Albert le Grand (décédé en 1280) fut l'auteur d'un traité de fauconnerie, qui, déjà à l'époque médiévale, fut traduit en différentes langues. Le texte témoigne du don d'observation d'Albert le Grand et insiste sur l'importance de l'expérience.
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Albert le Grand comme ornithologue: le "De falconibus" et ses traductions
1. Albert le Grand comme ornithologue:
le De falconibus et ses traductions en
moyen français et dans les autres
langues vernaculaires
An Smets (KU Leuven)
cours « Questions approfondies
d'histoire religieuse et culturelle
du Moyen Age » (UCL)
le 24 mars 2014
2. Table des matières
le De falconibus d’Albert le Grand:
1. le contenu
2. la place dans l’œuvre d’Albert le
Grand
3. les témoins manuscrits
4. les sources
5. la valeur scientifique
6. conclusions
4. 1. le contenu du De falconibus
24 chapitres 4 parties
- chap. I – IV: différences oiseaux de proie –
autres oiseaux
- chap. V – XVI: différentes espèces des faucons
- chap. XVII: affaitage
- chap. XVIII – XXIII: partie thérapeutique
- chap. XXIV: 2 autres espèces des faucons
5. 2. la place du De falconibus dans
l’œuvre d’Albert le Grand
6. J. Van Gent, Urbino, Palazzo ducale (XVe s.)
Albert le Grand:
né ca. 1200 (Lauingen?)
décédé en 1280 (Cologne)
dominicain
plus de 100 ouvrages dans les
domaines de la philosophie, de la
théologie et des sciences
naturelles
2. la place du De falconibus dans l’œuvre d’Albert le Grand
7. 2.1. De animalibus
2.2. De falconibus
2. la place du De falconibus dans l’œuvre d’Albert le Grand
8. 2.1. De animalibus
plan final: division en 26 livres
livres I à XIX: commentaire au travail zoologique
d’Aristote
livres XX (De natura corporum animalium) et XXI (De
perfectis et imperfectis animalibus et causa
perfectionis et imperfectionis): chapitres originaux
d’Albert le Grand
livres XXII à XXVI: catalogues plus ou moins
alphabétiques consacrés chacun à un groupe
spécifique d’animaux
9. 2.2. De falconibus
chapitre 40 du livre XXIII du De animalibus
à l’origine: traité indépendant
rédaction sans doute dans les années 1240
57 copies manuscrites (2 branches)
10. 3. les témoins manuscrits
3.1 le texte latin
3.2 les traductions françaises
3.3 les autres traductions vernaculaires
11. 3.1 le texte latin
De animalibus
Siena, Convento dell’Osservanza, ms. 3
12. 3.1 le texte latin
De animalibus, Vatican, BAV, Urb. Lat. 189
13. 3.1 le texte latin
De animalibus
autographe: Cologne, Historisches Archiv, W 258a
édition de base: Stadler (1916-1920)
106 mss latins, dont 42 copies complètes
(cf. Fauser 1982-1985)
traduction intégrale en anglais
(Kitchell et Resnick 1999)
14. 3.1 le texte latin
De animalibus
2 mss du XIIIe s. (Ko et PN3)
3 mss du tournant XIIIe – XIVe s.
(Mi, OBC, PN7)
autres mss: répartition égale XIVe – XVe s.
15. 3.1 le texte latin
longueur moyenne du texte du De falconibus:
ca. 10 folios
MAIS Ba: seulement 5 folios
OO: 24 folios
PN7: 43 folios
OBL: 47 folios
16. 3.1 le texte latin
4 mss contiennent seulement le De falconibus:
Mi (7/13; recueil de textes philosophiques et
scientifiques)
OBL (1/2; suivi d’un court traité de
fauconnerie italien)
OO (2/5; traités d’Albert le Grand)
Wn (25/25; autres traités scientifiques dont
des textes (pseudo-)albertiens)
17. 3.1 le texte latin
quelques autres manuscrits à mentionner:
Be: passages sur le chien, le cheval et le
faucon
PN7: “De avibus” (livre XXIII)
Va2: passages sur le chien, le cheval et le
faucon devant le reste (livres IX-XXVI)
18. 3.2 Les traductions françaises
3.2.1 Des faucons I (DF I)
3.2.2 Des faucons II (DF II)
3.2.3 Des medecines des faucons (DMDF)
3.2.4 Des faucons III (DF III)
19. 3.2.1 Des faucons I
ms. Paris, BNF, naf. 18800
fin XIVe siècle
Picardie (nord-est)
traduction complète
version basée sur la première
branche latine
20. 3.2.2 Des faucons II
ms. Paris, BNF, f. fr. 2003
milieu du XVe siècle
Normandie (Basse-Normandie)
plutôt un résumé qu’une
traduction complète
seule traduction éditée
(Martin-Dairvault éd. 1883)
version basée sur la première
branche latine
21. 3.2.3 Des medecines des faucons
ms. Paris, BNF, f. fr. 25342
fol. 39v - 52v
2e moitié XVe siècle
seulement les chapitres XVIII et
XIX (partie thérapeutique)
version basée sur la première
branche latine
22. 3.2.4 Des faucons III
ms. Paris, BNF, f. fr. 1304
début du XVIe siècle
traduction complète
version basée sur la première
branche latine (Sa?)
24. 3.3 les autres traductions vernaculaires
3.3.1 les traductions italiennes
3.3.2 les traductions allemandes
3.3.3 la traduction anglaise
3.3.4 la traduction catalane
exemplier 5
25. 3.3.1 les traductions italiennes
1) ms. Dresde, Sächsische LB, Ob 21, fol. 107v
- 153v (avec table plus tardive)
traduction complète du XVe siècle
2) ms. Londres, Wellcome Historical Medical
Library, 307 , fol. 6-11v; fin XIVe s.
seulement les chap. XX, XXI et XXIII
3) ms. Rome, Biblioteca Nazionale Centrale,
Vittorio Emanuele 506, fol. 74-75; XVe s.
seulement les chap. XXI et XXII avec la
première partie du chapitre XXIII
26. 3.3.2 les traductions allemandes
1) la traduction de Werner Ernesti
ms. Heidelberg, UB, Cpg 206, daté 1404
seulement les chapitres XVIII à XXIII
2) la traduction de Heinrich Münsinger
traduction du milieu du XVe s., conservée dans
10 manuscrits
traduction complète, tournée vers la pratique
cf. l’édition de Kurt Lindner (1962) et l’étude de
Jan-Dirk Müller (1994)
27. 3.3.3 la traduction anglaise
1) Kerdeston Hunting Book (BL, Add. 82948)
ca 1420, seulement 5 folios
f. 3-4v: traduction (très) partielle du De
falconibus (XVII.1 and XXIII.25-26)
2) Kerdeston Hawking Book (BL, Add. 82949)
années 1430s, Suffolk
79 folios contenant 6 traités de chasse
f. 59v-79v: traduction partielle du De falconibus
(chap. XVII-XXIII)
29. 3.3.3 Le Prince Edward’s Boke (PEB)
traité de fauconnerie anglais / compilation
probablement 2e
moitié du XVe siècle
contenu: affaitage et surtout matière
thérapeutique
édition Swaen 1943
30. 3.3.4 La traduction catalane
Barcelone, Biblioteca Universitaria, 68
folios 123 – 138v
XVe siècle
chap. XXV d’un Llibre dels ocells de caça
chap. V – XVI et le début du chapitre XVII
(fin abrupte)
31. Vue d’ensemble sur les traités vernaculaires
11 traductions indépendantes en 5 langues
+ reprise de certains passages dans le PEB
diffusion géographique large
toutes les traductions: basées sur la première
branche latine
la partie thérapeutique = matière la plus populaire
(exception: la traduction catalane)
pas de renvois au texte latin sauf dans DF III
33. 4. les sources du De falconibus
la littérature scientifique antique
(grecque et latine)
la littérature scientifique médiévale
les encyclopédies du XIIIe s.
la littérature cynégétique
34. 4. La littérature cynégétique
médiévale en latin
premier texte : l’Anonyme de Vercelli (Xe siècle)
littérature plus développée dès le XIIe siècle
(réceptaires)
sommet incontesté : le De arte venandi cum avibus
de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen (1220-
1245)
entrée dans la littérature encyclopédique : Albert le
Grand
total : 29 textes et 66 manuscrits
35. 4. les sources du De falconibus
Thomas de Cantimpré comme modèle
-certainement pour d’autres descriptions dans
les derniers livres du De animalibus
-aussi pour le De falconibus
exemplier 6
36. 4. les sources du De falconibus
sources citées:
Frédéric II (titres chap. XIX-XX)
Guillelmus falconarius
oui par. X.2 et XIV.2
non titres chap. XVIII et XXI
Epistola ad Ptolomeum
oui par. V.2, XV.1, titre chap. XXIII
non par. VII.2, XVII.1, XXIV.5 exemplier 7
37. 4. les sources du De falconibus
quelques sources non citées:
chap. XVII (1–2, 7–10) et XVIII: Dancus rex
chap. XIX: Gerardus falconarius
chap. XX et XXII: Liber de naturis accipitrum
et medicaminibus
chap. XXI: Tractatus de austuribus
exemplier 8-9
39. 5. la valeur scientifique du De
falconibus
Albert le Grand: le premier à décrire certains
animaux ou certaines plantes, p.ex. l’épinard
insistance sur l’expérimentation (XIX.30)
« experientia enim optima est in omnibus
talibus magistra »
exemplier 10
40. 5. la valeur scientifique du De
falconibus
importance de la partie ornithologique
basée sur des sources
descriptions très détaillées
il est possible d’identifier les oiseaux décrits
41. 5. la valeur scientifique du De
falconibus
falco albus : faucon pèlerin, sous-espèce scandinave
(Falco peregrinus peregrinus Tunst.) ou gerfaut de
Groënland (Falco rusticolus candicans Gm.)
falco qui vocatur arborealis : faucon hobereau (Falco
subbuteo L.)
gibosus falco : faucon pèlerin (probablement pèlerin de
type méditerranéen, Falco peregrinus brookei Sharp)
gyrofalco / girofalco : gerfaut (Falco rusticolus L.)
falco montanarius : faucon pèlerin (probablement un
jeune pèlerin niais) (Falco peregrinus Tunst.)
42. 5. la valeur scientifique du De
falconibus
les recettes magiques du chap. XIX
suivies du commentaire haec tamen ultima
(= les recettes magiques) non ita rationabilia
sunt sicut prima (= les recettes médicales)
cf. l’opposition entre les remedia rationabilia et
les remedia physica, laquelle remonte à la
médecine antique
exemplier 10-11
44. 6. Conclusion
DF: traité assez court, mais important
-descriptions très détaillées des différents
faucons
-tradition manuscrite autonome
-large diffusion dans les langues vernaculaires
Notas del editor
- né ca 1200 en Souabe (Lauingen?), prob. en 1223 entrée chez les Dominicains en Italie, études à Cologne et à Paris (docteur en théologie dans les années 1240), retour en All. en 1248, de nombreux voyages, décès le 15/11/1280
premiers traités ans 1230, surtout ans 1240, ouvrages pseudo-albertiens
surnom “magnus” à l’époque médiévale
introduction de la pensée aristotélicienne en Occident
importance de l’observation et de l’expérience
- Historia animalium (I–X), De partibus animalium (XI–XIV) et De generatione animalium (XV–XIX)
paraphrase principalement basée sur la traduction latine de Michel Scot (e.a. Kitchell - Resnick 1999: 40).
- l’homme et les quadrupèdes, les oiseaux, les animaux aquatiques, les serpents et les insectes
- Historia animalium (I–X), De partibus animalium (XI–XIV) et De generatione animalium (XV–XIX))[1]. Cette paraphrase est principalement basée sur la traduction latine qu’en avait faite Michel Scot vers 1220
DFitD: version nordique fortement toscanisée traduction complète, a appartenu à la bibliothèque de Ferdinand Gonzague, général de l’empereur Charles V ; DFitL: origine toscane; DFitR: origine nordique, édition par G. Holmér
Ernesti: commanditaire: le comte palatin Ludwig III, version basée sur la première branche latine (Va2)
Münsinger: commanditaire: le comte palatin Ludwig III
Kerdeston Hunting Book : edited by B. Danielson (1971)
D’ailleurs, Albert le Grand semble nous renseigner lui-même sur ses sources, comme il ressort des titres des chapitres XVIII à XXI, ainsi que du chapitre XXIII (cf. supra). Toutefois, ces identifications ne sont pas toujours fiables: ainsi, les chapitres XVIII et XXI ne sont pas basés sur Guillelmus falconarius, et Frédéric II et ses fauconniers ne fournissent pas non plus les matériaux des chapitres XIX et XX. On ne peut cependant pas totalement exclure que les manuscrits employés par Albert le Grand portaient une attribution incorrecte : dans ce cas l’erreur ne serait pas à imputer au Dominicain. De tels manuscrits n’ont cependant pas été signalés jusqu’à présent. À d’autres endroits Guillelmus falconarius constitue effectivement la base du texte d’Albert, comme dans les paragraphes X.2 (basé sur le chapitre 31 de Guillelmus) et XIV.2 (basé sur le chapitre 37), bien qu’Albert le Grand exprime dans le dernier cas ses doutes sur la valeur de sa source. De même, trois renvois à Aquila, Symmachus et Theodotion se révèlent corrects, parce que la Lettre à Ptolémée contient le nom de britannicus (par. V.2 chez Albert le Grand; 5, 50 dans l’Epistola – version de Thomas de Cantimpré) et fournit les matériaux du paragraphe XV.1 et du chapitre XXIII. D’autres renvois aux soi-disant auteurs de l’Epistola sont cependant erronés: c’est le cas des paragraphes VII.2 et XVII.1, qui ont plus de rapports avec Dancus rex (chap. 31 et 16), et du paragraphe XXIV.5, basé sur le De natura rerum de Thomas de Cantimpré (5, 50). H. Altner (1980: 68) dit, en citant E. Kantorowicz (19271: 335), qu’Albert le Grand suivait attentivement Frédéric II et connaissait le traité cynégétique de l’empereur. Toutefois, E. Kantorowicz n’avance pas de preuves pour cette affirmation. Si elle est basée sur les renvois à Frédéric II dans le De falconibus, elle part des données incorrectes (même si ces renvois indiquent qu’Albert le Grand savait au moins que Frédéric II s’occupait de la fauconnerie). K. Lindner (éd. 1962: I, 29-31) a d’ailleurs également rejeté tout rapport direct entre le texte de l’empereur et celui d’Albert le Grand.
Tilander (éd. 1963: 158-159). Toutefois, Frédéric II n’a pas repris ce passage, contrairement à ce que prétend Albert le Grand.
Ibid.: 168-169.
Stadler (éd. 1916-1920: 1457) et Boese (éd. 1973: 199).
Boese (éd. 1973: 198-199 et 199-201).
Tilander (éd. 1963: 112-117 et 80-83).
Boese (éd. 1973: 199). Pour les renvois explicites à l’Epistola, voir également Lindner (éd. 1962: I, 36-37).