Contenu connexe Similaire à Intelligence économique et compétitivité territoriale (20) Plus de Université Paris-Dauphine (20) Intelligence économique et compétitivité territoriale1. Intelligence économique,
création de valeur et
compétitivité territoriale
Perspective historique et macroéconomique
Claude Rochet
Professeur des universités
http://www.claude-rochet.com
Université d’Aix-Marseille III, Institut de Management Public, CERGAM.
Professeur à l’ENA
2. LOW COST Ce qui n’existait pas en 1970
SOFTWARE
MICROELECTRONICS Digital watches
Pocket calculators
Cable or satellite TV
Personal computers
COMPUTERS
Wireless telephones
INTERNET Mobile telephones
Microwave ovens
CDs or DVDs
DIGITAL Electronic diaries
TELECOMMUNICATIONS Computerized tomography
Digital credit cards
Automatic tellers
Answering machines or faxes
Electronic mail, etc. etc.
Tout cela fait partie du©même système technologique
Claude Rochet
2
3. MASS Ce qui n’existait pas en 1907
PRODUCTION
Radios
INTERNAL
LOW COST COMBUSTIÓN Record players
ENGINE Television
PETROLEUM
FUELS Tape recorders
Refrigerators
HIGHWAY Electric blenders
NETWORKS Electric stoves
UNIVERSAL Personal automobiles
ELECTRICITY Commercial airplanes
NETWORKS
Motorcycles
Steel and glass skyscrapers
PETROCHEMICALS
Detergents
Plastic bags
Disposable plastic plates
Electric typewriters, etc., etc.
Tout cela compose également © Claude Rochet technologique
un système 3
Source: Carlota Perez
4. Les opportunités de croissance
sont une cible
mouvante
La croissance durable des pays
et des firmes dépend de
stratégies dynamiques capables
© Claude Rochet
d’anticiper le futur
4
6. Sommaire
La valeur et sa création
Le mouvement des idées
L’intelligence économique: une
vieille histoire
Les révolutions industrielles
6
© Claude Rochet
7. Le travail crée la valeur…
A. Smith:
– Ce qui a une utilité
« une nation sera d'autant plus riche qu'elle disposera en
abondance de choses nécessaires et commodes de la vie”
“L'homme est riche ou pauvre selon la quantité de [...] travail qu'il
peut se permettre d'acheter. La valeur de toutes marchandises
pour la personne qui la possède [...] est donc égale à la quantité
de travail qu'elle lui permet d'acheter ou de commander. Le
travail est donc la mesure réelle de la valeur échangeable de
toutes les marchandises. »
– La valeur se mesure par la quantité de travail incorporée
“On peut dire que des quantités égales de travail, en tous
temps et en tous lieux, sont de valeur égale pour le
travailleur. Dans son état ordinaire de santé, de force et
d'humeur, et selon son degré ordinaire d'habileté et de
dextérité, il doit toujours abandonner la même quantité de
sa tranquillité, de sa liberté, de son bonheur.”
Adam Smith
7
© Claude Rochet
8. … oui, mais:
Fabriquer une balle Balle de golf
de baseball – Produit high-tech
– 108 mailles, non – 40% de la production
mécanisable à New Bedford (MA)
– 1 travailleur = 4 – Coût du travail: 15%
balles/heure du coût de
– Coût du travail: production
(Haïti, Costa Rica, – Coût du travail:
Honduras) = 16$/heure
30cts/heure Une même utilité:
– Prix de vente aux une différence de
US: 15$
salaire de 1 à 30
8
© Claude Rochet
9. Toutes les activités ne se valent
pas !
La valeur est
spécifique à chaque
activité, en fonction de
la connaissance
incorporée
Laissé à lui seul, le
marché entraîne des
spécialisations dans
des activités à faible
VA
1 heure de travail ≠ 1
heure de travail
9
© Claude Rochet
10. Qu’est-ce que le capitalisme?
La guerre froide n’a laissé la place que
pour deux définitions, toutes deux issues
de Ricardo: propriété des moyens de
production, rendements décroissants,
régulation exogène (marché, Etat)
La définition de W. Sombart
– La richesse est le produit d’une action
intentionnelle qui peut faire coïncider plusieurs
forces:
Celle de l’entrepreneur « le capital de l’intelligence et
de la volonté humaine » (Nietzsche)
L’Etat moderne qui crée les institutions qui
stimulent la production, la distribution et font coïncider
intérêt général et intérêt de l'entrepreneur
L’industrialisation: mécanisation de la production,
productivité, changement technologique, synergie= ce
que l’on appelle aujourd’hui un « système national
d’innovation » 10
© Claude Rochet
11. Ce qui produit la richesse
Politique
industrielle,
synergies,
innovation
Institutions Marché
et Ec
régulation fit ha
Pro ng
e
La définition smithienne du
capitalisme: un système
statique qui échange mais
ne produit rien
Capital Travail
Productivité
Entrepreneur
11
© Claude Rochet
12. Le triomphe de l’économie
classique et néoclassique
Rendements décroissants (Ricardo, Senior, Mill)
Valeur travail (Ricardo)
Avantage comparatif (Ricardo)
« Lois » de l’économie (Say)
Equilibre général (Walras)
Egalisation du prix des facteurs (Samuelson, 1948)
Arrow et Debreu: définition mathématique de l’équilibre
général
12
© Claude Rochet
13. C’est l’immatériel qui crée la
valeur!
G = a x f(K x L)
= 15%
Le « résidu » = De la contribution à la croissance
(Solow,1957
85 % de la contribution à la Abramovitz, 1956)
croissance
13
© Claude Rochet
15. Il n’y a pas corrélation entre “réformes
structurelles” et développement!
15
© Claude Rochet
16. Le mythe de la « bonne
gouvernance »
Un gouvernement « efficient »
n’est pas un gouvernement
« efficace » Pour l’OCDE, il y a des
« meilleures pratiques »
qui définissent la
« bonne gouvernance »
Cela n’est pas corrélé
avec la performance des
pays
Il n’y a pas de recette à
« taille universelle »
(One size fits all)
Tout est affaire de
contexte!
16
© Claude Rochet
17. Sommaire
La valeur et sa création
Le mouvement des idées
L’intelligence économique: une
vieille histoire
Les révolutions industrielles
17
© Claude Rochet
18. La naissance de la politique
industrielle
Le mercantilisme:
– Conscience des rendements croissants « Du
monde clos à l’univers infini » (Koyré)
– Exporter des produits manufacturés, importer des
produits bruts
– La technologie a un impact spécifique à chaque
activité => toutes les activités ne se valent pas
– La puissance commerciale procède de la
puissance politique
18
© Claude Rochet
19. Le Colbertisme, ou la naissance de
la politique industrielle
Technologie = connaissance
– C’est l’accumulation de la connaissance qui permet les
rendements croissants
– La technologie est incorporée dans les produits
Antonio Serra, le père de la politique industrielle:
« le développement industriel paraît à Serra
beaucoup plus important que celui de
l’agriculture (…) Il établit déjà en termes
très nets la fameuse opposition chère aux
classiques anglais du début du XIX° siècle,
entre rendement moins que proportionnel
de l’agriculture et le rendement plus que
proportionnel de l’industrie »
19
(in Bourcier de Carbon, 1971 :17).
© Claude Rochet
20. La fable du libre-échange
Traité de commerce
franco-britannique de
1860
20
© Claude Rochet
21. Le libre échange: une arme
pour la puissance dominante
Maintenir les pays suiveurs dans les activités à
faible VA…
“The factory system would, in all probability, not have
taken place in America and Germany. It most certainly
could not have flourished, as it has done, both in these
states, and in France, Belgium, and Switzerland,
through the fostering bounties which the high-priced
food of the British artisan has offered to the cheaper fed
manufacturer of those countries”
The Political Writings of Richard Cobden, 1868, William Ridgeway, London, vol. 1,
p. 150; cité in Reinert, 1998, p. 292
… à double tranchant
Les pays leaders exportent leur technologie à des prix
décroissants
Et permettent aux pays suiveurs qui ont une stratégie de
rattraper.
21
© Claude Rochet
23. La stratégie du retrait de
l’échelle
« C’est une règle de prudence vulgaire,
lorsqu’on est parvenu au faîte de la
grandeur, de rejeter l’échelle avec
laquelle on l’a atteint, afin d’ôter aux
autres le moyen d’y monter après-nous
(…) Une nation qui par ses droits
protecteurs et par ses restrictions
maritimes, a perfectionné son industrie
manufacturière et sa marine marchande
au point de ne craindre la concurrence
d’aucune autre, n’a pas plus sage parti à
prendre que de repousser loin d’elle ces
moyens de son élévation, de prêcher aux
autres peuples les avantages de la
liberté du commerce »
Friedrich List, 1841
23
© Claude Rochet
24. La puissance importe plus
que la richesse!
«
la
puissance
importe
plus
que
la
richesse
…
la
puissance
est
pour
un
pays
une
force
qui
procure
de
nouveaux
moyens
de
production,
parce
que
l’arbre
qui
porte
les
fruits
a
plus
d’importance
que
le
fruit
lui-‐même.
(…)
à
l’aide
de
la
puissance
un
pays
non
seulement
acquiert
de
nouveaux
moyens
de
production,
mais
s’assure
de
la
possession
des
anciens
et
la
jouissance
des
richesses
déjà
acquises,
et
parce
que
le
contraire
de
la
puissance
ou
la
faiblesse
livre
aux
mains
des
puissants
tout
ce
que
nous
possédons,
nos
richesses
et
nos
forces
productives,
notre
civilisation,
notre
liberté,
jusqu’à
notre
indépendance
nationale»
(1856
:
155,
156).
© Claude Rochet Friedrich 24
List
25. Les quatre étapes du
développement selon List
– 1) Ouvrir les frontières au libre-échange pour
créer son éducation économique, politique et
intellectuelle
– 2) Protéger la demande nationale par les
droits protecteurs, et chercher les synergies
– 3) Créer des espaces commerciaux
homogènes: union douanière (ZollVerein),
traités de commerce
– 4) Une fois que chaque Etat a développé son
secteur industriel compétitif, le libre-échange
peut devenir un bénéfice mutuel
25
© Claude Rochet
26. L’erreur: passer
directement du stade
2 au stade 4
Les monopoles nationaux ne
sont pas encore mûrs pour être
en compétition avec les
entreprises des pays
développés.
Il vaut mieux un secteur
industrielle inefficace que pas
de secteur industriel du tout!
L’application de la théorie de
Ricardo enclenche un
processus de « primitivisation »
26
© Claude Rochet
27. Le cochon d’Haïti: un archétype
de primitivisation
Un exemple frappant est le projet d'éradication de la « peste porcine africaine » au début des
années 80 qui était en fait un projet d'éradication de la race porcine indigène ( cochon créole), un
cochon rustique qui résistait aux maladies, mangeait toute sorte de déchets et qui pouvait vivre au
ralenti pour attendre le moment où le paysan sent le besoin de l'engraisser pour satisfaire un besoin.
L'élevage du cochon créole se faisait en dehors de l'économie de marché. Les paysans n' y achetaient
pas de médicaments ou des aliments.
La destruction des cochons créole par un accord entre les gouvernements haïtien, américain, canadien et
mexicain visait l'ouverture du pays aux « cochons grimels » (cochon américain), aux produits liés à
l'élevage des porcs américains.
Après 5 ans, le pays importait des porcs, des aliments, des médicaments pour les porcs pour 80 millions de
dollars par an. Cela a enlevé aux paysans pauvres l'élevage porcin qui constituait leur banque.
L'économie paysanne ne cesse de se paupériser avec la baisse de la production agricole et animale.
Les politiques d'ajustement structurel pratiquées par les gouvernements depuis environ 20 ans ne leurs
permettent pas d'investir dans la production nationale. Le pays produit environ 50% de ses besoins
alimentaires. Les conséquences sont nombreuses et désastreuses :
27
© Claude Rochet
28. Le résultat de la primitivisation
La globalisation « à la Ricardo » entraîne une spécialisation
dans des activités à rendement décroissant et un processus
de « destruction destructrice »
– Pas d’intégration de la technologie des pays développés
– Destruction des technologies traditionnelles
28
© Claude Rochet
29. La dynamique de
droits protecteurs
Ni trop hauts:
– Ils entretiendraient l’indolence chez les fabricants
indigènes
Ni trop bas:
– « On doit prendre pour règle invariable de protéger
ce qui existe, de protéger l‘industrie nationale dans
son tronc et dans ses racines »
Le renchérissement par les droits
protecteurs
– est le prix de l’éducation industrielle du pays
29
© Claude Rochet
30. Le principe des rendements
croissants
Les zones à la Thünen
La destruction
du centre ruine
la dynamique
d’ensemble
Activités industrielles
Activités naturelles
30
© Claude Rochet
31. Les externalités ou dynamiques
d’agglomération
La structure économique de Mashall:
– l’agglomération de l’industrie sur un territoire géographiquement
délimité,
– la spécialisation de l’industrie dans une seule production,
– le rassemblement d’un grand nombre d’entreprises de petite taille
spécialisées dans une phase (ou un petit nombre de phases) de la
fabrication du produit,
– le développement d’activités industrielles et commerciales
auxiliaires,
– une atmosphère industrielle favorable à l’apprentissage et à
l’innovation,
– et un réservoir de main-d’œuvre qualifiée et mobile.
La pérennité de l’agglomération industrielle dépend des
externalités qui induisent un processus cumulatif de
compétitivité territoriale
31
© Claude Rochet
32. Retour à la case départ?
La scolastique médiévale: rejet du monde
réel pour la défense du dogme
La scolastique contemporaine:
« l’économie du tableau noir »: une
conception théologico-politique qui ne
laisse plus de place à l’action humaine
32
© Claude Rochet
33. Sommaire
La valeur et sa création
Le mouvement des idées
L’intelligence économique: une
vieille histoire
Les révolutions industrielles
33
© Claude Rochet
34. L’intelligence économique: une
vieille histoire!
1474: Venise crée le premier statut des
inventeurs
Déjà des approches différentes: patents
anglaises, contre monopoles français
Murano: interdiction aux ouvriers verriers
d’émigrer
Colbert: la création de la sidérurgie
française par les « voyages industriels »
L’Angleterre: pas douée pour innover,
mais pour copier!
34
© Claude Rochet
35. Equilibrer monopole temporaire
et diffusion du savoir
« A Venise, m’a-t-on dit,
et en de nombreuses places
de l’autre côté de la mer,
ils récompensent et
affectionnent l’homme qui
introduit toute nouvelle
méthode ou tout secret de
fabrication permettant de
faire travailler les gens »
1549, Thomas Smith
35
© Claude Rochet
36. L’innovation: une affaire d’Etat
1485: Henry VII 1791: Système de manufacture de
d’Angleterre Hamilton
– Exporter des produits – Les droits de douane font partie en
manufacturés plutôt que permanence du système national
bruts 1841: Friedrich List, le système
1613: Antonio Serra national d’économie politique
– Rôle des villes – « C’est une règle de prudence vulgaire,
– Il y a de « bonnes » activités lorsqu’on est parvenu au faîte de la
– Les synergies entre activités grandeur, de rejeter l’échelle avec
créent des rétroactions laquelle on l’a atteint (…) là est le secret
positives et des rendements de la doctrine cosmopolite d’Adam
croissants Smith »
L’intelligence économique C’est la qualité des institutions et le
– Venise (Murano), Colbert,
dynamisme de la culture qui permet
Angleterre XVIII° et XIX° l’innovation (North, Landes)
– Maintenir l’avantage de la
puissance dominante
36
© Claude Rochet
37. Les voyages métallurgiques de
Gabriel Jars
En 1764, l’administration française
envoyait l’un de ses techniciens,
l’ingénieur Gabriel Jars, en
Angleterre, pour une enquête du
plus haut intérêt stratégique : “Le
sieur Jars observera pourquoi
l’industrie est poussée beaucoup
plus loin en Angleterre qu’en
France, si cette différence vient,
comme il y a tout lieu de le
présumer, de ce que les Anglais ne
sont point gênés par les règlements
ni par les inspections “.
In 1764 Gabriel Jars, a member of l’Académie des Sciences, Les termes de cette lettre de
visited Britain and saw the new techniques of iron making. He
returned to France and wrote a detailed report. In 1777 the French
mission indiquent à quel point les
navy minister decided to build a cannon foundry using the new responsables du Bureau du
methods. He even managed to recruit William Wilkinson, an Commerce, autour de Daniel
English engineer who had worked with James Watt. Several Trudaine, au milieu du XVIIIe,
possible sites were examined but Wilkinson’s final choice was Le étaient obsédés par la concurrence
Creusot, a small town in the Saône-et-Loire region of Burgundy. It
was chosen because of the availability of coal and iron and also
industrielle anglaise. D’où leur
because of its geographical position midway between the River politique d’espionnage
Loire and the River Saône (access to both the the Atlantic and the manufacturier et de débauchage de
Mediterranean). techniciens. 37
© Claude Rochet
39. Pourquoi la révolution industrielle
n’a-t-elle pas eu lieu en Chine?
Toutes les technologies ont
été découvertes en Chine
Zhang He explore le monde
80 ans avant Colomb…
… Mais la Chine fait le choix
de la consolidation interne
(face aux Mongols) et refuse
les mutations sociales liées à
l’expansion commerciale…
…. Et n’a pas de stratégie de
création de richesse:
– Une richesse continentale
Comparaison d'une caravelle de Colomb avec les jonques de Zhang He
suffisante
– refus du développement
Les Chinois n’avaient pas fait le choix industriel
– Maintien du savoir au sein
politique d’être une puissance mondiale (à d’une caste: les mandarins
la différence de l’Occident): Aujourd’hui, si!
39
© Claude Rochet
40. Pourquoi la Chine a-t-elle ratée
l’occasion?
– « malgré l’excellence de l’ancienne philosophie chinoise et l’importance
des découvertes technologiques réalisées par les Chinois dans la suite
de l’histoire, ce qui a fondamentalement empêché cette civilisation
de donner naissance à la science et à la technologie modernes,
c’est que le type de société qui se développa après la période
féodale n’était pas approprié pour de tels développements. (…) En
Chine, à la fin de la féodalité de l’âge du bronze et lors de la fondation
de l’empire, il ne fut pas question de remplacer temporairement la
féodalité par l’impérialisme d’un Etat-Cité comme Rome. Les choses
se passèrent bien autrement :la féodalité de l’ancienne Chine fut
remplacée par un type particulier de société dont il n’existe aucun
exemple en Occident : ce qu’il est convenu d’appeler la bureaucratie
asiatique, dont on avait exclu tous les seigneurs sauf un – le Fils du
Ciel, l’empereur, qui gouvernait le pays et percevait toutes les taxes,
par l’intermédiaire d’une gigantesque bureaucratie. (…) Se demander
pourquoi la science et la technologie modernes se sont développées
au sein de notre société et pas en Chine, revient à se demander
pourquoi le capitalisme ne s’est pas développé en Chine,
pourquoi il n’y a eu ni Renaissance, ni Réforme, ni aucun de ces
phénomènes qui firent époque dans notre grande période de
transition du XV° au XVII° siècle » (Needham, 1969).
40
© Claude Rochet
41. Une innovation qui va bouleverser les Pays-Bas
Herring ship
After Willem
Beuckelszoon's invention
of gibbing (partial
gutting and salting), the
haring buis or herring
ship let the Dutch go on
extended voyages to
follow the herring and
process it onboard.
These floating herring
factories processed more
than the Dutch people
could eat, creating an
export industry for salt
herring that was
monopolized by the
Dutch throughout van
Leeuwenhoek's lifetime.
41
© Claude Rochet
42. Le cycle d’innovation du hareng: une petite
innovation, un grand bond pour les Pas-Bas
Spécialisation de
Echangés l’agriculture
Harengs traités
immédiatement contre hollandaise dans les
à bord
céréales de la Baltique cultures à haut
rendements
Harringbuis Activités à
Achat de bois de
Importation des rendements
construction en Baltique
technologies croissant
et Scandinavie
orientales
Innovation dans les
Développement du bateaux: la flute
commerce lointain
42
© Claude Rochet
43. Le succès de l’Europe? La lutte
des classes!
« L’Europe moderne est née de la lutte des diverses
classes de la société (…)
En Asie, par exemple, une classe a complètement
triomphé et le régime des castes a succédé à celui
des classes et la société est tombée dans l’immobilité.
Rien de tel, grâce à Dieu, n’est arrivé en Europe.
Aucune classe n’a pu vaincre ni assujettir les autres ;
la lutte, au lieu de devenir un principe d’immobilité, a
été une cause de progrès ; les rapports des diverses
classes entre elles, la nécessité où elles se sont
trouvées de se combattre et de se céder tour à tour, la
variété de leurs intérêts et de leurs passions, le besoin
de se vaincre sans pouvoir en venir à bout, de là est
sorti peut être le plus énergique, le plus fécond
principe de développement de la civilisation
européenne »
François Guizot, Histoire de la civilisation européenne, 1828
© Claude Rochet
43
44. Sommaire
La valeur et sa création
Le mouvement des idées
L’intelligence économique: une
vieille histoire
Les révolutions industrielles et les
crises
44
© Claude Rochet
45. Des structures semblables pour toutes
les révolutions industrielles
Régularités historiques Spécificités
• Une révolution • Chaque révolution
technologique tous les 40 change le paradigme de
à 60 ans l’innovation et de la
compétitivité
• Un déploiement en phases
de 8 à 12 ans • Un paradigme reste
dominant pour un demi
siècle
Cette compréhension du temps long et des cycles est à la
base de toute stratégie
© Claude Rochet
45
46. Le temps long: les cycles de
Kondratiev
Changement
Innovations Infrastructure de Dates
Exemples Secteur économique Intrants clés organisationnel
techniques et transport et de 1 Maturation
moteur et managérial
organisationnelles communication 2 Crises
Moteur hydraulique Moulin de Arkwright Filatures de coton Fer Canaux, bateaux à Usines, 1780 -1815
(1771) Métallurgie Coton voile entreprenariats, 1815 - 1848
Puddlage (1784) partenariat d’affaire
Roue à eau Charbon
Moteur à vapeur dans 1831: ligne Liverpool Rails Fer Rail Sociétés par actions 1848 - 1873
l’industrie et les Manchester Moteur à vapeur Charbon Télégraphe Contrats avec des 1873 -1895
transports 1838: 1° vapeur artisans
Machine outils Bateau à vapeur
transatlantique
Electrification: 1875: Con vertisseur Equipements Acier Voies ferrées Professionnalisation 1895 - 1918
industrie, transport, Bessemer électriques Cuivre Bateaux à vapeur Systèmes de 1918 - 1940
domestique Sidérurgie management
Alliages Téléphone
Usines Taylorisme
Chimie Grande industrie
Motorisation du Ligne d’assemblage Automobiles, camions, Pétrole Radio Production et 1941 - 1973
transpo rt de Ford (highland tracteurs, chars d’assaut, Gaz Autoroutes cons ommation de 1973 - ….
park) moteurs diesel, avions, masse
Matériaux Aéroports
Craking du pétrole raffineries Fordisme
synthétiques Lignes aériennes
(1913) Hiérarchie
Informatisation de IBM 1401 et série 360 Ordinateurs Circuits intégrés Autoroutes de Résea u: internes, ??
l’économie (1960s) Logiciels Navigateurs l’information locaux, globaux
Microprocesseur Télécoms
Intel (1972)
Biotechs
46
© Claude Rochet
47. La dynamique des cycles
Déséquilibre de la
Intrant clé branche porteuse:
Il y a des discontinuités •Gains de productivité
et des changements •Nouvelles industries
radicaux
Innovations en grappes
Les grands découvreurs
ne sont pas forcément Nouvelles
organisations,
les bons ingénieurs reconstruction Nouvel
Un changement des consensus équilibre, « âge
organisationnel, social sociaux d’or »
et institutionnel
Unité de compte: 40 - 60
ans
Révolution
technologique:
l’intrant devient Déséquilibre
une technologie général
générique
47
© Claude Rochet
48. Le cycle de vie d’une
révolution technologique
Incubation Phase 1: Phase 2: Phase 3: Phase 4:
Irruption Frénésie Développement Maturité
Degré de maturité technologique et saturation du marché
Déploiement de
Dernières
l’innovation et
vagues de
des
Généralisation nouveaux
potentialités du
et croissance produits et de
marché Vers le déclin
des nouvelles
infrastructures industries tandis que se
prépare le
Croissance cycle suivant
des
technologies
de base
Environ 50 ans (phase montante du Kondratiev) 48
© Claude Rochet Source: Carlota Perez
50. Les bulles
technologiques
Un découplage de
l’économie réelle par
des PER aberrants
traduisant des
anticipations
irrationnelles de profit
50
© Claude Rochet
51. La « nouvelle économie »:
« business as usual ! »
1999: la fin des cycles économiques?
« The “death” of the business cycle has often been exaggerated. In
the roaring 1920s, just before the Great Depression, firms and
« All the evidence suggests that a fifthtimes would never end. In the late 1960s,
investors thought the good industrial revolution—based on semiconductors, fibre
optics, genetics and software—is not not only well under history, America's
after what was then the longest expansion in way but even approaching
maturity. »Department of Commerce, deeming the business cycle to be defunct,
The Economist, 1999
« New technology and globalization have repealed the business cycle Cycle
changed the name of one of its publications from Business », Business Week, 1999
Developments to Business Conditions Digest, only for the expansion to end
a year later. Again, in the late 1990s the “new economy” was thought
to be immune to the business cycle, thanks to information technology,
more flexible markets and globalisation. Yet economies, like drunks,
continue to move in wavy lines. » The Economist, 2002
51
© Claude Rochet
52. La III° révolution technologique
Age de l’information
Production de masse Stagflation, crise
sociale et morale Crise systémique
Crise de dans les pays
leaders
1929
Degré de maturité technologique et saturation du marché
Déploiement du
&WW2 modèle dans les E-crash
Trente nouveaux pays:
glorieuses Brésil, Corée
1920-1929:
« Roaring Trente
twenties » piteuses
Frénésie
1908-1920
USA: Fin du
Irruption Transistor,
« paradoxe de
machines à Solow »
commande Irruption « e-diotie » et
numérique
telecoms mania
1908: Ford T 1° ordinateur 1971: microprocesseur 1991: 1° navigateur 52
© Claude Rochet
53. Richesse de la finance, pauvreté du travail
Etats-Unis
% de changement du coefficient de Gini
« La France est passée France
de l’ombre à la lumière »
(Jack Lang)
Endettement des ménages en % du PIB pour 2006
France Allemagne Espagne Grande- Italie
Bretagne
45% 68% 84% 107% 39%
Sources : Données nationales.
53
© Claude Rochet
54. Les bulles technologiques redistribuent
les revenus en faveur des riches…
Installation Turning point Deployment Installation Turning
4th 4th 4th 5th Point 5th
The 1920s The Post WWII boom The 1990s 10% Percent
bubble bubble of taxable
8% income
6%
TOP 0.1% 4%
2%
REST OF TOP 1%
1920 ‘30 ‘40 ‘50 ‘60 ‘70 ‘80 ‘90 2000
Source: Johnston (2005) from US Treasury data. Also Piketty and Saez 2003 (period indications by CP)
54
© Claude Rochet
55. … jusqu’à ce que les riches perdent tout (et
tout le monde) dans les bulles financières
55
© Claude Rochet
56. Bulle technologique et bulle
financière
Bulle Bulle financière
technologique
Business plan Enchaînement
pharaoniques spéculatifs: Ponzi
Surévaluation des Actifs toxiques
titres
Nettoyage et retour Faillite en chaîne des
au réel banque et panique
financière
Il reste la technologie Il ne reste rien
56
© Claude Rochet
57. Typologie de la folie financière
selon Hyman Minsky
Finance saine, basée sur la capacité de
remboursement des actifs: Hedge financing
Finance spéculative: le cashflow couvre
uniquement le remboursement des intérêts. Les
emprunteurs deviennent deviennent de plus en
plus spéculateurs avec la croissance
Ponzi: le cashflow ne couvre ni les intérêts ni le
principal
57
© Claude Rochet
58. Deux grandes périodes: le recouplage du
A l’entrepreneur schumpéterien, il faut
Nécessite
ajouter « l’entrepreneur financier » (C.
système productif (et
Incubation Phase 1: dans Phase 2:
Perez) qui investit les Phase 3: Phase 4:
financier) avec le cadre
technologies du nouveau cycle quand
Irruption Frénésie Développement Maturité
institutionnel du système
Degré de maturité technologique et saturation du marché
les rendements de l’ancien diminuent
national d’innovation
Crise et intervalle récessif
Installation Déploiement
Logique financière:
Sommes-nous condamnées Logique productive:
aux crises - violentes- oubulles
les de L’âge d’or
nouvelles formes de régulation
publiques peuvent-elles être
inventées?
Environ 50 ans 58
© Claude Rochet
59. Vers la vraie crise
"Those who doubt that there
is much connection between
the economy of the 1930s and
the supercharged,
information-age economy of
the twenty-first century are
invited to look at the current
economic headlines -- about
high unemployment, failing
banks, volatile financial
markets, currency crises, and
even deflation. The issues
raised by the Depression, and
its lessons, are still relevant
today." --Bernanke
59
© Claude Rochet
60. Un processus d’évolution socio-politique
Epuisement du
Nouveau paradigme
paradigme
Momentum critique
Pression économique et Inertie Système techno-
sociale pour le
changement institutionnelle économique
Réconciliation
Nouveau sens commun
Nouveau cadre socio-politique
D’après Carlota Perez (2004)
Période de croissance durable 60
© Claude Rochet
61. La dynamique du changement: trois
sphères en constantes interaction
Changement Changement
économique institutionnel
Capital Idées
productif dominantes et
croyance
Capital Cadre socio
financier Changement institutionnel
technologique
Révolution
technologique
Paradigme
techno-
économique
61
© Claude Rochet
62. Les changements de paradigme en cours depuis 1974
MASS PRODUCTION FLEXIBLE PRODUCTION
CLOSED PYRAMIDS OPEN NETWORKS
PROCESS RAW MATERIALS PROCESS BRAIN POWER
HUMAN RESOURCES HUMAN CAPITAL
STABLE ROUTINES CONTINUOUS IMPROVEMENT
SUPPLIERS AND CLIENTS VALUE NETWORK PARTNERS
FIXED PLANS FLEXIBLE STRATEGIES
INTERNATIONALIZATION GLOBALIZATION
THREE TIER MARKETS HIGHLY SEGMENTED MARKETS
Un changement radical du sens commun
© Claude Rochet
62
63. Le processus de destruction créatrice
Forger l’avenir
Ou décliner?
Risque!
Double nature du changement technologique
Mécanismes de diffusion différents 63
© Claude Rochet
64. La révolution technologique: une
opportunité pour redistribuer les cartes !
Incubation Phase 1: Phase 2: Phase 3: Phase 4:
Irruption Frénésie Développement Maturité
Degré de maturité technologique et saturation du marché
Les pays en retard peuvent:
L’importantlaest de bien comprendre ladu cycle technologique
• profiter de technologie des pays
leaders Les pays leaders dynamique
des cycles du développementprécédent sont handicapés: et de
• sauter les étapes du développement (ex: technologique
passer au cellulaire sans passer par le • Arrogance
savoir où l’on est sur la courbe en S !
filaire)
• Obsolescence institutionnelle
• profiter d’une plus grande souplesse
institutionnelle (puisque tout est à bâtir)… • Rentes
• … à condition de s'inscrire dans son • Reconversion des bureaucraties
histoire et le génie de chaque peuple
(Alexandre Gerschenkron)
Environ 50 ans (Kondratiev) 64
© Claude Rochet Source: Carlota Perez
65. Dans les pays cœur, les deux périodes ont des structures très
différentes
INSTALLATION DEPLOIEMENT
CONTROLE
Finance Production
DE L’ INVESTMENT
ROLE
Laissez faire Proactif
DE L’ETAT
Biais idéologique
Intérêt individuel Intérêt social
Mais la finance ne lâche pas prise facilement: une
confrontation politique est nécessaire!
© Claude Rochet
65
66. Deux agents de la création de valeur qui ont
des fonctions distinctes et complémentaires
Création et
CAPITAL
développement de la
PRODUCTIF capacité de création de
richesse
CAPITAL
Allocation de la FINANCIER
ressource et de la
richesse monétaire
Leurs critères de décision sont fondamentalement différents!
66
© Claude Rochet
67. Quelle que soit l’industrie, le positionnement (et le repositionnement) sur le
marché est devenu essentiel
POURQUOI?
Les conditions de profitabilité varient considérablement selon les
segments de marché
La flexibilité d’évolution des modèles d’affaires dans le paradigme des TIC, leur
puissance de traitement de l’information et de coordination d’activités
facilitent -et induisent -
LA DESAGREGATION DE LA CHAINE DE VALEUR ET LA SEGMENTATION
CROISSANTE DE TOUS LES MARCHES
67
© Claude Rochet
68. QU’EST-CE QUI EST REELLEMENT NOUVEAU DANS LA
SOCIETE DE LA CONNAISSANCE?
L’incorporation de la science dans la production?
NON. C’est le cas depuis la Renaissance
Les labos R&D dans l’entreprise?
NON. C’est le modèle type d’innovation du 4° cycle technologique
68
© Claude Rochet
69. • La créativité est la source de la valeur
ajoutée
• L'accès universel (potentiel) à la
connaissance
Les traits • La rapidité avec laquelle la connaissance
scientifique peut se transformer en produit
spécifiques de industriel pour le marché
la société de la
connaissance • La création de réseaux de connaissance et le
partage de l’information comme leviers
d’innovation
• Une décision du client qui peut se fonder sur
un accès large à l’information
• La valeur du capital humain 69
© Claude Rochet
70. • Intensifier (et conserver) la formation d’un capital
humain hautement technique et créatif en
sciences et ingénierie
• Financer la prolifération de services à forte
connaissance intégrée pour accroître les
externalités Comment
développer un
• Promouvoir des systèmes de distribution à haut
contenu informationnel et contrôler la chaîne de
contexte de création
valeur dans les secteurs clés de valeur dans la
société de la
• Des projets R&D “dans la lune” visant à connaissance?
résoudre des problèmes majeurs à haute
profitabilité potentielle
• Créer un contexte pour attirer ( et conserver) des
scientifiques de haut niveau
70
© Claude Rochet
71. LES COUTS ET RISQUES DE LA PERIODE DE GESTATION DOIVENT ETRE SUPPORTES PAR LA
SOCIETE
Durant la période de gestation des TIC, c’est le gouvernement fédéral qui a financé…
GESTATION Micro- INSTALLATION
processor
80
Irruption Frenzy
70
60
50
Percent
40
30
20
Non- federal
10 Federal funding
0
Year
…et n’a passé la main au privé qu’uneRochet TIC compétitives!
© Claude fois les
71
72. Sommaire
La valeur et sa création
Le mouvement des idées
L’intelligence économique: une
vieille histoire
Les révolutions industrielles
La compétitivité des nations
72
© Claude Rochet
73. La performance d’une nation:
la congruence de 5 sous-systèmes
Technologie:
Economie: capital
création
disponible,
d’artefacts, investissement,
innovation organisation du
travail
Science:
création de Politique: cadre
légal, droits de
possibles propriété, coûts de
transaction,
Culture: génération
scolarisation,
de connaissance
cohésion sociale
utile, croyances,
aptitude au
changement
Cette co-évolution détermine la trajectoire technologique
73
© Claude Rochet Source: C. Freeman
74. L’Etat:
le poing invisible de la puissance
– « Pour que la mondialisation réussisse, l'Amérique
ne doit pas craindre d'assumer son rôle de toute-
puissante superpuissance (…).
La main invisible du marché ne pourra jamais
fonctionner sans le recours d'un poing invisible —
McDonald's ne peut se développer sans
McDonnell Douglas, concepteur des F-15.
Et le poing invisible qui maintient un monde
sécuritaire pour les technologies de la Silicon
Valley s'appelle United States Army, US Air Force,
US Navy et US Marine Corps. »
- Thomas Friedman, New York Times (1999).
74
© Claude Rochet
75. Quels sont aujourd’hui les leviers pour entrer
dans la III° révolution industrielle ?
– Une politique d’accès à la connaissance et de
protection de l’innovation
– Une politique publique de la science : la R&D
– Se doter de positions clés sur la frontière
technologique
– Des institutions capables de gérer la « destruction
créatrice des consensus sociaux »
– Etre capable de jouer sur les différences et
complémentarité des systèmes nationaux
d’innovation, sans les fondre dans un moule
unique
– Avoir une politique de puissance qui a toujours été
à la base du développement économique
– Prendre l’économie de marché pour ce qu’elle est :
une formidable opportunité de développement
technologique © Claude Rochet 75
76. Lier politique de production de savoir…
Science
Création de savoir
RECHERCHE
Culture
Technologie
Politique
technologique
UNIVERSITÉ GRANDES ECOLES
Diffusion du savoir Ingéniérie du savoir
Economie
…et politique de puissance
76
© Claude Rochet
77. Quels sont les pièges à éviter ?
L’ouverture internationale des
économies est un peu plus forte
qu’en 1913, mais
– … avec un système financier déséquilibré
– … est le produit de la désintégration des
chaînes de valeur
Part du commerce international dans le
PIB mondial
77
© Claude Rochet
78. Avoir une politique industrielle
d’accumulation d’actifs stratégiques
Le commerce international est surtout
profitable aux puissances
technologiquement dominantes, mais une
stratégie appropriée permet aux
puissances dominées d’acquérir la
technologie des puissances dominantes.
Les Etats comptent, l’histoire compte : les
pays sont différents et il faut jouer de ces
différences et ne pas vouloir fondre les
nations dans un moule unique.
78
© Claude Rochet
79. Dynamique institutionnelle et politique de puissance
Science
Création de savoir
RECHERCHE
Culture Technologie
Politique
technologique
UNIVERSITÉ GRANDES ECOLES
Diffusion du savoir Ingénierie du savoir
Economie
La nationalité d’une
Système d’intelligence
économique ou
entreprise est celle
d’apprentissage collectif de son système
d’intelligence
Performances d’innovation
économique
Système national d’innovation 79
© Claude Rochet
80. La richesse attire la richesse
Global foreign
direct investment
(FDI) inflows in
2007 are set to
reach $1.5
trillion, above the
record total of
$1.4 trillion
achieved in 2000
80
© Claude Rochet
81. By the way, Who is the boss?
Les serveurs racines de l’Internet
81
© Claude Rochet
82. Il y a des marchés stratégiques
Deux critères:
– Les prix et la qualité ne sont pas déterminant: le
concours de l’Etat et des réseaux d’influence est
nécessaire
– Des marchés créateurs de puissance et d’influence
L’économie politique:
– Il y a des marchés qui ont plus de sens que
d’autres
– Marchés des réseaux, de l’aéronautique civile,
pharmacie, énergie, T.I.C
– Hégémonie US,
– L’information est la holding mère de toute
l’économie
82
© Claude Rochet
83. Axes d’actions
Sécurité
Durcir les réseaux de communication publique
Sécurité des S.I
Mutualiser
– Un CEA des TIC:
Mutualisation des expertises
Décloisonner les initiatives publiques et initiatives publiques et
privées
Identifier les pépites
Identifier les secteurs qui créent de la richesse
Nos élites ne connaissent ni l’entreprise ni les marchés
mondiaux
Des programmes communs de recherche CEA, CNRS, DGA
Adosser l’expertise publique à l’expertise privée: l’Etat n’a plus
d’expertise dans le domaine des TIC
Promouvoir
Agence pour l’innovation technologique
Une dimension mondiale avec peu d’argent: l’analyse de
l’information stratégique 83
© Claude Rochet
84. Le “bolchevisme de marché” (Stiglitz)
est
NUISIBLE POUR LE DEPLOIEMENT DES TIC
Tout comme le “fondamentalisme étatique”
l’a été pour l’INSTALLATION
dans les années 1970 et 80
84
© Claude Rochet
85. CREER UN CLIMAT NATIONAL POUR LA CROISSANCE ET
L’INNOVATION
• Consensus pour cibler les marchés cœurs et contrôler les
chaînes de valeur critiques
• Soutenir l’innovation et l'entreprenariat
• Offrir un accès approprié à un financement régulé
• Investir dans le capital humain
• Fournir des services TIC de haute qualité
• Investir dans la R&D, pour les besoins présents ET futurs
• Promouvoir des réseaux nationaux et internationaux
Une vision collective d’actions convergentes 85
© Claude Rochet
86. Trois horizons
Consensus pour bâtir l’avenir par des choix
Court terme d’investissements créateurs de richesse
nationale
Viser le repositionnement de chaque
secteur sur des segments de marché
Moyen terme: moins vulnérables
LA PHASE Combiner les bases de connaissance s
DE DEPLOIEMENT DES TIC et les enraciner dans des réseaux
permettant d’accroître le capital humain
Préparer la croissance durable
Long terme : de demain par des
LA PROCHAINE investissements lourds dans les
REVOLUTION TECHNOLOGIQUE nouvelles générations de
technologies 86
© Claude Rochet
87. Des décisions isolées des
innovateurs et visionnaires au
consensus national
CONSENSUS
VISION
Business
Gouvernement
Société 87
© Claude Rochet
88. L’Etat idéal…
Promouvrait une culture de l’indéterminisme s’inscrivant dans le temps long
Investirait dans les infrastructures de l’économie numérique et les réseaux
Piloterait une politique technologique soutenant les petites entreprises
innovantes par un système complet d’aide et de financement
Investirait prioritairement dans le capital humain
Considérerait les TIC comme une technologie générique permettant de
repenser les organisations, le travail et les conditions de la productivité, à
commencer par les propres administrations de l’Etat
Soutiendrait une politique d’intelligence économique active qui assure la
présence de grandes firmes sur la frontière technologique ;
Gérerait le commerce international comme un moyen d’acquisition de
technologies nouvelles et de recherche de rendements croissants, ouvrant et
fermant les frontières comme moyen de régulation de l’évolution du système
économique ;
Serait assez fort pour coopérer avec d’autres Etats pour assurer la stabilité
monétaire mondiale et la lutte contre le crime;
Aurait une structure souple, flexible et évolutive pour coopérer avec l’ensemble
des acteurs de la société et stimuler l’apprentissage collectif.
Serait animé par des dirigeants sages et vertueux incarnant une éthique….
88
© Claude Rochet
89. … et les contingences du réel
Névrose Historiquement, pas de
– Nihilisme progrès technologique
– Détournement du principe de
précaution sans progrès des idées
Sclérose L’Etat:
– Eurosclérose – Poser les enjeux
– Techno-libéralisme – Créer les conditions de la
– Abandon de la politique confiance
technologique L’IES: un levier essentiel
Nécrose de la réforme de l’Etat
– Déclin démographique – Décloisonner
– Honte de soi
– Digitaliser
– Technocratie
– Angélisme – Recentrer sur les priorités
stratégiques
– Intellocratie parasitaire
89
© Claude Rochet
90. Au fond des victoires d'Alexandre,
on retrouve toujours Aristote
"La véritable école du commandement est celle de
la culture générale. Par elle, la pensée est mise à
même de s'exercer avec ordre, de discerner dans
les choses l'essentiel de l'accessoire, (...) de
s'élever à ce degré où les ensembles apparaissent
sans préjudice des nuances. Pas un illustre
capitaine qui n'eût le goût et le sentiment du
patrimoine et de l'esprit humain.
Au fond des victoires d'Alexandre, on retrouve
toujours Aristote... »
Charles de Gaulle, Vers l’armée de métier
90
© Claude Rochet