2.
Avec
patrick
delattre
juliette
roudet
vincent
sauve
collaboration
artistique
adrien
béal
scénographie
et
costumes
anne
lezervant
musique
patrick
delattre,
vincent
sauve
lumières
azéline
cornut
durée
1h00
En
mélangeant
ainsi
les
différents
outils
scéniques
-‐la
parole,
la
musique
et
la
puis-‐
sance
du
geste-‐
faire
d’un
minuscule
drame
intime
la
matière
d’un
spectacle
dense
sur
les
mécaniques
d’écrasement
auxquelles
nous
pouvons
tous,
un
jour,
être
confrontés.
On
ne
travaille
pas
chez
City
Tour
tout
à
fait
par
hasard.
Dans
le
milieu
du
bâtiment,
une
jeu-‐
ne
femme
qui,
à
30
ans,
a
su
imposer
ses
visions
chez
le
leader
du
secteur,
ça
signifie
qu'elle
a
forcément
du
talent.
Et
une
belle
force
de
caractère,
que
la
direction
générale
a
remar-‐
quée.
Elle
lui
accorde
désormais
une
confiance
pleine
et
entière.
Sauf
que…
Non,
rien.
Juste
un
grain
de
sable
dans
la
mécanique.
Un
petit
souci
technique.
Rien
de
grave.
Elle
a
l'habitude.
Gérer
les
problèmes,
c'est
son
métier.
Elle
connaît
ça
par
cœur.
C'est
ce
qu'elle
s'est
dit,
elle
aussi,
dans
les
premières
heures.
Sans
imaginer
un
seul
instant
qu'elle
serait
bientôt
submergée,
inondée,
noyée
sous
nos
yeux.
Mais
ça,
elle
ne
le
sait
pas
encore.
création
:
19,
20
octobre,
5,
6,
7
et
8
novembre
2013
au
théâtre
Jean
Vilar
de
Suresnes.
Production
:
théâtre
Jean
Vilar
d e
Suresnes
avec
le
soutien
du
Jeune
Théâtre
National,
de
la
Cie
Hub
[‘œb]
et
l’aide
du
Centre
Nationale
de
la
Danse.
production,
diffusion
dantès
pigeard
-‐
cie
hub
[‘œb]
28
rue
d’Enghien
-‐
75010
Paris
06
01
98
98
97/dantes.hub@gmail.com
2
3. 1
crush ou l’histoire d’un burn-out
Les
gens
sont
parfois
victimes
d’incendie,
comme
les
immeubles.
Sous
la
tension
produite
par
la
vie
dans
notre
monde
complexe,
les
ressources
internes
en
viennent
à
se
consumer
comme
sous
l’action
des
flammes,
ne
laissant
qu’un
vide
immense
à
l’intérieur,
même
si
l’enveloppe
externe
semble
plus
ou
moins
intacte.
H.
J.
Freudenberger,
premier
psychologue
à
avoir
défini
le
syndrome
du
burn-‐out.
«
Crush
»
au
théâtre
Jean
Vilar
–
novembre
2013
Le
burn-‐out
-‐
De
l’idée
au
plateau.
A
l'origine,
j'ai
entendu
à
la
radio,
un
matin
d'octobre
2009,
une
interview
de
Marie
Pezé,
psychanalyste
et
premier
médecin
à
avoir
ouvert
une
consultation
«Souffrance
et
travail»
en
France
en
1997.
Pour
elle,
la
souffrance
au
travail
était
le
marqueur
d'un
climat
social
délétère
instauré
par
des
entreprises
pas-‐
sées
maîtres
dans
l'art
-‐devenu
classique-‐
de
mettre
en
place
des
organisations
du
travail
extrê-‐
mement
pathogènes
tout
en
sollicitant
les
cellules
médico-‐psychologiques
d'urgence.
Elles
jouaient
en
quelque
sorte
aux
pompiers
pyromanes.
Mais
pour
qui
voulait
bien
entendre
le
propos
dans
son
inté-‐
gralité,
la
psychanalyste,
elle-‐même
victime
du
syndrome
de
burn-‐out,
concluait
l'émission
en
disant
que
ce
climat
social
était
aussi
en
partie
dû
à
nos
petites
lâchetés
et
autres
faiblesses
éthiques
quoti-‐
diennes.
Il
n'en
fallut
pas
plus
pour
susciter
mon
intérêt.
Je
décidai
de
lire
Ils
ne
mourraient
pas
tous
mais
tous
étaient
frappés,
le
livre
de
Marie
Pezé.
J'ai
été
sidé-‐
rée,
bouleversée
mais
j'ai
ri
aussi
-‐
chose
qui
me
pa-‐
raissait
pourtant
inavouable
étant
donné
la
gravité
du
sujet.
J’ai
été
frappée
par
ses
propos
sur
la
vio-‐
lence
actuelle
du
monde
du
travail,
sur
l’anéantissement
du
sujet,
sur
les
dérives
quasi
systé-‐
matiques
de
l’ambition,
de
l’usage
de
l’autorité
et
du
pouvoir
dans
le
monde
professionnel.
Mais
le
stress
et
le
harcèlement
moral
ne
suffisaient
pas
à
expli-‐
quer
les
situations
de
burn-‐out.
Tous
les
individus,
confrontés
à
des
situations
identiques,
ne
craquaient
pas,
ne
se
consumaient
p as
de
l'intérieur.
Quels
individus
étaient
touchés
?
Toutes
les
catégo-‐
ries
socioprofessionnelles,
sans
distinction,
de
la
femme
de
ménage
au
cadre
supérieur,
en
passant
par
l'aide-‐soignante,
la
DRH
ou
le
croque-‐mort.
Mais
toutes
ces
personnes
avaient
un
point
commun
:
elles
étaient
généralement
très
dévouées
à
un
sys-‐
tème
dont
elles
cherchaient
en
vain
la
reconnais-‐
sance.
Le
burn-‐out
n'était
donc
pas
un
simple
problème
d'épuisement
professionnel.
Ou
même
de
harcèle-‐
ment.
Plutôt
la
problématique
de
personnes
prises
en
sandwich,
entre
deux
feux.
Tout
se
jouait
donc
sur
un
fil.
Le
travail
de
recherche
documentaire
qui
suivit
mul-‐
tiplia
les
entrées
possibles
sur
ce
sujet,
de
la
critique
pure
et
simple
du
système
libéral
qui
écrasait
l'indi-‐
vidu
sur
l'autel
des
profits
financiers
à
l'interrogation
des
propres
capacités
de
l'individu
à
résister,
à
ses
Vincent
Sauve,
Juliette
Roudet,
Patrick
Delattre
3
4. 3
2
«
Crush
»
au
théâtre
Jean
Vilar
–
novembre
2013
fragilités
intimes.
Limiter
la
problématique
à
la
seule
condamnation
d'un
système
de
management
risquait
d'occulter
ce
qui
nous
intéressait
avant
tout
:
l'hu-‐
main.
Pendant
mes
recherches,
la
presse
se
faisait
l'écho
du
développement
statistique
du
phénomène.
Le
burn-‐out
touchait
désormais
10%
des
actifs
et
appa-‐
raissait
comme
un
syndrome
postmoderne
lié
aux
mutations
de
nos
sociétés,
à
l'accélération
du
temps,
à
la
soif
de
la
rentabilité,
aux
tensions
entre
le
dispo-‐
sitif
technique
et
des
humains
déboussolés.
En
quelque
sorte,
le
prix
à
payer
de
l'individu
pour
les
mutations
en
cours.
Mais
à
mon
niveau,
au-‐delà
de
la
statistique,
j'es-‐
sayais
de
me
représenter
l'intimité
de
chacun
de
ses
hommes,
de
ses
femmes,
qui
se
consumaient
de
l'intérieur.
Qu'est-‐ce
qui
pouvait
conduire
un
homme,
une
femme,
à
devenir
le
siège
de
ce
méca-‐
nisme
interne,
de
ce
feu
intérieur,
qui
les
empêchait
désormais
de
dormir,
de
manger
et
simplement
de
vivre
?
La
fiction/l’histoire
Une
fois
au
plateau,
à
partir
de
cette
matière
docu-‐
mentaire
s’est
construit
un
début
de
fiction
pour
ce
spectacle
:
elle
est
jeune,
compétente,
et
chez
City
Tour,
entreprise
de
construction,
ils
ont
confiance
en
elle
:
ça
la
rend
fière.
Sa
mission,
c’est
de
gérer
étape
par
étape
le
bon
déroulement
des
chantiers
;
en
d’autres
termes,
c’est
de
gérer
des
problèmes
au
quotidien
entre
ce
qui
se
décide
dans
les
bureaux
et
ce
qui
se
déroule
sur
les
chantiers.
Elle
y
arrive
tellement
bien
qu’elle
est
devenue,
en
peu
de
temps,
«
celle
sur
qui
on
peut
compter
».
On
la
sollicite
sans
cesse
pour
régler
des
problèmes.
C’est
presque
devenu
une
identité,
qui
fait
oublier
son
jeune
âge
et
lui
accorde
une
grande
légitimité.
Quand
un
problème
technique
arrive
sur
le
chantier
Cyrius,
d’abord,
elle
ne
s’affole
pas.
Gérer
les
problèmes,
c’est
son
métier,
elle
a
l’habitude
:
c’est
ce
qu’elle
s’est
dit
dans
les
pre-‐
mières
heures.
Sans
imaginer
un
seul
instant
qu’elle
sera
bientôt
submergée,
inondée,
noyée
sous
nos
yeux.
Dramaturgie
:
pourquoi
ce
choix
?
Lors
d’une
répétition
publique
à
Suresnes,
une
spec-‐
tatrice
m’a
judicieusement
demandé
pourquoi
avoir
choisi
cette
histoire,
et
pourquoi
l’avoir
située
dans
le
monde
du
bâtiment.
Pour
deux
raisons.
J’ai
choisi
de
faire
passer
la
fiction
du
spectacle
par
le
prisme
d’un
personnage
fort,
compétent,
en
qui
les
autres
ont
confiance,
qui
aime
son
métier
et
qui
se
trouve
dans
une
spirale
de
réussite,
d’ascension.
Ce
n’est
pas
une
perdante,
bien
au
contraire
:
elle
gère
seule
des
problèmes
difficiles
au
quotidien
et
elle
prend
soin
de
les
régler
avant
que
la
direction
n’ait
le
temps
de
s’inquiéter.
Elle
est
leur
assurance
tranquil-‐
lité.
Mais
en
prise
avec
un
problème
qui
lui
résiste
anormalement,
la
machine
s’enraye.
«
Crush
»
au
théâtre
Jean
Vilar
–
novembre
2013
Le
grain
de
sable,
c’est
le
problème
technique.
Il
vient
enrayer
une
«
machine
»
complexe
composée
des
conditions
de
son
travail,
de
la
nature
de
son
inves-‐
tissement,
de
la
pression
exercée
sur
elle
par
ses
supérieurs
autant
que
par
elle-‐même,
de
la
nécessité
de
toujours
rester
celle
sur
qui
on
peut
compter
mais
aussi
les
enjeux
économiques,
le
rendement
deman-‐
dé,
les
délais
toujours
plus
courts
et
l’image
qu’elle
veut
à
tout
prix
donner.
Ce
qui
m’intéresse
dans
le
choix
de
cette
histoire,
c’est
que
la
chute
du
personnage
est
autant
due
à
des
exigences
extérieures
(ce
qu’on
lui
demande
de
4
5. 4
faire,
ce
qu’on
attend
d’elle)
qu’à
des
exigences
personnelles
(comment
elle
veut
être
perçue,
comment
ne
pas
décevoir
la
confiance
qu’on
lui
porte,
ne
pas
démentir
le
jugement
qu’on
a
d’elle,
sa
légitimité
à
ce
poste
à
responsabilités).
Ensuite,
dans
le
monde
du
bâtiment,
quand
un
souci
technique
lié
à
une
importante
présence
d’eau
intervient,
il
est
palpable
pour
tout
le
monde
qu’un
risque
majeur
existe
pour
la
sécurité,
la
pé-‐
rennité
du
bâtiment.
Le
personnage
est
donc
pris
entre
deux
feux
:
la
volonté
de
gérer
et
de
régler
le
problème
seule
et
l’angoisse
que
quelqu’un
s’en
aperçoive
et
que
la
sécurité
du
bâtiment
devienne
réellement
défail-‐
lante
et
occasionne
une
catastrophe.
Le
thème
de
l’eau
L’eau
devient
peu
à
peu
l’obsession
du
person-‐
nage
:
elle
en
entend,
elle
en
voit
apparaître,
dispa-‐
raître,
elle
ne
parle
plus
que
de
ça,
en
rêve
la
nuit,
imagine
son
bureau
en
train
d ’être
immergé,
son
lit
inondé
et
elle
croit
se
n oyer
en
pleine
journée.
L’eau,
qui
est
la
vie,
est
dans
le
même
temps
notre
pire
cauchemar,
responsable
de
terribles
catas-‐
trophes
:
effondrements
dûs
à
l’érosion,
fuites,
noyades,
inondations,
tempêtes,
tsunamis.
L’eau
me
semblait
donc
le
terreau
opportun
et
idéal
pour
accompagner
le
dérèglement
progressif
du
personnage.
La
scénographie
est
composée
de
trois
espaces
représentant
le
bureau
où
prennent
corps
les
rela-‐
tions
avec
la
direction,
le
chantier
où
se
cristallisent
tous
les
problèmes
et
son
espace
intime
dans
le-‐
quel
il
lui
devient
peu
à
peu
impossible
de
trouver
le
repos.
Ces
espaces
finissement
par
ne
plus
se
distinguer
dans
la
tête
du
personnage
et
s’enchevêtrent
jusqu’au
chaos
final
où
l’eau
enva-‐
hit
l’espace.
Crush
est
le
premier
spectacle
que
je
signe.
J’ai
la
conviction
qu’en
mélangeant
ainsi
les
différents
outils
scéniques
(la
parole,
la
musique,
la
puissance
du
geste),
nous
avons
fait
d’un
minuscule
drame
intime
la
matière
d’un
spectacle
dense
sur
les
mé-‐
caniques
d’écrasement
auxquelles
nous
pouvons
tous
être,
un
jour,
confrontés.
Juliette
Roudet
Juliette
R oudet
Juliette
R oudet,
Patrick
Delattre
et
Vincent
Sauve
Juliette
R oudet
«
Crush
»
au
théâtre
Jean
Vilar
-‐
novembre
2013
5
6. 2
1
tout naît du plateau
crush
est
la
première
création
de
Juliette
Roudet.
Un
premier
spectacle
qui
révèle
son
projet
artistique
qui
l’a
amenée
à
créer
la
compagnie
Hub
[‘œb]
-‐littéralement
point
d’interconnexion,
ici
synonyme
de
transdisciplinaire
-‐
en
mars
2012.
«
Crush
»
au
théâtre
Jean
Vilar
-‐
novembre
2013
Patrick
Delattre,
Vincent
Sauve
et
Juliette
Roudet
6
7. 4
3
«
Crush
»
au
théâtre
Jean
Vilar
-‐
novembre
2013
«
Crush
»
au
théâtre
Jean
Vilar
-‐
novembre
2013
7
8. [ extrait ]
Vincent
:
Qu’est-‐ce
que
tu
fais
dans
mon
bureau
?
Juliette
:
Je
suis
venue
parce
que/t’entends
pas
là
?
Vincent
:
Non.
T’as
pu
voir
pour
mon
dossier
?
Patrick
entre.
Juliette
:
En
fait,
je
n’ai
pas
vraiment
eu
le/vous
entendez
p as
là
?
Y
a
quelque
chose
qui
coule.
Là,
y
a
quelque
chose
qui
coule
quelque
part.
Patrick/Vincent
:
Bah
non.
Non.
Juliette
:
Vous
entendez
pas
le…
Ca
fait
comme
un
bruit
de…
de
qui
coule.
P/V
:
Non.
Non.
Juliette
:
Bah
pourtant
ça…
Ca
s’entend
hein
!
C’est…
Enfin,
ça
s’entend
q uoi.
P/V
:
Non.
Non.
Juliette
:
Là.
Là
y
a
rien
pour
vous
?
Vous
entendez
rien
?
1ère
note
de
Vincent,
suivi
de
Patrick.
Juliette
com-‐
mence
à
douter
de
ce
qu’elle
entend.
Juliette
:
Je
peux
rester
cinq
minutes
avec
vous
?
P/V
:
Oui.
Oui.
Juliette
:
Là
vous
entendez
pas
quelque
chose
qui
coule
?
P/V
:
Non.
Non.
La
batterie
rentre.
Puis
la
guitare.
Juliette
:
Je
voudrais
vous
demander
si…
(La
mu-‐
sique
s’arrête)
Est-‐ce
que
vous
avez…
Est-‐ce
que
ça
vous
est
déjà
arrivé
d’avoir
un
problème
avec
u ne
dalle
de
fondations
?
Avec
des
remontées
d ’eau
sur
une
dalle
de
fondations
?
P/V
:
Non.
Non.
8
9. !
!
!
la presse a écrit :
!
CRUSH
!
Théâtre Jean Vilar (Suresnes) - octobre 2013
!
!
Spectacle conçu et interprété par Juliette Roudet
accompagnée par les musiciens Patrick Delattre et
Vincent Sauve.
!
!
!
!
!
!
!
Engagée dans une entreprise de bâtiment, City Tour, dans
laquelle elle a donné pleine satisfaction et gravi les
échelons, elle est chargée de gérer un chantier. Soudain
un problème survient : elle entend de l’eau qui coule, qui
n’arrête pas de couler. N’osant pas prévenir sa hiérarchie,
elle se met à affronter seule le phénomène. Mais arrête-ton une inondation ?
"Crush" aborde de façon frontale le syndrome du burn-out dans notre société
avec ce spectacle hybride et inclassable qui mêle adroitement les disciplines
(théâtre- danse-musique), un spectacle physique qui utilise autant le corps de
l’interprète que les objets qui l’entourent.
Dans une scénographie représentant en différentes zones le chantier, son bureau
et son lit, Juliette Roudet évolue avec opiniâtreté dans un univers qui devient
peu à peu étranger.
Au fur et à mesure que l’eau envahit le chantier, la tension s’accroit et la
comédienne joue la tempête sous le crâne de cette jeune femme bientôt
envahie puis peu à peu noyée par la pression démesurée crée à la fois par
les enjeux économiques, le rendement demandé et l’image qu’elle veut à tout
prix donner. Médusé, on assiste au dérèglement de cette femme, à l’image d’une
société libérale amenée peu à peu à couler.
Juliette Roudet et la Compagnie Hub créent un objet saisissant fait de silences
et de cris, de pauses et de fureur où le corps exprime de façon encore plus
poignante les cris de l’intérieur. De sublimes images naissent des chorégraphies
débordantes. Juliette Roudet, frêle silhouette qui cache une énergie infinie,
fascine par l’incandescence émanant de la grâce de sa sincérité et de son
engagement.
Les deux musiciens, Patrick Delattre et Vincent Sauve (cordes et
percussions) imposent un tempo d’enfer de plus en plus soutenu ou de brèves
accalmies nostalgiques contrastent avec le rythme syncopé du spectacle et
évoquent un temps où l’humain avait encore pied!
Nicolas Arnstam
www.froggydelight.com
9
10.
!
!
Histoire d’un burn out - Théâtre / Propos recueillis - Journal ...
http://www.journal-laterrasse.fr/histoire-dun-burn-out/
!
!
!
!
N°214 - 20 novembre 2013
!
THÉÂTRE
DANSE
JAZZ / MUSIQUES
CLASSIQUE / OPÉRA
AVIGNON EN SCÈNE(S)
HORS-SÉRIES
FOCUS
Théâtre de Suresnes / Crush / de Juliette Roudet
HISTOIRE D’UN BURN OUT
!
Publié le 25 octobre 2013 - N° 214
Comédienne et danseuse, Juliette Roudet crée sa première
pièce sur le monde du travail et le phénomène du burn out,
à la croisée des disciplines, entrelaçant réalisme et imaginaire.
!
!
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!
!
Juliette Roudet dans Crush, sa première création.
« Je souhaite montrer comment et pourquoi on en arrive là. »
Qu’est-ce qui a suscité l’envie de créer un spectacle sur la souffrance au travail ?
Juliette Roudet : La découverte en 2009 de la psychanalyste Marie Pezé, qui a ouvert en
France en 1997 la première consultation sur la souffrance au travail, a été déterminante. En
écoutant sur France Inter une interview où elle faisait part de son expérience, j’ai été
frappée par ses propos sur la violence du monde professionnel, sur l’anéantissement du
sujet, et par le fait qu’une très grande diversité de salariés était touchée, du cadre supérieur
à la femme de ménage. J’ai ensuite lu son ouvrage Ils ne mouraient pas tous mais tous
étaient frappés (édition Pearson), je l’ai rencontrée, et je me suis demandé comment parler
de cette situation sur un plateau de théâtre. Cette tension entre ce à quoi on aspire – car
nous avons tous envie de nous investir dans notre travail – et l’épreuve du réel m’intéresse
beaucoup. Le spectacle représente la trajectoire d’une jeune femme jusqu’au burn out, qui
est un grand vide, une combustion intérieure. A travers son histoire singulière, je souhaite
montrer comment et pourquoi on en arrive là.
Comment avez-vous élaboré le spectacle ?
J. R. : Après deux ans de documentation, j’ai pu envisager le travail théâtral, et j’ai
formalisé un point de départ fictionnel. Une jeune femme est responsable d’un chantier
dans une entreprise de bâtiment, et un problème technique de remontée d’eau grippe toute
la machine, dérègle tout son système de pensée et d’action. En nous appuyant sur cette
base, avec les musiciens Patrick Delattre et Vincent Sauve, nous avons travaillé au plateau
à partir d’improvisations. Tout est né au plateau. La force du geste, le jeu théâtral, la parole
et la musique se conjuguent dans une grande liberté, sans hiérarchie, pour raconter
l’histoire de ce dérèglement. Des moments réalistes, structurés par une parole du
quotidien, proche du public, alternent avec des moments oniriques et fantastiques, où le
corps et la musique jouent un rôle déterminant. Au-delà du constat d’échec, nous avons
voulu construire un spectacle très vivant, où l’intime et le vécu s’inscrivent dans un univers
qui ouvre l’imaginaire.
! 1 sur 3
Propos recueillis par Agnès Santi
20/11/13 12:51
10
11. biographies
Metteur
en
scène,
chorégraphe,
comédienne
et
danseuse.
Collaborateur
artistique
Juliette
Roudet
entre
à
14
ans
au
Conservatoire
Supérieur
de
Danse
de
Paris.
Sor-‐
tie
Premier
Prix
du
Conservatoire,
elle
intègre
la
même
année
le
Centre
National
de
Danse
Contemporaine
d'Angers
(CNDC),
où
elle
passe
deux
ans.
En
2000,
à
19
ans,
elle
co-‐fonde
la
compagnie
FataMorgana
et
crée
le
spectacle
Les
mains
moites
autour
de
l'oeuvre
de
Samuel
Beckett.
C'est
le
point
de
départ
d'un
désir
d'étendre
et
d'explorer
d'autres
voies
d'interprétation
et
de
création
que
la
danse
seule.
Certaines
rencontres
sont
alors
déterminantes,
notamment
celle
avec
Jacques
Weber
qui
la
pousse
à
suivre
des
cours
de
théâtre
et
à
passer
le
concours
d u
Con-‐
servatoire.
Deux
années
de
cours
plus
tard,
dont
une
passée
auprès
de
Jean-‐Pierre
Garnier,
Juliette
est
admise
au
Conservatoire
National
Supérieur
d'Art
Dramatique.
Pen-‐
dant
ses
trois
années
d'étude,
elle
a
pour
professeurs
Andrzej
Seweryn,
Domi-‐
nique
Valadié,
Michel
Fau,
Daniel
Mesguich,
Caroline
Marcadé
et
Muriel
Mayette.
Depuis
sa
sortie
du
Conservatoire
en
2007
elle
a
joué
sous
la
direction
d e
Laurent
Laffargue
(Les
géants
de
la
montagne,
Luigi
Pirandello),
Lisa
Wurmser
(Pinok
et
Barbie,
Jean-‐Claude
Grumberg),
Pierre
Ascaride
(Militants
communistes,
Wajdi
Mouawad),
Vicente
Pradal
(Yerma,
Garcia
Llorca
à
la
Comédie
Française),
Daniel
Benoin
(Des
jours
et
des
nuits
à
Chartres,
Henning
Mankell),
Caroline
Marcadé
(Portraits
de
femmes),
Jean
Bellorini
(Paroles
Gelées).
Au
cinéma
et
à
la
télévision,
on
l'a
notamment
vue
dans
Au
suivant
de
Jeanne
Biras,
A
cran
et
Procès
de
famille
d'Alain
Tasma,
Engrenages
de
Pascal
Chaumeil,
Les
méchantes
de
Philippe
Monnier,
Bella,
la
guerre
et
le
soldat
Rousseau
de
Ma-‐
nuel
Flèche,
Les
vivants
et
les
m orts
de
Gérard
Mordillat,
Dans
la
lumière
et
Sortir
de
l’ombre
d’Alexandre
Laurent,
Poupée
russe
et
Un
pour
tous
de
Julien
Despaux.
En
2013-‐14,
elle
reprend
le
rôle
de
Juliette
dans
Roméo
et
Juliette
mis
en
scène
par
David
Bobée.
En
octobre
2013,
elle
crée
Crush
au
théâtre
Jean
Vilar
de
Su-‐
resnes.
Adrien
Béal
est
metteur
en
scène
et
comédien.
Après
des
études
en
Arts
du
Spec-‐
tacle
à
l’Université
Paris
III,
il
poursuit
sa
formation
par
plusieurs
stages
en
jeu
ou
en
mise
en
scène,
notamment
à
la
Colline-‐Théâtre
National.
Comme
acteur,
il
travaille
avec
Bernard
Grosjean
(Cie
Entrées
de
Jeu),
la
Cie
La
Magouille,
Thomas
Quillardet,
Benjamin
Porée.
Pour
mettre
en
scène
ses
spectacles,
il
crée
en
2007
le
Théâtre
Déplié,
compagnie
qui
depuis
est
associée
au
Théâtre
de
Vanves.
Il
a
mis
en
scène
Dissident,
il
va
sans
dire
de
Michel
Vinaver,
Une
nuit
arabe
de
Roland
Schimmelpfennig,
Le
Canard
sauvage
d’Henrik
Ibsen
et
récemment
Il
est
trop
tôt
pour
prendre
des
décisions
définitives,
spectacle
créé
collectivement.
En
2013,
il
a
mis
en
scène
Visite
au
père
de
Roland
Schimmelpfennig
(Th.
de
Vanves,
Échangeur
de
Bagnolet)
et
Le
pas
de
Bême,
création
pour
le
festival
360
(CDN
M ontreuil).
Il
a
travaillé
par
ailleurs
comme
dramaturge
de
Julien
Fisera,
assistant
à
la
mise
en
scène
de
Guillaume
Lévêque,
Damien
Caille-‐Perret,
et
comme
stagiaire
auprès
de
Stéphane
Braunschweig
et
Jacques
Nichet.
11
12. Guitariste,
violoncelliste
Batteur,
percussionniste
Scénographe,
costumière
Créatrice
lumières
Patrick
Delattre
commence
la
guitare
en
autodidacte.
Puis
il
rejoint
la
classe
de
gui-‐
tare
classique
et
d'analyse
musicale
de
Luc
Chaillat,
de
violoncelle
de
Paul
Julien
et
de
chant
de
Patricia
Dupont.
Il
décide
un
jour
d’arrêter
ses
études
d'art
p our
devenir
professionnel.
Se
décrivant
comme
un
funambule
de
la
musique,
il
multiplie
les
ren-‐
contres
et
les
expériences
musicales.
Ses
influences
restent
le
blues,
le
rock
et
la
musique
orientale
qu'il
mêle
dans
les
différentes
formations
qu'il
intègre
:
707
en
2001,
Wysiwyg
en
2004,
Me
versus
you
en
2005,
La
Louise
en
2009,
Extravaganza
en
2011.
Michel
Jusforgues
l’encourage
à
jouer
pour
le
théâtre,
ce
qu'il
fait
avec
ce
dernier
en
2005
p our
"Mystère
Bouffe",
Dario
Fo.
En
2011,
il
intègre
l'équipe
de
Jean
Bellorini
p our
Paroles
Gelées
où
il
rencontre
Juliette
Roudet.
Après
un
an
de
tournée
où
il
joue
la
musique
sur
laquelle
elle
danse,
elle
lui
demande
de
la
rejoindre
sur
son
projet,
Crush.
Vincent
Sauve
a
étudié
la
musique
au
conservatoire
de
musique
d’Agen,
au
CIAM
et
au
conservatoire
national
de
musique
de
Bordeaux.
Diplômé
en
jazz,
il
a
collaboré
en
tant
que
batteur
avec
de
nombreux
musiciens
depuis
une
douzaine
d’années.
Bat-‐
teur,
percussionniste,
arrangeur,
Vincent
Sauve
est
un
coloriste,
marqueur
d’impulsions.
En
2010,
il
entre
dans
la
compagnie
Théâtre
au
vent,
en
tant
que
musi-‐
cien
dans
le
spectacle
Paquita
de
los
Colorès.
L’année
2011
marque
sa
rencontre
avec
Steve
Coleman.
Il
participe
à
la
master
class
au
sein
du
Nimbus
Orchestra
(29),
un
ensemble
éphémère
ayant
pour
but
l’étude
des
courants
jazz
actuels.
En
2012,
il
crée
Fly,
un
trio
musical
en
hommage
à
Jimi
Hendrix.
Vincent
Sauve
a
toujours
été
marqué
par
ce
son
sauvage
et
extraverti.
Il
collabore
actuellement
avec
Guillaume
Gargaud
(musique
libre),
Stéphane
Payen
(jazz
actuel)
et
Lewis
Tuersley
(rock).
Anne
Lezervant
commence
par
une
formation
de
danse
classique
et
d’architecture
DPLG
(École
d’architecture
de
Paris
Val
de
Marne),
elle
se
forme
à
l'École
du
Théâtre
National
de
Strasbourg
(pro-‐
motion
2011)
en
scénographie-‐costumes.
Dans
le
cadre
d'ateliers,
elle
a
travaillé
avec
Claude
Régy,
Valère
Novarina,
Jean-‐Pierre
Vincent,
Jacques
Nichet
et
Gildas
Milin.
En
2011-‐12,
elle
réalise
la
scénographie
et
accessoirise
le
Hamlet
de
William
Shakespeare,
mise
en
scène
Daniel
Mesguich.
En
2012/2013,
elle
réalise
la
scénogra-‐
phie
Des
mystères
de
Paris
de
Eugène
Sue,
adapté
par
Charlotte
Escamez
et
mis
en
scène
par
William
Mesguich,
les
costumes
de
l'Opéra
Hansel
et
Gretel
de
Humper-‐
dinck,
mis
en
scène
par
Mireille
Larroche,
la
scénographie
et
les
costumes
de
Vie
de
Jean
Nicoli
écrit
et
mis
en
scène
p ar
Noël
Casale.
Azeline
Cornut
intègre
en
2008
l'école
du
Théâtre
National
de
Strasbourg
en
section
régie
(gr.
39).
Dans
le
cadre
des
ateliers
d e
l'école,
elle
réalise
les
lumières
sur
«
Woy-‐
zeck
»
de
Georg
Büchner,
dirigé
par
Jean
Pierre
Vincent
et
Bernard
Chartreux,
ainsi
que
sur
l'atelier
de
danse
dirigé
par
Caroline
Marcadé,
L'architecte
des
Confidences.
A
sa
sortie
en
2012,
elle
réalise
les
lumières
pour
le
spectacle
jeune
public
L'Homme
à
tiroirs,
mis
en
scène
par
Jean-‐Yves
Ruf
et
en
assure
la
tournée
en
2013.
Elle
travaille
également
comme
régisseuse
plateau
et
générale
avec
la
compagnie
Les
irréguliers
sur
Et
la
nuit
sera
calme,
mis
en
scène
par
Amélie
Enon.
Elle
rejoint
cette
année
la
compagnie
de
cirque
Omnibus
et
participe
aux
créations
lumières
sous
chapiteau
de
ses
spectacles
Tsirk
et
Parc
d'Abstraction.
12
13. Cie HUB [‘œb]
Administration,
production,
diffusion
Hub
[‘œb],
compagnie
créée
par
Juliette
Roudet
en
2012,
est
n ée
du
désir
de
faire
se
côtoyer
le
mouvement,
la
théâtralité
et
la
musique
dans
chaque
projet.
Cette
recherche
transversale
est
étroitement
liée
à
son
parcours
artistique.
Après
avoir
cru
qu’elle
avait
abandonné
la
danse
pour
le
théâtre,
puis
le
théâtre
pour
la
mu-‐
sique,
elle
s’est
rendu
compte,
au
moment
où
l’envie
de
ce
premier
spectacle
est
née
qu’elle
était
en
fait
sur
le
chemin
de
la
convergence.
Hub,
en
anglais,
désigne
une
plaque
tournante,
un
concentrateur,
un
point
d’interconnexion
entre
différents
appareils.
C’est
ainsi
que
l’on
nomme
aussi
une
plateforme
de
correspondance,
une
zone
d’interface
privilégiée
par
sa
position
spatiale
et
ses
infrastructures
de
communication.
Le
travail
qui
se
déroule
au
sein
de
la
compagnie
est
ainsi
placé
sous
le
signe
de
cet
échange
permanent
entre
le
théâtre,
la
danse
et
la
musique.
production,
diffusion
dantès
pigeard
-‐
cie
hub
[‘œb]
28
rue
d’Enghien
-‐
75010
Paris
06
01
98
98
97/dantes.hub@gmail.com
13