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Développement et impact du
crédit d’impôt recherche : 1983-2011
avril 2014
2
3
Résumé
Ce rapport de synthèse sur le développement du crédit d’impôt recherche (CIR) et
l’évaluation de son impact répond au besoin d’un bilan après plusieurs années de mise en
œuvre de la réforme majeure intervenue en 2008. Ce délai de plusieurs années de recul
avait été estimé nécessaire par le rapport de l’Inspection générale des finances de 2010. Le
rapport de la Cour des comptes de 2013 a lui recommandé de renforcer les travaux
d’évaluation du CIR afin d’être en mesure de fournir un avis sur l’impact de la réforme de
2008 à partir d’analyses empiriques solides.
Ce rapport s’appuie sur différentes sources de données depuis l’origine du CIR jusqu’en
2011 et sur les études d’évaluation disponibles. Il s’attache à prendre en compte le
portefeuille de mesures, ou policy mix, en faveur des activités de recherche des entreprises.
L’impact des dépenses de recherche des entreprises sur les performances
économiques nationales justifie les aides publiques à la R&D privée
De nombreuses études ont mesuré un impact positif des dépenses de recherche et
développement (R&D) des entreprises sur leurs performances en matière d’innovation,
de productivité ou d’exportation. Au-delà de leur impact positif sur les performances de
l’entreprise, et donc de leur rendement privé, les dépenses de R&D engendrent des
«externalités», dans la mesure où elles génèrent des connaissances nouvelles qui se
diffusent et bénéficient à l’économie et la société.
Malgré les précautions des entreprises pour protéger leurs résultats de R&D, notamment
par des titres de propriété industrielle, la diffusion technologique peut par exemple
bénéficier à d’autres entreprises et renforcer leur capacité concurrentielle. Les analyses
empiriques tendent à confirmer que le rendement social des investissements en R&D des
entreprises est ainsi supérieur à leur rendement privé. Dans cette mesure, les entreprises
tendent à sous-investir dans la R&D par rapport à ce qui est souhaitable pour l’économie
dans son ensemble et les aides publiques visent à les inciter à investir plus. En effet, si
l’entreprise sous-investit, elle génèrera moins d’innovation pour elle-même, mais aussi
moins de diffusion de connaissances vers d’autres acteurs économiques et sociaux, avec
au total un impact négatif sur le potentiel de croissance du pays.
Les pays performants en matière de recherche et d’innovation combinent ainsi un
financement important de la recherche publique avec un soutien à la R&D des
entreprises.
Les modes de soutien public à la R&D des entreprises en France ont fortement
évolué
Dans les années 1990, la France était, comme les Etats-Unis, parmi les pays qui
cumulaient d’importants financements publics directs à la R&D des entreprises et des
incitations fiscales. Après la baisse des financements directs, le CIR a été fortement
augmenté depuis la seconde moitié des années 2000. En 2011, la créance du CIR a atteint
5,2 Mds € et les financements directs 2,5 Mds, soit un total de 7,7 Mds représentant
0,37% du PIB. Le taux de financement de la R&D des entreprises est revenu à son niveau
du début des années 1990, mais les poids respectifs du CIR et des aides directes ont été
inversés au sein du policy mix.
4
L’utilisation du CIR par les entreprises a beaucoup varié depuis 1983
Jusqu’en 1990, le nombre de déclarants a fortement augmenté, avant de reculer pour
descendre en dessous de 6 000 en 2003. Or, dans les années 1990 l’effet du CIR sur le
coût de l’investissement en R&D s’était amoindri. Le renforcement du CIR depuis 2004 a
au contraire rendu la mesure beaucoup plus attractive pour les entreprises et le nombre
de déclarants a très fortement augmenté, atteignant près de 20 000 en 2011. Plus de trois
quarts des bénéficiaires du CIR sont de petites entreprises fiscalement indépendantes, et
encore près des deux tiers ont moins de 50 salariés. Les petites entreprises déclarent
d’ailleurs souvent des dépenses faibles : plus de 4 500 entreprises déclarent des dépenses
inférieures à 70 000€, correspondant à un crédit d’impôt de 22 000€.
Les plus petites entreprises bénéficient du taux de CIR le plus élevé
En France, les PME indépendantes d’un groupe représentent une part bien moindre des
dépenses de R&D (15%) que les grandes entreprises (61%). Ces dernières bénéficient
d’un montant total d’aide (subventions et CIR) plus élevé. En revanche, les taux d’aide
sont plus élevés pour les PME, notamment dans le cas du CIR. En 2010, le CIR et le
dispositif Jeune Entreprise Innovante finançaient 34% des dépenses de R&D des PME et
les aides directes 12%, soit un total de 46%. Pour les grandes entreprises, les taux de
financement public étaient respectivement de 14% et 8%, soit un total de 22%.
Le numérique est parmi les premiers secteurs bénéficiaires du CIR
La distribution sectorielle du CIR reflète celle des activités de R&D des entreprises. Elle
suit aussi l’évolution de cette distribution : si les industries manufacturières continuent de
recevoir plus de 60% du CIR, les secteurs des services aux entreprises (informatique,
ingénierie…) représentent une part croissante. En 2011, le premier secteur bénéficiaire du
CIR reste l’industrie électrique et électronique (826 M€), mais le second devient le conseil
et assistance en informatique (596 M€) devant la pharmacie (573 M€). Cette évolution est
due à l’entrée de nombreuses PME du secteur informatique dans le CIR depuis 2008 ;
3 400 entreprises ont déposé une déclaration en 2011.
Les dépenses déclarées pour des travaux confiés à des institutions de recherche
publiques augmentent fortement
Pour l’ensemble des entreprises, les dépenses externalisées à des institutions publiques de
recherche ont atteint 533 M€ en 2011, pour un montant de CIR correspondant de 211
M€. Dans le cas des PME, ces dépenses ont été multipliées par plus de six depuis 2005,
contre quatre pour les dépenses externalisées à des entreprises. Cela s’explique par une
augmentation du nombre d’entreprises qui contractent avec les laboratoires publics, mais
aussi par une augmentation du montant moyen des contrats. Le doublement du taux de
CIR pour l’externalisation auprès d’institutions publiques mis en place à partir de 2004
semble ainsi avoir eu un effet incitatif, particulièrement pour les PME.
Malgré les effets négatifs de la désindustrialisation, l’intensité en R&D privée de la
France a augmenté depuis 2008, pour atteindre un niveau historique en 2012
L’impact de la désindustrialisation sur la structure économique de la France a pesé sur
l’intensité en R&D mesurée au niveau macroéconomique (R&D/PIB). Une analyse
détaillée montre que cette tendance structurelle est compensée, depuis 2006 et plus
fortement depuis 2008, par une intensification des investissements en R&D au niveau
sectoriel. Si l’intensité en R&D des secteurs était restée constante depuis 2001, l’effet de
structure de la désindustrialisation se serait traduit par une baisse des dépenses de
5
recherche des entreprises à 18 Mds € en 2011. Or, les dépenses observées en 2011 se sont
montées à 29 Mds €. Cet écart de 11 Mds € est plus de deux fois supérieur au montant du
CIR, qui a été de 5,2 Mds € en 2011. A partir de 2008, l’intensification des dépenses de
R&D dans les différents secteurs, industriels et de services, est devenu suffisamment
forte pour entraîner un redressement de l’intensité en R&D au niveau macroéconomique,
qui atteint 1,48% en 2012. Les entreprises étrangères ont contribué à cette dynamique et
identifient le CIR comme facteur d’attraction pour les activités de R&D en France.
Parallèlement à l’augmentation de leurs dépenses de R&D, les entreprises ont accru le
nombre de chercheurs qu’elles emploient, de 125 000 en 2007 à près de 160 000 en 2012.
Le renforcement du CIR depuis 2004 a eu un impact avéré sur les dépenses de R&D
des entreprises, ce qui exclut l’hypothèse d’un effet d’aubaine
Les trois études d’évaluation sur données individuelles d’entreprises qui ont été menées
depuis 2007, mesurent un impact positif du CIR sur les investissements en R&D des
entreprises. Les deux études qui incluent des données postérieures aux réformes 2004 et
2008 mesurent un impact accru du CIR dans la période récente. La dernière étude, qui a
évalué l’impact de doses plus ou moins fortes de CIR ou de subvention, mesure un
impact positif plus constant du CIR que des subventions, surtout depuis 2004.
Au total, les différentes études convergent pour indiquer que le CIR a un effet d’addition
sur les dépenses de R&D des entreprises, autrement dit que 1 € de CIR reçu par les
entreprises est investi dans des dépenses de recherche supplémentaires.
Le CIR est complémentaire d’autres dispositifs en faveur de la R&D et de
l’innovation
La politique française en faveur de la R&D comporte plusieurs dispositifs et les
entreprises utilisent souvent plusieurs de ces dispositifs. Ainsi, les Jeunes entreprises
innovantes cumulent-elles des exonérations de charges, des subventions à la R&D et le
CIR. Les entreprises adhérentes des pôles de compétitivité peuvent faire appel à
différents dispositifs pour mener à bien leurs travaux de R&D, notamment le CIR. Une
étude récente indique les PME adhérentes aux pôles ont eu plus recours au CIR que des
entreprises homologues qui n’ont pas adhéré. Cette étude estime que les PME
appartenant à un pôle font plus de R&D que des entreprises similaires hors pôles, sans
pouvoir distinguer l’impact spécifique du pôle de celui du CIR. Les dispositifs en faveur
de la recherche partenariale entrent aussi en synergie avec le CIR. La politique en faveur
de l’innovation combine en effet des incitations à la demande par des entreprises via des
contrats de R&D avec des institutions publiques (CIR) avec des incitations à l’offre par
des laboratoires (instituts Carnot). Les évaluations d’impact doivent prendre ces
interactions en compte afin d’apprécier l’efficacité des différents dispositifs, mais aussi le
policy mix en faveur de tel ou tel objectif. Cette règle est particulièrement importante pour
les dispositifs dont les objectifs convergent avec ceux du CIR du fait de son poids.
6
Table des matières
Résumé ...................................................................................................................................3
Introduction............................................................................................................................10
Chapitre 1 Pourquoi et comment soutenir les dépenses de R&D des entreprises ?..............12
1. 1 Justification du soutien public aux dépenses de R&D des entreprises...........................................12
1. 2 Etudes empiriques de l’impact de la R&D de l’entreprise................................................................14
1. 2. 1 Evaluation du rendement privé de la R&D.....................................................................................14
1. 2. 2 Evaluation du rendement social de la R&D ....................................................................................16
1. 3 Evolution du policy mix en faveur de la R&D des entreprises en France........................................17
Chapitre 2 Utilisation des aides à la R&D par les entreprises en France..............................21
2. 1 Un recours au CIR variable selon les périodes et le mode de calcul...............................................21
2. 2 Distribution des dépenses de R&D et des aides par taille d’entreprises.........................................24
2. 3 Evolution des dépenses déclarées et du CIR par secteur d’activité.................................................29
2. 4 Types de dépenses déclarées au CIR par les entreprises...................................................................32
2.4.1 Evolution de la R&D externalisée...............................................................................................32
2. 4. 2 Augmentation des dépenses externalisées à des institutions publiques.................................................34
Chapitre 3 Dynamique des dépenses de R&D des entreprises en France 2001-11................38
3. 1 Structure sectorielle des économies et intensité en R&D.................................................................38
3. 2 Impact de la désindustrialisation (et du CIR) sur l’intensité en R&D.............................................40
3. 3 Augmentation du nombre de chercheurs dans les entreprises.........................................................48
3. 4 Evolution de l’attractivité de la France pour les activités de R&D .................................................49
3. 4. 1 Coût des activités de R&D et dispositifs fiscaux...............................................................................49
3. 4. 2 Investissements étrangers dans la R&D en France ...........................................................................50
Chapitre 4 Evaluation de l’impact du CIR sur la R&D des entreprises ................................52
4. 1 Stratégie d’évaluation de l’impact du CIR ...........................................................................................53
4. 2 Evaluation d’impact conjointe du CIR et des subventions à la R&D.............................................55
4. 3 Impacts combinés du CIR et d’autres dispositifs de soutien à la R&D..........................................58
Conclusion ..............................................................................................................................61
Références...............................................................................................................................64
Annexe 1. Evolution des dispositions du CIR, 1983-2011 ......................................................................72
Annexe 2. Traitement des données relatives au CIR ................................................................................78
Annexe 3. Rapports publics sur le CIR depuis 2006.................................................................................79
Annexe 4. Coût d’usage de la R&D pour les entreprises .........................................................................80
Annexe 5. Glossaire (acronymes et définitions) ........................................................................................81
Remerciements .......................................................................................................................84
7
Liste des tableaux
Tableau 1. Principales évolutions du mode de calcul du CIR*, 1983-2011........................................... 22
Tableau 2. Distribution des bénéficiaires, des dépenses déclarées et du CIR par taille d’entreprise 26
Tableau 3. Entreprises ayant une activité interne de R&D et dépenses intérieures de R&D par
catégorie d’entreprises en 2010 .................................................................................................................... 26
Tableau 4. Distribution des montants de CIR en 2011............................................................................ 27
Tableau 5. Distribution des financements publics à la R&D par taille d’entreprise, 2010.................. 28
Tableau 6. Distribution des dépenses de R&D et du CIR par activité en 2011, %.............................. 30
Tableau 7. Distribution sectorielle du CIR 2011, en M€.......................................................................... 31
Tableau 8. Distribution des dépenses déclarées au CIR par type, en %, 2011...................................... 32
Tableau 9. Nombre d’entreprises ayant confié des travaux de R&D à des institutions publiques de
recherche sans lien de dépendance ou embauché des jeunes docteurs.................................................. 33
Tableau 10. Dépenses externalisées selon le type de sous-traitant, 2011............................................... 33
Tableau 11. Modalités d’application du CIR pour les dépenses externalisées à des institutions
publiques de recherche..................................................................................................................................35
Tableau 12. Evolution des dépenses externalisées déclarées au CIR, institutions et entreprises
sans lien de dépendance, 2005 - 2011 ......................................................................................................... 36
Tableau 13. Distribution par taille des entreprises déclarant des dépenses externes dans leur
assiette CIR, institutions et entreprises sans lien de dépendance............................................................ 37
Tableau 14. Décomposition de l’écart d’intensité en R&D privée par rapport à 2001, 2002-2011... 42
Tableau 15. Nombre de projets d'implantation en France, 2003-2012.................................................. 50
Tableau 16. Nombre d’entreprises ayant une activité de R&D en France et montant de leur
DIRD par nationalité d’origine, 2010.......................................................................................................... 51
Tableau 17. Impact d’un euro supplémentaire d’aide sur la dépense de R&D, selon les dispositifs,
les montants d’aide et les périodes............................................................................................................... 57
Tableau 18. Subventions aux dépenses de R&D déclarées par les entreprises dans le cadre du
CIR, 2011......................................................................................................................................................... 59
Tableau 19. Les JEI et le CIR....................................................................................................................... 59
8
Liste des graphiques
Graphique 1. Impact de la R&D d’une entreprise sur ses performances et sur les connaissances
externes............................................................................................................................................................13
Graphique 2. Financements publics à la R&D des entreprises en France, 1993-2011, M€ ...............18
Graphique 3. Financements publics à la R&D des entreprises en France, 1993-2011, en
pourcentage du PIB .......................................................................................................................................18
Graphique 4. Nombre de déclarants et de bénéficiaires du CIR, 1983-2011........................................23
Graphique 5. Réduction du coût de l’investissement en R&D représentée par le CIR et les
subventions à la R&D, 1978-2008...............................................................................................................23
Graphique 6. Montant du CIR en millions d’euros courants, 1983-2011..............................................24
Graphique 7. Distribution des dépenses de R&D et des financements publics par taille
d’entreprises, 2011..........................................................................................................................................28
Graphique 8. Dépenses externalisées à des institutions publiques de recherche déclarées au CIR...35
Graphique 9. Intensité en R&D des entreprises observée et simulée pour la structure sectorielle
moyenne des pays de l’OCDE, 2011...........................................................................................................39
Graphique 10. Evolution de la part de la R&D privée dans la valeur ajoutée par grand secteur et
dans le PIB ......................................................................................................................................................40
Graphique 11. Ecart à l’intensité en R&D de 2001 et ses composantes, 2002-2011...........................44
Graphique 12. Evolution de la part de la R&D dans la valeur ajoutée par activité, 2001-2011 .........46
Graphique 13. Montant de la R&D privée observé et simulé pour tenir compte la
désindustrialisation et du CIR, 2002-2011..................................................................................................47
Graphique 14. Evolution du personnel de R&D dans les entreprises en France, 1998-2012............48
Liste des encadrés
Encadré 1. L’intégration fiscale et le calcul du montant du CIR.............................................................25
Encadré 2. Le traitement des groupements de sociétés (holdings) dans le CIR ...................................29
Encadré 3. Méthode pour la réaffectation du CIR aux sociétés déclarantes.........................................30
Encadré 4. Décomposition sectorielle de l’évolution de l’intensité en R&D........................................41
Encadré 5. Nomenclatures pour le calcul de l’évolution de l’intensité en R&D ..................................42
Encadré 6. Etudes d’évaluation du CIR engagées par le MESR, 2005-2013.........................................53
Encadré 7. Indicateurs d’impact des aides publiques à la R&D..............................................................56
Encadré 8. Dates de dépôt des déclarations CIR.....................................................................................78
Encadré 9. Composantes du coût d’usage de la R&D pour les entreprises ..........................................80
9
10
Introduction
Les analyses empiriques menées dans différents pays et à l’échelle internationale indiquent
que les investissements en R&D améliorent les performances des entreprises, qu’elles soient
mesurées par la productivité, l’introduction de nouveaux produits ou les exportations. Au
niveau individuel, les activités de R&D permettent à l’entreprise d’innover, mais aussi
d’accroître sa capacité à absorber des connaissances développées par d’autres et à adopter
des innovations. Autrement dit, les activités de R&D des entreprises constituent à la fois un
facteur d’innovation et un facteur de diffusion de l’innovation dans une économie. Les
entreprises qui conduisent des activités de R&D sont aussi mieux à même de tirer parti
d’innovations étrangères. La capacité de croissance par l’innovation d’un pays dépend ainsi
en grande partie de l’effort de recherche des entreprises sur son territoire. C’est pourquoi les
politiques publiques en Europe cherchent depuis une décennie à stimuler les
investissements dans les activités de R&D. Il s’agit d’accroître la capacité de croissance
intensive en connaissance dans un contexte mondial où les activités industrielles se sont
diffusées et où de nombreux pays investissent dans l’innovation. Cet objectif a été réaffirmé
dans le cadre de la démarche stratégique engagée par la Commission Européenne pour
2020, l’Union pour l’innovation. En France, le rôle de l’innovation dans la compétitivité des
entreprises et la capacité de croissance nationale a été reconnu, et le renforcement de la
capacité d’innovation constitue l’un des axes forts de la politique économique.
L’importance des investissements dans la connaissance n’a pas été éclipsée par la crise
économique qui s’est déclenchée en 2008. Au contraire, différents pays ont accru leur
soutien aux activités de R&D dans le cadre des plans de relance et des stratégies de sortie de
crise. La France s’est inscrite dans cette perspective avec le cumul de l’accélération du
remboursement des créances de crédit d’impôt recherche (CIR), l’accroissement des aides
directes à l’innovation et le Programme d’investissements d’avenir. A la fin des années 2000,
la France est ainsi l’un des pays qui apporte le plus de soutien à la R&D des entreprises.
Le CIR a été profondément réformé en 2008, devenant assis sur le volume des dépenses
déclarées et offrant un taux normal de 30%. Suite à cette réforme, le CIR est devenu le
principal financement public des activités de R&D des entreprises en France. En
conséquence, il interagit avec tous les autres dispositifs incitatifs en matière de R&D des
entreprises. L’évaluation de l’impact du CIR est ainsi non seulement importante du fait des
montants de financement public en jeu, mais aussi du fait de son rôle au sein du policy mix
de la France en faveur de la R&D et de l’innovation.
Le CIR est une mesure dont l’utilisation est connue en détail, notamment à travers la base
de données générée à partir des opérations de suivi et de gestion du MESR. Au-delà, le CIR
a fait l’objet d’un grand nombre de rapports depuis 2006. Premièrement, de la part des
corps de contrôle, IGF et Cour des comptes. Deuxièmement, de la part du Parlement.
Enfin, de la part du gouvernement, qui a rendu quatre rapports au Parlement qui avaient été
prévus par la loi de programmation de la recherche de 2006 et des lois de finances.
Les rapports transmis au Parlement (MESR 2006b, 2008, 2009a, 2010) ont apporté des
analyses statistiques sur l’évolution du CIR et développé des thèmes spécifiques comme
l’utilisation de plusieurs types d’aide par les entreprises ou l’impact sur l’attractivité de la
France pour la R&D. Ils ont aussi rendu compte des travaux d’évaluation d’impact du CIR,
ainsi que de travaux similaires menés dans les pays qui disposent de dispositifs fiscaux en
11
faveur de la R&D. Depuis le dernier rapport au Parlement en 2010, les travaux d’évaluation
du CIR ont été poursuivis et ont donné lieu à des échanges avec la Cour des comptes dans
le cadre de ses travaux en 2012 et 2013 (Cour des comptes 2013). Les études d’impact
n’ont pas pu porter sur toutes les années pour lesquelles les données du CIR étaient
disponibles en 2013 (soit 2011) car d’autres données d’entreprises nécessaires n’étaient pas
encore disponibles.
Le présent rapport a ainsi un double objectif. Premièrement, exploiter de manière
approfondie les données disponibles sur le CIR dans une perspective historique et jusqu’à
l’année 2011. Ces données sont utilisées conjointement avec les données sur les dépenses de
R&D des entreprises et sur les autres financements publics des activités de R&D des
entreprises. Cela permet de donner une image précise de l’évolution du CIR et de son rôle
dans le policy mix en faveur de la R&D. Cela permet aussi de fournir une analyse
approfondie de l’évolution de l’intensité en R&D privée en France, qui s’est redressée
depuis 2008. Deuxièmement, le rapport propose une synthèse des évaluations d’impact du
CIR, y compris la dernière étude commissionnée par le MESR qui a pu s’appuyer sur les
données 2008 et 2009, donc après la réforme. Là encore, il s’efforce de prendre en compte
l’existence d’autres dispositifs de politique publique en faveur de la R&D et de l’innovation.
Le rapport comporte 4 chapitres.
Le chapitre 1 revient sur le rôle des dépenses de R&D privée dans le potentiel de croissance
des pays à hauts revenus. Il précise pourquoi et comment les politiques publiques
soutiennent les dépenses de R&D des entreprises. Le policy mix de la France dans ce
domaine a fortement changé depuis vingtaine d’années, au profit du CIR.
Le chapitre 2 détaille l’évolution du CIR entre 1983 et 2011. Il souligne le contraste entre la
décennie 1990 au cours de laquelle le CIR a enregistré une certaine désaffection de la part
des entreprises et la dernière décennie. Ce chapitre fournit des statistiques détaillées sur
l’utilisation du CIR et des financements directs à la R&D par les entreprises jusqu’en 2011.
Des données détaillées sont fournies sur l’utilisation des différentes dispositions du CIR.
Le chapitre 3 analyse l’évolution des dépenses de R&D des entreprises en France au cours
de la décennie 2001-2011. Il souligne le rôle de la composition sectorielle de l’économie
pour expliquer l’intensité en R&D de la France. Le chapitre propose ensuite une analyse
approfondie de la dynamique de l’intensité en R&D de la France et du rôle de la
désindustrialisation au cours de la décennie 2000. Ce chapitre souligne qu’à partir de 2008 la
France a connu un redressement de l’intensité en R&D privée malgré la désindustrialisation.
Cette dynamique s’est accompagnée d’une augmentation du nombre de chercheurs dans les
entreprises.
Le chapitre 4 traite plus spécifiquement des études d‘évaluation d’impact du CIR sur les
dépenses de R&D des entreprises. Il présente les résultats de l’étude la plus récente qui
évalue à la fois l’impact du CIR et l’impact des subventions à la R&D. Le chapitre aborde
aussi la question de l’évaluation de l’impact du cumul de différents dispositifs d’aide par
certaines entreprises.
La conclusion synthétise les résultats sur le rôle du CIR dans la politique publique. Elle
envisage les nouvelles analyses qui peuvent contribuer à approfondir l’évaluation de l’impact
du CIR et au-delà de la politique en faveur de la R&D et de l’innovation.
12
Chapitre 1
Pourquoi et comment soutenir les dépenses de R&D des
entreprises ?
Les politiques publiques cherchent à stimuler l’innovation comme facteur essentiel de
productivité et de performance des entreprises, particulièrement dans les économies à haut
revenu fondées sur la connaissance. Les pays développent ainsi progressivement un
ensemble de politiques publiques et d’infrastructures en faveur de la recherche publique, de
la recherche privée et de leurs interactions.
De nombreuses études ont montré que les activités de R&D ont un impact positif sur les
performances des entreprises en matière d’innovation et de productivité. Les activités de
R&D ont un impact direct sur la propension à générer des innovations, mais aussi un
impact indirect sur le renforcement de la capacité d’absorption par l’entreprise des
connaissances externes. Ces activités contribuent ainsi à la fois à la création de
connaissances, à l’innovation et à la diffusion des nouvelles technologies.
Du fait de l’impact positif des activités de R&D sur les performances économiques, les
politiques publiques veillent à ce que les entreprises y investissent suffisamment. Or, du fait
des caractéristiques des connaissances issues de la R&D, les entreprises tendent à sous-
investir dans ces activités. Le soutien public aux activités de R&D des entreprises est ainsi
traditionnellement fondé sur les retombées économiques hors de l’entreprise qui consent
l’investissement, y compris en faveur de concurrents potentiels. S’ajoute à cet argument en
termes d’externalités, celui de la prise de risque qui peut être difficilement finançable. Dans
le contexte de la mondialisation et du fait de la mobilité accrue des personnes comme des
investissements, ces arguments classiques ont été renforcés par la nécessité d’accroître
l’attractivité des territoires nationaux pour les activités de R&D.
En fonction du contexte économique et de la dynamique de l’innovation, les politiques
publiques s’appuient sur un portefeuille de dispositifs pour inciter les entreprises à engager
plus de dépenses de R&D. En France, depuis une quinzaine d’années, le poids du CIR dans
le policy mix a été considérablement renforcé.
1. 1 Justification du soutien public aux dépenses de R&D des entreprises
Les entreprises investissent dans les activités de R&D dans la mesure où elles en attendent
une amélioration de leurs performances et de leur positionnement concurrentiel. Les
résultats de leurs efforts de R&D génèrent des connaissances qui nourrissent la capacité
d’innovation de l’entreprise de deux manières. Premièrement, des connaissances
directement utilisables pour obtenir des résultats et générer des innovations, de produits ou
de procédés. Deuxièmement, des connaissances qui renforcent la capacité d’absorption et
d’ouverture efficace aux connaissances externes. Etant donné que le stock de connaissances
de l’entreprise s’appuie à la fois sur les efforts de R&D internes et sur l’absorption de
résultats externes (graphique 1), les investissements en matière de R&D et d’innovation de
l’entreprise doivent veiller à assurer une bonne capacité d’absorption. Ainsi, les entreprises
13
les plus innovantes, notamment dans les secteurs intensifs en recherche, tirent parti de
travaux de recherche de base menés en interne ou en coopération1
.
Graphique 1. Impact de la R&D d’une entreprise sur ses performances et sur les
connaissances externes
Sources : élaboration à partir de la littérature économique
Au-delà de leur impact positif sur les performances de l’entreprise, et donc de leur
rendement privé, les dépenses de R&D engendrent des externalités positives. En effet, les
connaissances générées se diffusent plus ou moins largement et ne peuvent pas être
totalement appropriées par l’entreprise qui a consenti les investissements en R&D pour sa
capacité d’innovation propre. La diffusion technologique peut en particulier bénéficier à
d’autres entreprises et renforcer leur capacité concurrentielle (graphique 1). Les études
empiriques confirment que le rendement social des investissements en R&D des entreprises
est supérieur à leur rendement privé.
Du fait de ces externalités de connaissance et malgré l’existence de droits de propriété
intellectuelle, les entreprises ne peuvent s’approprier tous les bénéfices de leur activité de
R&D. En conséquence, elles tendent à sous-investir par rapport à ce qui serait souhaitable
du point de vue de la société, réduisant ainsi le potentiel d’innovation au niveau national. Le
soutien public a pour objectif de compenser les incitations insuffisantes des entreprises à
investir dans la R&D en abaissant le coût final de ces investissements.
1 Voir (Leten et al. 2010), Weick et Jain (2014).
14
Les risques présentés par certains projets de R&D constituent des motivations
complémentaires d’intervention publique. Le risque peut être trop important et à trop long
terme pour être assumé par un ou quelques acteurs privés dans la mesure où le financement
par les marchés de ce type de projet est difficile. L’Etat qui a la capacité de mutualiser les
risques, peut alors chercher à inciter les acteurs à les prendre. De plus, des phénomènes
d’asymétrie d’information entre entrepreneurs et créanciers peuvent empêcher des projets
de R&D pourtant rentables, d’être financés.
Par ailleurs, les politiques de soutien à la R&D des entreprises ont été influencées par le
contexte de la mondialisation et l’émergence de réseaux mondiaux d’innovation.
L’internationalisation des activités de R&D des entreprises a d’abord été suscitée par le
développement de la demande et des capacités de production dans de nouveaux pays. La
Chine, mais aussi d’autres pays en rattrapage où le dynamisme de la croissance a attiré des
unités de production, qui elles-mêmes appellent des activités de développement technique
pour assurer l’adaptation aux spécificités de la demande locale et des conditions de
production. L’internationalisation de la R&D résulte cependant aussi de l’attraction exercée
par les capacités scientifiques et techniques disponibles à l’étranger. Le développement de
réseaux mondiaux d’innovation à la configuration mouvante ont fait de l’attractivité pour les
activités de R&D un enjeu de plus en plus central pour les politiques publiques2
. Cette
préoccupation n’est certes pas complètement nouvelle, mais elle s’est nettement affirmée
avec l’évolution de la mobilité des activités de R&D des entreprises depuis une vingtaine
d’années. Les politiques publiques cherchent ainsi à favoriser les dépenses de R&D sur leur
territoire de la part des entreprises locales et des entreprises étrangères.
1. 2 Etudes empiriques de l’impact de la R&D de l’entreprise
De nombreuses études empiriques ont mesuré l’impact des activités de R&D des
entreprises sur les performances internes des entreprises elles-mêmes et au-delà sur la
génération et la diffusion des connaissances nouvelles qui résultent de ces activités. Les
résultats de ces analyses sont résumés ci-dessous en distinguant le rendement privé des
activités de R&D des entreprises (1.2.1) de leur rendement social à travers la diffusion des
connaissances (1.2.2).
1. 2. 1 Evaluation du rendement privé de la R&D
Des nombreux travaux ont estimé l’impact des investissements en R&D des entreprises sur
leur productivité. Dans leur recension des estimations publiées entre 1980 et 2009, Hall,
Mairesse et Mohnen (2009) concluent que le rendement privé de la R&D mesuré en termes
de gain de productivité est toujours positif et est souvent supérieur au rendement du capital
physique, même si les résultats varient en fonction de la méthode, du pays et de la période
d’observation. Une étude récente démontre que l’intensité en R&D de l’entreprise a un
impact positif et significatif à moyen-terme sur la croissance des effectifs (Capasso, Treibich
et Verspagen 2014). Les auteurs soulignent que l’impact de la R&D s’observe après un délai
et donc qu’il est important d’estimer son impact sur le moyen ou le long-terme.
2 Pour une revue des contributions et données récentes, voir Sachwald (2013).
15
Des travaux plus nombreux ont estimé l’impact des dépenses de R&D sur la propension à
innover des entreprises d’une part et l’impact de l’innovation sur les performances des
entreprises d’autre part.
Différentes analyses empiriques ont établi un impact positif des dépenses de R&D des
entreprises sur leurs performances en matière d’innovation. Des analyses récentes sur
données françaises, néerlandaises ou canadiennes montrent que les entreprises qui ont
effectué de la R&D de manière continue dans un passé proche ont une probabilité plus
forte d’introduire un produit nouveau et/ou d’avoir un chiffre d’affaires innovant plus élevé
(Raymond et al. 2013, Rosa et Mohnen 2013). Conte et Vivarelli (2013) montrent aussi, à
partir de données italiennes, que l’investissement en R&D augmente la probabilité de
l’entreprise de générer des innovations de produit. L’intensité en R&D de l’entreprise3
a en
outre un impact positif sur le montant du chiffre d’affaires innovant en France et aux Pays-
Bas (Raymond et al. 2013).
Ces études récentes confirment ainsi que les entreprises qui conduisent régulièrement des
travaux de R&D tendent à être les plus innovantes. Une analyse sur données françaises a
notamment montré que ce sont les entreprises qui conduisent des travaux de R&D qui sont
les pionnières sur leur marché, plutôt que les « imitatrices » (MENESR, 2007). Or, c’est
l’introduction de produits nouveaux pour le marché qui permet d’augmenter
significativement les ventes de l’entreprise, alors que l’introduction de produits nouveaux
seulement pour l’entreprise a un impact beaucoup plus faible (Isogawa et al. 2012).
Les entreprises qui investissent en R&D et sont des pionnières sur leurs marchés
conduisent aussi des innovations organisationnelles et de marketing. Innovations
technologiques et non-technologiques ne doivent donc pas être opposées, même si les
secondes sont plus fréquentes que les premières, notamment dans les secteurs de services.
Une étude allemande confirme les interactions positives entre innovations technologiques et
non-technologiques : les innovations marketing coïncident souvent avec des innovations de
produits et les innovations organisationnelles tendent à accompagner des innovations de
procédé (Schmidt et Rammer 2007).
Si les dépenses de R&D ont un impact positif sur les innovations de produit, l’acquisition
de technologies (brevets par exemple) influence plutôt les innovations de procédés (Conte
et Vivarelli 2013). Par ailleurs, l’acquisition de technologie tend à avoir un impact supérieur
sur les innovations de procédés et les ventes de produits innovants pour les petites
entreprises. Les dépenses de R&D s’avèrent elles fondamentales pour stimuler l’innovation
de produit, que ce soit dans les petites ou les grandes entreprises. L’impact de la R&D est
cependant plus fort sur le chiffre d’affaires innovant pour les grandes entreprises.
Les études qui mesurent l’impact de l’innovation sur la productivité ou les exportations de
l’entreprise trouvent un impact positif. Dans sa recension des travaux sur ce sujet, Hall
(2011) souligne que de nombreuses études économiques ont mesuré un impact positif et
significatif de l’innovation de produit sur la productivité des entreprises. Il y a
potentiellement des liens de causalité réciproques entre innovation et productivité et
certaines analyses se sont attachées à montrer que c’est bien l’innovation de produit qui a un
impact positif sur la productivité du travail et non l’inverse (Raymond et al. 2013). Isogawa
et al. (2012) montrent à partir de données japonaises que l’innovation de produit a un
3 Dépenses de R&D par employé.
16
impact positif sur le niveau de productivité de l’entreprise, mais que cet impact n’est
significatif que si l’innovation est nouvelle pour le marché et non pour la seule entreprise,
c’est-à-dire dans les cas où elle est imitatrice. Plus généralement, il est intéressant de
distinguer les types d’innovation, même si cette question est empiriquement difficile (Hall,
Mairesse et Mohnen, 2009).
Différents travaux ont aussi cherché à mesurer l’impact de l’innovation sur les exportations
des entreprises. Exporter implique généralement une adaptation aux exigences des marchés
étrangers en termes de qualité et/ou de compétitivité-coût. En conséquence, les décisions
d’exporter et d’innover peuvent être simultanées. Cette analyse générale a été confirmée
dans le cas de la France (Bellone et Guillou 2010, Bouvier 2012) et du Royaume-Uni
(Ganotakis et Love 2011) par exemple. L’analyse de l’impact spécifique de l’innovation sur
les exportations suppose donc de contrôler l’endogénéité potentielle entre innovation et
exportation. Différents travaux ont abordé cette problématique et ont conclu que
l’introduction d’innovations de produit a un impact positif et significatif sur la probabilité
d’exporter4
ou sur l’intensité de l’exportation (Bocquet et Musso, 2011 ; Lachenmaier et
Woessmann, 2006). Quelques études n’ont cependant pas mesuré d’impact significatif de
l’innovation sur les exportations5
.
1. 2. 2 Evaluation du rendement social de la R&D
Les connaissances générées par les activités de R&D des entreprises ne sont pas totalement
appropriées par ces dernières pour générer des innovations. La diffusion d’une partie des
connaissances générées peut notamment bénéficier à d’autres entreprises pour leur propre
processus d’innovation. Plus généralement, la diffusion des connaissances générées par la
R&D de l’entreprise représente des externalités au profit d’acteurs privés et publics de la
société, comme le souligne le graphique 1 ci-dessus. Dans cette mesure le rendement des
dépenses de R&D des entreprises peut être supérieur au seul rendement privé pour
l’entreprise qui a investi dans les activités de R&D.
Dans leur revue de la littérature sur l’impact des investissements dans la R&D par les
entreprises, Hall, Mairesse et Mohnen (2009) concluent que le rendement social de la R&D
est presque toujours supérieur au rendement privé6
. Autrement dit, les externalités s’avèrent
très majoritairement positives et accroissent le rendement total des investissements en R&D
pour la société.
Bloom et al. (2013), soulignent que deux types d’externalités s’opposent : les externalités
technologiques sont positives pour les autres entreprises alors que les externalités de rivalité
de produit sur le marché sont négatives pour l’entreprise qui a investi dans la R&D et ainsi
généré des connaissances qu’elle ne peut complètement s’approprier. Cependant, leur
analyse empirique sur des données d’entreprises américaines indique que le premier effet est
supérieur au second. Au total, le rendement social de la R&D des entreprises serait au
moins deux fois supérieur au rendement privé.
4 Voir Cassiman et Martinez-Ros (2005), Caldera (2010), Becker et Egger (2007), Bocquet et Musso (2011),
Ganotakis et Love (2011).
5 Damijan et al. (2008), Van Beveren et Vandenbussche (2009).
6
Les estimations du rendement social varient plus d’une méthode à l’autre ou d’un échantillon à l’autre que
celles du rendement privé.
17
Des analyses plus précises des processus d’innovation des entreprises suggèrent que certains
projets de R&D génèrent plus d’externalités que d’autres. Ainsi, les projets d’innovation
radicale représentent à la fois plus de risques et génèrent plus de connaissances nouvelles.
Ils impliquent aussi désormais souvent des pratiques d’innovation ouverte.
Les entreprises pionnières, qui introduisent les innovations sur le marché, s’appuient à la
fois sur des interactions avec leurs clients et avec la recherche académique. Les entreprises
imitatrices utilisent elles relativement plus leurs fournisseurs et leurs concurrents comme
source d’information pour innover (MENESR, 2007). Les entreprises qui ont adopté une
stratégie d’innovation ouverte (qui ont acheté et/ou vendu des services de R&D à d’autres
entreprises) sont plus innovantes que les entreprises qui effectuent leur R&D uniquement
en interne (Lokshin et al. 2008, Rosa et Mohnen 2013). Les grandes entreprises ont une
probabilité plus élevée d’adopter une stratégie d’innovation ouverte que les petites (Rosa et
Mohnen 2013). Les entreprises qui ont atteint la frontière technologique dans leur secteur
bénéficiant moins des externalités provenant d’autres entreprises, elles ont intérêt à
collaborer avec des universités étrangères (Monjon et Waelbroeck 2003).
Les analyses empiriques mesurent les externalités positives des activités de R&D des
entreprises et les facteurs qui peuvent les amplifier. Elles indiquent aussi que les
coopérations en matière de R&D et les pratiques d’innovation ouverte ont un impact positif
sur l’innovation, notamment sur la propension à générer des innovations radicales. Ces
analyses confirment ainsi la pertinence des politiques publiques de soutien à la R&D des
entreprises et aux pratiques de recherche collaborative, notamment avec les institutions
publiques de recherche. Les politiques publiques de nombreux pays ont développé des
dispositifs incitatifs spécifiques dans ce domaine de façon à favoriser la complémentarité
entre recherche publique et privée et à stimuler les transferts de technologie. Il faut
cependant noter que les analyses empiriques soulignent aussi l’importance pour le succès de
pratiques d’innovation ouverte, de cultiver la capacité d’absorption de l’entreprise.
1. 3 Evolution du policy mix en faveur de la R&D des entreprises en France
Les politiques publiques qui visent à inciter les entreprises à accroître leurs dépenses de
R&D en réduisant le coût de la R&D utilisent deux grands types d’instruments : le
financement direct (subventions) et le financement indirect ou fiscal (crédit d’impôt,
déduction majorée). Chacun présente des spécificités, des points forts et des points faibles.
Comme d’autres pays, la France utilise les deux types d’incitation à la R&D. Il faut donc
apprécier le dosage de chacun des instruments au sein d’un policy mix qui dépend des
spécificités de l’économie nationale et des priorités de la politique publique.
L’instrument fiscal est transversal et crée un environnement plus favorable à
l’investissement en R&D pour toutes les entreprises, quel que soit leur âge, leur taille ou leur
secteur d’activité. Il laisse le choix des projets de R&D aux entreprises, ce qui peut être un
avantage dans un contexte de progrès technologique rapide et de multiplication des
combinaisons entre technologies et secteurs pour innover. Les subventions semblent elles
mieux adaptées à des interventions ciblées, sur un projet, un secteur ou une catégorie
d’entreprises, faisant face par exemple à des externalités ou des risques particulièrement
élevés. Elles supposent d’une part que les autorités publiques sont en mesure d’identifier les
secteurs et les projets pertinents et d’autre part qu’elles disposent de ressources et
compétences suffisantes pour instruire les dossiers.
18
Graphique 2. Financements publics à la R&D des entreprises en France,
1993-2011, M€ courants
Remarque : ce graphique ne tient pas compte du financement indirect que représente le dispositif Jeune entreprise innovante
(allègements de charges d’environ 130 millions d’euros par an).
Sources : base GECIR, MESR-DGRI-C1 pour le CIR ; DGESIP/DGRI-SIES-C1 pour les financements directs
Graphique 3. Financements publics à la R&D des entreprises en France, 1993-2011, en
pourcentage du PIB
Sources : MESR- DGRI-C1et DGESIP/DGRI-SIES-C1
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
4 000
4 500
5 000
5 500
6 000
6 500
7 000
7 500
8 000
Crédit d'impôt
recherche
0,00%
0,05%
0,10%
0,15%
0,20%
0,25%
0,30%
Total financements directs dont défense dont civil CIR
Financements
directs
19
Depuis le début des années 1990, la France, comme d’autres pays de l’OCDE, a modifié
son policy mix en faveur des activités de R&D des entreprises, d’abord en réduisant les aides
directes, puis en renforçant les aides fiscales (graphique 2). La comparaison des graphiques
2 et 3 souligne que cette évolution a été plus nette en part du PIB qu’en montant des aides
publiques.
En pourcentage du PIB, le financement public de la R&D a baissé de près de 0,12% au
début des années 1990, pour augmenter de 0,22% entre 2004 et 2008 (graphique 3). Après
la baisse des financements directs au cours des années 1990, le taux est resté relativement
stable autour de 0,15% du PIB, avant une nouvelle baisse du financement de la R&D de
défense. En conséquence, le financement de la R&D de défense, longtemps resté deux fois
plus important que celui de la R&D civile, est devenu équivalent autour de 0,05% du PIB.
A l’inverse, l’intensité de l’aide fournie par le CIR a augmenté à partir de 2004, devenant
plus forte que l’intensité des subventions à la R&D civile dès 2005 et plus forte que
l’ensemble des financements directs à partir de 2008. Au total, l’ensemble des financements
publics de la R&D des entreprises retrouve son niveau du début des années 1990 à la fin de
la décennie 2000, mais avec un policy mix inversé entre les aides directes et indirectes.
Cette évolution du policy mix peut s’expliquer par des tendances de fond. Dans les pays où la
R&D de défense était importante, le financement public a été réduit dans les années 1990
avec la fin de la guerre froide. Plus généralement, différentes analyses des systèmes
d’innovation ont souligné l’importance de l’environnement des affaires et des écosystèmes
favorables à la créativité et à la prise de risque pour stimuler les dépenses de R&D et
d’innovation. Or, ces caractéristiques transversales des économies nationales ne reposent
pas sur des subventions ciblées. Par ailleurs, la complexité des processus d’innovation et le
caractère pluri-technologique de nombreuses innovations peuvent justifier un soutien
général aux dépenses de R&D qui génèrent des externalités pour l’ensemble de l’économie
sans que les secteurs les plus bénéficiaires soient identifiés à l’avance. Enfin, dans le
contexte de l’internationalisation des activités de R&D, le renforcement des aides fiscales
traduit en partie la concurrence à laquelle se livrent les pays pour attirer de nouvelles
implantations de centres de R&D.
Les instruments de financement direct ont eux-mêmes évolué en faveur de d’incitations aux
projets de R&D collaborative (projets ANR thématiques, pôles de compétitivité, projets ISI
notamment).
Au début des années 2000, la France se trouvait, avec les Etats-Unis, dans la catégorie des
pays qui cumulaient des financements publics directs aux entreprises importants et des
incitations fiscales non négligeables (Jaumotte et Pain 2005, Lhuillery 2005). Depuis le
milieu des années 2000, la réduction de l’intensité des financements publics directs à la
R&D a été plus que compensée par la très forte augmentation du CIR. Ainsi en 2011, le
total des financements publics à la R&D des entreprises en France a atteint 0,38% du PIB,
soit le taux le plus élevé après la Russie et la Corée du Sud (OCDE 2013). L’importance
relative des aides à la R&D en France est ainsi devenue sensiblement plus élevée qu’aux
Etats-Unis.
L’importance du financement public peut aussi être mesurée en proportion de la R&D des
entreprises. En 2007, les financements publics directs à la R&D des entreprises se
montaient à 2,7 milliards € et la créance CIR à 1,8 milliards, soit un total de 4,5 milliards.
20
Les dépenses de R&D exécutées par les entreprises (DIRDE) ayant été cette même année
de 24,7 milliards €, le taux de financement total a été de 18,2%. En 2011, les financements
directs ont atteint 2,3 milliards € et la créance du CIR à 5,2 milliards, portant le total à 7,4
milliards et le taux de financement public à 26% de la DIRDE7
. Entre 2007 et 2011, le taux
de financement public total à la R&D a donc augmenté de 0,14 points de PIB et de plus de
8 points de DIRDE. Il s’agit d’une moyenne nationale, les taux pouvant varier sensiblement
par secteur et par taille d’entreprise8
.
7 La DIRDE s’est élevée à 28,851 Mds€.
8 Voir la section 1.3 pour la discussion de la variation du taux de financement public par taille d’entreprise.
21
Chapitre 2
Utilisation des aides à la R&D par les entreprises en France
Depuis son instauration en 1983, le CIR a beaucoup varié. Jusqu’en 2003 il n’a pas été une
mesure permanente, mais a été reconduit par le législateur par cycles pluri-annuels. Il a aussi
connu de nombreuses modifications dans son mode de calcul et dans l’éligibilité de
certaines dépenses. A partir de 2004, les évolutions du CIR ont été plus radicales pour
donner naissance à un dispositif beaucoup plus simple et beaucoup plus important pour les
entreprises. Ainsi, à une décennie de désaffection par les entreprises a succédé une décennie
d’adhésion.
Ce chapitre adopte une perspective de long terme pour analyser les soutiens publics à la
R&D des entreprises en France. Il est en effet important de considérer le CIR
conjointement avec les financements directs que sont les subventions à la R&D. La
distribution par taille d’entreprises des différentes aides est variable, mais désormais les
PME bénéficient globalement d’un très fort soutien public à leurs activités de R&D.
Ce chapitre souligne aussi que le CIR profite bien à l’ensemble des secteurs qui réalisent des
travaux de R&D et notamment aux activités de services informatiques. Il détaille certaines
dépenses éligibles au CIR comme celles qui sont relatives à la R&D externalisée. Les travaux
externalisés auprès d’institutions publiques de recherche ont ainsi très fortement augmenté
depuis le renforcement du CIR.
2. 1 Un recours au CIR variable selon les périodes et le mode de calcul
En 1983, la France a introduit un crédit d’impôt assis sur l’augmentation des dépenses de
R&D des entreprises avec un taux de 25% et un plafond faible (tableau 1). Le dispositif est
devenu plus généreux dès 1985 avec un taux à 50% et un plafond relevé, puis entre 1988 et
1990 avec une part calculée presque en volume et un plafond doublé (tableau 1). La part en
quasi-volume a été supprimée après 1990, induisant une réduction de la générosité du
dispositif.
En 2004, une part en volume a été introduite en même temps que le plafond était relevé,
augmentant sensiblement l’intérêt du CIR pour les entreprises. La réforme de 2008 a
poursuivi l’évolution en introduisant un crédit d’impôt uniquement assis sur le volume des
dépenses de R&D des entreprises avec un taux élevé de 30%. La réforme a en outre annulé
le plafond pour introduire un seuil de taux réduit de 5% au-delà de 100 millions € de
dépenses déclarées. Au-delà de ces évolutions des éléments principaux du mode de calcul, le
CIR a connu de nombreuses évolutions qui sont retracées en détail à l’annexe 1.
De 1983 à 1990, le nombre de déclarants a fortement augmenté et atteint près de 9 000
(graphique 4). Il a revanche reculé au cours des années 1990 pour descendre en dessous de
6 000 en 2003. Durant cette décennie, les entreprises ont ainsi trouvé peu d’intérêt à
recourir au CIR, ce qui pourrait s’expliquer par son mode de calcul en accroissement
complexe, avec des crédits d’impôt négatifs en cas de réduction du volume de R&D9
. Des
9 Même si les crédits négatifs pouvaient être annulés pour certaines années.
22
évolutions concernant les modalités de calcul du CIR des groupes ou des contrôles peuvent
aussi avoir eu un impact sur l’attractivité du CIR durant cette période.
Tableau 1. Principales évolutions du mode de calcul du CIR*, 1983-2011
Date de
début
Formule de calcul à partir
de l’accroissement des
dépenses éligibles (D)
Taux sur le volume
des dépenses de R&D
Plafond
1983 25% [Dn – Dn-1] -
0,5 million € **
(3 millions de francs)
1985 50% [Dn – Dn-1] -
0,8 million €
(5 millions de francs)
1988
• 50% [Dn – Dn-1]
• 30% [Dn – D1987]
-
1,5 million €
(10 millions de francs)
1991 50% [Dn - [(Dn-1 + Dn-2)/2]] -
6,1 millions €
(40 millions de francs)
2004 45% 5% 8 millions €
2006 40% 10% 10 millions €
2007 40% 10% 16 millions €
2008 -
• 30% en dessous de 100
millions €, 5% au-delà
• Pour la 1ère tranche, 50% la
1ère année et 40% la 2ème
-
2011 -
• 30% en dessous de 100
millions, 5% au-delà
• Pour la 1ère tranche, 40% la
1ère année et 35% la 2ème
-
2013 -
30% en dessous de 100 millions €,
5% au-delà
-
20% pour les dépenses
d'innovation pour les PME (au
sens communautaire)
80 000 €
* L’évolution détaillée du dispositif est retracée par l’annexe 1.
** Les plafonds exprimés en francs dans les textes avant 2000 ont été convertis.
Source : MESR-DGRI-C1
Le graphique 5 mesure tout d'abord, l’effet du CIR sur le coût d’usage de la R&D. Cet effet
a eu tendance à augmenter fortement : lorsque l'on tient compte de la législation fiscale, et
de celle du CIR au premier chef, mais aussi de l'évolution des taux d'intérêt et des
subventions à la R&D, le coût d'usage d'un euro de capital de R&D est passé ainsi de 6
centimes d'euros en moyenne au début des années 1980 à 21 centimes en 2007. Il montre
aussi que la réduction du coût de la R&D due au CIR s’est amoindrie du début des années
1990 à 2003 (écart entre la courbe rouge et la courbe bleue). Le renforcement du CIR
depuis 2004 a au contraire rendu la mesure beaucoup plus attractive pour les entreprises. Le
graphiques 5 montre bien la rupture introduite par le CIR en volume facteur de réduction
du coût de la R&D dès 2004, puis beaucoup plus radicalement à partir de 2008.
Le graphique 4 souligne l’accroissement continu du nombre de déclarants depuis
l’introduction d’une part en volume en 2004 et l’augmentation particulièrement forte (35%)
en 2008. Le nombre de bénéficiaires suit la même tendance mais est inférieur car les
23
groupes fiscalement intégrées cumulent le CIR de leurs filiales (encadré 1 p. 25). Notons
qu’il existe de nombreux groupes de petite taille avec une ou deux filiales.
Graphique 4. Nombre de déclarants et de bénéficiaires du CIR, 1983-2011
Source: Base GECIR oct. 2013, MESR-DGRI-C1
Graphique 5. Réduction du coût de l’investissement en R&D* représentée par le CIR et
les subventions à la R&D, 1978-2008
* Coût réel, exprimé en centimes d’euro pour l’utilisation d’une unité de R&D. Voir l’annexe 4 pour obtenir plus de précisions.
Source : Mulkay et Mairesse (2011)
24
Les entreprises ont logiquement répondu au renforcement du CIR en y ayant massivement
recours. D’autant plus que l’augmentation de l’incitation fiscale s’est accompagnée d’une
amplification des activités d’information et de conseil aux entreprises de la part du MESR et
des autres acteurs de la politique en faveur de la R&D et de l’innovation. Les pôles de
compétitivité ont ainsi joué un rôle actif pour inciter les entreprises à utiliser le CIR (Bellégo
et Dortet-Bernadet 2013)10
.
Les entrées et sorties du CIR sont nombreuses. Les causes des sorties sont variées : activité
de R&D non continue, cessation d’activité de l’entreprise... La conséquence du point de vue
du dispositif est que la population qui connaît et pratique le CIR est en fait sensiblement
supérieure au nombre d’entreprises qui le pratiquent une année donnée.
Graphique 6. Montant du CIR en millions d’euros courants, 1983-2011
Source : Base Gecir, MESR-DGRI-C1
Le renforcement du CIR et le plus grand nombre de déclarants explique la très forte
augmentation de la créance en 2008, mais aussi une poursuite de l’augmentation au cours
des années suivantes (graphique 6).
2. 2 Distribution des dépenses de R&D et des aides par taille d’entreprises
Les tableaux 2 et 3 permettent tout d’abord de comparer le nombre de bénéficiaires du CIR
et le nombre d’entreprises qui mènent des activités de R&D en France. En 2011, 14 882
entreprises étaient bénéficiaires du CIR, dont 12 054 fiscalement indépendantes (encadré 1).
10 Sur les interactions entre dispositifs, voir la section 4.3.
25
Ces sociétés peuvent néanmoins être des filiales de groupes et ne sont donc pas
nécessairement indépendantes dans un sens économique.
Encadré 1. L’intégration fiscale et le calcul du montant du CIR
Dans le CIR la notion d’entreprise indépendante est entendue en référence à l’intégration fiscale des
groupes.
Le régime de l’intégration fiscale est défini à l’article 223 A du Code Général des Impôts. C’est une
option que peut prendre une société mère pour intégrer dans le calcul de son bénéfice fiscal les
bénéfices de ses filiales détenues à plus de 95 %. La société mère paye ainsi l’impôt des sociétés pour
l’ensemble de ses filiales intégrées. Dans le cas du CIR, les filiales déclarent les dépenses de R&D et
calculent leur CIR, la société mère cumulant les crédits d’impôt de ses filiales.
Le tableau 3 identifie lui des entreprises économiquement indépendantes dans la mesure où
il utilise les définitions des PME et des ETI de la Loi de de l’économie de 2008 (voir le
glossaire p 81-83). Ainsi, certaines entreprises de moins de 250 salariés du tableau 2 sont
intégrées dans des groupes pour le tableau 3, ce qui réduit le nombre de PME dans ce
dernier. De même pour certaines ETI. Le nombre de grandes entreprises est en revanche
plus élevé dans le tableau 3 que dans le tableau 2. Au-delà de ces différences et du fait que
les deux tableaux résultent de processus de recueil des données distincts (déclaration fiscale
et enquête statistique), leur rapprochement indique que la très grande majorité des
entreprises qui ont des activités de R&D utilisent le CIR. L’écart entre les dépenses
déclarées au CIR et le total des dépenses de R&D des entreprises (DIRDE) s’explique par
les modalités de détermination des dépenses éligibles (soustraction des subventions de
l’assiette, plafonnement des dépenses externes combiné à une non-déclaration chez des
sous-traitants, de prise en compte des investissements à travers les amortissements).
Les deux tableaux permettent aussi d’analyser la distribution par taille d’entreprise des
dépenses déclarées au CIR et des dépenses de R&D. La part des groupes, y compris leurs
filiales, représente 61% des dépenses de R&D en France (tableau 3). Les entreprises de plus
de 5 000 salariés représentent 37,5% des dépenses déclarées au CIR (tableau 2). La
différence s’explique notamment par le fait que certaines de leurs filiales sont comptabilisées
séparément comme des PME ou des ETI, comme expliqué ci-dessus. De plus, ce sont les
grandes entreprises qui sont le plus touchées par les plafonds de dépenses externalisées.
En 2011, les entreprises fiscalement indépendantes de moins de 250 salariés ont reçu 25%
du CIR alors qu’elles n’avaient déclaré que 23% des dépenses éligibles. A l’inverse, les
entreprises bénéficiaires de plus de 5 000 salariés ont reçu 33% du CIR alors qu’elles ont
représenté 38% des dépenses déclarées. Plus généralement, le taux de financement par le
CIR diminue régulièrement à mesure que les effectifs augmentent, des plus petites
entreprises de moins de 10 salariés au plus grandes (tableau 1, dernière colonne).
Le tableau 2 souligne à quel point les petites, voire les très petites entreprises sont
nombreuses à déposer une déclaration. Leur nombre a très fortement augmenté depuis la
réforme de 2008. En 2011, plus de 5 000 entreprises de moins de 10 salariés et plus de
13 000 de moins de 250 salariés ont déposé une déclaration, représentant 90% du total des
déposants.
26
Tableau 2. Distribution des bénéficiaires, des dépenses déclarées et du CIR par taille d’entreprise, 2011
Entreprises bénéficiaires1 Dépenses déclarées CIR
Effectif Nombre Part Indépendantes2 Montant Part Indépendantes2 Montant Part Indépendantes2 CIR/
% % Millions € % % Millions € % % dépenses
déclarées %
Moins de 10 5 415 36,4 35,4 957 5,2 5,0 308 6,0 5,7 32,1
10 à moins de 50 5 181 34,8 30,0 2 023 11,0 9,9 621 12,0 10,7 30,7
50 à moins de 250 2 568 17,3 11,1 2 205 12,0 8,2 665 12,9 8,8 30,2
Inférieur à 250 13 164 88,5 76,4 5 185 28,2 23,1 1 594 30,9 25,3 30,7
250 à moins de 500 596 4,0 1,7 1 105 6,0 2,9 329 6,4 3,1 29,8
500 à 1999 576 3,9 1,2 3 002 16,3 4,4 908 17,6 4,7 30,2
2000 à 4999 114 0,8 0,1 1 969 10,7 1,1 596 11,5 1,1 30,3
5 000 et plus 86 0,6 0,0 6 960 37,9 0,4 1 685 32,6 0,4 24,2
non renseigné3 346 2,3 1,4 167 0,9 0,5 54 1,1 0,6 n.d
Total 14 882 100 80,9 18 388 100 32,4 5 166 100 35,2 28,1
1. Le nombre de bénéficiaires est inférieur à celui des déclarants car les groupes cumulent le CIR de leurs filiales. Les effectifs sont ceux des bénéficiaires (somme des effectifs
des filiales pour les groupes fiscalement intégrés).
2. Entreprise fiscalement indépendante : voir la définition à l’encadré 1. Lecture : 80,9% des entreprises bénéficiaires sont fiscalement indépendantes.
3. Le croisement avec la base Esane de l’INSEE a permis de diviser par quatre le nombre d’entreprises non renseignées persistant après l’interrogation de la base Diane.
Source : Base GECIR mai 2013, MESR-DGRI-C1
Tableau 3. Entreprises ayant une activité interne de R&D et dépenses intérieures de R&D par catégorie d’entreprises en 2010
Nombre
d’entreprises*
Dépenses de R&D
(DIRDE)
en Md €
Part dans le total des
dépenses de R&D
PME 11 000 4,0 14,6%
ETI 800 6,6 24,1%
Grandes entreprises 200 16,8 61,3%
Ensemble 13 000 27,4 100%
* Arrondi à la centaine.
Source : MESR (2013b)
27
De plus, une part non négligeable des déposants déclarent des dépenses de faible, voire
très faible montant. Près de 2 000 entreprises déclarent des dépenses qui génèrent un
crédit inférieur à 10 000 euros (tableau 4).
Tableau 4. Distribution des montants de CIR en 2011
Montant de CIR
en €
Nombre de
déclarants1
1er décile 9 302 1 816
1er quartile 22 041 4 539
Médiane 53 608 9 078
3e quartile 133 391 13 616
9e décile 362 593 16 340
Moyenne 286 013 -
Lecture. 1er décile : en 2011, 1816 entreprises, soit 10% du nombre de déclarants, déclaraient
des dépenses correspondant à un CIR inférieur à 9 302 €.
1. Uniquement ceux qui déclarent des dépenses éligibles non nulles
Source : Base Gecir mars 2014, MESR DGRI-C1 (2014)
La médiane du montant de CIR est inférieure à 55 000 euros. Un grand nombre
d’entreprises considèrent donc que la déclaration est suffisamment simple pour la
remplir pour de petites sommes. En fait, pour les montants faibles, la très grande
majorité des entreprises ne remplissent que très peu de cases du formulaire fiscal :
essentiellement des dépenses de personnel (trois quart des déclarants du 1er
décile), déjà
beaucoup moins d’amortissement (un quart de ces déclarants) et très peu pour les autres
types de dépenses. Le faible montant de l’assiette de certaines petites entreprises
s’explique par le fait qu’elles bénéficient de subventions, qui doivent être déduites du
total des dépenses éligibles11
.
L’évolution du policy mix en faveur de la R&D rappelée ci-dessus s’est traduite par une
modification de la distribution des aides en fonction de la taille des entreprises. Jusqu’au
début des années 2000, les financements directs à la R&D des entreprises bénéficiaient
relativement plus aux grandes entreprises du fait de l’importance du soutien à la R&D de
défense et aux grands programmes. Depuis le milieu des années 1990, la diminution du
financement de la R&D de défense a progressivement réduit les aides à certaines grandes
entreprises, alors que les dispositifs en faveur des petites entreprises ont été développés.
A l’inverse, le CIR, traditionnellement très favorable aux petites entreprises, est devenu
relativement plus favorable aux grandes entreprises du fait du calcul en volume et du
déplafonnement.
Le graphique 7 souligne que chaque type de financement conserve ses caractéristiques.
En particulier, le financement de la R&D de défense s’adresse essentiellement à de
grandes entreprises. Le financement direct à des activités de R&D civiles est distribué à
48% à des PME économiquement indépendantes. C’est le cas de 45% des aides
indirectes.
11 Sur le cumul des aides à la R&D, voir la section 4.3.
28
Graphique 7. Distribution des dépenses de R&D et des financements publics
par taille d’entreprises, 2011
Source : MESR (2013b)
Au total, le tableau 5 montre que les PME bénéficient d’un taux de financement de leurs
dépenses de R&D très élevé à 48%. Le taux pour les ETI se monte à 26%
essentiellement grâce aux aides indirectes qui représentent plus des trois quarts des aides.
Pour les grandes entreprises, le CIR représente 59% des aides publiques. En utilisant les
définitions des catégories d’entreprises de la Loi de modernisation de l’Etat, c’est-à-dire
en vérifiant la condition d’indépendance économique, le tableau 5 souligne que le taux
d’aide publique totale à la R&D est dégressif en fonction de la taille des entreprises.
Tableau 5. Distribution des financements publics à la R&D par taille d’entreprise,
milliards €, 2010
PME ETI
Grandes
entreprises
Ensemble
Financements direct
(subventions, contrats) 0,5 0,3 1,6 2,5
- dont pour la Défense
En % de la R&D
<0,1
12,2%
0,1
4,3%
1,3
7,9%
1,4
9,1%
Financement indirect (CIR, JEI)
En % de la R&D
1,4
34,1%
1,4
20,3%
2,3
14,0%
5,2
18,9%
Financement public total 1,9 1,7 3,9 7,7
En % de la R&D 47,5 % 25,8 % 23,2 % 28,1 %
2. Ministère de la défense y compris CEA militaire
3. Taux de financements publics en pourcentage de la DIRDE de la catégorie d’entreprises
Source : MESR (2013b)
15%
48%
1%
27% 25%
24%
22%
8%
28%
23%
61%
30%
91%
45%
52%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Dépenses intérieures
de R&D
Soutien direct hors
Défense (contrats,
subventions)
Soutien direct Défense
(contrats, subventions)
Soutien indirect (CIR,
JEI)
Soutien public total
PME ETI Grandes entreprises
27,4 Md€ 1,1 Md€ 1,4 Md€ 5,2 Md€ 7,7 Md€
29
2. 3 Evolution des dépenses déclarées et du CIR par secteur d’activité
Le tableau 6 présente, pour l’année 2011, la distribution sectorielle des dépenses
déclarées et du CIR. La partie gauche du tableau utilise la nomenclature des codes
d’activité de la déclaration fiscale (APE). Elle fait apparaître l’ « activité des sociétés de
holdings » qui représente une part artificiellement élevée du montant du CIR. Cette
distorsion est due au fait que pour les groupes fiscalement intégrés la holding reçoit la
totalité du CIR des filiales qui engagent les dépenses de R&D et remplissent une
déclaration (encadré 2). Ainsi, le CIR d’entreprises de la pharmacie ou de l’automobile
peut-il être comptabilisé au niveau de la ligne « holdings » et artificiellement minorer la
part du secteur concerné.
Encadré 2. Le traitement des groupements de sociétés (holdings) dans le CIR
Les sociétés de holding sont définies comme des entités qui détiennent les actifs (possèdent le contrôle des
fonds propres) d’un groupe de sociétés filiales et dont la principale activité est d’être propriétaire de ce
groupe. Les sociétés de holding ne fournissent aucun autre service aux entreprises dans lesquelles elles
détiennent des fonds propres, en d’autres termes, elles n’administrent pas ou ne gèrent pas d’autres
entités (Nomenclature d’activités NAF 2008, accessible sur le site de l’INSEE
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=nomenclatures/naf2008/naf2008.htm ).
La plupart des sociétés de holdings bénéficiaires du CIR, dont l’activité est classée parmi les activités de
services financiers selon la nomenclature de la déclaration CIR, contrôlent des entreprises industrielles ou
de services non financiers.
D’un point du vue légal et tel que réglementé par le Code Général des Impôts (Article 223 O-1-b), le crédit
d'impôt est déterminé au niveau de chaque filiale de groupe. Mais la société mère se substitue aux filiales
pour l'imputation des crédits d'impôt dégagés par chaque société du groupe. Le CIR est ainsi imputé sur le
montant de l'impôt sur les sociétés dont la société mère est redevable pour le groupe. La loi ne donne pas
d’indication concernant les modalités de cette distribution interne au groupe. Cela relève en effet des
conventions d’intégration par lesquelles les sociétés d’un groupe prévoient de régler leurs contributions
respectives aux diverses impositions.
Le secteur des services en R&D représente aussi des activités de recherche dans des
domaines divers. Par ailleurs, certaines filiales de groupe spécialisées en R&D sont
classées dans ce secteur, ce qui constitue une source de minoration des dépenses
déclarées et du CIR des secteurs concernés.
La partie droite du tableau 6 fournit la distribution des dépenses déclarées et du CIR
2008 compte tenu de la réaffectation du CIR des sociétés ne déclarant pas de dépenses
éligibles (holdings…) et des sociétés de services utilisés dans les secteurs industriels
(principalement de services de recherche et développement). Cette réaffectation permet
de rendre compte de la distribution des dépenses déclarées par secteur et du CIR en
fonction de ces dépenses. La méthode est expliquée par l’encadré 3.
La réaffectation des dépenses de R&D aux sociétés déclarantes permet de vérifier que les
holdings gèrent des activités qui relèvent largement de l’industrie. La part des industries
manufacturières dans les dépenses déclarées passe ainsi de 55 à 64%. La part du secteur
« pharmacie, parfumerie, entretien » augmente tout particulièrement, à la fois du fait de la
réaffectation des dépenses déclarées par des sociétés intégrées à des holdings et du fait de
la réaffectation des dépenses de sociétés dont l’activité principale est la R&D dans le
domaine pharmaceutique. Son CIR augmente encore plus fortement que ses dépenses.
30
Tableau 6. Distribution des dépenses de R&D et du CIR par activité en 2011, %
Avec la
nomenclature des
déclarations
Après réaffectation des
secteurs holdings et R&D
Dépenses
déclarées
CIR
Dépenses
CIR
déclarées
Industries manufacturières 55,4 62,9 64,2 61,1
Industrie électrique et électronique 13,7 7,5 15,3 16,2
Pharmacie, parfumerie, entretien 4,7 1,8 12,5 11,2
Industrie automobile 9,4 5,9 10,1 6,9
Chimie, caoutchouc, plastiques 4,3 2,9 6,1 5,8
Construction navale, aéronautique et
ferroviaire
6,4 2,8 5,1 4,9
Industrie mécanique 3,4 1,7 3,4 3,7
Textile, habillement, cuir 1,9 1,0 1,9 2,1
Autres industries manufacturières 6,9 4,8 9,4 9,9
Gestion des holdings industriels* 4,7 34,5 0,4 0,5
Services 43,3 36,5 33,9 36,8
Conseil et assistance en informatique 10,7 9,6 10,6 11,7
Services d’architecture et d’ingénierie 8,9 6,0 9,6 10,4
Services bancaires et assurances 1,7 3,5 1,7 1,9
Services de télécommunications 1,4 1,1 1,5 1,3
Recherche et développement 12,1 5,5 0,2 0,3
Autres services 8,5 10,8 10,2 11,2
Autres secteurs** 1,3 0,6 1,9 2,0
Total 100 100 100 100
* Pour les groupes fiscalement intégrés, la holding reçoit la totalité du CIR des filiales qui effectuent la R&D et remplissent une
déclaration. Les groupes concernés et qui sont comptabilisés sur cette ligne appartiennent essentiellement à des secteurs manufacturiers
(automobile, pharmacie…).
** « Agriculture, sylviculture et pêche » et « Bâtiment et travaux publics »
Source : Base GECIR octobre 2013, MESR-DGRI-C1 (voir l’annexe 1)
Encadré 3. Méthode pour la réaffectation du CIR aux sociétés déclarantes
Etape 1. Réaffectation du CIR des sociétés mères qui ne déclarent pas de dépenses
éligibles
Le CIR est réaffecté dans les secteurs des filiales déclarantes des sociétés mères qui elles-mêmes
ne déclarent pas de dépenses éligibles. Deux types de sociétés se trouvent dans ce cas : la plupart
des sociétés classées dans le secteur « Activités des sociétés de holdings » ; certaines sociétés
mères classées dans d’autres secteurs, et notamment dans « Services bancaires et assurances ». Le
CIR a été calculé en appliquant au montant des dépenses déclarées par les filiales le ou les taux
auxquels elles ont droit *.
Etape 2. Réaffectation du CIR des sociétés de holdings déclarant des dépenses éligibles
Certaines sociétés de holdings déclarent des dépenses éligibles : ces dépenses représentent 4,7%
des dépenses déclarées (tableau 6, colonne de gauche). Le montant du CIR correspondant à ces
dépenses a été affecté au secteur de la filiale déclarant le plus de dépenses.
A la suite de cette réaffectation, la part du CIR de nombreux secteurs augmente car ils se voient
réaffectés le CIR des filiales des holdings et des sociétés mères appartenant à d’autres secteurs et
ne déclarant pas de dépenses éligibles. Le secteur « Services bancaires et assurances » voit à
l’inverse sa part du CIR diminuer sensiblement. Ceci s’explique par le fait que de nombreuses
entreprises du secteur ne déclarent pas de dépenses tout en percevant le CIR de leurs filiales.
31
Etape 3. Traitement des activités de recherche et développement
Une part non négligeable du CIR réaffecté au terme des étapes 1 et 2 vient grossir la part reçue
par le secteur « Recherche et développement ». Ce secteur rassemble des entreprises dont
l’activité principale est la fourniture de services de R&D. Parmi ces entreprises, un certain
nombre sont en fait des laboratoires d’entreprises qui sont filiales de sociétés appartenant à des
secteurs des industries manufacturières.
Le CIR des entreprises du secteur « Recherche et développement » a été réaffecté aux secteurs
utilisateurs par le service statistique du MESR, selon la même procédure que celle de l’enquête
annuelle sur les dépenses de R&D des entreprises. Les entreprises du secteur « Recherche et
développement » sont interrogées lors de cette enquête sur le secteur utilisateur de leurs travaux,
et, en fonction de leur réponse, les dépenses qu’elles déclarent sont affectées aux secteurs
utilisateurs. La grande majorité des dépenses déclarées par des entreprises du secteur « Recherche
et développement » a ainsi pu être réaffectée. Les entreprises qui déclarent des dépenses au CIR
mais n’ont pas été enquêtées en 2010 sont restées affectées sur la ligne « R&D ».
* Certaines filiales n’ayant pas effectué le calcul du CIR dans leur déclaration, il a été nécessaire de calculer leur créance. Dans un
souci d’homogénéité, les CIR de toutes les autres sociétés sont aussi calculés (partie droite du tableau 6).
Le cas du secteur des services bancaires et des assurances est symétrique. Sa part des
dépenses déclarées n’est pas modifiée, mais sa part du CIR passe de 3,5% à 1,9%. En
effet, ce secteur comprend des sociétés qui sans réaliser des dépenses de R&D reçoivent le
CIR de leurs filiales appartenant à d’autres secteurs (encadré 3, étape 1). La réaffectation
déplace les montants de CIR correspondants vers les secteurs des sociétés déclarantes.
Le tableau 7 précise les montants de CIR reçus par les principaux secteurs bénéficiaires.
Tableau 7. Distribution sectorielle du CIR 2011, en M€
CIR en M€
Industrie électrique et électronique 826
Conseil et assistance en informatique 596
Pharmacie, parfumerie, entretien 573
Services d’architecture et d’ingénierie 533
Industrie automobile 354
Chimie, caoutchouc, plastiques 294
Construction navale, aéronautique et
ferroviaire
251
Industrie mécanique 189
Textile, habillement, cuir 108
Services bancaires et assurances 95
Services de télécommunications 67
Autres industries manufacturières 503
Autres services 613
Autres secteurs 105
Total 5 109
Source : Base GECIR octobre 2013, MESR-DGRI-C1
32
L’industrie électrique et électronique reste le premier secteur bénéficiaire, mais le secteur
du conseil en informatique devient le deuxième bénéficiaire avec près de 700 M€ de CIR,
devant la pharmacie. Cette évolution correspond à l’entrée de très nombreuses entreprises
de l’informatique dans le CIR depuis 2008. Ce sont le plus souvent des PME. Entre 2007
et 2011, le nombre d’entreprises du secteur conseil et assistance en informatique a été
multiplié par 2,3 alors que le total des déclarants été multiplié par moins de 2. En 2011,
plus de 3 400 entreprises de ce secteur déposaient une déclaration CIR. Le CIR soutient
ainsi beaucoup plus qu’auparavant les activités de R&D des entreprises du numérique.
2. 4 Types de dépenses déclarées au CIR par les entreprises
Le CIR finance d’abord des dépenses de personnel de R&D, qui représentaient 49% des
dépenses déclarées en 2011 (tableau 8). Cette proportion atteint 80% pour les salaires
environnés, c'est-à-dire en ajoutant le forfait relatif aux frais de fonctionnement.
Tableau 8. Distribution des dépenses déclarées au CIR par type, en %, 2011
Ligne de dépense de la déclaration fiscale Part
Dépenses de personnel, chercheurs et techniciens
48,7
dont relatives aux jeunes docteurs1
0,7
Frais de fonctionnement 28,4
Recherche externalisée 12,2
dont auprès d’entités privées 8,3
dont auprès d’institutions publiques1
3,9
Amortissements 5,1
Dépenses relatives aux brevets 2,9
Veille technologique 0,5
Subventions remboursées 0,5
Normalisation 0,04
Sous-total 98,0
Dépenses crédit d’impôt collection2
2,0
Total 100
1. Les dépenses éligibles relatives aux jeunes docteurs et à la R&D externalisée auprès d’institutions
publiques sont comptées au double de leur montant dans l’assiette du CIR (voir tableau 11).
2. Le crédit impôt collection est plafonné à 200 K€ par période de 3 ans (aides de minimis)
Source : Base GECIR mai 2013, MESR-DGRI-C1
Ce poids des dépenses relatives au personnel est caractéristique des activités de R&D et
est traditionnelle pour le CIR, mais le calcul des dépenses de fonctionnement ayant
changé en 2011 (annexe 1), il n’est pas possible de comparer directement la distribution
de 2011 avec celles des années précédentes.
2.4.1 Evolution de la R&D externalisée
La recherche externalisée représente une part croissante des dépenses déclarées (+16%
en montants de dépenses de 2010 à 2011) et atteint 12,2% en 2011. Cette croissance se
répartit entre l’externalisation auprès d’entités privées et d’institutions publiques.
Rappelons que les dépenses externalisées sont soumises à trois plafonds pour le calcul de
l’assiette du CIR : 2 millions € pour les entités ayant un lien de dépendance avec le
33
donneur d’ordre12
, porté à 10 millions s’il n’y a pas de lien de dépendance et à 12 millions
si les travaux sont confiés à des institutions publiques de recherche sans lien de
dépendance (MESR 2014). En conséquence, le montant reporté dans l’assiette peut être
inférieur aux dépenses inscrites par une entreprise dans sa déclaration CIR. Les
entreprises concernées sont peu nombreuses, mais ce sont typiquement de grandes
entreprises dont les dépenses externes de R&D peuvent être très supérieures au plafond
(d’un maximum de 12 M€). De plus les entreprises sont susceptibles de ne pas déclarer
toutes leurs dépenses externalisées dans la mesure où elles sont plafonnées pour le calcul
de l’assiette. Cette ligne de dépenses ne doit donc pas être interprétée comme s’il
s’agissait de la part des dépenses externalisées dans le total des dépenses de R&D des
entreprises. D’après les enquêtes auprès des entreprises, cette part est d’ailleurs
supérieure – de l’ordre de 25%, variant selon les secteurs et les pays.
La dynamique des dépenses externalisées pourrait cependant se refléter dans l’évolution
de leur part dans les dépenses déclarées au CIR. La croissance de la part des dépenses
externalisées auprès des institutions publiques de recherche, correspond à une
augmentation du nombre d’entreprises ayant recours à ces institutions (tableau 9). Entre
2007 et 2011, le nombre de ces entreprises a augmenté de près de 103%.
Tableau 9. Nombre d’entreprises ayant confié des travaux de R&D à des institutions
publiques de recherche sans lien de dépendance ou embauché des jeunes docteurs
Nombre de déclarants CIR 2007 2008 2009 2010 2011
Croissance
2007-2011
Ayant confié des travaux de R&D
à des institutions publiques de recherche 1380 1796 2139 2561 2795
Taux de croissance 30% 19% 20% 9% 10103%2
Ayant embauché des jeunes docteurs 439 700 781 927 1143
Taux de croissance 59% 12% 13% 23% 6160%
Source : Base GECIR février 2014, MESR-DGRI-C1
Le tableau 10 exploite l’information introduite depuis la déclaration CIR 2009 sur la
localisation des entités à qui les entreprises confient des travaux de R&D. Du fait des
plafonds rappelés ci-dessus, le tableau distingue les dépenses externalisées auprès
d’entités dépendantes de celles qui sont confiées à des entités indépendantes.
La distribution de ces deux types de dépenses est très différente. Les travaux confiés à des
entités ayant des liens de dépendance le sont généralement à des filiales des entreprises,
majoritairement localisées en France, mais aussi à l’étranger. Dans ce dernier cas, il s’agit
majoritairement de filiales de groupes français implantées dans l’Espace économique
européen. Dans une minorité de cas, il s’agit à l’inverse de filiales étrangères en France qui
sous-traitent une partie de leurs dépenses de R&D à des entités de leur groupe situées soit
dans le pays d’origine soit ailleurs au sein de l’Espace économique européen. La part des
dépenses confiées à des entreprises en Europe mais hors de France a augmenté entre 2010 et
2011, de 32% à 40%.
12 Des liens de dépendance existent entre deux entités lorsque l’une détient directement ou par personne
interposée la majorité du capital social de l’autre ou y exerce le pouvoir de décision, ou lorsqu’elles sont
placées sous le contrôle d’une même tierce entreprise.
34
Tableau 10. Dépenses externalisées selon le type de sous-traitant, 2011
Dépenses confiées à des entités ayant des liens de dépendance
avec l’entreprise, dont 100%
- privées en France 55%
- privées dans l’Espace économique européen hors France 40%
- publiques en France 5%
- publiques dans l’Espace économique européen hors France 0,1%
Dépenses confiées à des entités n’ayant pas de liens de dépendance avec
l’entreprise, dont : 100%
- privées en France 75%
- privées dans l’Espace économique européen hors France 9%
- publiques en France1 14,5%
- publiques dans l’Espace économique européen hors France1 1,5%
1. Ces dépenses sont doublées dans l’assiette du CIR, mais les calculs sont faits ici à partir des
montants réels des dépenses externalisées.
Source : Base GECIR mai 2013, MENESR-DGRI-C1
Les travaux confiés à des entités n’ayant pas de liens de dépendance avec l’entreprise le sont
à 90% à des entités situées en France, privées ou publiques. Il est donc très rare qu’une
entreprise déclare des dépenses externalisées à l’étranger si elle n’a pas de lien de dépendance
avec le sous-traitant.
La part des dépenses confiées à des organismes publics est beaucoup plus élevée pour les
sous-traitants sans liens de dépendance (seconde partie du tableau).
2. 4. 2 Augmentation des dépenses externalisées à des institutions publiques
La première période de renforcement du CIR en 2004 s’est accompagnée de la mise en
place d’un taux majoré pour les dépenses de R&D externalisées auprès d’institutions
publiques de recherche13
. Le tableau 11 indique que ces contrats de R&D ont
notamment pu bénéficier de taux très élevés sur la part en accroissement dans le cadre
du dispositif dual entre 2004 et 2008. Le doublement des taux est devenu encore plus
attractif pour le dispositif en volume à partir de 2008. De plus, entre 2008 et 2011, il a pu
être cumulé avec les taux majorés, entraînant un taux de 70% à 100% pour les
entreprises entrant dans le CIR. La fin des taux bonifiés pour les nouveaux entrants
ramène le taux des contrats avec les institutions de recherche à 60%, ce qui reste un taux
élevé.
Parallèlement, la liste des institutions éligibles au doublement a été progressivement
élargie au-delà des universités et des organismes de recherche initialement visés par la
mesure. De plus, la liste des entreprises éligibles au remboursement immédiat a aussi été
élargie. Pour ces entreprises, le montant du contrat de R&D avec une institution de
recherche peut être remboursé après la déclaration CIR, même si l’impôt est inférieur à la
créance du CIR.
13 Dans le respect des plafonds et conditions de dépendance entre contractants, voir la note 12, page 34.
35
Tableau 11. Modalités d’application du CIR pour les dépenses externalisées à des
institutions publiques de recherche
Taux pour les dépenses
externalisées à des
institutions publiques de
recherche
Elargissements successifs des listes des
- institutions éligibles au
doublement*
- entreprises bénéficiant du
remboursement immédiat
1983 - 2003 Pas de taux spécifique
A partir de
2004
Double du taux applicable
aux autres dépenses
Entreprises nouvelles
2004
- 90% sur l’accroissement
- 10% pour le volume
CTI exerçant des
missions d’intérêt général
2006
- 80% sur l’accroissement
- 20% pour le volume
JEI
2008
- 60%
- 100% la 1ère année
et 80% la 2ème
- FRUP du secteur de la
recherche
- Etablissements habilités à
délivrer des masters
- FCS
- EPCS
- Structures adossées
- Entreprises ayant fait l’objet
d’une procédure de
sauvegarde, de redressement
ou de liquidation judiciaire
- PME au sens communautaire
2011
- 60%
- 80% la 1ère année et 70%
la 2ème
2013
60% si les plafonds de la
recherche externalisée ne
sont pas atteints
* Les acronymes sont développés dans le glossaire, Source : MESR-DGRI-C1
Graphique 8. Dépenses externalisées à des institutions publiques de recherche en
France et dans l’Espace économique européen déclarées au CIR, en M €
Le graphique prend en compte le montant non doublé, donc les dépenses effectives des entreprises.
Source : Base GECIR février 2014, MESR-DGRI-C1
36
Le graphique 8 souligne le fort dynamisme des dépenses déclarées au titre de
l’externalisation de travaux de R&D à des institutions publiques, avec ou sans liens de
dépendance14
. Ces dépenses externalisées à des institutions publiques ont été plus
dynamiques que l’ensemble des dépenses, alors même que ces dépenses sont plafonnées.
En 2011, les entreprises ont ainsi contracté pour 533 M€ de travaux avec les institutions
publiques (courbe violette), soit une augmentation de 301 M€ depuis 2006, date à partir
de laquelle les taux en volume croissent substantiellement (tableau 11). En 2011, le CIR
généré par la recherche externalisée aux institutions publiques de recherche s’est monté à
211 M €.
Tableau 12. Evolution des dépenses externalisées déclarées au CIR, institutions et
entreprises sans lien de dépendance, 2005 - 2011
Effectifs des
entreprises
Montant de dépenses
externalisées à :
Montant moyen de
externalisé à :
Nombre d’entreprises
qui externalisent à :
institution
publique entreprises
institution
publique entreprises
institution
publique entreprises
1 à 249 537% 325% 81% -3% 253% 340%
Indépendantes 1 à 249 523% 321% 92% 1% 224% 315%
Toutes entreprises
(dont dépenses
externes plafonnées) 150% 156% -21% -32% 214% 276%
Source : Base GECIR février 2014, MESR-DGRI-C1
Le tableau 12 retient uniquement les petites entreprises dans la mesure où certaines
grandes entreprises sont concernées par les plafonds. Les dépenses externalisées par des
petites entreprises à des institutions publiques ont été beaucoup plus dynamiques que le
total des dépenses externalisées, avec une multiplication par plus de 6. Cela s’explique à
la fois par l’augmentation du montant moyen (81% et 92% pour les indépendantes) et
par l’augmentation du nombre d’entreprises qui externalisent auprès s’institutions
publiques (253% et 224%). Dans le cas de la recherche externalisée à des entreprises,
l’augmentation du montant total est sensiblement moindre (2,5 fois).
Le tableau 13 indique l’évolution du nombre d’entreprises déclarant des dépenses
externes en fonction de leurs effectifs. Le tableau précise si le contrat a été passé avec
une institution publique ou une entreprise. Certains déclarants externalisent des dépenses
auprès des deux types de sous-traitants. Le taux de croissance de 2005 à 2011 a été le
plus fort pour les PME, qui étaient près de 3 000 à déclarer des contrats de R&D avec
des entreprises et 2 000 avec des institutions publiques de recherche. Les grandes
entreprises sont beaucoup moins nombreuses à déclarer des dépenses externes, mais le
font proportionnellement plus souvent.
14 Voir note 12, page 34.
37
Tableau 13. Distribution par taille des entreprises déclarant des dépenses externes
dans leur assiette CIR, institutions et entreprises sans lien de dépendance
Effectif des
déclarants
Contractants Nombre
2005
Nombre
2011
Evolution
1 à 249 publics 568 2 004 253%
privés 680 2 989 340%
250 à 4 999 publics 255 576 126%
privés 331 782 136%
Plus de 5 000 publics 20 38 90%
privés 27 46 70%
Non renseigné* publics 46 177 285%
privés 55 289 425%
Total publics 889 2 795 214%
privés 1 093 4 106 276%
* En 2011, 346 déclarants CIR n’ont pas d’effectifs renseignés (tableau 2 chapitre 2).
Source : Base GECIR février 2014, MESR-DGRI-C1
Toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, contractent plus souvent des travaux de
R&D avec des partenaires privés qu’avec des partenaires publics. Ces constations à partir
des déclarations CIR correspondent aux observations plus générales sur l’externalisation
de la R&D ou la coopération en matière de R&D : plus souvent pratiquées par les
grandes entreprises et beaucoup plus souvent avec des partenaires d’autres entreprises
qu’avec des institutions académiques. La part des entreprises externalisant vers le public
apparaît plutôt élevée en comparaison des études sur la collaboration des entreprises en
matière de R&D.
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Développement et impact du crédit d’impôt recherche : 1983-2011

  • 1. 1 Développement et impact du crédit d’impôt recherche : 1983-2011 avril 2014
  • 2. 2
  • 3. 3 Résumé Ce rapport de synthèse sur le développement du crédit d’impôt recherche (CIR) et l’évaluation de son impact répond au besoin d’un bilan après plusieurs années de mise en œuvre de la réforme majeure intervenue en 2008. Ce délai de plusieurs années de recul avait été estimé nécessaire par le rapport de l’Inspection générale des finances de 2010. Le rapport de la Cour des comptes de 2013 a lui recommandé de renforcer les travaux d’évaluation du CIR afin d’être en mesure de fournir un avis sur l’impact de la réforme de 2008 à partir d’analyses empiriques solides. Ce rapport s’appuie sur différentes sources de données depuis l’origine du CIR jusqu’en 2011 et sur les études d’évaluation disponibles. Il s’attache à prendre en compte le portefeuille de mesures, ou policy mix, en faveur des activités de recherche des entreprises. L’impact des dépenses de recherche des entreprises sur les performances économiques nationales justifie les aides publiques à la R&D privée De nombreuses études ont mesuré un impact positif des dépenses de recherche et développement (R&D) des entreprises sur leurs performances en matière d’innovation, de productivité ou d’exportation. Au-delà de leur impact positif sur les performances de l’entreprise, et donc de leur rendement privé, les dépenses de R&D engendrent des «externalités», dans la mesure où elles génèrent des connaissances nouvelles qui se diffusent et bénéficient à l’économie et la société. Malgré les précautions des entreprises pour protéger leurs résultats de R&D, notamment par des titres de propriété industrielle, la diffusion technologique peut par exemple bénéficier à d’autres entreprises et renforcer leur capacité concurrentielle. Les analyses empiriques tendent à confirmer que le rendement social des investissements en R&D des entreprises est ainsi supérieur à leur rendement privé. Dans cette mesure, les entreprises tendent à sous-investir dans la R&D par rapport à ce qui est souhaitable pour l’économie dans son ensemble et les aides publiques visent à les inciter à investir plus. En effet, si l’entreprise sous-investit, elle génèrera moins d’innovation pour elle-même, mais aussi moins de diffusion de connaissances vers d’autres acteurs économiques et sociaux, avec au total un impact négatif sur le potentiel de croissance du pays. Les pays performants en matière de recherche et d’innovation combinent ainsi un financement important de la recherche publique avec un soutien à la R&D des entreprises. Les modes de soutien public à la R&D des entreprises en France ont fortement évolué Dans les années 1990, la France était, comme les Etats-Unis, parmi les pays qui cumulaient d’importants financements publics directs à la R&D des entreprises et des incitations fiscales. Après la baisse des financements directs, le CIR a été fortement augmenté depuis la seconde moitié des années 2000. En 2011, la créance du CIR a atteint 5,2 Mds € et les financements directs 2,5 Mds, soit un total de 7,7 Mds représentant 0,37% du PIB. Le taux de financement de la R&D des entreprises est revenu à son niveau du début des années 1990, mais les poids respectifs du CIR et des aides directes ont été inversés au sein du policy mix.
  • 4. 4 L’utilisation du CIR par les entreprises a beaucoup varié depuis 1983 Jusqu’en 1990, le nombre de déclarants a fortement augmenté, avant de reculer pour descendre en dessous de 6 000 en 2003. Or, dans les années 1990 l’effet du CIR sur le coût de l’investissement en R&D s’était amoindri. Le renforcement du CIR depuis 2004 a au contraire rendu la mesure beaucoup plus attractive pour les entreprises et le nombre de déclarants a très fortement augmenté, atteignant près de 20 000 en 2011. Plus de trois quarts des bénéficiaires du CIR sont de petites entreprises fiscalement indépendantes, et encore près des deux tiers ont moins de 50 salariés. Les petites entreprises déclarent d’ailleurs souvent des dépenses faibles : plus de 4 500 entreprises déclarent des dépenses inférieures à 70 000€, correspondant à un crédit d’impôt de 22 000€. Les plus petites entreprises bénéficient du taux de CIR le plus élevé En France, les PME indépendantes d’un groupe représentent une part bien moindre des dépenses de R&D (15%) que les grandes entreprises (61%). Ces dernières bénéficient d’un montant total d’aide (subventions et CIR) plus élevé. En revanche, les taux d’aide sont plus élevés pour les PME, notamment dans le cas du CIR. En 2010, le CIR et le dispositif Jeune Entreprise Innovante finançaient 34% des dépenses de R&D des PME et les aides directes 12%, soit un total de 46%. Pour les grandes entreprises, les taux de financement public étaient respectivement de 14% et 8%, soit un total de 22%. Le numérique est parmi les premiers secteurs bénéficiaires du CIR La distribution sectorielle du CIR reflète celle des activités de R&D des entreprises. Elle suit aussi l’évolution de cette distribution : si les industries manufacturières continuent de recevoir plus de 60% du CIR, les secteurs des services aux entreprises (informatique, ingénierie…) représentent une part croissante. En 2011, le premier secteur bénéficiaire du CIR reste l’industrie électrique et électronique (826 M€), mais le second devient le conseil et assistance en informatique (596 M€) devant la pharmacie (573 M€). Cette évolution est due à l’entrée de nombreuses PME du secteur informatique dans le CIR depuis 2008 ; 3 400 entreprises ont déposé une déclaration en 2011. Les dépenses déclarées pour des travaux confiés à des institutions de recherche publiques augmentent fortement Pour l’ensemble des entreprises, les dépenses externalisées à des institutions publiques de recherche ont atteint 533 M€ en 2011, pour un montant de CIR correspondant de 211 M€. Dans le cas des PME, ces dépenses ont été multipliées par plus de six depuis 2005, contre quatre pour les dépenses externalisées à des entreprises. Cela s’explique par une augmentation du nombre d’entreprises qui contractent avec les laboratoires publics, mais aussi par une augmentation du montant moyen des contrats. Le doublement du taux de CIR pour l’externalisation auprès d’institutions publiques mis en place à partir de 2004 semble ainsi avoir eu un effet incitatif, particulièrement pour les PME. Malgré les effets négatifs de la désindustrialisation, l’intensité en R&D privée de la France a augmenté depuis 2008, pour atteindre un niveau historique en 2012 L’impact de la désindustrialisation sur la structure économique de la France a pesé sur l’intensité en R&D mesurée au niveau macroéconomique (R&D/PIB). Une analyse détaillée montre que cette tendance structurelle est compensée, depuis 2006 et plus fortement depuis 2008, par une intensification des investissements en R&D au niveau sectoriel. Si l’intensité en R&D des secteurs était restée constante depuis 2001, l’effet de structure de la désindustrialisation se serait traduit par une baisse des dépenses de
  • 5. 5 recherche des entreprises à 18 Mds € en 2011. Or, les dépenses observées en 2011 se sont montées à 29 Mds €. Cet écart de 11 Mds € est plus de deux fois supérieur au montant du CIR, qui a été de 5,2 Mds € en 2011. A partir de 2008, l’intensification des dépenses de R&D dans les différents secteurs, industriels et de services, est devenu suffisamment forte pour entraîner un redressement de l’intensité en R&D au niveau macroéconomique, qui atteint 1,48% en 2012. Les entreprises étrangères ont contribué à cette dynamique et identifient le CIR comme facteur d’attraction pour les activités de R&D en France. Parallèlement à l’augmentation de leurs dépenses de R&D, les entreprises ont accru le nombre de chercheurs qu’elles emploient, de 125 000 en 2007 à près de 160 000 en 2012. Le renforcement du CIR depuis 2004 a eu un impact avéré sur les dépenses de R&D des entreprises, ce qui exclut l’hypothèse d’un effet d’aubaine Les trois études d’évaluation sur données individuelles d’entreprises qui ont été menées depuis 2007, mesurent un impact positif du CIR sur les investissements en R&D des entreprises. Les deux études qui incluent des données postérieures aux réformes 2004 et 2008 mesurent un impact accru du CIR dans la période récente. La dernière étude, qui a évalué l’impact de doses plus ou moins fortes de CIR ou de subvention, mesure un impact positif plus constant du CIR que des subventions, surtout depuis 2004. Au total, les différentes études convergent pour indiquer que le CIR a un effet d’addition sur les dépenses de R&D des entreprises, autrement dit que 1 € de CIR reçu par les entreprises est investi dans des dépenses de recherche supplémentaires. Le CIR est complémentaire d’autres dispositifs en faveur de la R&D et de l’innovation La politique française en faveur de la R&D comporte plusieurs dispositifs et les entreprises utilisent souvent plusieurs de ces dispositifs. Ainsi, les Jeunes entreprises innovantes cumulent-elles des exonérations de charges, des subventions à la R&D et le CIR. Les entreprises adhérentes des pôles de compétitivité peuvent faire appel à différents dispositifs pour mener à bien leurs travaux de R&D, notamment le CIR. Une étude récente indique les PME adhérentes aux pôles ont eu plus recours au CIR que des entreprises homologues qui n’ont pas adhéré. Cette étude estime que les PME appartenant à un pôle font plus de R&D que des entreprises similaires hors pôles, sans pouvoir distinguer l’impact spécifique du pôle de celui du CIR. Les dispositifs en faveur de la recherche partenariale entrent aussi en synergie avec le CIR. La politique en faveur de l’innovation combine en effet des incitations à la demande par des entreprises via des contrats de R&D avec des institutions publiques (CIR) avec des incitations à l’offre par des laboratoires (instituts Carnot). Les évaluations d’impact doivent prendre ces interactions en compte afin d’apprécier l’efficacité des différents dispositifs, mais aussi le policy mix en faveur de tel ou tel objectif. Cette règle est particulièrement importante pour les dispositifs dont les objectifs convergent avec ceux du CIR du fait de son poids.
  • 6. 6 Table des matières Résumé ...................................................................................................................................3 Introduction............................................................................................................................10 Chapitre 1 Pourquoi et comment soutenir les dépenses de R&D des entreprises ?..............12 1. 1 Justification du soutien public aux dépenses de R&D des entreprises...........................................12 1. 2 Etudes empiriques de l’impact de la R&D de l’entreprise................................................................14 1. 2. 1 Evaluation du rendement privé de la R&D.....................................................................................14 1. 2. 2 Evaluation du rendement social de la R&D ....................................................................................16 1. 3 Evolution du policy mix en faveur de la R&D des entreprises en France........................................17 Chapitre 2 Utilisation des aides à la R&D par les entreprises en France..............................21 2. 1 Un recours au CIR variable selon les périodes et le mode de calcul...............................................21 2. 2 Distribution des dépenses de R&D et des aides par taille d’entreprises.........................................24 2. 3 Evolution des dépenses déclarées et du CIR par secteur d’activité.................................................29 2. 4 Types de dépenses déclarées au CIR par les entreprises...................................................................32 2.4.1 Evolution de la R&D externalisée...............................................................................................32 2. 4. 2 Augmentation des dépenses externalisées à des institutions publiques.................................................34 Chapitre 3 Dynamique des dépenses de R&D des entreprises en France 2001-11................38 3. 1 Structure sectorielle des économies et intensité en R&D.................................................................38 3. 2 Impact de la désindustrialisation (et du CIR) sur l’intensité en R&D.............................................40 3. 3 Augmentation du nombre de chercheurs dans les entreprises.........................................................48 3. 4 Evolution de l’attractivité de la France pour les activités de R&D .................................................49 3. 4. 1 Coût des activités de R&D et dispositifs fiscaux...............................................................................49 3. 4. 2 Investissements étrangers dans la R&D en France ...........................................................................50 Chapitre 4 Evaluation de l’impact du CIR sur la R&D des entreprises ................................52 4. 1 Stratégie d’évaluation de l’impact du CIR ...........................................................................................53 4. 2 Evaluation d’impact conjointe du CIR et des subventions à la R&D.............................................55 4. 3 Impacts combinés du CIR et d’autres dispositifs de soutien à la R&D..........................................58 Conclusion ..............................................................................................................................61 Références...............................................................................................................................64 Annexe 1. Evolution des dispositions du CIR, 1983-2011 ......................................................................72 Annexe 2. Traitement des données relatives au CIR ................................................................................78 Annexe 3. Rapports publics sur le CIR depuis 2006.................................................................................79 Annexe 4. Coût d’usage de la R&D pour les entreprises .........................................................................80 Annexe 5. Glossaire (acronymes et définitions) ........................................................................................81 Remerciements .......................................................................................................................84
  • 7. 7 Liste des tableaux Tableau 1. Principales évolutions du mode de calcul du CIR*, 1983-2011........................................... 22 Tableau 2. Distribution des bénéficiaires, des dépenses déclarées et du CIR par taille d’entreprise 26 Tableau 3. Entreprises ayant une activité interne de R&D et dépenses intérieures de R&D par catégorie d’entreprises en 2010 .................................................................................................................... 26 Tableau 4. Distribution des montants de CIR en 2011............................................................................ 27 Tableau 5. Distribution des financements publics à la R&D par taille d’entreprise, 2010.................. 28 Tableau 6. Distribution des dépenses de R&D et du CIR par activité en 2011, %.............................. 30 Tableau 7. Distribution sectorielle du CIR 2011, en M€.......................................................................... 31 Tableau 8. Distribution des dépenses déclarées au CIR par type, en %, 2011...................................... 32 Tableau 9. Nombre d’entreprises ayant confié des travaux de R&D à des institutions publiques de recherche sans lien de dépendance ou embauché des jeunes docteurs.................................................. 33 Tableau 10. Dépenses externalisées selon le type de sous-traitant, 2011............................................... 33 Tableau 11. Modalités d’application du CIR pour les dépenses externalisées à des institutions publiques de recherche..................................................................................................................................35 Tableau 12. Evolution des dépenses externalisées déclarées au CIR, institutions et entreprises sans lien de dépendance, 2005 - 2011 ......................................................................................................... 36 Tableau 13. Distribution par taille des entreprises déclarant des dépenses externes dans leur assiette CIR, institutions et entreprises sans lien de dépendance............................................................ 37 Tableau 14. Décomposition de l’écart d’intensité en R&D privée par rapport à 2001, 2002-2011... 42 Tableau 15. Nombre de projets d'implantation en France, 2003-2012.................................................. 50 Tableau 16. Nombre d’entreprises ayant une activité de R&D en France et montant de leur DIRD par nationalité d’origine, 2010.......................................................................................................... 51 Tableau 17. Impact d’un euro supplémentaire d’aide sur la dépense de R&D, selon les dispositifs, les montants d’aide et les périodes............................................................................................................... 57 Tableau 18. Subventions aux dépenses de R&D déclarées par les entreprises dans le cadre du CIR, 2011......................................................................................................................................................... 59 Tableau 19. Les JEI et le CIR....................................................................................................................... 59
  • 8. 8 Liste des graphiques Graphique 1. Impact de la R&D d’une entreprise sur ses performances et sur les connaissances externes............................................................................................................................................................13 Graphique 2. Financements publics à la R&D des entreprises en France, 1993-2011, M€ ...............18 Graphique 3. Financements publics à la R&D des entreprises en France, 1993-2011, en pourcentage du PIB .......................................................................................................................................18 Graphique 4. Nombre de déclarants et de bénéficiaires du CIR, 1983-2011........................................23 Graphique 5. Réduction du coût de l’investissement en R&D représentée par le CIR et les subventions à la R&D, 1978-2008...............................................................................................................23 Graphique 6. Montant du CIR en millions d’euros courants, 1983-2011..............................................24 Graphique 7. Distribution des dépenses de R&D et des financements publics par taille d’entreprises, 2011..........................................................................................................................................28 Graphique 8. Dépenses externalisées à des institutions publiques de recherche déclarées au CIR...35 Graphique 9. Intensité en R&D des entreprises observée et simulée pour la structure sectorielle moyenne des pays de l’OCDE, 2011...........................................................................................................39 Graphique 10. Evolution de la part de la R&D privée dans la valeur ajoutée par grand secteur et dans le PIB ......................................................................................................................................................40 Graphique 11. Ecart à l’intensité en R&D de 2001 et ses composantes, 2002-2011...........................44 Graphique 12. Evolution de la part de la R&D dans la valeur ajoutée par activité, 2001-2011 .........46 Graphique 13. Montant de la R&D privée observé et simulé pour tenir compte la désindustrialisation et du CIR, 2002-2011..................................................................................................47 Graphique 14. Evolution du personnel de R&D dans les entreprises en France, 1998-2012............48 Liste des encadrés Encadré 1. L’intégration fiscale et le calcul du montant du CIR.............................................................25 Encadré 2. Le traitement des groupements de sociétés (holdings) dans le CIR ...................................29 Encadré 3. Méthode pour la réaffectation du CIR aux sociétés déclarantes.........................................30 Encadré 4. Décomposition sectorielle de l’évolution de l’intensité en R&D........................................41 Encadré 5. Nomenclatures pour le calcul de l’évolution de l’intensité en R&D ..................................42 Encadré 6. Etudes d’évaluation du CIR engagées par le MESR, 2005-2013.........................................53 Encadré 7. Indicateurs d’impact des aides publiques à la R&D..............................................................56 Encadré 8. Dates de dépôt des déclarations CIR.....................................................................................78 Encadré 9. Composantes du coût d’usage de la R&D pour les entreprises ..........................................80
  • 9. 9
  • 10. 10 Introduction Les analyses empiriques menées dans différents pays et à l’échelle internationale indiquent que les investissements en R&D améliorent les performances des entreprises, qu’elles soient mesurées par la productivité, l’introduction de nouveaux produits ou les exportations. Au niveau individuel, les activités de R&D permettent à l’entreprise d’innover, mais aussi d’accroître sa capacité à absorber des connaissances développées par d’autres et à adopter des innovations. Autrement dit, les activités de R&D des entreprises constituent à la fois un facteur d’innovation et un facteur de diffusion de l’innovation dans une économie. Les entreprises qui conduisent des activités de R&D sont aussi mieux à même de tirer parti d’innovations étrangères. La capacité de croissance par l’innovation d’un pays dépend ainsi en grande partie de l’effort de recherche des entreprises sur son territoire. C’est pourquoi les politiques publiques en Europe cherchent depuis une décennie à stimuler les investissements dans les activités de R&D. Il s’agit d’accroître la capacité de croissance intensive en connaissance dans un contexte mondial où les activités industrielles se sont diffusées et où de nombreux pays investissent dans l’innovation. Cet objectif a été réaffirmé dans le cadre de la démarche stratégique engagée par la Commission Européenne pour 2020, l’Union pour l’innovation. En France, le rôle de l’innovation dans la compétitivité des entreprises et la capacité de croissance nationale a été reconnu, et le renforcement de la capacité d’innovation constitue l’un des axes forts de la politique économique. L’importance des investissements dans la connaissance n’a pas été éclipsée par la crise économique qui s’est déclenchée en 2008. Au contraire, différents pays ont accru leur soutien aux activités de R&D dans le cadre des plans de relance et des stratégies de sortie de crise. La France s’est inscrite dans cette perspective avec le cumul de l’accélération du remboursement des créances de crédit d’impôt recherche (CIR), l’accroissement des aides directes à l’innovation et le Programme d’investissements d’avenir. A la fin des années 2000, la France est ainsi l’un des pays qui apporte le plus de soutien à la R&D des entreprises. Le CIR a été profondément réformé en 2008, devenant assis sur le volume des dépenses déclarées et offrant un taux normal de 30%. Suite à cette réforme, le CIR est devenu le principal financement public des activités de R&D des entreprises en France. En conséquence, il interagit avec tous les autres dispositifs incitatifs en matière de R&D des entreprises. L’évaluation de l’impact du CIR est ainsi non seulement importante du fait des montants de financement public en jeu, mais aussi du fait de son rôle au sein du policy mix de la France en faveur de la R&D et de l’innovation. Le CIR est une mesure dont l’utilisation est connue en détail, notamment à travers la base de données générée à partir des opérations de suivi et de gestion du MESR. Au-delà, le CIR a fait l’objet d’un grand nombre de rapports depuis 2006. Premièrement, de la part des corps de contrôle, IGF et Cour des comptes. Deuxièmement, de la part du Parlement. Enfin, de la part du gouvernement, qui a rendu quatre rapports au Parlement qui avaient été prévus par la loi de programmation de la recherche de 2006 et des lois de finances. Les rapports transmis au Parlement (MESR 2006b, 2008, 2009a, 2010) ont apporté des analyses statistiques sur l’évolution du CIR et développé des thèmes spécifiques comme l’utilisation de plusieurs types d’aide par les entreprises ou l’impact sur l’attractivité de la France pour la R&D. Ils ont aussi rendu compte des travaux d’évaluation d’impact du CIR, ainsi que de travaux similaires menés dans les pays qui disposent de dispositifs fiscaux en
  • 11. 11 faveur de la R&D. Depuis le dernier rapport au Parlement en 2010, les travaux d’évaluation du CIR ont été poursuivis et ont donné lieu à des échanges avec la Cour des comptes dans le cadre de ses travaux en 2012 et 2013 (Cour des comptes 2013). Les études d’impact n’ont pas pu porter sur toutes les années pour lesquelles les données du CIR étaient disponibles en 2013 (soit 2011) car d’autres données d’entreprises nécessaires n’étaient pas encore disponibles. Le présent rapport a ainsi un double objectif. Premièrement, exploiter de manière approfondie les données disponibles sur le CIR dans une perspective historique et jusqu’à l’année 2011. Ces données sont utilisées conjointement avec les données sur les dépenses de R&D des entreprises et sur les autres financements publics des activités de R&D des entreprises. Cela permet de donner une image précise de l’évolution du CIR et de son rôle dans le policy mix en faveur de la R&D. Cela permet aussi de fournir une analyse approfondie de l’évolution de l’intensité en R&D privée en France, qui s’est redressée depuis 2008. Deuxièmement, le rapport propose une synthèse des évaluations d’impact du CIR, y compris la dernière étude commissionnée par le MESR qui a pu s’appuyer sur les données 2008 et 2009, donc après la réforme. Là encore, il s’efforce de prendre en compte l’existence d’autres dispositifs de politique publique en faveur de la R&D et de l’innovation. Le rapport comporte 4 chapitres. Le chapitre 1 revient sur le rôle des dépenses de R&D privée dans le potentiel de croissance des pays à hauts revenus. Il précise pourquoi et comment les politiques publiques soutiennent les dépenses de R&D des entreprises. Le policy mix de la France dans ce domaine a fortement changé depuis vingtaine d’années, au profit du CIR. Le chapitre 2 détaille l’évolution du CIR entre 1983 et 2011. Il souligne le contraste entre la décennie 1990 au cours de laquelle le CIR a enregistré une certaine désaffection de la part des entreprises et la dernière décennie. Ce chapitre fournit des statistiques détaillées sur l’utilisation du CIR et des financements directs à la R&D par les entreprises jusqu’en 2011. Des données détaillées sont fournies sur l’utilisation des différentes dispositions du CIR. Le chapitre 3 analyse l’évolution des dépenses de R&D des entreprises en France au cours de la décennie 2001-2011. Il souligne le rôle de la composition sectorielle de l’économie pour expliquer l’intensité en R&D de la France. Le chapitre propose ensuite une analyse approfondie de la dynamique de l’intensité en R&D de la France et du rôle de la désindustrialisation au cours de la décennie 2000. Ce chapitre souligne qu’à partir de 2008 la France a connu un redressement de l’intensité en R&D privée malgré la désindustrialisation. Cette dynamique s’est accompagnée d’une augmentation du nombre de chercheurs dans les entreprises. Le chapitre 4 traite plus spécifiquement des études d‘évaluation d’impact du CIR sur les dépenses de R&D des entreprises. Il présente les résultats de l’étude la plus récente qui évalue à la fois l’impact du CIR et l’impact des subventions à la R&D. Le chapitre aborde aussi la question de l’évaluation de l’impact du cumul de différents dispositifs d’aide par certaines entreprises. La conclusion synthétise les résultats sur le rôle du CIR dans la politique publique. Elle envisage les nouvelles analyses qui peuvent contribuer à approfondir l’évaluation de l’impact du CIR et au-delà de la politique en faveur de la R&D et de l’innovation.
  • 12. 12 Chapitre 1 Pourquoi et comment soutenir les dépenses de R&D des entreprises ? Les politiques publiques cherchent à stimuler l’innovation comme facteur essentiel de productivité et de performance des entreprises, particulièrement dans les économies à haut revenu fondées sur la connaissance. Les pays développent ainsi progressivement un ensemble de politiques publiques et d’infrastructures en faveur de la recherche publique, de la recherche privée et de leurs interactions. De nombreuses études ont montré que les activités de R&D ont un impact positif sur les performances des entreprises en matière d’innovation et de productivité. Les activités de R&D ont un impact direct sur la propension à générer des innovations, mais aussi un impact indirect sur le renforcement de la capacité d’absorption par l’entreprise des connaissances externes. Ces activités contribuent ainsi à la fois à la création de connaissances, à l’innovation et à la diffusion des nouvelles technologies. Du fait de l’impact positif des activités de R&D sur les performances économiques, les politiques publiques veillent à ce que les entreprises y investissent suffisamment. Or, du fait des caractéristiques des connaissances issues de la R&D, les entreprises tendent à sous- investir dans ces activités. Le soutien public aux activités de R&D des entreprises est ainsi traditionnellement fondé sur les retombées économiques hors de l’entreprise qui consent l’investissement, y compris en faveur de concurrents potentiels. S’ajoute à cet argument en termes d’externalités, celui de la prise de risque qui peut être difficilement finançable. Dans le contexte de la mondialisation et du fait de la mobilité accrue des personnes comme des investissements, ces arguments classiques ont été renforcés par la nécessité d’accroître l’attractivité des territoires nationaux pour les activités de R&D. En fonction du contexte économique et de la dynamique de l’innovation, les politiques publiques s’appuient sur un portefeuille de dispositifs pour inciter les entreprises à engager plus de dépenses de R&D. En France, depuis une quinzaine d’années, le poids du CIR dans le policy mix a été considérablement renforcé. 1. 1 Justification du soutien public aux dépenses de R&D des entreprises Les entreprises investissent dans les activités de R&D dans la mesure où elles en attendent une amélioration de leurs performances et de leur positionnement concurrentiel. Les résultats de leurs efforts de R&D génèrent des connaissances qui nourrissent la capacité d’innovation de l’entreprise de deux manières. Premièrement, des connaissances directement utilisables pour obtenir des résultats et générer des innovations, de produits ou de procédés. Deuxièmement, des connaissances qui renforcent la capacité d’absorption et d’ouverture efficace aux connaissances externes. Etant donné que le stock de connaissances de l’entreprise s’appuie à la fois sur les efforts de R&D internes et sur l’absorption de résultats externes (graphique 1), les investissements en matière de R&D et d’innovation de l’entreprise doivent veiller à assurer une bonne capacité d’absorption. Ainsi, les entreprises
  • 13. 13 les plus innovantes, notamment dans les secteurs intensifs en recherche, tirent parti de travaux de recherche de base menés en interne ou en coopération1 . Graphique 1. Impact de la R&D d’une entreprise sur ses performances et sur les connaissances externes Sources : élaboration à partir de la littérature économique Au-delà de leur impact positif sur les performances de l’entreprise, et donc de leur rendement privé, les dépenses de R&D engendrent des externalités positives. En effet, les connaissances générées se diffusent plus ou moins largement et ne peuvent pas être totalement appropriées par l’entreprise qui a consenti les investissements en R&D pour sa capacité d’innovation propre. La diffusion technologique peut en particulier bénéficier à d’autres entreprises et renforcer leur capacité concurrentielle (graphique 1). Les études empiriques confirment que le rendement social des investissements en R&D des entreprises est supérieur à leur rendement privé. Du fait de ces externalités de connaissance et malgré l’existence de droits de propriété intellectuelle, les entreprises ne peuvent s’approprier tous les bénéfices de leur activité de R&D. En conséquence, elles tendent à sous-investir par rapport à ce qui serait souhaitable du point de vue de la société, réduisant ainsi le potentiel d’innovation au niveau national. Le soutien public a pour objectif de compenser les incitations insuffisantes des entreprises à investir dans la R&D en abaissant le coût final de ces investissements. 1 Voir (Leten et al. 2010), Weick et Jain (2014).
  • 14. 14 Les risques présentés par certains projets de R&D constituent des motivations complémentaires d’intervention publique. Le risque peut être trop important et à trop long terme pour être assumé par un ou quelques acteurs privés dans la mesure où le financement par les marchés de ce type de projet est difficile. L’Etat qui a la capacité de mutualiser les risques, peut alors chercher à inciter les acteurs à les prendre. De plus, des phénomènes d’asymétrie d’information entre entrepreneurs et créanciers peuvent empêcher des projets de R&D pourtant rentables, d’être financés. Par ailleurs, les politiques de soutien à la R&D des entreprises ont été influencées par le contexte de la mondialisation et l’émergence de réseaux mondiaux d’innovation. L’internationalisation des activités de R&D des entreprises a d’abord été suscitée par le développement de la demande et des capacités de production dans de nouveaux pays. La Chine, mais aussi d’autres pays en rattrapage où le dynamisme de la croissance a attiré des unités de production, qui elles-mêmes appellent des activités de développement technique pour assurer l’adaptation aux spécificités de la demande locale et des conditions de production. L’internationalisation de la R&D résulte cependant aussi de l’attraction exercée par les capacités scientifiques et techniques disponibles à l’étranger. Le développement de réseaux mondiaux d’innovation à la configuration mouvante ont fait de l’attractivité pour les activités de R&D un enjeu de plus en plus central pour les politiques publiques2 . Cette préoccupation n’est certes pas complètement nouvelle, mais elle s’est nettement affirmée avec l’évolution de la mobilité des activités de R&D des entreprises depuis une vingtaine d’années. Les politiques publiques cherchent ainsi à favoriser les dépenses de R&D sur leur territoire de la part des entreprises locales et des entreprises étrangères. 1. 2 Etudes empiriques de l’impact de la R&D de l’entreprise De nombreuses études empiriques ont mesuré l’impact des activités de R&D des entreprises sur les performances internes des entreprises elles-mêmes et au-delà sur la génération et la diffusion des connaissances nouvelles qui résultent de ces activités. Les résultats de ces analyses sont résumés ci-dessous en distinguant le rendement privé des activités de R&D des entreprises (1.2.1) de leur rendement social à travers la diffusion des connaissances (1.2.2). 1. 2. 1 Evaluation du rendement privé de la R&D Des nombreux travaux ont estimé l’impact des investissements en R&D des entreprises sur leur productivité. Dans leur recension des estimations publiées entre 1980 et 2009, Hall, Mairesse et Mohnen (2009) concluent que le rendement privé de la R&D mesuré en termes de gain de productivité est toujours positif et est souvent supérieur au rendement du capital physique, même si les résultats varient en fonction de la méthode, du pays et de la période d’observation. Une étude récente démontre que l’intensité en R&D de l’entreprise a un impact positif et significatif à moyen-terme sur la croissance des effectifs (Capasso, Treibich et Verspagen 2014). Les auteurs soulignent que l’impact de la R&D s’observe après un délai et donc qu’il est important d’estimer son impact sur le moyen ou le long-terme. 2 Pour une revue des contributions et données récentes, voir Sachwald (2013).
  • 15. 15 Des travaux plus nombreux ont estimé l’impact des dépenses de R&D sur la propension à innover des entreprises d’une part et l’impact de l’innovation sur les performances des entreprises d’autre part. Différentes analyses empiriques ont établi un impact positif des dépenses de R&D des entreprises sur leurs performances en matière d’innovation. Des analyses récentes sur données françaises, néerlandaises ou canadiennes montrent que les entreprises qui ont effectué de la R&D de manière continue dans un passé proche ont une probabilité plus forte d’introduire un produit nouveau et/ou d’avoir un chiffre d’affaires innovant plus élevé (Raymond et al. 2013, Rosa et Mohnen 2013). Conte et Vivarelli (2013) montrent aussi, à partir de données italiennes, que l’investissement en R&D augmente la probabilité de l’entreprise de générer des innovations de produit. L’intensité en R&D de l’entreprise3 a en outre un impact positif sur le montant du chiffre d’affaires innovant en France et aux Pays- Bas (Raymond et al. 2013). Ces études récentes confirment ainsi que les entreprises qui conduisent régulièrement des travaux de R&D tendent à être les plus innovantes. Une analyse sur données françaises a notamment montré que ce sont les entreprises qui conduisent des travaux de R&D qui sont les pionnières sur leur marché, plutôt que les « imitatrices » (MENESR, 2007). Or, c’est l’introduction de produits nouveaux pour le marché qui permet d’augmenter significativement les ventes de l’entreprise, alors que l’introduction de produits nouveaux seulement pour l’entreprise a un impact beaucoup plus faible (Isogawa et al. 2012). Les entreprises qui investissent en R&D et sont des pionnières sur leurs marchés conduisent aussi des innovations organisationnelles et de marketing. Innovations technologiques et non-technologiques ne doivent donc pas être opposées, même si les secondes sont plus fréquentes que les premières, notamment dans les secteurs de services. Une étude allemande confirme les interactions positives entre innovations technologiques et non-technologiques : les innovations marketing coïncident souvent avec des innovations de produits et les innovations organisationnelles tendent à accompagner des innovations de procédé (Schmidt et Rammer 2007). Si les dépenses de R&D ont un impact positif sur les innovations de produit, l’acquisition de technologies (brevets par exemple) influence plutôt les innovations de procédés (Conte et Vivarelli 2013). Par ailleurs, l’acquisition de technologie tend à avoir un impact supérieur sur les innovations de procédés et les ventes de produits innovants pour les petites entreprises. Les dépenses de R&D s’avèrent elles fondamentales pour stimuler l’innovation de produit, que ce soit dans les petites ou les grandes entreprises. L’impact de la R&D est cependant plus fort sur le chiffre d’affaires innovant pour les grandes entreprises. Les études qui mesurent l’impact de l’innovation sur la productivité ou les exportations de l’entreprise trouvent un impact positif. Dans sa recension des travaux sur ce sujet, Hall (2011) souligne que de nombreuses études économiques ont mesuré un impact positif et significatif de l’innovation de produit sur la productivité des entreprises. Il y a potentiellement des liens de causalité réciproques entre innovation et productivité et certaines analyses se sont attachées à montrer que c’est bien l’innovation de produit qui a un impact positif sur la productivité du travail et non l’inverse (Raymond et al. 2013). Isogawa et al. (2012) montrent à partir de données japonaises que l’innovation de produit a un 3 Dépenses de R&D par employé.
  • 16. 16 impact positif sur le niveau de productivité de l’entreprise, mais que cet impact n’est significatif que si l’innovation est nouvelle pour le marché et non pour la seule entreprise, c’est-à-dire dans les cas où elle est imitatrice. Plus généralement, il est intéressant de distinguer les types d’innovation, même si cette question est empiriquement difficile (Hall, Mairesse et Mohnen, 2009). Différents travaux ont aussi cherché à mesurer l’impact de l’innovation sur les exportations des entreprises. Exporter implique généralement une adaptation aux exigences des marchés étrangers en termes de qualité et/ou de compétitivité-coût. En conséquence, les décisions d’exporter et d’innover peuvent être simultanées. Cette analyse générale a été confirmée dans le cas de la France (Bellone et Guillou 2010, Bouvier 2012) et du Royaume-Uni (Ganotakis et Love 2011) par exemple. L’analyse de l’impact spécifique de l’innovation sur les exportations suppose donc de contrôler l’endogénéité potentielle entre innovation et exportation. Différents travaux ont abordé cette problématique et ont conclu que l’introduction d’innovations de produit a un impact positif et significatif sur la probabilité d’exporter4 ou sur l’intensité de l’exportation (Bocquet et Musso, 2011 ; Lachenmaier et Woessmann, 2006). Quelques études n’ont cependant pas mesuré d’impact significatif de l’innovation sur les exportations5 . 1. 2. 2 Evaluation du rendement social de la R&D Les connaissances générées par les activités de R&D des entreprises ne sont pas totalement appropriées par ces dernières pour générer des innovations. La diffusion d’une partie des connaissances générées peut notamment bénéficier à d’autres entreprises pour leur propre processus d’innovation. Plus généralement, la diffusion des connaissances générées par la R&D de l’entreprise représente des externalités au profit d’acteurs privés et publics de la société, comme le souligne le graphique 1 ci-dessus. Dans cette mesure le rendement des dépenses de R&D des entreprises peut être supérieur au seul rendement privé pour l’entreprise qui a investi dans les activités de R&D. Dans leur revue de la littérature sur l’impact des investissements dans la R&D par les entreprises, Hall, Mairesse et Mohnen (2009) concluent que le rendement social de la R&D est presque toujours supérieur au rendement privé6 . Autrement dit, les externalités s’avèrent très majoritairement positives et accroissent le rendement total des investissements en R&D pour la société. Bloom et al. (2013), soulignent que deux types d’externalités s’opposent : les externalités technologiques sont positives pour les autres entreprises alors que les externalités de rivalité de produit sur le marché sont négatives pour l’entreprise qui a investi dans la R&D et ainsi généré des connaissances qu’elle ne peut complètement s’approprier. Cependant, leur analyse empirique sur des données d’entreprises américaines indique que le premier effet est supérieur au second. Au total, le rendement social de la R&D des entreprises serait au moins deux fois supérieur au rendement privé. 4 Voir Cassiman et Martinez-Ros (2005), Caldera (2010), Becker et Egger (2007), Bocquet et Musso (2011), Ganotakis et Love (2011). 5 Damijan et al. (2008), Van Beveren et Vandenbussche (2009). 6 Les estimations du rendement social varient plus d’une méthode à l’autre ou d’un échantillon à l’autre que celles du rendement privé.
  • 17. 17 Des analyses plus précises des processus d’innovation des entreprises suggèrent que certains projets de R&D génèrent plus d’externalités que d’autres. Ainsi, les projets d’innovation radicale représentent à la fois plus de risques et génèrent plus de connaissances nouvelles. Ils impliquent aussi désormais souvent des pratiques d’innovation ouverte. Les entreprises pionnières, qui introduisent les innovations sur le marché, s’appuient à la fois sur des interactions avec leurs clients et avec la recherche académique. Les entreprises imitatrices utilisent elles relativement plus leurs fournisseurs et leurs concurrents comme source d’information pour innover (MENESR, 2007). Les entreprises qui ont adopté une stratégie d’innovation ouverte (qui ont acheté et/ou vendu des services de R&D à d’autres entreprises) sont plus innovantes que les entreprises qui effectuent leur R&D uniquement en interne (Lokshin et al. 2008, Rosa et Mohnen 2013). Les grandes entreprises ont une probabilité plus élevée d’adopter une stratégie d’innovation ouverte que les petites (Rosa et Mohnen 2013). Les entreprises qui ont atteint la frontière technologique dans leur secteur bénéficiant moins des externalités provenant d’autres entreprises, elles ont intérêt à collaborer avec des universités étrangères (Monjon et Waelbroeck 2003). Les analyses empiriques mesurent les externalités positives des activités de R&D des entreprises et les facteurs qui peuvent les amplifier. Elles indiquent aussi que les coopérations en matière de R&D et les pratiques d’innovation ouverte ont un impact positif sur l’innovation, notamment sur la propension à générer des innovations radicales. Ces analyses confirment ainsi la pertinence des politiques publiques de soutien à la R&D des entreprises et aux pratiques de recherche collaborative, notamment avec les institutions publiques de recherche. Les politiques publiques de nombreux pays ont développé des dispositifs incitatifs spécifiques dans ce domaine de façon à favoriser la complémentarité entre recherche publique et privée et à stimuler les transferts de technologie. Il faut cependant noter que les analyses empiriques soulignent aussi l’importance pour le succès de pratiques d’innovation ouverte, de cultiver la capacité d’absorption de l’entreprise. 1. 3 Evolution du policy mix en faveur de la R&D des entreprises en France Les politiques publiques qui visent à inciter les entreprises à accroître leurs dépenses de R&D en réduisant le coût de la R&D utilisent deux grands types d’instruments : le financement direct (subventions) et le financement indirect ou fiscal (crédit d’impôt, déduction majorée). Chacun présente des spécificités, des points forts et des points faibles. Comme d’autres pays, la France utilise les deux types d’incitation à la R&D. Il faut donc apprécier le dosage de chacun des instruments au sein d’un policy mix qui dépend des spécificités de l’économie nationale et des priorités de la politique publique. L’instrument fiscal est transversal et crée un environnement plus favorable à l’investissement en R&D pour toutes les entreprises, quel que soit leur âge, leur taille ou leur secteur d’activité. Il laisse le choix des projets de R&D aux entreprises, ce qui peut être un avantage dans un contexte de progrès technologique rapide et de multiplication des combinaisons entre technologies et secteurs pour innover. Les subventions semblent elles mieux adaptées à des interventions ciblées, sur un projet, un secteur ou une catégorie d’entreprises, faisant face par exemple à des externalités ou des risques particulièrement élevés. Elles supposent d’une part que les autorités publiques sont en mesure d’identifier les secteurs et les projets pertinents et d’autre part qu’elles disposent de ressources et compétences suffisantes pour instruire les dossiers.
  • 18. 18 Graphique 2. Financements publics à la R&D des entreprises en France, 1993-2011, M€ courants Remarque : ce graphique ne tient pas compte du financement indirect que représente le dispositif Jeune entreprise innovante (allègements de charges d’environ 130 millions d’euros par an). Sources : base GECIR, MESR-DGRI-C1 pour le CIR ; DGESIP/DGRI-SIES-C1 pour les financements directs Graphique 3. Financements publics à la R&D des entreprises en France, 1993-2011, en pourcentage du PIB Sources : MESR- DGRI-C1et DGESIP/DGRI-SIES-C1 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000 4 500 5 000 5 500 6 000 6 500 7 000 7 500 8 000 Crédit d'impôt recherche 0,00% 0,05% 0,10% 0,15% 0,20% 0,25% 0,30% Total financements directs dont défense dont civil CIR Financements directs
  • 19. 19 Depuis le début des années 1990, la France, comme d’autres pays de l’OCDE, a modifié son policy mix en faveur des activités de R&D des entreprises, d’abord en réduisant les aides directes, puis en renforçant les aides fiscales (graphique 2). La comparaison des graphiques 2 et 3 souligne que cette évolution a été plus nette en part du PIB qu’en montant des aides publiques. En pourcentage du PIB, le financement public de la R&D a baissé de près de 0,12% au début des années 1990, pour augmenter de 0,22% entre 2004 et 2008 (graphique 3). Après la baisse des financements directs au cours des années 1990, le taux est resté relativement stable autour de 0,15% du PIB, avant une nouvelle baisse du financement de la R&D de défense. En conséquence, le financement de la R&D de défense, longtemps resté deux fois plus important que celui de la R&D civile, est devenu équivalent autour de 0,05% du PIB. A l’inverse, l’intensité de l’aide fournie par le CIR a augmenté à partir de 2004, devenant plus forte que l’intensité des subventions à la R&D civile dès 2005 et plus forte que l’ensemble des financements directs à partir de 2008. Au total, l’ensemble des financements publics de la R&D des entreprises retrouve son niveau du début des années 1990 à la fin de la décennie 2000, mais avec un policy mix inversé entre les aides directes et indirectes. Cette évolution du policy mix peut s’expliquer par des tendances de fond. Dans les pays où la R&D de défense était importante, le financement public a été réduit dans les années 1990 avec la fin de la guerre froide. Plus généralement, différentes analyses des systèmes d’innovation ont souligné l’importance de l’environnement des affaires et des écosystèmes favorables à la créativité et à la prise de risque pour stimuler les dépenses de R&D et d’innovation. Or, ces caractéristiques transversales des économies nationales ne reposent pas sur des subventions ciblées. Par ailleurs, la complexité des processus d’innovation et le caractère pluri-technologique de nombreuses innovations peuvent justifier un soutien général aux dépenses de R&D qui génèrent des externalités pour l’ensemble de l’économie sans que les secteurs les plus bénéficiaires soient identifiés à l’avance. Enfin, dans le contexte de l’internationalisation des activités de R&D, le renforcement des aides fiscales traduit en partie la concurrence à laquelle se livrent les pays pour attirer de nouvelles implantations de centres de R&D. Les instruments de financement direct ont eux-mêmes évolué en faveur de d’incitations aux projets de R&D collaborative (projets ANR thématiques, pôles de compétitivité, projets ISI notamment). Au début des années 2000, la France se trouvait, avec les Etats-Unis, dans la catégorie des pays qui cumulaient des financements publics directs aux entreprises importants et des incitations fiscales non négligeables (Jaumotte et Pain 2005, Lhuillery 2005). Depuis le milieu des années 2000, la réduction de l’intensité des financements publics directs à la R&D a été plus que compensée par la très forte augmentation du CIR. Ainsi en 2011, le total des financements publics à la R&D des entreprises en France a atteint 0,38% du PIB, soit le taux le plus élevé après la Russie et la Corée du Sud (OCDE 2013). L’importance relative des aides à la R&D en France est ainsi devenue sensiblement plus élevée qu’aux Etats-Unis. L’importance du financement public peut aussi être mesurée en proportion de la R&D des entreprises. En 2007, les financements publics directs à la R&D des entreprises se montaient à 2,7 milliards € et la créance CIR à 1,8 milliards, soit un total de 4,5 milliards.
  • 20. 20 Les dépenses de R&D exécutées par les entreprises (DIRDE) ayant été cette même année de 24,7 milliards €, le taux de financement total a été de 18,2%. En 2011, les financements directs ont atteint 2,3 milliards € et la créance du CIR à 5,2 milliards, portant le total à 7,4 milliards et le taux de financement public à 26% de la DIRDE7 . Entre 2007 et 2011, le taux de financement public total à la R&D a donc augmenté de 0,14 points de PIB et de plus de 8 points de DIRDE. Il s’agit d’une moyenne nationale, les taux pouvant varier sensiblement par secteur et par taille d’entreprise8 . 7 La DIRDE s’est élevée à 28,851 Mds€. 8 Voir la section 1.3 pour la discussion de la variation du taux de financement public par taille d’entreprise.
  • 21. 21 Chapitre 2 Utilisation des aides à la R&D par les entreprises en France Depuis son instauration en 1983, le CIR a beaucoup varié. Jusqu’en 2003 il n’a pas été une mesure permanente, mais a été reconduit par le législateur par cycles pluri-annuels. Il a aussi connu de nombreuses modifications dans son mode de calcul et dans l’éligibilité de certaines dépenses. A partir de 2004, les évolutions du CIR ont été plus radicales pour donner naissance à un dispositif beaucoup plus simple et beaucoup plus important pour les entreprises. Ainsi, à une décennie de désaffection par les entreprises a succédé une décennie d’adhésion. Ce chapitre adopte une perspective de long terme pour analyser les soutiens publics à la R&D des entreprises en France. Il est en effet important de considérer le CIR conjointement avec les financements directs que sont les subventions à la R&D. La distribution par taille d’entreprises des différentes aides est variable, mais désormais les PME bénéficient globalement d’un très fort soutien public à leurs activités de R&D. Ce chapitre souligne aussi que le CIR profite bien à l’ensemble des secteurs qui réalisent des travaux de R&D et notamment aux activités de services informatiques. Il détaille certaines dépenses éligibles au CIR comme celles qui sont relatives à la R&D externalisée. Les travaux externalisés auprès d’institutions publiques de recherche ont ainsi très fortement augmenté depuis le renforcement du CIR. 2. 1 Un recours au CIR variable selon les périodes et le mode de calcul En 1983, la France a introduit un crédit d’impôt assis sur l’augmentation des dépenses de R&D des entreprises avec un taux de 25% et un plafond faible (tableau 1). Le dispositif est devenu plus généreux dès 1985 avec un taux à 50% et un plafond relevé, puis entre 1988 et 1990 avec une part calculée presque en volume et un plafond doublé (tableau 1). La part en quasi-volume a été supprimée après 1990, induisant une réduction de la générosité du dispositif. En 2004, une part en volume a été introduite en même temps que le plafond était relevé, augmentant sensiblement l’intérêt du CIR pour les entreprises. La réforme de 2008 a poursuivi l’évolution en introduisant un crédit d’impôt uniquement assis sur le volume des dépenses de R&D des entreprises avec un taux élevé de 30%. La réforme a en outre annulé le plafond pour introduire un seuil de taux réduit de 5% au-delà de 100 millions € de dépenses déclarées. Au-delà de ces évolutions des éléments principaux du mode de calcul, le CIR a connu de nombreuses évolutions qui sont retracées en détail à l’annexe 1. De 1983 à 1990, le nombre de déclarants a fortement augmenté et atteint près de 9 000 (graphique 4). Il a revanche reculé au cours des années 1990 pour descendre en dessous de 6 000 en 2003. Durant cette décennie, les entreprises ont ainsi trouvé peu d’intérêt à recourir au CIR, ce qui pourrait s’expliquer par son mode de calcul en accroissement complexe, avec des crédits d’impôt négatifs en cas de réduction du volume de R&D9 . Des 9 Même si les crédits négatifs pouvaient être annulés pour certaines années.
  • 22. 22 évolutions concernant les modalités de calcul du CIR des groupes ou des contrôles peuvent aussi avoir eu un impact sur l’attractivité du CIR durant cette période. Tableau 1. Principales évolutions du mode de calcul du CIR*, 1983-2011 Date de début Formule de calcul à partir de l’accroissement des dépenses éligibles (D) Taux sur le volume des dépenses de R&D Plafond 1983 25% [Dn – Dn-1] - 0,5 million € ** (3 millions de francs) 1985 50% [Dn – Dn-1] - 0,8 million € (5 millions de francs) 1988 • 50% [Dn – Dn-1] • 30% [Dn – D1987] - 1,5 million € (10 millions de francs) 1991 50% [Dn - [(Dn-1 + Dn-2)/2]] - 6,1 millions € (40 millions de francs) 2004 45% 5% 8 millions € 2006 40% 10% 10 millions € 2007 40% 10% 16 millions € 2008 - • 30% en dessous de 100 millions €, 5% au-delà • Pour la 1ère tranche, 50% la 1ère année et 40% la 2ème - 2011 - • 30% en dessous de 100 millions, 5% au-delà • Pour la 1ère tranche, 40% la 1ère année et 35% la 2ème - 2013 - 30% en dessous de 100 millions €, 5% au-delà - 20% pour les dépenses d'innovation pour les PME (au sens communautaire) 80 000 € * L’évolution détaillée du dispositif est retracée par l’annexe 1. ** Les plafonds exprimés en francs dans les textes avant 2000 ont été convertis. Source : MESR-DGRI-C1 Le graphique 5 mesure tout d'abord, l’effet du CIR sur le coût d’usage de la R&D. Cet effet a eu tendance à augmenter fortement : lorsque l'on tient compte de la législation fiscale, et de celle du CIR au premier chef, mais aussi de l'évolution des taux d'intérêt et des subventions à la R&D, le coût d'usage d'un euro de capital de R&D est passé ainsi de 6 centimes d'euros en moyenne au début des années 1980 à 21 centimes en 2007. Il montre aussi que la réduction du coût de la R&D due au CIR s’est amoindrie du début des années 1990 à 2003 (écart entre la courbe rouge et la courbe bleue). Le renforcement du CIR depuis 2004 a au contraire rendu la mesure beaucoup plus attractive pour les entreprises. Le graphiques 5 montre bien la rupture introduite par le CIR en volume facteur de réduction du coût de la R&D dès 2004, puis beaucoup plus radicalement à partir de 2008. Le graphique 4 souligne l’accroissement continu du nombre de déclarants depuis l’introduction d’une part en volume en 2004 et l’augmentation particulièrement forte (35%) en 2008. Le nombre de bénéficiaires suit la même tendance mais est inférieur car les
  • 23. 23 groupes fiscalement intégrées cumulent le CIR de leurs filiales (encadré 1 p. 25). Notons qu’il existe de nombreux groupes de petite taille avec une ou deux filiales. Graphique 4. Nombre de déclarants et de bénéficiaires du CIR, 1983-2011 Source: Base GECIR oct. 2013, MESR-DGRI-C1 Graphique 5. Réduction du coût de l’investissement en R&D* représentée par le CIR et les subventions à la R&D, 1978-2008 * Coût réel, exprimé en centimes d’euro pour l’utilisation d’une unité de R&D. Voir l’annexe 4 pour obtenir plus de précisions. Source : Mulkay et Mairesse (2011)
  • 24. 24 Les entreprises ont logiquement répondu au renforcement du CIR en y ayant massivement recours. D’autant plus que l’augmentation de l’incitation fiscale s’est accompagnée d’une amplification des activités d’information et de conseil aux entreprises de la part du MESR et des autres acteurs de la politique en faveur de la R&D et de l’innovation. Les pôles de compétitivité ont ainsi joué un rôle actif pour inciter les entreprises à utiliser le CIR (Bellégo et Dortet-Bernadet 2013)10 . Les entrées et sorties du CIR sont nombreuses. Les causes des sorties sont variées : activité de R&D non continue, cessation d’activité de l’entreprise... La conséquence du point de vue du dispositif est que la population qui connaît et pratique le CIR est en fait sensiblement supérieure au nombre d’entreprises qui le pratiquent une année donnée. Graphique 6. Montant du CIR en millions d’euros courants, 1983-2011 Source : Base Gecir, MESR-DGRI-C1 Le renforcement du CIR et le plus grand nombre de déclarants explique la très forte augmentation de la créance en 2008, mais aussi une poursuite de l’augmentation au cours des années suivantes (graphique 6). 2. 2 Distribution des dépenses de R&D et des aides par taille d’entreprises Les tableaux 2 et 3 permettent tout d’abord de comparer le nombre de bénéficiaires du CIR et le nombre d’entreprises qui mènent des activités de R&D en France. En 2011, 14 882 entreprises étaient bénéficiaires du CIR, dont 12 054 fiscalement indépendantes (encadré 1). 10 Sur les interactions entre dispositifs, voir la section 4.3.
  • 25. 25 Ces sociétés peuvent néanmoins être des filiales de groupes et ne sont donc pas nécessairement indépendantes dans un sens économique. Encadré 1. L’intégration fiscale et le calcul du montant du CIR Dans le CIR la notion d’entreprise indépendante est entendue en référence à l’intégration fiscale des groupes. Le régime de l’intégration fiscale est défini à l’article 223 A du Code Général des Impôts. C’est une option que peut prendre une société mère pour intégrer dans le calcul de son bénéfice fiscal les bénéfices de ses filiales détenues à plus de 95 %. La société mère paye ainsi l’impôt des sociétés pour l’ensemble de ses filiales intégrées. Dans le cas du CIR, les filiales déclarent les dépenses de R&D et calculent leur CIR, la société mère cumulant les crédits d’impôt de ses filiales. Le tableau 3 identifie lui des entreprises économiquement indépendantes dans la mesure où il utilise les définitions des PME et des ETI de la Loi de de l’économie de 2008 (voir le glossaire p 81-83). Ainsi, certaines entreprises de moins de 250 salariés du tableau 2 sont intégrées dans des groupes pour le tableau 3, ce qui réduit le nombre de PME dans ce dernier. De même pour certaines ETI. Le nombre de grandes entreprises est en revanche plus élevé dans le tableau 3 que dans le tableau 2. Au-delà de ces différences et du fait que les deux tableaux résultent de processus de recueil des données distincts (déclaration fiscale et enquête statistique), leur rapprochement indique que la très grande majorité des entreprises qui ont des activités de R&D utilisent le CIR. L’écart entre les dépenses déclarées au CIR et le total des dépenses de R&D des entreprises (DIRDE) s’explique par les modalités de détermination des dépenses éligibles (soustraction des subventions de l’assiette, plafonnement des dépenses externes combiné à une non-déclaration chez des sous-traitants, de prise en compte des investissements à travers les amortissements). Les deux tableaux permettent aussi d’analyser la distribution par taille d’entreprise des dépenses déclarées au CIR et des dépenses de R&D. La part des groupes, y compris leurs filiales, représente 61% des dépenses de R&D en France (tableau 3). Les entreprises de plus de 5 000 salariés représentent 37,5% des dépenses déclarées au CIR (tableau 2). La différence s’explique notamment par le fait que certaines de leurs filiales sont comptabilisées séparément comme des PME ou des ETI, comme expliqué ci-dessus. De plus, ce sont les grandes entreprises qui sont le plus touchées par les plafonds de dépenses externalisées. En 2011, les entreprises fiscalement indépendantes de moins de 250 salariés ont reçu 25% du CIR alors qu’elles n’avaient déclaré que 23% des dépenses éligibles. A l’inverse, les entreprises bénéficiaires de plus de 5 000 salariés ont reçu 33% du CIR alors qu’elles ont représenté 38% des dépenses déclarées. Plus généralement, le taux de financement par le CIR diminue régulièrement à mesure que les effectifs augmentent, des plus petites entreprises de moins de 10 salariés au plus grandes (tableau 1, dernière colonne). Le tableau 2 souligne à quel point les petites, voire les très petites entreprises sont nombreuses à déposer une déclaration. Leur nombre a très fortement augmenté depuis la réforme de 2008. En 2011, plus de 5 000 entreprises de moins de 10 salariés et plus de 13 000 de moins de 250 salariés ont déposé une déclaration, représentant 90% du total des déposants.
  • 26. 26 Tableau 2. Distribution des bénéficiaires, des dépenses déclarées et du CIR par taille d’entreprise, 2011 Entreprises bénéficiaires1 Dépenses déclarées CIR Effectif Nombre Part Indépendantes2 Montant Part Indépendantes2 Montant Part Indépendantes2 CIR/ % % Millions € % % Millions € % % dépenses déclarées % Moins de 10 5 415 36,4 35,4 957 5,2 5,0 308 6,0 5,7 32,1 10 à moins de 50 5 181 34,8 30,0 2 023 11,0 9,9 621 12,0 10,7 30,7 50 à moins de 250 2 568 17,3 11,1 2 205 12,0 8,2 665 12,9 8,8 30,2 Inférieur à 250 13 164 88,5 76,4 5 185 28,2 23,1 1 594 30,9 25,3 30,7 250 à moins de 500 596 4,0 1,7 1 105 6,0 2,9 329 6,4 3,1 29,8 500 à 1999 576 3,9 1,2 3 002 16,3 4,4 908 17,6 4,7 30,2 2000 à 4999 114 0,8 0,1 1 969 10,7 1,1 596 11,5 1,1 30,3 5 000 et plus 86 0,6 0,0 6 960 37,9 0,4 1 685 32,6 0,4 24,2 non renseigné3 346 2,3 1,4 167 0,9 0,5 54 1,1 0,6 n.d Total 14 882 100 80,9 18 388 100 32,4 5 166 100 35,2 28,1 1. Le nombre de bénéficiaires est inférieur à celui des déclarants car les groupes cumulent le CIR de leurs filiales. Les effectifs sont ceux des bénéficiaires (somme des effectifs des filiales pour les groupes fiscalement intégrés). 2. Entreprise fiscalement indépendante : voir la définition à l’encadré 1. Lecture : 80,9% des entreprises bénéficiaires sont fiscalement indépendantes. 3. Le croisement avec la base Esane de l’INSEE a permis de diviser par quatre le nombre d’entreprises non renseignées persistant après l’interrogation de la base Diane. Source : Base GECIR mai 2013, MESR-DGRI-C1 Tableau 3. Entreprises ayant une activité interne de R&D et dépenses intérieures de R&D par catégorie d’entreprises en 2010 Nombre d’entreprises* Dépenses de R&D (DIRDE) en Md € Part dans le total des dépenses de R&D PME 11 000 4,0 14,6% ETI 800 6,6 24,1% Grandes entreprises 200 16,8 61,3% Ensemble 13 000 27,4 100% * Arrondi à la centaine. Source : MESR (2013b)
  • 27. 27 De plus, une part non négligeable des déposants déclarent des dépenses de faible, voire très faible montant. Près de 2 000 entreprises déclarent des dépenses qui génèrent un crédit inférieur à 10 000 euros (tableau 4). Tableau 4. Distribution des montants de CIR en 2011 Montant de CIR en € Nombre de déclarants1 1er décile 9 302 1 816 1er quartile 22 041 4 539 Médiane 53 608 9 078 3e quartile 133 391 13 616 9e décile 362 593 16 340 Moyenne 286 013 - Lecture. 1er décile : en 2011, 1816 entreprises, soit 10% du nombre de déclarants, déclaraient des dépenses correspondant à un CIR inférieur à 9 302 €. 1. Uniquement ceux qui déclarent des dépenses éligibles non nulles Source : Base Gecir mars 2014, MESR DGRI-C1 (2014) La médiane du montant de CIR est inférieure à 55 000 euros. Un grand nombre d’entreprises considèrent donc que la déclaration est suffisamment simple pour la remplir pour de petites sommes. En fait, pour les montants faibles, la très grande majorité des entreprises ne remplissent que très peu de cases du formulaire fiscal : essentiellement des dépenses de personnel (trois quart des déclarants du 1er décile), déjà beaucoup moins d’amortissement (un quart de ces déclarants) et très peu pour les autres types de dépenses. Le faible montant de l’assiette de certaines petites entreprises s’explique par le fait qu’elles bénéficient de subventions, qui doivent être déduites du total des dépenses éligibles11 . L’évolution du policy mix en faveur de la R&D rappelée ci-dessus s’est traduite par une modification de la distribution des aides en fonction de la taille des entreprises. Jusqu’au début des années 2000, les financements directs à la R&D des entreprises bénéficiaient relativement plus aux grandes entreprises du fait de l’importance du soutien à la R&D de défense et aux grands programmes. Depuis le milieu des années 1990, la diminution du financement de la R&D de défense a progressivement réduit les aides à certaines grandes entreprises, alors que les dispositifs en faveur des petites entreprises ont été développés. A l’inverse, le CIR, traditionnellement très favorable aux petites entreprises, est devenu relativement plus favorable aux grandes entreprises du fait du calcul en volume et du déplafonnement. Le graphique 7 souligne que chaque type de financement conserve ses caractéristiques. En particulier, le financement de la R&D de défense s’adresse essentiellement à de grandes entreprises. Le financement direct à des activités de R&D civiles est distribué à 48% à des PME économiquement indépendantes. C’est le cas de 45% des aides indirectes. 11 Sur le cumul des aides à la R&D, voir la section 4.3.
  • 28. 28 Graphique 7. Distribution des dépenses de R&D et des financements publics par taille d’entreprises, 2011 Source : MESR (2013b) Au total, le tableau 5 montre que les PME bénéficient d’un taux de financement de leurs dépenses de R&D très élevé à 48%. Le taux pour les ETI se monte à 26% essentiellement grâce aux aides indirectes qui représentent plus des trois quarts des aides. Pour les grandes entreprises, le CIR représente 59% des aides publiques. En utilisant les définitions des catégories d’entreprises de la Loi de modernisation de l’Etat, c’est-à-dire en vérifiant la condition d’indépendance économique, le tableau 5 souligne que le taux d’aide publique totale à la R&D est dégressif en fonction de la taille des entreprises. Tableau 5. Distribution des financements publics à la R&D par taille d’entreprise, milliards €, 2010 PME ETI Grandes entreprises Ensemble Financements direct (subventions, contrats) 0,5 0,3 1,6 2,5 - dont pour la Défense En % de la R&D <0,1 12,2% 0,1 4,3% 1,3 7,9% 1,4 9,1% Financement indirect (CIR, JEI) En % de la R&D 1,4 34,1% 1,4 20,3% 2,3 14,0% 5,2 18,9% Financement public total 1,9 1,7 3,9 7,7 En % de la R&D 47,5 % 25,8 % 23,2 % 28,1 % 2. Ministère de la défense y compris CEA militaire 3. Taux de financements publics en pourcentage de la DIRDE de la catégorie d’entreprises Source : MESR (2013b) 15% 48% 1% 27% 25% 24% 22% 8% 28% 23% 61% 30% 91% 45% 52% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Dépenses intérieures de R&D Soutien direct hors Défense (contrats, subventions) Soutien direct Défense (contrats, subventions) Soutien indirect (CIR, JEI) Soutien public total PME ETI Grandes entreprises 27,4 Md€ 1,1 Md€ 1,4 Md€ 5,2 Md€ 7,7 Md€
  • 29. 29 2. 3 Evolution des dépenses déclarées et du CIR par secteur d’activité Le tableau 6 présente, pour l’année 2011, la distribution sectorielle des dépenses déclarées et du CIR. La partie gauche du tableau utilise la nomenclature des codes d’activité de la déclaration fiscale (APE). Elle fait apparaître l’ « activité des sociétés de holdings » qui représente une part artificiellement élevée du montant du CIR. Cette distorsion est due au fait que pour les groupes fiscalement intégrés la holding reçoit la totalité du CIR des filiales qui engagent les dépenses de R&D et remplissent une déclaration (encadré 2). Ainsi, le CIR d’entreprises de la pharmacie ou de l’automobile peut-il être comptabilisé au niveau de la ligne « holdings » et artificiellement minorer la part du secteur concerné. Encadré 2. Le traitement des groupements de sociétés (holdings) dans le CIR Les sociétés de holding sont définies comme des entités qui détiennent les actifs (possèdent le contrôle des fonds propres) d’un groupe de sociétés filiales et dont la principale activité est d’être propriétaire de ce groupe. Les sociétés de holding ne fournissent aucun autre service aux entreprises dans lesquelles elles détiennent des fonds propres, en d’autres termes, elles n’administrent pas ou ne gèrent pas d’autres entités (Nomenclature d’activités NAF 2008, accessible sur le site de l’INSEE http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=nomenclatures/naf2008/naf2008.htm ). La plupart des sociétés de holdings bénéficiaires du CIR, dont l’activité est classée parmi les activités de services financiers selon la nomenclature de la déclaration CIR, contrôlent des entreprises industrielles ou de services non financiers. D’un point du vue légal et tel que réglementé par le Code Général des Impôts (Article 223 O-1-b), le crédit d'impôt est déterminé au niveau de chaque filiale de groupe. Mais la société mère se substitue aux filiales pour l'imputation des crédits d'impôt dégagés par chaque société du groupe. Le CIR est ainsi imputé sur le montant de l'impôt sur les sociétés dont la société mère est redevable pour le groupe. La loi ne donne pas d’indication concernant les modalités de cette distribution interne au groupe. Cela relève en effet des conventions d’intégration par lesquelles les sociétés d’un groupe prévoient de régler leurs contributions respectives aux diverses impositions. Le secteur des services en R&D représente aussi des activités de recherche dans des domaines divers. Par ailleurs, certaines filiales de groupe spécialisées en R&D sont classées dans ce secteur, ce qui constitue une source de minoration des dépenses déclarées et du CIR des secteurs concernés. La partie droite du tableau 6 fournit la distribution des dépenses déclarées et du CIR 2008 compte tenu de la réaffectation du CIR des sociétés ne déclarant pas de dépenses éligibles (holdings…) et des sociétés de services utilisés dans les secteurs industriels (principalement de services de recherche et développement). Cette réaffectation permet de rendre compte de la distribution des dépenses déclarées par secteur et du CIR en fonction de ces dépenses. La méthode est expliquée par l’encadré 3. La réaffectation des dépenses de R&D aux sociétés déclarantes permet de vérifier que les holdings gèrent des activités qui relèvent largement de l’industrie. La part des industries manufacturières dans les dépenses déclarées passe ainsi de 55 à 64%. La part du secteur « pharmacie, parfumerie, entretien » augmente tout particulièrement, à la fois du fait de la réaffectation des dépenses déclarées par des sociétés intégrées à des holdings et du fait de la réaffectation des dépenses de sociétés dont l’activité principale est la R&D dans le domaine pharmaceutique. Son CIR augmente encore plus fortement que ses dépenses.
  • 30. 30 Tableau 6. Distribution des dépenses de R&D et du CIR par activité en 2011, % Avec la nomenclature des déclarations Après réaffectation des secteurs holdings et R&D Dépenses déclarées CIR Dépenses CIR déclarées Industries manufacturières 55,4 62,9 64,2 61,1 Industrie électrique et électronique 13,7 7,5 15,3 16,2 Pharmacie, parfumerie, entretien 4,7 1,8 12,5 11,2 Industrie automobile 9,4 5,9 10,1 6,9 Chimie, caoutchouc, plastiques 4,3 2,9 6,1 5,8 Construction navale, aéronautique et ferroviaire 6,4 2,8 5,1 4,9 Industrie mécanique 3,4 1,7 3,4 3,7 Textile, habillement, cuir 1,9 1,0 1,9 2,1 Autres industries manufacturières 6,9 4,8 9,4 9,9 Gestion des holdings industriels* 4,7 34,5 0,4 0,5 Services 43,3 36,5 33,9 36,8 Conseil et assistance en informatique 10,7 9,6 10,6 11,7 Services d’architecture et d’ingénierie 8,9 6,0 9,6 10,4 Services bancaires et assurances 1,7 3,5 1,7 1,9 Services de télécommunications 1,4 1,1 1,5 1,3 Recherche et développement 12,1 5,5 0,2 0,3 Autres services 8,5 10,8 10,2 11,2 Autres secteurs** 1,3 0,6 1,9 2,0 Total 100 100 100 100 * Pour les groupes fiscalement intégrés, la holding reçoit la totalité du CIR des filiales qui effectuent la R&D et remplissent une déclaration. Les groupes concernés et qui sont comptabilisés sur cette ligne appartiennent essentiellement à des secteurs manufacturiers (automobile, pharmacie…). ** « Agriculture, sylviculture et pêche » et « Bâtiment et travaux publics » Source : Base GECIR octobre 2013, MESR-DGRI-C1 (voir l’annexe 1) Encadré 3. Méthode pour la réaffectation du CIR aux sociétés déclarantes Etape 1. Réaffectation du CIR des sociétés mères qui ne déclarent pas de dépenses éligibles Le CIR est réaffecté dans les secteurs des filiales déclarantes des sociétés mères qui elles-mêmes ne déclarent pas de dépenses éligibles. Deux types de sociétés se trouvent dans ce cas : la plupart des sociétés classées dans le secteur « Activités des sociétés de holdings » ; certaines sociétés mères classées dans d’autres secteurs, et notamment dans « Services bancaires et assurances ». Le CIR a été calculé en appliquant au montant des dépenses déclarées par les filiales le ou les taux auxquels elles ont droit *. Etape 2. Réaffectation du CIR des sociétés de holdings déclarant des dépenses éligibles Certaines sociétés de holdings déclarent des dépenses éligibles : ces dépenses représentent 4,7% des dépenses déclarées (tableau 6, colonne de gauche). Le montant du CIR correspondant à ces dépenses a été affecté au secteur de la filiale déclarant le plus de dépenses. A la suite de cette réaffectation, la part du CIR de nombreux secteurs augmente car ils se voient réaffectés le CIR des filiales des holdings et des sociétés mères appartenant à d’autres secteurs et ne déclarant pas de dépenses éligibles. Le secteur « Services bancaires et assurances » voit à l’inverse sa part du CIR diminuer sensiblement. Ceci s’explique par le fait que de nombreuses entreprises du secteur ne déclarent pas de dépenses tout en percevant le CIR de leurs filiales.
  • 31. 31 Etape 3. Traitement des activités de recherche et développement Une part non négligeable du CIR réaffecté au terme des étapes 1 et 2 vient grossir la part reçue par le secteur « Recherche et développement ». Ce secteur rassemble des entreprises dont l’activité principale est la fourniture de services de R&D. Parmi ces entreprises, un certain nombre sont en fait des laboratoires d’entreprises qui sont filiales de sociétés appartenant à des secteurs des industries manufacturières. Le CIR des entreprises du secteur « Recherche et développement » a été réaffecté aux secteurs utilisateurs par le service statistique du MESR, selon la même procédure que celle de l’enquête annuelle sur les dépenses de R&D des entreprises. Les entreprises du secteur « Recherche et développement » sont interrogées lors de cette enquête sur le secteur utilisateur de leurs travaux, et, en fonction de leur réponse, les dépenses qu’elles déclarent sont affectées aux secteurs utilisateurs. La grande majorité des dépenses déclarées par des entreprises du secteur « Recherche et développement » a ainsi pu être réaffectée. Les entreprises qui déclarent des dépenses au CIR mais n’ont pas été enquêtées en 2010 sont restées affectées sur la ligne « R&D ». * Certaines filiales n’ayant pas effectué le calcul du CIR dans leur déclaration, il a été nécessaire de calculer leur créance. Dans un souci d’homogénéité, les CIR de toutes les autres sociétés sont aussi calculés (partie droite du tableau 6). Le cas du secteur des services bancaires et des assurances est symétrique. Sa part des dépenses déclarées n’est pas modifiée, mais sa part du CIR passe de 3,5% à 1,9%. En effet, ce secteur comprend des sociétés qui sans réaliser des dépenses de R&D reçoivent le CIR de leurs filiales appartenant à d’autres secteurs (encadré 3, étape 1). La réaffectation déplace les montants de CIR correspondants vers les secteurs des sociétés déclarantes. Le tableau 7 précise les montants de CIR reçus par les principaux secteurs bénéficiaires. Tableau 7. Distribution sectorielle du CIR 2011, en M€ CIR en M€ Industrie électrique et électronique 826 Conseil et assistance en informatique 596 Pharmacie, parfumerie, entretien 573 Services d’architecture et d’ingénierie 533 Industrie automobile 354 Chimie, caoutchouc, plastiques 294 Construction navale, aéronautique et ferroviaire 251 Industrie mécanique 189 Textile, habillement, cuir 108 Services bancaires et assurances 95 Services de télécommunications 67 Autres industries manufacturières 503 Autres services 613 Autres secteurs 105 Total 5 109 Source : Base GECIR octobre 2013, MESR-DGRI-C1
  • 32. 32 L’industrie électrique et électronique reste le premier secteur bénéficiaire, mais le secteur du conseil en informatique devient le deuxième bénéficiaire avec près de 700 M€ de CIR, devant la pharmacie. Cette évolution correspond à l’entrée de très nombreuses entreprises de l’informatique dans le CIR depuis 2008. Ce sont le plus souvent des PME. Entre 2007 et 2011, le nombre d’entreprises du secteur conseil et assistance en informatique a été multiplié par 2,3 alors que le total des déclarants été multiplié par moins de 2. En 2011, plus de 3 400 entreprises de ce secteur déposaient une déclaration CIR. Le CIR soutient ainsi beaucoup plus qu’auparavant les activités de R&D des entreprises du numérique. 2. 4 Types de dépenses déclarées au CIR par les entreprises Le CIR finance d’abord des dépenses de personnel de R&D, qui représentaient 49% des dépenses déclarées en 2011 (tableau 8). Cette proportion atteint 80% pour les salaires environnés, c'est-à-dire en ajoutant le forfait relatif aux frais de fonctionnement. Tableau 8. Distribution des dépenses déclarées au CIR par type, en %, 2011 Ligne de dépense de la déclaration fiscale Part Dépenses de personnel, chercheurs et techniciens 48,7 dont relatives aux jeunes docteurs1 0,7 Frais de fonctionnement 28,4 Recherche externalisée 12,2 dont auprès d’entités privées 8,3 dont auprès d’institutions publiques1 3,9 Amortissements 5,1 Dépenses relatives aux brevets 2,9 Veille technologique 0,5 Subventions remboursées 0,5 Normalisation 0,04 Sous-total 98,0 Dépenses crédit d’impôt collection2 2,0 Total 100 1. Les dépenses éligibles relatives aux jeunes docteurs et à la R&D externalisée auprès d’institutions publiques sont comptées au double de leur montant dans l’assiette du CIR (voir tableau 11). 2. Le crédit impôt collection est plafonné à 200 K€ par période de 3 ans (aides de minimis) Source : Base GECIR mai 2013, MESR-DGRI-C1 Ce poids des dépenses relatives au personnel est caractéristique des activités de R&D et est traditionnelle pour le CIR, mais le calcul des dépenses de fonctionnement ayant changé en 2011 (annexe 1), il n’est pas possible de comparer directement la distribution de 2011 avec celles des années précédentes. 2.4.1 Evolution de la R&D externalisée La recherche externalisée représente une part croissante des dépenses déclarées (+16% en montants de dépenses de 2010 à 2011) et atteint 12,2% en 2011. Cette croissance se répartit entre l’externalisation auprès d’entités privées et d’institutions publiques. Rappelons que les dépenses externalisées sont soumises à trois plafonds pour le calcul de l’assiette du CIR : 2 millions € pour les entités ayant un lien de dépendance avec le
  • 33. 33 donneur d’ordre12 , porté à 10 millions s’il n’y a pas de lien de dépendance et à 12 millions si les travaux sont confiés à des institutions publiques de recherche sans lien de dépendance (MESR 2014). En conséquence, le montant reporté dans l’assiette peut être inférieur aux dépenses inscrites par une entreprise dans sa déclaration CIR. Les entreprises concernées sont peu nombreuses, mais ce sont typiquement de grandes entreprises dont les dépenses externes de R&D peuvent être très supérieures au plafond (d’un maximum de 12 M€). De plus les entreprises sont susceptibles de ne pas déclarer toutes leurs dépenses externalisées dans la mesure où elles sont plafonnées pour le calcul de l’assiette. Cette ligne de dépenses ne doit donc pas être interprétée comme s’il s’agissait de la part des dépenses externalisées dans le total des dépenses de R&D des entreprises. D’après les enquêtes auprès des entreprises, cette part est d’ailleurs supérieure – de l’ordre de 25%, variant selon les secteurs et les pays. La dynamique des dépenses externalisées pourrait cependant se refléter dans l’évolution de leur part dans les dépenses déclarées au CIR. La croissance de la part des dépenses externalisées auprès des institutions publiques de recherche, correspond à une augmentation du nombre d’entreprises ayant recours à ces institutions (tableau 9). Entre 2007 et 2011, le nombre de ces entreprises a augmenté de près de 103%. Tableau 9. Nombre d’entreprises ayant confié des travaux de R&D à des institutions publiques de recherche sans lien de dépendance ou embauché des jeunes docteurs Nombre de déclarants CIR 2007 2008 2009 2010 2011 Croissance 2007-2011 Ayant confié des travaux de R&D à des institutions publiques de recherche 1380 1796 2139 2561 2795 Taux de croissance 30% 19% 20% 9% 10103%2 Ayant embauché des jeunes docteurs 439 700 781 927 1143 Taux de croissance 59% 12% 13% 23% 6160% Source : Base GECIR février 2014, MESR-DGRI-C1 Le tableau 10 exploite l’information introduite depuis la déclaration CIR 2009 sur la localisation des entités à qui les entreprises confient des travaux de R&D. Du fait des plafonds rappelés ci-dessus, le tableau distingue les dépenses externalisées auprès d’entités dépendantes de celles qui sont confiées à des entités indépendantes. La distribution de ces deux types de dépenses est très différente. Les travaux confiés à des entités ayant des liens de dépendance le sont généralement à des filiales des entreprises, majoritairement localisées en France, mais aussi à l’étranger. Dans ce dernier cas, il s’agit majoritairement de filiales de groupes français implantées dans l’Espace économique européen. Dans une minorité de cas, il s’agit à l’inverse de filiales étrangères en France qui sous-traitent une partie de leurs dépenses de R&D à des entités de leur groupe situées soit dans le pays d’origine soit ailleurs au sein de l’Espace économique européen. La part des dépenses confiées à des entreprises en Europe mais hors de France a augmenté entre 2010 et 2011, de 32% à 40%. 12 Des liens de dépendance existent entre deux entités lorsque l’une détient directement ou par personne interposée la majorité du capital social de l’autre ou y exerce le pouvoir de décision, ou lorsqu’elles sont placées sous le contrôle d’une même tierce entreprise.
  • 34. 34 Tableau 10. Dépenses externalisées selon le type de sous-traitant, 2011 Dépenses confiées à des entités ayant des liens de dépendance avec l’entreprise, dont 100% - privées en France 55% - privées dans l’Espace économique européen hors France 40% - publiques en France 5% - publiques dans l’Espace économique européen hors France 0,1% Dépenses confiées à des entités n’ayant pas de liens de dépendance avec l’entreprise, dont : 100% - privées en France 75% - privées dans l’Espace économique européen hors France 9% - publiques en France1 14,5% - publiques dans l’Espace économique européen hors France1 1,5% 1. Ces dépenses sont doublées dans l’assiette du CIR, mais les calculs sont faits ici à partir des montants réels des dépenses externalisées. Source : Base GECIR mai 2013, MENESR-DGRI-C1 Les travaux confiés à des entités n’ayant pas de liens de dépendance avec l’entreprise le sont à 90% à des entités situées en France, privées ou publiques. Il est donc très rare qu’une entreprise déclare des dépenses externalisées à l’étranger si elle n’a pas de lien de dépendance avec le sous-traitant. La part des dépenses confiées à des organismes publics est beaucoup plus élevée pour les sous-traitants sans liens de dépendance (seconde partie du tableau). 2. 4. 2 Augmentation des dépenses externalisées à des institutions publiques La première période de renforcement du CIR en 2004 s’est accompagnée de la mise en place d’un taux majoré pour les dépenses de R&D externalisées auprès d’institutions publiques de recherche13 . Le tableau 11 indique que ces contrats de R&D ont notamment pu bénéficier de taux très élevés sur la part en accroissement dans le cadre du dispositif dual entre 2004 et 2008. Le doublement des taux est devenu encore plus attractif pour le dispositif en volume à partir de 2008. De plus, entre 2008 et 2011, il a pu être cumulé avec les taux majorés, entraînant un taux de 70% à 100% pour les entreprises entrant dans le CIR. La fin des taux bonifiés pour les nouveaux entrants ramène le taux des contrats avec les institutions de recherche à 60%, ce qui reste un taux élevé. Parallèlement, la liste des institutions éligibles au doublement a été progressivement élargie au-delà des universités et des organismes de recherche initialement visés par la mesure. De plus, la liste des entreprises éligibles au remboursement immédiat a aussi été élargie. Pour ces entreprises, le montant du contrat de R&D avec une institution de recherche peut être remboursé après la déclaration CIR, même si l’impôt est inférieur à la créance du CIR. 13 Dans le respect des plafonds et conditions de dépendance entre contractants, voir la note 12, page 34.
  • 35. 35 Tableau 11. Modalités d’application du CIR pour les dépenses externalisées à des institutions publiques de recherche Taux pour les dépenses externalisées à des institutions publiques de recherche Elargissements successifs des listes des - institutions éligibles au doublement* - entreprises bénéficiant du remboursement immédiat 1983 - 2003 Pas de taux spécifique A partir de 2004 Double du taux applicable aux autres dépenses Entreprises nouvelles 2004 - 90% sur l’accroissement - 10% pour le volume CTI exerçant des missions d’intérêt général 2006 - 80% sur l’accroissement - 20% pour le volume JEI 2008 - 60% - 100% la 1ère année et 80% la 2ème - FRUP du secteur de la recherche - Etablissements habilités à délivrer des masters - FCS - EPCS - Structures adossées - Entreprises ayant fait l’objet d’une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire - PME au sens communautaire 2011 - 60% - 80% la 1ère année et 70% la 2ème 2013 60% si les plafonds de la recherche externalisée ne sont pas atteints * Les acronymes sont développés dans le glossaire, Source : MESR-DGRI-C1 Graphique 8. Dépenses externalisées à des institutions publiques de recherche en France et dans l’Espace économique européen déclarées au CIR, en M € Le graphique prend en compte le montant non doublé, donc les dépenses effectives des entreprises. Source : Base GECIR février 2014, MESR-DGRI-C1
  • 36. 36 Le graphique 8 souligne le fort dynamisme des dépenses déclarées au titre de l’externalisation de travaux de R&D à des institutions publiques, avec ou sans liens de dépendance14 . Ces dépenses externalisées à des institutions publiques ont été plus dynamiques que l’ensemble des dépenses, alors même que ces dépenses sont plafonnées. En 2011, les entreprises ont ainsi contracté pour 533 M€ de travaux avec les institutions publiques (courbe violette), soit une augmentation de 301 M€ depuis 2006, date à partir de laquelle les taux en volume croissent substantiellement (tableau 11). En 2011, le CIR généré par la recherche externalisée aux institutions publiques de recherche s’est monté à 211 M €. Tableau 12. Evolution des dépenses externalisées déclarées au CIR, institutions et entreprises sans lien de dépendance, 2005 - 2011 Effectifs des entreprises Montant de dépenses externalisées à : Montant moyen de externalisé à : Nombre d’entreprises qui externalisent à : institution publique entreprises institution publique entreprises institution publique entreprises 1 à 249 537% 325% 81% -3% 253% 340% Indépendantes 1 à 249 523% 321% 92% 1% 224% 315% Toutes entreprises (dont dépenses externes plafonnées) 150% 156% -21% -32% 214% 276% Source : Base GECIR février 2014, MESR-DGRI-C1 Le tableau 12 retient uniquement les petites entreprises dans la mesure où certaines grandes entreprises sont concernées par les plafonds. Les dépenses externalisées par des petites entreprises à des institutions publiques ont été beaucoup plus dynamiques que le total des dépenses externalisées, avec une multiplication par plus de 6. Cela s’explique à la fois par l’augmentation du montant moyen (81% et 92% pour les indépendantes) et par l’augmentation du nombre d’entreprises qui externalisent auprès s’institutions publiques (253% et 224%). Dans le cas de la recherche externalisée à des entreprises, l’augmentation du montant total est sensiblement moindre (2,5 fois). Le tableau 13 indique l’évolution du nombre d’entreprises déclarant des dépenses externes en fonction de leurs effectifs. Le tableau précise si le contrat a été passé avec une institution publique ou une entreprise. Certains déclarants externalisent des dépenses auprès des deux types de sous-traitants. Le taux de croissance de 2005 à 2011 a été le plus fort pour les PME, qui étaient près de 3 000 à déclarer des contrats de R&D avec des entreprises et 2 000 avec des institutions publiques de recherche. Les grandes entreprises sont beaucoup moins nombreuses à déclarer des dépenses externes, mais le font proportionnellement plus souvent. 14 Voir note 12, page 34.
  • 37. 37 Tableau 13. Distribution par taille des entreprises déclarant des dépenses externes dans leur assiette CIR, institutions et entreprises sans lien de dépendance Effectif des déclarants Contractants Nombre 2005 Nombre 2011 Evolution 1 à 249 publics 568 2 004 253% privés 680 2 989 340% 250 à 4 999 publics 255 576 126% privés 331 782 136% Plus de 5 000 publics 20 38 90% privés 27 46 70% Non renseigné* publics 46 177 285% privés 55 289 425% Total publics 889 2 795 214% privés 1 093 4 106 276% * En 2011, 346 déclarants CIR n’ont pas d’effectifs renseignés (tableau 2 chapitre 2). Source : Base GECIR février 2014, MESR-DGRI-C1 Toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, contractent plus souvent des travaux de R&D avec des partenaires privés qu’avec des partenaires publics. Ces constations à partir des déclarations CIR correspondent aux observations plus générales sur l’externalisation de la R&D ou la coopération en matière de R&D : plus souvent pratiquées par les grandes entreprises et beaucoup plus souvent avec des partenaires d’autres entreprises qu’avec des institutions académiques. La part des entreprises externalisant vers le public apparaît plutôt élevée en comparaison des études sur la collaboration des entreprises en matière de R&D.