  là.	
  Elle	
  apporte	
  détresses	
  et	
  difficultés	
  autant	
  que	
  perspectives	
  d'un	
  nouveau	
  
monde.	
  
Si	
  le	
  cycle	
  Juglar	
  se	
  vérifie,	
  nous	
  avons	
  entre	
  quatre	
  à	
  sept	
  ans	
  d'épreuves	
  :	
  peut-­‐être	
  pas	
  
sept	
  ans	
  de	
  malheurs	
  mais	
  sept	
  ans	
  d'angoisses.	
  
Ce	
  n'est	
  jamais	
  bon	
  que	
  des	
  millions	
  de	
  gens	
  aient	
  peur	
  de	
  demain	
  et	
  perdent	
  la	
  foi	
  dans	
  
l'idée	
  du	
  progrès	
  humain	
  décrit	
  par	
  nos	
  amis	
  des	
  Lumières	
  et	
  par	
  leurs	
  successeurs.	
  
Vite,	
  que	
  les	
  politiques	
  fassent	
  jaillir	
  l'arc-­‐en-­‐ciel	
  que	
  le	
  peuple	
  espère	
  tant	
  !	
  
	
  	
  	
  
  9	
  
Comment	
  aborder	
  ce	
  livre	
  ?	
  	
  	
  	
  Par	
  la	
  liberté....	
  
	
  
Depuis	
   des	
   années	
   la	
   vie	
   économique	
   et	
   sociale	
   –	
   essentiellement	
   de	
   notre	
   Continent	
  
européen	
  -­‐	
  m'a	
  fait	
  prendre	
  des	
  notes	
  et	
  griffonner	
  des	
  idées	
  éparses.	
  
Sur	
   la	
   suggestion	
   insistante	
   de	
   quelques	
   amis,	
   l'écriture	
   s'est	
   mise	
   en	
   marche	
  
récemment	
  notamment	
  du	
  fait	
  de	
  cette	
  crise	
  économique,	
  monétaire	
  et	
  sociale	
  qui	
  fait	
  
souffrir	
  tant	
  de	
  personnes.	
  
Cette	
  crise	
  est	
  une	
  inflexion	
  de	
  trajectoires	
  :	
  elle	
  brise	
  les	
  rêves	
  du	
  jeune	
  ménage	
  qui	
  
allait	
  s'installer	
  et	
  acquérir	
  sa	
  première	
  maison,	
  elle	
  est	
  un	
  foyer	
  de	
  stress	
  aigu	
  pour	
  le	
  
travailleur	
  et	
  pour	
  l'entrepreneur,	
  elle	
  est	
  un	
  vecteur	
  d'inquiétudes	
  pour	
  les	
  anciens	
  qui	
  
sont	
   légitimement	
   soucieux	
   de	
   l'avenir	
   de	
   leur	
   descendance	
   tout	
   autant	
   que	
   de	
  
l'évolution	
  de	
  leurs	
  retraites.	
  
Face	
  à	
  cette	
  crise	
  qui	
  érode	
  tant	
  de	
  projets	
  de	
  vie,	
  des	
  contributions	
  économiques	
  ont	
  été	
  
élaborées	
  et	
  diffusées	
  via	
  des	
  sites	
  web	
  –	
  que	
  je	
  tiens	
  à	
  remercier	
  pour	
  leur	
  confiance.	
  
Beaucoup	
  réfléchissent	
  en	
  matière	
  de	
  sciences	
  économiques	
  et	
  sociales	
  :	
  notre	
  option	
  
est	
  la	
  fidélité	
  à	
  notre	
  ancien	
  Professeur,	
  le	
  regretté	
  Raymond	
  Barre,	
  qui	
  parlait	
  d'abord	
  
d'économie	
  politique.	
  Chacun	
  comprend	
  qu'il	
  ne	
  s'agit	
  pas	
  là	
  d'une	
  nuance	
  sémantique	
  
mais	
  d'une	
  représentation	
  différente	
  des	
  questions	
  à	
  résoudre,	
  d'un	
  paradigme	
  distinct	
  
face	
  aux	
  mêmes	
  faits.	
  
Parallèlement,	
   nombre	
   d'études	
   sont	
   la	
   résultante	
   de	
   traitements	
   statistiques	
   parfois	
  
dignes	
  du	
  suivi	
  d'un	
  audimat	
  télévisuel.	
  	
  
Pour	
   notre	
   part,	
   nous	
   posons	
   que	
   l'économie	
   politique	
   contemporaine	
   doit	
   avoir	
  	
  
l'histoire	
  triplement	
  au	
  cœur	
  de	
  sa	
  démarche.	
  	
  
D'abord,	
  Fernand	
  Braudel	
  et	
  d'autres	
  ont	
  démontré	
  avec	
  talent	
  et	
  conviction	
  qu'il	
  existe	
  
des	
  séries	
  longues,	
  des	
  faits	
  pluri-­‐décennaux	
  et	
  qu'il	
  faut	
  donc	
  savoir	
  lever	
  les	
  yeux	
  pour	
  
voir	
  loin.	
  	
  
Puis,	
   l'histoire	
   est	
   peuplée	
   de	
   penseurs	
   dont	
   tous	
   ne	
   sont	
   pas	
   à	
   écarter	
   des	
  
problématiques	
  actuelles.	
  Certains	
  livres	
  ont	
  vu	
  leur	
  papier	
  jaunir	
  mais	
  l'encre	
  ne	
  s'est	
  
pas	
  ternie	
  et	
  demeure	
  parfois	
  un	
  lieu	
  d'interrogations	
  fertiles.	
  Relire	
  Condillac	
  a	
  plus	
  de	
  
portée	
  que	
  bien	
  des	
  newsletters	
  d'économistes	
  réputés	
  ou	
  médiatiquement	
  reconnus.	
  
Enfin,	
   l'histoire	
   est	
   là	
   sous	
   nos	
   yeux	
   :	
   cette	
   crise	
   est	
   de	
   nature	
   historique	
   par	
   son	
  
ampleur,	
  sa	
  vigueur	
  et	
  sa	
  durée.	
  Elle	
  condamne	
  à	
  réfléchir	
  sur	
  son	
  sens	
  historique	
  en	
  	
  
gardant	
  en	
  mémoire	
  –	
  face	
  aux	
  souffrances	
  –	
  le	
  mot	
  de	
  Victor	
  Hugo	
  :	
  "	
  L'histoire	
  a	
  pour	
  
égout	
  des	
  temps	
  comme	
  les	
  nôtres	
  ".	
  (	
  in	
  Les	
  Châtiments	
  ).	
  
Ancien	
   élève	
   et	
   disciple	
   du	
   Doyen	
   Henri	
   Bartoli	
   en	
   Sorbonne,	
   le	
   fait	
   social	
   imprègne	
  
notre	
   réflexion	
   et	
   ce	
   Professeur,	
   de	
   surcroît	
   Juste	
   parmi	
   les	
   Nations,	
   aura	
   largement	
  
contribué	
  à	
  développer	
  cette	
  dimension	
  de	
  nos	
  approches.	
  
Ces	
   libres	
   contributions	
   économiques	
   sont	
   marquées	
   du	
   sceau	
   de	
   la	
   liberté	
   :	
   de	
   leur	
  
auteur	
  dont	
  la	
  plume	
  est	
  indépendante	
  et	
  du	
  lecteur.	
  Chaque	
  partie	
  est	
  détachable	
  du	
  
moins	
  en	
  apparence	
  car	
  l'examinateur	
  attentif	
  pourra	
  y	
  voir	
  un	
  fil	
  rouge,	
  une	
  amorce	
  de	
  
pensée	
  structurée.	
  
Une	
  séquence	
  de	
  six	
  premières	
  contributions	
  est	
  dédiée	
  aux	
  banques	
  dont	
  nul	
  ne	
  saurait	
  
vider	
  de	
  son	
  sens	
  leur	
  responsabilité	
  dans	
  la	
  crise	
  de	
  2008.	
  
  10	
  
Plusieurs	
  angles	
  d'approche	
  seront	
  offerts	
  au	
  lecteur	
  qui	
  pourra	
  ainsi	
  prendre	
  du	
  recul	
  
face	
  à	
  une	
  question	
  désormais	
  polémique	
  (	
  "	
  la	
  faute	
  aux	
  banques	
  "	
  ?	
  )	
  et	
  toujours	
  placée	
  
en	
  zone	
  critique.	
  
Si	
  l'on	
  devait	
  interroger	
  l'homme	
  ou	
  la	
  femme	
  de	
  la	
  rue,	
  leur	
  vision	
  de	
  la	
  crise	
  passerait	
  
essentiellement	
   par	
   les	
   difficultés	
   du	
   pouvoir	
   d'achat,	
   la	
   hausse	
   des	
   prix	
   et	
   les	
  
délocalisations	
   :	
   à	
   cet	
   effet,	
   le	
   lecteur	
   trouvera	
   une	
   contribution	
   sur	
   les	
   salaires	
   en	
  
France,	
   une	
   dédiée	
   au	
   "	
   made	
   in	
   France	
   "	
   notion	
   pleine	
   de	
   faux-­‐sens	
   et	
   deux	
   autres	
  
contributions	
  d'ordre	
  conjoncturel	
  dont	
  une	
  traite	
  du	
  retour	
  inexorable	
  de	
  l'inflation.	
  
Trois	
   autres	
   contributions	
   évoqueront	
   avec	
   une	
   certaine	
   gravité	
   les	
   chantiers	
   de	
   la	
  
Présidence	
   de	
   la	
   République	
   de	
   2012	
   et	
   le	
   nécessaire	
   réexamen	
   de	
   la	
   politique	
  
économique.	
  
Trois	
  contributions	
  traiteront	
  de	
  professions-­‐clefs	
  au	
  milieu	
  de	
  cette	
  crise	
  :	
  les	
  avocats	
  et	
  
les	
  commissaires	
  aux	
  comptes.	
  Elles	
  sont	
  en	
  première	
  ligne	
  de	
  la	
  gestion	
  des	
  difficultés	
  
des	
  PME	
  (	
  difficultés	
  contractuelles,	
  plans	
  sociaux,	
  procédure	
  d'alerte	
  ).	
  
Une	
  dernière	
  série	
  de	
  trois	
  contributions	
  visera	
  à	
  aborder	
  la	
  situation	
  de	
  l'industrie,	
  de	
  
la	
   crise	
   et	
   de	
   ses	
   itérations	
   et	
   enfin	
   de	
   l'usage	
   toujours	
   risqué	
   des	
   métaphores	
   en	
  
Economie.	
  
Il	
  sera	
  alors	
  temps	
  d’évoquer	
  des	
  questions	
  de	
  gestion	
  publique	
  notamment	
  le	
  rôle	
  du	
  
Parlement	
  face	
  à	
  la	
  dépense	
  publique	
  et	
  l’effet	
  boomerang	
  de	
  la	
  ponction	
  fiscale	
  décidée	
  
pour	
  2013.	
  
En	
  guise	
  de	
  conclusion	
  ouverte	
  et	
  provisoire,	
  il	
  sera	
  soumis	
  au	
  lecteur	
  un	
  texte	
  qui	
  traite	
  
de	
   la	
   rémanence	
   de	
   cette	
   crise	
   et	
   de	
   son	
   influence	
   durable	
   sur	
   nos	
   choix	
   collectifs	
   et	
  
individuels	
  de	
  demain.	
  
Enfin,	
  très	
  sensible	
  à	
  la	
  question	
  des	
  Libertés	
  publiques,	
  ce	
  livre	
  comportera	
  une	
  Annexe	
  
unique	
  concernant	
  les	
  lignes	
  d'alerte	
  éthique	
  	
  (	
  "	
  whistleblowing	
  "	
  )	
  et	
  la	
  C.N.I.L	
  
La	
  question	
  des	
  Libertés	
  publiques	
  a	
  hélas	
  de	
  beaux	
  jours	
  devant	
  elle	
  et	
  nous	
  faisons	
  le	
  
serment	
   de	
   nous	
   y	
   consacrer	
   dans	
   la	
   mesure	
   de	
   nos	
   moyens	
   face	
   aux	
   risques	
   des	
  
nouvelles	
  technologies	
  ou	
  autres	
  paramètres.	
  
"	
   Au	
   train	
   où	
   vont	
   les	
   choses,	
   bientôt,	
   la	
   seule	
   liberté	
   qui	
   nous	
   sera	
   tout	
   à	
   fait	
  
indispensable	
  sera	
  la	
  liberté	
  de	
  la	
  réclamer	
  "	
  
Marcel	
  Jullian,	
  	
  in	
  "	
  Courte	
  supplique	
  au	
  Roi	
  pour	
  le	
  bon	
  usage	
  des	
  énarques	
  ".	
  Mazarine.	
  
	
  
Avec	
  l'expression	
  de	
  mon	
  dévouement,	
  	
  Mars	
  2013.	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
  11	
  
Sommaire	
  :	
  
	
  
	
  
LA	
  QUESTION	
  BANCAIRE	
  :	
  
	
  
I	
  	
  	
  	
  Réflexions	
  sur	
  la	
  crise	
  bancaire	
  :	
  	
  les	
  banques	
  ne	
  sont	
  pas	
  mortelles	
  mais	
  blessées	
  
	
  
II	
  	
  	
  Quatre	
  ans	
  après	
  :	
  	
  désarroi	
  et	
  maintien	
  de	
  l'industrie	
  bancaire	
  
	
  
III	
  	
  L'indispensable	
  reconstruction	
  des	
  banques	
  privées	
  
	
  
IV	
  	
  Les	
  banques	
  d'affaires	
  :	
  	
  	
  "	
  Prendre	
  un	
  bouton	
  pour	
  en	
  faire	
  un	
  costume	
  "	
  
	
  
V	
  	
  	
  	
  Banques	
  :	
  sérieux	
  dangers	
  et	
  péril	
  possible	
  
	
  
VI	
  	
  LIBOR	
  :	
  Un	
  îlot	
  de	
  pertes	
  dans	
  un	
  océan	
  de	
  profits	
  
	
  
	
  
CINQ	
  QUESTIONS	
  D'ACTUALITE	
  :	
  
	
  
VII	
  	
  La	
  délicate	
  question	
  des	
  salaires	
  en	
  France	
  
	
  
VIII	
  	
  "	
  Made	
  in	
  France	
  "	
  :	
  	
  gare	
  aux	
  faux-­‐sens	
  
	
  
IX	
  	
  	
  Conjoncture	
  économique	
  :	
  	
  où	
  en	
  sommes-­‐nous	
  ?	
  
	
  
X	
  	
  	
  	
  	
  Le	
  boulevard	
  de	
  la	
  Slumpflation	
  
	
  
XI	
  	
  	
  L'inexorable	
  retour	
  de	
  l'inflation	
  
	
  
	
  
	
  
ETAT	
  	
  ET	
  	
  POLITIQUE	
  	
  ECONOMIQUE	
  :	
  
	
  
XII	
  	
  	
  Le	
  Président	
  du	
  15	
  Mai	
  :	
  	
  labeur	
  et	
  épreuves	
  
	
  
XIII	
  	
  	
  Politique	
  économique	
  et	
  attractivité	
  :	
  	
  un	
  duo	
  gagnant	
  
	
  
XIV	
  	
  	
  Revisitez	
  d'urgence	
  la	
  politique	
  économique	
  !	
  
	
  
XV	
  	
  	
  PEUGEOT	
  et	
  la	
  Nation	
  
	
  
XVI	
  	
  Le	
  Parlement	
  et	
  les	
  milliards	
  de	
  l’évaluation	
  publique	
  
	
  
XVII	
  	
  La	
  pression	
  fiscale	
  de	
  2013	
  et	
  l’effet	
  boomerang	
  
	
  
	
  
  12	
  
DES	
  INTERVENANTS	
  AU	
  COEUR	
  DE	
  LA	
  CRISE	
  :	
  
	
  
XVIII	
  	
  L'avocat	
  d'affaires	
  :	
  	
  le	
  	
  vent	
  	
  en	
  	
  poupe	
  
	
  
XIX	
  	
  	
  Les	
  avocats	
  pénalistes	
  :	
  	
  un	
  bien	
  pour	
  le	
  mal	
  ?	
  
	
  
XX	
  	
  	
  	
  Le	
  commissaire	
  aux	
  comptes	
  et	
  ses	
  sept	
  défis	
  
	
  
	
  
INDUSTRIE,	
  	
  ITERATIONS	
  DE	
  	
  LA	
  	
  CRISE,	
  	
  METAPHORES	
  	
  EN	
  	
  ECONOMIE	
  :	
  
	
  
XXI	
  	
  	
  L'Europe	
  a	
  tiré	
  une	
  balle	
  dans	
  le	
  pied	
  de	
  notre	
  industrie	
  
	
  
XXII	
  	
  La	
  crise	
  et	
  ses	
  itérations	
  contradictoires	
  :	
  un	
  vrai	
  danger	
  !	
  
	
  
XXIII	
  	
  De	
  l'usage	
  risqué	
  des	
  métaphores	
  en	
  Economie	
  
	
  
	
  
EN	
  GUISE	
  DE	
  CONCLUSION	
  :	
  	
  
	
  
XIV	
  	
  Crise	
  et	
  rémanence	
  
	
  
	
  
ANNEXE	
  :	
  	
  LIBERTES	
  PUBLIQUES	
  
	
  
La	
  C.N.I.L	
  face	
  à	
  un	
  risque	
  de	
  QPC	
  :	
  où	
  se	
  dira	
  le	
  droit	
  ?	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
  13	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
-­‐	
  I	
  -­‐	
  
Les	
  banques	
  ne	
  sont	
  pas	
  mortelles	
  mais	
  blessées	
  :	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  
risque	
  systémique	
  surévalué,	
  autres	
  risques	
  négligés...	
  
	
  
	
  
Feu	
   le	
   Sénateur	
   Etienne	
   DAILLY	
   –	
   dont	
   les	
   bordereaux	
   sont	
   familiers	
   à	
   bien	
   des	
  
employés	
  de	
  banque	
  –	
  avait	
  eu	
  de	
  nombreuses	
  occasions	
  de	
  répéter	
  en	
  grande	
  sagesse	
  
au	
  Gouverneur	
  Bernard	
  CLAPPIER	
  (	
  Banque	
  de	
  France	
  )	
  que	
  la	
  confiance	
  bancaire	
  était	
  
une	
  matière	
  délicate	
  :	
  qu'il	
  convenait	
  que	
  l'architecture	
  du	
  système	
  bancaire	
  national	
  
soit	
  en	
  cohérence	
  avec	
  les	
  besoins	
  de	
  l'économie.	
  	
  
Celle	
  que	
  l'on	
  appelle,	
  selon	
  un	
  terme	
  rapide	
  et	
  impropre,	
  l'économie	
  réelle.	
  Comme	
  si	
  le	
  
secteur	
  tertiaire	
  financier	
  n'était	
  pas	
  une	
  activité	
  économique	
  tangible	
  comme	
  pourrait	
  
le	
  démontrer	
  un	
  stagiaire	
  de	
  l'I.N.S.E.E.	
  
L'objet	
  de	
  notre	
  propos	
  est	
  de	
  considérer	
  que	
  le	
  risque	
  dit	
  systémique	
  (	
  de	
  défauts	
  en	
  
chaîne	
  d'établissements	
  )	
  est	
  largement	
  surévalué	
  consécutivement	
  à	
  la	
  peur	
  de	
  2008	
  
directement	
  et	
  légitimement	
  issue	
  de	
  la	
  faillite	
  de	
  LEHMAN	
  BROTHERS.	
  
Tout	
   d'abord,	
   l'enseignement	
   d'évidence	
   de	
   2008	
   est	
   qu'aucun	
   haut	
   décideur	
   public	
  
occidental	
  ne	
  prendra	
  le	
  risque	
  de	
  laisser	
  choir	
  une	
  banque	
  tant	
  les	
  entrelacs	
  des	
  unes	
  
avec	
  les	
  autres	
  peuvent	
  engendrer	
  un	
  véritable	
  séisme.	
  La	
  leçon	
  a	
  été	
  assez	
  rude	
  pour	
  
que	
  le	
  coup	
  de	
  dés	
  ne	
  soit	
  plus	
  tenté	
  même	
  en	
  cas	
  de	
  conseils	
  insistants	
  d'un	
  concurrent	
  
de	
  la	
  future	
  victime	
  du	
  lâchage...	
  
Puis,	
  le	
  monde	
  a	
  changé	
  avec	
  cette	
  dure	
  et	
  satanée	
  crise	
  :	
  les	
  décideurs	
  sont	
  en	
  passe	
  
d'apprendre	
   une	
   certaine	
   prudence	
   et	
   d'éviter	
   les	
   engagements	
   hors-­‐bilan	
   aux	
  
configurations	
   incertaines	
   de	
   même	
   que	
   les	
   financements	
   croisés	
   aux	
   débouclages	
  
hasardeux.	
  
Enfin,	
  les	
  Régulateurs	
  publics	
  sont	
  à	
  l'œuvre	
  avec	
  minutie	
  et	
  méthode	
  ce	
  qui	
  est	
  un	
  gage	
  
de	
  dilution	
  progressive	
  de	
  l'intensité	
  du	
  risque	
  systémique.	
  Incontestablement.	
  
L'espace	
  nous	
  manque	
  pour	
  un	
  développement	
  assez	
  consistant	
  mais	
  nous	
  suggérons	
  
vivement	
  aux	
  lecteurs	
  de	
  relire	
  "	
  L'Europe	
  financière	
  de	
  demain	
  "	
  de	
  la	
  très	
  estimée	
  Alice	
  
Pezard	
  (	
  Cour	
  de	
  Cassation	
  )	
  et	
  notamment	
  les	
  sections	
  où	
  elle	
  évoquait	
  les	
  risques	
  de	
  la	
  
titrisation....en	
  1995.	
  
Par	
   bien	
   des	
   aspects,	
   le	
   risque	
   systémique	
   en	
   Occident	
   nous	
   semble	
   dorénavant	
   un	
  
risque	
  mais	
  un	
  process	
  de	
  dimension	
  maîtrisable.	
  
De	
  surcroît,	
  un	
  détour	
  par	
  le	
  droit	
  des	
  affaires	
  s'impose.	
  
Toute	
   entité	
   commerciale	
   est,	
   par	
   essence,	
   soumise	
   aux	
   risques	
   de	
   cessation	
   des	
  
paiements.	
   Toutes	
   ?	
   	
   Est-­‐on	
   certain	
   que	
   lors	
   de	
   la	
   réunion	
   de	
   crise	
   entre	
   Messieurs	
  
  14	
  
Bouton	
  et	
  autres	
  et	
  notre	
  camarade	
  le	
  Gouverneur	
  Christian	
  Noyer	
  lors	
  de	
  l'affaire	
  dite	
  
Kerviel	
   une	
   cessation	
   des	
   paiements	
   de	
   la	
   Société	
   Générale	
   ait	
   été	
   sérieusement	
  
envisagée	
  ?	
  	
  	
  
Il	
  est	
  des	
  moments	
  dans	
  l'histoire	
  des	
  pays	
  où	
  la	
  notion	
  de	
  solidarité	
  de	
  Place	
  existe	
  et	
  il	
  
faut	
   relier	
   cet	
   état	
   de	
   faits	
   parfaitement	
   vérifiable	
   à	
   la	
   quantification	
   du	
   risque	
  
systémique.	
  
Les	
  banques	
  ont	
  donc	
  un	
  statut	
  particulier	
  qui	
  nuance	
  la	
  rédaction	
  de	
  leurs	
  Statuts	
  au	
  
chapitre	
  usuel	
  "	
  Dissolution	
  –	
  Liquidation	
  ".	
  
Selon	
  notre	
  analyse	
  –	
  seulement	
  évoquée	
  ici	
  -­‐,	
  nous	
  affirmons	
  que	
  les	
  banques	
  ne	
  sont	
  
pas	
  mortelles.	
  	
  NATIXIS	
  l'esquisse.	
  DEXIA	
  et	
  sa	
  future	
  nationalisation	
  le	
  démontre	
  avec	
  
éclat	
  et	
  quelques	
  fracas.	
  
	
  
Si	
  elles	
  ne	
  sont	
  pas	
  mortelles	
  frontalement	
  comme	
  un	
  simple	
  sous-­‐traitant	
  de	
  l'industrie	
  
automobile,	
  les	
  banques	
  n'en	
  sont	
  pas	
  moins	
  blessées.	
  
En	
   premier	
   lieu,	
   elles	
   sont	
   blessées	
   car	
   la	
   confiance	
   inter-­‐bancaire,	
   clef	
   de	
   voûte	
   du	
  
système	
  moderne,	
  est	
  atteinte.	
  Probablement	
  durablement	
  ce	
  qui	
  n'est	
  pas	
  un	
  facteur	
  de	
  
croissance	
  mais	
  une	
  grave	
  déséconomie	
  externe	
  dans	
  l'allocation	
  du	
  capital.	
  
Deuxièmement,	
   les	
   banques	
   sont	
   blessées	
   par	
   des	
   contraintes	
   de	
   rentabilité	
   qui	
  
s'ajoutent	
  à	
  la	
  délicate	
  question	
  des	
  exigences	
  en	
  fonds	
  propres.	
  Selon	
  nous,	
  les	
  années	
  à	
  
venir	
   vont	
   voir	
   l'hémorragie	
   du	
   produit	
   net	
   bancaire	
   (	
   notamment	
   du	
   fait	
   de	
   la	
  
dégradation	
  de	
  la	
  qualité	
  des	
  créances	
  détenues	
  )	
  et	
  la	
  coagulation	
  des	
  regards	
  vers	
  les	
  
questions	
  de	
  haut	
  de	
  bilan	
  et	
  questions	
  Bâlistiques.	
  
Troisièmement,	
   les	
   banques	
   opèrent	
   ici	
   ou	
   là	
   des	
   saignées	
   dans	
   leurs	
   effectifs	
   ce	
   qui	
  
posera	
  à	
  terme	
  des	
  questions	
  de	
  niveau	
  de	
  qualité	
  du	
  service	
  rendu.	
  Or	
  la	
  qualité	
  de	
  
service	
   est	
   primordiale	
   dans	
   le	
   tertiaire	
   comme	
   l'a	
   souvent	
   démontré	
   et	
   écrit	
   le	
  
publicitaire	
   David	
   Ogilvy.	
   Là	
   encore,	
   le	
   produit	
   net	
   bancaire	
   sera	
   effrité	
   après	
   une	
  
illusion	
  d'amélioration	
  liée	
  à	
  la	
  compression	
  de	
  personnels.	
  
Quatrièmement,	
   les	
   banques	
   suscitent	
   une	
   immense	
   méfiance	
   du	
   public	
   et	
   des	
  
réticences	
  de	
  leurs	
  Clients.	
  Les	
  frais	
  sont	
  jugés	
  excessifs,	
  la	
  sécurité	
  des	
  dépôts	
  est	
  en	
  
filigrane	
  de	
  bien	
  des	
  inquiétudes	
  et	
  le	
  produit	
  de	
  l'épargne	
  est	
  parfois	
  englouti	
  –	
  en	
  ces	
  
temps	
  de	
  bourrasque	
  sur	
  les	
  marchés	
  –	
  au	
  détriment	
  de	
  tous	
  les	
  profils	
  de	
  gestion.	
  
Ce	
  point	
  nous	
  semble	
  crucial	
  car	
  il	
  conduit	
  les	
  Clients	
  à	
  être	
  multi-­‐bancarisés	
  (	
  effet	
  de	
  
protection	
  )	
  ce	
  qui	
  nuit	
  à	
  la	
  taille	
  unitaire	
  de	
  leur	
  surface	
  dans	
  un	
  Etablissement	
  donné	
  
donc	
  à	
  leur	
  rentabilité	
  nette.	
  
Dernier	
  point,	
  les	
  banques	
  sont	
  blessées	
  dans	
  leur	
  noblesse	
  de	
  fonctionnement	
  :	
  elles	
  
sont	
  devenues	
  le	
  bouc	
  émissaire	
  d'un	
  monde	
  pressé	
  et	
  superficiel	
  qui	
  a	
  oublié	
  La	
  Fable	
  
des	
  Abeilles	
  de	
  Mandeville	
  sur	
  le	
  vice	
  et	
  la	
  vertu.	
  
Durablement,	
  les	
  banques	
  vont	
  se	
  voir	
  imputer	
  un	
  chapeau	
  encore	
  plus	
  large	
  que	
  celui	
  
que	
  le	
  Président	
  Mitterrand	
  arborait	
  à	
  la	
  Conférence	
  de	
  Cancùn	
  en	
  1982......	
  
Ce	
   n'est	
   pas	
   satisfaisant	
   au	
   plan	
   de	
   l'histoire	
   économique,	
   c'est	
   périlleux	
   pour	
   qui	
  
cherche	
  à	
  retrouver	
  les	
  chemins	
  de	
  la	
  croissance	
  économique.	
  
	
  
  15	
  
Ultime	
  point	
  qui	
  aura	
  valeur	
  de	
  conclusion	
  provisoire	
  –	
  tant	
  la	
  matière	
  est	
  mouvante	
  –	
  il	
  
convient	
  de	
  se	
  poser	
  une	
  véritable	
  question	
  d'Economie.	
  	
  
La	
  mondialisation	
  est	
  caractérisée	
  par	
  la	
  mobilité	
  du	
  facteur	
  capital	
  et	
  par	
  sa	
  capacité	
  à	
  
se	
  localiser	
  là	
  où	
  la	
  combinaison	
  productive	
  est	
  sinon	
  optimale	
  du	
  moins	
  optimisée	
  en	
  
apparence	
   (	
   risque	
   de	
   sous-­‐estimation	
   des	
   malfaçons,	
   coûts	
   complets	
   de	
   la	
   logistique	
  
mal	
  appréhendés,	
  etc	
  ).	
  
Parallèlement,	
  l'époque	
  présente	
  est	
  caractérisée	
  par	
  la	
  mobilité	
  intense	
  et	
  véloce	
  des	
  
capitaux	
   sur	
   laquelle	
   le	
   Président	
   français	
   tente	
   d'avoir	
   prise	
   dans	
   l'intérêt	
   de	
   ses	
  
concitoyens.	
  	
  
Suite	
   à	
   une	
   controverse	
   issue	
   des	
   travaux	
   de	
   Feldstein	
   et	
   Horioka,	
   l'idée	
   d'une	
  
intégration	
  croissante	
  des	
  marchés	
  de	
  capitaux	
  nationaux	
  a	
  été	
  remise	
  en	
  cause.	
  
A	
  l'heure	
  où	
  des	
  effets	
  d'éviction	
  viendront	
  des	
  conditions	
  du	
  refinancement	
  	
  des	
  dettes	
  
souveraines,	
   nous	
   sommes	
   convaincus	
   que	
   le	
   système	
   bancaire	
   va	
   être	
   soumis	
   à	
   un	
  
mouvement	
   de	
   concentration	
   d'une	
   véritable	
   intensité	
   voire	
   d'une	
   brutalité	
   sans	
  
ambages.	
  
Comme	
   l'aurait	
   pensé	
   Dominique	
   de	
   La	
   Martinière	
   (	
   auteur	
   d'un	
   raid	
   avorté	
   sur	
   la	
  
Banque	
  STERN	
  il	
  y	
  a	
  plusieurs	
  décennies	
  ),	
  il	
  "	
  va	
  y	
  avoir	
  des	
  coups	
  à	
  faire	
  pour	
  certains	
  
et	
  des	
  coups	
  à	
  prendre	
  pour	
  les	
  autres	
  "	
  (	
  sic	
  ).	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
  16	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
-­‐	
  II	
  -­‐	
  
Quatre	
  ans	
  après	
  :	
  désarroi	
  et	
  maintien	
  de	
  l’industrie	
  bancaire.	
  
	
  
	
  
	
  
Quatre	
   années	
   après	
   la	
   crise	
   de	
   2008,	
   l'industrie	
   bancaire	
   rencontre	
   des	
   foyers	
   de	
  
désarroi	
  (	
  relations	
  clients,	
  normes	
  comptables,	
  etc	
  )	
  et	
  une	
  obligation	
  de	
  maintien	
  car	
  il	
  
n'est	
  pas	
  pensable	
  de	
  réaliser	
  une	
  réforme	
  d'envergure	
  transnationale	
  et	
  simultanée.	
  
Le	
  phasage	
  calendaire	
  du	
  projet	
  d’Union	
  bancaire	
  européenne	
  le	
  montre	
  :	
  nous	
  sommes	
  
dans	
  un	
  secteur	
  à	
  digestion	
  lente	
  (	
  voir	
  futurs	
  retards	
  d’applications	
  de	
  Bâle	
  III	
  ).	
  
	
  
	
  
Il	
   est	
   usuellement	
   admis	
   en	
   sciences	
   humaines	
   que	
   l'individu	
   impressionné	
   par	
   une	
  
information	
  d'envergure	
  garde	
  un	
  souvenir	
  fidèle	
  et	
  précis	
  de	
  l'instant.	
  Il	
  en	
  va	
  ainsi	
  de	
  
l'assassinat	
  du	
  Président	
  Kennedy,	
  du	
  premier	
  pas	
  sur	
  la	
  Lune	
  et	
  plus	
  récemment	
  des	
  
attentats	
  de	
  Septembre	
  2001,	
  il	
  y	
  a	
  presque	
  dix	
  ans.	
  
	
  
En	
  économie,	
  cette	
  capacité	
  à	
  mémoriser	
  notre	
  localisation	
  est	
  un	
  phénomène	
  fort	
  rare	
  
et	
   généralement	
   limité	
   à	
   la	
   sphère	
   monétaire	
   :	
   ainsi,	
   les	
   citoyens	
   se	
   souviennent	
  
généralement	
  bien	
  de	
  ce	
  qu'ils	
  "	
  faisaient	
  "	
  au	
  moment	
  de	
  l'annonce	
  d'une	
  dévaluation.	
  
	
  
Il	
  n'est	
  donc	
  pas	
  infondé	
  d'observer	
  –	
  à	
  titre	
  introductif	
  -­‐	
  que	
  les	
  évènements	
  bancaires	
  
de	
  Septembre	
  2008	
  ont	
  marqué	
  l'opinion	
  et	
  que	
  le	
  risque	
  systémique	
  a	
  bel	
  et	
  bien	
  été	
  
perçu	
   par	
   des	
   millions	
   d'épargnants	
   et	
   d'acteurs	
   économiques	
   qui	
   se	
   sont	
   quasi-­‐
simultanément	
  posé	
  les	
  mêmes	
  questions	
  :	
  Que	
  faudrait-­‐il	
  faire	
  ?	
  Que	
  dois-­‐je	
  décider	
  hic	
  
et	
  nunc	
  ?	
  
	
  
Sans	
  la	
  confiance	
  en	
  la	
  signature	
  des	
  Etats	
  dispensateurs	
  de	
  garanties,	
  nous	
  savons	
  tous	
  
que	
  des	
  milliers	
  de	
  gens	
  n'étaient	
  pas	
  loin	
  de	
  basculer	
  vers	
  l'irrationnel	
  :	
  depuis	
  les	
  files	
  
d'attente	
  devant	
  les	
  banques	
  de	
  dépôt	
  jusqu'à	
  des	
  micro-­‐décisions	
  qui	
  auraient	
  relevé	
  de	
  
l'absurde.	
  
	
  
Par	
   la	
   matière	
   première	
   qu'elle	
   a	
   pour	
   mission	
   de	
   traiter	
   et	
   de	
   pétrir,	
   l'industrie	
  
bancaire	
  est	
  donc	
  –	
  qu'on	
  le	
  veuille	
  ou	
  non	
  –	
  une	
  agrégation	
  hétéroclite	
  d'opérateurs	
  
économiques	
  singuliers.	
  	
  
	
  
Par	
   l'ampleur	
   des	
   relations	
   inter-­‐établissements,	
   sorte	
   d'immense	
   linkage	
   croisé	
   cher	
  
aux	
   biologistes,	
   elle	
   constitue	
   un	
   réseau	
   spécifique	
   érigé	
   au	
   rang	
   mal	
   nommé	
   de	
   "	
  
  17	
  
système	
  "	
  financier	
  là	
  où	
  il	
  n'y	
  a	
  que	
  suite	
  et	
  empilement	
  de	
  décisions	
  aboutissant	
  à	
  une	
  
construction	
  disparate.	
  
Traiter	
  ce	
  pan	
  de	
  la	
  question	
  en	
  utilisant	
  la	
  notion	
  de	
  système	
  revient	
  à	
  présupposer	
  un	
  
ordre,	
  une	
  cohérence	
  là	
  où	
  il	
  n'y	
  a	
  en	
  réalité	
  qu'une	
  suite	
  d'initiatives	
  privées	
  (	
  et	
  parfois	
  
publiques	
  )	
  qui	
  matérialisent	
  in	
  fine	
  l'existence	
  d'un	
  secteur	
  économique.	
  
	
  
Ce	
  point	
  n'est	
  pas	
  d'ordre	
  sémantique,	
  il	
  est	
  intrinsèquement	
  analytique	
  et	
  porte	
  en	
  lui	
  –	
  
au-­‐delà	
   de	
   ce	
   rapide	
   énoncé	
   –	
   les	
   raisons	
   des	
   limites	
   actuelles	
   des	
   actions	
   des	
  
régulateurs	
  publics.	
  	
  	
  
	
  
Comment	
   contrôler	
   un	
   secteur	
   mal	
   identifié,	
   mal	
   "	
   détouré	
   "	
   sous	
   prétexte	
   d'une	
  
taxinomie	
   erronée	
   ?	
   Comment	
   réguler	
   un	
   secteur	
   objectivement	
   truffé	
   d'asymétrie	
  
d'informations	
  et	
  de	
  montages	
  comptables	
  à	
  visée	
  excessivement	
  exonératrice	
  ?	
  
	
  
Pourquoi	
  écarter	
  les	
  avancées	
  de	
  la	
  méso-­‐économie	
  là	
  où	
  les	
  approches	
  systémiques	
  ne	
  
sont,	
  en	
  réalité,	
  que	
  guère	
  opérantes	
  ?	
  
	
  
Pourquoi	
  se	
  fonder	
  sur	
  des	
  présentations	
  de	
  comptes	
  fréquemment	
  dérogatoires	
  du	
  fil	
  
commun	
  mais	
  dépassées	
  par	
  les	
  réalités	
  des	
  exploitations	
  ?	
  
	
  
Qui	
  ne	
  voit	
  que	
  le	
  débouclage	
  des	
  positions	
  de	
  Lehman	
  brothers	
  –	
  qui	
  prendront	
  selon	
  
les	
  experts,	
  a	
  minima,	
  plusieurs	
  années	
  –	
  ne	
  sonne	
  le	
  glas	
  des	
  espoirs	
  des	
  contrôleurs	
  
publics	
  quotidiennement	
  inondés	
  par	
  le	
  véritable	
  flot	
  d'écritures	
  comptables	
  et	
  les	
  flux	
  
financiers	
  permanents	
  que	
  ceux-­‐ci	
  sont	
  censés	
  refléter	
  ?	
  
	
  
Face	
  à	
  ce	
  besoin	
  de	
  refondation	
  en	
  amont	
  du	
  démarrage	
  de	
  l'analyse	
  (	
  du	
  raisonnement	
  
hypothético-­‐déductif	
  cher	
  aux	
  économistes	
  ),	
  il	
  nous	
  paraitrait	
  vraiment	
  approprié	
  que	
  
les	
   Pouvoirs	
   publics	
   ne	
   soient	
   pas	
   plus	
   longtemps	
   abusés.	
   En	
   effet,	
   que	
   la	
   profession	
  
bancaire	
  soit	
  organisée	
  pour	
  la	
  défense	
  de	
  ses	
  intérêts	
  immédiats	
  et	
  qu'une	
  pyramide	
  
puisse	
   être	
   factuellement	
   établie	
   à	
   la	
   lecture	
   des	
   poids	
   relatifs	
   des	
   bilans	
   des	
   grands	
  
établissements	
  est	
  un	
  point	
  à	
  concéder.	
  Ceci	
  ne	
  permet	
  toutefois	
  pas	
  intellectuellement	
  (	
  
ou	
  statistiquement,	
  etc	
  )	
  de	
  conclure	
  à	
  l'existence	
  d'un	
  système.	
  
	
  
Cette	
   première	
   approximation	
   –	
   hélas	
   fort	
   répandue	
   et	
   commode	
   –	
   pollue	
   l'action	
  
publique	
  et	
  altère	
  la	
  portée	
  opérationnelle	
  de	
  la	
  régulation	
  :	
  j'en	
  suis	
  personnellement	
  
convaincu	
  depuis	
  des	
  années	
  (	
  cf.	
  Tribune	
  libre	
  dans	
  ENA-­‐mensuel	
  d'Avril	
  1993	
  ).	
  
	
  
Fort	
  de	
  ce	
  premier	
  constat	
  brièvement	
  énonçé	
  –	
  constitutif	
  de	
  ce	
  que	
  Madeleine	
  Grawitz	
  
nommait	
  en	
  sciences	
  sociales	
  une	
  	
  "	
  réification	
  "	
  -­‐,	
  il	
  convient	
  de	
  dresser	
  un	
  état	
  des	
  lieux	
  
à	
  la	
  fin	
  de	
  2011	
  suivant	
  trois	
  temps	
  forts.	
  
	
  
	
   1	
  )	
  Tout	
  d'abord,	
  les	
  banques	
  sont	
  pour	
  longtemps	
  dans	
  un	
  lien	
  délicat	
  avec	
  la	
  
notion	
   de	
   confiance.	
   Les	
   enquêtes	
   d'opinion	
   rapportent	
   l'ampleur	
   de	
   la	
   césure	
   et	
   le	
  
slogan	
  "	
  la	
  crise	
  c'est	
  eux	
  mais	
  c'est	
  nous	
  qui	
  la	
  payons	
  !	
  "	
  ne	
  cesse	
  de	
  prospérer	
  tel	
  un	
  
poison	
  dont	
  l'anti-­‐démonstration	
  relève	
  de	
  la	
  gageure.	
  
	
  
Les	
  épargnants	
  –	
  incontestablement	
  atteints	
  –	
  en	
  viennent	
  à	
  mélanger	
  un	
  peu	
  tout	
  et	
  
confondent	
  parfois	
  leurs	
  pertes	
  objectives	
  sur	
  les	
  marchés	
  boursiers	
  avec	
  le	
  risque	
  de	
  
banqueroute	
   financière	
   que	
   le	
   monde	
   a	
   sérieusement	
   croisé	
   il	
   y	
   a	
   quatre	
   ans.	
   Ils	
  
  18	
  
stigmatisent	
   leur	
   conseiller	
   d'agence	
   en	
   omettant	
   que	
   le	
   plus	
   jeune	
   étudiant	
   en	
   droit	
  
pourrait	
  leur	
  confirmer	
  l'abîme	
  tangible	
  qui	
  existe	
  entre	
  l'effective	
  obligation	
  de	
  moyens	
  
et	
   la	
   non-­‐contractuelle	
   obligation	
   de	
   résultats.	
   Confrontés	
   au	
   risque	
   absolu	
   qu'aurait	
  
représenté	
   une	
   crise	
   d'illiquidité	
   de	
   plusieurs	
   banques,	
   les	
   épargnants	
   désormais	
  
rassurés	
  par	
  la	
  garantie	
  publique	
  opportunément	
  apportée	
  se	
  sont	
  à	
  nouveau	
  focalisés	
  
sur	
  l'évaporation	
  des	
  rendements	
  de	
  leurs	
  actifs,	
  sur	
  le	
  "	
  return	
  "	
  qu'ils	
  escomptaient	
  de	
  
leurs	
  stocks	
  d'épargne.	
  
	
  
Si	
  les	
  banques	
  doivent	
  de	
  facto	
  œuvrer	
  pour	
  restaurer	
  la	
  confiance	
  de	
  leurs	
  clients	
  (	
  voir	
  
exemples	
   espagnols	
   dont	
   Bankia	
   ou	
   franco-­‐belge	
   Dexia),	
   ces	
   derniers	
   ne	
   doivent	
   pas	
  
céder	
  à	
  des	
  assimilations	
  de	
  comptoir	
  qui	
  n'ont	
  rien	
  à	
  voir	
  avec	
  les	
  liens	
  contractuels	
  et	
  
commerciaux	
  qui	
  ont	
  été	
  effectivement	
  tissés.	
  
	
  
Sur	
  ce	
  sujet	
  où	
  le	
  vent	
  est	
  favorable,	
  le	
  mutisme	
  de	
  l'industrie	
  demeure	
  surprenant.	
  
	
  
Il	
  y	
  aura	
  des	
  améliorations	
  car	
  le	
  temps	
  a	
  –	
  ici	
  comme	
  ailleurs	
  –	
  des	
  vertus	
  curatives	
  
mais	
  les	
  décideurs	
  des	
  établissements	
  financiers	
  savent	
  in	
  concreto	
  –	
  dans	
  leurs	
  livres	
  -­‐	
  
le	
  coût	
  du	
  doute	
  des	
  clients	
  et	
  leur	
  appétence	
  chaque	
  jour	
  plus	
  installée	
  pour	
  les	
  litiges	
  
dans	
  des	
  sociétés	
  occidentales	
  où	
  cette	
  tendance	
  est	
  relevée	
  dans	
  de	
  nombreux	
  secteurs	
  
économiques.	
  
	
  
	
   2	
  )	
  Par-­‐delà	
  cette	
  confiance	
  émoussée	
  (	
  cf.	
  l'augmentation	
  d'ores	
  et	
  déjà	
  décelable	
  
des	
   montants	
   de	
   la	
   monnaie	
   fiduciaire	
   :	
   "	
   cash	
   is	
   back	
   in	
   the	
   race	
   "	
   )	
   et	
   désormais	
  
soumise	
  à	
  forte	
  conditionnalité,	
  les	
  banques	
  ont	
  un	
  quadruple	
  défi	
  interne.	
  
	
  
Premier	
  côté	
  de	
  ce	
  carré	
  pour	
  l'instant	
  périlleux,	
  la	
  crise	
  a	
  révélé	
  le	
  véritable	
  format	
  de	
  
l'échelle	
  des	
  rémunérations	
  au	
  sein	
  des	
  établissements.	
  Pour	
  ceux	
  des	
  personnels	
  qui	
  
sont	
  en	
  mesure	
  de	
  l'accepter,	
  cette	
  échelle	
  des	
  gains	
  demeure	
  choquante	
  car	
  chacun	
  a	
  
bien	
  compris	
  qu'elle	
  n'est	
  nullement	
  couplée	
  avec	
  une	
  échelle	
  de	
  responsabilités	
  en	
  cas	
  
de	
  mise	
  en	
  péril	
  de	
  l'exploitation.	
  	
  
	
  
Sur	
  ce	
  sujet,	
  il	
  faut	
  avancer	
  avec	
  prudence	
  et	
  veiller	
  à	
  la	
  méthode	
  d'analyse.	
  Ainsi,	
  il	
  n'y	
  a	
  
pas	
   que	
   dans	
   le	
   secteur	
   bancaire	
   que	
   les	
   virtuoses	
   de	
   l'essor	
   commercial	
   sont	
   très	
  
rétribués	
   sans	
   pour	
   autant	
   avoir	
   une	
   échelle	
   de	
   responsabilités	
   comme	
   celle	
   qui	
   est	
  
usuellement	
  dévolue	
  par	
  le	
  droit	
  des	
  affaires	
  au	
  mandataire	
  social.	
  	
  
	
  
Au	
   prix	
   de	
   modifications	
   de	
   formes	
   organisationnelles	
   évidemment	
   admissibles	
   et	
  
gérables,	
  l'industrie	
  bancaire	
  pourrait	
  aisément	
  élargir	
  le	
  nombre	
  de	
  ses	
  mandataires	
  
sociaux	
  dans	
  le	
  but	
  avoué	
  d'une	
  diffusion	
  de	
  la	
  responsabilité.	
  
	
  
Cette	
   extension	
   numérique	
   –	
   que	
   les	
   Pouvoirs	
   publics	
   pourraient	
   quant	
   à	
   eux	
   sans	
  
difficultés	
   majeures	
   requérir	
   –	
   permettrait	
   ainsi	
   d'intégrer	
   les	
   rémunérations	
   –	
   par	
  
exemple	
  des	
  traders	
  –	
  sous	
  le	
  coup	
  des	
  dispositions	
  de	
  l'article	
  L	
  225	
  –	
  102	
  –	
  1	
  du	
  Code	
  
de	
  commerce	
  (	
  traitant	
  du	
  Rapport	
  annuel	
  sur	
  les	
  rémunérations	
  et	
  avantages	
  )	
  dont	
  on	
  
observera	
   au	
   demeurant	
   que	
   leur	
   respect	
   est	
   soumis	
   à	
   attestation	
   (	
   en	
   exactitude	
   et	
  
sincérité	
  )	
  des	
  commissaires	
  aux	
  comptes	
  depuis	
  la	
  promulgation	
  du	
  décret	
  de	
  2006.	
  (	
  D.	
  
2006	
  –	
  1566	
  du	
  11	
  Décembre	
  2006,	
  article	
  54	
  ).	
  
	
  
  19	
  
Notre	
   proposition	
   a	
   certes	
   un	
   impact	
   organisationnel	
   à	
   calibrer	
   (	
   créations	
   de	
   filiales	
  
thématiques	
   dédiées	
   entrainant	
   la	
   création	
   de	
   mandats	
   sociaux	
   )	
   mais	
   peut	
   être	
  
déployée	
  à	
  strict	
  droit	
  constant	
  ce	
  qui	
  constitue	
  un	
  atout	
  au	
  regard	
  de	
  deux	
  éléments	
  
bien	
  identifiés	
  :	
  d'une	
  part,	
  l'encombrement	
  parlementaire	
  	
  post-­‐présidentielle...	
  )	
  du	
  fait	
  
d'autres	
  réformes	
  à	
  mettre	
  en	
  œuvre,	
  d'autre	
  part,	
  la	
  nécessaire	
  recherche	
  d'une	
  quote-­‐
part	
  maximale	
  de	
  stabilité	
  des	
  situations	
  juridiques.	
  
Si	
  décisions	
  il	
  y	
  a	
  dans	
  le	
  secteur	
  bancaire,	
  notre	
  analyse	
  nous	
  conduit	
  à	
  énoncer	
  qu'elles	
  
seront	
   tôt	
   ou	
   tard	
   transposées	
   à	
   d'autres	
   secteurs	
   ce	
   qui	
   n'altère	
   pas	
   la	
   faisabilité	
  
opérationnelle	
  de	
  la	
  proposition.	
  
	
  
Une	
  certitude	
  demeure	
  ancrée	
  :	
  ce	
  n'est	
  pas	
  le	
  montant	
  nominal	
  des	
  rémunérations	
  qu'il	
  
faut	
   soumettre	
   à	
   la	
   toise,	
   c'est	
   l'exposition	
   au	
   risque	
   que	
   l'exercice	
   irrationnel	
   d'un	
  
métier	
  fait	
  courir	
  à	
  l'ensemble.	
  
	
  
Deuxième	
  côté	
  du	
  carré	
  actuellement	
  funeste,	
  la	
  crise	
  a	
  révélé	
  à	
  quel	
  point	
  la	
  hiérarchie	
  
la	
   plus	
   ultime	
   des	
   établissements	
   bancaires	
   méconnaissait	
   le	
   fonctionnement	
   concret	
  
des	
  salles	
  de	
  marché	
  et	
  leur	
  évolution	
  récente.	
  Pour	
  ne	
  pas	
  dire	
  plus.	
  
	
  
Il	
  est	
  hélas	
  inutile	
  de	
  développer	
  ce	
  point	
  car	
  la	
  sagacité	
  du	
  lecteur	
  est	
  ici	
  présupposée	
  
voire	
   postulée	
   et	
   que	
   nous	
   sommes	
   assez	
   nombreux	
   à	
   conserver	
   en	
   mémoire	
   des	
  
déclarations	
  publiques	
  de	
  dirigeants	
  qui	
  suffisent	
  à	
  nourrir	
  notre	
  affirmation	
  à	
  valeur	
  de	
  
strict	
  rappel	
  sur	
  un	
  mode	
  retenu.	
  	
  
	
  
Nous	
  serions	
  heureux	
  de	
  pouvoir	
  intellectuellement	
  nous	
  en	
  abstenir	
  mais	
  comme	
  se	
  
plaisait	
  à	
  le	
  rappeler	
  Jacques	
  Delors	
  dans	
  d'autres	
  circonstances	
  financières	
  –	
  elles	
  aussi	
  
difficiles	
  -­‐	
  :	
  les	
  faits	
  sont	
  têtus…	
  
	
  
D'ailleurs,	
  il	
  serait	
  pour	
  le	
  moins	
  contradictoire	
  de	
  nier	
  cette	
  réalité	
  car	
  cela	
  reviendrait	
  
à	
   dire	
   que	
   les	
   dirigeants	
   avaient	
   pleine	
   conscience	
   des	
   risques	
   encourus,	
   de	
   ce	
   que	
  
j'appelle	
   le	
   cordeau	
   Bickford	
   constitué	
   par	
   le	
   poids	
   et	
   le	
   contenu	
   mutuellement	
   sans	
  
cesse	
  croissants	
  des	
  engagements	
  hors-­‐bilan	
  des	
  établissements.	
  
	
  
Il	
   y	
   a	
   eu	
   de	
   lourdes	
   erreurs	
   que	
   les	
   soutiens	
   publics	
   vont	
   aider	
   à	
   gommer	
   dans	
   des	
  
silences	
  lourds	
  de	
  sens	
  car	
  les	
  parties	
  en	
  présence	
  n'ont	
  guère	
  d'autres	
  choix.	
  
	
  
La	
  question	
  qui	
  demeure	
  ouverte	
  pour	
  l'acteur	
  public	
  et	
  pour	
  les	
  historiens	
  à	
  venir	
  de	
  la	
  
sphère	
  financière	
  est	
  celle	
  du	
  degré	
  exact	
  ET	
  préalable	
  de	
  connaissances	
  du	
  volume	
  des	
  
risques.	
  Par	
  obligation	
  et	
  fort	
  de	
  notre	
  expérience	
  d'ancien	
  commissaire	
  aux	
  comptes,	
  il	
  
nous	
   revient	
   ici	
   de	
   rappeler	
   que	
   le	
   mandataire	
   social	
   doit	
   rechercher	
   la	
   continuité	
  
d'exploitation	
  et	
  ne	
  pas	
  déroger	
  aux	
  règles	
  que	
  le	
  Doyen	
  Pierre	
  Bézard	
  a	
  nommé	
  avec	
  
netteté	
  dans	
  plusieurs	
  ouvrages	
  (	
  et	
  jurisprudences…)	
  la	
  loyauté	
  du	
  dirigeant.	
  
	
  
Il	
  serait	
  de	
  bonne	
  intelligence	
  que	
  les	
  décideurs	
  de	
  l'industrie	
  bancaire	
  gardent	
  présent	
  
à	
   l'esprit	
   le	
   vaste	
   soupçon	
   de	
   baraterie	
   qui	
   plane	
   sur	
   leur	
   gestion	
   dans	
   la	
   dernière	
  
période.	
  Comme	
  toute	
  soupçon,	
  il	
  charrie	
  ses	
  vérités	
  et	
  ses	
  excès	
  outranciers.	
  
	
  
Troisième	
   côté	
   du	
   carré,	
   les	
   banques	
   sont	
   en	
   dernier	
   ressort	
   face	
   à	
   une	
   crise	
   de	
  
rentabilité	
  que	
  les	
  états	
  de	
  synthèse	
  de	
  leurs	
  profits	
  ont	
  parfois	
  tendance	
  à	
  sous-­‐refléter	
  
voire	
  à	
  occulter.	
  	
  
  20	
  
	
  
Pour	
  le	
  grand	
  public,	
  la	
  messe	
  est	
  dite	
  et	
  les	
  banques	
  font	
  à	
  nouveau	
  des	
  "	
  sous	
  ".	
  	
  
	
  
Pour	
  qui	
  prend	
  le	
  temps	
  et	
  le	
  soin	
  de	
  lire	
  des	
  états	
  comptables	
  récents,	
  la	
  situation	
  est	
  
nettement	
  plus	
  contrastée	
  ce	
  qui	
  a	
  une	
  conséquence	
  méta-­‐sectorielle	
  que	
  notre	
  estimé	
  
ancien	
  confrère	
  René	
  Ricol	
  	
  a	
  affronté	
  durant	
  de	
  longues	
  semaines	
  dans	
  ses	
  fonctions	
  de	
  
Médiateur	
   du	
   crédit.	
   L'économie	
   va	
   être	
   confrontée	
   pour	
   une	
   période	
   longue	
   à	
   une	
  
sélectivité	
  accrue	
  des	
  banquiers	
  prêteurs	
  directement	
  découlée	
  de	
  leur	
  crise	
  interne	
  de	
  
rentabilité.	
  Ceci	
  dans	
  un	
  contexte	
  où	
  le	
  refinancement	
  régulier	
  et	
  accentué	
  des	
  Etats	
  ne	
  
manquera	
  pas	
  de	
  provoquer	
  des	
  effets	
  d'éviction	
  (	
  "	
  crowding-­‐out	
  "	
  )	
  sur	
  les	
  marchés	
  
financiers	
  d'où	
  des	
  tensions	
  durables	
  en	
  matière	
  de	
  dettes	
  souveraines.	
  
	
  
A	
  ce	
  stade,	
  j'ignore	
  si	
  l'analyse	
  économique	
  sera	
  en	
  mesure	
  d'apporter	
  sa	
  contribution	
  à	
  
la	
   crise	
   d'efficience	
   allocative	
   des	
   banques	
   mais	
   dans	
   la	
   mesure	
   où	
   l'importance	
   des	
  
économistes	
   travaillant	
   pour	
   celles-­‐ci	
   est	
   connue	
   et	
   établie	
   (	
   voir	
   les	
   éminents	
   Jean-­‐
Hervé	
  Lorenzi	
  ou	
  Christian	
  de	
  Boissieu	
  )	
  il	
  est	
  légitimement	
  permis	
  d'espérer.	
  
	
  
Quatrième	
  et	
  dernier	
  côté	
  du	
  carré,	
  les	
  normes	
  comptables.	
  
	
  
	
   Sur	
  cette	
  question	
  technique	
  fondamentale,	
  souvenons-­‐nous	
  d'abord	
  avec	
  stricte	
  
exactitude	
  et	
  un	
  rien	
  de	
  malice	
  entendue	
  que	
  ce	
  fût	
  Charles	
  de	
  Croisset	
  (	
  alors	
  Président	
  
du	
  C.C.F	
  devenu	
  HSBC	
  France	
  )	
  le	
  premier	
  à	
  souligner	
  deux	
  faits	
  d'importance.	
  D'une	
  
part,	
  la	
  sous-­‐représentation	
  de	
  la	
  France	
  voire	
  de	
  l'Union	
  européenne	
  dans	
  les	
  instances	
  
investies	
  du	
  pouvoir	
  de	
  validation	
  de	
  la	
  réforme	
  des	
  référentiels	
  normatifs.	
  D'autre	
  part,	
  
l'ampleur	
  du	
  big	
  bang	
  que	
  constituerait	
  l'adoption	
  pleine	
  et	
  entière	
  de	
  la	
  "	
  fair	
  value	
  "	
  
alors	
  en	
  cours	
  de	
  définition	
  finale.	
  
Il	
  ne	
  fût	
  guère	
  entendu	
  des	
  dirigeants	
  d'alors	
  de	
  notre	
  pays	
  dont	
  la	
  condescendance	
  vis-­‐
à-­‐vis	
  du	
  chiffre	
  et	
  des	
  comptables	
  est	
  historiquement	
  et	
  presque	
  judiciairement	
  établie.	
  
	
  
Le	
   premier	
   point	
   qui	
   surprend	
   concernant	
   les	
   normes	
   réside	
   dans	
   la	
   brutalité	
   du	
  
changement	
   digne	
   d'une	
   "	
   migration	
   ",	
   d'un	
   basculement	
   cher	
   aux	
   développeurs	
   de	
  
logiciels	
  informatiques.	
  	
  
	
  
Le	
  monde	
  a	
  accepté	
  de	
  quitter	
  –	
  telle	
  une	
  mue	
  reptilienne	
  –	
  une	
  rive	
  pour	
  une	
  autre	
  sans	
  
chercher	
  à	
  quantifier	
  les	
  vertus	
  du	
  panachage	
  voire	
  du	
  régime	
  transitoire.	
  	
  
	
  
En	
  effet,	
  nous	
  étions	
  quelques	
  uns	
  à	
  avoir	
  tenté	
  de	
  murmurer	
  qu'il	
  y	
  aurait	
  pertinence	
  à	
  
ce	
  que	
  les	
  valeurs	
  au	
  bilan	
  fussent	
  calculées	
  par	
  une	
  exacte	
  moyenne	
  entre	
  la	
  valeur	
  de	
  
marché	
  et	
  la	
  valeur	
  historique.	
  	
  
	
  
Si	
  l'on	
  songe	
  aux	
  aberrations	
  des	
  immeubles	
  totalement	
  amortis	
  qui	
  valaient	
  un	
  €uro	
  
symbolique	
  en	
  plein	
  Paris	
  haussmannien	
  ou	
  Londres	
  victorien,	
  chacun	
  comprend	
  qu'il	
  y	
  
aurait	
  déjà	
  eu	
  un	
  immense	
  progrès	
  vers	
  la	
  notion	
  pivot	
  de	
  toute	
  comptabilité:	
  à	
  savoir,	
  
l'image	
  fidèle.	
  
	
  
Au	
   lieu	
   de	
   fidélité,	
   le	
   travail	
   collectif	
   des	
   normalisateurs	
   –	
   par	
   ailleurs	
   qualifiable	
   de	
  
considérable	
   –	
   s'est	
   attaché	
   à	
   la	
   notion	
   d'exactitude	
   des	
   comptes	
   en	
   remettant	
   cette	
  
quête	
  dans	
  les	
  seules	
  mains	
  de	
  la	
  trompeuse	
  appellation	
  de	
  "	
  fair	
  value	
  "	
  qui	
  comporte	
  –	
  
  21	
  
en	
  creux	
  -­‐	
  en	
  anglais	
  une	
  connotation	
  subjective	
  qui	
  apparaît	
  lorsque	
  le	
  terme	
  d'unfair	
  
est	
  utilisé	
  en	
  droit	
  ou	
  en	
  économie.	
  
	
  
Or	
  là,	
  il	
  y	
  a	
  eu	
  recul	
  conceptuel	
  préjudiciable.	
  
	
  
En	
  effet,	
  le	
  Code	
  de	
  commerce	
  n'introduit	
  à	
  bon	
  escient	
  aucun	
  lien	
  de	
  cause	
  à	
  effet	
  entre	
  
les	
  obligations	
  de	
  régularité	
  et	
  de	
  sincérité	
  comptable	
  d'une	
  part	
  et	
  l'image	
  fidèle	
  d'autre	
  
part.	
  Si	
  l'image	
  fidèle	
  est	
  effectivement	
  présente	
  (	
  L	
  123-­‐14,	
  alinéa	
  1er	
  ),	
  c'est	
  bien	
  parce	
  
qu'elle	
  est	
  une	
  notion	
  distincte	
  et	
  exogène	
  aux	
  deux	
  autres	
  obligations.	
  
	
  
Pour	
   les	
   professionnels	
   du	
   chiffre,	
   la	
   comptabilité	
   est	
   intrinsèquement	
   un	
   outil	
   où	
   la	
  
technicité	
   va	
   de	
   pair	
   avec	
   une	
   dimension	
   conventionnelle.	
   Celle-­‐ci	
   est	
   quasiment	
  
exponentielle	
  depuis	
  l'adoption	
  de	
  certaines	
  normes	
  qui	
  aboutissant	
  à	
  des	
  non-­‐sens	
  en	
  
termes	
  de	
  valorisation	
  obligent	
  alors	
  à	
  des	
  retraitements	
  et	
  à	
  l'utilisation	
  de	
  modèles	
  par	
  
essence	
  soumis	
  à	
  subjectivité	
  et	
  non-­‐universalité.	
  
	
  
Sur	
  ce	
  point	
  précis	
  et	
  vraiment	
  décisif,	
  il	
  faut	
  ici	
  rappeler	
  que	
  l'alinéa	
  3	
  de	
  l'article	
  L	
  123-­‐
14	
  du	
  Code	
  de	
  commerce	
  énonce	
  une	
  disposition	
  impérative	
  :	
  toute	
  dérogation	
  rendue	
  
obligatoire	
  par	
  la	
  situation	
  de	
  fait	
  doit	
  être	
  explicitée	
  dans	
  l'annexe	
  des	
  comptes	
  annuels.	
  
	
  
Rappel	
  du	
  texte	
  exact	
  :	
  
	
  
"	
   Si,	
   dans	
   un	
   cas	
   exceptionnel,	
   l'application	
   d'une	
   prescription	
   comptable	
   se	
   révèle	
  
impropre	
   à	
   donner	
   une	
   image	
   fidèle	
   du	
   patrimoine,	
   de	
   la	
   situation	
   financière	
   ou	
   du	
  
résultat,	
   il	
   doit	
   y	
   être	
   dérogé.	
   Cette	
   dérogation	
   est	
   mentionnée	
   à	
   l'annexe	
   et	
   dûment	
  
motivée,	
  avec	
  l'indication	
  de	
  son	
  influence	
  sur	
  le	
  patrimoine,	
  la	
  situation	
  financière	
  et	
  le	
  
résultat	
  de	
  l'entreprise.	
  "	
  
	
  
Autrement	
  dit,	
  le	
  Code	
  de	
  commerce	
  et	
  ses	
  prescriptions	
  règlementaires	
  attachées	
  ne	
  
font	
  aucune	
  place	
  aux	
  conversations	
  d'antichambre	
  dignes	
  d'un	
  "	
  bargaining	
  "	
  suspect	
  et	
  
posent	
  clairement	
  les	
  seules	
  règles	
  devant	
  présider	
  aux	
  travaux	
  d'arrêté	
  des	
  comptes	
  
annuels.	
  
	
  
L'image	
  fidèle	
  est	
  donc	
  la	
  pierre	
  angulaire	
  dont	
  la	
  pleine	
  validité	
  est	
  à	
  remettre	
  au	
  cœur	
  
des	
  pratiques	
  des	
  acteurs	
  de	
  l'industrie	
  bancaire	
  et	
  de	
  leurs	
  Comités	
  d'audit....	
  
	
  
Un	
  exemple	
  factuel	
  vient	
  étayer	
  cette	
  affirmation	
  au	
  moment	
  où	
  des	
  esquisses	
  de	
  quasi-­‐
récession	
  menacent	
  :	
  les	
  banques	
  sont	
  les	
  seuls	
  agents	
  économiques	
  ayant	
  obtenu	
  en	
  
France	
  une	
  dérogation	
  de	
  facto	
  au	
  principe	
  de	
  prudence	
  qui	
  régit	
  usuellement	
  les	
  règles	
  
comptables.	
  Ainsi,	
  il	
  leur	
  est	
  possible	
  pour	
  les	
  seuls	
  titres	
  de	
  transaction	
  de	
  tenir	
  compte	
  
des	
   moins-­‐values	
   potentielles	
   mais	
   aussi	
   des	
   plus-­‐values	
   potentielles.	
   Nul	
   besoin	
  
d'expertise	
  approfondie	
  pour	
  mesurer	
  l'effet	
  d'aubaine	
  au	
  point	
  conjoncturel	
  où	
  nous	
  
semblons	
  être.	
  
	
  
L'image	
  fidèle	
  est	
  le	
  seul	
  concept	
  dont	
  la	
  densité	
  exogène	
  pourra	
  contraindre	
  l'industrie	
  
bancaire	
  à	
  la	
  rigueur	
  que	
  l'essence	
  de	
  ses	
  métiers	
  rend	
  obligatoire.	
  
	
  
Pour	
  citer	
  –	
  à	
  fin	
  de	
  plus	
  ample	
  démonstration	
  –	
  un	
  auteur	
  reconnu	
  des	
  praticiens	
  :	
  
	
  
  22	
  
"	
  Une	
  activité	
  notable	
  du	
  banquier	
  est	
  la	
  prise	
  ou	
  réception	
  d'engagements	
  significatifs	
  (	
  
opérations	
  de	
  hors-­‐bilan	
  )	
  sans	
  qu'il	
  y	
  ait	
  transfert	
  de	
  fonds.	
  Il	
  peut	
  en	
  découler	
  que	
  ces	
  
engagements	
   ne	
   génèrent	
   pas	
   d'écritures	
   comptables	
   dans	
   les	
   systèmes	
   généraux.	
   La	
  
non-­‐prise	
  en	
  compte	
  de	
  ces	
  éléments	
  peut	
  être	
  difficile	
  à	
  déceler.	
  "	
  
	
  
Jean-­‐Luc	
  Siruguet,	
  in	
  "	
  Le	
  contrôle	
  comptable	
  bancaire	
  ".	
  (	
  Revue	
  Banque	
  :	
  page	
  86	
  ).	
  
	
  
En	
   peu	
   de	
   mots,	
   l'essentiel	
   est	
   rapporté.	
   En	
   si	
   peu	
   de	
   temps	
   de	
   lecture,	
   on	
   mesure	
  
l'ampleur	
  des	
  risques	
  et	
  la	
  taille	
  du	
  présent	
  chantier	
  de	
  reconformation	
  qui	
  va	
  au-­‐delà	
  
des	
  renforcements	
  de	
  régulation	
  obtenus	
  par	
  la	
  BCE	
  et	
  Monsieur	
  TRICHET.	
  
	
  
L'industrie	
  bancaire	
  cumule	
  des	
  foyers	
  d'innovation	
  vecteurs	
  de	
  progrès	
  mais	
  parfois	
  
d'ordre	
  tératogène	
  :	
  il	
  faut	
  que	
  les	
  pratiques	
  de	
  présentation	
  comptable	
  qui	
  sont,	
  à	
  ce	
  
jour,	
  parcellaires	
  reflètent	
  bien	
  davantage	
  l'exhaustivité	
  des	
  exploitations	
  par	
  essence	
  
toujours	
  imaginatives.	
  
	
  
Le	
  deuxième	
  point	
  concernant	
  les	
  normes	
  appartient	
  désormais	
  à	
  l'histoire	
  humaine	
  :	
  
conçues	
  pour	
  être	
  un	
  mieux,	
  elles	
  ont	
  été	
  un	
  moins	
  dans	
  les	
  bilans.	
  
	
  
Leur	
  application	
  frontale,	
  hors	
  sérieux	
  régime	
  de	
  transition	
  qui	
  eût	
  valeur	
  probatoire,	
  a	
  
coincidé	
  avec	
  une	
  crise	
  conjoncturelle	
  dont	
  l'impact	
  sera	
  profond	
  et	
  durable.	
  
	
  
L'adoption	
  un	
  rien	
  naïve	
  et	
  peut-­‐être	
  totalitaire	
  d'un	
  seul	
  concept	
  technique	
  endogène	
  (	
  
la	
  "	
  fair	
  value	
  "	
  )	
  représente	
  ainsi	
  un	
  gâchis	
  collectif	
  dont	
  le	
  chiffrage	
  ne	
  se	
  limite	
  pas	
  aux	
  
billets	
  d'avion	
  des	
  membres	
  de	
  l'IASB	
  ou	
  à	
  leurs	
  heures	
  de	
  travail.	
  	
  
	
  
Selon	
  moi,	
  du	
  fait	
  des	
  spirales	
  baissières	
  pro-­‐cycliques	
  que	
  les	
  normes	
  ont	
  induit	
  sur	
  les	
  
trois	
   dernières	
   années,	
   elles	
   sont	
   analytiquement	
   éligibles	
   au	
   rang	
   de	
   déséconomie	
  
externe	
  majeure,	
  d'anti-­‐externalité	
  sans	
  précédent	
  à	
  occurrence	
  séculaire.	
  
	
  
Face	
  à	
  l'importance	
  des	
  destructions	
  combinées	
  de	
  valeur,	
  il	
  faudrait	
  les	
  patiences	
  et	
  les	
  
ardeurs	
  cumulées	
  de	
  feu	
  Edmond	
  Malinvaud	
  (	
  INSEE	
  )	
  et	
  d'un	
  estimé	
  Edouard	
  Salustro	
  
pour	
  suggérer	
  à	
  une	
  instance	
  internationale	
  une	
  quantification	
  de	
  cette	
  balle	
  tirée	
  dans	
  
le	
  pied	
  du	
  monde.	
  	
  
	
  
Le	
   résultat	
   serait	
   probablement	
   effrayant	
   mais	
   il	
   contribuerait	
   à	
   ouvrir	
   les	
   yeux	
   en	
  
matière	
  de	
  dévoiement	
  d'intentions.	
  
	
  
A	
   ce	
   propos	
   de	
   quantification,	
   si	
   l'information	
   est	
   diffusée	
   (	
   car	
   rendue	
   publique	
   ),	
   il	
  
serait	
   instructif	
   de	
   lire	
   les	
   travaux	
   actuellement	
   en	
   cours	
   du	
   FCAG	
   (	
   Financial	
   Crisis	
  
Advisory	
  Group	
  )	
  qui	
  doit	
  poursuivre,	
  dans	
  les	
  mois	
  à	
  venir,	
  un	
  opération	
  vérité	
  vis	
  à	
  vis	
  
de	
  l'IASB	
  mais	
  aussi	
  de	
  la	
  FASB	
  (	
  US	
  Financial	
  Accounting	
  Standards	
  Board	
  )…	
  
	
  
On	
  sait	
  que	
  Clémenceau	
  pensait	
  avoir	
  raison	
  en	
  énonçant	
  que	
  la	
  guerre	
  est	
  une	
  affaire	
  
trop	
  sérieuse	
  pour	
  être	
  laissée	
  aux	
  seuls	
  militaires.	
  	
  
	
  
On	
   sait	
   désormais	
   que	
   les	
   plus	
   fins	
   spécialistes	
   comptables	
   peuvent	
   verser	
   dans	
   un	
  
isolement	
  fautif	
  par-­‐delà	
  leurs	
  nobles	
  intentions	
  de	
  départ.	
  	
  
	
  
  23	
  
Madame	
  Christine	
  Lagarde	
  –	
  incontestablement	
  déçue	
  par	
  la	
  tournure	
  des	
  choses	
  et	
  les	
  
réponses	
   (	
   fin	
   Août	
   2009	
   )	
   de	
   l'IASB	
   –	
   avait	
   alors	
   posé	
   avec	
   quelques	
   bruits	
   que	
   la	
  
myopie	
  et	
  la	
  surdité	
  de	
  l'IASB	
  étaient	
  établies.	
  	
  
	
  
Pour	
   notre	
   part,	
   nous	
   voyons	
   dans	
   l'aboutissement	
   présent	
   des	
   IFRS	
   une	
   approche	
  
monaurale	
  où	
  certains	
  Etats	
  n'ont	
  pas	
  assez	
  initialement	
  pris	
  conscience	
  de	
  la	
  révolution	
  
de	
   papier	
   qui	
   était	
   en	
   marche.	
   Des	
   validations	
   publiques	
   sont	
   par	
   conséquent	
  
intervenues	
  dans	
  des	
  conditions	
  imparfaites.	
  Donc,	
  regrettables.	
  
	
  
Désormais,	
  il	
  est	
  clair	
  qu'il	
  faut	
  un	
  changement	
  de	
  statut	
  juridique	
  de	
  l'IASB	
  sinon	
  les	
  
forces	
  en	
  présence	
  joueront	
  globalement	
  dans	
  le	
  même	
  sens.	
  	
  
	
  
Comme	
  aimait	
  à	
  me	
  le	
  dire	
  vivement	
  le	
  Préfet	
  de	
  Région	
  Claudius	
  Brosse	
  (	
  sur	
  d'autres	
  
sujets…)	
  :	
  "	
  Vous	
  avez	
  déjà	
  vu	
  quelqu'un	
  de	
  puissant	
  se	
  déjuger	
  ?	
  "…	
  
	
  
Selon	
  notre	
  entendement	
  de	
  la	
  situation,	
  il	
  faut	
  –	
  selon	
  une	
  voie	
  minimale	
  –	
  élargir	
  le	
  
nombre	
  de	
  trustees	
  (	
  et	
  partant	
  leur	
  "	
  représentativité	
  "	
  )	
  qui	
  composent	
  la	
  Fondation	
  
IASCF,	
  organe	
  de	
  surveillance	
  de	
  l'IASB.	
  
	
  
Selon	
   notre	
   approche	
   préférée	
   –	
   certes	
   plus	
   maximaliste	
   –	
   il	
   faut	
   arrêter	
   de	
   s'en	
  
remettre	
   à	
   une	
   simple	
   association	
   de	
   droit	
   privé	
   pour	
   traiter	
   de	
   telles	
   matières	
   qui	
  
relèvent	
  –	
  qui	
  songerait	
  à	
  le	
  contester	
  ?	
  –	
  de	
  l'intérêt	
  général.	
  
	
  
Sans	
   tenir	
   éloignée	
   de	
   notre	
   pensée	
   l'expérience	
   française	
   dite	
   de	
   nationalisation-­‐
sanction	
   (	
   Exemple	
   des	
   usines	
   Renault	
   à	
   la	
   Libération	
   ),	
   il	
   nous	
   paraît	
   sincèrement	
  
soutenable	
   de	
   préconiser	
   l'adoption	
   d'un	
   statut	
   international	
   de	
   type	
   UPU	
   :	
   	
   Union	
  
postale	
  universelle.	
  
	
  
Cette	
   modification	
   de	
   statut	
   est	
   probablement	
   un	
   point	
   de	
   passage	
   obligé	
   pour	
  
réorienter	
   valablement	
   les	
   travaux	
   de	
   l'IASB	
   et	
   ainsi	
   donner	
   sa	
   chance	
   à	
   la	
   notion	
  
d'image	
  fidèle.	
  
	
  
Notre	
  vive	
  préconisation	
  formulée	
  à	
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  notre	
  compétence	
  forcément	
  contenue	
  est	
  
en	
  effet	
  d'insérer	
  la	
  préoccupation	
  d'image	
  fidèle	
  de	
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  et	
  
de	
  l'endogénéiser.	
  	
  
	
  
Il	
  en	
  va	
  ici	
  de	
  la	
  crédibilité	
  des	
  états	
  comptables	
  de	
  toute	
  entité	
  et	
  singulièrement	
  de	
  
celles	
  qui	
  traitent	
  de	
  matière	
  financière.	
  
	
  
A	
  quoi	
  servirait	
  –	
  par	
  exemple	
  non	
  fortuit	
  –	
  une	
  comptabilité	
  en	
  "	
  fair	
  value	
  "	
  largement	
  
dépassée	
  par	
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  réalité	
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  opérations	
  de	
  titrisation	
  et	
  autres	
  évènements	
  hors-­‐bilan	
  là	
  
où	
  l'image	
  fidèle	
  engage	
  davantage	
  en	
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  et	
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  • 1.                                                                            Préface  de  Edouard  SALUSTRO                                                                              Président  honoraire  de  l’Ordre  des  Experts-­‐Comptables                                Président  honoraire  de  la  Compagnie  Nationale  des  Commissaires  aux  Comptes   Président  honoraire  de  la  Section  Professions  Libérales  du  Conseil  Economique  et  Social     Crise                                                                 et  libres  contributions   économiques              
  • 2.   2   PREFACE  DE  MONSIEUR  EDOUARD  SALUSTRO  :     Définir un ouvrage aussi riche que celui que nous propose aujourd’hui Jean-Yves Archer relève de la gageure. Au fond, je dirais pour tenter de le résumer, qu’il s’agit là de l’œuvre combinant la recherche de sagesse de l’honnête homme du Grand Siècle et la faim de savoir(s) des Encyclopédistes. Rassemblée autour d’un thème ô combien important, la portée de la crise actuelle, cette série d’essais fixe, par touches successives, le portrait d’une société et d’une économie occidentales qui commencent seulement à prendre conscience aujourd’hui qu’elle sont entrées, vers 2007, dans une crise structurelle dont elle ont du mal à saisir la portée et l’amplitude réelle. Sans doute n’y a-t-il rien que de très normal, et l’histoire économique des deux derniers siècles, au moins, nous montre que la myopie est un mal commun à l’histoire économique comme à l’histoire tout court. Dès lors, une mise en perspective comme nous l’offre ici Jean-Yves Archer est-elle un vademecum indispensable, non seulement pour comprendre l’histoire des cinq dernières années, mais aussi pour anticiper, a minima, les cinq années qui viennent. Le thème de la régulation apparait en filigrane dans cet ouvrage. Ce thème, devenu un mantra de nos gouvernants, montre ici toute son ambivalence et la nécessité de le replacer dans le cadre plus large de la légitimité politique. En effet, un régulateur ne tire pas de lui-même sa légitimité mais des pouvoirs politiques qui l’ont mis en place. Ceux qui l’oublient tendent d’ailleurs à perdre rapidement le sens du réalisme et de la réalité (notamment économique) et perdent ainsi toute efficacité. La régulation est donc le thème cher à la plupart des politiques, européens (beaucoup), américains (un peu) et asiatiques (pas encore). Régulation des marchés, régulation des comportements sociaux, la notion est séduisante. Pour autant, la longue mutation dans laquelle nous sommes entrés depuis 2007 a démontré également les limites d’une régulation qui avait pourtant été un leitmotiv de toutes les réformes économiques menées depuis le milieu des années 1980 : le seul exemple français atteste de la prolifération des autorités de régulation, parfois les plus surprenantes (régulation des jeux en ligne ou régulation de la publicité). Or ces mêmes autorités de régulation , depuis 2007, n’ont pas anticipé les bouleversements issus des crises successives du secteur bancaire et de la dette publique, voire ont contribué à les amplifier ou à rendre inopérant une partie de leur traitement. Ainsi, les superviseurs bancaires européens n’ont-ils pas anticipé la révolution qu’allait introduire la réforme des ratios prudentiels, véritable bombe à retardement qui oblige les établissements à une mutation inédite, comparable à celle des années de crise des années 30 ou de prospérité des années 60. En matière comptable, l’émergence tardive des instances d’auto-régulation et de normalisation en Europe en général et en France en particulier, n’a pas permis là non plus d’anticiper le choc que constituaient les IFRS, en particulier pour le secteur financier où leur entrée en vigueur se combinait avec les nouveaux ratios prudentiels mentionnés plus haut.
  • 3.   3   En quelque sorte, même si la comparaison est osée, la régulation financière et comptable a manqué, comme la dette publique européenne, d’une instance de gouvernance qui préexiste à l’instauration des disciplines : le Mécanisme européen de stabilité est arrivé trop tard, comme va l’être l’émergence d’un régulateur comptable et financier européen (à travers l’ESMA). L’intérêt de l’ouvrage de Jean-Yves Archer est certes de nous inviter à cette analyse rétrospective. Il est aussi un appel à restaurer l’efficacité et donc la légitimité de l’action publique. Loin des libertariens dont la pensée est limitée, il nous incite à nous demander comment améliorer l’intervention de l’Etat et comment la repenser dans un cadre de refonte radicale de nos structures économiques. L’Etat « modeste » dont M. Crozier s’était fait le chantre, n’est pas l’Etat minimal, pas plus qu’il n’est l’Etat Gargantua dont l’action se résume à produire de la dépense publique et (mais on s’en est aperçu un peu tard) de la dette publique. C’est un Etat qui s’affirme, qui agit, mais qui assume sa vocation de stratège. En ce sens, la réflexion de Jean-Yves Archer est véritablement gaullienne car elle remonte à l’essentiel : que doit faire l’Etat, c’est-à- dire le pouvoir politique, qui ne se résume pas à l’action technocratique. Le manque d’efficacité de la Commission européenne dans la gestion de la crise, la reprise en main par les politiques (même si on a critiqué le couple Merkel-Sarkozy) démontrent que, contrairement à l’idéal saint-simonien ou marxiste, l’administration des choses ne peut pas se substituer au gouvernement des hommes. En ce sens, l’ouvrage de Jean-Yves Archer, très réaliste sur les « années d’angoisse » qui nous attendent, est aussi une leçon d’optimisme et de volontarisme : l’action collective, publique ou citoyenne, est la condition de l’émergence d’un modèle nouveau, au terme de ce qui s’annonce déjà comme une « très longue crise ». Mais c’est justement par la lucidité sur la profondeur du mal que se mesure la capacité à rebondir. Edouard SALUSTRO – 14/09/2012                    
  • 4.   4   En  guise  d’introduction  :       La  crise  économique  qui  sévit  actuellement  présente  des  points  de  similitude  avec  un   concert  dont  les  instruments  seraient  tenus  par  des  personnages  aux  gestes  erratiques.   La  cacophonie  de  la  crise  a  un  coût  social  que  nous  déplorons  et  que  nous  sommes  dans   l'envie  de  dénoncer  tant  les  souffrances  sont  omniprésentes  et  multiples.   Que  la  crise  atteigne  les  plus  fragiles  de  nos  sociétés  occidentales  semblent  hélas  d'une   certaine   normalité   et   les   mécanismes   d'amortisseurs   sociaux   sont   là   pour   parer   aux   urgences  et  grandes  détresses.   Mais   la   crise   de   2008   a   des   prétentions   de   destruction   sociale   plus   établies   :   elles   attaquent  sans  détours  ni  ambages  les  classes  moyennes.   L'Insee  a  instauré  le  concept  de  travailleurs  pauvres  et  qui  ne  saurait  oublier  les  dizaines   de  salariés  qui,  faute  de  pouvoir  honorer  un  loyer,  dorment  dans  leur  voiture  sur  des   aires  de  stationnement  pour  forains  ou  sur  des  parkings  de  supermarchés.   L'humiliation   sociale   et   le   peu   d'hygiène   la   nuit   à   deux   pas   de   rayons   richement   achalandés  le  jour.   Tel  est  le  constat.   A  l'échelle  de  l'Union  européenne,  si  laborieusement  construite,  nous  voilà  confrontés  à   une  crise  monétaire  (  fragilité  de  la  zone  €uro  et  situations  grecque  et  espagnole  :  retour   au   bullionnisme   ?   ),   à   un   tassement   sérieux   de   la   croissance   accompagné   de   délocalisations  (  crise  économique  )  et  bien  évidemment  à  une  crise  sociale  (  pouvoir   d'achat,  chômage,  développement  du  temps  partiel  mal  rémunéré,  mouvements  de  lutte   contre  l'austérité  :  les  Indignés  ).   Nulle  personne  ayant  accompli  quelques  bribes  de  scolarité  économique  ne  peut  rester   indifférent  à  cet  ensemble  de  mines  dérivantes  qui  encerclent  notre  Europe.   Nul  ne  peut  ignorer  l'histoire  de  notre  Continent  :  il  y  a  nettement  moins  de  cent  ans,  ce   fût  autant  Lord  Keynes  que  le  réarmement  qui  ont  eu  raison  de  la  crise  alors  venue  des   Etats-­‐Unis  d'Amérique.   La  crise  plurielle  que  nous  connaissons  est  une  fabrique  à  exclusion  sociale  et  sociétale  :   elle  déclenche  de  sourds  et  diffus  phénomènes  de  jalousies  sociales,  de  rejets  ethniques,   de  découragements  individuels.   Par  la  crainte  de  l'avenir  qu'elle  déclenche,  cette  crise  nous  fait  voir  des  taux  d'épargne   hors-­‐norme  :  on  remplit  autant  son  livret  d'épargne  que  son  armoire  de  pharmacie  qui   regorge  d'anxiolytiques.   Le  cadre  supérieur,  pris  dans  son  jet-­‐lag,  l'opérateur  pris  dans  une  restructuration  suite   à   un   LBO   (   Leveraged   Buy   Out   ),   la   caissière   d'hypermarchés   exténuée   ont   un   point   commun  :  l'angoisse  voire  la  peur.   Il  n'est  pas  crédible  d'envisager  vivre  dans  une  société  au  sein  de  laquelle  5  millions  de   gens  sont  précaires  et  dix  millions  dans  la  crainte  d'être  déclassés  en  commençant  par  la   perte  de  leur  capacité  à  conserver  leur  logement.   Bien  des  économistes  ont  commis  bien  des  écrits  intéressants  mais  là  il  nous  faut  penser   avec  l'urgence  sociale  comme  carburant  de  la  plume.  
  • 5.   5   Il  ne  s'agit  pas  de  définir  le  scénario  X  ou  Y  comme  le  faisait  la  Datar  (  "  scénario  de   l'impossible   "   )   mais   il   convient   d'aborder   diverses   questions   économiques   avec   le   compas  dans  l'œil  :  autrement  dit,  avec  précision  et  engagement.   La  crise  étant  partie  du  monde  bancaire,  plusieurs  contributions  de  cet  ouvrage  sont  en   rapport   avec   les   banques.   Avec   leur   situation   générale,   avec   leur   besoin   d'adaptation   pour  les  banques  privées,  avec  un  peu  de  recul  historique  pour  les  banques  d'affaires   par  référence  à  feu  André  Meyer  (  Lazard  Frères  ).   Nous   sommes   en   effet   convaincus   qu'une   des   conséquences   de   cette   crise   quasi-­‐ planétaire  va  être  la  relance  d'un  mouvement  de  concentration  sans  précédent  que  les   vertiges  du  pouvoir  bancaire  sont  loin  d’être  soumis  à  la  moindre  asymptote.   Bnp  et  Fortis,  accord  Peugeot  et  Gm,    Gan  et  Allianz  après  Axa  et  Uap,  etc  vont  être  les   signaux  précurseurs  de  la  constitution  de  firmes  véritablement  transnationales.   Le   capitalisme   ne   sait   sortir   que   par   le   haut   :   que   par   l'incessante   massification   des   moyens   de   production.   Ces   futures   opérations   de   croissance   externe   seront   un   des   leviers  de  la  reprise  conjoncturelle  d'ici  à  5  ans.   D’autant  que  les  acquisitions  de  firmes  venues  des  pays  émergents  (  exemple  Arcelor   Mittal  )  vont  venir  renforcer  cet  état  de  faits.   Notre  réflexion  posée  nous  fait  en  effet  estimer  que  nous  sommes  confrontés  à  une  crise   du  type  de  celles  que  Clément  Juglar  avait  examinées.  Leur  récurrence  est  de  8  à  11  ans.   Autrement   dit,   des   sub-­‐primes   à   l'éclaircie   :   il   faudra   estimer   une   amplitude   de   type   2007  –  2018  dans  la  pire  des  configurations.   Plusieurs  facteurs  militent  pour  cette  durée  (  qui  va  être  un  supplice  pour  le  corps  social   occidental  )  :  il  faut  du  temps  pour  que  le  système  absorbe  le  déplacement  vers  l'Est  des   foyers   de   production   (   Inde,   Chine,   etc   ).     Il   faut   du   temps   pour   les   cigales   étatiques   redeviennent   réalistes   et   tentent   de   faire   entrer   leurs   déficits   publics   dans   des   zones   acceptables  et  keynésiennement  pertinentes.    Il  faut  du  temps  pour  que  nous  absorbions   cette   fantastique   rupture   technologique   de   l'ère   numérique   et   des   autres   volets   du   progrès   technologique   (   voir   écrits   de   Schumpeter   ou   de   Rostow   sur   les   étapes   du   développement   ).   Enfin,   il   faudra   du   temps   pour   atteindre   un   début   de   palier   de   croissance  démographique  car  on  sait  désormais  que  la  nature  ne  pourrait  pas  absorber,   par   exemple,   12   milliards   d'êtres   humains.     (   nourriture,   pollution,   dérèglements   climatiques  et  obligations  géographiques  de  lieux  sûrs  de  peuplement  ).   Ayant  été  formé  par  le  Doyen  Henri  Bartoli,  Juste  parmi  les  Nations,  il  m'est  impossible   d'oublier  la  large  section  de  son  ouvrage  (  Economie  et  création  collective  )  dédiée  à  la   question  terrible  de  la  faim.  Ici,  nous  serons  davantage  focalisés  –  pour  le  moment  –  sur   des  questions  concernant  l'Occident.   L'estimé   et   regretté   Doyen   a   écrit   que   "   l'économie   s'inscrit   au   cœur   d'un   fait   social   infiniment  plus  complexe  "  et  nous  adhérons  pleinement  à  cette  affirmation.  Interpréter   comme  le  Professeur  Alain  Touraine  l'a  fait  certains  mouvements  de  la  Société  a  pour   nous  au  moins  autant  de  pertinence  qu'un  modèle  économétrique  dont  les  fondements   sont  parfois  contestables.   Songeons  aux  stress  tests  des  banques  européennes  effectués  avec  sérieux  et  minutie   par   des   cohortes   d'auditeurs   qui   n'ont   pas   retenu   pour   hypothèse,   dans   un   premier   temps,  le  risque  de  dépréciation  sur  créances  étatiques.    En  étant  un  peu  familier  :  on  se   pince  tellement  on  croit  faire  un  cauchemar.  
  • 6.   6   Dans   un   entretien   du   18   Mai   2012,   Monsieur   Alain   Minc   évoque   la   campagne   de   vaccination   H1N1   et   indique   avoir   prévenu   le   Président   de   la   République   des   dysfonctionnements.  Il  ajoute  "  La  capacité  d'alerte  du  système  est  très  faible  ".   On  pourrait  risquer  un  sourire  et  rappeler  que  l'urgentiste  Patrice  Pelloux  avait  dit  la   même  chose  lors  de  la  canicule  :  Pelloux  –  Minc,  le  nouveau  duo  improbable....   Plus   sérieusement,   il   est   bien   évidemment   aisé   de   démontrer   à   l'infini   que   l'Etat,   en   France,  a  des  capacités  de  remontées  d'information  très  puissantes  et  qui  s'inscrivent  en   contradiction  avec  les  dires  du    "  visiteur  du  soir  "  de  l'ancien  Président  Sarkozy.   Ainsi,  comment  celui-­‐ci  aurait-­‐il  énoncé  son  exceptionnel  discours  de  Toulon  en  2008   sur  la  garantie  des  dépôts  ?    Il  fallait  bien  que  le  Chef  de  l'Etat  fut  informé,  par  exemple,   par  notre  camarade  le  Gouverneur  Christian  Noyer.   Cette  histoire  d'Etat  qui  n'entend  rien  est  véhiculé  par  des  gens  qui  n'entendent  plus  les   bruits   et   les   vents   du   XXIème   siècle.     Même   le   bon   porto   peut   devenir   vintage   et   madérisé.   L'Etat  entend  mais  est  désormais  face  à  des  complexités  de  choix  publics  que  Messieurs   Crozier  et  Friedberg  ont  démontré  dans  "  L'acteur  et  le  système  ",  il  y  a  trente  ans.   La   décision   publique   nationale   est   contenue   tandis   que   la   décision   européenne   est   complexe   et   souvent   hybride.     Elle   relève   de   compromis   qui   dessine   une   politique   économique  incertaine  ou  étirée  dans  le  temps  tel  l’opportun  projet  d’union  bancaire.   Les  Trente  Glorieuses,  issues  du  mot  célèbre  de  Jean  Fourastié,  ont  été  un  moment  de   forte   intervention   étatique.     Sans   le   plan   Marshall,   l'Europe   n'aurait   atteint   le   même   visage  que  deux  décennies  après.   Sans  l'implication  gaullienne  dans  des  grands  programmes  nationaux,  sans  le  schéma   Delouvrier   pour   Paris,   etc,   les   choses   auraient   été   très   différentes   et   moins   à   notre   avantage.   Notre  parti  pris  pour  un  Etat  qui  intervient  est  établi  :  à  condition  que  les  politiques   disposent  du  bon  périscope  et  sachent  lever  les  yeux  pour  voir  loin.   On  préfère  entendre  un  Président  évoquer  le  futur  technologique  du  plateau  de  Saclay   plutôt  que  de  se  voir  infliger  le  nombre  d'amphores  entourant  la  piscine  de  la  maison  de   l'acteur  Clavier  en  Corse.   Quand  on  préside,  chaque  nano-­‐seconde  compte  sauf  à  savoir  prendre  du  temps  pour   aller  marcher  près  des  forestiers  d'Avallon  ou  de  Château-­‐Chinon.  Ou  encore  pour  relire   tel   ou   tel   Encyclopédiste   pour   accumuler   ce   recul   qui   donne   à   l'homme   politique   les   capacités  d'initiative  que  seuls  les  hommes  d'Etat  –  comme  feu  François  Mitterrand  -­‐ détiennent.   En  France,  il  y  a  une  redéfinition  de  certains  services  d'Etat  à  conduire  car  la  crise  a   démontré  avec  voracité  leur  inertie  et  le  peu  de  portée  des  théories  holistes.  L'approche   par  la  seule  Rgpp  (  Révision  générale  des  politiques  publiques  )  gomme  trop  l'analyse   des  besoins  stratégiques  à  réaliser  en  amont,  l'analyse  par  fine  capillarité  des  attentes   du  citoyen-­‐acteur.   Dans   bien   ces   cas,   la   Rgpp   s'est   trouvée   ravalée   au   rang   de   l'antique   Rcb   (   Rationalisation  des  choix  budgétaires  )  chère  à  Michel  Debré.    
  • 7.   7   Certains  auteurs  –  parfois  en  mal  d'écritures  sensationnelles  –  laissent  leur  plume  flirter   dangereusement  avec  l'Histoire  et  évoque  33  :  1933  en  Allemagne  et  ses  suites.   Pour   notre   part,   il   nous   semble   que   la   référence   à   l'an   33   suffit.   Elle   est   une   date   fondamentale  pour  les  Chrétiens  mais  elle  est  aussi  une  date  intéressante  en  matière   d'histoire  économique.   C'est   en   effet   en   33   que   survint   à   Rome   un   effondrement   du   prix   des   terres,   une   aggravation   des   conditions   de   crédit   et   une   crise   de   confiance   marquée   par   la   spéculation   et   le   peu   de   monnaie   en   circulation.     L'Empereur   Tibère   est   alors   dans   l'obligation   de   constituer   un   fonds   d'intervention   de   100   millions   de   sesterces   qui   accorde  des  emprunts  à  trois  ans  sans  perception  d'intérêts.   Il  serait  audacieux  d'établir  un  parallèle  avec  les  mois  à  venir  pour  la  zone  euro  mais  il   demeure   étonnant   que   nul   ne   parle   des   mouvements   de   déplacements   d'épargne   qui   voient  des  détenteurs  de  patrimoine  s'alléger  d'emprunts  d'Etat  lambda  pour  acquérir   des  emprunts  d'Etat  allemands.   Selon  certaines  sources,  on  parlerait  en  milliards.   La  confiance  monétaire  en  zone  euro  a  donc  un  barycentre  et  il  faut  ici  se  reporter  à  la   Loi   de   Gresham   qui   expose   que   la   bonne   monnaie   est   thésaurisée   (   le   futur   nouveau   mark   )   et   que   seule   circule   la   "   mauvaise   "   monnaie   (   celle   des   autres   anciens   de   l'euroland  ).   Si   les   coups   de   butoir   finissent   par   emporter   cette   noble   construction   qu'est   cette   monnaie  commune,  nous  considérons  qu'une  thésaurisation  venue  de  plusieurs  pays  se   portera   sur   la   zone   allemande   au   détriment   d'une   ou   plusieurs   autres   monnaies   d'échange  à  valeur  érodée.   Gardons  en  mémoire  la  phrase  de  feu  François  Mitterrand  (  prononcée  le  7  Janvier  1995   lors  de  ses  vœux  à  la  presse  )  :  "  l'argent  circule,  il  fuit  les  places  où  il  ne  se  sent  pas  en   sécurité  ".   De   là,   nous   parvenons   à   plusieurs   pistes   de   réflexion   dont   nous   souhaitons   livrer   au   lecteur  le  cadre  interprétatif.   1   )   Nous   nous   inscrivons,   à   titre   principal,   dans   deux   courants   de   pensée   d'origine   française   :   l'école   de   la   régulation   (   Robert   Boyer   et   Jacques   Mistral   )   et   l'école   des   conventions  (  Robert  Salais  et  Olivier  Favereau,  notamment  ).   2   )   Parallèlement,   nous   respectons   les   sciences   économiques   et   sociales   mais   dans   la   droite  ligne  de  l'interprétation  faite  par  Raymond  Barre  et  surtout  par  Condillac,  nous   raisonnons   en   termes   d'économie   politique   tellement   l'Etat   est   un   acteur   majeur   et   tellement  la  politique  économique  est  une  variable  motrice  de  rang  1.   3  )    Sur  ce  dernier  point,  mais  aussi  avec  les  autres  agents  économiques,  nous  militons   pour  la  poursuite  des  travaux  sur  l'asymétrie  d'informations  qui  détermine  fortement   l'acte  d'échange.   4  )    A  l'heure  où  la  mondialisation  représente  le  même  type  de  bouleversements  que   celui  des  "  enclosures  "  au  XVIIIème  siècle  au  Royaume-­‐Uni,  nous  sommes  inquiets  de  la   prolifération   du   low-­‐cost   qui   masque   une   régression   sociale   dite   des   biens   Giffen.   Autrement  dit,  ces  biens  dont  la  demande  augmente  quand  le  revenu  baisse  et  que  le   consommateur  est  tiré  vers  le  bas.    
  • 8.   8   5  )  Société  dangereuse  où  le  peu  d'ethos  (  Max  Weber  )  de  certains  les  conduit  à  étaler   un  effet  Veblen  :  celui  qui  concerne  les  biens  dont  la  demande  augmente  d'autant  plus   que  leur  prix  augmente    (  voitures  de  grand  luxe,  produits  Lvmh,  etc  ).   6  )    Société  en  transition  délicate  par  le  brassage  des  populations  survenu  en  30  ans  et   qui   mérite   d'être   lu   à   travers   des   analyses   d'Emile   Durkheim   et   d'autres   tenants   de   l'acculturation.  (  partage  des  cultures  et  mixité  sociale  ).   7  )    Société  démocratique  où  la  "  logique  de  l'action  collective  "  (  Mancur  Olson  )  pousse   certaines  structures  représentatives  à  s'émanciper  du  message  initial  de  leurs  mandants   pour  se  tourner  vers  une  logique  bureaucratique  propre.   8  )      Société  politique  où  il  y  a  plus  de  chances  de  rencontrer  un  disciple  d'Alain  Madelin   ou  Jean-­‐Michel  Fourgous  que  William  Beveridge  ou  Bismarck  (  en  première  période  :   lois  sociales  ).   9  )      Société  d'ensemble  où  le  "  Paradoxe  d'Anderson  "  va  altérer  la  portée  des  mesures   du  Président  Hollande  en  matière  d'éducation.  Rappelons  qu'il  s'agit  de  travaux  réalisés   par  Charles  Anderson  en  1961  qui  avait  démontré  que  le  fait  d'obtenir  un  diplôme  de   rang   supérieur   à   celui   de   ses   parents   ne   garantit   pas   d'acquérir   un   statut   socio-­‐ professionnel  supérieur.  Ce  blocage  de  cette  mobilité  ascendante  est  souvent  nommé  la   panne  de  l'ascenseur  social  et  il  englobe  aussi  bien  les  exclus  du  système  (  qui  sortent   non  diplômés  )  que  ceux  qui  ont  réussi  (  Bac  +  5  travaillant  dans  un  fast-­‐food  ou  en  tant   que  coursier  ).   10  )    Nous  nous  interrogeons  sur  la  pertinence  de  la  Loi  de  Verdoorn  qui  pose  que  la   croissance   économique   est   à   l'origine   des   gains   de   productivité   et   non   l'inverse.   Autrement   dit,   tout   un   pan   de   certitudes   économiques   serait   à   revisiter   comme   l'indiquait  l'article  de  Frédéric  Lemaître  dès  le  5  Septembre  2009  dans  Le  Monde.   11  )    A  l'heure  où  des  formes  spéculatives  attaquent  l'euro,  nous  sommes  très  intéressés   par  les  travaux  rigoureux  de  Richard  Thaler  mais  aussi  de  Daniel  Kahneman  en  matière   de  finance  comportementale  et  d'application  de  l'hédonisme  aux  choix  des  opérateurs   de  marché.   12  )    Enfin,    dans  une  société  de  plus  en  plus  imprévisible  où  l'immaîtrisable  se  dresse   souvent  face  à  nous,  il  convient  de  lire  posément  "  Morale  et  chaos  "  de  Pierre  Caye  dont   certaines  pistes  semblent  –  selon  notre  entendement  –  fructueuses.   Ces  douze  pistes  de  réflexion  permettront  aux  professionnels  de  l'économie  de  situer  le   cercle  dans  lequel  s'insère  notre  volonté  de  recherches  futures  et  notre  réflexion.   En   conclusion   de   ces   prolégomènes,   nous   émettons   une   parole   à   valeur   –   après   d'intenses  réflexions  –  de  postulat  :   La  crise  est  là.  Elle  apporte  détresses  et  difficultés  autant  que  perspectives  d'un  nouveau   monde.   Si  le  cycle  Juglar  se  vérifie,  nous  avons  entre  quatre  à  sept  ans  d'épreuves  :  peut-­‐être  pas   sept  ans  de  malheurs  mais  sept  ans  d'angoisses.   Ce  n'est  jamais  bon  que  des  millions  de  gens  aient  peur  de  demain  et  perdent  la  foi  dans   l'idée  du  progrès  humain  décrit  par  nos  amis  des  Lumières  et  par  leurs  successeurs.   Vite,  que  les  politiques  fassent  jaillir  l'arc-­‐en-­‐ciel  que  le  peuple  espère  tant  !        
  • 9.   9   Comment  aborder  ce  livre  ?        Par  la  liberté....     Depuis   des   années   la   vie   économique   et   sociale   –   essentiellement   de   notre   Continent   européen  -­‐  m'a  fait  prendre  des  notes  et  griffonner  des  idées  éparses.   Sur   la   suggestion   insistante   de   quelques   amis,   l'écriture   s'est   mise   en   marche   récemment  notamment  du  fait  de  cette  crise  économique,  monétaire  et  sociale  qui  fait   souffrir  tant  de  personnes.   Cette  crise  est  une  inflexion  de  trajectoires  :  elle  brise  les  rêves  du  jeune  ménage  qui   allait  s'installer  et  acquérir  sa  première  maison,  elle  est  un  foyer  de  stress  aigu  pour  le   travailleur  et  pour  l'entrepreneur,  elle  est  un  vecteur  d'inquiétudes  pour  les  anciens  qui   sont   légitimement   soucieux   de   l'avenir   de   leur   descendance   tout   autant   que   de   l'évolution  de  leurs  retraites.   Face  à  cette  crise  qui  érode  tant  de  projets  de  vie,  des  contributions  économiques  ont  été   élaborées  et  diffusées  via  des  sites  web  –  que  je  tiens  à  remercier  pour  leur  confiance.   Beaucoup  réfléchissent  en  matière  de  sciences  économiques  et  sociales  :  notre  option   est  la  fidélité  à  notre  ancien  Professeur,  le  regretté  Raymond  Barre,  qui  parlait  d'abord   d'économie  politique.  Chacun  comprend  qu'il  ne  s'agit  pas  là  d'une  nuance  sémantique   mais  d'une  représentation  différente  des  questions  à  résoudre,  d'un  paradigme  distinct   face  aux  mêmes  faits.   Parallèlement,   nombre   d'études   sont   la   résultante   de   traitements   statistiques   parfois   dignes  du  suivi  d'un  audimat  télévisuel.     Pour   notre   part,   nous   posons   que   l'économie   politique   contemporaine   doit   avoir     l'histoire  triplement  au  cœur  de  sa  démarche.     D'abord,  Fernand  Braudel  et  d'autres  ont  démontré  avec  talent  et  conviction  qu'il  existe   des  séries  longues,  des  faits  pluri-­‐décennaux  et  qu'il  faut  donc  savoir  lever  les  yeux  pour   voir  loin.     Puis,   l'histoire   est   peuplée   de   penseurs   dont   tous   ne   sont   pas   à   écarter   des   problématiques  actuelles.  Certains  livres  ont  vu  leur  papier  jaunir  mais  l'encre  ne  s'est   pas  ternie  et  demeure  parfois  un  lieu  d'interrogations  fertiles.  Relire  Condillac  a  plus  de   portée  que  bien  des  newsletters  d'économistes  réputés  ou  médiatiquement  reconnus.   Enfin,   l'histoire   est   là   sous   nos   yeux   :   cette   crise   est   de   nature   historique   par   son   ampleur,  sa  vigueur  et  sa  durée.  Elle  condamne  à  réfléchir  sur  son  sens  historique  en     gardant  en  mémoire  –  face  aux  souffrances  –  le  mot  de  Victor  Hugo  :  "  L'histoire  a  pour   égout  des  temps  comme  les  nôtres  ".  (  in  Les  Châtiments  ).   Ancien   élève   et   disciple   du   Doyen   Henri   Bartoli   en   Sorbonne,   le   fait   social   imprègne   notre   réflexion   et   ce   Professeur,   de   surcroît   Juste   parmi   les   Nations,   aura   largement   contribué  à  développer  cette  dimension  de  nos  approches.   Ces   libres   contributions   économiques   sont   marquées   du   sceau   de   la   liberté   :   de   leur   auteur  dont  la  plume  est  indépendante  et  du  lecteur.  Chaque  partie  est  détachable  du   moins  en  apparence  car  l'examinateur  attentif  pourra  y  voir  un  fil  rouge,  une  amorce  de   pensée  structurée.   Une  séquence  de  six  premières  contributions  est  dédiée  aux  banques  dont  nul  ne  saurait   vider  de  son  sens  leur  responsabilité  dans  la  crise  de  2008.  
  • 10.   10   Plusieurs  angles  d'approche  seront  offerts  au  lecteur  qui  pourra  ainsi  prendre  du  recul   face  à  une  question  désormais  polémique  (  "  la  faute  aux  banques  "  ?  )  et  toujours  placée   en  zone  critique.   Si  l'on  devait  interroger  l'homme  ou  la  femme  de  la  rue,  leur  vision  de  la  crise  passerait   essentiellement   par   les   difficultés   du   pouvoir   d'achat,   la   hausse   des   prix   et   les   délocalisations   :   à   cet   effet,   le   lecteur   trouvera   une   contribution   sur   les   salaires   en   France,   une   dédiée   au   "   made   in   France   "   notion   pleine   de   faux-­‐sens   et   deux   autres   contributions  d'ordre  conjoncturel  dont  une  traite  du  retour  inexorable  de  l'inflation.   Trois   autres   contributions   évoqueront   avec   une   certaine   gravité   les   chantiers   de   la   Présidence   de   la   République   de   2012   et   le   nécessaire   réexamen   de   la   politique   économique.   Trois  contributions  traiteront  de  professions-­‐clefs  au  milieu  de  cette  crise  :  les  avocats  et   les  commissaires  aux  comptes.  Elles  sont  en  première  ligne  de  la  gestion  des  difficultés   des  PME  (  difficultés  contractuelles,  plans  sociaux,  procédure  d'alerte  ).   Une  dernière  série  de  trois  contributions  visera  à  aborder  la  situation  de  l'industrie,  de   la   crise   et   de   ses   itérations   et   enfin   de   l'usage   toujours   risqué   des   métaphores   en   Economie.   Il  sera  alors  temps  d’évoquer  des  questions  de  gestion  publique  notamment  le  rôle  du   Parlement  face  à  la  dépense  publique  et  l’effet  boomerang  de  la  ponction  fiscale  décidée   pour  2013.   En  guise  de  conclusion  ouverte  et  provisoire,  il  sera  soumis  au  lecteur  un  texte  qui  traite   de   la   rémanence   de   cette   crise   et   de   son   influence   durable   sur   nos   choix   collectifs   et   individuels  de  demain.   Enfin,  très  sensible  à  la  question  des  Libertés  publiques,  ce  livre  comportera  une  Annexe   unique  concernant  les  lignes  d'alerte  éthique    (  "  whistleblowing  "  )  et  la  C.N.I.L   La  question  des  Libertés  publiques  a  hélas  de  beaux  jours  devant  elle  et  nous  faisons  le   serment   de   nous   y   consacrer   dans   la   mesure   de   nos   moyens   face   aux   risques   des   nouvelles  technologies  ou  autres  paramètres.   "   Au   train   où   vont   les   choses,   bientôt,   la   seule   liberté   qui   nous   sera   tout   à   fait   indispensable  sera  la  liberté  de  la  réclamer  "   Marcel  Jullian,    in  "  Courte  supplique  au  Roi  pour  le  bon  usage  des  énarques  ".  Mazarine.     Avec  l'expression  de  mon  dévouement,    Mars  2013.                
  • 11.   11   Sommaire  :       LA  QUESTION  BANCAIRE  :     I        Réflexions  sur  la  crise  bancaire  :    les  banques  ne  sont  pas  mortelles  mais  blessées     II      Quatre  ans  après  :    désarroi  et  maintien  de  l'industrie  bancaire     III    L'indispensable  reconstruction  des  banques  privées     IV    Les  banques  d'affaires  :      "  Prendre  un  bouton  pour  en  faire  un  costume  "     V        Banques  :  sérieux  dangers  et  péril  possible     VI    LIBOR  :  Un  îlot  de  pertes  dans  un  océan  de  profits       CINQ  QUESTIONS  D'ACTUALITE  :     VII    La  délicate  question  des  salaires  en  France     VIII    "  Made  in  France  "  :    gare  aux  faux-­‐sens     IX      Conjoncture  économique  :    où  en  sommes-­‐nous  ?     X          Le  boulevard  de  la  Slumpflation     XI      L'inexorable  retour  de  l'inflation         ETAT    ET    POLITIQUE    ECONOMIQUE  :     XII      Le  Président  du  15  Mai  :    labeur  et  épreuves     XIII      Politique  économique  et  attractivité  :    un  duo  gagnant     XIV      Revisitez  d'urgence  la  politique  économique  !     XV      PEUGEOT  et  la  Nation     XVI    Le  Parlement  et  les  milliards  de  l’évaluation  publique     XVII    La  pression  fiscale  de  2013  et  l’effet  boomerang      
  • 12.   12   DES  INTERVENANTS  AU  COEUR  DE  LA  CRISE  :     XVIII    L'avocat  d'affaires  :    le    vent    en    poupe     XIX      Les  avocats  pénalistes  :    un  bien  pour  le  mal  ?     XX        Le  commissaire  aux  comptes  et  ses  sept  défis       INDUSTRIE,    ITERATIONS  DE    LA    CRISE,    METAPHORES    EN    ECONOMIE  :     XXI      L'Europe  a  tiré  une  balle  dans  le  pied  de  notre  industrie     XXII    La  crise  et  ses  itérations  contradictoires  :  un  vrai  danger  !     XXIII    De  l'usage  risqué  des  métaphores  en  Economie       EN  GUISE  DE  CONCLUSION  :       XIV    Crise  et  rémanence       ANNEXE  :    LIBERTES  PUBLIQUES     La  C.N.I.L  face  à  un  risque  de  QPC  :  où  se  dira  le  droit  ?                                                  
  • 13.   13             -­‐  I  -­‐   Les  banques  ne  sont  pas  mortelles  mais  blessées  :                                                                           risque  systémique  surévalué,  autres  risques  négligés...       Feu   le   Sénateur   Etienne   DAILLY   –   dont   les   bordereaux   sont   familiers   à   bien   des   employés  de  banque  –  avait  eu  de  nombreuses  occasions  de  répéter  en  grande  sagesse   au  Gouverneur  Bernard  CLAPPIER  (  Banque  de  France  )  que  la  confiance  bancaire  était   une  matière  délicate  :  qu'il  convenait  que  l'architecture  du  système  bancaire  national   soit  en  cohérence  avec  les  besoins  de  l'économie.     Celle  que  l'on  appelle,  selon  un  terme  rapide  et  impropre,  l'économie  réelle.  Comme  si  le   secteur  tertiaire  financier  n'était  pas  une  activité  économique  tangible  comme  pourrait   le  démontrer  un  stagiaire  de  l'I.N.S.E.E.   L'objet  de  notre  propos  est  de  considérer  que  le  risque  dit  systémique  (  de  défauts  en   chaîne  d'établissements  )  est  largement  surévalué  consécutivement  à  la  peur  de  2008   directement  et  légitimement  issue  de  la  faillite  de  LEHMAN  BROTHERS.   Tout   d'abord,   l'enseignement   d'évidence   de   2008   est   qu'aucun   haut   décideur   public   occidental  ne  prendra  le  risque  de  laisser  choir  une  banque  tant  les  entrelacs  des  unes   avec  les  autres  peuvent  engendrer  un  véritable  séisme.  La  leçon  a  été  assez  rude  pour   que  le  coup  de  dés  ne  soit  plus  tenté  même  en  cas  de  conseils  insistants  d'un  concurrent   de  la  future  victime  du  lâchage...   Puis,  le  monde  a  changé  avec  cette  dure  et  satanée  crise  :  les  décideurs  sont  en  passe   d'apprendre   une   certaine   prudence   et   d'éviter   les   engagements   hors-­‐bilan   aux   configurations   incertaines   de   même   que   les   financements   croisés   aux   débouclages   hasardeux.   Enfin,  les  Régulateurs  publics  sont  à  l'œuvre  avec  minutie  et  méthode  ce  qui  est  un  gage   de  dilution  progressive  de  l'intensité  du  risque  systémique.  Incontestablement.   L'espace  nous  manque  pour  un  développement  assez  consistant  mais  nous  suggérons   vivement  aux  lecteurs  de  relire  "  L'Europe  financière  de  demain  "  de  la  très  estimée  Alice   Pezard  (  Cour  de  Cassation  )  et  notamment  les  sections  où  elle  évoquait  les  risques  de  la   titrisation....en  1995.   Par   bien   des   aspects,   le   risque   systémique   en   Occident   nous   semble   dorénavant   un   risque  mais  un  process  de  dimension  maîtrisable.   De  surcroît,  un  détour  par  le  droit  des  affaires  s'impose.   Toute   entité   commerciale   est,   par   essence,   soumise   aux   risques   de   cessation   des   paiements.   Toutes   ?     Est-­‐on   certain   que   lors   de   la   réunion   de   crise   entre   Messieurs  
  • 14.   14   Bouton  et  autres  et  notre  camarade  le  Gouverneur  Christian  Noyer  lors  de  l'affaire  dite   Kerviel   une   cessation   des   paiements   de   la   Société   Générale   ait   été   sérieusement   envisagée  ?       Il  est  des  moments  dans  l'histoire  des  pays  où  la  notion  de  solidarité  de  Place  existe  et  il   faut   relier   cet   état   de   faits   parfaitement   vérifiable   à   la   quantification   du   risque   systémique.   Les  banques  ont  donc  un  statut  particulier  qui  nuance  la  rédaction  de  leurs  Statuts  au   chapitre  usuel  "  Dissolution  –  Liquidation  ".   Selon  notre  analyse  –  seulement  évoquée  ici  -­‐,  nous  affirmons  que  les  banques  ne  sont   pas  mortelles.    NATIXIS  l'esquisse.  DEXIA  et  sa  future  nationalisation  le  démontre  avec   éclat  et  quelques  fracas.     Si  elles  ne  sont  pas  mortelles  frontalement  comme  un  simple  sous-­‐traitant  de  l'industrie   automobile,  les  banques  n'en  sont  pas  moins  blessées.   En   premier   lieu,   elles   sont   blessées   car   la   confiance   inter-­‐bancaire,   clef   de   voûte   du   système  moderne,  est  atteinte.  Probablement  durablement  ce  qui  n'est  pas  un  facteur  de   croissance  mais  une  grave  déséconomie  externe  dans  l'allocation  du  capital.   Deuxièmement,   les   banques   sont   blessées   par   des   contraintes   de   rentabilité   qui   s'ajoutent  à  la  délicate  question  des  exigences  en  fonds  propres.  Selon  nous,  les  années  à   venir   vont   voir   l'hémorragie   du   produit   net   bancaire   (   notamment   du   fait   de   la   dégradation  de  la  qualité  des  créances  détenues  )  et  la  coagulation  des  regards  vers  les   questions  de  haut  de  bilan  et  questions  Bâlistiques.   Troisièmement,   les   banques   opèrent   ici   ou   là   des   saignées   dans   leurs   effectifs   ce   qui   posera  à  terme  des  questions  de  niveau  de  qualité  du  service  rendu.  Or  la  qualité  de   service   est   primordiale   dans   le   tertiaire   comme   l'a   souvent   démontré   et   écrit   le   publicitaire   David   Ogilvy.   Là   encore,   le   produit   net   bancaire   sera   effrité   après   une   illusion  d'amélioration  liée  à  la  compression  de  personnels.   Quatrièmement,   les   banques   suscitent   une   immense   méfiance   du   public   et   des   réticences  de  leurs  Clients.  Les  frais  sont  jugés  excessifs,  la  sécurité  des  dépôts  est  en   filigrane  de  bien  des  inquiétudes  et  le  produit  de  l'épargne  est  parfois  englouti  –  en  ces   temps  de  bourrasque  sur  les  marchés  –  au  détriment  de  tous  les  profils  de  gestion.   Ce  point  nous  semble  crucial  car  il  conduit  les  Clients  à  être  multi-­‐bancarisés  (  effet  de   protection  )  ce  qui  nuit  à  la  taille  unitaire  de  leur  surface  dans  un  Etablissement  donné   donc  à  leur  rentabilité  nette.   Dernier  point,  les  banques  sont  blessées  dans  leur  noblesse  de  fonctionnement  :  elles   sont  devenues  le  bouc  émissaire  d'un  monde  pressé  et  superficiel  qui  a  oublié  La  Fable   des  Abeilles  de  Mandeville  sur  le  vice  et  la  vertu.   Durablement,  les  banques  vont  se  voir  imputer  un  chapeau  encore  plus  large  que  celui   que  le  Président  Mitterrand  arborait  à  la  Conférence  de  Cancùn  en  1982......   Ce   n'est   pas   satisfaisant   au   plan   de   l'histoire   économique,   c'est   périlleux   pour   qui   cherche  à  retrouver  les  chemins  de  la  croissance  économique.    
  • 15.   15   Ultime  point  qui  aura  valeur  de  conclusion  provisoire  –  tant  la  matière  est  mouvante  –  il   convient  de  se  poser  une  véritable  question  d'Economie.     La  mondialisation  est  caractérisée  par  la  mobilité  du  facteur  capital  et  par  sa  capacité  à   se  localiser  là  où  la  combinaison  productive  est  sinon  optimale  du  moins  optimisée  en   apparence   (   risque   de   sous-­‐estimation   des   malfaçons,   coûts   complets   de   la   logistique   mal  appréhendés,  etc  ).   Parallèlement,  l'époque  présente  est  caractérisée  par  la  mobilité  intense  et  véloce  des   capitaux   sur   laquelle   le   Président   français   tente   d'avoir   prise   dans   l'intérêt   de   ses   concitoyens.     Suite   à   une   controverse   issue   des   travaux   de   Feldstein   et   Horioka,   l'idée   d'une   intégration  croissante  des  marchés  de  capitaux  nationaux  a  été  remise  en  cause.   A  l'heure  où  des  effets  d'éviction  viendront  des  conditions  du  refinancement    des  dettes   souveraines,   nous   sommes   convaincus   que   le   système   bancaire   va   être   soumis   à   un   mouvement   de   concentration   d'une   véritable   intensité   voire   d'une   brutalité   sans   ambages.   Comme   l'aurait   pensé   Dominique   de   La   Martinière   (   auteur   d'un   raid   avorté   sur   la   Banque  STERN  il  y  a  plusieurs  décennies  ),  il  "  va  y  avoir  des  coups  à  faire  pour  certains   et  des  coups  à  prendre  pour  les  autres  "  (  sic  ).                                                              
  • 16.   16                 -­‐  II  -­‐   Quatre  ans  après  :  désarroi  et  maintien  de  l’industrie  bancaire.         Quatre   années   après   la   crise   de   2008,   l'industrie   bancaire   rencontre   des   foyers   de   désarroi  (  relations  clients,  normes  comptables,  etc  )  et  une  obligation  de  maintien  car  il   n'est  pas  pensable  de  réaliser  une  réforme  d'envergure  transnationale  et  simultanée.   Le  phasage  calendaire  du  projet  d’Union  bancaire  européenne  le  montre  :  nous  sommes   dans  un  secteur  à  digestion  lente  (  voir  futurs  retards  d’applications  de  Bâle  III  ).       Il   est   usuellement   admis   en   sciences   humaines   que   l'individu   impressionné   par   une   information  d'envergure  garde  un  souvenir  fidèle  et  précis  de  l'instant.  Il  en  va  ainsi  de   l'assassinat  du  Président  Kennedy,  du  premier  pas  sur  la  Lune  et  plus  récemment  des   attentats  de  Septembre  2001,  il  y  a  presque  dix  ans.     En  économie,  cette  capacité  à  mémoriser  notre  localisation  est  un  phénomène  fort  rare   et   généralement   limité   à   la   sphère   monétaire   :   ainsi,   les   citoyens   se   souviennent   généralement  bien  de  ce  qu'ils  "  faisaient  "  au  moment  de  l'annonce  d'une  dévaluation.     Il  n'est  donc  pas  infondé  d'observer  –  à  titre  introductif  -­‐  que  les  évènements  bancaires   de  Septembre  2008  ont  marqué  l'opinion  et  que  le  risque  systémique  a  bel  et  bien  été   perçu   par   des   millions   d'épargnants   et   d'acteurs   économiques   qui   se   sont   quasi-­‐ simultanément  posé  les  mêmes  questions  :  Que  faudrait-­‐il  faire  ?  Que  dois-­‐je  décider  hic   et  nunc  ?     Sans  la  confiance  en  la  signature  des  Etats  dispensateurs  de  garanties,  nous  savons  tous   que  des  milliers  de  gens  n'étaient  pas  loin  de  basculer  vers  l'irrationnel  :  depuis  les  files   d'attente  devant  les  banques  de  dépôt  jusqu'à  des  micro-­‐décisions  qui  auraient  relevé  de   l'absurde.     Par   la   matière   première   qu'elle   a   pour   mission   de   traiter   et   de   pétrir,   l'industrie   bancaire  est  donc  –  qu'on  le  veuille  ou  non  –  une  agrégation  hétéroclite  d'opérateurs   économiques  singuliers.       Par   l'ampleur   des   relations   inter-­‐établissements,   sorte   d'immense   linkage   croisé   cher   aux   biologistes,   elle   constitue   un   réseau   spécifique   érigé   au   rang   mal   nommé   de   "  
  • 17.   17   système  "  financier  là  où  il  n'y  a  que  suite  et  empilement  de  décisions  aboutissant  à  une   construction  disparate.   Traiter  ce  pan  de  la  question  en  utilisant  la  notion  de  système  revient  à  présupposer  un   ordre,  une  cohérence  là  où  il  n'y  a  en  réalité  qu'une  suite  d'initiatives  privées  (  et  parfois   publiques  )  qui  matérialisent  in  fine  l'existence  d'un  secteur  économique.     Ce  point  n'est  pas  d'ordre  sémantique,  il  est  intrinsèquement  analytique  et  porte  en  lui  –   au-­‐delà   de   ce   rapide   énoncé   –   les   raisons   des   limites   actuelles   des   actions   des   régulateurs  publics.         Comment   contrôler   un   secteur   mal   identifié,   mal   "   détouré   "   sous   prétexte   d'une   taxinomie   erronée   ?   Comment   réguler   un   secteur   objectivement   truffé   d'asymétrie   d'informations  et  de  montages  comptables  à  visée  excessivement  exonératrice  ?     Pourquoi  écarter  les  avancées  de  la  méso-­‐économie  là  où  les  approches  systémiques  ne   sont,  en  réalité,  que  guère  opérantes  ?     Pourquoi  se  fonder  sur  des  présentations  de  comptes  fréquemment  dérogatoires  du  fil   commun  mais  dépassées  par  les  réalités  des  exploitations  ?     Qui  ne  voit  que  le  débouclage  des  positions  de  Lehman  brothers  –  qui  prendront  selon   les  experts,  a  minima,  plusieurs  années  –  ne  sonne  le  glas  des  espoirs  des  contrôleurs   publics  quotidiennement  inondés  par  le  véritable  flot  d'écritures  comptables  et  les  flux   financiers  permanents  que  ceux-­‐ci  sont  censés  refléter  ?     Face  à  ce  besoin  de  refondation  en  amont  du  démarrage  de  l'analyse  (  du  raisonnement   hypothético-­‐déductif  cher  aux  économistes  ),  il  nous  paraitrait  vraiment  approprié  que   les   Pouvoirs   publics   ne   soient   pas   plus   longtemps   abusés.   En   effet,   que   la   profession   bancaire  soit  organisée  pour  la  défense  de  ses  intérêts  immédiats  et  qu'une  pyramide   puisse   être   factuellement   établie   à   la   lecture   des   poids   relatifs   des   bilans   des   grands   établissements  est  un  point  à  concéder.  Ceci  ne  permet  toutefois  pas  intellectuellement  (   ou  statistiquement,  etc  )  de  conclure  à  l'existence  d'un  système.     Cette   première   approximation   –   hélas   fort   répandue   et   commode   –   pollue   l'action   publique  et  altère  la  portée  opérationnelle  de  la  régulation  :  j'en  suis  personnellement   convaincu  depuis  des  années  (  cf.  Tribune  libre  dans  ENA-­‐mensuel  d'Avril  1993  ).     Fort  de  ce  premier  constat  brièvement  énonçé  –  constitutif  de  ce  que  Madeleine  Grawitz   nommait  en  sciences  sociales  une    "  réification  "  -­‐,  il  convient  de  dresser  un  état  des  lieux   à  la  fin  de  2011  suivant  trois  temps  forts.       1  )  Tout  d'abord,  les  banques  sont  pour  longtemps  dans  un  lien  délicat  avec  la   notion   de   confiance.   Les   enquêtes   d'opinion   rapportent   l'ampleur   de   la   césure   et   le   slogan  "  la  crise  c'est  eux  mais  c'est  nous  qui  la  payons  !  "  ne  cesse  de  prospérer  tel  un   poison  dont  l'anti-­‐démonstration  relève  de  la  gageure.     Les  épargnants  –  incontestablement  atteints  –  en  viennent  à  mélanger  un  peu  tout  et   confondent  parfois  leurs  pertes  objectives  sur  les  marchés  boursiers  avec  le  risque  de   banqueroute   financière   que   le   monde   a   sérieusement   croisé   il   y   a   quatre   ans.   Ils  
  • 18.   18   stigmatisent   leur   conseiller   d'agence   en   omettant   que   le   plus   jeune   étudiant   en   droit   pourrait  leur  confirmer  l'abîme  tangible  qui  existe  entre  l'effective  obligation  de  moyens   et   la   non-­‐contractuelle   obligation   de   résultats.   Confrontés   au   risque   absolu   qu'aurait   représenté   une   crise   d'illiquidité   de   plusieurs   banques,   les   épargnants   désormais   rassurés  par  la  garantie  publique  opportunément  apportée  se  sont  à  nouveau  focalisés   sur  l'évaporation  des  rendements  de  leurs  actifs,  sur  le  "  return  "  qu'ils  escomptaient  de   leurs  stocks  d'épargne.     Si  les  banques  doivent  de  facto  œuvrer  pour  restaurer  la  confiance  de  leurs  clients  (  voir   exemples   espagnols   dont   Bankia   ou   franco-­‐belge   Dexia),   ces   derniers   ne   doivent   pas   céder  à  des  assimilations  de  comptoir  qui  n'ont  rien  à  voir  avec  les  liens  contractuels  et   commerciaux  qui  ont  été  effectivement  tissés.     Sur  ce  sujet  où  le  vent  est  favorable,  le  mutisme  de  l'industrie  demeure  surprenant.     Il  y  aura  des  améliorations  car  le  temps  a  –  ici  comme  ailleurs  –  des  vertus  curatives   mais  les  décideurs  des  établissements  financiers  savent  in  concreto  –  dans  leurs  livres  -­‐   le  coût  du  doute  des  clients  et  leur  appétence  chaque  jour  plus  installée  pour  les  litiges   dans  des  sociétés  occidentales  où  cette  tendance  est  relevée  dans  de  nombreux  secteurs   économiques.       2  )  Par-­‐delà  cette  confiance  émoussée  (  cf.  l'augmentation  d'ores  et  déjà  décelable   des   montants   de   la   monnaie   fiduciaire   :   "   cash   is   back   in   the   race   "   )   et   désormais   soumise  à  forte  conditionnalité,  les  banques  ont  un  quadruple  défi  interne.     Premier  côté  de  ce  carré  pour  l'instant  périlleux,  la  crise  a  révélé  le  véritable  format  de   l'échelle  des  rémunérations  au  sein  des  établissements.  Pour  ceux  des  personnels  qui   sont  en  mesure  de  l'accepter,  cette  échelle  des  gains  demeure  choquante  car  chacun  a   bien  compris  qu'elle  n'est  nullement  couplée  avec  une  échelle  de  responsabilités  en  cas   de  mise  en  péril  de  l'exploitation.       Sur  ce  sujet,  il  faut  avancer  avec  prudence  et  veiller  à  la  méthode  d'analyse.  Ainsi,  il  n'y  a   pas   que   dans   le   secteur   bancaire   que   les   virtuoses   de   l'essor   commercial   sont   très   rétribués   sans   pour   autant   avoir   une   échelle   de   responsabilités   comme   celle   qui   est   usuellement  dévolue  par  le  droit  des  affaires  au  mandataire  social.       Au   prix   de   modifications   de   formes   organisationnelles   évidemment   admissibles   et   gérables,  l'industrie  bancaire  pourrait  aisément  élargir  le  nombre  de  ses  mandataires   sociaux  dans  le  but  avoué  d'une  diffusion  de  la  responsabilité.     Cette   extension   numérique   –   que   les   Pouvoirs   publics   pourraient   quant   à   eux   sans   difficultés   majeures   requérir   –   permettrait   ainsi   d'intégrer   les   rémunérations   –   par   exemple  des  traders  –  sous  le  coup  des  dispositions  de  l'article  L  225  –  102  –  1  du  Code   de  commerce  (  traitant  du  Rapport  annuel  sur  les  rémunérations  et  avantages  )  dont  on   observera   au   demeurant   que   leur   respect   est   soumis   à   attestation   (   en   exactitude   et   sincérité  )  des  commissaires  aux  comptes  depuis  la  promulgation  du  décret  de  2006.  (  D.   2006  –  1566  du  11  Décembre  2006,  article  54  ).    
  • 19.   19   Notre   proposition   a   certes   un   impact   organisationnel   à   calibrer   (   créations   de   filiales   thématiques   dédiées   entrainant   la   création   de   mandats   sociaux   )   mais   peut   être   déployée  à  strict  droit  constant  ce  qui  constitue  un  atout  au  regard  de  deux  éléments   bien  identifiés  :  d'une  part,  l'encombrement  parlementaire    post-­‐présidentielle...  )  du  fait   d'autres  réformes  à  mettre  en  œuvre,  d'autre  part,  la  nécessaire  recherche  d'une  quote-­‐ part  maximale  de  stabilité  des  situations  juridiques.   Si  décisions  il  y  a  dans  le  secteur  bancaire,  notre  analyse  nous  conduit  à  énoncer  qu'elles   seront   tôt   ou   tard   transposées   à   d'autres   secteurs   ce   qui   n'altère   pas   la   faisabilité   opérationnelle  de  la  proposition.     Une  certitude  demeure  ancrée  :  ce  n'est  pas  le  montant  nominal  des  rémunérations  qu'il   faut   soumettre   à   la   toise,   c'est   l'exposition   au   risque   que   l'exercice   irrationnel   d'un   métier  fait  courir  à  l'ensemble.     Deuxième  côté  du  carré  actuellement  funeste,  la  crise  a  révélé  à  quel  point  la  hiérarchie   la   plus   ultime   des   établissements   bancaires   méconnaissait   le   fonctionnement   concret   des  salles  de  marché  et  leur  évolution  récente.  Pour  ne  pas  dire  plus.     Il  est  hélas  inutile  de  développer  ce  point  car  la  sagacité  du  lecteur  est  ici  présupposée   voire   postulée   et   que   nous   sommes   assez   nombreux   à   conserver   en   mémoire   des   déclarations  publiques  de  dirigeants  qui  suffisent  à  nourrir  notre  affirmation  à  valeur  de   strict  rappel  sur  un  mode  retenu.       Nous  serions  heureux  de  pouvoir  intellectuellement  nous  en  abstenir  mais  comme  se   plaisait  à  le  rappeler  Jacques  Delors  dans  d'autres  circonstances  financières  –  elles  aussi   difficiles  -­‐  :  les  faits  sont  têtus…     D'ailleurs,  il  serait  pour  le  moins  contradictoire  de  nier  cette  réalité  car  cela  reviendrait   à   dire   que   les   dirigeants   avaient   pleine   conscience   des   risques   encourus,   de   ce   que   j'appelle   le   cordeau   Bickford   constitué   par   le   poids   et   le   contenu   mutuellement   sans   cesse  croissants  des  engagements  hors-­‐bilan  des  établissements.     Il   y   a   eu   de   lourdes   erreurs   que   les   soutiens   publics   vont   aider   à   gommer   dans   des   silences  lourds  de  sens  car  les  parties  en  présence  n'ont  guère  d'autres  choix.     La  question  qui  demeure  ouverte  pour  l'acteur  public  et  pour  les  historiens  à  venir  de  la   sphère  financière  est  celle  du  degré  exact  ET  préalable  de  connaissances  du  volume  des   risques.  Par  obligation  et  fort  de  notre  expérience  d'ancien  commissaire  aux  comptes,  il   nous   revient   ici   de   rappeler   que   le   mandataire   social   doit   rechercher   la   continuité   d'exploitation  et  ne  pas  déroger  aux  règles  que  le  Doyen  Pierre  Bézard  a  nommé  avec   netteté  dans  plusieurs  ouvrages  (  et  jurisprudences…)  la  loyauté  du  dirigeant.     Il  serait  de  bonne  intelligence  que  les  décideurs  de  l'industrie  bancaire  gardent  présent   à   l'esprit   le   vaste   soupçon   de   baraterie   qui   plane   sur   leur   gestion   dans   la   dernière   période.  Comme  toute  soupçon,  il  charrie  ses  vérités  et  ses  excès  outranciers.     Troisième   côté   du   carré,   les   banques   sont   en   dernier   ressort   face   à   une   crise   de   rentabilité  que  les  états  de  synthèse  de  leurs  profits  ont  parfois  tendance  à  sous-­‐refléter   voire  à  occulter.    
  • 20.   20     Pour  le  grand  public,  la  messe  est  dite  et  les  banques  font  à  nouveau  des  "  sous  ".       Pour  qui  prend  le  temps  et  le  soin  de  lire  des  états  comptables  récents,  la  situation  est   nettement  plus  contrastée  ce  qui  a  une  conséquence  méta-­‐sectorielle  que  notre  estimé   ancien  confrère  René  Ricol    a  affronté  durant  de  longues  semaines  dans  ses  fonctions  de   Médiateur   du   crédit.   L'économie   va   être   confrontée   pour   une   période   longue   à   une   sélectivité  accrue  des  banquiers  prêteurs  directement  découlée  de  leur  crise  interne  de   rentabilité.  Ceci  dans  un  contexte  où  le  refinancement  régulier  et  accentué  des  Etats  ne   manquera  pas  de  provoquer  des  effets  d'éviction  (  "  crowding-­‐out  "  )  sur  les  marchés   financiers  d'où  des  tensions  durables  en  matière  de  dettes  souveraines.     A  ce  stade,  j'ignore  si  l'analyse  économique  sera  en  mesure  d'apporter  sa  contribution  à   la   crise   d'efficience   allocative   des   banques   mais   dans   la   mesure   où   l'importance   des   économistes   travaillant   pour   celles-­‐ci   est   connue   et   établie   (   voir   les   éminents   Jean-­‐ Hervé  Lorenzi  ou  Christian  de  Boissieu  )  il  est  légitimement  permis  d'espérer.     Quatrième  et  dernier  côté  du  carré,  les  normes  comptables.       Sur  cette  question  technique  fondamentale,  souvenons-­‐nous  d'abord  avec  stricte   exactitude  et  un  rien  de  malice  entendue  que  ce  fût  Charles  de  Croisset  (  alors  Président   du  C.C.F  devenu  HSBC  France  )  le  premier  à  souligner  deux  faits  d'importance.  D'une   part,  la  sous-­‐représentation  de  la  France  voire  de  l'Union  européenne  dans  les  instances   investies  du  pouvoir  de  validation  de  la  réforme  des  référentiels  normatifs.  D'autre  part,   l'ampleur  du  big  bang  que  constituerait  l'adoption  pleine  et  entière  de  la  "  fair  value  "   alors  en  cours  de  définition  finale.   Il  ne  fût  guère  entendu  des  dirigeants  d'alors  de  notre  pays  dont  la  condescendance  vis-­‐ à-­‐vis  du  chiffre  et  des  comptables  est  historiquement  et  presque  judiciairement  établie.     Le   premier   point   qui   surprend   concernant   les   normes   réside   dans   la   brutalité   du   changement   digne   d'une   "   migration   ",   d'un   basculement   cher   aux   développeurs   de   logiciels  informatiques.       Le  monde  a  accepté  de  quitter  –  telle  une  mue  reptilienne  –  une  rive  pour  une  autre  sans   chercher  à  quantifier  les  vertus  du  panachage  voire  du  régime  transitoire.       En  effet,  nous  étions  quelques  uns  à  avoir  tenté  de  murmurer  qu'il  y  aurait  pertinence  à   ce  que  les  valeurs  au  bilan  fussent  calculées  par  une  exacte  moyenne  entre  la  valeur  de   marché  et  la  valeur  historique.       Si  l'on  songe  aux  aberrations  des  immeubles  totalement  amortis  qui  valaient  un  €uro   symbolique  en  plein  Paris  haussmannien  ou  Londres  victorien,  chacun  comprend  qu'il  y   aurait  déjà  eu  un  immense  progrès  vers  la  notion  pivot  de  toute  comptabilité:  à  savoir,   l'image  fidèle.     Au   lieu   de   fidélité,   le   travail   collectif   des   normalisateurs   –   par   ailleurs   qualifiable   de   considérable   –   s'est   attaché   à   la   notion   d'exactitude   des   comptes   en   remettant   cette   quête  dans  les  seules  mains  de  la  trompeuse  appellation  de  "  fair  value  "  qui  comporte  –  
  • 21.   21   en  creux  -­‐  en  anglais  une  connotation  subjective  qui  apparaît  lorsque  le  terme  d'unfair   est  utilisé  en  droit  ou  en  économie.     Or  là,  il  y  a  eu  recul  conceptuel  préjudiciable.     En  effet,  le  Code  de  commerce  n'introduit  à  bon  escient  aucun  lien  de  cause  à  effet  entre   les  obligations  de  régularité  et  de  sincérité  comptable  d'une  part  et  l'image  fidèle  d'autre   part.  Si  l'image  fidèle  est  effectivement  présente  (  L  123-­‐14,  alinéa  1er  ),  c'est  bien  parce   qu'elle  est  une  notion  distincte  et  exogène  aux  deux  autres  obligations.     Pour   les   professionnels   du   chiffre,   la   comptabilité   est   intrinsèquement   un   outil   où   la   technicité   va   de   pair   avec   une   dimension   conventionnelle.   Celle-­‐ci   est   quasiment   exponentielle  depuis  l'adoption  de  certaines  normes  qui  aboutissant  à  des  non-­‐sens  en   termes  de  valorisation  obligent  alors  à  des  retraitements  et  à  l'utilisation  de  modèles  par   essence  soumis  à  subjectivité  et  non-­‐universalité.     Sur  ce  point  précis  et  vraiment  décisif,  il  faut  ici  rappeler  que  l'alinéa  3  de  l'article  L  123-­‐ 14  du  Code  de  commerce  énonce  une  disposition  impérative  :  toute  dérogation  rendue   obligatoire  par  la  situation  de  fait  doit  être  explicitée  dans  l'annexe  des  comptes  annuels.     Rappel  du  texte  exact  :     "   Si,   dans   un   cas   exceptionnel,   l'application   d'une   prescription   comptable   se   révèle   impropre   à   donner   une   image   fidèle   du   patrimoine,   de   la   situation   financière   ou   du   résultat,   il   doit   y   être   dérogé.   Cette   dérogation   est   mentionnée   à   l'annexe   et   dûment   motivée,  avec  l'indication  de  son  influence  sur  le  patrimoine,  la  situation  financière  et  le   résultat  de  l'entreprise.  "     Autrement  dit,  le  Code  de  commerce  et  ses  prescriptions  règlementaires  attachées  ne   font  aucune  place  aux  conversations  d'antichambre  dignes  d'un  "  bargaining  "  suspect  et   posent  clairement  les  seules  règles  devant  présider  aux  travaux  d'arrêté  des  comptes   annuels.     L'image  fidèle  est  donc  la  pierre  angulaire  dont  la  pleine  validité  est  à  remettre  au  cœur   des  pratiques  des  acteurs  de  l'industrie  bancaire  et  de  leurs  Comités  d'audit....     Un  exemple  factuel  vient  étayer  cette  affirmation  au  moment  où  des  esquisses  de  quasi-­‐ récession  menacent  :  les  banques  sont  les  seuls  agents  économiques  ayant  obtenu  en   France  une  dérogation  de  facto  au  principe  de  prudence  qui  régit  usuellement  les  règles   comptables.  Ainsi,  il  leur  est  possible  pour  les  seuls  titres  de  transaction  de  tenir  compte   des   moins-­‐values   potentielles   mais   aussi   des   plus-­‐values   potentielles.   Nul   besoin   d'expertise  approfondie  pour  mesurer  l'effet  d'aubaine  au  point  conjoncturel  où  nous   semblons  être.     L'image  fidèle  est  le  seul  concept  dont  la  densité  exogène  pourra  contraindre  l'industrie   bancaire  à  la  rigueur  que  l'essence  de  ses  métiers  rend  obligatoire.     Pour  citer  –  à  fin  de  plus  ample  démonstration  –  un  auteur  reconnu  des  praticiens  :    
  • 22.   22   "  Une  activité  notable  du  banquier  est  la  prise  ou  réception  d'engagements  significatifs  (   opérations  de  hors-­‐bilan  )  sans  qu'il  y  ait  transfert  de  fonds.  Il  peut  en  découler  que  ces   engagements   ne   génèrent   pas   d'écritures   comptables   dans   les   systèmes   généraux.   La   non-­‐prise  en  compte  de  ces  éléments  peut  être  difficile  à  déceler.  "     Jean-­‐Luc  Siruguet,  in  "  Le  contrôle  comptable  bancaire  ".  (  Revue  Banque  :  page  86  ).     En   peu   de   mots,   l'essentiel   est   rapporté.   En   si   peu   de   temps   de   lecture,   on   mesure   l'ampleur  des  risques  et  la  taille  du  présent  chantier  de  reconformation  qui  va  au-­‐delà   des  renforcements  de  régulation  obtenus  par  la  BCE  et  Monsieur  TRICHET.     L'industrie  bancaire  cumule  des  foyers  d'innovation  vecteurs  de  progrès  mais  parfois   d'ordre  tératogène  :  il  faut  que  les  pratiques  de  présentation  comptable  qui  sont,  à  ce   jour,  parcellaires  reflètent  bien  davantage  l'exhaustivité  des  exploitations  par  essence   toujours  imaginatives.     Le  deuxième  point  concernant  les  normes  appartient  désormais  à  l'histoire  humaine  :   conçues  pour  être  un  mieux,  elles  ont  été  un  moins  dans  les  bilans.     Leur  application  frontale,  hors  sérieux  régime  de  transition  qui  eût  valeur  probatoire,  a   coincidé  avec  une  crise  conjoncturelle  dont  l'impact  sera  profond  et  durable.     L'adoption  un  rien  naïve  et  peut-­‐être  totalitaire  d'un  seul  concept  technique  endogène  (   la  "  fair  value  "  )  représente  ainsi  un  gâchis  collectif  dont  le  chiffrage  ne  se  limite  pas  aux   billets  d'avion  des  membres  de  l'IASB  ou  à  leurs  heures  de  travail.       Selon  moi,  du  fait  des  spirales  baissières  pro-­‐cycliques  que  les  normes  ont  induit  sur  les   trois   dernières   années,   elles   sont   analytiquement   éligibles   au   rang   de   déséconomie   externe  majeure,  d'anti-­‐externalité  sans  précédent  à  occurrence  séculaire.     Face  à  l'importance  des  destructions  combinées  de  valeur,  il  faudrait  les  patiences  et  les   ardeurs  cumulées  de  feu  Edmond  Malinvaud  (  INSEE  )  et  d'un  estimé  Edouard  Salustro   pour  suggérer  à  une  instance  internationale  une  quantification  de  cette  balle  tirée  dans   le  pied  du  monde.       Le   résultat   serait   probablement   effrayant   mais   il   contribuerait   à   ouvrir   les   yeux   en   matière  de  dévoiement  d'intentions.     A   ce   propos   de   quantification,   si   l'information   est   diffusée   (   car   rendue   publique   ),   il   serait   instructif   de   lire   les   travaux   actuellement   en   cours   du   FCAG   (   Financial   Crisis   Advisory  Group  )  qui  doit  poursuivre,  dans  les  mois  à  venir,  un  opération  vérité  vis  à  vis   de  l'IASB  mais  aussi  de  la  FASB  (  US  Financial  Accounting  Standards  Board  )…     On  sait  que  Clémenceau  pensait  avoir  raison  en  énonçant  que  la  guerre  est  une  affaire   trop  sérieuse  pour  être  laissée  aux  seuls  militaires.       On   sait   désormais   que   les   plus   fins   spécialistes   comptables   peuvent   verser   dans   un   isolement  fautif  par-­‐delà  leurs  nobles  intentions  de  départ.      
  • 23.   23   Madame  Christine  Lagarde  –  incontestablement  déçue  par  la  tournure  des  choses  et  les   réponses   (   fin   Août   2009   )   de   l'IASB   –   avait   alors   posé   avec   quelques   bruits   que   la   myopie  et  la  surdité  de  l'IASB  étaient  établies.       Pour   notre   part,   nous   voyons   dans   l'aboutissement   présent   des   IFRS   une   approche   monaurale  où  certains  Etats  n'ont  pas  assez  initialement  pris  conscience  de  la  révolution   de   papier   qui   était   en   marche.   Des   validations   publiques   sont   par   conséquent   intervenues  dans  des  conditions  imparfaites.  Donc,  regrettables.     Désormais,  il  est  clair  qu'il  faut  un  changement  de  statut  juridique  de  l'IASB  sinon  les   forces  en  présence  joueront  globalement  dans  le  même  sens.       Comme  aimait  à  me  le  dire  vivement  le  Préfet  de  Région  Claudius  Brosse  (  sur  d'autres   sujets…)  :  "  Vous  avez  déjà  vu  quelqu'un  de  puissant  se  déjuger  ?  "…     Selon  notre  entendement  de  la  situation,  il  faut  –  selon  une  voie  minimale  –  élargir  le   nombre  de  trustees  (  et  partant  leur  "  représentativité  "  )  qui  composent  la  Fondation   IASCF,  organe  de  surveillance  de  l'IASB.     Selon   notre   approche   préférée   –   certes   plus   maximaliste   –   il   faut   arrêter   de   s'en   remettre   à   une   simple   association   de   droit   privé   pour   traiter   de   telles   matières   qui   relèvent  –  qui  songerait  à  le  contester  ?  –  de  l'intérêt  général.     Sans   tenir   éloignée   de   notre   pensée   l'expérience   française   dite   de   nationalisation-­‐ sanction   (   Exemple   des   usines   Renault   à   la   Libération   ),   il   nous   paraît   sincèrement   soutenable   de   préconiser   l'adoption   d'un   statut   international   de   type   UPU   :     Union   postale  universelle.     Cette   modification   de   statut   est   probablement   un   point   de   passage   obligé   pour   réorienter   valablement   les   travaux   de   l'IASB   et   ainsi   donner   sa   chance   à   la   notion   d'image  fidèle.     Notre  vive  préconisation  formulée  à  l'aune  de  notre  compétence  forcément  contenue  est   en  effet  d'insérer  la  préoccupation  d'image  fidèle  de  manière  normativement  faîtière  et   de  l'endogénéiser.       Il  en  va  ici  de  la  crédibilité  des  états  comptables  de  toute  entité  et  singulièrement  de   celles  qui  traitent  de  matière  financière.     A  quoi  servirait  –  par  exemple  non  fortuit  –  une  comptabilité  en  "  fair  value  "  largement   dépassée  par  la  réalité  des  opérations  de  titrisation  et  autres  évènements  hors-­‐bilan  là   où  l'image  fidèle  engage  davantage  en  fait  et  en  droit  la  responsabilité  des  opérateurs  et   des  dirigeants.       Sans  responsabilité,  pas  de  solution  normative  crédible.     Comme  la  métaphore  ici  développée  du  carré  le  préfigure,  les  quatre  côtés  sont  égaux  en   intensité  de  question  à  résoudre.