Interview Sylvia Bongo Ondimba - L'Union - 21 octobre 2013
Journée internationale de la femme - Sylvia Bongo Ondimba
1. L’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour toutes et tous.
Journée Internationale de la Femme – 8 mars 2014
Je sais que de belles personnes, par leurs
compétences et qualités, écrivent au féminin
l’Histoire de ce pays. En ce 8 mars, à l’occasion de
la Journée Internationale de la Femme, je souhaite
leur rendre hommage.
Femmes des corps institutionnels, femmes politiques,
femmes d’entreprises, femmes leaders ;
Femmes qui pensent, qui agissent, qui soignent, qui
éduquent, qui inventent ; Femmes meneuses d’un
Gabon qui se construit et avance, vous savez mieux que
quiconque à quel point encore trop souvent, au sein de
nos entreprises, de nos foyers, de nos écoles, au sein
même de l’espace public, nos mères, nos sœurs, nos filles
subissent toutes formes de discrimination. Vous savez le
combat que vous devez mener pour que votre vision,
votre talent, votre détermination, soient respectés.
Ce n’est pas un hasard si le thème officiel des Nations
Unies pour cette journée est : « L’égalité pour les
femmes, c’est le progrès pour toutes et pour tous. » Le
choix de ce thème vise à souligner combien l'égalité des
sexes, l'émancipation des femmes, la pleine jouissance de
leurs droits humains sont essentiels au développement
économique et social.
Or, à l’échelle mondiale, les inégalités, largement
constatées, ont pour corolaire la violence subie par les
femmes et les jeunes filles. Dans notre pays, les chiffres
sont parlants. Ils nous interpellent. Plus de la moitié des
femmes gabonaises avouent avoir subi des violences
diverses à un moment quelconque de leur existence.
Brimades, coups et blessures, harcèlements de type
sexuel pouvant parfois conduire à la dépression ou à la
mort…Voilà le vécu d’au moins une femme gabonaise
sur deux.
En ce 8 mars, j’invite chaque Gabonaise et chaque
Gabonais à avoir une pensée pour ces femmes
opprimées et violentées, qui souffrent parce que la
société ne respecte pas leur droit à l’égalité.
Mon souhait, cependant, est que nous dépassions le
temps de la complainte, pour nous inscrire dans
l’action. Agir, pour faire agir.
Agir pour lever le voile sur la femme gabonaise : qui elle
est, ce qu’elle fait, afin que la société toute entière réalise
la place qu’elle occupe, au sein de sa famille, de sa
communauté, de sa Nation. Lever le voile pour lui
permettre de manifester pleinement sa potentialité, ses
talents, son abnégation. Lever le voile pour combattre les
obstacles, les tabous, les oppressions, les violences,
auxquels elle fait face.
Ceci, dans l'intérêt des générations actuelles et futures,
dans l’intérêt de la Nation gabonaise toute entière.
Le Gabon prospère et solidaire, que chacun de nous
appelle de ses vœux, ne sera pas si nous méprisons plus
de la moitié de ses forces vives, si nous ne favorisons pas
la pleine et égale participation des femmes de ce pays à
sa construction.
Cette prise de conscience, individuelle et collective, est
urgente en vue de bâtir une société plus équitable, qui
accorde une place juste et solidaire aux femmes
gabonaises. Elle doit par ailleurs s’accompagner
d’actions : prendre les mesures adéquates pour offrir à
nos mères, nos sœurs, nos filles un cadre sécurisant et
sécuritaire. Il est vital d’œuvrer pour leur
épanouissement, non pas contre les hommes, mais avec
eux.
Agir, pour leur droit à l’éducation et au savoir. Agir, pour
des opportunités, des responsabilités égales. Agir, pour
l'égalité des salaires. Agir, pour un leadership partagé.
Agir, pour leur droit à être protégées. Agir, pour le
respect de leur vie de femme. Notre vie de femme.
Car il n’y a pas des femmes gabonaises. Il y a une
Femme Gabonaise. Les droits d’une femme, sont les
droits de toutes les femmes. Les humiliations subies par
une femme sont les humiliations de toutes les femmes.
Les espoirs d’une femme doivent être nos propres
espoirs. Il nous faut donc agir, et faire entendre notre
voix, la voix de toutes les Gabonaises.
Toutefois, la liberté, l’égalité, la dignité des femmes ne
sont pas l’engagement d’une journée, une mobilisation
symbolique d’un 8 mars vite oublié. Ces principes, ces
combats doivent s’inscrire dans la durée. Comme le
soulignait Simone de Beauvoir: « Rien n’est jamais
définitivement acquis. Votre vie durant, vous devrez
rester vigilantes. »
Je souhaitais vous écrire aujourd’hui pour rassembler et
fédérer autour de cette cause juste et fondamentale pour
le développement de notre pays, pour que nous
portions, ensemble, cette vigilance et que nous soyons,
au sein de notre foyer, de notre quartier, de nos
entreprises et de nos institutions, chaque citoyenne et
citoyen, les gardiens de l’égalité au bénéfice de la Nation
toute entière.
Sylvia Bongo Ondimba