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       LA FORMATION PAR LA RECHERCHE

                      Le mémoire 5ème année (DIR 4)




Sujet du mémoire 5ème année: « Quelles sont les perspectives de la curation
de contenu dans le Web 2.0 ?

Auteur : David Wise

Responsable du mémoire 5ème année : Erwan Lequentrec

Année de réalisation : 2013




	
  
	
  
	
  
                              21 Janvier 2013
	
  
	
  
Introduction………………………………………………………………………..………….4

Partie 1 : La revue de littérature :

       1. Internet : Une Révolution médiatique et sociologique………………………….7
          1.1 Internet : Définition, histoire et évolution……………………………………...7
          1.2 Médias sociaux : Définition, histoire et évolution……………………………..9
          1.3 Une révolution sociologique………………………………………………….13

       2. Médias sociaux : Utilisations et tendances de fond……………………………15
          2.1 Monde………………………………………………………………………...16
          2.2 France………………………………………………………………………....21

       3. Ecrans : Une révolution cognitive………………………………………………26
          3.1 L’addiction……………………………………………………………………27
          3.2 L’infobesité…………………………………………………………………...29
          3.3 La déconnexion……………………………………………………………… 32

       4. La curation de contenu………………………………………………………….34
          4.1 Définition……………………………………………………………………..34
          4.2 A quels besoins répond-elle ? ..........................................................................35
          4.3 Les acteurs du marché.......................................................................................38

       5. Questions de recherche/ hypothèses……………………………………………42


Partie 2 : Démarche empirique

       1.   Méthodologie choisie……………………………………………………………..45
       2.   Tri à plat…………………………………………………………………………. 46
       3.   Tri croisé………………………………………………………………………….58
       4.   Synthèse, limites et difficultés rencontrées……………………………………….60


Partie 3 : Analyse

       1. Recommandations………………………………….……………………………....61
       2. Conclusion………………………………………………………………………….64

Références
Bibliographie………………………………….…………………………………………........66
Webographie………………………….…………………………………………………........67

Annexes………………………………………………………………………………………70


	
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Remerciements


Avant de commencer je tenais à remercier toutes les personnes qui ont participé de prés ou de
loin à la réussite de ce Mémoire. Ce travail de recherche a été une formidable occasion
d’approfondir de façon scolaire, un grand nombre de thématiques qui occupaient dans un
premier temps, la sphère de mes centres d’intérêts personnels.

J’aimerais tout d’abord remercier Erwan Lequentrec pour son accompagnement durant ces 1
an et demi de recherche. Merci pour ses orientations et sa patience, notamment dans
l’élaboration de l’angle de recherche et sa problématique. Merci également au corps
professoral de l’EMLV, qui lors de mes années 4 et 5, ont su répondre, par certains
professeurs, à mes questions et assouvir ma curiosité dans ce vaste domaine qu’est l’Internet.
Merci à tous mes camarades de l’école avec qui j’ai pu débattre de nombreux sujets liés à
mon mémoire. Merci à toutes les personnes qui ont pris la peine de répondre à mon
questionnaire.

Enfin, merci à mes parents pour leur confiance. Merci pour la liberté qu’ils m’ont accordé en
m’offrant une éducation supérieure. Merci à eux de m’avoir toujours laissé m’orienter vers
des sujets qui m’épanouissaient. Merci pour les séances de psychothérapie épargnées à l’âge
de 40 ans pour vocation loupée.




	
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Introduction


Internet
Internet est né dans les années 1970 sous le concept d’ARPANET. Mais c’est dans les années
1990 qu’il va se démocratiser grâce à la création du « World Wide Web », mis au point par
Tim Berners-Lee et Robert Cailliau en 1991. Passant d’un statut militaire, initialement réservé
au programme de Défense Américain, à un statut grand public et accessible par tous. Ce qui
va venir chambouler notre quotidien.

En France, le taux de pénétration d’internet a rapidement atteint la majeure partie de la
population. L’observatoire des usages d’internet, Médiamétrie, révèle que en 1999, soit moins
de 10 ans après l’avènement du WWW, se sont prés de 3 millions de Français qui ont accès à
internet. En 2009, ce chiffre a été multiplié par 10 pour atteindre un peu plus de 29 millions
de Français.

France Info, dans une infographie dédiée à l’usage d’Internet en France, nous montre que le
nombre d’internautes atteint en 2011, 38 Millions de Français. Soit 2% des internautes dans le
monde. Dans cette même étude on remarque que se sont les 15-29 ans qui se connectent le
plus tout les jours (83%). Les 30-44 ans sont tout proches : 82%. Ensuite les chiffres baissent
avec l’âge, pour atteindre 41% pour les plus de 75 ans.

Les français sont très connectés. Ils passent en moyenne sur Internet 3 heures et 57 minutes
par jour. Cette hyper-connectivité amène des modifications au niveau de notre activité
cérébrale.

Une révolution cognitive.
Puisque Internet est avant tout un accès presque illimité au savoir, il a considérablement
changé le rapport que nous avons, nous humains, à l’information.

Avant de se pencher sur les conséquences de la surcharge cognitive qu’a apporté internet, il
sera intéressant de se pencher sur l’itinéraire d’une information dans le cerveau.

Ce schéma défini, il sera plus simple de comprendre les éventuels mécanismes positifs ou
négatifs que peuvent entrainer l’utilisation actuelle des NTIC et notamment d’internet.

Car internet a changé profondément notre rapport à l’information. Notre surexposition à
l’information fait de nous des êtres surinformés. Sont alors apparues des notions pour illustrer
ce phénomène comme « l’infobesité ». Il est clair que nous sommes goinfrés d’informations à
parfois nous en faire exploser la panse. Du moins notre système nerveux, qui ne sait pas
toujours comment gérer ces flux d’informations incessants et toujours plus importants.

Avec la multicanalité des réseaux de communication que nous avons connu durant le Siècle
dernier, et particulièrement durant les 20 dernières années, avec l’émergence des premiers


	
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téléphones portables et la naissance du Web, nous sommes rentrés dans une nouvelle ère de
l’information.

Evidement sur un plan Anthropologique ces changements sont brusques à l’échelle de
l’évolution humaine. Ils ont par conséquent des impacts importants sur notre activité
cérébrale.

Notamment on remarque l’essor du « multitasking ». Un article dans le magazine CLES1
confirme son lien étroit avec la surcharge informationnelle. Quels sont ses avantages ? Ses
inconvenants ? Autant des questions capitales pour comprendre un phénomène désormais
implanté, notamment marqué chez ceux qu’on appelé les « Digital Natives ». Car si d’un coté
il apporte une certaine souplesse intellectuelle il est également à l’origine de nombreux
troubles de l’attention et de la concentration.

La consommation intensive d’internet et des NTIC fait également apparaître une
transformation au niveau de notre mémoire. Nous développons des compétences d’adaptation
pour contrer ou contourner le trop plein d’informations. Il est par exemple intéressant de
remarquer que nous allons vers une forme « d’externalisation » de la mémoire, pour reprendre
les propos de Michel Serres2.

On remarque également que l’une des conséquences de notre navigation intensive sur
internet, est de se souvenir de moins en moins du contenu en lui même, mais, pour prendre
l’exemple des réseaux sociaux, de se souvenir de la personne qui l’a émise. Ainsi on peut le
retrouver et le consulter à nouveau.

Ces révolutions cognitives entrainées par nos usages des NTIC fait que nous allons
progressivement vers une mutation de notre navigation sur internet.

La curation de contenu.
Il n’existe pas de définition officielle cependant la « curation de contenu » consiste à
sélectionner, éditer et partager les contenus web qu’on aura estimé pertinents.

Aux origines il apparaît comme une réponse à l’infobesité générée par le Web 2.0. Puisque,
rappelons-le, la particularité du Web 2.0 est d’être participatif. C’est à dire que tout le monde
est à la fois émetteur et récepteur d’informations. Créant un certain boucan.

D’où la nécessité d’avoir un tri et une organisation de ces informations. C’est là qu’intervient
la curation. Mot venant de l’Anglais « curator » signifiant littéralement le métier
de conservateur de musée. Comme un conservateur, l’internaute va pouvoir sélectionner,
organiser et partager les contenus qu’il a aimé ou trouvé intéressants sur le web.

	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  
1
 Dossier « Notre cerveau se démuscle ». Magazine CLES n° 69
2
 Extrait de la Conférence Interstices à Lille en 2007. http://interstices.info/jcms/c_33030/les-
nouvelles-technologies-revolution-culturelle-et-cognitive?portal=j_97&printView=true


	
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Ce concept semble véritablement répondre aux changements qu’on apporté notre relation à
l’information à travers les NTIC et internet. C’est une façon de la maitriser tout d’abord. Car
nous devenons, chacun, rédacteurs en chef de nos contenus. Et contrairement à un blog, où il
y a un effort rédactionnel à faire, il n’y a dans la curation de contenu, aucun effort à fournir
puisque ce n’est que du relais d’informations. Ce qui est particulièrement pertinent lorsqu’on
sait que une grande partie des blog ne font que relayer des contenus.

Quelques acteurs se sont d’ores et déjà développés pour répondre à ce besoin de curation de
contenu : Pearltrees ; Scoop.it ; Paper.li ; Storify ; Montage ; Pinterest.

Nous allons nous intéresser aux plus importants d’entre eux, définir leur concept et
comprendre leur positionnement, ainsi que le profil de leurs utilisateurs.

Enfin nous tenterons de voir si il y a de la place pour un nouvel entrant et comment il pourrait
s’imposer sur ce marché naissant.


Projet professionnel.
Ce mémoire s’inscrit directement dans un long projet professionnel puisque je suis en phase
de création d’entreprise dans le domaine de la curation de contenu sur le web.

Ainsi ce mémoire constitue une véritable étude de marché en accompagnement de ce projet
entrepreneurial. Je peux y étudier les mutations qu’a entrainé Internet dans le secteur des
médias et les transformations sur les comportements Humains, afin de préparer au mieux le
lancement de mon produit.

Structure du mémoire.
Dans ce mémoire nous allons commencer par une revue de littérature sur le long
cheminement qui a amené l’Internet 2.0 à s’orienter vers la curation de contenu. C’est une
évolution médiatique, sociologique et cognitive que nous allons décrire.

Dans un deuxième temps nous allons poser les hypothèses que nous a apporté la revue de
littérature.

Dans une troisième partie nous expliquerons la méthodologie du questionnaire quantitatif qui
va nous permettre de confirmer ou infirmer les hypothèses émises précédemment.

Enfin dans une quatrième et dernière partie, nous analyserons les données récupérées dans les
questionnaires administrés grâce à des tris à plats et croisés. Nous y inclurons des
recommandations et une conclusion afin de rendre actionnable ces informations dans la
perspective d’une création d’entreprise dans ce domaine d’activité.




	
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Partie 1 : La revue de littérature : Internet, Médias Sociaux, Ecrans : Cheminement vers
la curation de contenu.

       1. Internet : Révolution Médiatique et sociologique.

       1.1 Internet : définition, histoire et évolution.


    Dans un contexte de guerre froide, la création d’un réseau Internet, avait des arrières
pensées militaires. Craignant des attaques ciblées, les Américains ont réfléchit à un système
permettant de protéger leurs données. L’idée était de créer un réseau multicanal, afin de
multiplier les circuits de communication. Ainsi, si une attaque était proférée sur un circuit de
diffusion, un autre circuit pouvait prendre le relais.

Image 1 : Système classique du transfert d’informations comparé à un réseau en toile.




Dans les années 1960 le concept s’est développé au sein des Universités Américaines pour
aboutir, en 1969, au réseau d’ARPANET ; Considéré comme l’ancêtre d’Internet. Les
Universités de Columbia, de Stanford, de l’Utah et de Californie commencerent à se servir de
ce réseau pour échanger des données.
1972 fut une année capitale : Le premier émail est envoyé, un système de messagerie née, et
enfin la première démonstration publique de l’Arpanet a lieu à Washington, le monde
découvre pour la première fois ces avancées informatiques.
En 1983 Arpanet perd officiellement sont statut militaire et prend le nom de Arpa-Internet,
laissant le champ d’action complet aux Universitaires pour son développement.

C’est en 1989 qu’Internet comme nous le connaissons aujourd’hui va éclore. Tim Berners-
Lee lance l’idée d’un « World Wide Web » : Une toile d’araignée géante ou les internautes
pourraient naviguer d’un lien à un autre, avec des voies multiples, à l’aide d’un navigateur.
Après trois années de travail avec les équipes du CERN, il présente en 1993 à l’Université de
l’Illinois, son réseau en toile, proche de celui qu’on connaît aujourd’hui sur un plan théorique.

C’est ainsi que grâce à la naissance du Web, au début des années 1990, Internet va se
démocratiser et arriver dans nos foyers.



	
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1.1.1 Le Web 1.0

       La première génération de sites Web était avant tout une mise à disposition de
connaissances. Mais il ne s’agit que d’un Web de consultation. C’est assez institutionnel
comme approche, seuls les personnes ayant des compétences assez poussées en informatique
pouvait intervenir en ligne, car elles seules pouvaient publier des contenus. On peut le
comparer le Web 1.0 à une grande bibliothèque dont les moteurs de recherche comme Yahoo
et Google permettaient de trier toutes ces données. On situe sa durée de vie entre 1995 et
2004.

       1.1.2 Le Web 2.0

        C’est le Web tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il vient compléter le Web 1.0 en y
rajoutant un point essentiel : L’interaction avec l’internaute. On passe à un lieu de stockage à
un lieu d’échanges. D’abord car il s’est énormément simplifié, mais surtout car on a la
possibilité de poster des commentaires, créer des blogs facilement, interagir avec sa
communauté sur des réseau sociaux. . Ce sont les internautes qui créent les contenus. On le
qualifie de « web participatif ». C’est une sorte de grande conversation où chacun peut
intervenir. On peut comparer le Web 2.0 à un grand salon. Dont les plus illustres exemples
sont Youtube ou Facebook.

                  Image 2 : Web 1.0 et Web 2.0, Dion Hinchcliffe. (2006)




	
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Ce schéma réalisée par Dion Hinchcliffe, consultant Américain en médias sociaux, résume
bien la différence entre le Web 1.0 et le Web 2.0 : Le premier où les contenus sont avant tout
publiés par les sites, le second où ce sont les internautes qui viennent équilibrer ce flux en
participant à cette grande « Conversation » qu’est le Web aujourd’hui.


Internet a bouleversé notre société. Sur le marché du travail c’est édifiant : Les étudiants
d’aujourd’hui se préparent à des métiers qu’ils ne connaissent probablement pas. En 2007,
L’US Department of Labor estimait entre dix et quatorze, le nombre de métiers que les
écoliers d’aujourd’hui auront exercé à l’âge de 38 ans. Les dix métiers demandant le plus de
main d’œuvre en 2010, n’existaient pas en 2004. La plupart étant dans le secteur des NTIC.
Nous sommes dans une vraie révolution. Au delà des transformations sur le marché du travail,
Internet a de réels impacts sur un plan sociologique, notamment à travers les médias sociaux,
véritable catalyseur du web 2.0. Comment en sommes nous arrivés là ? C’est la question que
nous nous poserons dans la partie suivante.

           1.2   Les Médias Sociaux : Définition, histoire et évolution.

       Un média social est un point de rencontre permettant à des personnes physiques
d’échanger des contenus. Ils peuvent être de différentes nature : Ecrits, visuels, sonores. « Le
média » joue le rôle d’accueil et d’organisation des contenus. Il donne une structure aux flux
de contenus.
Ensuite l’aspect « social » naît des interactions entre les internautes. Ils interagissent avec les
contenus mis en ligne. Des outils d’interactions sont mis à leur disposition à cet effet. Mais
l’expérience des médias sociaux va plus loin : Les internautes peuvent être à la fois relais et
créateurs de contenus. Caractéristique principale du Web 2.0.

Ainsi les médias sociaux vont plus loin que les médias traditionnels : Le premiers permettent
à leur audience de simplement être réceptrice d’informations, alors que les seconds offrent à
leur audience la possibilité d’être à la fois spectatrice et actrice de ses contenus. C’est à dire
que l‘l’internaute va pouvoir être à la fois récepteur et émetteur d’informations.

Nous allons retracer l’histoire de ces médias sociaux ; Remonter dans le temps afin d’observer
et comprendre, l’évolution de ces mastodontes qui ont, chacun à leur façon, marqué une
génération d’internautes. En voici les principaux protagonistes :

L’IRC (1988)

Internet Relay Chat fut la première forme de messagerie apparue dés 1988. Elle permettait de
partager des liens et de rester en contact avec ses amis. On le considère comme le père de la
messagerie instantanée d’aujourd’hui. D’ailleurs on lui doit l’adoption des avatars ainsi que
d’abréviations (LOL) ou émoticônes qui sont restés.

Six Degrees (1997)


	
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C’est ce qu’on considère comme le premier réseau social. Il permettait à ses utilisateurs de
créer un profil et de devenir « amis » avec d’autres utilisateurs.
Le site n’est actuellement plus fonctionnel. Mais à son apogée il a connu le niveau des un
million de membres. En 2001 il fut arrêté, après avoir été acheté 125 Millions de dollars.

LiveJournal (1999)

C’était un réseau social construit autour des mises à jour de blogs. Le site encourageait ses
utilisateurs à se « suivre » en fonction de leurs passions communes, afin de créer des groupes
pour d’interagir entre eux. Ce fut un précurseur concernant les mises à jours en direct que l’on
connaît aujourd’hui sur les réseaux sociaux.

Blogger (1999)

C’est un logiciel en ligne qui permet la construction d’un blog gratuit sans connaissances
HTML. L’interface s’occupe automatiquement des contraintes techniques. Il a été racheté en
2003 par Google et fait toujours partie des principales plates formes de blogging.

Friendster (2002)

On le considère comme le premier réseau social moderne. Il permet à ses utilisateurs d’entrer
en contact avec leurs amis, ainsi qu’avec les amis de leurs amis, afin d’agrandir leur réseau.
Ils peuvent partager des contenus entre eux. Le site est toujours actif, il a plus de 90 millions
d’inscrits (State of Internet, 2011). Le trafic vient à 90% d’Asie.

De nombreux autres sites similaires ont vu le jour comme Hi5 (2003), peu connu en Europe, il
revendique 60 Millions d’utilisateurs actifs à travers le monde. Très implanté en Amérique du
Sud, Afrique centrale et Asie. Orkut (2004) est un réseau social mis au point par Google, peu
populaire en Occident lui aussi, il surtout populaire au Brésil et en Inde. Il compte 65 millions
d’utilisateurs. Renren est l’équivalent Chinois. Il comptait 160 Millions de membres en 2011
(magazine L’Expansion, 2011) et est entré en bourse en Mai de la même année.

Myspace (2003)

Le site avait comme particularité d’offrir à ses utilisateurs de personnaliser complètement les
détails esthétiques de leurs profils. Chaque profil est une sorte de blog où les utilisateurs
pouvaient partager leurs contenus. Malgré un pic en 2006 où il était considéré comme le
premier réseau social au monde, Myspace est devenu un repère pour artistes musicaux en
manque de popularité.

Délicious (2003)




	
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C’est un site de « Social Bookmarking ». C’est à dire qu’il permet à ses utilisateurs de annoter
des pages web qu’ils trouvent intéressantes. Ranger les contenus par catégories et ensuite les
partager avec les autres utilisateurs. Achetée en 2005, puis finalement abandonnée par Yahoo
en 2010, ce seront les deux créateurs de Youtube qui répondront l’entreprise début 2011.

LinkedIn (2003)

Le site a été bâti comme un réseau professionnel. Les internautes décrivent sur leur profil
leurs compétences et expériences. Mais surtout ils restent en contact avec leurs anciens ou
actuels collègues, favorisant la cooptation et la mise en relation pour des perspectives
d’emplois. Le site compte 150 millions d’inscrits selon les sources internes.

Digg (2004)

Les utilisateurs partagent n’importe quel contenu que les utilisateurs peuvent conforter ou
rejeter à l’aide d’un bouton consacré. On peut également commenter. Les contenus les plus
populaires sont hissés en première page, ils sont alors les plus visibles. Le site est fréquenté
par 4.5 millions de visiteurs uniques chaque mois (Online MBA 2012).

Reddit (2005)

Similaire à Digg, il permet de voter pour des contenus de façon favorable ou défavorable. Les
contenus sont ensuite rangés pas catégories : Populaires ; Nouveautés ; Controversés.
Toujours d’après Online MBA, le site compte 5.5 millions de visiteurs uniques par mois.

Facebook (2004)

D’abord construit pour être un réseau Universitaire, il va vite grandir et conquérir le monde
entier. Il est aujourd’hui le premier réseau social mondial avec 900 millions d’inscrits (Source
interne). Les fonctionnalités ont évoluées, mais le site permettait à l’origine de construire un
profil, où l’on partageait avec ses « amis » des informations d’ordre social. Aujourd’hui on
peut partager tout types de contenus (images, photos, vidéos, articles). Les fonctionnalités
sont très riches. Facebook se veut comme un HUB de nos activités au quotidien, c’est ainsi
que sa plateforme intègre presque tous les types d’applications existantes, allant de la
géolocalisation (Foursquare) au streaming musical (Spotify, Deezer).

Youtube (2005)

C’est une immense base de données vidéo. Il permet à tous de mettre en ligne des vidéos et
d’avoir un espace d’archivage en ligne dédié à cela. Les vidéos peuvent être notées,
commentées et partagées sur les autres réseaux sociaux. Il est aujourd’hui le second moteur de
recherche au monde, derrière Google, par lequel il a été acheté fin 2006. En 2012, le site
affirme avoir plus de 800 millions de visiteurs uniques par mois et prés de 4 milliards de
vidéos vues chaque jour.


	
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Twitter (2006)

Avec une possibilité d’expression de 140 caractères par publication, Twitter est considérée
comme un site de « microblogging ». Devenu très populaires dés 2007, le service compte
aujourd’hui selon ses dires 452 millions d’inscrits, pour 130 millions de comptes actifs.
Chaque utilisateur a un profil récapitulant ses interactions sur le réseau. De plus chacun peut
se « suivre » selon ses passions et centre d’intérêts.

Tumblr (2007)

Plateforme de blogging, ce site se veut comme la façon esthétique et simple d’entretenir un
blog. Ainsi les blogs sont organisés par formats : Videos, Images, Citations, Liens URL, et
articles. Des modèles de blogs sont déjà prêt à l’usage, certains gratuits, d’autres payants.
Tumblr connaît un forte croissance ces dernières années : + 218% entre 2010 et 2011. La
plate forme compte plus de 33 millions de blogs (Mashable France, Novembre 2011).

Pinterest (2010)

Premier site à populariser le concept de « curation de contenu » à grande échelle. En effet se
sont plus de 13 Millions d’internautes qui se sont inscrits sur le site (AFP, Mars 2012).
Pinterest permet littéralement d’« épingler ses intérêts ». C’est à dire de sélectionner, puis
organiser par catégories, et enfin, partager avec son réseau, les images ou vidéos que l’on a
glané sur le web.




Google plus (2011)

La dernière arrivé marquée dans le monde des médias sociaux. La firme Californienne affirme
avoir plus de 100 millions d’inscrits. Mais les internautes passent en moyenne que 3 minutes
sur le site, donc des chiffres à relativiser (site The Wall Steet Journal, 2012). Google a lancé
ce réseau social dans le but de concurrencer Facebook, en reprenant une grande partie de ses
codes, excepté quelques particularités, comme la gestion des ses contacts par des « cercles ».

    On constate dans cette histoire des médias sociaux qu’il n’y a jamais eu de révolution à un
moment précis de leur Histoire. Chaque nouveauté est une évolution, une amélioration, un
prolongement de ce qui existait déjà.




	
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1.3   Une révolution sociologique.


    L’émergence des technologies digitales, qui ont accompagnées l’évolution des médias
sociaux, a vu grandir deux nouvelles générations d’individus. On leur a donné les noms de
« Generation Y » et « Digital Natives ». Qui se cache derrière ses deux appellations ?


          1.3.1 La Génération Y

       Elle représente les enfants nés entre les années 1980 et le milieu des années 1990,
confirme Julien Pouget, spécialiste du sujet sur son site consacré au sujet. En France, selon
les données de l’INSEE sur cette période, ils représenteraient 13 millions de personnes, soit
prés de 21% de la population Française.

Myriam Levain et Julia Tissier ont écrit un livre sur cette Génération qui suscite tant
d’interrogations. Ils introduisent : « Ce sont les enfants qui n’ont pas connu la guerre mais
sont nés avec le Sida ». Enfants de la TV, enfants de la publicité, enfants de l’Internet, enfants
de la surinformation, ils ont développé des caractéristiques inédites.

Ils veulent beaucoup mais pas n’importe comment. Ce sont des consommateurs informés et
critiques. Ils ont une notion au temps diffèrent : Ils sont dans l’instantanéité, vivement mal
l’attente. Ils sont adaptables, ils ont grandi dans un environnement qui a vu des mutations
technologiques rapides, auxquelles ils se sont vites adaptés. Sont interdépendant, très liés aux
autres, les interactions sur la toile les ont poussé à avoir une vision horizontale de la société.
Enfants de la globalisation, à travers les réseaux sociaux ils peuvent savoir ce qu’il se passe
aux Etats-Unis ou en Australie en quelques clics. Ils ont subi une compression de l’espace-
temps qu’ils semblent avoir intégré dans leur fonctionnement.

Mais c’est aussi la génération du visuel, l’image ayant pris la place de l’écrit.

Si ils aiment, ils consomment. De plus ils aiment le faire savoir, ils le partagent sur les médias
sociaux par la suite.

       1.3.2    Les Digital Natives

Inventeur du terme en 2001, Marck Prensky la définit comme « La génération qui a grandi
avec les technologies digitales : Ordinateurs, Internet, téléphones mobiles ou encore mp3 ».
Les avis divergent sur les dates exactes, mais Philippe Matin dans un article dédié au sujet
(Owni, 2011) les définit comme les successeurs de la Génération Y :

« Ils ont vécu le passage de la casette audio au CD, la casette vidéo au DVD, des premiers
téléphones portables ». Les digitales natives ne sont pas nées entourés de toutes ces
« quincailleries » mais elles étaient déjà là à leur naissance, après les années 1997.


	
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On pourrait les qualifier d’ « Homo Numericus » tellement ils sont préparés dés leur
naissance à naviguer au milieu des technologies. Ils ont développé une certaine intuitivité vis
à vis de ces outils. C’est une génération capable d’apprendre des astuces aux générations
précédentes.

Ils sont très proches de la Génération Y en terme de consommation. Pour eux la musique est
gratuite, difficile d’avoir une approche différente puisque ils sont habitués à un accès gratuit
et illimité à la radio ou à Youtube. Ils sont à l’aise pour trouver des informations sur les
moteurs de recherche. A l’aise avec l’idée d’acheter en ligne, ils n’ont pas les mêmes freins
liés à la sécurité que peuvent éprouver leurs aînés. Ils apprécient le cinéma et trouvent normal
de payer pour le spectacle que procure la grandeur de l’écran, et les éventuels effets spéciaux
qu’ils l’accompagnent. Ils ne considèrent pas la télévision comme le principal écran, mais
comme un écran parmi d’autres.

Ils sont multitâches sur le web, ils conçoivent difficilement de n’avoir qu’une page ouverte
sur leur navigateur. Le téléphone portable leur est essentiel, ils sont agiles et communiquent
beaucoup par sms. Friands de jeux-vidéos pour la plupart, ils sont dans une surenchère
permanente du spectacle. Ils apprécient particulièrement l’aspect social dans les jeux-vidéos,
(« social gaming ») et sont de moins en moins sensibles à la violence, à laquelle ils ont été
exposé sur de nombreux supports : Télévision, Internet, jeux…

Mais surtout, comme le dit Marc Prensky, cette génération entre dans un nouveau paradigme:
Quand les générations précédentes étaient dans le contrôle de l’information car cela
représentait le pouvoir, eux sont au contraire, dans une course permanente à la diffusion de
l’information. Tout un changement.

       La prise en considération des « Geration Y » et « Digitales natives » est capitale. En
effet comme nous le rappelle la vidéo : « Social Media Revolution 2011 », 50% de la
population mondiale a moins de 30 ans.




	
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2. Réseaux sociaux et blogs : Utilisations et tendances de fond.

   Concernant la segmentation des comportements, une étude de Microsoft Advertising
(2011) classe la navigation des internautes en deux catégories : Préméditée et Spontanée.

L’étude, réalisée sur 7000 internautes du monde entier, nous apprend qu’avec un pourcentage
de 81%, les internautes préméditent deux principales activités :
Leur recherche d’informations (actualité) et leurs communications (email, réseaux sociaux).

Ensuite deux sphères d’intimité croisent ces catégories :

- La navigation privée : les réseaux sociaux, les blogs, les mails.
- La navigation publique : les informations sur des sites généralistes, la recherche
d’informations, les achats en ligne et le divertissement

Dans les prochaines lignes de ce mémoire nous allons nous intéresser tout particulièrement à
ce que Microsoft définit comme la « Sphère Privée ». Nous étudierons les réseaux sociaux et
les blogs.

Dans un premier temps nous analyserons les données sur un plan mondial, afin d’avoir une
vue d’ensemble, puis nous réduiront le champ sur la France, et enfin nous finirons sur l’essor
du support Mobile.

                   2.1 Monde.

        Le monde compte plus de 2,27 milliards d’internautes. Ce qui représente un tiers de la
population mondiale. Ce chiffre a presque doublé en cinq ans, il y avait 1,15 Milliards
d’internautes en 2007 (Source: Internet Worlds Stats, 2011).

       Graphique 1 : La répartition du nombre d’internautes par continents, Internet world
                                          Stats. (2011)




	
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L’Asie représente à elle toute seule 44,8% du trafic mondial. L’Europe arrive seconde
position avec 22,1%. L’Amérique du Nord est troisième avec un taux de 12%. Vient ensuite
l’Amérique du sud (10,4%), l’Afrique (6,2%), le Moyen Orient (3,4%) et l’Océanie (1,1%).


       2.1.1 Les réseaux sociaux.

        Les réseaux sociaux représentent à eux seuls une part importante de la navigation
internet mondiale. Il n’est pas possible de l’estimer précisément, mais quelques chiffres
donnent une ampleur du phénomène : Pour atteindre les 50 millions d’utilisateurs la Radio a
attendu 38 ans, la télévision 13 ans, Internet 4 ans. Facebook lui est capable de dépasser les
200 millions d’utilisateurs en moins d’un an. Ce sont prés de 700 000 personnes qui
s’inscrivent par jour sur le site.

On atteint la somme de 1, 65 Milliards de profils virtuels, si on cumule le nombre d’inscrits
des cinq principaux médias sociaux du moment: Facebook (900 millions), Twitter (452
millions), Google plus (100 millions), LindkedIn (150 millions) et Pinterest (13 millions).

Ces chiffres sont relatifs car il faut séparer le nombre d’inscrits et le nombre d’utilisateurs
actifs. Dont les entreprises se gardent bien souvent de publier les chiffres.

Facebook dans un rapport publié avant son introduction en bourse (Mai 2012) avoue avoir
512 millions d’utilisateurs qui se sont connecté au moins une fois dans le mois. Twitter de son
coté, à travers son blog officiel (Septembre 2011), publiait avoir 100 millions d’utilisateurs
actifs. Ne précisant pas la nature du critère pour définir cette activité.

L’infographie suivante, (réalisée par le site Go-Gulf, Mai 2012) permet de rendre compte du
profilage des utilisateurs des cinq principaux réseaux sociaux cités précédemment :

On apprend que Facebook, LindkedIn et Google + sont des médias majoritairement
fréquentés par des hommes. A contrario Twitter et Pinterest sont privilégiés par le public
féminin.
                   Image 2 : Ratio Hommes-Femmes, Go-Gulf. (2012)




	
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L’âge des internautes varie également selon le média fréquenté. Facebook est le média des
18-25 ans avec 29% de présence. Il existe une forte concurrence pour s’emparer des tranches
26-34 ans, mais c’est Google plus qui l’emporte avec 35%. Pinterest réalise un bon score chez
les 45-54 ans avec un taux de 25%.

                      Image 3: Répartition par âge, Go-Gulf. (2012)




Concernant le temps passé en ligne, Facebook reste devant ses concurrents avec 405 minutes
en moyenne par mois et par internaute. Pinterest et Tumbrl réalisent le même score : 89
minutes. Twitter encore loin derrière avec 21 minutes, mais ce chiffre est à relativiser car un
Twitter a de nombreux autres canaux pour se connecter à son site, comptabilisés dans
l’enquête.17 minutes sur LinkedIn par mois. Enfin malgré leur centaine de millions
d’utilisateurs inscrits, Myspace et Google plus n’ont respectivement que 8 et 3 minutes.

            Image 4 : Temps passé en moyenne par mois, Go-Gulf, Mai 2012


	
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2.1.2     Blogs.


       Les blogs quant à eux sont recensés à 164 millions dans le monde selon la dernière
parution Technoraiti en 2011.

       Graphique 2: Evolution de Blogosphère mondiale, Technoraiti et Blogpusle. (2011)




Le marché se partage entre quatre principaux hébergeurs. Le leader est Blogger, propriété de
Google. Pourtant aucune statistique n’est publiée sur sa fréquentation, seule une source de
l’AFP en 2008 indique ce statut de leader.
Worpress, est second avec (selon ses propres sources, Mai 2012) plus de 36 millions de blogs.
Derrière, Tumblr croit fortement et atteint aujourd’hui les 33 millions de blogs.


	
                                                                                        18	
  
Posterus, revendique 12,5 millions de blogs (2011). Le site est depuis Mars 2012 la propriété
de Twitter.
                Image 5 : Les 4 principaux hébergeurs de blog au monde




Blogger, Worpress, Tumblr et Posterus hébergent à eux seuls presque 100 millions des 162
millions de blogs existants (2011).

Ces chiffres restent également relatifs car il faut bien séparer le nombre de blogs actifs à ce
total. Il n’est pas possible de connaître précisément son taux, ou d’obtenir un chiffre car
encore une fois les hébergeurs évitent de donner ce genre d’informations. De plus le critère
« d’actif » est subjectif et dépend des critères de chacun.

Cependant en 2006, dans un de ses articles, Le Journal du Net indiquait que sur 150 millions
de blogs existants, 40 millions seraient actifs. Cela représenterait donc 25% des blogs dans le
monde. Autrement dit, 3 blog sur 4 ne sont pas actifs.

Dans le monde ce sont les résidents Américains qui sont les plus actifs. Comme le montre le
graphique ci-dessous, ils sont propriétaires de prés de 50% des blogs existant. L’étude nous
apprend que c’est en Californie qu’ils sont le plus présents, avec un taux de 15%. Suit New-
York avec 7%.

       Graphique 3 : Répartition des blogueurs dans le monde, Technorati. (2011)




	
                                                                                          19	
  
L’activité de blogueur est majoritairement masculine comme le montre le graphique ci-
dessous. Plus de 50% des blogueurs dans le monde sont des hommes.

       Graphique 4 : Répartition homme-femme des blogueurs dans le monde, Technorati.
                                          (2011)




Les tranches d’âge les plus représentées sont les 25-43 ans et les 35-44 ans. 55% des
blogueurs ont entre 25 et 44 ans. On constate que c’est une activité qui demande une certaine
maturité. Les 18-24 ans sont finalement peu représentés.
On remarque que entre 25 et 44 ans les personnes exercent une activité de blogging semi-
professionnelle. C’est à dire qu’ils ont des revenus en dehors de leur blog. Entre 45 et 64 ans
ils tiennent un blog car ils sont avant tout entrepreneurs. Enfin entre 18 et 24 ans ont tient un
blog avant tout car c’est un hobby.

       Graphique 5 : Répartition par âge des blogueurs dans le monde, Technorati. (2011)




	
                                                                                            20	
  
L’étude a mis en relief le temps passé à s’occuper de son blog par semaine. 30% d’entre eux
consacrent entre 1 et 3 heures par semaine à son blog. C’est le pourcentage le plus haut. 25%
y consacrent entre 15 minutes et une heure par semaine. Enfin on remarque que les seuls
véritablement prêts à y passer plus de 20 heures par semaine sont les professionnels (45%) ;
Les autres profiles de blogueurs représentent moins de 5% sur cette durée hebdomadaire.

        Graphique 6 : Temps passé par semaine sur son blog, Technorati, (2011)




       2.2    France

        Une étude ComScore de septembre 2011 évalue le nombre d’internautes français à 42
millions. Les données IFOP (2011) indiquent que 74% de la société Française accès à
internet.

Selon une étude France-Info (octobre 2011) ils étaient environ 10 millions en 2001. Soit une
multiplication par quatre du nombre d’internautes en seulement 10 ans. Ainsi les Français
représentent prés de 2% des internautes dans le monde.

Dans cette même étude on remarque que se sont les 15-29 ans qui se connectent le plus tout
les jours (83%). Les 30-44 ans sont tout proches : 82%. Ensuite les chiffres baissent avec
l’âge, pour atteindre 41% pour les plus de 75 ans.

On apprend que les Français passent en moyenne 3h57 sur internet par jour. Ce chiffre
comprend le temps passé sur internet au travail et à domicile.




	
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Les internautes français visionnent, en moyenne, 2807 pages web par mois. Ils sont un peu au
dessus de la moyenne européenne qui est de 2115 pages par mois. (ComScore, 2011)

Tous les Français n’ont pas accès à Internet de la même façon. Selon les chiffres de
L’ARCEP, ils étaient 22,77 millions à avoir une connexion Internet haut débit. Ce qui
représente tout de même une augmentation de 6,5 millions comparés à l’année précédente.


                  2.2.1   Les réseaux sociaux.

Comme au niveau mondial, il est difficile de connaître le nombre exact d’internautes Français
inscrits sur les médias sociaux. Cependant l’étude IFOP de l’observatoire des réseaux sociaux,
parue en Octobre 2011, nous apprend que 77% des Français sont inscrits sur au moins un
réseau social. Si on transpose ce score au nombre d’internautes en France on atteint un chiffre
de 32 millions de Français inscrits sur au moins un réseau social en France.

Toujours selon cette étude IFOP, réalisée sur un échantillon de 2080 internautes français de
plus de 18 ans, un internaute français est en moyenne sur 2,8 réseaux sociaux.

 Graphique 7 : Evolution de l’appartenance aux réseaux sociaux en France, IFOP. (2011)




La soudaine augmentation d’inscrits sur les réseaux sociaux en France entre 2008 et 2009, est
à mettre au crédit de la forte croissance de Facebook dans l’hexagone.

En France les principaux réseaux sociaux sont : Facebook (25 millions d’inscrits), Twitter
(5,2 millions), Google plus (4 millions), LinkedIn (3,5 millions), et Viadeo (4,5 millions).
Source : Blog InFLUX, Février 2012.

La notion de comptes « actifs » est également difficile à mesurer de part la subjectivité du
terme. Seul Twitter donne le chiffre de 1,25 millions de comptes actifs Français sur les 5,2
millions existants. Ce qui représente un taux de 24%.

En terme de notoriété Facebook et Twitter sont les deux principaux médias sociaux.


	
                                                                                          22	
  
On constate que ce sont les 18-24 ans qui transforment le mieux la notoriété du réseau en
inscription. Ils sont les plus à l’aise avec ces outils.
Il est intéressant de remarquer que malgré une très forte notoriété (plus de 80% chez les 18-
24 ans et les 25-34 ans), Twitter ne suscite pas le même taux de transformation que son
concurrent Facebook. A croire que son interface ou son concept soit encore trop intimidant
pour les internautes Français.

                 Image 6 : Notoriété de Facebook en France, IFOP. (2011)




                  Image 7 : Notoriété de Twitter en France, IFOP. (2011)




Il n’existe aucune autre étude sur les profils des utilisateurs Français inscrits sur ces réseaux
sociaux. Internet étant un réseau mondial, les études sur les internautes le sont aussi. Il existe
quelques chiffres, mais leur parution ne permet de mettre en relief un quelconque
enseignement supplémentaire.

                   2.2.2 Les Blogs.

       En France les blogs bénéficient quand à eux d’une meilleure expertise. En effet une
étude a été menée en 2010 par le site NowhereElse sur 1384 blogueurs.
On remarque que - comme au niveau mondial – le blogging est une activité majoritairement
masculine : 67% des blogueurs français sont des hommes.

Concernant leurs motivations on apprend que le partage est le premier moteur des blogueurs
français. 87% tiennent un blog pour partager une passion, un savoir, des découvertes. La
seconde motivation invoquée est la simple envie de se distraire (43%).
En troisième position vient la volonté de faire de nouvelles rencontres ; Se construire un
réseau. La quatrième motivation (31%) est ce qu’on appelle le « personal branding » c’est à


	
                                                                                             23	
  
dire faire sa propre promotion. Très peu tiennent un blog par obligation professionnelle (8%)
ou pour augmenter leur pouvoir d’achat (9%).

              Image 7 : Motivation d’un blogueur Français, NowhereElse. (2011)




La moitié des blogueurs Français ont entre 20 et 30 ans (50%). La tranche d’âge regroupant le
plus fort pourcentage est celle des 20-25 ans avec 26%. Les 30-35 ans représentent quand à
eux 18% des blogueurs français. Dans l’ensemble on remarque que les blogueurs français sont
plus jeunes que leurs compères internationaux qui ont une moyenne d’âge plus élevée.

                 (Image 8 : Age d’un blogueur Français, NowhereElse. (2011)




Enfin on apprend que près de 39% des bloggeurs se trouvent en Ile de France. Elle est de loin
la région où l’on blogue le plus. 15% se trouvent dans le Sud-Est de la France. 10% dans le
Grand Ouest. Autre enseignement : 8% des bloggeurs Français vivent à l’étranger.

       Image 9 : Répartition géographique française des blogueurs, NowhereElse. (2011)




	
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Au cours de cette partie il était essentiel de se concentrer sur les réseaux sociaux et les
blogs. C’est la synthèse de ces deux modes de communication qui a donné naissance au
concept de curation de contenu. Il était important de mesurer leur impact afin d’établir au
mieux les perspectives de la curation de contenu.




	
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3. Ecrans : Une révolution cognitive.

    Pour commencer une initiation aux sciences neurologiques est nécessaire, afin de
comprendre l’itinéraire d’une information, de sa prise de connaissance, jusqu’à son traitement
par le cerveau.

Nos cinq sens nous connectent au monde. Ce sont eux : Ouïe, odorat, vue, goût et toucher qui
envoient des informations à notre cerveau, qu’il traite par la suite, afin d’analyser ce qui se
passe dans notre champ de ressenti.

Ce sont les neurones dits « sensitifs » qui prennent le relais une fois un élément perçu par un
ou plusieurs de nos sens. Ils transportent l’information jusqu’au cerveau. Les neurones
travaillent en équipe, ils sont plus de 100 milliards et sont organisés en réseau tels des câbles
qui longent tout le système nerveux de notre corps. Ces neurones communiquent entre eux en
produisant de l’électricité. Entre chaque neurone se trouve ce qu’on appelle des « synapses ».
C’est un espace de jonction entre deux neurones où se libèrent les signaux électriques
produisant un produit chimique, le « neurotransmetteurs », porteur de l’information jusqu’au
prochain neurone.

Parmi ces « neurotransmetteurs » il en existe qui sont plus intéressants que d’autres dans le
cadre de ce mémoire. La « dopamine » est le plus connu d’entre eux, il régule le plaisir et il
est notamment lié aux phénomènes d’addiction et alimente le circuit de la récompense. Les
« endorphines » sont libérées en cas de plaisir particulièrement intense. L’ « acétylcholine »
est impliquée dans le processus de la mémorisation et de l’apprentissage.

La vue est le sens le plus sollicité. Christian Marendaz, professeur de psychologie cognitive,
nous le confirme : « Voir monopolise un tiers de notre cerveau ». (Magazine Sciences
Humaines, HS Novembre-Décembre 2011, p.21)

D’abord parce que la vue est un mécanisme complexe qui est mis en place par notre cerveau,
mais aussi, et surtout, parce que les supports de communication demandant une attention
visuelle se sont démultipliés ces dernières années : Télévision, téléphones portables,
ordinateurs, tablettes. Sans oublier les nombreuses affiches ou publicités dans notre
environnement urbain. Les yeux sont plus sollicités que jamais.

On l’a vu dans la partie précédente, un internaute française passe en moyenne 3h57 sur
Internet par jour, travail et domicile compris. A cela on peut ajouter les 3 heures et 16
minutes passées devant un écran de télévision en moyenne par français sur l’année 2011
(Europe 1, Novembre 2011). Un chiffre en augmentation chaque année.

Ce qui fait un total de 7h13 devant un écran par jour. Sans compter la consultation des
Smartphones ou autres tablettes.



	
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Cette tendance ce confirme lorsque une étude de l’INSEE (Novembre 2011) montre que les
Français passent la moitié de leur temps libre devant un écran. Par temps libre on exclut les
taches physiologiques, domestiques, ou liées au travail et aux transports. Ce temps libre est de
4h57 par jour et par Français. C’est 7 minutes de plus qu’en 1999.

Cette exposition permanente aux écrans n’est pas sans conséquences. C’est ce que nous allons
aborder dans la partie qui suit.


       3.1     L’addiction.

        L’accoutumance est présente dans la consommation des médias sociaux. L’addiction
aux interactions sociales, nait des liens qui se créent sur la toile , virtuels mais dont le ressenti
peut être très réel. Cyrille de Lasteyrie, célébré blogueur français, commence son témoignage
sur les réseaux sociaux de la sorte : (Nouvelles Clés, Avril-Mai 2012)

« Après huit ans à bourlinguer au cœur de l’Internet et des réseaux sociaux, je peux l’affirmer
aujourd’hui : Le temps passé sur le Net est un gigantesque gâchis existentiel. Une fuite, une
illusion, une drogue comme le sont l’héroïne ou l’alcool. »

De nombreuses études ont montré l’addiction que procurent les réseaux sociaux, l’information
et plus généralement l’Internet.

Le magazine en ligne Américain Mashable, dans un article : « Why people are addicted to
internet ? » (Février 2012) décrit une étude menée par Sodahead sur un échantillon de 602
personnes, où 62% d’entre elles se considèrent comme « accros à Internet ». L’étude montre
aussi que parmi ces 62%, 65% n’ont pas d’addiction au tabac et 64%, se considérément
comme n’ayant pas l’habitude de boire de l’alcool. En d’autres termes les personnes n’ayant
pas d’addiction antérieure, sont plus susceptibles de tomber « accros au web ». De plus les
femmes se déclarent plus dépendantes que les hommes : 64% d’entre elles se sentent
concernés par l’addiction, 55% pour les hommes.

Une étude menée par des chercheurs de l’Université Booth de Chicago (The Guardian,
Février 2012) va également dans ce sens. Ils affirment que pour l’échantillon de jeunes de 18
à 35 ans qui a été étudié, il est plus difficile de se passer des réseaux sociaux ou de regarder
ses mails, que de se passer d’une cigarette. Les chercheurs développent et expliquent que la
vie moderne est faite de plaisirs variés, qui agitent des conflits et des résistances intérieurs, les
simulations fréquentes produisent « des tensions omniprésentes ».

Dans son témoignage Cyrille De Lasteyrie fait bien la différence entre « l’Internet pratique »
qui permet de s’informer ou d’acheter un billet de train en ligne, et « l’Internet social », celui
qui est chronophage, qu’il qualifie de « terrain vague de l’ennui ». Pourtant il reconnaît avoir
une vie bien remplie : Des activités, une famille, des projets professionnels, mais il n’y a rien
à faire, il passe plus de six heures par jours sur Internet. Soit deux heures de plus que la


	
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moyenne nationale. (3h57). Mais comme il le fait remarquer, ce ne sont pas six heures
d’affilée, ou bien équilibrés en deux fois 3 heures. Mais Internet, étant accessible de partout,
ce sont six heures qui s’immiscent dans le quotidien, à n’importe quel moment de la journée,
venant créer des interruptions. Smartphones, ordinateurs, tablettes, autant de moyens de
toujours être connectés, et de participer à cette grande conversation qu’est le Web 2.0.

Apparaissent alors des symptômes comme celui des « vibrations fantômes » mis en évidence
par les chercheurs de l’Université de Worcester (The Telegraph, 2012). Phénomène où un
individu croit ressentir une vibration de son téléphone en poche, lui signalant la réception
d’un nouveau message. La déception est forte lorsque la personne se rend compte que ce
n’était qu’une illusion. Ceci est révélateur d’une addiction à l’information.

De façon plus intense encore : La cyberdépendance. Dans son livre « La cyberdépendance en
60 questions », Charles Nayebi estime le nombre de cyberdépendants à 8% en France (2008).
En Corée du Sud, où le problème est devenu une vraie préoccupation nationale, l’Etat a mis
en place des centres de désintoxication. 80 000 Sud Coréens en ont déjà bénéficiés depuis leur
mise en place nous apprend The Guardian (2012).

Cette addiction est symptomatique d’une fuite du réel, une fuite d’un vide. Est-ce le signe que
la société ne plus nous proposer de vraies occupations ? C’est vrai mais de nombreuses
personnes « addict » au web et aux médias sociaux, ont pourtant des vies bien remplies. Alors
quelle est l’explication de cet acharnement à rester connecté ?

« Quelle est cette magie noire qui me fait oublier l’autre au profit d’un inconnu lointain qui
me ‘Like’ ? » Se demande de façon rhétorique Cyrille de Lasteyrie. Il connaît la réponse :

« Une portion de reconnaissance, celle qu’on cherche tous. Besoin d’exister aux yeux du plus
grand nombre, de se sentir aimé et considéré, quoi de plus naturel ? »

En effet la communication est régie par un concept fondamental, instauré par Shannon et
Weaver dés 1949 : Il doit y avoir un « émetteur » et un « récepteur ». Mais pour que la
communication soit aboutie, il faut également un « accusé de réception » du récepteur. Sans
accusé de réception, la communication s’éteint petit à petit, car elle ne va que dans un sens,
l’émetteur finit par s’épuiser.

Les médias sociaux jouent sur cette corde sensible de notre système affectif : la
Reconnaissance. Les réseaux sociaux l’ont bien compris et on bâtit une série d’outils
permettant ces « accusés de réceptions ». Véritables créateurs de reconnaissance, les « like »
de Facebook, ou autres « Retweet » de Twitter, ou les systèmes de « commentaires »
présents sur tous les médias sociaux, sont autant de messages (émis de façon officielle) de
l’intérêt que l’on porte au contenu partagé par l’émetteur. Cette reconnaissance, quantifiable
qui plus est, va être considérée comme autant de signaux positifs alimentant l’ego de la
personne.



	
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« Le circuit de la récompense » se met alors en marche : les neurotransmetteurs transmettent
cette sensation de bien-être au cerveau. Comme tout plaisir, le corps en redemande. Les
médias sociaux sont l’opportunité de recevoir un « shot » de reconnaissance à tout moment.
Alors on tente sa chance, on se connecte régulièrement pour savoir si on « existe »
virtuellement. De là se crée la dépendance. Car le ressenti est bien réel. Il affecte notre
système nerveux, comme toute émotion positive.

Et si ce n’était pas une fuite des autres mais plutôt une fuite de soi ? C’est la thèse qu’appuie
Jean-Louis Servan-Schreiber, dans son édito du magazine Nouvelles Clés « La fuite devant la
pensée » (Février-Mars 2012). Il s’interroge sur les raisons qui nous poussent à jouer de plus
en plus sur nos écrans, ou autres supports, durant les temps d’attente, comme les transports.
Ainsi grâce à un écran on garde toujours l’esprit occupé. On a peur de l’ennui, surtout, on ne
le tolère plus. Alors on crée un bruit incessant. Cela cache une vraie peur de se retrouver face
à soi. On a peur de se retrouver confronter face à ses pensées. Car il faudrait alors les
affronter. Il est tellement plus simple de les éviter dans la fuite en avant perpétuelle que
l’hypnose d’un écran nous procure. Nous restons éloigné de la réalité, beaucoup plus pénible
à accepter. Alors nous nous plongeons dans le virtuel, une forme de procrastination.

L’addiction aux médias sociaux est un double cri d’alarme : Celui de la considération de
l’égo, et paradoxalement, d’une fuite de soi.


           3.2     L’Infobesité.

       La multiplication des écrans a crée un flux d’informations inédit pour le cerveau
humain. La quantité d’information que nous absorbons chaque jour est impressionnante. Nous
sommes des êtres en surpoids informationnel. Nous atteignons le stade d’ « infobesité ».
Contraction venant de l’anglais pour définir l’« information overload ».

Bernard Stiegler dans son livre « La Télécratie contre la démocratie », explique que le temps
médiatique a pris le dessus sur les autres temps : Politique, judiciaire, scientifique ou autre.
Tous, aujourd’hui, vivent au rythme imposé par le « temps médiatique ». Ce sont les médias
qui organisent et donnent le pouls de la société, la télévision en tête. Les citoyens deviennent
des spectateurs d’une société orchestrée par les médias. Où « les consommateurs de la
télécratie » souffrent d’être seuls derrière leurs écrans, tout en ayant le sentiment d’appartenir
« à une foule artificielle d’où surgissent des processus d’indentification régressive ».

Dans son livre TV Lobotomie (2011), Michel Desmurget, s’alarme du lien entre l’exposition
aux images télévisuelles et la dégradation des compétences cognitives et sociales. Il dénonce
le rôle de la TV dans l’environnement de l’enfant, selon lui elle « formate le développement
du cerveau, entrave la progression linguistique, génère des troubles de l’attention, subordonne
la façon de penser, contraint l’imagination… »




	
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Les dénonciations du temps passé sur Internet sont menés par des auteurs comme Nicholas
Carr (« Internet rend il bête ? », 2011) Il dénonce de façon générale « la main invisible » qui
pousse les internautes à aller toujours plus vite sur des sites Internet, dont l’architecture est
construite en ce sens. L’auteur accuse les moteurs de recherche, comme Google, de profiter
de la déambulation des internautes :

« Les profits de Google sont directement liés à la rapidité à laquelle les gens absorbent de
l’information… Chacun de nos clics crée une rupture de notre concentration, une
perturbation ascendante de notre attention…. Google est vraiment au sens propre dans le
business de la distraction »

Les médias sociaux comme Facebook ou Twitter, pour ne citer que les plus connus, sont
accusés du même chef d’inculpation : Nos cerveaux survolent une quantité d’information trop
importante qu’ils ne peuvent gérer, et par des contraintes d’urgences, sont distrait de toute
réflexion en profondeur, impossible à effectuer dans ces conditions.

Le passage d’une société de l’écrit à une société de l’image a des impacts, confirme Nicholas
Carr. Il souligne à juste titre que nous sommes passé d’une société de l’écrit, dont la lecture
est propice à la réflexion, à une société des écrans et des hyperliens qui fusent, dont il est
difficile d’en tirer quelque réflexion approfondie que ce soit, « à la lecture en diagonale, la
pensée hâtive et distraite, et l’apprentissage superficiel» en rajoute l’auteur.

Comme l’imprimerie a chamboulé les habitudes d’une époque, l’émergence du nouveau
support, qu’est l’écran, transforme durablement depuis de nombreuses années nos
comportements. Monique Dagnaud, Sociologue et directrice de la recherche au CNRS, dans
un article pour le journal Slate (Décembre 2011), disait la chose suivante pour parler de la
navigation sur internet :

« C’est donc bien de s’alarmer de la dépendance possible à l’égard de la glisse sur écrans.
L’ivresse qu’y trouve l’usager est bien supérieure à celle procurée par le feuilletage de livres
et par beaucoup d’autres activités récréatives. S’y mêlent en effet le plaisir de l’exploration
curieuse, et le sentiment de puissance que procure le fait d’être le commandant de bord du
voyage. »

Elle emploie les termes « ivresse » et « sentiment de puissance », un vocabulaire propre aux
effets des drogues sur notre cerveau. Comme toute drogue, le cerveau en redemande, et
puisqu’elle est à disposition en permanence, l’internaute absorbe la dose que son corps lui
demande. Comme toute drogue, il y a un système d’accoutumance. Alors l’internaute absorbe
toujours plus d’informations, pour assouvir sa soif.

On rencontre ce que appelle, le psychanalyste Michael Stora : « La web-errance » qui renvois
« chacun à son histoire personnelle ». (« Concentrez vous ! », Le Monde, Novembre 2011)




	
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Or la surconsommation médiatique produit ce que Marshall McLuhan, théoricien de la
communication appelait « l’engourdissement » de la mémoire, de la concentration et d’autres
facultés comme la raison et la perception. Ce que confirme Caroline Datchary, sociologue au
Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires du CNRS en qualifiant ce mal
« d’invisible ». Le « multitasking », initialement considéré comme un élément positif, glisse
vers ce qu’on pourrait qualifier le « Le syndrome de déconcentration » causé par notre
environnement quotidien, il s’est accéléré dernièrement avec la multiplication des canaux de
communication.

Sur le marché du travail les chiffres de l'Observatoire sur la responsabilité sociétale des
entreprises (ORSE) sont parlants : Près de six salariés sur dix consacrent deux heures par jour
à gérer leurs boîtes mail ; Quatre sur dix reçoivent plus de 100 messages par jour ; Enfin, sept
managers sur dix déclarent souffrir de surcharge informationnelle. Quand on sait qu’il faut, 67
secondes pour se concentrer à nouveau après l’interruption d’un message (ORSE), on
comprend alors les impacts de l’infobesité sur la productivité des entreprises.

Mais surtout Internet transforme le fonctionnement de notre mémoire. Trois chercheurs
américains ont publié dans la revue Science (Aout 2011) une expérience édifiante à ce sujet. Il
était demandé aux participants écrire retenir un certain nombre de petite phrases, 40 au total.
A la moitié des participants on annonçait que les phrases seraient ensuite détruites, à l’autre
moitié qu’elles seraient conservées dans un fichier d’ordinateur auquel ils pourraient avoir
accès. Les personnes qui savaient qu’elles pourraient revoir les phrases n’ont pas fait l’effort
de les retenir. A l’inverse celles qui savaient que les informations seraient détruites étaient
plus en mesure de les restituer. Signe que le cerveau ne retient pas de la même façon lorsqu’il
sait qu’un autre élément va jouer ce rôle, « d’externalisation de la mémoire » pour reprendre
les termes de Michel Serres, philosophe et historien des sciences.

Toujours dans cette étude, les chercheurs ont mis en évidence au autre concept fondamental :
On utilise la mémoire différemment. Les chercheurs ont soumis le même type de phrases aux
participants, en indiquant cette fois ci l’endroit où le fichier avait été stocké dans l’ordinateur.
Les participants étaient plus à même de trouver l’endroit où se trouvait le fichier que de
mémoriser le contenu. Autrement dit « Plutôt que de retenir tous les numéros de téléphones
par cœur, les gens préfèrent se rappeler où est rangé l'annuaire » résume Emanuel Sander,
professeur à l’Université Paris VIII. En effet le savoir ne se résume pas à une simple
accumulation des données, il faut être capable de les trier et de les analyser. Emanuel Sander
va plus loin : « Si vous avez acquis de grandes capacités d’analyse, Internet peut vous
apporter énormément. Sinon, vous êtes simplement submergé de données ». C’est cette pluie
de donnés qui crée l’infobesité.

Même sur un plan social il est difficile de gérer toutes les informations que nos neurones
transmettent au cerveau. En effet nous avons des « neurones-miroirs » c’est grâce à eux que
nous ressentons la souffrance des autres, en venant à leur secours, nous pouvons nous
soulager nous-même. Le problème aujourd’hui c’est que ce mécanisme d’altruisme s’est
bloqué de part le bombardement d’informations que nous subissons. « Il nous faudrait être des


	
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Superman pour répondre à toutes les invitations à la compassion » explique Patrice Van
Eersel (« Votre Cerveau n’a pas fini de vous étonner », 2012). Le résultat est que on devient
insensible à la violence de plus en plus jeunes, que nos contacts physiques régressent et
surtout que l’indifférence nous guette face à la souffrance d’autrui. Sommes nous condamnés
à disparaître par régression, de ce que l’auteur appelle : le « cerveau social » ?

L’infobesité n’y aide pas. Et pourrait avoir des conséquences plus anthropologiques que l’on
croit.

              3.3   La déconnexion.


       Pour faire face à l’addiction que peuvent procurer les médias sociaux et la sur-
information que procure notre surexposition aux écrans, certaines personnes ont opté pour la
déconnexion.

C’est une façon de retrouver des repères, de ne plus vivre en fonction de l’outil, mais que
l’outil serve à vivre,de ne plus être esclave de la technique, de ne plus vivre pour
communiquer, mais communiquer pour vivre.

Les médias sociaux sont utilisés comme des fins, alors qu’ils ont été bâtis comme des
moyens. C’est le piège dans lequel est tombé Thierry Crouzet, blogueur français reconnu, très
actif sur les réseaux sociaux, auteurs de plusieurs livres. Il a consacré un livre à sa
déconnexion numérique : « J’ai débranché. Comment vivre sans internent après une
overdose ? » (Editions Fayard, 2011).

En Février 2011 il « explose en vol » dit il et se retrouve sur un lit d’hôpital pour une grave
crise d’angoisse. Accros aux réseaux sociaux, il subissait les reproches de sa femme, le
voyant tout le temps au bureau, de ses enfants, l’accusant de ne jamais lâcher son téléphone.
Thierry Crouzet décide alors de tout lâcher, pour sauver son couple et sa famille, pour lui-
même.

« Vous croyez connaître la mer parce que vous la traversez avec un bateau, mais la mer n’est
pas une surface, elle est abîme. Pour connaître la mer, faites naufrage. »

L’auteur explique qu’il s’est fait sienne cette citation de Maître Eckhart. En effet comme le
veut l’expression, on « surf » sur le net,on reste à la surface, on glisse, on n’est pas conscient
des dangers que contiennent les abysses d’Internet. Ce passage est révélateur de l’inversion
des moyens en fin, qu’exercent sur nous les médias sociaux : « Je repense à ma randonnée en
Kayak, à en faire le récit sur les réseaux sociaux, plutôt que de la vivre ».

Puis il développe : « Le net exerce sur moi une pression grandissante, qui frise
l’insupportable. Cette technologie imaginée pour mieux nous aider à communiquer a fini par




	
                                                                                             32	
  
me transformer en toxicomane. Je ne contrôle plus rien. Consumé par ce qui m’a nourri. ».

Les écrans, Internet et les médias sociaux sont des « armes de distraction massive » pour
reprendre le titre du livre de Matthew Fraser (2005). Cette distraction est composée de deux
bases : L’addiction aux interactions sociale et la consommation frénétique d’informations.
Ces fléaux ouvrant la voie d’une cure.




	
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4.                              La curation de contenu.

« L’accélération contemporaine est plus souvent ressentie comme l’emballement d’un manège
fou. Mais faute de pouvoir sauter en marche, à chacun de trouver des parades au quotidien
pour ne pas tomber dans cette folie collective ». Jean-Louis Servan-Schreiber.3

                                                      4.1                                       Définition.


        La curation de contenu vient de l’anglais « curator ». Littéralement « conservateur de
musée ». Ce dernier, a traditionnellement le rôle de sélectionner parmi les innombrables
œuvres présentes dans le grenier du musée, celles qui doivent être exposées. Il agit comme un
filtre humain. Si l’exposition est sur l’Art Contemporain, il va éviter d’exposer des œuvres
baroques. Ainsi il contextualise et donne du sens à ce qu’il sélectionne. Ceux qui en
bénéficient sont les visiteurs. Ils n’ont pas choisi leur Musée au hasard. S’intéressant à l’Art
Contemporain, ils ont décidé de consulter celui, dont les œuvres accrochées au mur traitent de
ce sujet. Les « curator » sont les intermédiaires entre les créateurs de contenus, les artistes
dans le cadre de la peinture, et ceux qui les consultent, le public. Ils font un travail de tri.

Sur Internet c’est la même chose. Le « content curator », celui qui effectue la curation de
contenu, sélectionne sur le Web les contenus qu’il trouve pertinents pour ensuite les partager
avec un réseau. Il n’y a pas de définition officielle, cependant un des pionniers dans le sujet,
Rohit Bhargava, donne une définition : « Un content curator est quelqu’un qui,
continuellement, trouve, regroupe, organise et partage le contenu en ligne, le meilleur et le
plus pertinent sur un sujet spécifique. » (Manifesto For The Content Curator, 2009).

On peut résumer la curation en trois étapes: La sélection, l’édition, et le partage.

Rohit Bhargava, dans un article « How curation could save the Internet » (Communication
Word, Janvier 2012) décrit l’intérêt de la curation : « Dans un Web surchargé, les personnes
qui créent du contenu deviennent moins précieuses que les ‘curators’, qui elles, l’organisent
en un espace digeste, puissant et même profond ».

Avec la curation on ne voit plus Internet comme un grand champ désordonné, mais comme
plein d’espaces organisés. A travers ce travail de curation, les internautes organisent ce chaos
infini de contenus, qu’est le Web aujourd’hui.

La curation se différentie de la « veille », même si ces deux concepts peuvent paraître
proches. La différence majeure réside dans le fait qu’un « curator » n’est pas à la recherche de
quelque chose en particulier dans sa navigation, contrairement au veilleur. Il est dans une
simple exploration du Web, guidée par ses centres d’intérêts. Si un contenu le touche, il va, à
l’aide d’un bouton, l’archiver, l’éditer et finir par partager avec son réseau.

	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  
3
         (Magazine Nouvelles Clés, Aout-Septembre 2011)


	
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La curation se différentie aussi de « l’agrégation ». Processus qui consiste à installer des
filtres automatiques afin de recevoir toutes les informations qui nous intéressent dans un seul
lieu. La curation a comme seul filtre l’humain. Ce que confirme Margot Bloomstein dans une
conférence sur le sujet (SXSW, 2011) : « La curation est une activité par laquelle de
nouveaux savoirs sont crées grâce à la combinaison de contenus, dont la valeur même est
enrichie par le biais de nouvelles perspectives. Seuls les humains sont en mesure d’alimenter
ces perspectives ; sans elles, il ne s’agit que d’agrégation. »

D’autres spécialistes sont moins élogieux aux regards de la curation. Fred Cavazza, spécialiste
français des médias sociaux, qualifie la curation de « vol » dans une interview accordée au
site Darkplanneur (Mai 2011) : « La curation c’est voler le contenu des autres, le filtrer et le
livrer à la place du détenteur premier. Pour moi il n’y a pas de valeur ajoutée ».


                          Image 10 : Le schéma de la curation de contenu.




       (Source : http ://pro.01net.com/editorial/529624/le-guide-de-la-curation-(1)-les-concepts/)




            4.2   A quels besoins répond-elle ?


       La curation de contenu répond à un premier besoin fondamental de l’Homme qui est
de partager.

Aboutissement de la curation ; le partage de ce qu’on a aimé et sélectionné, est moteur chez
de nombreuses personnes, dans un cadre social. Nous l’avons vu dans la partie consacrée à
l’addiction des médias sociaux (3.1), les internautes déclenchent lors la communication de
leurs intérêts des « neurotransmetteurs » qui alimentent le « circuit de la récompense »,
comme des « shots » de drogue, venant envahir le système nerveux d’une sensation de bien
être.




	
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L’individu est donc à la fois à la recherche de considération, que lui offre Internet et les
réseaux sociaux, ainsi qu’habité par une crainte de ne pas recevoir cette dose de
reconnaissance que lui procure le partage. Ainsi le partage devient un vrai moteur pour
« exister » de façon numérique. Mais comme nous avons vu que le temps passé sur les écrans
est croissant et empiète sur celui passé dans la « réalité », nous avons du mal à faire la
différence. De cette façon, en cherchant à exister numériquement, nous cherchons aussi à
exister « réellement ». Le partage de ses intérêts à travers le canal Internet, n’est pas prêt de
s’arrêter.

De plus, dans un monde qui va de plus en plus vite, la curation de contenu trouve sa
pertinence dans un « partage » rapide et efficace. Contrairement à un blog, où un effort
rédactionnel est demandé, la curation ne demande que quelques secondes : le temps de
sélectionner son contenu en un click, avant de le relayer à son réseau.

            Graphique 8 : L’évolution de la création de contenus sur Internet.




                            Source : Blog Eladgil, Décembre 2011.

Au cours de l’histoire des médias sociaux on remarque que le temps consacré à rédiger un
contenu se compresse fortement. Nous sommes passés de services proposant de tenir un blog
(exemple : Blogger) au début des années 2000, à des solutions permettant d’éditer un contenu
en seulement un click en 2011 (exemple : Pinterest). Ce cheminement est révélateur d’une
évolution, au cours des dernières années, dans la façon de partage des contenus. Nous tendons
vers des solutions toujours plus simples et rapides.

Le deuxième besoin fondamental auquel répond la curation de contenu est celui de
s’informer.

Il existe chez l’être humain une véritable « soif » de l’information. Elle a été mise en évidence
par Jean Philippe Lachaux sur des expériences menées sur les besoins compulsifs d’utiliser
son Smartphone. Ce besoin est alimenté directement par le « circuit de la récompense »,
jouant un rôle clé dans les phénomènes d’addiction : « Comme nous avons besoin de

	
                                                                                            36	
  
nourriture lorsque nous avons faim, il se trouve que nous avons ‘soif’ d’informations. » (Le
cerveau attentif : contrôle, maîtrise et leadership, 2011, p.12). Au point que nous activons ce
circuit de la récompense dés lors qu’on obtient une information considérée comme
importante, allant par conséquent créer des mécanismes d’addiction.

A ce besoin de s’informer s’ajoute celui de découvrir l’autre. Stephane Hugan auteur de
l’ouvrage « Circumnavigations » (CNRS, 2010) explique un retour à l’altérité : « Après deux
siècles, l’imaginaire de l’individu se suffisant à lui-même s’est saturé. Les structures qui
devaient accueillir nos utopies, l’Eglise, le politique, le travail, la famille, ces grands piliers
de la société occidentale et de la construction de soi, ont fini par perdre de leur force.
Désormais l’idée contemporaine c’est que je suis un sujet inachevé, un embryon de moi même
qui ne sera complet, équilibré, que par l’incorporation de l’autre. L’altérité était vécue
comme une aliénation. Aujourd’hui, elle est ressentie comme nécessaire pour devenir soi
même ».

La curation de contenu s’inscrit précisément dans cette logique d’enrichissement mutuel pour
sa construction personnelle.

Derrière le besoin de s’informer cache aussi le besoin de la « distraction ». Moteur de la
procrastination afin d’éviter une certaine réalité. On n’a jamais autant cherché à se
« distraire » qu’aujourd’hui. Etant à porté de main par les Smartphones, la distraction est
accessible en permanence. Si on en est le public, la curation de contenu constitue une
distraction de luxe, un monde infini recommandations soigneusement sélectionnées par des
personnes que nous avons choisies. Que de distractions, pour les assoiffés d’informations que
nous sommes.

Le dernier besoin auquel répond la curation de contenu est celui de la gestion de la surcharge
d’informationnelle.

La multiplication des canaux de communication a fait de nous des êtres sur-informés,
incapables de digérer les centaines d’informations que notre cerveau doit traiter, nous
tombons dans « l’infobesité ». La sur-information n’est pas venue avec un manuel
d’instruction. Ce phénomène engendre des bouleversements au niveau de notre mémoire dont
nous commençons à mesurer les conséquences. De façon globale, comme nous l’avons abordé
dans la partie précédente consacrée au sujet (3.2), nous rencontrons des difficultés à retenir
des informations.

Puisque le savoir ne se résume pas à une simple accumulation des données, il faut être
capable de les trier et de les analyser. C’est là qu’intervient la curation de contenu, outil
permettant de filtrer, archiver et stocker des contenus que notre cerveau n’est plus capable de
faire. C’est une forme « d’externalisation de la mémoire » (Michel Serres, Conférence
Interstices, 2007). Le support hébergeant notre curation de contenu joue ce rôle de « disque
dur externe », qui plus est, accessible de partout de son Smartphone, à sa tablette, en passant
par son ordinateur.


	
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« Si vous avez acquis de grandes capacités d’analyse, Internet peut vous apporter
énormément. Sinon, vous êtes simplement submergé de données » disait Emanuel Sander
(partie 3.2). Sauf si nous avons des outils nous permettant de ne plus subir l’information, mais
de la contrôler, de la digérer et de l’actionner quand nous en avons besoin. C’est tout le sens
du concept de curation de contenu.

Les trois besoins qu’on cités précédemment, ne sont rien d’autres que les 3 étapes de la
curation de contenu :

Sélectionner (besoin de s’informer), éditer (besoin de filtrer), partager (besoin de partager).

Enfin la pertinence de la curation de contenu est plus que jamais d’actualité avec l’émergence
d’une nouvelles génération d’internautes : La Génération Y et les Digital Natives, produits
des médias sociaux, et de l’essor d’Internet, ils déambulent depuis l’enfance sur le Web. Ils
ont plus que jamais besoin d’outils pour toutes les images, vidéos, articles qu’ils consultent
par jour. Ce sont ces générations qui passent le plus de temps sur le Web.

Patrice Lamonthe, PDG du site Pearltrees, définit le concept de curation comme la « 3eme
frontière du web. ». (OWNI, Mars 2010) En effet le premier principe du Web (1.0) était de
permettre à chacun d’accéder à tout type de contenu, c’est un web pyramidal. Le haut de la
pyramide fournit les informations, que le bas de la pyramide peut lire. (Sites, portails, moteurs
de recherche) Dans un deuxième temps le Web 2.0 a permis à chacun de diffuser ses
contenus, c’est ce qu’on appelle le web participatif. (Blogger, Myspace, Wikipedia….)
La troisième étape, devrait être celle qui permet à chacun d’organiser l’ensemble des contenus
qu’il consulte. C’est ce que Patrice Lamonthe qualifie de « 3eme frontière ».

Après avoir été spectateur, puis créateur, nous serons probablement organisateur du Web.

       4.3     Les acteurs du marché.


La pratique de la curation a toujours existé, le journalistes font depuis toujours ces étapes de
sélection, édition et partage de l’information. A la différence que le « curator » ne fait que
relayer un contenu, alors que le journaliste y apporte une valeur ajoutée en traiter
l’information, il y alors un effort rédactionnel qui n’existe pas dans la curation de contenu.

Cette différence est saine, car être un journaliste est un métier, il est donc normal que sa
valeur ajoutée soit plus importante qu’un simple relais. Mais pour les « curators », citoyens
surchargés d’informations, être un simple relais, avec un effort éditorial qui se limite à une
phrase, leur convient parfaitement. Leur valeur ajoutée ne réside pas dans la rédaction et le
traitement du contenu, mais dans un travail de tri parmi tous les contenus consultés.

Ainsi les curators ne sont pas des journalistes, mais des rédacteurs en chef.


	
                                                                                                38	
  
Le rédacteur en chef choisit parmi tous les articles rédigés par sa rédaction, ceux qui doivent
être publiés, ainsi que la mise en page que demande cette publication. On retrouve alors la
notion de curation de contenu.

Sur le marché de « l’organisation » du Web quelques concurrents se bousculent. C’est un
marché récent, le concept de curation de contenu, comme nous l’avons définit précédemment,
n’a que quelques années d’existence. En 2005 apparaissent les premiers articles académiques
sur le thème de la curation : « An introduction to the digital curation center » où des
chercheurs Ecossais tentent de définir ce concept naissant et adapté à l’époque. Mais c’est le
magazine Américain Wired qui est l’un des premiers à parler du concept au grand public, dans
un article titrant : « Overwheelmed ? Welcome the Age of Curation » (Mai 2010). Autrement
dit : « Bienvenu dans l’ère de la curation ».

La curation de contenu est une évolution de ce qu’on appelle le « social bookmarking »,
pratique consistant à archiver ses favoris tout en les mettant en réseau avec sa communauté.
Elle se démarque de la curation car le « social bookmarking » est un tri d’informations
d’abord orienté vers soi, alors que la curation est un travail orienté vers les autres. Il permet
de se sentir utile et de faire un travail de filtrage et de recommandations pertinentes, en
fonction de nos passions. Plusieurs acteurs sont présents sur le marché du bookmarking, les
plus connus étant : Delicious, Digg, Yoolink, Quooa, Diigo ou encore Read It later.

Le marché de la curation de contenu est quant à lui plus restreint. On l’a dit, il est récent, mais
que certains n’hésitaient pas à de qualifier d’opportunité à « un milliard de dollar ». C’était
l’avis de Robert Scobe, spécialiste Américain du web et influent, qui dans un article posté sur
son blog, titrant : « The new billion dollar opportunity : Real-time-web-curation. »
(Septembre 2009)

Les principaux acteurs sur ce petit marché de la curation de contenu sont :

Pinterest :
                                Image 11 : Aperçu de Pinterest




                          (Source : Captures d’écran du site Pinterest)

Crée début 2010, il apparaît aujourd’hui comme le principal site de curation existant. Fort de
ses 13 millions d’utilisateurs (partie 1.3), Pinterest.com fait la course en tête sur le marché de
la curation de contenu.



	
                                                                                              39	
  
Le site permet littéralement de « épingler ses intérêts », de faire de la curation depuis le web
grâce à un widget qu’on installe lors de l’inscription, ou directement sur la plate forme grâce
aux « likes » ou « repins » que le site propose en dessous de chaque contenu.
Pinterest est très orienté vers un public féminin, très esthétique et épuré, le site propose avant
tout de faire la curation autour des images et des vidéos. Ce que son format d’affichage en
« mosaïque » valorise le mieux. Puisqu’on épingle ce qu’on aime, Pinterest propose de ranger
les contenus par « board » afin de les catégoriser. Un membre du réseau peut par la suite
suivre un « board » ou simplement un autre membre. Le site a comme slogan « Orgenise and
share things you love ».

La start up californienne viens de lever plus de 100 millions de dollars (Bloomberg, Mai
2012) grâce au Japonais Rakuten. De quoi laisser le temps à Pinterest de se développer et de
réfléchir à un modèle économique, qu’il n’a pas encore. Jusqu’à ce jour, seul l’affiliation, vite
retirée, avait été testée comme forme de revenus. Suite à cette levée de fonds le site est
désormais évalué à 1.5 milliards de dollars.

Scoop it :
                                Image 12 : Aperçu de Scoop it




                              (Source : Captures d’écran Scoop it)

« Easily publish gorgeous magazines » peut on lire sur la page d’accueil du site. Lancé par
des français sur le sol américain, scoop.it se revendique comme la façon la plus simple de
créer son propre magazine en l’alimentant par les contenus qu’on a aimé sur le web. La
curation peut se faire aussi directement sur la plate forme, grâce aux personnes que l’on
« suit » ou par l’intermédiaires de recommandations de contenus, construites en fonction de
nos centres d’intérêts. Le site permet également d’avoir des statistiques sur les contenus qu’on
a relayés.

Crée par des français partis aux Etats-Unis, le site a été lancé fin 2010 par Goojet, une start-up
de la région Toulousaine. Le modèle économique n’est pas encore précisé. Cependant dans
une interview accordée au Journal du Net (Janvier 2012) le co-fondateur, Marc Rougier,
confessa qu’un système d’abonnement serait mis en place, avec une tarification progressive
pour les professionnels, allant de l’entreprise à 79 dollars par mois, à l’enseignant qui
débourserait 7 dollars : « On s’est rendu compte qu’ils s’en servent de plus en plus aux Etats-
Unis pour illustrer leurs cours » précise t-il.




	
                                                                                             40	
  
Scoop it indiquait sur son site, dans un communiqué, avoir prés de 2 millions d’utilisateurs
par mois, avec une augmentation de 35% chaque mois (Novembre 2011).

Pearltrees :
                              Image 12 : Aperçu de Pearltrees




                            (Source : Captures d’écran Pearltrees)

« Cultivez vos intérêts » c’est le slogan de Pearltrees, site de curation de contenu Français,
lancé en Décembre 2009. Le site utilise le concept de « mind mapping » pour organiser les
contenus sur sa plate forme. Chaque utilisateur a un, ou plusieurs, « arbres », dont il fait
grandir les branches en y ajoutant des contenus (perles) liés au thème de l’arbre. On peut
visiter les arbres de ses amis. Mais surtout le site offre la possibilité d’effectuer un travail
collaboratif sur un seul arbre. C’est à dire que la curation peut se faire en équipe.

Pearltrees vient de lever des fonds pour la quatrième fois consécutive (total : 3,5 millions
d’euros). Cette fois ci ce sont 5 millions d’euros qui ont été récoltés (TechCrunch France,
Février 2011). Le site se tourne maintenant vers une offre « freemium » afin de trouver une
forme de monétisation.

Toujours d’après Tech Crunch le site compte aujourd’hui environ 350 000 contributeurs et 1
millions de visiteurs pour 30 millions de pages vues mensuellement. Une croissance de trafic
de 15% chaque mois.

Dans une moindre mesure d’autres acteurs de la curation existent : Bag the web, newser, snip
it, curated by et kweeper.

Le but de ce type de plates formes de curation est de réunir en un seul endroit toutes les
fonctionnalités que sont : Le réseau, l’agrégation, le bookmarking et le partage.

Encore une fois la curation injecte de la subjectivité et de l’humain dans le web. Comme le
disait un journaliste : « Andy Warhol avait tort, on ne sera pas tous célèbres pour 15
minutes ; mais on sera tous célèbres pour 15 personnes. » (« Content is no longer king :
Curation is king », Business Insider, 2010).




	
                                                                                           41	
  
Partie 2 : Questions de recherche/ Problématiques.

         1. Questions de recherche/ Hypothèses.

Ce travail de recherche doit nous permettre de répondre à la problématique suivante :

Quelles sont les perspectives de la curation de contenu dans le Web 2.0 ?

        Grace à la revue de littérature, nous avons pu analyser l’évolution globale d’Internet.
D’un Web 1.0 « pyramidal » à un Web 2.0 « participatif », nous avons décrit et analysé la
révolution qu’a constituée l’avènement des médias sociaux, tant sur un plan médiatique que
sociologique. Nous avons étudié leur utilisation à travers les frontières, jusqu’à se focaliser
sur la France. Nous avons mesuré leurs impacts sur un plan cognitif, afin de mettre en exergue
la nouvelle donne, que constitue l’exposition toujours plus importante des écrans sur notre
cerveau. Enfin, après avoir définit ce qu’était la curation de contenu, nous avons analysé sa
pertinence, et décrit les principaux acteurs qui se placent sur ce nouveau marché.

Nous sommes maintenant en mesure d’émettre plusieurs hypothèses concernant les questions
qui vont suivre. Elles permettront d’orienter les questions de méthodologie à venir.


       Le passage d’un Web 1.0 à un Web 2.0 a-t-il changé quelque chose pour l’internaute ?

        Cette mutation d’internet, qu’on peut situer au début des années 2000, a
considérablement changé la donne pour l’internaute. Le Web 2.0 est un Web participatif,
l’internaute n’est plus seulement spectateur d’un contenu qu’il ne peut toucher, mais deviens,
grâce à l’émergence des médias sociaux, acteur de leur publication. L’histoire des médias
sociaux nous a montré qu’une série d’outils, allant du blog, aux réseaux sociaux, ont permis à
l’internaute d’interagir avec les contenus mis en ligne. L’internaute n’est plus seulement
récepteur d’informations, mais également émetteur. Un nouveau paradigme que nous
chercherons à vérifier dans notre questionnaire.

L’émergence des médias sociaux a-t-il crée de nouvelles générations d’individus ?

       C’est plus globalement l’essor d’Internet et de sa diffusion au grand public, qui a
formé une nouvelle génération qu’on a appelé : « Génération Y ». Génération qui a grandi
dans les années 1980-1990, Elle représenterait 13 millions de personnes en France, soit prés
de 21% de la population. Génération ayant subi une compression de l’espace-temps, ils
semblent l’avoir intégré dans leur fonctionnement, que ce soit en ligne, sur les médias sociaux
ou dans la vie réelle. Ce sont des consommateurs critiques, mais communicatifs. La
génération suivante est celle qu’on a appelée les « Digital Natives », c’est à dire les enfants
qui sont nés dans un environnement numérique, dés la deuxième moitié des années 1990.
Proche de la Génération Y sur leurs modes de consommation, ils sont en revanche beaucoup
plus imprégnés des technologies de communication, qu’ils ont tendance à abuser. Impatients,


	
                                                                                          42	
  
ils ont toujours connu l’instantanéité. Ces deux génération ont en commun une vision très
« horizontale » du monde, de part leurs utilisation intensive de la toile. Nous vérifierons ces
caractéristiques.

Qui sont les utilisateurs des médias sociaux ?

        Le monde compte 2,27 milliards d’internautes, la France 42 Millions. Si il n’est pas
possible de savoir avec précisions, combien d’entre eux utilisent les médias sociaux. il est
encore moins facile d’établir avec précision le profil d’un utilisateur de médias sociaux. Les
profils d’utilisateurs divergent trop selon le type de média. Le questionnaire permettra
d’établir un profil précis : Catégorie socio-professionnelle, âge, sexe. En ce qui concerne les
blogs, le profil des utilisateurs est beaucoup plus clair. Nous savons que ce sont
majoritairement des hommes (67% en France). Que leur moyenne d’âge est plus basse dans
l’hexagone, (20-30 ans) que dans le monde (25-44 ans). Au niveau de la répartition
géographique, un blogueur a 50% de chance d’être Américain, en France il a 39% de chances
d’habiter l’Ile de France. Nous vérifierons ces informations.

Pourquoi partage-t-on sur le Web ?

         La question du partage est essentielle à déterminer dans le cadre du Web-participatif
qui se nourrit directement de cette notion ; Sans partage il n’y a plus de Web 2.0. Dans la
revue de littérature nous avons vu qu’Internet exerce un véritable pouvoir d’attraction sur
l’être humain. Il en est souvent dépendant. Aspiré par ce que les médias sociaux proposent de
plus attrayant : Le sentiment d’exister à travers un réseau. Les médias sociaux mettent alors
en place des outils afin de renforcer ce sentiment, pour ne pas que « l’émetteur » s’épuise. Ce
sont les boutons d’interactions envoyant des « accusés de réceptions » réconfortant. Outre une
recherche de considération, il y a aussi une forme de fuite dans l’addiction aux médias
sociaux, fuite d’une réalité trop pénible à affronter qu’on évite en procrastinant sur le net. Une
fuite de la pensée. Ou encore une façon de se nourrir du vécu des autres, une redécouverte de
l’altérité. Autant d’hypothèses que nous testerons.

Pourquoi recherche-t-on de l’information ?

       La recherche d’information est encore intiment liée à l’addiction. A notre insu nous
avons vu que l’être humain pouvait avoir « soif » d’informations comme il aurait besoin de
nourriture lorsqu’il a faim. L’information ingurgitée, lorsqu’elle est considérée comme
importante, alimente le « circuit de la récompense » dans notre système nerveux, déclenchant
une sensation de bien être. Si nous en sommes privés, nous développons des signaux de
manque nous poussant à se connecter afin de s’informer. Cette question reposant sur un
besoin souvent inconscient, car renvoyant chacun à ses propres insécurités, fera l’objet d’un
approfondissement particulier dans le questionnaire.

Les médias sociaux créent-ils une dépendance ?



	
                                                                                             43	
  
La revue de littérature a spécialement mis ce point en relief. Des études et des
témoignages vont dans ce sens. Les médias sociaux agiraient comme une drogue sur le
système nerveux. Nous tenterons de quantifier ce phénomène, qui semble inéluctable pour
une grande partie des internautes.

La multiplication des écrans crée-t-elle un sentiment d’infobesité ?

       Nous avons vu que le temps passé devant un écran a considérablement augmenté ces
dernières années. Cette exposition génère un flux d’informations inédit pour le cerveau. Dans
la revue de littérature nous avons mis en évidence les difficultés que cela engendre pour
l’analyse et le traitement d’informations. Dans le questionnaire nous vérifierons ce sentiment
d’infobesité.




	
                                                                                         44	
  
Les perspectives de la curation de contenu dans le Web 2.0
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Les perspectives de la curation de contenu dans le Web 2.0

  • 1. ECOLE DE MANAGEMENT LEONARD DE VINCI LA FORMATION PAR LA RECHERCHE Le mémoire 5ème année (DIR 4) Sujet du mémoire 5ème année: « Quelles sont les perspectives de la curation de contenu dans le Web 2.0 ? Auteur : David Wise Responsable du mémoire 5ème année : Erwan Lequentrec Année de réalisation : 2013       21 Janvier 2013    
  • 2. Introduction………………………………………………………………………..………….4 Partie 1 : La revue de littérature : 1. Internet : Une Révolution médiatique et sociologique………………………….7 1.1 Internet : Définition, histoire et évolution……………………………………...7 1.2 Médias sociaux : Définition, histoire et évolution……………………………..9 1.3 Une révolution sociologique………………………………………………….13 2. Médias sociaux : Utilisations et tendances de fond……………………………15 2.1 Monde………………………………………………………………………...16 2.2 France………………………………………………………………………....21 3. Ecrans : Une révolution cognitive………………………………………………26 3.1 L’addiction……………………………………………………………………27 3.2 L’infobesité…………………………………………………………………...29 3.3 La déconnexion……………………………………………………………… 32 4. La curation de contenu………………………………………………………….34 4.1 Définition……………………………………………………………………..34 4.2 A quels besoins répond-elle ? ..........................................................................35 4.3 Les acteurs du marché.......................................................................................38 5. Questions de recherche/ hypothèses……………………………………………42 Partie 2 : Démarche empirique 1. Méthodologie choisie……………………………………………………………..45 2. Tri à plat…………………………………………………………………………. 46 3. Tri croisé………………………………………………………………………….58 4. Synthèse, limites et difficultés rencontrées……………………………………….60 Partie 3 : Analyse 1. Recommandations………………………………….……………………………....61 2. Conclusion………………………………………………………………………….64 Références Bibliographie………………………………….…………………………………………........66 Webographie………………………….…………………………………………………........67 Annexes………………………………………………………………………………………70   2  
  • 3. Remerciements Avant de commencer je tenais à remercier toutes les personnes qui ont participé de prés ou de loin à la réussite de ce Mémoire. Ce travail de recherche a été une formidable occasion d’approfondir de façon scolaire, un grand nombre de thématiques qui occupaient dans un premier temps, la sphère de mes centres d’intérêts personnels. J’aimerais tout d’abord remercier Erwan Lequentrec pour son accompagnement durant ces 1 an et demi de recherche. Merci pour ses orientations et sa patience, notamment dans l’élaboration de l’angle de recherche et sa problématique. Merci également au corps professoral de l’EMLV, qui lors de mes années 4 et 5, ont su répondre, par certains professeurs, à mes questions et assouvir ma curiosité dans ce vaste domaine qu’est l’Internet. Merci à tous mes camarades de l’école avec qui j’ai pu débattre de nombreux sujets liés à mon mémoire. Merci à toutes les personnes qui ont pris la peine de répondre à mon questionnaire. Enfin, merci à mes parents pour leur confiance. Merci pour la liberté qu’ils m’ont accordé en m’offrant une éducation supérieure. Merci à eux de m’avoir toujours laissé m’orienter vers des sujets qui m’épanouissaient. Merci pour les séances de psychothérapie épargnées à l’âge de 40 ans pour vocation loupée.   3  
  • 4. Introduction Internet Internet est né dans les années 1970 sous le concept d’ARPANET. Mais c’est dans les années 1990 qu’il va se démocratiser grâce à la création du « World Wide Web », mis au point par Tim Berners-Lee et Robert Cailliau en 1991. Passant d’un statut militaire, initialement réservé au programme de Défense Américain, à un statut grand public et accessible par tous. Ce qui va venir chambouler notre quotidien. En France, le taux de pénétration d’internet a rapidement atteint la majeure partie de la population. L’observatoire des usages d’internet, Médiamétrie, révèle que en 1999, soit moins de 10 ans après l’avènement du WWW, se sont prés de 3 millions de Français qui ont accès à internet. En 2009, ce chiffre a été multiplié par 10 pour atteindre un peu plus de 29 millions de Français. France Info, dans une infographie dédiée à l’usage d’Internet en France, nous montre que le nombre d’internautes atteint en 2011, 38 Millions de Français. Soit 2% des internautes dans le monde. Dans cette même étude on remarque que se sont les 15-29 ans qui se connectent le plus tout les jours (83%). Les 30-44 ans sont tout proches : 82%. Ensuite les chiffres baissent avec l’âge, pour atteindre 41% pour les plus de 75 ans. Les français sont très connectés. Ils passent en moyenne sur Internet 3 heures et 57 minutes par jour. Cette hyper-connectivité amène des modifications au niveau de notre activité cérébrale. Une révolution cognitive. Puisque Internet est avant tout un accès presque illimité au savoir, il a considérablement changé le rapport que nous avons, nous humains, à l’information. Avant de se pencher sur les conséquences de la surcharge cognitive qu’a apporté internet, il sera intéressant de se pencher sur l’itinéraire d’une information dans le cerveau. Ce schéma défini, il sera plus simple de comprendre les éventuels mécanismes positifs ou négatifs que peuvent entrainer l’utilisation actuelle des NTIC et notamment d’internet. Car internet a changé profondément notre rapport à l’information. Notre surexposition à l’information fait de nous des êtres surinformés. Sont alors apparues des notions pour illustrer ce phénomène comme « l’infobesité ». Il est clair que nous sommes goinfrés d’informations à parfois nous en faire exploser la panse. Du moins notre système nerveux, qui ne sait pas toujours comment gérer ces flux d’informations incessants et toujours plus importants. Avec la multicanalité des réseaux de communication que nous avons connu durant le Siècle dernier, et particulièrement durant les 20 dernières années, avec l’émergence des premiers   4  
  • 5. téléphones portables et la naissance du Web, nous sommes rentrés dans une nouvelle ère de l’information. Evidement sur un plan Anthropologique ces changements sont brusques à l’échelle de l’évolution humaine. Ils ont par conséquent des impacts importants sur notre activité cérébrale. Notamment on remarque l’essor du « multitasking ». Un article dans le magazine CLES1 confirme son lien étroit avec la surcharge informationnelle. Quels sont ses avantages ? Ses inconvenants ? Autant des questions capitales pour comprendre un phénomène désormais implanté, notamment marqué chez ceux qu’on appelé les « Digital Natives ». Car si d’un coté il apporte une certaine souplesse intellectuelle il est également à l’origine de nombreux troubles de l’attention et de la concentration. La consommation intensive d’internet et des NTIC fait également apparaître une transformation au niveau de notre mémoire. Nous développons des compétences d’adaptation pour contrer ou contourner le trop plein d’informations. Il est par exemple intéressant de remarquer que nous allons vers une forme « d’externalisation » de la mémoire, pour reprendre les propos de Michel Serres2. On remarque également que l’une des conséquences de notre navigation intensive sur internet, est de se souvenir de moins en moins du contenu en lui même, mais, pour prendre l’exemple des réseaux sociaux, de se souvenir de la personne qui l’a émise. Ainsi on peut le retrouver et le consulter à nouveau. Ces révolutions cognitives entrainées par nos usages des NTIC fait que nous allons progressivement vers une mutation de notre navigation sur internet. La curation de contenu. Il n’existe pas de définition officielle cependant la « curation de contenu » consiste à sélectionner, éditer et partager les contenus web qu’on aura estimé pertinents. Aux origines il apparaît comme une réponse à l’infobesité générée par le Web 2.0. Puisque, rappelons-le, la particularité du Web 2.0 est d’être participatif. C’est à dire que tout le monde est à la fois émetteur et récepteur d’informations. Créant un certain boucan. D’où la nécessité d’avoir un tri et une organisation de ces informations. C’est là qu’intervient la curation. Mot venant de l’Anglais « curator » signifiant littéralement le métier de conservateur de musée. Comme un conservateur, l’internaute va pouvoir sélectionner, organiser et partager les contenus qu’il a aimé ou trouvé intéressants sur le web.                                                                                                                 1 Dossier « Notre cerveau se démuscle ». Magazine CLES n° 69 2 Extrait de la Conférence Interstices à Lille en 2007. http://interstices.info/jcms/c_33030/les- nouvelles-technologies-revolution-culturelle-et-cognitive?portal=j_97&printView=true   5  
  • 6. Ce concept semble véritablement répondre aux changements qu’on apporté notre relation à l’information à travers les NTIC et internet. C’est une façon de la maitriser tout d’abord. Car nous devenons, chacun, rédacteurs en chef de nos contenus. Et contrairement à un blog, où il y a un effort rédactionnel à faire, il n’y a dans la curation de contenu, aucun effort à fournir puisque ce n’est que du relais d’informations. Ce qui est particulièrement pertinent lorsqu’on sait que une grande partie des blog ne font que relayer des contenus. Quelques acteurs se sont d’ores et déjà développés pour répondre à ce besoin de curation de contenu : Pearltrees ; Scoop.it ; Paper.li ; Storify ; Montage ; Pinterest. Nous allons nous intéresser aux plus importants d’entre eux, définir leur concept et comprendre leur positionnement, ainsi que le profil de leurs utilisateurs. Enfin nous tenterons de voir si il y a de la place pour un nouvel entrant et comment il pourrait s’imposer sur ce marché naissant. Projet professionnel. Ce mémoire s’inscrit directement dans un long projet professionnel puisque je suis en phase de création d’entreprise dans le domaine de la curation de contenu sur le web. Ainsi ce mémoire constitue une véritable étude de marché en accompagnement de ce projet entrepreneurial. Je peux y étudier les mutations qu’a entrainé Internet dans le secteur des médias et les transformations sur les comportements Humains, afin de préparer au mieux le lancement de mon produit. Structure du mémoire. Dans ce mémoire nous allons commencer par une revue de littérature sur le long cheminement qui a amené l’Internet 2.0 à s’orienter vers la curation de contenu. C’est une évolution médiatique, sociologique et cognitive que nous allons décrire. Dans un deuxième temps nous allons poser les hypothèses que nous a apporté la revue de littérature. Dans une troisième partie nous expliquerons la méthodologie du questionnaire quantitatif qui va nous permettre de confirmer ou infirmer les hypothèses émises précédemment. Enfin dans une quatrième et dernière partie, nous analyserons les données récupérées dans les questionnaires administrés grâce à des tris à plats et croisés. Nous y inclurons des recommandations et une conclusion afin de rendre actionnable ces informations dans la perspective d’une création d’entreprise dans ce domaine d’activité.   6  
  • 7. Partie 1 : La revue de littérature : Internet, Médias Sociaux, Ecrans : Cheminement vers la curation de contenu. 1. Internet : Révolution Médiatique et sociologique. 1.1 Internet : définition, histoire et évolution. Dans un contexte de guerre froide, la création d’un réseau Internet, avait des arrières pensées militaires. Craignant des attaques ciblées, les Américains ont réfléchit à un système permettant de protéger leurs données. L’idée était de créer un réseau multicanal, afin de multiplier les circuits de communication. Ainsi, si une attaque était proférée sur un circuit de diffusion, un autre circuit pouvait prendre le relais. Image 1 : Système classique du transfert d’informations comparé à un réseau en toile. Dans les années 1960 le concept s’est développé au sein des Universités Américaines pour aboutir, en 1969, au réseau d’ARPANET ; Considéré comme l’ancêtre d’Internet. Les Universités de Columbia, de Stanford, de l’Utah et de Californie commencerent à se servir de ce réseau pour échanger des données. 1972 fut une année capitale : Le premier émail est envoyé, un système de messagerie née, et enfin la première démonstration publique de l’Arpanet a lieu à Washington, le monde découvre pour la première fois ces avancées informatiques. En 1983 Arpanet perd officiellement sont statut militaire et prend le nom de Arpa-Internet, laissant le champ d’action complet aux Universitaires pour son développement. C’est en 1989 qu’Internet comme nous le connaissons aujourd’hui va éclore. Tim Berners- Lee lance l’idée d’un « World Wide Web » : Une toile d’araignée géante ou les internautes pourraient naviguer d’un lien à un autre, avec des voies multiples, à l’aide d’un navigateur. Après trois années de travail avec les équipes du CERN, il présente en 1993 à l’Université de l’Illinois, son réseau en toile, proche de celui qu’on connaît aujourd’hui sur un plan théorique. C’est ainsi que grâce à la naissance du Web, au début des années 1990, Internet va se démocratiser et arriver dans nos foyers.   7  
  • 8. 1.1.1 Le Web 1.0 La première génération de sites Web était avant tout une mise à disposition de connaissances. Mais il ne s’agit que d’un Web de consultation. C’est assez institutionnel comme approche, seuls les personnes ayant des compétences assez poussées en informatique pouvait intervenir en ligne, car elles seules pouvaient publier des contenus. On peut le comparer le Web 1.0 à une grande bibliothèque dont les moteurs de recherche comme Yahoo et Google permettaient de trier toutes ces données. On situe sa durée de vie entre 1995 et 2004. 1.1.2 Le Web 2.0 C’est le Web tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il vient compléter le Web 1.0 en y rajoutant un point essentiel : L’interaction avec l’internaute. On passe à un lieu de stockage à un lieu d’échanges. D’abord car il s’est énormément simplifié, mais surtout car on a la possibilité de poster des commentaires, créer des blogs facilement, interagir avec sa communauté sur des réseau sociaux. . Ce sont les internautes qui créent les contenus. On le qualifie de « web participatif ». C’est une sorte de grande conversation où chacun peut intervenir. On peut comparer le Web 2.0 à un grand salon. Dont les plus illustres exemples sont Youtube ou Facebook. Image 2 : Web 1.0 et Web 2.0, Dion Hinchcliffe. (2006)   8  
  • 9. Ce schéma réalisée par Dion Hinchcliffe, consultant Américain en médias sociaux, résume bien la différence entre le Web 1.0 et le Web 2.0 : Le premier où les contenus sont avant tout publiés par les sites, le second où ce sont les internautes qui viennent équilibrer ce flux en participant à cette grande « Conversation » qu’est le Web aujourd’hui. Internet a bouleversé notre société. Sur le marché du travail c’est édifiant : Les étudiants d’aujourd’hui se préparent à des métiers qu’ils ne connaissent probablement pas. En 2007, L’US Department of Labor estimait entre dix et quatorze, le nombre de métiers que les écoliers d’aujourd’hui auront exercé à l’âge de 38 ans. Les dix métiers demandant le plus de main d’œuvre en 2010, n’existaient pas en 2004. La plupart étant dans le secteur des NTIC. Nous sommes dans une vraie révolution. Au delà des transformations sur le marché du travail, Internet a de réels impacts sur un plan sociologique, notamment à travers les médias sociaux, véritable catalyseur du web 2.0. Comment en sommes nous arrivés là ? C’est la question que nous nous poserons dans la partie suivante. 1.2 Les Médias Sociaux : Définition, histoire et évolution. Un média social est un point de rencontre permettant à des personnes physiques d’échanger des contenus. Ils peuvent être de différentes nature : Ecrits, visuels, sonores. « Le média » joue le rôle d’accueil et d’organisation des contenus. Il donne une structure aux flux de contenus. Ensuite l’aspect « social » naît des interactions entre les internautes. Ils interagissent avec les contenus mis en ligne. Des outils d’interactions sont mis à leur disposition à cet effet. Mais l’expérience des médias sociaux va plus loin : Les internautes peuvent être à la fois relais et créateurs de contenus. Caractéristique principale du Web 2.0. Ainsi les médias sociaux vont plus loin que les médias traditionnels : Le premiers permettent à leur audience de simplement être réceptrice d’informations, alors que les seconds offrent à leur audience la possibilité d’être à la fois spectatrice et actrice de ses contenus. C’est à dire que l‘l’internaute va pouvoir être à la fois récepteur et émetteur d’informations. Nous allons retracer l’histoire de ces médias sociaux ; Remonter dans le temps afin d’observer et comprendre, l’évolution de ces mastodontes qui ont, chacun à leur façon, marqué une génération d’internautes. En voici les principaux protagonistes : L’IRC (1988) Internet Relay Chat fut la première forme de messagerie apparue dés 1988. Elle permettait de partager des liens et de rester en contact avec ses amis. On le considère comme le père de la messagerie instantanée d’aujourd’hui. D’ailleurs on lui doit l’adoption des avatars ainsi que d’abréviations (LOL) ou émoticônes qui sont restés. Six Degrees (1997)   9  
  • 10. C’est ce qu’on considère comme le premier réseau social. Il permettait à ses utilisateurs de créer un profil et de devenir « amis » avec d’autres utilisateurs. Le site n’est actuellement plus fonctionnel. Mais à son apogée il a connu le niveau des un million de membres. En 2001 il fut arrêté, après avoir été acheté 125 Millions de dollars. LiveJournal (1999) C’était un réseau social construit autour des mises à jour de blogs. Le site encourageait ses utilisateurs à se « suivre » en fonction de leurs passions communes, afin de créer des groupes pour d’interagir entre eux. Ce fut un précurseur concernant les mises à jours en direct que l’on connaît aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Blogger (1999) C’est un logiciel en ligne qui permet la construction d’un blog gratuit sans connaissances HTML. L’interface s’occupe automatiquement des contraintes techniques. Il a été racheté en 2003 par Google et fait toujours partie des principales plates formes de blogging. Friendster (2002) On le considère comme le premier réseau social moderne. Il permet à ses utilisateurs d’entrer en contact avec leurs amis, ainsi qu’avec les amis de leurs amis, afin d’agrandir leur réseau. Ils peuvent partager des contenus entre eux. Le site est toujours actif, il a plus de 90 millions d’inscrits (State of Internet, 2011). Le trafic vient à 90% d’Asie. De nombreux autres sites similaires ont vu le jour comme Hi5 (2003), peu connu en Europe, il revendique 60 Millions d’utilisateurs actifs à travers le monde. Très implanté en Amérique du Sud, Afrique centrale et Asie. Orkut (2004) est un réseau social mis au point par Google, peu populaire en Occident lui aussi, il surtout populaire au Brésil et en Inde. Il compte 65 millions d’utilisateurs. Renren est l’équivalent Chinois. Il comptait 160 Millions de membres en 2011 (magazine L’Expansion, 2011) et est entré en bourse en Mai de la même année. Myspace (2003) Le site avait comme particularité d’offrir à ses utilisateurs de personnaliser complètement les détails esthétiques de leurs profils. Chaque profil est une sorte de blog où les utilisateurs pouvaient partager leurs contenus. Malgré un pic en 2006 où il était considéré comme le premier réseau social au monde, Myspace est devenu un repère pour artistes musicaux en manque de popularité. Délicious (2003)   10  
  • 11. C’est un site de « Social Bookmarking ». C’est à dire qu’il permet à ses utilisateurs de annoter des pages web qu’ils trouvent intéressantes. Ranger les contenus par catégories et ensuite les partager avec les autres utilisateurs. Achetée en 2005, puis finalement abandonnée par Yahoo en 2010, ce seront les deux créateurs de Youtube qui répondront l’entreprise début 2011. LinkedIn (2003) Le site a été bâti comme un réseau professionnel. Les internautes décrivent sur leur profil leurs compétences et expériences. Mais surtout ils restent en contact avec leurs anciens ou actuels collègues, favorisant la cooptation et la mise en relation pour des perspectives d’emplois. Le site compte 150 millions d’inscrits selon les sources internes. Digg (2004) Les utilisateurs partagent n’importe quel contenu que les utilisateurs peuvent conforter ou rejeter à l’aide d’un bouton consacré. On peut également commenter. Les contenus les plus populaires sont hissés en première page, ils sont alors les plus visibles. Le site est fréquenté par 4.5 millions de visiteurs uniques chaque mois (Online MBA 2012). Reddit (2005) Similaire à Digg, il permet de voter pour des contenus de façon favorable ou défavorable. Les contenus sont ensuite rangés pas catégories : Populaires ; Nouveautés ; Controversés. Toujours d’après Online MBA, le site compte 5.5 millions de visiteurs uniques par mois. Facebook (2004) D’abord construit pour être un réseau Universitaire, il va vite grandir et conquérir le monde entier. Il est aujourd’hui le premier réseau social mondial avec 900 millions d’inscrits (Source interne). Les fonctionnalités ont évoluées, mais le site permettait à l’origine de construire un profil, où l’on partageait avec ses « amis » des informations d’ordre social. Aujourd’hui on peut partager tout types de contenus (images, photos, vidéos, articles). Les fonctionnalités sont très riches. Facebook se veut comme un HUB de nos activités au quotidien, c’est ainsi que sa plateforme intègre presque tous les types d’applications existantes, allant de la géolocalisation (Foursquare) au streaming musical (Spotify, Deezer). Youtube (2005) C’est une immense base de données vidéo. Il permet à tous de mettre en ligne des vidéos et d’avoir un espace d’archivage en ligne dédié à cela. Les vidéos peuvent être notées, commentées et partagées sur les autres réseaux sociaux. Il est aujourd’hui le second moteur de recherche au monde, derrière Google, par lequel il a été acheté fin 2006. En 2012, le site affirme avoir plus de 800 millions de visiteurs uniques par mois et prés de 4 milliards de vidéos vues chaque jour.   11  
  • 12. Twitter (2006) Avec une possibilité d’expression de 140 caractères par publication, Twitter est considérée comme un site de « microblogging ». Devenu très populaires dés 2007, le service compte aujourd’hui selon ses dires 452 millions d’inscrits, pour 130 millions de comptes actifs. Chaque utilisateur a un profil récapitulant ses interactions sur le réseau. De plus chacun peut se « suivre » selon ses passions et centre d’intérêts. Tumblr (2007) Plateforme de blogging, ce site se veut comme la façon esthétique et simple d’entretenir un blog. Ainsi les blogs sont organisés par formats : Videos, Images, Citations, Liens URL, et articles. Des modèles de blogs sont déjà prêt à l’usage, certains gratuits, d’autres payants. Tumblr connaît un forte croissance ces dernières années : + 218% entre 2010 et 2011. La plate forme compte plus de 33 millions de blogs (Mashable France, Novembre 2011). Pinterest (2010) Premier site à populariser le concept de « curation de contenu » à grande échelle. En effet se sont plus de 13 Millions d’internautes qui se sont inscrits sur le site (AFP, Mars 2012). Pinterest permet littéralement d’« épingler ses intérêts ». C’est à dire de sélectionner, puis organiser par catégories, et enfin, partager avec son réseau, les images ou vidéos que l’on a glané sur le web. Google plus (2011) La dernière arrivé marquée dans le monde des médias sociaux. La firme Californienne affirme avoir plus de 100 millions d’inscrits. Mais les internautes passent en moyenne que 3 minutes sur le site, donc des chiffres à relativiser (site The Wall Steet Journal, 2012). Google a lancé ce réseau social dans le but de concurrencer Facebook, en reprenant une grande partie de ses codes, excepté quelques particularités, comme la gestion des ses contacts par des « cercles ». On constate dans cette histoire des médias sociaux qu’il n’y a jamais eu de révolution à un moment précis de leur Histoire. Chaque nouveauté est une évolution, une amélioration, un prolongement de ce qui existait déjà.   12  
  • 13. 1.3 Une révolution sociologique. L’émergence des technologies digitales, qui ont accompagnées l’évolution des médias sociaux, a vu grandir deux nouvelles générations d’individus. On leur a donné les noms de « Generation Y » et « Digital Natives ». Qui se cache derrière ses deux appellations ? 1.3.1 La Génération Y Elle représente les enfants nés entre les années 1980 et le milieu des années 1990, confirme Julien Pouget, spécialiste du sujet sur son site consacré au sujet. En France, selon les données de l’INSEE sur cette période, ils représenteraient 13 millions de personnes, soit prés de 21% de la population Française. Myriam Levain et Julia Tissier ont écrit un livre sur cette Génération qui suscite tant d’interrogations. Ils introduisent : « Ce sont les enfants qui n’ont pas connu la guerre mais sont nés avec le Sida ». Enfants de la TV, enfants de la publicité, enfants de l’Internet, enfants de la surinformation, ils ont développé des caractéristiques inédites. Ils veulent beaucoup mais pas n’importe comment. Ce sont des consommateurs informés et critiques. Ils ont une notion au temps diffèrent : Ils sont dans l’instantanéité, vivement mal l’attente. Ils sont adaptables, ils ont grandi dans un environnement qui a vu des mutations technologiques rapides, auxquelles ils se sont vites adaptés. Sont interdépendant, très liés aux autres, les interactions sur la toile les ont poussé à avoir une vision horizontale de la société. Enfants de la globalisation, à travers les réseaux sociaux ils peuvent savoir ce qu’il se passe aux Etats-Unis ou en Australie en quelques clics. Ils ont subi une compression de l’espace- temps qu’ils semblent avoir intégré dans leur fonctionnement. Mais c’est aussi la génération du visuel, l’image ayant pris la place de l’écrit. Si ils aiment, ils consomment. De plus ils aiment le faire savoir, ils le partagent sur les médias sociaux par la suite. 1.3.2 Les Digital Natives Inventeur du terme en 2001, Marck Prensky la définit comme « La génération qui a grandi avec les technologies digitales : Ordinateurs, Internet, téléphones mobiles ou encore mp3 ». Les avis divergent sur les dates exactes, mais Philippe Matin dans un article dédié au sujet (Owni, 2011) les définit comme les successeurs de la Génération Y : « Ils ont vécu le passage de la casette audio au CD, la casette vidéo au DVD, des premiers téléphones portables ». Les digitales natives ne sont pas nées entourés de toutes ces « quincailleries » mais elles étaient déjà là à leur naissance, après les années 1997.   13  
  • 14. On pourrait les qualifier d’ « Homo Numericus » tellement ils sont préparés dés leur naissance à naviguer au milieu des technologies. Ils ont développé une certaine intuitivité vis à vis de ces outils. C’est une génération capable d’apprendre des astuces aux générations précédentes. Ils sont très proches de la Génération Y en terme de consommation. Pour eux la musique est gratuite, difficile d’avoir une approche différente puisque ils sont habitués à un accès gratuit et illimité à la radio ou à Youtube. Ils sont à l’aise pour trouver des informations sur les moteurs de recherche. A l’aise avec l’idée d’acheter en ligne, ils n’ont pas les mêmes freins liés à la sécurité que peuvent éprouver leurs aînés. Ils apprécient le cinéma et trouvent normal de payer pour le spectacle que procure la grandeur de l’écran, et les éventuels effets spéciaux qu’ils l’accompagnent. Ils ne considèrent pas la télévision comme le principal écran, mais comme un écran parmi d’autres. Ils sont multitâches sur le web, ils conçoivent difficilement de n’avoir qu’une page ouverte sur leur navigateur. Le téléphone portable leur est essentiel, ils sont agiles et communiquent beaucoup par sms. Friands de jeux-vidéos pour la plupart, ils sont dans une surenchère permanente du spectacle. Ils apprécient particulièrement l’aspect social dans les jeux-vidéos, (« social gaming ») et sont de moins en moins sensibles à la violence, à laquelle ils ont été exposé sur de nombreux supports : Télévision, Internet, jeux… Mais surtout, comme le dit Marc Prensky, cette génération entre dans un nouveau paradigme: Quand les générations précédentes étaient dans le contrôle de l’information car cela représentait le pouvoir, eux sont au contraire, dans une course permanente à la diffusion de l’information. Tout un changement. La prise en considération des « Geration Y » et « Digitales natives » est capitale. En effet comme nous le rappelle la vidéo : « Social Media Revolution 2011 », 50% de la population mondiale a moins de 30 ans.   14  
  • 15. 2. Réseaux sociaux et blogs : Utilisations et tendances de fond. Concernant la segmentation des comportements, une étude de Microsoft Advertising (2011) classe la navigation des internautes en deux catégories : Préméditée et Spontanée. L’étude, réalisée sur 7000 internautes du monde entier, nous apprend qu’avec un pourcentage de 81%, les internautes préméditent deux principales activités : Leur recherche d’informations (actualité) et leurs communications (email, réseaux sociaux). Ensuite deux sphères d’intimité croisent ces catégories : - La navigation privée : les réseaux sociaux, les blogs, les mails. - La navigation publique : les informations sur des sites généralistes, la recherche d’informations, les achats en ligne et le divertissement Dans les prochaines lignes de ce mémoire nous allons nous intéresser tout particulièrement à ce que Microsoft définit comme la « Sphère Privée ». Nous étudierons les réseaux sociaux et les blogs. Dans un premier temps nous analyserons les données sur un plan mondial, afin d’avoir une vue d’ensemble, puis nous réduiront le champ sur la France, et enfin nous finirons sur l’essor du support Mobile. 2.1 Monde. Le monde compte plus de 2,27 milliards d’internautes. Ce qui représente un tiers de la population mondiale. Ce chiffre a presque doublé en cinq ans, il y avait 1,15 Milliards d’internautes en 2007 (Source: Internet Worlds Stats, 2011). Graphique 1 : La répartition du nombre d’internautes par continents, Internet world Stats. (2011)   15  
  • 16. L’Asie représente à elle toute seule 44,8% du trafic mondial. L’Europe arrive seconde position avec 22,1%. L’Amérique du Nord est troisième avec un taux de 12%. Vient ensuite l’Amérique du sud (10,4%), l’Afrique (6,2%), le Moyen Orient (3,4%) et l’Océanie (1,1%). 2.1.1 Les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux représentent à eux seuls une part importante de la navigation internet mondiale. Il n’est pas possible de l’estimer précisément, mais quelques chiffres donnent une ampleur du phénomène : Pour atteindre les 50 millions d’utilisateurs la Radio a attendu 38 ans, la télévision 13 ans, Internet 4 ans. Facebook lui est capable de dépasser les 200 millions d’utilisateurs en moins d’un an. Ce sont prés de 700 000 personnes qui s’inscrivent par jour sur le site. On atteint la somme de 1, 65 Milliards de profils virtuels, si on cumule le nombre d’inscrits des cinq principaux médias sociaux du moment: Facebook (900 millions), Twitter (452 millions), Google plus (100 millions), LindkedIn (150 millions) et Pinterest (13 millions). Ces chiffres sont relatifs car il faut séparer le nombre d’inscrits et le nombre d’utilisateurs actifs. Dont les entreprises se gardent bien souvent de publier les chiffres. Facebook dans un rapport publié avant son introduction en bourse (Mai 2012) avoue avoir 512 millions d’utilisateurs qui se sont connecté au moins une fois dans le mois. Twitter de son coté, à travers son blog officiel (Septembre 2011), publiait avoir 100 millions d’utilisateurs actifs. Ne précisant pas la nature du critère pour définir cette activité. L’infographie suivante, (réalisée par le site Go-Gulf, Mai 2012) permet de rendre compte du profilage des utilisateurs des cinq principaux réseaux sociaux cités précédemment : On apprend que Facebook, LindkedIn et Google + sont des médias majoritairement fréquentés par des hommes. A contrario Twitter et Pinterest sont privilégiés par le public féminin. Image 2 : Ratio Hommes-Femmes, Go-Gulf. (2012)   16  
  • 17. L’âge des internautes varie également selon le média fréquenté. Facebook est le média des 18-25 ans avec 29% de présence. Il existe une forte concurrence pour s’emparer des tranches 26-34 ans, mais c’est Google plus qui l’emporte avec 35%. Pinterest réalise un bon score chez les 45-54 ans avec un taux de 25%. Image 3: Répartition par âge, Go-Gulf. (2012) Concernant le temps passé en ligne, Facebook reste devant ses concurrents avec 405 minutes en moyenne par mois et par internaute. Pinterest et Tumbrl réalisent le même score : 89 minutes. Twitter encore loin derrière avec 21 minutes, mais ce chiffre est à relativiser car un Twitter a de nombreux autres canaux pour se connecter à son site, comptabilisés dans l’enquête.17 minutes sur LinkedIn par mois. Enfin malgré leur centaine de millions d’utilisateurs inscrits, Myspace et Google plus n’ont respectivement que 8 et 3 minutes. Image 4 : Temps passé en moyenne par mois, Go-Gulf, Mai 2012   17  
  • 18. 2.1.2 Blogs. Les blogs quant à eux sont recensés à 164 millions dans le monde selon la dernière parution Technoraiti en 2011. Graphique 2: Evolution de Blogosphère mondiale, Technoraiti et Blogpusle. (2011) Le marché se partage entre quatre principaux hébergeurs. Le leader est Blogger, propriété de Google. Pourtant aucune statistique n’est publiée sur sa fréquentation, seule une source de l’AFP en 2008 indique ce statut de leader. Worpress, est second avec (selon ses propres sources, Mai 2012) plus de 36 millions de blogs. Derrière, Tumblr croit fortement et atteint aujourd’hui les 33 millions de blogs.   18  
  • 19. Posterus, revendique 12,5 millions de blogs (2011). Le site est depuis Mars 2012 la propriété de Twitter. Image 5 : Les 4 principaux hébergeurs de blog au monde Blogger, Worpress, Tumblr et Posterus hébergent à eux seuls presque 100 millions des 162 millions de blogs existants (2011). Ces chiffres restent également relatifs car il faut bien séparer le nombre de blogs actifs à ce total. Il n’est pas possible de connaître précisément son taux, ou d’obtenir un chiffre car encore une fois les hébergeurs évitent de donner ce genre d’informations. De plus le critère « d’actif » est subjectif et dépend des critères de chacun. Cependant en 2006, dans un de ses articles, Le Journal du Net indiquait que sur 150 millions de blogs existants, 40 millions seraient actifs. Cela représenterait donc 25% des blogs dans le monde. Autrement dit, 3 blog sur 4 ne sont pas actifs. Dans le monde ce sont les résidents Américains qui sont les plus actifs. Comme le montre le graphique ci-dessous, ils sont propriétaires de prés de 50% des blogs existant. L’étude nous apprend que c’est en Californie qu’ils sont le plus présents, avec un taux de 15%. Suit New- York avec 7%. Graphique 3 : Répartition des blogueurs dans le monde, Technorati. (2011)   19  
  • 20. L’activité de blogueur est majoritairement masculine comme le montre le graphique ci- dessous. Plus de 50% des blogueurs dans le monde sont des hommes. Graphique 4 : Répartition homme-femme des blogueurs dans le monde, Technorati. (2011) Les tranches d’âge les plus représentées sont les 25-43 ans et les 35-44 ans. 55% des blogueurs ont entre 25 et 44 ans. On constate que c’est une activité qui demande une certaine maturité. Les 18-24 ans sont finalement peu représentés. On remarque que entre 25 et 44 ans les personnes exercent une activité de blogging semi- professionnelle. C’est à dire qu’ils ont des revenus en dehors de leur blog. Entre 45 et 64 ans ils tiennent un blog car ils sont avant tout entrepreneurs. Enfin entre 18 et 24 ans ont tient un blog avant tout car c’est un hobby. Graphique 5 : Répartition par âge des blogueurs dans le monde, Technorati. (2011)   20  
  • 21. L’étude a mis en relief le temps passé à s’occuper de son blog par semaine. 30% d’entre eux consacrent entre 1 et 3 heures par semaine à son blog. C’est le pourcentage le plus haut. 25% y consacrent entre 15 minutes et une heure par semaine. Enfin on remarque que les seuls véritablement prêts à y passer plus de 20 heures par semaine sont les professionnels (45%) ; Les autres profiles de blogueurs représentent moins de 5% sur cette durée hebdomadaire. Graphique 6 : Temps passé par semaine sur son blog, Technorati, (2011) 2.2 France Une étude ComScore de septembre 2011 évalue le nombre d’internautes français à 42 millions. Les données IFOP (2011) indiquent que 74% de la société Française accès à internet. Selon une étude France-Info (octobre 2011) ils étaient environ 10 millions en 2001. Soit une multiplication par quatre du nombre d’internautes en seulement 10 ans. Ainsi les Français représentent prés de 2% des internautes dans le monde. Dans cette même étude on remarque que se sont les 15-29 ans qui se connectent le plus tout les jours (83%). Les 30-44 ans sont tout proches : 82%. Ensuite les chiffres baissent avec l’âge, pour atteindre 41% pour les plus de 75 ans. On apprend que les Français passent en moyenne 3h57 sur internet par jour. Ce chiffre comprend le temps passé sur internet au travail et à domicile.   21  
  • 22. Les internautes français visionnent, en moyenne, 2807 pages web par mois. Ils sont un peu au dessus de la moyenne européenne qui est de 2115 pages par mois. (ComScore, 2011) Tous les Français n’ont pas accès à Internet de la même façon. Selon les chiffres de L’ARCEP, ils étaient 22,77 millions à avoir une connexion Internet haut débit. Ce qui représente tout de même une augmentation de 6,5 millions comparés à l’année précédente. 2.2.1 Les réseaux sociaux. Comme au niveau mondial, il est difficile de connaître le nombre exact d’internautes Français inscrits sur les médias sociaux. Cependant l’étude IFOP de l’observatoire des réseaux sociaux, parue en Octobre 2011, nous apprend que 77% des Français sont inscrits sur au moins un réseau social. Si on transpose ce score au nombre d’internautes en France on atteint un chiffre de 32 millions de Français inscrits sur au moins un réseau social en France. Toujours selon cette étude IFOP, réalisée sur un échantillon de 2080 internautes français de plus de 18 ans, un internaute français est en moyenne sur 2,8 réseaux sociaux. Graphique 7 : Evolution de l’appartenance aux réseaux sociaux en France, IFOP. (2011) La soudaine augmentation d’inscrits sur les réseaux sociaux en France entre 2008 et 2009, est à mettre au crédit de la forte croissance de Facebook dans l’hexagone. En France les principaux réseaux sociaux sont : Facebook (25 millions d’inscrits), Twitter (5,2 millions), Google plus (4 millions), LinkedIn (3,5 millions), et Viadeo (4,5 millions). Source : Blog InFLUX, Février 2012. La notion de comptes « actifs » est également difficile à mesurer de part la subjectivité du terme. Seul Twitter donne le chiffre de 1,25 millions de comptes actifs Français sur les 5,2 millions existants. Ce qui représente un taux de 24%. En terme de notoriété Facebook et Twitter sont les deux principaux médias sociaux.   22  
  • 23. On constate que ce sont les 18-24 ans qui transforment le mieux la notoriété du réseau en inscription. Ils sont les plus à l’aise avec ces outils. Il est intéressant de remarquer que malgré une très forte notoriété (plus de 80% chez les 18- 24 ans et les 25-34 ans), Twitter ne suscite pas le même taux de transformation que son concurrent Facebook. A croire que son interface ou son concept soit encore trop intimidant pour les internautes Français. Image 6 : Notoriété de Facebook en France, IFOP. (2011) Image 7 : Notoriété de Twitter en France, IFOP. (2011) Il n’existe aucune autre étude sur les profils des utilisateurs Français inscrits sur ces réseaux sociaux. Internet étant un réseau mondial, les études sur les internautes le sont aussi. Il existe quelques chiffres, mais leur parution ne permet de mettre en relief un quelconque enseignement supplémentaire. 2.2.2 Les Blogs. En France les blogs bénéficient quand à eux d’une meilleure expertise. En effet une étude a été menée en 2010 par le site NowhereElse sur 1384 blogueurs. On remarque que - comme au niveau mondial – le blogging est une activité majoritairement masculine : 67% des blogueurs français sont des hommes. Concernant leurs motivations on apprend que le partage est le premier moteur des blogueurs français. 87% tiennent un blog pour partager une passion, un savoir, des découvertes. La seconde motivation invoquée est la simple envie de se distraire (43%). En troisième position vient la volonté de faire de nouvelles rencontres ; Se construire un réseau. La quatrième motivation (31%) est ce qu’on appelle le « personal branding » c’est à   23  
  • 24. dire faire sa propre promotion. Très peu tiennent un blog par obligation professionnelle (8%) ou pour augmenter leur pouvoir d’achat (9%). Image 7 : Motivation d’un blogueur Français, NowhereElse. (2011) La moitié des blogueurs Français ont entre 20 et 30 ans (50%). La tranche d’âge regroupant le plus fort pourcentage est celle des 20-25 ans avec 26%. Les 30-35 ans représentent quand à eux 18% des blogueurs français. Dans l’ensemble on remarque que les blogueurs français sont plus jeunes que leurs compères internationaux qui ont une moyenne d’âge plus élevée. (Image 8 : Age d’un blogueur Français, NowhereElse. (2011) Enfin on apprend que près de 39% des bloggeurs se trouvent en Ile de France. Elle est de loin la région où l’on blogue le plus. 15% se trouvent dans le Sud-Est de la France. 10% dans le Grand Ouest. Autre enseignement : 8% des bloggeurs Français vivent à l’étranger. Image 9 : Répartition géographique française des blogueurs, NowhereElse. (2011)   24  
  • 25. Au cours de cette partie il était essentiel de se concentrer sur les réseaux sociaux et les blogs. C’est la synthèse de ces deux modes de communication qui a donné naissance au concept de curation de contenu. Il était important de mesurer leur impact afin d’établir au mieux les perspectives de la curation de contenu.   25  
  • 26. 3. Ecrans : Une révolution cognitive. Pour commencer une initiation aux sciences neurologiques est nécessaire, afin de comprendre l’itinéraire d’une information, de sa prise de connaissance, jusqu’à son traitement par le cerveau. Nos cinq sens nous connectent au monde. Ce sont eux : Ouïe, odorat, vue, goût et toucher qui envoient des informations à notre cerveau, qu’il traite par la suite, afin d’analyser ce qui se passe dans notre champ de ressenti. Ce sont les neurones dits « sensitifs » qui prennent le relais une fois un élément perçu par un ou plusieurs de nos sens. Ils transportent l’information jusqu’au cerveau. Les neurones travaillent en équipe, ils sont plus de 100 milliards et sont organisés en réseau tels des câbles qui longent tout le système nerveux de notre corps. Ces neurones communiquent entre eux en produisant de l’électricité. Entre chaque neurone se trouve ce qu’on appelle des « synapses ». C’est un espace de jonction entre deux neurones où se libèrent les signaux électriques produisant un produit chimique, le « neurotransmetteurs », porteur de l’information jusqu’au prochain neurone. Parmi ces « neurotransmetteurs » il en existe qui sont plus intéressants que d’autres dans le cadre de ce mémoire. La « dopamine » est le plus connu d’entre eux, il régule le plaisir et il est notamment lié aux phénomènes d’addiction et alimente le circuit de la récompense. Les « endorphines » sont libérées en cas de plaisir particulièrement intense. L’ « acétylcholine » est impliquée dans le processus de la mémorisation et de l’apprentissage. La vue est le sens le plus sollicité. Christian Marendaz, professeur de psychologie cognitive, nous le confirme : « Voir monopolise un tiers de notre cerveau ». (Magazine Sciences Humaines, HS Novembre-Décembre 2011, p.21) D’abord parce que la vue est un mécanisme complexe qui est mis en place par notre cerveau, mais aussi, et surtout, parce que les supports de communication demandant une attention visuelle se sont démultipliés ces dernières années : Télévision, téléphones portables, ordinateurs, tablettes. Sans oublier les nombreuses affiches ou publicités dans notre environnement urbain. Les yeux sont plus sollicités que jamais. On l’a vu dans la partie précédente, un internaute française passe en moyenne 3h57 sur Internet par jour, travail et domicile compris. A cela on peut ajouter les 3 heures et 16 minutes passées devant un écran de télévision en moyenne par français sur l’année 2011 (Europe 1, Novembre 2011). Un chiffre en augmentation chaque année. Ce qui fait un total de 7h13 devant un écran par jour. Sans compter la consultation des Smartphones ou autres tablettes.   26  
  • 27. Cette tendance ce confirme lorsque une étude de l’INSEE (Novembre 2011) montre que les Français passent la moitié de leur temps libre devant un écran. Par temps libre on exclut les taches physiologiques, domestiques, ou liées au travail et aux transports. Ce temps libre est de 4h57 par jour et par Français. C’est 7 minutes de plus qu’en 1999. Cette exposition permanente aux écrans n’est pas sans conséquences. C’est ce que nous allons aborder dans la partie qui suit. 3.1 L’addiction. L’accoutumance est présente dans la consommation des médias sociaux. L’addiction aux interactions sociales, nait des liens qui se créent sur la toile , virtuels mais dont le ressenti peut être très réel. Cyrille de Lasteyrie, célébré blogueur français, commence son témoignage sur les réseaux sociaux de la sorte : (Nouvelles Clés, Avril-Mai 2012) « Après huit ans à bourlinguer au cœur de l’Internet et des réseaux sociaux, je peux l’affirmer aujourd’hui : Le temps passé sur le Net est un gigantesque gâchis existentiel. Une fuite, une illusion, une drogue comme le sont l’héroïne ou l’alcool. » De nombreuses études ont montré l’addiction que procurent les réseaux sociaux, l’information et plus généralement l’Internet. Le magazine en ligne Américain Mashable, dans un article : « Why people are addicted to internet ? » (Février 2012) décrit une étude menée par Sodahead sur un échantillon de 602 personnes, où 62% d’entre elles se considèrent comme « accros à Internet ». L’étude montre aussi que parmi ces 62%, 65% n’ont pas d’addiction au tabac et 64%, se considérément comme n’ayant pas l’habitude de boire de l’alcool. En d’autres termes les personnes n’ayant pas d’addiction antérieure, sont plus susceptibles de tomber « accros au web ». De plus les femmes se déclarent plus dépendantes que les hommes : 64% d’entre elles se sentent concernés par l’addiction, 55% pour les hommes. Une étude menée par des chercheurs de l’Université Booth de Chicago (The Guardian, Février 2012) va également dans ce sens. Ils affirment que pour l’échantillon de jeunes de 18 à 35 ans qui a été étudié, il est plus difficile de se passer des réseaux sociaux ou de regarder ses mails, que de se passer d’une cigarette. Les chercheurs développent et expliquent que la vie moderne est faite de plaisirs variés, qui agitent des conflits et des résistances intérieurs, les simulations fréquentes produisent « des tensions omniprésentes ». Dans son témoignage Cyrille De Lasteyrie fait bien la différence entre « l’Internet pratique » qui permet de s’informer ou d’acheter un billet de train en ligne, et « l’Internet social », celui qui est chronophage, qu’il qualifie de « terrain vague de l’ennui ». Pourtant il reconnaît avoir une vie bien remplie : Des activités, une famille, des projets professionnels, mais il n’y a rien à faire, il passe plus de six heures par jours sur Internet. Soit deux heures de plus que la   27  
  • 28. moyenne nationale. (3h57). Mais comme il le fait remarquer, ce ne sont pas six heures d’affilée, ou bien équilibrés en deux fois 3 heures. Mais Internet, étant accessible de partout, ce sont six heures qui s’immiscent dans le quotidien, à n’importe quel moment de la journée, venant créer des interruptions. Smartphones, ordinateurs, tablettes, autant de moyens de toujours être connectés, et de participer à cette grande conversation qu’est le Web 2.0. Apparaissent alors des symptômes comme celui des « vibrations fantômes » mis en évidence par les chercheurs de l’Université de Worcester (The Telegraph, 2012). Phénomène où un individu croit ressentir une vibration de son téléphone en poche, lui signalant la réception d’un nouveau message. La déception est forte lorsque la personne se rend compte que ce n’était qu’une illusion. Ceci est révélateur d’une addiction à l’information. De façon plus intense encore : La cyberdépendance. Dans son livre « La cyberdépendance en 60 questions », Charles Nayebi estime le nombre de cyberdépendants à 8% en France (2008). En Corée du Sud, où le problème est devenu une vraie préoccupation nationale, l’Etat a mis en place des centres de désintoxication. 80 000 Sud Coréens en ont déjà bénéficiés depuis leur mise en place nous apprend The Guardian (2012). Cette addiction est symptomatique d’une fuite du réel, une fuite d’un vide. Est-ce le signe que la société ne plus nous proposer de vraies occupations ? C’est vrai mais de nombreuses personnes « addict » au web et aux médias sociaux, ont pourtant des vies bien remplies. Alors quelle est l’explication de cet acharnement à rester connecté ? « Quelle est cette magie noire qui me fait oublier l’autre au profit d’un inconnu lointain qui me ‘Like’ ? » Se demande de façon rhétorique Cyrille de Lasteyrie. Il connaît la réponse : « Une portion de reconnaissance, celle qu’on cherche tous. Besoin d’exister aux yeux du plus grand nombre, de se sentir aimé et considéré, quoi de plus naturel ? » En effet la communication est régie par un concept fondamental, instauré par Shannon et Weaver dés 1949 : Il doit y avoir un « émetteur » et un « récepteur ». Mais pour que la communication soit aboutie, il faut également un « accusé de réception » du récepteur. Sans accusé de réception, la communication s’éteint petit à petit, car elle ne va que dans un sens, l’émetteur finit par s’épuiser. Les médias sociaux jouent sur cette corde sensible de notre système affectif : la Reconnaissance. Les réseaux sociaux l’ont bien compris et on bâtit une série d’outils permettant ces « accusés de réceptions ». Véritables créateurs de reconnaissance, les « like » de Facebook, ou autres « Retweet » de Twitter, ou les systèmes de « commentaires » présents sur tous les médias sociaux, sont autant de messages (émis de façon officielle) de l’intérêt que l’on porte au contenu partagé par l’émetteur. Cette reconnaissance, quantifiable qui plus est, va être considérée comme autant de signaux positifs alimentant l’ego de la personne.   28  
  • 29. « Le circuit de la récompense » se met alors en marche : les neurotransmetteurs transmettent cette sensation de bien-être au cerveau. Comme tout plaisir, le corps en redemande. Les médias sociaux sont l’opportunité de recevoir un « shot » de reconnaissance à tout moment. Alors on tente sa chance, on se connecte régulièrement pour savoir si on « existe » virtuellement. De là se crée la dépendance. Car le ressenti est bien réel. Il affecte notre système nerveux, comme toute émotion positive. Et si ce n’était pas une fuite des autres mais plutôt une fuite de soi ? C’est la thèse qu’appuie Jean-Louis Servan-Schreiber, dans son édito du magazine Nouvelles Clés « La fuite devant la pensée » (Février-Mars 2012). Il s’interroge sur les raisons qui nous poussent à jouer de plus en plus sur nos écrans, ou autres supports, durant les temps d’attente, comme les transports. Ainsi grâce à un écran on garde toujours l’esprit occupé. On a peur de l’ennui, surtout, on ne le tolère plus. Alors on crée un bruit incessant. Cela cache une vraie peur de se retrouver face à soi. On a peur de se retrouver confronter face à ses pensées. Car il faudrait alors les affronter. Il est tellement plus simple de les éviter dans la fuite en avant perpétuelle que l’hypnose d’un écran nous procure. Nous restons éloigné de la réalité, beaucoup plus pénible à accepter. Alors nous nous plongeons dans le virtuel, une forme de procrastination. L’addiction aux médias sociaux est un double cri d’alarme : Celui de la considération de l’égo, et paradoxalement, d’une fuite de soi. 3.2 L’Infobesité. La multiplication des écrans a crée un flux d’informations inédit pour le cerveau humain. La quantité d’information que nous absorbons chaque jour est impressionnante. Nous sommes des êtres en surpoids informationnel. Nous atteignons le stade d’ « infobesité ». Contraction venant de l’anglais pour définir l’« information overload ». Bernard Stiegler dans son livre « La Télécratie contre la démocratie », explique que le temps médiatique a pris le dessus sur les autres temps : Politique, judiciaire, scientifique ou autre. Tous, aujourd’hui, vivent au rythme imposé par le « temps médiatique ». Ce sont les médias qui organisent et donnent le pouls de la société, la télévision en tête. Les citoyens deviennent des spectateurs d’une société orchestrée par les médias. Où « les consommateurs de la télécratie » souffrent d’être seuls derrière leurs écrans, tout en ayant le sentiment d’appartenir « à une foule artificielle d’où surgissent des processus d’indentification régressive ». Dans son livre TV Lobotomie (2011), Michel Desmurget, s’alarme du lien entre l’exposition aux images télévisuelles et la dégradation des compétences cognitives et sociales. Il dénonce le rôle de la TV dans l’environnement de l’enfant, selon lui elle « formate le développement du cerveau, entrave la progression linguistique, génère des troubles de l’attention, subordonne la façon de penser, contraint l’imagination… »   29  
  • 30. Les dénonciations du temps passé sur Internet sont menés par des auteurs comme Nicholas Carr (« Internet rend il bête ? », 2011) Il dénonce de façon générale « la main invisible » qui pousse les internautes à aller toujours plus vite sur des sites Internet, dont l’architecture est construite en ce sens. L’auteur accuse les moteurs de recherche, comme Google, de profiter de la déambulation des internautes : « Les profits de Google sont directement liés à la rapidité à laquelle les gens absorbent de l’information… Chacun de nos clics crée une rupture de notre concentration, une perturbation ascendante de notre attention…. Google est vraiment au sens propre dans le business de la distraction » Les médias sociaux comme Facebook ou Twitter, pour ne citer que les plus connus, sont accusés du même chef d’inculpation : Nos cerveaux survolent une quantité d’information trop importante qu’ils ne peuvent gérer, et par des contraintes d’urgences, sont distrait de toute réflexion en profondeur, impossible à effectuer dans ces conditions. Le passage d’une société de l’écrit à une société de l’image a des impacts, confirme Nicholas Carr. Il souligne à juste titre que nous sommes passé d’une société de l’écrit, dont la lecture est propice à la réflexion, à une société des écrans et des hyperliens qui fusent, dont il est difficile d’en tirer quelque réflexion approfondie que ce soit, « à la lecture en diagonale, la pensée hâtive et distraite, et l’apprentissage superficiel» en rajoute l’auteur. Comme l’imprimerie a chamboulé les habitudes d’une époque, l’émergence du nouveau support, qu’est l’écran, transforme durablement depuis de nombreuses années nos comportements. Monique Dagnaud, Sociologue et directrice de la recherche au CNRS, dans un article pour le journal Slate (Décembre 2011), disait la chose suivante pour parler de la navigation sur internet : « C’est donc bien de s’alarmer de la dépendance possible à l’égard de la glisse sur écrans. L’ivresse qu’y trouve l’usager est bien supérieure à celle procurée par le feuilletage de livres et par beaucoup d’autres activités récréatives. S’y mêlent en effet le plaisir de l’exploration curieuse, et le sentiment de puissance que procure le fait d’être le commandant de bord du voyage. » Elle emploie les termes « ivresse » et « sentiment de puissance », un vocabulaire propre aux effets des drogues sur notre cerveau. Comme toute drogue, le cerveau en redemande, et puisqu’elle est à disposition en permanence, l’internaute absorbe la dose que son corps lui demande. Comme toute drogue, il y a un système d’accoutumance. Alors l’internaute absorbe toujours plus d’informations, pour assouvir sa soif. On rencontre ce que appelle, le psychanalyste Michael Stora : « La web-errance » qui renvois « chacun à son histoire personnelle ». (« Concentrez vous ! », Le Monde, Novembre 2011)   30  
  • 31. Or la surconsommation médiatique produit ce que Marshall McLuhan, théoricien de la communication appelait « l’engourdissement » de la mémoire, de la concentration et d’autres facultés comme la raison et la perception. Ce que confirme Caroline Datchary, sociologue au Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires du CNRS en qualifiant ce mal « d’invisible ». Le « multitasking », initialement considéré comme un élément positif, glisse vers ce qu’on pourrait qualifier le « Le syndrome de déconcentration » causé par notre environnement quotidien, il s’est accéléré dernièrement avec la multiplication des canaux de communication. Sur le marché du travail les chiffres de l'Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE) sont parlants : Près de six salariés sur dix consacrent deux heures par jour à gérer leurs boîtes mail ; Quatre sur dix reçoivent plus de 100 messages par jour ; Enfin, sept managers sur dix déclarent souffrir de surcharge informationnelle. Quand on sait qu’il faut, 67 secondes pour se concentrer à nouveau après l’interruption d’un message (ORSE), on comprend alors les impacts de l’infobesité sur la productivité des entreprises. Mais surtout Internet transforme le fonctionnement de notre mémoire. Trois chercheurs américains ont publié dans la revue Science (Aout 2011) une expérience édifiante à ce sujet. Il était demandé aux participants écrire retenir un certain nombre de petite phrases, 40 au total. A la moitié des participants on annonçait que les phrases seraient ensuite détruites, à l’autre moitié qu’elles seraient conservées dans un fichier d’ordinateur auquel ils pourraient avoir accès. Les personnes qui savaient qu’elles pourraient revoir les phrases n’ont pas fait l’effort de les retenir. A l’inverse celles qui savaient que les informations seraient détruites étaient plus en mesure de les restituer. Signe que le cerveau ne retient pas de la même façon lorsqu’il sait qu’un autre élément va jouer ce rôle, « d’externalisation de la mémoire » pour reprendre les termes de Michel Serres, philosophe et historien des sciences. Toujours dans cette étude, les chercheurs ont mis en évidence au autre concept fondamental : On utilise la mémoire différemment. Les chercheurs ont soumis le même type de phrases aux participants, en indiquant cette fois ci l’endroit où le fichier avait été stocké dans l’ordinateur. Les participants étaient plus à même de trouver l’endroit où se trouvait le fichier que de mémoriser le contenu. Autrement dit « Plutôt que de retenir tous les numéros de téléphones par cœur, les gens préfèrent se rappeler où est rangé l'annuaire » résume Emanuel Sander, professeur à l’Université Paris VIII. En effet le savoir ne se résume pas à une simple accumulation des données, il faut être capable de les trier et de les analyser. Emanuel Sander va plus loin : « Si vous avez acquis de grandes capacités d’analyse, Internet peut vous apporter énormément. Sinon, vous êtes simplement submergé de données ». C’est cette pluie de donnés qui crée l’infobesité. Même sur un plan social il est difficile de gérer toutes les informations que nos neurones transmettent au cerveau. En effet nous avons des « neurones-miroirs » c’est grâce à eux que nous ressentons la souffrance des autres, en venant à leur secours, nous pouvons nous soulager nous-même. Le problème aujourd’hui c’est que ce mécanisme d’altruisme s’est bloqué de part le bombardement d’informations que nous subissons. « Il nous faudrait être des   31  
  • 32. Superman pour répondre à toutes les invitations à la compassion » explique Patrice Van Eersel (« Votre Cerveau n’a pas fini de vous étonner », 2012). Le résultat est que on devient insensible à la violence de plus en plus jeunes, que nos contacts physiques régressent et surtout que l’indifférence nous guette face à la souffrance d’autrui. Sommes nous condamnés à disparaître par régression, de ce que l’auteur appelle : le « cerveau social » ? L’infobesité n’y aide pas. Et pourrait avoir des conséquences plus anthropologiques que l’on croit. 3.3 La déconnexion. Pour faire face à l’addiction que peuvent procurer les médias sociaux et la sur- information que procure notre surexposition aux écrans, certaines personnes ont opté pour la déconnexion. C’est une façon de retrouver des repères, de ne plus vivre en fonction de l’outil, mais que l’outil serve à vivre,de ne plus être esclave de la technique, de ne plus vivre pour communiquer, mais communiquer pour vivre. Les médias sociaux sont utilisés comme des fins, alors qu’ils ont été bâtis comme des moyens. C’est le piège dans lequel est tombé Thierry Crouzet, blogueur français reconnu, très actif sur les réseaux sociaux, auteurs de plusieurs livres. Il a consacré un livre à sa déconnexion numérique : « J’ai débranché. Comment vivre sans internent après une overdose ? » (Editions Fayard, 2011). En Février 2011 il « explose en vol » dit il et se retrouve sur un lit d’hôpital pour une grave crise d’angoisse. Accros aux réseaux sociaux, il subissait les reproches de sa femme, le voyant tout le temps au bureau, de ses enfants, l’accusant de ne jamais lâcher son téléphone. Thierry Crouzet décide alors de tout lâcher, pour sauver son couple et sa famille, pour lui- même. « Vous croyez connaître la mer parce que vous la traversez avec un bateau, mais la mer n’est pas une surface, elle est abîme. Pour connaître la mer, faites naufrage. » L’auteur explique qu’il s’est fait sienne cette citation de Maître Eckhart. En effet comme le veut l’expression, on « surf » sur le net,on reste à la surface, on glisse, on n’est pas conscient des dangers que contiennent les abysses d’Internet. Ce passage est révélateur de l’inversion des moyens en fin, qu’exercent sur nous les médias sociaux : « Je repense à ma randonnée en Kayak, à en faire le récit sur les réseaux sociaux, plutôt que de la vivre ». Puis il développe : « Le net exerce sur moi une pression grandissante, qui frise l’insupportable. Cette technologie imaginée pour mieux nous aider à communiquer a fini par   32  
  • 33. me transformer en toxicomane. Je ne contrôle plus rien. Consumé par ce qui m’a nourri. ». Les écrans, Internet et les médias sociaux sont des « armes de distraction massive » pour reprendre le titre du livre de Matthew Fraser (2005). Cette distraction est composée de deux bases : L’addiction aux interactions sociale et la consommation frénétique d’informations. Ces fléaux ouvrant la voie d’une cure.   33  
  • 34. 4. La curation de contenu. « L’accélération contemporaine est plus souvent ressentie comme l’emballement d’un manège fou. Mais faute de pouvoir sauter en marche, à chacun de trouver des parades au quotidien pour ne pas tomber dans cette folie collective ». Jean-Louis Servan-Schreiber.3 4.1 Définition. La curation de contenu vient de l’anglais « curator ». Littéralement « conservateur de musée ». Ce dernier, a traditionnellement le rôle de sélectionner parmi les innombrables œuvres présentes dans le grenier du musée, celles qui doivent être exposées. Il agit comme un filtre humain. Si l’exposition est sur l’Art Contemporain, il va éviter d’exposer des œuvres baroques. Ainsi il contextualise et donne du sens à ce qu’il sélectionne. Ceux qui en bénéficient sont les visiteurs. Ils n’ont pas choisi leur Musée au hasard. S’intéressant à l’Art Contemporain, ils ont décidé de consulter celui, dont les œuvres accrochées au mur traitent de ce sujet. Les « curator » sont les intermédiaires entre les créateurs de contenus, les artistes dans le cadre de la peinture, et ceux qui les consultent, le public. Ils font un travail de tri. Sur Internet c’est la même chose. Le « content curator », celui qui effectue la curation de contenu, sélectionne sur le Web les contenus qu’il trouve pertinents pour ensuite les partager avec un réseau. Il n’y a pas de définition officielle, cependant un des pionniers dans le sujet, Rohit Bhargava, donne une définition : « Un content curator est quelqu’un qui, continuellement, trouve, regroupe, organise et partage le contenu en ligne, le meilleur et le plus pertinent sur un sujet spécifique. » (Manifesto For The Content Curator, 2009). On peut résumer la curation en trois étapes: La sélection, l’édition, et le partage. Rohit Bhargava, dans un article « How curation could save the Internet » (Communication Word, Janvier 2012) décrit l’intérêt de la curation : « Dans un Web surchargé, les personnes qui créent du contenu deviennent moins précieuses que les ‘curators’, qui elles, l’organisent en un espace digeste, puissant et même profond ». Avec la curation on ne voit plus Internet comme un grand champ désordonné, mais comme plein d’espaces organisés. A travers ce travail de curation, les internautes organisent ce chaos infini de contenus, qu’est le Web aujourd’hui. La curation se différentie de la « veille », même si ces deux concepts peuvent paraître proches. La différence majeure réside dans le fait qu’un « curator » n’est pas à la recherche de quelque chose en particulier dans sa navigation, contrairement au veilleur. Il est dans une simple exploration du Web, guidée par ses centres d’intérêts. Si un contenu le touche, il va, à l’aide d’un bouton, l’archiver, l’éditer et finir par partager avec son réseau.                                                                                                                 3 (Magazine Nouvelles Clés, Aout-Septembre 2011)   34  
  • 35. La curation se différentie aussi de « l’agrégation ». Processus qui consiste à installer des filtres automatiques afin de recevoir toutes les informations qui nous intéressent dans un seul lieu. La curation a comme seul filtre l’humain. Ce que confirme Margot Bloomstein dans une conférence sur le sujet (SXSW, 2011) : « La curation est une activité par laquelle de nouveaux savoirs sont crées grâce à la combinaison de contenus, dont la valeur même est enrichie par le biais de nouvelles perspectives. Seuls les humains sont en mesure d’alimenter ces perspectives ; sans elles, il ne s’agit que d’agrégation. » D’autres spécialistes sont moins élogieux aux regards de la curation. Fred Cavazza, spécialiste français des médias sociaux, qualifie la curation de « vol » dans une interview accordée au site Darkplanneur (Mai 2011) : « La curation c’est voler le contenu des autres, le filtrer et le livrer à la place du détenteur premier. Pour moi il n’y a pas de valeur ajoutée ». Image 10 : Le schéma de la curation de contenu. (Source : http ://pro.01net.com/editorial/529624/le-guide-de-la-curation-(1)-les-concepts/) 4.2 A quels besoins répond-elle ? La curation de contenu répond à un premier besoin fondamental de l’Homme qui est de partager. Aboutissement de la curation ; le partage de ce qu’on a aimé et sélectionné, est moteur chez de nombreuses personnes, dans un cadre social. Nous l’avons vu dans la partie consacrée à l’addiction des médias sociaux (3.1), les internautes déclenchent lors la communication de leurs intérêts des « neurotransmetteurs » qui alimentent le « circuit de la récompense », comme des « shots » de drogue, venant envahir le système nerveux d’une sensation de bien être.   35  
  • 36. L’individu est donc à la fois à la recherche de considération, que lui offre Internet et les réseaux sociaux, ainsi qu’habité par une crainte de ne pas recevoir cette dose de reconnaissance que lui procure le partage. Ainsi le partage devient un vrai moteur pour « exister » de façon numérique. Mais comme nous avons vu que le temps passé sur les écrans est croissant et empiète sur celui passé dans la « réalité », nous avons du mal à faire la différence. De cette façon, en cherchant à exister numériquement, nous cherchons aussi à exister « réellement ». Le partage de ses intérêts à travers le canal Internet, n’est pas prêt de s’arrêter. De plus, dans un monde qui va de plus en plus vite, la curation de contenu trouve sa pertinence dans un « partage » rapide et efficace. Contrairement à un blog, où un effort rédactionnel est demandé, la curation ne demande que quelques secondes : le temps de sélectionner son contenu en un click, avant de le relayer à son réseau. Graphique 8 : L’évolution de la création de contenus sur Internet. Source : Blog Eladgil, Décembre 2011. Au cours de l’histoire des médias sociaux on remarque que le temps consacré à rédiger un contenu se compresse fortement. Nous sommes passés de services proposant de tenir un blog (exemple : Blogger) au début des années 2000, à des solutions permettant d’éditer un contenu en seulement un click en 2011 (exemple : Pinterest). Ce cheminement est révélateur d’une évolution, au cours des dernières années, dans la façon de partage des contenus. Nous tendons vers des solutions toujours plus simples et rapides. Le deuxième besoin fondamental auquel répond la curation de contenu est celui de s’informer. Il existe chez l’être humain une véritable « soif » de l’information. Elle a été mise en évidence par Jean Philippe Lachaux sur des expériences menées sur les besoins compulsifs d’utiliser son Smartphone. Ce besoin est alimenté directement par le « circuit de la récompense », jouant un rôle clé dans les phénomènes d’addiction : « Comme nous avons besoin de   36  
  • 37. nourriture lorsque nous avons faim, il se trouve que nous avons ‘soif’ d’informations. » (Le cerveau attentif : contrôle, maîtrise et leadership, 2011, p.12). Au point que nous activons ce circuit de la récompense dés lors qu’on obtient une information considérée comme importante, allant par conséquent créer des mécanismes d’addiction. A ce besoin de s’informer s’ajoute celui de découvrir l’autre. Stephane Hugan auteur de l’ouvrage « Circumnavigations » (CNRS, 2010) explique un retour à l’altérité : « Après deux siècles, l’imaginaire de l’individu se suffisant à lui-même s’est saturé. Les structures qui devaient accueillir nos utopies, l’Eglise, le politique, le travail, la famille, ces grands piliers de la société occidentale et de la construction de soi, ont fini par perdre de leur force. Désormais l’idée contemporaine c’est que je suis un sujet inachevé, un embryon de moi même qui ne sera complet, équilibré, que par l’incorporation de l’autre. L’altérité était vécue comme une aliénation. Aujourd’hui, elle est ressentie comme nécessaire pour devenir soi même ». La curation de contenu s’inscrit précisément dans cette logique d’enrichissement mutuel pour sa construction personnelle. Derrière le besoin de s’informer cache aussi le besoin de la « distraction ». Moteur de la procrastination afin d’éviter une certaine réalité. On n’a jamais autant cherché à se « distraire » qu’aujourd’hui. Etant à porté de main par les Smartphones, la distraction est accessible en permanence. Si on en est le public, la curation de contenu constitue une distraction de luxe, un monde infini recommandations soigneusement sélectionnées par des personnes que nous avons choisies. Que de distractions, pour les assoiffés d’informations que nous sommes. Le dernier besoin auquel répond la curation de contenu est celui de la gestion de la surcharge d’informationnelle. La multiplication des canaux de communication a fait de nous des êtres sur-informés, incapables de digérer les centaines d’informations que notre cerveau doit traiter, nous tombons dans « l’infobesité ». La sur-information n’est pas venue avec un manuel d’instruction. Ce phénomène engendre des bouleversements au niveau de notre mémoire dont nous commençons à mesurer les conséquences. De façon globale, comme nous l’avons abordé dans la partie précédente consacrée au sujet (3.2), nous rencontrons des difficultés à retenir des informations. Puisque le savoir ne se résume pas à une simple accumulation des données, il faut être capable de les trier et de les analyser. C’est là qu’intervient la curation de contenu, outil permettant de filtrer, archiver et stocker des contenus que notre cerveau n’est plus capable de faire. C’est une forme « d’externalisation de la mémoire » (Michel Serres, Conférence Interstices, 2007). Le support hébergeant notre curation de contenu joue ce rôle de « disque dur externe », qui plus est, accessible de partout de son Smartphone, à sa tablette, en passant par son ordinateur.   37  
  • 38. « Si vous avez acquis de grandes capacités d’analyse, Internet peut vous apporter énormément. Sinon, vous êtes simplement submergé de données » disait Emanuel Sander (partie 3.2). Sauf si nous avons des outils nous permettant de ne plus subir l’information, mais de la contrôler, de la digérer et de l’actionner quand nous en avons besoin. C’est tout le sens du concept de curation de contenu. Les trois besoins qu’on cités précédemment, ne sont rien d’autres que les 3 étapes de la curation de contenu : Sélectionner (besoin de s’informer), éditer (besoin de filtrer), partager (besoin de partager). Enfin la pertinence de la curation de contenu est plus que jamais d’actualité avec l’émergence d’une nouvelles génération d’internautes : La Génération Y et les Digital Natives, produits des médias sociaux, et de l’essor d’Internet, ils déambulent depuis l’enfance sur le Web. Ils ont plus que jamais besoin d’outils pour toutes les images, vidéos, articles qu’ils consultent par jour. Ce sont ces générations qui passent le plus de temps sur le Web. Patrice Lamonthe, PDG du site Pearltrees, définit le concept de curation comme la « 3eme frontière du web. ». (OWNI, Mars 2010) En effet le premier principe du Web (1.0) était de permettre à chacun d’accéder à tout type de contenu, c’est un web pyramidal. Le haut de la pyramide fournit les informations, que le bas de la pyramide peut lire. (Sites, portails, moteurs de recherche) Dans un deuxième temps le Web 2.0 a permis à chacun de diffuser ses contenus, c’est ce qu’on appelle le web participatif. (Blogger, Myspace, Wikipedia….) La troisième étape, devrait être celle qui permet à chacun d’organiser l’ensemble des contenus qu’il consulte. C’est ce que Patrice Lamonthe qualifie de « 3eme frontière ». Après avoir été spectateur, puis créateur, nous serons probablement organisateur du Web. 4.3 Les acteurs du marché. La pratique de la curation a toujours existé, le journalistes font depuis toujours ces étapes de sélection, édition et partage de l’information. A la différence que le « curator » ne fait que relayer un contenu, alors que le journaliste y apporte une valeur ajoutée en traiter l’information, il y alors un effort rédactionnel qui n’existe pas dans la curation de contenu. Cette différence est saine, car être un journaliste est un métier, il est donc normal que sa valeur ajoutée soit plus importante qu’un simple relais. Mais pour les « curators », citoyens surchargés d’informations, être un simple relais, avec un effort éditorial qui se limite à une phrase, leur convient parfaitement. Leur valeur ajoutée ne réside pas dans la rédaction et le traitement du contenu, mais dans un travail de tri parmi tous les contenus consultés. Ainsi les curators ne sont pas des journalistes, mais des rédacteurs en chef.   38  
  • 39. Le rédacteur en chef choisit parmi tous les articles rédigés par sa rédaction, ceux qui doivent être publiés, ainsi que la mise en page que demande cette publication. On retrouve alors la notion de curation de contenu. Sur le marché de « l’organisation » du Web quelques concurrents se bousculent. C’est un marché récent, le concept de curation de contenu, comme nous l’avons définit précédemment, n’a que quelques années d’existence. En 2005 apparaissent les premiers articles académiques sur le thème de la curation : « An introduction to the digital curation center » où des chercheurs Ecossais tentent de définir ce concept naissant et adapté à l’époque. Mais c’est le magazine Américain Wired qui est l’un des premiers à parler du concept au grand public, dans un article titrant : « Overwheelmed ? Welcome the Age of Curation » (Mai 2010). Autrement dit : « Bienvenu dans l’ère de la curation ». La curation de contenu est une évolution de ce qu’on appelle le « social bookmarking », pratique consistant à archiver ses favoris tout en les mettant en réseau avec sa communauté. Elle se démarque de la curation car le « social bookmarking » est un tri d’informations d’abord orienté vers soi, alors que la curation est un travail orienté vers les autres. Il permet de se sentir utile et de faire un travail de filtrage et de recommandations pertinentes, en fonction de nos passions. Plusieurs acteurs sont présents sur le marché du bookmarking, les plus connus étant : Delicious, Digg, Yoolink, Quooa, Diigo ou encore Read It later. Le marché de la curation de contenu est quant à lui plus restreint. On l’a dit, il est récent, mais que certains n’hésitaient pas à de qualifier d’opportunité à « un milliard de dollar ». C’était l’avis de Robert Scobe, spécialiste Américain du web et influent, qui dans un article posté sur son blog, titrant : « The new billion dollar opportunity : Real-time-web-curation. » (Septembre 2009) Les principaux acteurs sur ce petit marché de la curation de contenu sont : Pinterest : Image 11 : Aperçu de Pinterest (Source : Captures d’écran du site Pinterest) Crée début 2010, il apparaît aujourd’hui comme le principal site de curation existant. Fort de ses 13 millions d’utilisateurs (partie 1.3), Pinterest.com fait la course en tête sur le marché de la curation de contenu.   39  
  • 40. Le site permet littéralement de « épingler ses intérêts », de faire de la curation depuis le web grâce à un widget qu’on installe lors de l’inscription, ou directement sur la plate forme grâce aux « likes » ou « repins » que le site propose en dessous de chaque contenu. Pinterest est très orienté vers un public féminin, très esthétique et épuré, le site propose avant tout de faire la curation autour des images et des vidéos. Ce que son format d’affichage en « mosaïque » valorise le mieux. Puisqu’on épingle ce qu’on aime, Pinterest propose de ranger les contenus par « board » afin de les catégoriser. Un membre du réseau peut par la suite suivre un « board » ou simplement un autre membre. Le site a comme slogan « Orgenise and share things you love ». La start up californienne viens de lever plus de 100 millions de dollars (Bloomberg, Mai 2012) grâce au Japonais Rakuten. De quoi laisser le temps à Pinterest de se développer et de réfléchir à un modèle économique, qu’il n’a pas encore. Jusqu’à ce jour, seul l’affiliation, vite retirée, avait été testée comme forme de revenus. Suite à cette levée de fonds le site est désormais évalué à 1.5 milliards de dollars. Scoop it : Image 12 : Aperçu de Scoop it (Source : Captures d’écran Scoop it) « Easily publish gorgeous magazines » peut on lire sur la page d’accueil du site. Lancé par des français sur le sol américain, scoop.it se revendique comme la façon la plus simple de créer son propre magazine en l’alimentant par les contenus qu’on a aimé sur le web. La curation peut se faire aussi directement sur la plate forme, grâce aux personnes que l’on « suit » ou par l’intermédiaires de recommandations de contenus, construites en fonction de nos centres d’intérêts. Le site permet également d’avoir des statistiques sur les contenus qu’on a relayés. Crée par des français partis aux Etats-Unis, le site a été lancé fin 2010 par Goojet, une start-up de la région Toulousaine. Le modèle économique n’est pas encore précisé. Cependant dans une interview accordée au Journal du Net (Janvier 2012) le co-fondateur, Marc Rougier, confessa qu’un système d’abonnement serait mis en place, avec une tarification progressive pour les professionnels, allant de l’entreprise à 79 dollars par mois, à l’enseignant qui débourserait 7 dollars : « On s’est rendu compte qu’ils s’en servent de plus en plus aux Etats- Unis pour illustrer leurs cours » précise t-il.   40  
  • 41. Scoop it indiquait sur son site, dans un communiqué, avoir prés de 2 millions d’utilisateurs par mois, avec une augmentation de 35% chaque mois (Novembre 2011). Pearltrees : Image 12 : Aperçu de Pearltrees (Source : Captures d’écran Pearltrees) « Cultivez vos intérêts » c’est le slogan de Pearltrees, site de curation de contenu Français, lancé en Décembre 2009. Le site utilise le concept de « mind mapping » pour organiser les contenus sur sa plate forme. Chaque utilisateur a un, ou plusieurs, « arbres », dont il fait grandir les branches en y ajoutant des contenus (perles) liés au thème de l’arbre. On peut visiter les arbres de ses amis. Mais surtout le site offre la possibilité d’effectuer un travail collaboratif sur un seul arbre. C’est à dire que la curation peut se faire en équipe. Pearltrees vient de lever des fonds pour la quatrième fois consécutive (total : 3,5 millions d’euros). Cette fois ci ce sont 5 millions d’euros qui ont été récoltés (TechCrunch France, Février 2011). Le site se tourne maintenant vers une offre « freemium » afin de trouver une forme de monétisation. Toujours d’après Tech Crunch le site compte aujourd’hui environ 350 000 contributeurs et 1 millions de visiteurs pour 30 millions de pages vues mensuellement. Une croissance de trafic de 15% chaque mois. Dans une moindre mesure d’autres acteurs de la curation existent : Bag the web, newser, snip it, curated by et kweeper. Le but de ce type de plates formes de curation est de réunir en un seul endroit toutes les fonctionnalités que sont : Le réseau, l’agrégation, le bookmarking et le partage. Encore une fois la curation injecte de la subjectivité et de l’humain dans le web. Comme le disait un journaliste : « Andy Warhol avait tort, on ne sera pas tous célèbres pour 15 minutes ; mais on sera tous célèbres pour 15 personnes. » (« Content is no longer king : Curation is king », Business Insider, 2010).   41  
  • 42. Partie 2 : Questions de recherche/ Problématiques. 1. Questions de recherche/ Hypothèses. Ce travail de recherche doit nous permettre de répondre à la problématique suivante : Quelles sont les perspectives de la curation de contenu dans le Web 2.0 ? Grace à la revue de littérature, nous avons pu analyser l’évolution globale d’Internet. D’un Web 1.0 « pyramidal » à un Web 2.0 « participatif », nous avons décrit et analysé la révolution qu’a constituée l’avènement des médias sociaux, tant sur un plan médiatique que sociologique. Nous avons étudié leur utilisation à travers les frontières, jusqu’à se focaliser sur la France. Nous avons mesuré leurs impacts sur un plan cognitif, afin de mettre en exergue la nouvelle donne, que constitue l’exposition toujours plus importante des écrans sur notre cerveau. Enfin, après avoir définit ce qu’était la curation de contenu, nous avons analysé sa pertinence, et décrit les principaux acteurs qui se placent sur ce nouveau marché. Nous sommes maintenant en mesure d’émettre plusieurs hypothèses concernant les questions qui vont suivre. Elles permettront d’orienter les questions de méthodologie à venir. Le passage d’un Web 1.0 à un Web 2.0 a-t-il changé quelque chose pour l’internaute ? Cette mutation d’internet, qu’on peut situer au début des années 2000, a considérablement changé la donne pour l’internaute. Le Web 2.0 est un Web participatif, l’internaute n’est plus seulement spectateur d’un contenu qu’il ne peut toucher, mais deviens, grâce à l’émergence des médias sociaux, acteur de leur publication. L’histoire des médias sociaux nous a montré qu’une série d’outils, allant du blog, aux réseaux sociaux, ont permis à l’internaute d’interagir avec les contenus mis en ligne. L’internaute n’est plus seulement récepteur d’informations, mais également émetteur. Un nouveau paradigme que nous chercherons à vérifier dans notre questionnaire. L’émergence des médias sociaux a-t-il crée de nouvelles générations d’individus ? C’est plus globalement l’essor d’Internet et de sa diffusion au grand public, qui a formé une nouvelle génération qu’on a appelé : « Génération Y ». Génération qui a grandi dans les années 1980-1990, Elle représenterait 13 millions de personnes en France, soit prés de 21% de la population. Génération ayant subi une compression de l’espace-temps, ils semblent l’avoir intégré dans leur fonctionnement, que ce soit en ligne, sur les médias sociaux ou dans la vie réelle. Ce sont des consommateurs critiques, mais communicatifs. La génération suivante est celle qu’on a appelée les « Digital Natives », c’est à dire les enfants qui sont nés dans un environnement numérique, dés la deuxième moitié des années 1990. Proche de la Génération Y sur leurs modes de consommation, ils sont en revanche beaucoup plus imprégnés des technologies de communication, qu’ils ont tendance à abuser. Impatients,   42  
  • 43. ils ont toujours connu l’instantanéité. Ces deux génération ont en commun une vision très « horizontale » du monde, de part leurs utilisation intensive de la toile. Nous vérifierons ces caractéristiques. Qui sont les utilisateurs des médias sociaux ? Le monde compte 2,27 milliards d’internautes, la France 42 Millions. Si il n’est pas possible de savoir avec précisions, combien d’entre eux utilisent les médias sociaux. il est encore moins facile d’établir avec précision le profil d’un utilisateur de médias sociaux. Les profils d’utilisateurs divergent trop selon le type de média. Le questionnaire permettra d’établir un profil précis : Catégorie socio-professionnelle, âge, sexe. En ce qui concerne les blogs, le profil des utilisateurs est beaucoup plus clair. Nous savons que ce sont majoritairement des hommes (67% en France). Que leur moyenne d’âge est plus basse dans l’hexagone, (20-30 ans) que dans le monde (25-44 ans). Au niveau de la répartition géographique, un blogueur a 50% de chance d’être Américain, en France il a 39% de chances d’habiter l’Ile de France. Nous vérifierons ces informations. Pourquoi partage-t-on sur le Web ? La question du partage est essentielle à déterminer dans le cadre du Web-participatif qui se nourrit directement de cette notion ; Sans partage il n’y a plus de Web 2.0. Dans la revue de littérature nous avons vu qu’Internet exerce un véritable pouvoir d’attraction sur l’être humain. Il en est souvent dépendant. Aspiré par ce que les médias sociaux proposent de plus attrayant : Le sentiment d’exister à travers un réseau. Les médias sociaux mettent alors en place des outils afin de renforcer ce sentiment, pour ne pas que « l’émetteur » s’épuise. Ce sont les boutons d’interactions envoyant des « accusés de réceptions » réconfortant. Outre une recherche de considération, il y a aussi une forme de fuite dans l’addiction aux médias sociaux, fuite d’une réalité trop pénible à affronter qu’on évite en procrastinant sur le net. Une fuite de la pensée. Ou encore une façon de se nourrir du vécu des autres, une redécouverte de l’altérité. Autant d’hypothèses que nous testerons. Pourquoi recherche-t-on de l’information ? La recherche d’information est encore intiment liée à l’addiction. A notre insu nous avons vu que l’être humain pouvait avoir « soif » d’informations comme il aurait besoin de nourriture lorsqu’il a faim. L’information ingurgitée, lorsqu’elle est considérée comme importante, alimente le « circuit de la récompense » dans notre système nerveux, déclenchant une sensation de bien être. Si nous en sommes privés, nous développons des signaux de manque nous poussant à se connecter afin de s’informer. Cette question reposant sur un besoin souvent inconscient, car renvoyant chacun à ses propres insécurités, fera l’objet d’un approfondissement particulier dans le questionnaire. Les médias sociaux créent-ils une dépendance ?   43  
  • 44. La revue de littérature a spécialement mis ce point en relief. Des études et des témoignages vont dans ce sens. Les médias sociaux agiraient comme une drogue sur le système nerveux. Nous tenterons de quantifier ce phénomène, qui semble inéluctable pour une grande partie des internautes. La multiplication des écrans crée-t-elle un sentiment d’infobesité ? Nous avons vu que le temps passé devant un écran a considérablement augmenté ces dernières années. Cette exposition génère un flux d’informations inédit pour le cerveau. Dans la revue de littérature nous avons mis en évidence les difficultés que cela engendre pour l’analyse et le traitement d’informations. Dans le questionnaire nous vérifierons ce sentiment d’infobesité.   44