Lettre ouverte de la Corpo Kiné Nancy Étudiante aux candidats 2012 à la présidence de la république.
Cette lettre a été envoyée aux 10 candidats à la présidentielle, elle fait un état des lieux des problématiques et des revendications des étudiants kiné de Nancy.
Nous espérons que certains candidats et leurs équipes prendront au moins le temps de la lire afin d'être au courant de notre situation. Nous vous tiendront au courant si certains nous répondent.
1. Corpo Kiné Nancy Étudiante,
47 bis, rue de Nabécor,
54000 Nancy
M. François Bayrou,
133, rue de l’Université,
75007 Paris,
À Nancy, le 11 avril 2012
Monsieur le candidat à la présidence de la république,
Nous sommes les étudiants en Kinésithérapie de Nancy, représentés par la
Corpo Kiné Nancy Étudiante, association membre de la FNEK (Fédération
National des Étudiants en Kinésithérapie) et de la FeDEN (Fédération Des
Étudiants Nancéiens), faisant partie du réseau de la FAGE (Fédération des
Associations Générales Étudiantes), et nous souhaitons vous faire part de
notre vive inquiétude concernant la situation des étudiants en kinésithérapie
en France.
Le 28 octobre 2011 le ministère de la santé et celui de l'enseignement
supérieur annonçaient la reconnaissance du niveau Master 1 à notre diplôme
d'état, et ce, malgré le large consensus dans le monde de la kinésithérapie
(ordre professionnel, associations étudiantes, sociétés scientifiques, syndicats
professionnels …) qui se positionnait pour un master 2 et une année d'étude
supplémentaire depuis de nombreuses années. Cette revendication répondait
à un besoin de santé publique criant et correspondait aux standards
internationaux de la WCPT (World Confederation of PhysicalTherapy),
organisation reconnue et respectée mondialement dans le monde de la
rééducation. Nous sommes de ce fait l'un des rares pays occidentaux à ne
pas avoir une formation en kinésithérapie à niveau Master 2 ou équivalent.
Combien de temps la politique de santé en France devra-t-elle encore faire
supporter à nos patients notre retard dans le domaine de la rééducation par
rapport à nos voisins européens?
De plus, la formation initiale en kinésithérapie est toujours en marge du reste
de l’enseignement supérieur en France. Nous demandons depuis de
nombreuses années l’intégration universitaire de notre filière, revendication
restée lettre morte, et ce malgré le bien fondé de celle-ci. Cet isolement de
notre formation va à l’encontre de la volonté de travail pluridisciplinaire et pluri-
professionnel du monde de la santé ainsi que du fondement de l’université qui
est de gérer l’enseignement supérieur en France. Cet abandon nous exclut
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2. également de l’accès à la recherche provoquant un énorme retard scientifique
dans le domaine de la rééducation/réadaptation par rapport aux pays
occidentaux et aux pays émergeants.
Plus généralement, les étudiants paramédicaux dont nous faisons partie,
perçoivent des indemnités de stage de 30 à 40 euros par semaine contre 110
euros par semaine pour les stagiaires non sanitaires et sociaux. Cette injustice
provient de la circulaire de la DGOS du 27 janvier 2012, nous excluant de la
loi Cherpion de juillet 2011. La DGOS a justifié cette mise à l’écart par le fait
que selon eux, nous ne méritions pas d’avoir les mêmes gratifications de
stage que les autres étudiants car les stagiaires paramédicaux étaient
encadrés à 100% par leurs tuteurs de stages, et que de plus, nous avions une
bonne insertion professionnelle ce qui compenserait le fait d’avoir de moins
bonnes gratifications de stage. Ces arguments prouvent une grande
méconnaissance des réalités du terrain, toute personne ayant déjà visité un
hôpital sait que pour beaucoup d’entre eux, les services ne tourneraient pas
sans les étudiants. Nous réclamons donc une égalité de traitement entre les
étudiants paramédicaux et les autres, mais une nouvelle fois nous ne sommes
pas écoutés.
Se surajoute à cela, la gestion des bourses sur critères sociaux attribuées aux
étudiants en formation sanitaire et social, dont nous faisons partie, continue
d’être gérée, depuis la loi de décentralisation de 2004, par les conseils
régionaux. Ceci entraine une inégalité supplémentaire de condition de vie et
d’accès à la formation chez les étudiants. En effet à l’aide de nombreuses
simulations, nous en arrivons toujours à la même conclusion : la solution la
plus équitable reste la gestion de nos bourses sur critères sociaux par les
CROUS comme c’est le cas pour les autres étudiants. Malgré la gravité de
cette problématique qui touche les étudiants les plus en difficultés, la situation
reste figée, les différents gouvernements successifs n’ont pas tenu compte de
notre position. Nous revendiquons de ce fait le transfert de gestion de nos
aides sociales des conseils régionaux vers le CROUS.
Nous sommes bien conscients du travail colossal que vous impose votre
campagne et du nombre de dossier que vous avez à traiter. Mais
malheureusement, l'indifférence à notre égard de la majorité de la classe
politique, malgré nos appels à l'aide répétés, a engendré une situation qui
empire année après année. Les inégalités en terme d’aides sociales que nous
subissons entrainent une sélection par l’argent au sein de nos instituts de
formation, mettant en péril le principe d’égalité des chances. Le désintérêt
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3. pour la qualité de notre formation initiale conduit à une dégradation de la
rééducation en France, et ce sont malheureusement nos patients qui le
subissent. Voyez cette lettre comme un avis de détresse émis par des
étudiants en perdition, nous vous prions de ne pas être indifférents à nos
problématiques.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, monsieur,
l’expression de notre considération distinguée.
Pour les étudiants en kinésithérapie de Nancy :
Hugo Compagnie, président de la Corpo Kiné Nancy Étudiante
Contact: Philippe Bloch,
Vice président en charge de la Représentation,
CorpoKiné Nancy Étudiante,
0673144850
philippe.bloch.nancy@gmail.com
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