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À BOUT DE SOUFFLE
LES ÉNERGIES ALTERNATIVES
EN ZONE URBAINE
2 3
Mémoire
Domergue Florian
DSAA Spécialité Design mention Produit
Promotion 2015
VERS LE PROJET
VERS DES SOLUTIONS
LES ZONES ENVISAGÉES
LES ÉNERGIES POTENTIELLES
CONCLUSION	
REMERCIEMENTS
RESSOURCES
ICONOGRAPHIE
AVANT-PROPOS
UNE RÉFLEXION PROGRESSIVE
INTRODUCTION
HISTORIQUE
L’ÉNERGIE, LES AVANCÉES
L’ÉNERGIE, QU’ENTENDONS-NOUS PAR LÀ ?
L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ET SOCIÉTALE
ALLONS-NOUS VERS UN CHANGEMENT ÉNERGÉTIQUE ?
LES ÉNERGIES RENOUVELABLES
DES MODES DE VIE ALTERNATIFS...
LES PAYS NORDIQUES
LA VILLE DURABLE ET LES ECO-QUARTIERS
UNE TRANSITION EN MARCHE
ET L’URBANISME DANS TOUT ÇA.
LES CHANGEMENTS ET ORIENTATIONS
LE PÔLE D’ACTION
LE DESIGNER PRODUIT, UN ACTEUR DU CHANGEMENT
LES CHOIX DU TERRITOIRE
SOMMAIRE 75
111
113
115
117
119
121
125
129
7
9
13
15
16
17
19
33
51
65
67
71
79
87
88
97
99
105
6 7
AVANT-PROPOS
UNE RÉFLEXION PROGRESSIVE
77
8 9
Ce projet a su évoluer tout au long
de cette réflexion. J’ai donc souhaité
mettre en avant ma démarche, mon
évolution par rapport à ce projet.
Nous sommes actuellement confron-
tés à des enjeux écologiques. Les
ressources énergétiques utilisées se
tarissent, le climat et l’air se modi-
fient. Le modèle que nous connais-
sons depuis l’avènement des éner-
gies fossiles n’est plus adapté. Un tel
changement touche les conditions
de vie des usagers, l’économie, la
société, l’urbanisme, etc.
Nous allons devoir évoluer pour
continuer à vivre dans de bonnes
conditions, notamment à moyen et
long terme, et pour les générations
futures.
Ces réflexions autour des moyens
de consommation et de production
d’énergie ne sont pas nouvelles.
De nombreux domaines d’activités,
des professionnels et des usagers
ont cherché à y répondre avec plus
ou moins de succès, de viabilité,
d’utopie.
La variété de ces réponses permet
d’interroger diverses fonctions, diffé-
rents usages.
Mon approche initiale consistait à
explorer l’espace urbain, plus pré-
cisément les zones délaissées, les
friches, etc. Je m’intéressais à un
espace local, proche des consom-
mations d’énergies, permettant de
rapprocher la production, au lieu de
produire de façon centralisée.
Produire localement garantit ef-
ficacité, sobriété et une moindre
consommation énergétique. Il est
techniquement possible de déve-
lopper ces systèmes de production
locale avec des moyens alternatifs et
renouvelables.
Le but initial de ce projet est de
créer des dispositifs favorisant l’éco-
nomie locale et utilisant des éner-
gies renouvelables.
Mettant ces notions en relation, un
paramètre primordial semblait man-
quer. Je ne pouvais favoriser les
énergies renouvelables sans me
UNE RÉFLEXION PROGRESSIVE
8
10 11
confronter aux usagers.
Au lieu de me limiter à la simple
production, je ressentis le besoin de
créer un rapport plus proche avec le
consommateur.
En réorientant ma démarche, le
projet prend plus d’ampleur.
Analyser la finalité des énergies
n’empêche pas qu’il soit difficile de
les comprendre.
Il fallait pour cela relier usager et
produit, renouveler les comporte-
ments, interpeller les usagers.
Favoriser et questionner les énergies
alternatives, interroger les zones ur-
baines, les lieux à forte cohésion so-
ciale, les lieux significatifs, etc.
Agir au sein des lieux de vie ouvre à
un rapport direct entre le dispositif et
l’usager.
Pour permettre de se confronter
avec les énergies alternatives, il
faut créer une interaction : sensibi-
liser la population à l’énergie et à
la consommation énergétique, in-
terroger les scénarios d’usages, les
évolutions sociétales, les besoins en
zones urbaines, interagir à la vue de
tous.
Questionner ces interactions avec
l’usager n’est-ce pas là une dé-
marche de designer ?
Un produit faisant signe permet de
mobiliser le toucher, la vue, l’ouïe.
Le projet doit s’orienter vers des so-
lutions actives, progressives, pour
renouveler et activer des compor-
tements moins énergivores. Il faut
mettre l’usager dans une relation
participative, pour provoquer une
prise de conscience induite, tout
en restant décideur de ses choix.
Le dispositif sera un activateur de
solutions, et non un projet morali-
sateur, contraignant, où l’usager se
ferait réprimander parce qu’il a trop
consommé.
Comment imaginer aujourd’hui
consommer mieux, plus efficace-
ment et plus en harmonie avec la
nature ? Par quels moyens visualiser
l’énergie et notre demande éner-
gétique ou même comprendre nos
consommations ?
Pour répondre à ces questions, il
faut que le projet s’appuie proba-
blement sur des notions pédago-
giques, plastiques, attrayantes et
participatives.
Il faudra impliquer l’usager, afin
qu’il s’enrichisse de façon sociale et
comportementale, voire financière,
ce qui permettrait de vaincre cer-
taines résistances.
Il faut donc agir en convoquant dif-
férents sens, s’appuyant peut-être
sur des techniques et procédés an-
térieurs, générant des signes plas-
tiques, logistiques, voire urbanis-
tiques forts.
C’est un projet dynamisant la
confrontation aux énergies alter-
natives, qui pourrait faire évoluer
les pratiques, les gestes, partici-
pant à une mouvance commune et
progressive.
Cette réorientation m’a conforté
dans le fait que le designer se doit
de trouver des pistes réflexives en
relation avec les utilisateurs. Cela
pourrait remettre en question un
manque d’efficacité dans l’élabora-
tion du projet, mais je pense que ce
contretemps est positif. Personnelle-
ment, je pense que l’adaptabilité est
une des compétences cruciales pour
être designer. Savoir se remettre en
question montre une certaine matu-
rité, ce qui permet de questionner le
projet avec un regard différent, tout
en intégrant les conseils et critiques
émises lors d’échanges.
12 13
L’énergie tient une place cen-
trale dans la vie de l’Homme. La
constante recherche du confort et
du progrès est en lien étroit avec les
évolutions des énergies et des socié-
tés. À chaque période d’évolution,
l’énergie a été une des caractéris-
tiques fortes pour subvenir aux be-
soins. Aujourd’hui, les progrès tech-
niques permettent de disposer d’une
énergie facilement accessible, à tel
point que nous l’utilisons presque
sans la remarquer.
Nous sommes à une période char-
nière, la crise énergétique que nous
subissons et allons subir va grande-
ment remettre en question les sys-
tèmes actuels. Les énergies fossiles
se tarissent, le climat change, les
effets néfastes de la dépendance
aux énergies carbonées mettent en
péril l’environnement, la vie.
Comment nos générations futures
vont-elles vivre, ou survivre ?
Plus qu’une tendance écologique,
c’est toute une communauté ci-
toyenne qui va devoir repenser ses
habitudes, en impliquant un profond
changement économique, énergé-
tique et sociétal. Divers domaines
interviennent et questionnent ces
changements, comme l’urbanisme,
l’architecture, la politique...
Le designer tient une place fon-
damentale dans l’élaboration des
futurs questionnements de la so-
ciété. Il a la capacité d’être à la
croisée des domaines lui permettant
d’élaborer de nouveau scénario
répondant à des besoins et usages
actuels, futurs.
Le projet proposé questionnera
la relation et la compréhension
de l’énergie, cette force non per-
ceptible, mais si centrale dans la
société. L’objectif étant de mettre
au centre de nos lieux de vie des
moyens de captations, d’informa-
tions permettant de mettre en visibi-
lité cette énergie. Impliquer l’usager
pour qu’il devienne acteur de cette
transition énergétique et peut-être
lui faire changer de comportement
et de mode de consommation.
INTRODUCTION12
14 15
HISTORIQUE
L’ÉNERGIE, LES AVANCÉES...
L’ÉNERGIE,
QU’ENTENDONS-NOUS PAR LÀ ?
L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ET SOCIÉTALE
ALLONS-NOUS VERS UN CHANGEMENT
ÉNERGÉTIQUE ?
LES ÉNERGIES RENOUVELABLES
715
16 17
Le rapport aux énergies n’est pas
récent. Nous sommes fascinés par
l’énergie, son approvisionnement est
une des préoccupations majeures.
L’énergie désigne tout ce qui permet
d’effectuer un travail, de la lumière,
produire de la chaleur, un mouve-
ment. La première énergie connue
est celle qui permet à toutes les
espèces vivantes de se mouvoir.
L’énergie ; un équilibre ancestral, les
espèces consomment de l’énergie,
elles doivent donc en produire ou
s’en procurer pour vivre.
Il existe deux lois fondamentales va-
lables dans tout l’espace connu :
- La quantité totale d’énergie reste
inchangée.
- L’énergie se transforme, elle ne se
crée, ni se détruit.
Ses effets nous entourent, sans vrai-
ment la voir, elle est le moteur de
notre monde.
Le mot énergie vient du grec, ener-
gia, qui signifie « force en action ».
Cela implique la possibilité d’un
changement d’état.
La population augmente, les besoins
et usages en énergie sont de plus en
plus considérables. Au départ, les
énergies ont été exploitées en obser-
vant la nature et en reproduisant les
phénomènes naturels. Puis, nous les
avons manipulées et conquises.
Sans leurs expériences nous n’en
serions pas là. Nos ancêtres ont
permis de faire évoluer la société
jusqu’à ce jour, mais les solutions
employées, et les plus utilisées dans
le monde actuellement sont épui-
sables et polluantes. Il faut qu’une
prise de conscience collective se
développe pour amener à un chan-
ger de système énergétique, vers
des technologies plus propres et
renouvelables.
L’ÉNERGIE,
QU’ENTENDONS-NOUS PAR LÀ ?16
18 19
La relation entre l’énergie et
l’homme dure et évolue depuis
des siècles. Ces échanges ont non
seulement permis de nous déve-
lopper culturellement, mais ils ont
aussi permis de créer nos sociétés
actuelles, résultat du travail de nos
ancêtres.
Sans lister de manière exhaustive
les innovations et les faits majeurs
des énergies, quelques évolutions
ne peuvent être négligées. Entre
autres, des figures emblématiques
de l’étude de l’énergie, comme Al
Jazari ou Léonard de Vinci.
Nous sommes l’espèce animale qui
a su domestiquer, produire, et diffu-
ser l’énergie.
L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ET
SOCIÉTALE18
La naissance de l’agricul-
ture vers 7500 av. J.-C.
a développé l’exploita-
tion des énergies pour
substituer ou du moins
aider les humains. C’est
le début de l’exploitation
de l’énergie cinétique,
permettant de répondre
à des besoins évolutifs.
De l’espèce animale à l’hominidé...
La maîtrise du feu, permet aux
premiers hommes d’évoluer dans
la vie quotidienne. Les usages
changent, les liens et la sédentari-
sation s’accentuent. Les premières
traces de la domestication du feu
remontent à 790 000 ans av. J.-C.
Les premières poteries décou-
vertes dateraient de
20 000 ans av. J.-C.
Elles montrent des traces
de l’utilisation de l’énergie
solaire. Cela apportait une
aide supplémentaire, pour
déshydrater les végétaux,
pour sécher la terre, pour
créer toutes sortes d’objets,
ustensiles...
CES CHANGEMENTS
METTENT L’ÉNERGIE AU
CENTRE DE LA VIE DE
L’HOMME.
Vers 3000av. J.-C, les
civilisations s’engagent dans
la conquête de l’espace ma-
ritime de longue distance.
C’est à cette période que les
peuples d’Océanie déve-
loppent des embarcations
utilisant des voiles, faites en
peaux de bêtes tendues. À
travers ces nombreuses ex-
périmentations, les hommes
ont compris que la force du
vent pouvait être exploitée.
C’est la naissance de l’éner-
gie éolienne.
Dés l’Antiquité, des moulins à vent
convertissent la force du vent en
énergie mécanique. Ils permettent
d’effectuer de nombreux travaux
(pomper...)
C’est une étape fondamentale
dans l’évolution, les moulins sont
les premiers systèmes de captation
et de transcription d’une énergie
pour l’homme.
C’est la naissance d’un produit
faisant signe, perceptible aux yeux
de tous. Plus tard, la vie rurale
sera rythmée par les moulins à
vent et les meuniers.
Au cours du 1er
siècle av. J.-C,
Héron d’Alexandrie,
un ingénieur grec,
construit un système
fonctionnant à la
vapeur. L’Éolipyle
est une sorte de
jouet. Ce mode de
production d’éner-
gie sera réexploité
bien plus tard.
22
Al-Jazari.
C’est une des figures du monde musulman.
Peu connu en Occident, il a su mettre son
inventivité à profit pour les populations au
XIIe siècle de l’ère chrétienne. Cet ingé-
nieur kurde a réalisé de nombreuses inno-
vations, descriptions mécaniques, recen-
sées dans son manuscrit monumental Livre
de la connaissance des procédés méca-
niques (1206). Ses études et ses pratiques
des arts mécaniques pour améliorer la vie
des usagers font de lui et de ses projets
une référence. En effet, ces systèmes sont
visuellement et efficacement intéressants.
Les cinq sens sont conviés, ce qui rend plus
compréhensibles les effets de l’énergie et
les forces non perceptibles.
Léonard de Vinci
C’est un des précurseurs de nombreux principes et
machines qui ont été repris par des successeurs. Cette
figure de la Renaissance a exploré de nombreux do-
maines, même les énergies. Ses études prospectives
alliant ingénierie, sciences et arts font de lui un expert
des principes mécaniques et énergétiques. Il étudie les
énergies cinétiques, les flux, l’air... Ses principes certes
non fonctionnels, ou en partie, sont mis en puissance
par des systèmes visuellement puissants, forts d’in-
térêts. Les techniques de production et de captation
des énergies utilisés jusqu’ici sont théorisées, et cela
permettra de faire comprendre ces systèmes. On
retrouve de nombreuses inventions et théories dans
ses manuscrits, Journal des inventions de Léonard
Vinci. De nombreux principes tels que les sciences de
l’énergie hydraulique sont encore utilisés aujourd’hui.
On les retrouve généralement dans les systèmes de
production centralisés, sans usagers. Ne serait-ce pas
intéressant les avoir au pré des utilisateurs ?
24 25
« … Nous n’avions pas encore l’habitude de voir fonctionner
tant de machines sans cause apparente. Ces procédés occultes
déroutaient l’esprit. Le secret de leur existence nous échappait. Ces
transformations, ces métamorphoses rapides paraissaient tenir du
prodige. Et l’on se surprenait presque à demander quel était le
machiniste qui, comme dans les dessous d’un théâtre, présidait à
cette œuvre magique. En effet, au fond, n’était-on pas au milieu d’un
vaste théâtre ? … »
Extrait : HENRI DE PARVILLE, L’électricité et ses applications, 1883.
Questionnant les énergies, il me
semble plus pertinent de partir d’une
période semblable à la nôtre.
La révolution industrielle du XIXe
siècle montre une évolution nette
de la société. La société agraire et
artisanale, devient une société com-
merciale et industrielle.
Le transfert entre cette période et
la nôtre peut sembler inappro-
prié. L’énergie électrique étant mé-
connue, le public lambda semblait
dérouté par ces forces. Comment
avoir confiance dans un système
non habituel ? Il me semble que
cette réticence reste perceptible au-
jourd’hui, nullement sur l’électricité
et ses moyens de production, mais
envers les énergies alternatives.
Un regard sur l’énergie dans sa
désignation la plus commune qui
semble encore « magique, incom-
prise, tenant du prodige ». Comme
HENRI DE PARVILLE le dit dans son
texte de 1883 ; l’avènement des
énergies électriques échappait à
la compréhension du public lors
de cette Exposition universelle. Le
public semblait voir une œuvre ma-
gique faisant mouvoir des machines,
comme dans un vaste théâtre. Mais
ici, aucun homme ne mettait ces
systèmes en marche. Pourtant, dé-
routés par toutes ces nouvelles in-
novations, les usagers allaient par
la suite changer leurs pratiques et
habitudes au quotidien.
24
26 27
« … Seulement ici le machiniste, c’est une force si subtile, qu’elle est
restée pendant des siècles insaisissables ; elle glissait entre nos mains ;
elle s’échappait sans cesse avec la vitesse de l’éclair ; c’est à peine s’il
était possible de l’entrevoir.
Aujourd’hui, emprisonnée, conquise, elle est la force souple et
maniable par excellence ; elle sera bientôt la puissance souveraine qui
transformera le monde.
Pauvre petite étincelle de nos informes machines d’hier, elle aura été
l’aurore d’une civilisation nouvelle ! »
Extrait : HENRI DE PARVILLE, L’électricité et ses applications, 1883.
Si certaines découvertes n’avaient
pas eu lieu, nous n’en serions pas
là.
Mais l’énergie électrique, force invi-
sible reste encore un concept subtil.
Il me paraît évident que la concep-
tion actuelle de l’énergie reste floue,
surtout pour la population. Nous
en connaissons, nous en voyons
les résultats et les effets dans notre
vie de tous les jours. Malgré une
longue période d’utilisation, cette
force reste encore mystérieuse pour
nombre d’entre nous.
Selon Henri De Parville, cette éner-
gie manipulée à nos fins permettra
à la société d’évoluer, et nous pou-
vons dire que ce récit est visionnaire.
Car oui, si nous n’avions pas ma-
nipulé et maîtrisé cette énergie,
nous pouvons nous demander si la
société actuelle serait semblable.
L’électricité est la forme d’éner-
gie la plus utilisée dans le monde
actuel, ce qui conforte entièrement
les propos d’Henri De Parville. Mais
sans remettre en question l’efficacité
de production de cette énergie, nous
pouvons dire que cette dernière est
clairement identifiée comme une
force difficilement visible, palpable.
26
28 29
Il est intéressant de positionner ma
réflexion à partir de la Révolution
industrielle du XIXe siècle. De nom-
breuses innovations technologiques
surtout dans le domaine des éner-
gies sont exploitées encore à ce jour.
Dès 1850, le pétrole est utilisé
comme matière première et il de-
vient une énergie importante dans
la société. Notamment avec l’inven-
tion du moteur à explosion, encore
aujourd’hui très utilisé pour nos
véhicules.
Mais nous devons prendre
conscience que la réserve de cette
source diminue, elle est une res-
source précieuse, notamment pour
la fabrication de nos objets, vête-
ments, etc.
Devrons-nous nous passer de ces
avantages dans le futur ? Si nous
ne mettons pas en place un système
énergétique renouvelable avec les
habitudes de consommation ac-
tuelles, nous irons vers un épuise-
ment certain de cette ressource. Les
solutions renouvelables existent et
sont déjà utilisées, il faut donc se di-
riger vers de nouvelles solutions.
Bien que son principe soit compris
dès le XVIIIe siècle, l’électricité est
une des énergies symbole de la
Révolution industrielle (le charbon
et la vapeur sont les autres vec-
teurs puissants). Une invention qui
a marqué cette période est l’am-
poule à incandescence, inventée
par Joseph Swann et améliorée par
Thomas Edison. Cela a révolutionné
les systèmes d’éclairage. Les réseaux
électriques ont été créés en déve-
loppant les centrales électriques.
Edison fonde un empire mondial de
l’énergie, Edison General Electric
Company. Il invente aussi la pre-
mière pile alcaline en 1915, qui fait
évoluer le domaine du stockage de
l’énergie.
La révolution industrielle de 1850 et l’avènement des énergies fossiles a
radicalement changé nos sociétés. On passe en effet d’une société agricole
et artisanale à une société commerciale et industrielle. Cette évolution
a aussi bouleversé les conditions de vie des hommes, leurs villes, leurs
habitats.
30 31
Peu de temps après la Révolution
industrielle, à la fin du XIXe siècle,
l’énergie nucléaire est découverte.
Ce fut d’abord une découverte for-
tuite, Henri Becquerel s’aperçut que
les sels d’Uranium généraient un
rayonnement sur des plaques de
photographie.
Plus tard, Pierre et Marie Curie s’ap-
puieront sur cette découverte, et
étudieront les éléments chimiques
qui en sont l’origine. Dès lors, les
études des minéraux actifs et sur les
rayonnements se suivront de nom-
breux travaux, jusqu’à la maîtrise
des réactions en chaîne, en 1939.
Elles sont provoquées lorsqu’il y a
fission de l’uranium, en le bombar-
dant avec un neutron, permettant
de provoquer une autre fission, li-
bérant et projetant des neutrons, qui
provoqueront la fission d’un autre
atome d’uranium, et ainsi de suite.
Cette réaction en chaîne permet
de produire une quantité d’énergie
énorme.
Dès 1950, grâce à cette maîtrise,
la première centrale nucléaire du
monde produit de l’électricité aux
États-Unis. Durant cette période
post-guerre, la croissance écono-
mique et la prospérité des décen-
nies suivantes seront accompagnées
d’une exploitation sans retenue des
ressources naturelles. Mais la Terre
n’est pas une source illimitée.
Dès 1931, Paul Valéry écrivait :
« Le temps du monde fini
commence !  »
Depuis un certain nombre d’années,
les responsabilités des êtres humains
et leurs méthodes sont remises en
question.
Pourquoi parler d’un monde fini
dès 1931 ? Les habitudes de vie
des hommes montraient-elles déjà
les traces d’une croissance de
consommation énergétique trop
importante ?
Pourquoi se priver de sources éner-
gétiques moins néfastes, alors que
celles qui sont utilisées sont limitées,
et deviendront économiquement
chères ?
Pourquoi ne pas utiliser davantage
les énergies renouvelables, et donc
plus propres, pour développer
nos systèmes énergétiques, notre
économie ?
Devons-nous créer une rupture
entre les moyens de production,
de consommation des énergies
actuelles pour développer les
renouvelables ?
Je ne pense pas, au contraire.
Il faut s’appuyer sur ces systèmes
mis en place, pour développer des
nouveaux moyens, en créant une
transition commune, comprise et
gérée. Créer une rupture peut être
néfaste, je pense que les usagers
seront plus ouverts et compréhensifs
en passant par des moyens facile-
ment intégrables dans leurs habitu-
des de vie.
32 33
Les années 1960 ont fait naître des
prises de conscience écologique
collectives, aux différents accidents
industriels survenus comme
Donora, Minamata, Torrey
Canyon.
Cette conscience se revendique
contre une société intolérante, ma-
térialiste et misogyne.
Mais ces revendications ne pren-
dront pas un essor assez important,
du fait des années de crise, de pri-
vations, de tensions traversées par
la population (temps de guerre).
ALLONS-NOUS VERS UN CHANGEMENT
ÉNERGÉTIQUE ?
Donora, Pennsylvanie,
États-Unis, 1948 :
Smog toxique1
, 20 morts,
7000 hospitalisés.
1. SMOG TOXIQUE
Le terme smog fait référence à un mélange toxique de gaz et
de particules que l’on peut souvent observer dans l’air sous
forme de brume sèche. Il est associé à plusieurs effets néfastes
sur la santé et l’environnement.
Torrey Canyon, 1967 :
Naufrage du Torrey Canyon,
pétrolier échoué entre
la Cornouaille et les îles
Sorlingues,
119 000 tonnes de brut
déversées dans la mer.
Minamata, Japon, 1956 :
Pollution de l’eau par des sels
de mercure, 250 morts,
100 000 empoisonnements.
34 35
La Terre vue de la Lune
(NASA)
Pourtant, la diffusion d’une
conscience écologiste est grandis-
sante face aux catastrophes indus-
trielles répétées, qui mettent de plus
en plus en lumière la responsabi-
lité des hommes par rapport à la
nature.
Ces doutes et questionnements
prendront plus d’ampleur, lorsque
la population et ses élites seront
confrontées à l’image de la Terre
vue de la Lune, par Armstrong et
Aldrin, en 1969.
Voyant dans cette Terre, icône du
vivant , un monde clos, perdu au
milieu de l’univers.
Alors que l’on magnifiait la puis-
sance de l’homme, c’est une vérité
bien différente qui en ressort. En
effet, l’image de cette Terre, bleue,
contrastant avec l’univers noir et
infini qui l’entoure métamorphose
la vision du monde comme on
l’entendait.
Contemplée, la Terre icône du
vivant renvoie à l’homme le reflet de
sa condition, de sa richesse, de ses
limites et de son devoir de partage.
Changer de regard face à son habi-
tat devient une soudaine et inatten-
due nécessité.
C’est un monde fini et clos, qui est
limité tout comme ses ressources.
Cette prise de hauteur questionne
sur la nécessité de prendre du recul
face à nos conditions.
Nous connaissons les consé-
quences futures, résultat des sys-
tèmes développés jusqu’à présent.
Devons-nous attendre et voir les
effets irrémédiables pour agir et
comprendre ?
37
Lorsque Les Trente Glorieuses
s’achèvent avec le choc pétrolier de
1973, cela entraîne une crise éco-
nomique et énergétique qui souligne
les limites des ressources naturelles
exploitées.
En effet, dès 1970, la consomma-
tion humaine des ressources na-
turelles commence à dépasser les
capacités biologiques de la Terre,
comme nous le montre Thierry Ka-
zazian, dans son livre Design et dé-
veloppement durable, Il y aura l’âge
des choses légères, 2003.
L’auteur met en évidence les problé-
matiques liées à l’empreinte écolo-
gique1
mondiale. Ici, en 1999, nous
voyons que cette donnée a aug-
menté en moyenne de 1,6 %/an de
1961 à 1999.
Même si ce graphique joint n’est
pas d’actualité, nous voyons effecti-
vement des problématiques inscrites
depuis au moins une décennie.
Comment répondre à la croissance,
aux besoins grandissants d’une po-
pulation augmentant, tout en rédui-
sant notre impact ?
Les limites des ressources natu-
relles étaient déjà soulignées par
des scientifiques du MIT en 1971,
regroupés sous le Club de Rome,
dans un ouvrage appelé Halte à la
Croissance.
Même si très excessif, voire erroné,
cet ouvrage tente de déterminer
quelles seraient les conséquences
d’une explosion démographique des
pays du Sud, ainsi que les modes de
vie des pays du Nord.
La généralisation des standards
américains pourrait multiplier par
sept la consommation des res-
sources naturelles.
Une alternative préconisée, « la
croissance zéro », mais met-
tons-nous d’accord, cela ne peut
être envisagé à l’échelle mondiale.
En revanche, cette vision remet-
tra en question et interpellera les
politiques.
Le développement industriel se mon-
dialise, évolue et se confronte à la
biosphère.
En 1999, l’empreinte écologique
par personne des pays à hauts re-
venus était en moyenne six fois
1. EMPREINTE ÉCOLOGIQUE
C’est une mesure de la pression qu’exerce l’homme sur la nature. C’est un outil qui évalue la surface productive
nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d’absorption de déchets.
Pour comprendre, c’est comme si un bûcheron exploitait sa forêt au-delà de sa capacité de régénération, ou qu’une
entreprise puisait dans son capital pour faire face à ses dépenses. Développé depuis 1994 par deux chercheurs
américains, William Rees et Mathis Wackernagel, et mis en avant par le WWF. (World Wildlife Fund)
En 2010 ces données
étaient toujours en
augmentations
(source WWF).
38 39
plus élevée que les pays à faibles
revenus.
Toujours pour cette période, cet
outil a mis en évidence une pro-
ductivité biologique de 1.9 hectare
par personne, mais cette empreinte
écologique mondiale couvrait 2.3
hectares par personne, soit un dé-
passement de 20 % de la capacité
de la Terre. (Graphiques p 36)
On comprend que ces dépasse-
ments nuisent à la biosphère et
risquent de menacer le futur des
espèces humaines, animales et le
monde en général.
Dès 1987, le premier protocole
visant à arrêter l’usage des gaz
destructeurs de la couche d’ozone
est signé. Il rentre en vigueur en
1989 par un accord sur les enjeux
environnementaux conclu par les
industries.
C’est une des premières grandes
réussites concrètes dans l’histoire
de la protection de l’environnement.
Ce qui amènera à une demande de
produit prenant en compte cet
aspect.
Il faut préserver la Terre, ce qui
passe par l’utilisation de matériaux
bruts et médiocres, habillés de cou-
leurs végétales, naturelles. Mais
cette demande sera plus orientée
vers une démarche commerciale,
marketing, déculpabilisante.
Mais est-ce suffisant ?
Quels seraient les effets si les pays
en développement accédaient à une
standardisation industrielle comme
les pays développés ?
En 1990, un Américain consom-
mait un volume énergétique équi-
valant à celui de 6 Mexicains, 531
Éthiopiens, 38 Indiens (Organisa-
tion mondiale de la Santé) ; ce qui
met en évidence une équation bien
connue.
Comment résoudre ces
problématiques déjà mises en évi-
dence depuis les années 90 ?
Pouvons-nous et avons-nous envie
de répondre à ces questions ?
En tant que designer, ces ques-
tionnements dépassent mes
compétences.
Mais ils permettent de repositionner
et de valider les enjeux auxquels je
me confronte pour ce projet.
Certes, je ne peux sauver et aider
le monde pour subvenir aux be-
soins énergétiques. Mais je peux
éventuellement déjà m’appuyer sur
des zones plus concentrées pour
intervenir.
Nous avons besoin d’énergie, nous
avons les compétences pour réduire
nos impacts écologiques, pour ré-
duire nos consommations, pour
produire plus proprement. Pourquoi
attendre ?
Même si nous agissons à petite
échelle, il faut bien commencer
pour répondre aux enjeux environ-
nementaux futurs.
Je ne réponds pas à des besoins
énergétiques pour des pays en dé-
veloppement, au contraire. Mais
je pense qu’il est indispensable de
revoir les conditions d’accès aux
énergies des pays développés, pour
remettre en question les modes de
vie actuels. Car ici, nous devons
changer d’habitudes, de scénarii de
vie, de comportements ; et là, mon
métier peut intervenir et devient
primordial.
Le développement durable,
une solution ?
Présidé par Gro Harlem Brundtland,
la Commission mondiale sur l’en-
vironnement et le développement
publie en 1987, le Rapport Notre
avenir à tous. Il décrit l’état de la
planète, et expose la relation entre
le devenir des communautés hu-
maines et celui des communautés
écologiques. Ce rapport servira en
1992, pour la conférence de Rio.
Le concept de développement du-
rable naît !
C’est une nouvelle manière d’abor-
der la relation, humain-terre. Il faut
développer une croissance pour
20 % DE LA POPULATION
CONSOMMENT 80 % DES
RESSOURCES NATURELLES
EXTRAITES.
40 41
tous, en préservant l’environnement,
et les ressources, pour les généra-
tions futures.
Cette nouvelle perspective ouvre
alors un horizon en rupture avec les
discours alarmistes, les alternatives
économiques irréalistes antérieure-
ment développées.
Cette proposition « rupture » permet
d’intégrer une multitude de carac-
téristiques en lien avec les sociétés
humaines telles que l’environne-
ment, le futur économique, social et
culturel.
Cela est donc radicalement opposé
aux anciens modèles économiques.
Ce nouvel horizon développe une
relation de coopération et de pré-
servation de la nature en intégrant
l’humanité.
C’est un tournant, qui permet aux
sociétés de développer les futurs
scénarios économiques, sociaux,
énergétiques des années à venir.
Mais est-ce assez ?
Car la croissance pour tous tend à
donner des équilibres et non des
objectifs clairs et précis.
Mais nous le savons, les écarts entre
les pays industrialisés et ceux qui
ne le sont pas sont de plus en plus
importants.
Et ces inégalités sont aussi visibles
au sein des sociétés dites dévelop-
pées. Donc, comment agir pour
tous ?
Est-ce une utopie ?
À une échelle importante, comme
un pays, cela semble irréalisable.
Mais à l’échelle locale, nous pou-
vons agir ; développer des mi-
cro-économies, micro productions
énergétiques, microsociétés au ser-
vice de tous, peut faire naître une
révolution progressive pour subvenir
aux besoins futurs.
Devons-nous attendre un progrès
technologique ou nous appuyer sur
des systèmes antérieurs pour ré-
pondre à nos besoins grandissants ?
Devons-nous attendre des technolo-
gies futures pour agir ?
Comme le projet de captation d’Hé-
lium 3 sur la Lune, qui permettrait
de subvenir à nos besoins, selon les
scientifiques. Aller chercher du gaz
sur la Lune, et le ramener pour éviter
de prendre des risques environne-
mentaux sur notre planète avec la
fracturation hydraulique. Voilà un
des objectifs fixés par une entreprise
russe S.P Korolev Rocket and Space,
voulant créer une mine Lunaire d’ici
2030. Cette piste est aussi étudiée
par la Chine.
Comment réagir face à cette am-
bition ? Devons-nous revenir aux
systèmes tels que ceux que nos an-
cêtres utilisaient ? Des moyens utili-
sant la nature, tels que les moulins,
les animaux, etc.
Cela remettrait en question le cycle
de vie, la temporalité des sociétés
actuelles.
Le problème est la demande crois-
sante d’énergie. Évoluer en rupture
avec notre système actuel serait
irréalisable.
Comment imaginer vivre autrement,
si cela montre une régression et non
une évolution ?
La première impression de ce
système en acceptation avec la
nature pourrait être perçue comme
régressive.
Mais être en accord avec notre en-
vironnement et intégrer la relation
humain-nature-économie doit au
contraire être un principe fonda-
mental des futures responsabilités
de nos sociétés.
Car la Terre est notre foyer, notre
développement doit le prendre en
compte, car ce foyer n’est pas illi-
mité dans ses ressources.
Mais cette prise de conscience est
difficile à appréhender pour la po-
pulation et selon les pays. Il faut ap-
porter des réponses ouvrant aux dis-
cussions, aux questionnements, pour
intégrer de plus en plus l’environne-
ment à l’ensemble de l’humanité.
C’est en créant abondamment des
échanges, des réponses, des envies
que la conscience collective se gé-
néralisera et deviendra induite. Alors
nous ne parlerons peut-être plus
d’alternatives, de conditions alar-
mistes, d’écosystème en danger.
43
Mais cela, nous en sommes encore
loin…
Et en France, où en sommes-nous
aujourd’hui ? Il faut agir locale-
ment, et le meilleur moyen est de
comprendre dans un premier temps
où en est notre pays. Puis, d’une
échelle nationale, il faudra aller
vers une échelle géographique
locale pour se confronter aux
usagers.
Nous le savons, notre monde est en
pleine mutation et les crises énergé-
tiques témoignent de nos habitudes
de vie.
Nos sociétés sont surconsomma-
trices en énergie. Les énergies fa-
ciles fossiles s’épuisent, le climat
change…
Les énergies et leurs problématiques
sont essentielles aux sociétés, nous
pouvons produire et consommer
plus en accord avec nos besoins.
Les énergies centralisées actuelles
produisent une énergie de masse
subvenant à nos sociétés sur
consommatrices.
Repenser ces systèmes complexes
devient une nécessité et cela est
étudié depuis une longue période,
il faut actionner ces alternatives
pour évoluer vers des solutions plus
propres, moins énergivores, moins
polluantes.
En France métropolitaine la
consommation d’énergie primaire
est d’environ 259.6 Mtep1
, en
2013.
La consommation d’énergie en
France a nettement évolué entre
1973 et 2013. En effet, depuis
1973, la production et la consom-
mation d’énergie ne cessent
d’augmenter.
Des aspects comme la baisse des
sources d’énergie fossiles montrent
une dépendance qui tend à baisser,
mais cela est aussi dû à la raréfac-
tion de ces sources ainsi qu’à leurs
coûts d’exploitation en hausse.
La production en France entre 1973
et 2013 a été multipliée par trois
sur l’ensemble du bouquet énergé-
tique (source calcul Soes).
L’électricité primaire est l’énergie
0
2
4
6
8
10
Électricité primaire
non renouvelable²
41.0
Charbon
4.5
Gaz
14.5
EnR¹
9.5
Déchets urbains
non renouvelables
0.5
Pétrole
30.0
Bois-énergie
3.9
Hydraulique renouvelable³
2.4
Biocarburants
1.0
Déchets urbains renouvelables
0.5
Éolien
0.5
Autres
1.2
1. EnR : énergies renouvelables.
2. Comprend la production nucléaire, déduction faite du solde exportateur d’électricité (pour simplifier,
le solde exportateur est retranché de l’électricité nucléaire) et la production hydraulique par pompage.
3. Hydraulique hors pompage.
1. Mtep : Million de Tonnes équivalent Pétrole. La Tonne d’Équivalent Pétrole (Tep) est une unité de mesure de l’énergie.
Elle correspond au pouvoir calorifique d’une tonne de pétrole, ce qui équivaut à 11 630 kWh. C’est une référence
utilisée dans l’industrie et l’économie. Le pouvoir calorifique est l’énergie dégagée sous forme de chaleur par la réaction
de combustion, autrement dit c’est la quantité de chaleur
Répartition de la consommation d’énergie primaire en
France métropolitaine.
Données en % pour une consommation totale de
259,6 Mtep en 2013.
44 45
Actuellement, la consommation
principale et en augmentation reste
dans le secteur du résidentiel ter-
tiaire, donc nos lieux de vie, nos
villes, nos bâtiments.
Pour répondre à cette consomma-
tion nous produisons une énergie
électrique centralisée, principale-
ment issue du nucléaire. Une pro-
duction éloignée des lieux de vie
et qui engendre des pertes sur les
réseaux d’environ 2 à 3 %. Cela
semble peu, mais consommer et
produire plus propre nécessite aussi
d’améliorer l’efficacité. Si nous pou-
vons réduire dès le départ les pertes,
nous pourrions produire au plus
juste et cela permettrait d’être déjà
moins énergivore.
Développer le rapprochement
production-consommation peut ré-
soudre ces problématiques.
La production massive est actuelle-
ment gérée de manière centralisée,
et ce malgré l’utilisation de sources
renouvelables.
Des efforts notables sont visibles,
mais ils restent néanmoins sur le
système énergétique actuel. Les der-
nières orientations sur l’énergie en
France tendent à renforcer la lutte
contre le réchauffement climatique,
la réduction des GES (Gaz à Effet
de Serre), la réduction de la facture
énergétique et l’utilisation des éner-
gies fossiles.
Ces objectifs visent à augmenter
la part des énergies renouvelables
dans la consommation énergétique
finale jusqu’à 23 % d’ici 2020 ; ac-
tuellement portée à 13,7 %. Il est
aussi question de réduire de 40 %
les émissions de GES d’ici 2030,
abaisser la part du nucléaire pour
une production électrique plafon-
née à sa puissance actuelle de
63,2 GW2
. Enfin il est prévu de ré-
duire la consommation énergétique
finale de 20 % d’ici 2030.
Ces efforts montrent que les ins-
tances supérieures mettent de plus
en plus ces questions au centre de
leurs intérêts.
De nombreuses initiatives régio-
nales, collectives, individuelles vont
qui a vu sa quantité de production
augmenter d’environ quatorze fois,
produite à hauteur de 79 % par le
nucléaire.
L’énergie électrique est donc une
source primaire et principale pour
répondre à nos besoins, nos modes
de vie. Elle reste l’énergie la plus
consommée en France, entre 1973
et 2013 sa consommation a été
multipliée par dix. L’énergie essen-
tielle à nos modes de vie, pour nos
activités, pour nos besoins est l’élec-
tricité. Cette source énergétique
prendra certainement une place im-
portante dans le projet, qu’elle soit
remise en question, utilisée, etc.
Celle-ci peut être décomposée via
plusieurs types de productions.
De 1973 à 2013, la production
d’électricité nucléaire donc centra-
lisée a été multipliée par soixante-
quinze, ce qui représente 74 % de la
production totale ?
La production thermique classique1
a diminué ; de 57 % en 1973 à 9 %
en 2013, ce qui tend à monter une
évolution des moyens de production
plus propres, moins carbonés.
La production de la filière hydrau-
lique a augmenté d’un tiers,
mais sa part a diminué de 39 % à
13 %.
Depuis dix ans, les raccordements
aux réseaux éoliens, photovol-
taïques se sont multipliés, ce qui
assure en 2013 une production de
3 % à partir de l’éolien et 1 % par le
photovoltaïque.
Actuellement, l’énergie la plus ré-
pandue, l’électricité, est consommée
principalement par le secteur rési-
dentiel tertiaire.
C’est le secteur le plus consomma-
teur, après l’industrie (hors sidérur-
gie). En effet, entre 1973 et 2013
la consommation dans le secteur du
résidentiel tertiaire a été multipliée
par plus de cinq.
Nous sommes créateurs de cette
consommation en progression, nous
avons du mal à visualiser l’énergie
dépensée.
Nos modes de vie actuels montent
deux points principaux.
1. Thermique classique : Thermique à combustibles fossiles (charbon et lignite, fiouls, gaz naturel) ou divers*.
*. Divers : gaz de haut-fourneau, de raffinerie, déchets ménagers, résidus industriels, bois, etc.
2. GW : GigaWatt. Unité de mesure de puissance, système international. Le Watt est égal à un Joule pendant une
seconde. Le joule permet de quantifier l’énergie, le travail et la quantité de chaleur. L’unité doit son nom au physicien
anglais James Prescott Joule
46 47
de plus en plus s’interroger sur les
problématiques liées aux énergies.
L’État français tend à mettre en place
des aides, des dispositifs permettant
de mettre les objectifs op.cit. en
actions.
Le secteur du bâtiment est prio-
ritaire, il représente 43 % des
consommations énergétiques. En
plus des rénovations de ces der-
niers, il est nécessaire de mettre en
œuvre des systèmes de production
d’énergie associés. Plusieurs sys-
tèmes permettant de responsabiliser
les usagers devraient être installés
dans les immeubles collectifs.
Les dispositifs tels que les compteurs
de chauffage individuel devraient
être installés depuis janvier 2015
dans les immeubles collectifs. Les
nombreuses aides financières mises
en place par le gouvernement in-
citent les propriétaires à rénover les
bâtiments (TVA à taux réduit, aides
des fournisseurs énergétiques...).
Ces nombreuses initiatives et me-
sures permettent de créer une éco-
nomie florissante sur les questions
énergétiques de demain.
C’est un véritable tournant. Les
usagers vont de plus en plus parti-
ciper à la production d’énergie, les
sociétés gérant actuellement les sys-
tèmes énergétiques continueront de
fournir l’énergie, mais ils devraient
sans doute se tourner vers la ges-
tion complexe des flux énergétiques.
L’échange important dû à la décen-
tralisation des unités de production
d’énergie nécessitera une gestion
importante, réactive et évolutive.
C’est tout un système complexe qui
va se mettre en place au fur et à
mesure, et cela a été compris.
La RTE, société filiale du groupe
EDF, peu connue par la population
française réalisa cette campagne
publicitaire (ci-contre) pour valoriser
et mieux faire comprendre les mé-
tiers et les missions qui vont au-delà
de la simple gestion des pylônes à
haute tension. À ne pas confondre
avec ERDF qui gère le raccordement
entre le réseau et les clients finaux.
La RTE achemine l’électricité entre
les fournisseurs français, européens
et les distributeurs ou industriels rac-
cordés au réseau, tout en assurant
l’équilibre de la production et de la
consommation sur le territoire.
Campagne publicitaire
RTE (Le Réseau de
Transport de l’Électricité),
2014.
« TRANSPORTER L’ÉLECTRICITÉ DE TOUS LES ENDROITS
OÙ ELLE EST PRODUITE...
28 s
22 s
06 s
30 s
25 s
10 s
27 s
21 s
... À TOUS LES ENDROITS OÙ ELLE EST CONSOMMÉE... »
... CONNECTER LE RÉSEAU DE TRANSPORT D’ÉLECTRICITÉ
AUX SOURCES D’ÉNERGIES DE DEMAIN...
50 51
Photographies extrait de :
http://www.greenenergyohio.org/
Charles Francis. Brush
( 1849-1929 ). Un des fondateurs de
l’ industrie électrique Américaine
Un des premiers dispositifs conçu pour
alimenter la maison en électricité,
1888
Par la suite, le Danois Poul La Cour est
considéré comme le Père de toutes les éoliennes
moderne
Éolienne en ossature bois, d’un rotor de 17 m de
diamètre, et de 144 pales en bois de cèdre. D’une
puissance à son maximum de 12 kWh1
.
En comparaison, un foyer européen a actuellement
une consommation moyenne d’électricité de 11 kWh
par jour.
Un des premiers dispositifs conçus pour alimenter la
maison en électricité, en 1888 par Charles Francis
Brush
L’utilisation des énergies dites renou-
velables n’est pas récente. En effet,
l’homme s’est souvent servi de la
Nature pour produire, consommer
de l’énergie telle que le solaire,
l’éolien, la biomasse…
Mais l’évolution rapide et surtout
orientée vers le commerce et l’in-
dustrie dès la révolution industrielle
va mettre ces systèmes au second
plan. Certains verront dans les éner-
gies renouvelables une source po-
tentielle de création et d’innovation.
L’invention de la Dynamo par
Zenobe Gramme en 1869 permet
de générer de l’électricité à partir
d’énergie mécanique.
Dès 1887, Charles Brush construit
la première éolienne permettant de
générer de l’électricité ; ce fonda-
teur de l’industrie électrique amé-
ricaine verra son système évoluer,
notamment grâce à Poul la Cour,
un Danois qui théorisa l’influence
du nombre et de la forme des pales
sur l’efficacité de ce procédé, dès
1891.
On verra de nombreux moulins à
eau réhabilités pour produire de
l’électricité. Ils seront cependant mis
au second plan par la suite par l’es-
sor des énergies fossiles.
Les premières centrales hydroélec-
triques sont construites dès la Ré-
volution industrielle. Ce procédé va
démocratiser l’utilisation et la pro-
duction de l’électricité, et ce jusqu’à
ce jour.
En effet, en 2013 l’hydraulique (re-
nouvelable) représente près de 70 %
de la part d’électricité renouvelable
en France.
Quels sont les moyens de produc-
tion d’énergie applicables pour fa-
voriser la transition énergétique de
demain ?
Les modes de production qui vont
être utilisés ne doivent pas juste être
un moyen de substitution aux éner-
gies carbonées.
Ils doivent permettre aux usagers de
se confronter à l’énergie, agissant
en faveur d’un changement com-
portemental et social profond. Si
nous changeons de système, c’est
pour éviter et réduire les risques de
LES ÉNERGIES RENOUVELABLES
1. Page de gauche. kWh : Le kilowatt-heure est l’énergie fournie par une puissance d’un kilowatt pendant une heure.
1 kWh = 3 600 000 J
52 53
demain. Nous nous appuyons sur
des énergies fossiles-faciles, qui
tendent à disparaître, qui sont plus
ou moins polluantes, néfastes pour
l’homme et son environnement.
Les dispositifs centralisés actuels ne
mettent pas l’énergie au centre des
lieux de vie. Il faut parvenir à inté-
grer la production dans les zones
urbanisées, et ce en diminuant les
risques climatiques, industriels, tout
en mettant à la vue de tous la rela-
tion nature-homme-économie.
Les avancées technologiques per-
mettent de développer, favoriser
les énergies renouvelables ; c’est
un mode de captation à mettre
en place et qui passe par l’in-
teraction énergie-lieux de vie,
homme-énergie.
Actuellement, les énergies renouve-
lables sont classées en cinq familles
principales.
Mais la création d’énergies peut
s’envisager au sens plus large avec
des systèmes utilisant les forces mé-
caniques, cinétiques, musculaires,
bien que certains soient implantés
dans les dispositifs renouvelables
(cinétique, mécanique).
L’énergie solaire
L’énergie solaire est à l’origine de la
vie. En effet, réglant le cycle de
l’eau, du vent et de la photosyn-
thèse, les règnes végétal, animal et
humain en dépendent. C’est l’une
des énergies renouvelables la plus
présente, qu’elle soit sous forme
thermique ou électrique. L’homme
capte les rayonnements du soleil
pour transformer cette énergie.
Globalement, la Terre reçoit en
énergie solaire près de 11 000 fois
plus que la demande énergétique
de la population mondiale.
L’énergie solaire thermique consiste
à utiliser la chaleur issue du rayon-
nement, décliné de différente
manière.
- Usage direct, chauffe-eau,
cuisinière...
- Usage indirect, utilisant la chaleur
pour un usage différent, comme
la production d’électricité. Divers
systèmes existent, ils transforment la
chaleur en mouvement mécanique,
servant directement ou pour pro-
duire de l’électricité. Les rayonne-
ments peuvent chauffer un gaz ou
un liquide générant un mouvement
utilisé directement, ou transformé
pour produire de l’électricité.
Ces systèmes sont souvent centrali-
sés, fermés et éloignés des usagers.
Le solaire photovoltaïque consiste
en la captation des rayonnements
solaires par une cellule photovol-
taïque, pour produire de l’électri-
cité. C’est une réaction molécu-
laire, entre les photons (lumière)
et les électrons contenus dans
les panneaux (cellules, matériaux
semi-conducteurs).
Ces systèmes évoluent depuis
quelques années, permettant de les
intégrer au sein des lieux de vie. Il
est vrai que leur esthétique peut frei-
ner le développement de ces dispo-
sitifs en ville, mais il est possible d’y
remédier en faisant intervenir des
notions plastiques, ne négligeant
pas l’efficacité, le rendement.
L’énergie éolienne
Les éoliennes permettent d’exploiter
la force du vent pour produire de
l’énergie. Elles sont directement
issues des anciens moulins à vent.
Il existe différentes typologies d’éo-
liennes, avec des rendements et ap-
plications différentes. Elles sont gé-
néralement utilisées avec un vent de
10 à 90 km/h, et arrêtées au-delà,
pour minimiser les risques et l’usure
des équipements.
L’évolution des technologies à
permis d’augmenter le diamètre des
pales, grâce aux matériaux (polyes-
ter métal, fibre de carbone), permet-
tant un rendement plus important vu
que la puissance des éoliennes est
proportionnelle à la surface balayée
par l’hélice.
D’après l’industrie éolienne danoise,
le bilan énergétique et carbone
d’une éolienne est très favorable.
Seulement deux à trois mois de pro-
duction permettent de rentabiliser
l’énergie consommée pour la réali-
sation du produit.
Au-delà des fermes éoliennes,
55
Les énergies éoliennes et solaires sont les énergies
renouvelables les plus répandues dans le monde.
l’application de ces systèmes peut
être difficile dans les lieux de vie
(pollution visuelle, sonore), mais
c’est justement sur ces probléma-
tiques que nous pouvons créer des
solutions innovantes.
En réduisant la taille des systèmes,
le rendement peut baisser, mais
l’impact et l’effet visuel peuvent être
totalement différents.
L’énergie hydraulique
L’énergie hydraulique met à profit le
déplacement de l’eau, essentielle-
ment pour produire de l’électricité.
Cela englobe les projets de bar-
rages-réservoirs, les centrales éclu-
sées, au fil de l’eau, et les centrales
dans le courant.
La production varie selon les aléas
de l’hydraulicité1
, c’est une énergie
qui remonte jusqu’au Moyen Âge
avec les moulins, permettant de
fournir de l’énergie mécanique. Elle
regroupe plusieurs systèmes de mise
en œuvre :
Les centrales au fil de l’eau qui tur-
binent en continu sans réservoir de
retenue d’eau sont les plus nom-
breuses en France, pour la produc-
tion quotidienne.
Les systèmes hydrauliques génèrent
de l’électricité en transformant
l’énergie cinétique. Les centrales lac,
par éclusées et de pompage-turbi-
nages utilisent des réservoirs pour
répondre au besoin de consomma-
tion supplémentaire. Lorsqu’il y a un
système de rétention des eaux, il est
possible de faire varier rapidement
la production, il assure la sécurité
et la stabilité du réseau électrique,
gère les flux. Ses systèmes per-
mettent de produire de l’électricité,
mais ils sont aussi des centres de
stockage énergétique.
Un procédé encore récent interroge
cette production pour implanter ce
système sur les canalisations d’eau
potable grâce à des micros turbines.
Un rendement faible, mais un impact
quasi nul pour l’environnement,
comme pour le portefeuille (les
deux micros turbines testées à Nice
auraient une puissance de 380KW).
Il serait peut-être intéressant de
1. Hydraulicité : C’est le débit d’eau d’une année ou d’un mois donné, par rapport à une année ou un mois considéré
comme « normal »
56 57
Les centrales hydrauliques continentales constituent
la première des énergies renouvelables dans le
monde : elles produisent près de 83 % de l’électricité
renouvelable.
développer ces techniques sur tous
nos équipements hydrauliques
(égouts, évacuation des eaux grises,
etc).
L’énergie marine
Elle reprend les techniques de
l’énergie hydraulique. Des techno-
logies très diverses peuvent être em-
ployées, et peuvent servir à la pro-
duction d’électricité, d’eau potable,
ou encore d’énergie thermique. Loin
des lieux de consommation, très
dispersée elle est donc difficile à
collecter.
Actuellement, les projets utilisant ces
technologies océaniques, excep-
tées les centrales marémotrices en
sont au stade de recherche, d’ex-
ploration. Leurs différences de pro-
ductivité et de prévisibilité sont très
variables.
Les centrales marémotrices captent
l’énergie du flux hydraulique. Il
faut installer un barrage permettant
d’exploiter la différence de hauteur
d’eau. Des turbines sont entraînées
lorsque l’eau est libérée, comme
les barrages fluviaux. La production
d’électricité a un coût d’exploitation
très faible, une fois l’installation
rentabilisée.
Le rendement de ces installations
pourrait être très efficace.
Les centrales houlomotrices
profitent de la houle des vagues
pour produire de l’électricité. C’est
l’énergie renouvelable la plus dense,
avec un potentiel de production
immense. Prospectivement d’une
capacité proche de la production
nucléaire mondiale actuelle.
Les hydroliennes transforment
l’énergie des courants marins en
électricité. Elles récupèrent l’énergie
cinétique des courants sous-marins,
cela génère plus d’électricité que
les éoliennes, vu la densité de l’eau,
plus élevée que celle du vent.
L’énergie thermique des mers
consiste à exploiter la différence de
température entre l’eau de surface
et les eaux profondes.
Surtout dans les mers tropicales,
avec une différence de température
58 59
pouvant atteindre 20°, cela permet
de produire de l’électricité 24 h/24,
7 j/7.
Cette technique permettrait de rem-
placer les énergies fossiles, surtout
dans ces territoires des tropiques,
permettant une future autonomie
énergétique.
Là aussi, les systèmes reposent sur
une centralisation des moyens de
production. Il sera difficile d’intégrer
cette technologie pour les villes non
côtières.
L’énergie biomasse
La bioénergie regroupe les cultures
énergétiques, les résidus des forêts,
de l’agriculture et de l’élevage, ainsi
que les biocarburants de deuxième
génération.
C’est une énergie jouant un rôle
essentiel dans la vie quotidienne de
nombreux pays émergents.
Également appelée « houille verte »,
l’énergie issue des végétaux est re-
nouvelable, puisque les plantes
poussent sans cesse, grâce à l’éner-
gie du soleil.
On distingue deux types de bio-
masses. La biomasse solide (bois,
paille...) et la biomasse à haute
efficacité.
La biomasse solide est souvent uti-
lisée comme combustible. Elle est
souvent utilisée dans de mauvaises
conditions par les pays émergents,
qui la rendent très néfaste pour la
santé et pour le climat. Ces éner-
gies à faible efficacité énergétique,
comme le bois, le charbon, la
paille, les déjections animales sont
de moins en moins utilisés dans les
zones rurales, ou mieux utilisées. Le
bois par exemple reste un très bon
moyen pour se chauffer, vu qu’il uti-
lise autant de CO2 en brûlant que
ce qu’il a emmagasiné durant sa
croissance.
La biomasse ou bioénergie moderne
à haute efficacité a recours à des
solides, gaz, liquides plus adéquats.
Ils permettent une source énergé-
tique secondaire, qui produit de la
chaleur, de l’électricité, les deux
combinés et des biocarburants pour
divers secteurs.
Les bio gazole, l‘éthanol servent aux
transports routiers et dans certains
secteurs industriels. Les gaz issus
de la biomasse comme le méthane
émanant des digestions anaérobies
de résidus agricoles, de déchets ur-
bains solides permettent de produire
de l’électricité, de la chaleur ou les
deux.
La forêt est le principal gisement
pour la biomasse solide en France,
elle est exploitée pour le chauffage
individuel et collectif, pour l’industrie
et l’agriculture. Très efficaces éner-
gétiquement, ce sont des systèmes
qui se développent de plus en plus.
L’énergie géothermique
La géothermie est issue de l’éner-
gie produite par la Terre, principa-
lement produite par la radioactivité
qu’il y a sous nos pieds. Ce flux
est très faible au niveau de la sur-
face, pour en capter le maximum, il
faut utiliser des forages. La chaleur
provenant est donc emmagasinée
vers la surface. Les fluides géother-
miques extraits (température, com-
position) dépendent de la formation
géologique. Il existe donc une multi-
tude de techniques d’extraction et de
valorisation et donc d’application.
Elle permet de produire de l’élec-
tricité, en captant la chaleur des
nappes aquifères à haute tempéra-
ture. La première centrale date de
1904 en Italie.
Un autre système, produisant de
l’électricité, la technologie du
cycle binaire, mis au point dans les
années 80, qui consiste à utiliser
l’eau des nappes aquifères, pour
chauffer un fluide intermédiaire
(isobutane, isopentane, ammoniac),
qui se vaporisent à une température
inférieure à celle des nappes. C’est
le système le plus diffusé dans le
monde.
La géothermie basse énergie uti-
lise des nappes situées à moins de
100 m de profondeur, dont les tem-
pératures n’excèdent guère 30°. Ce
qui permet d’envoyer directement
l’eau, si elle est assez pure, dans les
radiateurs.
Au cas contraire, on utilise des
pompes à chaleur géothermales.
On distingue aussi, la géothermie
60 61
sur nappe. Ce système nécessite
un grand terrain, en rapport avec
la surface habitable à chauffer. En
revanche, les coûts de fonctionne-
ment sont extrêmement bas (0,03 à
0,06 €/kWh). Ce système de pompe
géothermale à de nombreuses ap-
plications, chauffage de logements,
bâtiments, serres, mise hors gel des
routes...
La géothermie haute énergie ex-
ploite des gisements de vapeur
sèche ou humide (mélange eau
vapeur) à des températures supé-
rieures à 150°, où la géothermie est
particulièrement intense (de 1500 à
3000 m). Utilisée soit pour produire
de l’électricité, de la chaleur ou en
cogénération.
Le bruit et la vibration,
source d’énergie.
Des sources énergétiques plus pros-
pectives peuvent être exploitées.
En effet, des projets questionnent
la production d’électricité par les
bruits générés en ville comme le
projet « Soundscraper », imaginé
par des architectes et urbanistes
français. Ce dispositif serait placé
aux abords des villes, voies de circu-
lation, permettant via des capteurs
piézoélectriques de capter les vibra-
tions créées. Les matériaux piézoé-
lectriques génèrent de l’électricité
grâce à la déformation et à l’écra-
sement des molécules du matériau.
Cette tour de 100 mètres de haut
récupérant l’énergie sonore pourrait
produire jusqu’à 150 MW/h, équi-
valent à 10 % de la consommation
d’éclairage de Los Angeles.
Sa façade vibre en fonction de l’in-
tensité des bruits de la ville.
Cette source énergétique reste à
évaluer, ici les micros-mouvements
génèrent de l’électricité par des sys-
tèmes piézoélectriques, pouvant être
stockée et utilisée.
L’esthétique du système, plastique-
ment identifiable développe plus
la question de la visualisation de
l’énergie.
À priori, les nombreuses
énergies renouvelables
développées restent prin-
cipalement axées sur une
production centralisée, re-
prenant le système actuel
des énergies fossiles. Les
systèmes à haut rendement,
comme l’hydraulique, sont
difficilement intégrables
en zones urbaines. Mais
certaines, comme l’éner-
gie éolienne, solaire ont
techniquement évolué, ce
qui permet de repenser
les zones de productions.
Pourquoi garder un sys-
tème centralisé, alors que
les énergies renouvelables
peuvent justement pro-
duire localement. Si les
contraintes esthétiques,
sonores, visuelles, etc, dé-
valorisent les moyens de
captations actuels, il est
possible de travailler plas-
tiquement ces dispositifs
pour les intégrer au pay-
sage urbain.
Concours international Soudscraper.
Compétition organisée par la revue d’architecture
eVolo Magazine. Collectif français ; Julien
Bourgeois, Olivier Colliez, Savinien de Pizzol,
Cédric Dounval et Romain Grouselle
62 63
64 65
HISTORIQUE
DES MODES DE VIE ALTERNATIFS...
LES PAYS NORDIQUES.
LA VILLE DURABLE ET LES ECO-QUARTIERS
UNE TRANSITION EN MARCHE
65
66 67
De nombreux modes de vie contem-
porains alternatifs témoignent des
possibilités d’action, tout en gardant
une qualité de vie, un confort sem-
blable à celui que nous connaissons
grâce aux énergies fossiles. Depuis
une décennie, des projets à diverses
échelles se mettent en place (pays,
villes, quartiers, bâtiments).
Certains pays développent une pro-
duction d’énergie à partir des ENR
(énergies renouvelables). Les pays
nordiques comme le Danemark sont
précurseurs dans l’utilisation des
ENR.
Le Danemark est le pays ayant intro-
duit dès la fin des années soixante-
dix les éoliennes. Ce pays plat et
venteux a profité de ses atouts pour
devenir un leader mondial dans ce
domaine. Mais ce pays se repose
sur une part d’énergie fossile impor-
tante ; plus de 57 % en 2011 dans
le mix électrique1
du pays, contre
28 % d’éolien.
Un pays précurseur et efficace
puisqu’en 2014 la part de l’éo-
lien a permis de fournir 39 % de
l’électricité consommée tout au long
de l’année. Cette économie floris-
sante et ce système en place per-
mettraient d’atteindre un objectif de
50 % d’électricité produite par
l’énergie éolienne d’ici 2050
(source Energinenet.dk).
Ce pays a su s’appuyer sur ses
atouts pour mettre en place une
économie et un système compétitif.
Malgré leur dépendance aux éner-
gies fossiles, nous pouvons nous ap-
puyer sur ce style de pays, pour dé-
velopper les ENR. Le territoire fran-
çais est relativement optimal pour
intégrer un maximum de mode de
captation d’énergie (solaire, éolien,
biomasse, hydraulique).
Avec 49 % de son énergie finale
d’origine renouvelable, la Suède en
2010 était déjà sûre d’atteindre son
objectif de 2020, porté à 50 %.
L’énergie éolienne est un pôle im-
portant dans le développement des
ENR en Suède, mais son principal
atout est la filière biomasse, no-
tamment en cogénération pour le
chauffage urbain et la production
LES PAYS NORDIQUES
66
1. Mix électrique : Il regroupe les sources de production d’électricité : Thermique, Nucléaire, Renouvelables, qui sont
souvent combinés pour répondre à la demande.
68 69
d’électricité. Ce système basé sur les
ENR reste très compétitif, les techno-
logies employées comme les com-
bustibles font face aux moyens de
production classique.
Leur mix électrique est principale-
ment composé d’hydroélectricité et
de nucléaire, se substituant au pé-
trole, dont son usage massif, s’est
raréfié dès le premier choc pétrolier.
De plus, la biomasse et les réseaux
de chaleur urbains associés ont fait
fortement délaisser les énergies fos-
siles dès 1990, en plus de la taxe
carbone mise en place. La Suède
a une émission de GES nettement
inférieure à la France et ce système
en place semble être une solution
efficace.
Ce pays semble être un leader dans
l’utilisation des ENR. De nombreux
pays peuvent être étudiés plus en
détail, les statistiques affichées sont
optimistes, elles prouvent qu’il est
possible de changer nos modes de
vie pour développer dans notre pays
une économie, une industrie autour
des énergies.
Des objectifs nationaux de telle am-
pleur doivent être étudiés, analysés
par des équipes compétentes, en
interpellant les usagers, les collecti-
vités, plus généralement les acteurs
permettant de développer ces nou-
veaux modes de vie.
Si les pays européens ont développé
une économie nationale, une so-
ciété utilisant les ENR, certains déve-
loppent des modes de vie alternatifs
plus locaux.
Avant de réduire l’échelle, en ce
qui concerne le mode de vie, les
danois essaient de mettre en ap-
plication de nombreux gestes du-
rables, écologiques, améliorant leur
environnement.
Certaines villes comme Copen-
hague sont connues pour leurs
modes de déplacement doux,
comme la bicyclette.
Cette ville est souvent désignée
comme « meilleure ville où il fait
bon vivre » ; de nombreux urba-
nistes, politiques se déplacent pour
comprendre comment la société
met en place ses systèmes durables,
écologiques, valorisants et respon-
sabilisants les usagers. Ces change-
ments de comportements et cet at-
trait pour cette ville laissent à penser
que les citoyens vivent agréablement
et dans un confort de vie accep-
table, où les relations hommes-na-
ture-économie sont harmonieuses.
Mais l’acceptation des ENR dans ce
pays aujourd’hui est sans doute liée
au temps, car rappelons-nous que
les premières éoliennes au
Danemark apparaissent dans les
années 70.
Cela fait plus de quarante ans de
recul et d’acceptation du système
énergétique en place. Ce système
mis en place dans ces années a cer-
tainement évolué, progressé et a été
inculqué et appréhendé depuis.
Par diverses méthodes, les graines
semées arrivent à maturité lorsque
les conditions et les changements
de comportements deviennent im-
portants. Les décisions prises par
ces pays dans les premières années
de crise mondiale permettent au-
jourd’hui d’être en accord avec les
objectifs à atteindre. Mais le temps
de mettre en place une pédagogie
de longue durée risque d’être trop
peu. Il faut agir, il faut accélérer
cette prise de conscience. Ces pays
sont des exemples, appuyons-nous
sur leur expertise, leur recul pour
agir et être efficaces.
Si à grande échelle développer un
projet peut s’avérer complexe, à une
échelle réduite comme un quartier,
des systèmes alternatifs peuvent être
développés.
Les villes mettent en place depuis
plus d’une décennie des éco-quar-
tiers. Ses quartiers inscrits dans le
développement durable permettent
une restructuration urbaine, inté-
grant des principes d’écologie ur-
baine, mettant en valeur la promo-
tion du lien social.
71
http://citizenpost.fr/2014/03/quartier­sans­voitures­a­amsterdam­retour­sur­projet­phare­des­annees­90/ 1/5
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325
SOCIETE
UN QUARTIER SANS VOITURES À
AMSTERDAM : RETOUR SUR UN
PROJET PHARE DES ANNÉES 90
YOHAN DEMEURE | 6 mars 2014 12:39
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SOCIETE
325SHARES
Un éco-quartier n’accordant aucun droit au trafic
routier en plein Amsterdam a été construit dans les
années 90 sur une friche industrielle. Retour sur un
quartier qui était pour l’époque, le symbole de
l’inscription du développement durable dans les projets
de restructuration urbaine, intégrant des principes
d’écologie urbaine et de promotion du lien social.
Amsterdam est une ville connue pour son tissu urbain dense
auquel un modèle performant de réseaux de transports
s’adapte. Les transports publics et le vélo y sont très
largement utilisés et les habitants ne sont pas opposés à la
limitation de la place de l’automobile dans la ville. En effet,
la politique de stationnement y est dissuasive et ne fait pas l’objet de protestations. En 1992, un référendum
local a été organisé ; la population d’Amsterdam s’est prononcée en faveur d’un centre sans voitures.
GWL-Terrein est un éco-quartier de 6 hectares construit sur l’emplacement d’une usine de traitement des
eaux désaffectée, effectif en 1998 portant l’étiquette d’innovation en termes de « haute qualité sociale et
environnementale » . Situé dans l’arrondissement de Westerpark, à moins de 3 km du centre d’Amsterdam,
GWL-Terrein est desservi par une ligne de tramway. Un projet né en 1990 d’une volonté politique, impulsé
par les Ministères néerlandais du logement, de la planification et de l’environnement ainsi que l’Agence
d’urbanisme d’Amsterdam, en coopération avec les riverains alentour ainsi que les futurs habitants.
Westerpark est un district culturellement mixte et le plus modeste de l’agglomération au regard du revenu
moyen des habitants. Il souffrait d’une médiocre réputation mais cela tend à changer : sa proximité du centre
d’Amsterdam le rendant attractif. La municipalité mènerait une politique volontariste de peuplement
favorisant le retour des classes supérieures. Il s’agit ici d’un phénomène de « gentrification », terme qui prend
sa source dans le mot anglais « gentry », qui signifie « petite noblesse ».
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NOMBREUX MÉDIAS PIRATÉS
...
AUCUNE MARQUE « JE SUIS
CHARLIE » NE VERRA LE JOUR
RECYCLED PARK : DES
PLATEFORMES FLOTTANTES
GRÂCE AUX DÉCHETS DES ...
FOX NEWS ESTIME QUE PARIS
EST COMPARABLE À BAGDAD !
MAIS QUI SONT VRAIMENT LES
ANONYMOUS ?
SOCIETE
SOCIETE
ÉCOLOGIE
SOCIETE
SOCIETE

GWL-Terrein est un quartier qui à l’époque était le
symbole de l’inscription du développement durable
dans les projets de restructuration urbaine. La
population d’Amsterdam s’étant prononcée en faveur
d’un centre-ville sans voiture, dès 1992.
LA VILLE DURABLE ET LES ECO-QUARTIERS
L’éco-quartier GWL-Terrein à
Amsterdam, effectif dès 1998 est
construit sur l’emplacement d’une
usine de traitement des eaux dé-
saffectée, sur une superficie de six
hectares. Ce lieu est à moins de
trois kilomètres du centre-ville, c’est
un projet impulsé dès 1990 en coo-
pération entre ministère, usagers,
futurs habitants.
Pensé comme un quartier de haute
qualité sociale et environnemen-
tale, la mixité culturelle et sociale
du quartier ainsi que la réputation
des alentours tendent à changer
au fil du temps. D’une réputation
médiocre vers un lieu où il fait bon
vivre.
La qualité de vie étant accentuée
par la non-utilisation des véhicules
dans le quartier, ces dernières sont
en bordure ou un parking permet le
stationnement.
La vie et les animations sont pré-
sentes grâce aux accès facilités,
qu’ils soient dans le quartier ou à
proximité, accessibles à pied ou
en tramway. La cohésion sociale
semble forte et le quartier est soumis
à des règles, comme une micro-
société. Selon les habitants la vie
en communauté, l’attachement au
quartier, la durabilité sociale et le
bien-vivre semblent remporter un
grand succès.
Le point négatif de ce lieu est la
non-possibilité de développer les
ENR. En effet, un contrat mono-
pole est passé avec une compa-
gnie d’énergie utilisant le gaz, ce
qui semble être figé à jamais, du
moins actuellement. Donc produire
et intégrer plus d’énergie renouve-
lable pouvant redistribuer le surplus
d’énergie n’est pas possible.
En revanche, l’eau de pluie est stoc-
kée, utilisée pour les toilettes, bien
que le système ne fonctionne pas
à tous les étages. Mais les efforts
servent à interpeller les citoyens, les
collectivités.
Ici, les moyens mis en place pour
organiser la vie du quartier sont
accessibles, la population peut
prendre part aux échanges, elle voit
son environnement évoluer en fonc-
73BedZed est un quartier répondant à des normes
environnementales très élevées. L’ensemble a été pensé
en utilisant des matériaux recyclés, la consommation et
la production énergétique sont maximisées.
C’est un innovant et fabuleux exemple du
« zéro énergie »
tion de ses besoins, ses usages.
Ces échanges me
semblent importants,
la création de liens,
la prise de conscience
collective, le confort
de vie, permettent
une interaction entre
l’homme et son lieu
de vie.
Le citoyen de demain
deviendra-t-il acteur
de sa ville ? La colla-
boration des usagers
pourrait mettre en
avant des probléma-
tiques et des envies. Le
produire pour soi tend
à changer, l’énergie,
les données, les pro-
duits deviennent des
flux, la ville évolue
avec nos besoins.
Un quartier ne dis-
pose-t-il pas de toute
la matière nécessaire pour évoluer ?
L’habitant du quartier n’est-il pas le
mieux placé pour savoir comment
améliorer son environnement ?
Comment les éco-quartiers peuvent-
ils dépasser l’état de laboratoire,
d’espace témoin ?
Car ils sont souvent posés de cette
manière, ils attirent les regards,
rendent visibles des intentions, mais
peuvent-ils devenir des lieux de vie
transposables à d’autres sociétés,
villes ?
Ce sont des outils urbanistiques
forts, perceptibles et portant une
perspective de vie durable, amé-
liorée. Un quartier comme BedZed
(Beddington Zero Energy Develop-
ment) peut s’apparenter à cette des-
cription. Situé à Londres, ce quartier
couvre environ 1,7 hectare.
Ce sont d’anciennes friches in-
dustrielles qui ont été réhabilitées,
comportant environ 250 habitants.
L’objectif de ce quartier était plus
axé sur l’efficacité et la sobriété
énergétique ainsi que sur la densité
de population.
La qualité de vie y est excellente, le
74 75
quartier met en valeur une écono-
mie locale, l’empreinte écologique
par habitant a baissé de moitié, les
transports doux sont favorisés et l’es-
sentiel de la production électrique
est d’origine renouvelable, grâce à
des panneaux photovoltaïques.
Pour accentuer la part des ENR,
le système mis en place permet
d’émettre zéro Co2, la cogénéra-
tion biomasse par le recyclage des
déchets permet de produire élec-
tricité et chaleur. BedZed est un
modèle sur le plan de la récupéra-
tion, de l’efficacité et de la sobriété
énergétique.
Mais comme un laboratoire, cer-
tains points mettent en lumière les
limites de ces éco-quartiers. Ils
servent d’exemple, font évoluer les
idées et les comportements, mais
ils connaissent des difficultés après
quelques années de fonctionnement.
Le quartier BedZed après dix ans
de fonction connaissait divers pro-
blèmes qui mettaient en péril la
qualité de vie des usagers. En effet,
des problèmes sur le système de
cogénération biomasse apparurent,
la mixité sociale était peu efficace
étant donnée la séparation phy-
sique qui existait entre les logements
sociaux et les autres résidents, les
infrastructures comme la crèche fer-
maient, etc.
Créer des zones urbaines identifiées
comme écologiques au sein d’un
ensemble différent n’est peut-être
pas la solution. Actuellement, relo-
ger, reconstruire n’est pas possible à
grande échelle. Dès leurs construc-
tions, ces quartiers semblent allé-
chants. Mais il semblerait que les
règles dictant les éco quartiers, leurs
normes ne sont pas aussi flexibles,
si adaptables que dans les « zones
classiques ».
Imposer un ensemble reposant sur
des ambitions difficiles à réaliser
n’est-il pas trop en rupture avec nos
modes de vie actuels ? Ne faut-il
pas passer par des zones d’adap-
tation, d’acceptation afin d’intégrer
un comportement durable, évoluant
progressivement avec l’usager ?
Les connexions entre éco-quartier et
zones classiques semblent problé-
matiques, des tensions s’exercent
entre ces deux mondes qui se cô-
toient. Comment juxtaposer ces
modes de vie ; comment transférer
les solutions de quartier à la ville
entière ?
La ville étant déjà bâtie, il n’est pas
envisageable de tout reconstruire.
Le bâti en France est la priorité des
rénovations écologiques à venir.
Comment financer ces rénovations,
comment appliquer les solutions
écologiques des éco quartiers vers
les zones classiques ?
S’il est difficile de transférer tout un
système complexe, il est possible de
mettre en pratique des solutions tes-
tées dans les éco quartiers pour les
transférer vers une échelle locale,
restreinte. Mais adapter n’est pas
simple, étudier un territoire est déjà
un projet en soi. « Ici » n’est pas
« là-bas », même si « ici » et
« là-bas » ont des points communs,
comme le dit Yves Bonard et Laurent
Matthey dans le débat : Les éco
quartiers : laboratoires de la ville
durable
Changement de paradigme ou éter-
nel retour du même ?
Il faut que ces éco-quartier, appa-
renté à une maquette échelle un
d’un concept, ne deviennent pas
des solutions posées comme une so-
lution universelle.
Les solutions urbanistiques des
années 1960 offraient des solutions
modernes, avantageuses et surtout
logeant un maximum de personnes
dans ces barres d’immeuble. Mais
aujourd’hui, ces systèmes pourtant
universels à leur époque sont remis
en question, les éco-quartiers sui-
vront-ils le même destin ?
Les modèles mis en place ren-
contrent un modèle défini, étudié et
inscrire un modèle fonctionnant par-
faitement ailleurs n’est pas source de
réussite pour un autre lieu. Les villes
que nous connaissons ont un patri-
moine inscrit, tout comme la relation
homme-habitat, quartier-habitants.
Il est peut-être intéressant d’interve-
nir non plus en questionnant et en
transférant des modèles écologiques
76 77
vers des zones, mais plus en valori-
sant ces zones par une contextuali-
sation qui pourra par la suite servir
de base de travail.
Valoriser ces zones grâce à ses
particularités, son attachement, ses
diversités. En s’intégrant aux lieux
culturellement et socialement ins-
crits, cela devrait mettre en valeur
le potentiel de réappropriation de
la ville, de son quartier par les habi-
tants, mettant en avant les spécifica-
tions et l’urbanisme du lieu.
Cette approche pourrait faire com-
prendre aux usagers que leurs es-
paces de vie peuvent évoluer en
fonction de leurs envies. Il faut im-
pliquer les personnes visées, per-
mettant de sensibiliser et responsa-
biliser les usagers.
Ici, nous parlons de comportements
écologiques, mais cette approche
permet d’appréhender le com-
portement des sociétés face aux
changements.
L’urbanisme fait partie de la vie des
usagers, l’énergie aussi.
Si nous voulons nous réapproprier
la ville tout en produisant une éner-
gie plus propre, il faut mettre en
place une démarche locale, respec-
tant et affirmant les envies des usa-
gers en valorisant l’environnement
proche. Faut-il bousculer les codes
qui régissent nos modes de vie pour
avancer ?
Les besoins évoluent, nous cher-
chons les solutions pour réduire nos
impacts.
Doit-on agir en partant du bas de la
pyramide pour faire bouger le haut ?
78 79
Valoriser son environnement, créer
des zones signes pour la produc-
tion d’énergie, utiliser un symbole
local pour s’identifier, s’apparen-
ter à un lieu ; tout cela en relation
avec un corps d’experts peut devenir
et mettre en avant une structure de
conseil, s’appuyant sur des systèmes
logistiques évoluant, performants.
Cette coopération entre experts et
usagers locaux peut développer un
dispositif enveloppant le projet, qui
intégrerait les caractéristiques du
lieu, ses besoins, ses usages.
La structure développerait une base
de travail, une ligne directrice pou-
vant être reprise ailleurs, tout en
intégrant les caractéristiques indivi-
duelles des zones étudiées.
C’est une relation qui permettrait
aux consommateurs de devenir ac-
teurs de leurs lieux de vie. Les sys-
tèmes mis en place dans les éco
quartiers sont économiquement et
énergétiquement intéressants.
La part de l’habitant dans la vie
du lieu est plus présente, et cette
relation du consommateur-acteur
tend à s’instaurer de plus en plus, y
compris dans des projets aux ambi-
tions moindres et diverses.
Mais les éco-quartiers et les villes
durables ne sont pas les seuls mo-
dèles alternatifs.
D’autres, plus ambitieux et un peu
utopiques développent une stratégie
et une industrie mondiale basées
sur le développement durable et les
nouvelles technologies.
Vers une transition mondiale...
En effet, Jérémy Rifkin, spécialiste
dans la prospective économique
et scientifique met en avant dès
2006 la « Troisième Révolution
Industrielle ».
Cet homme a écrit un ouvrage dé-
taillant son scénario en alimentant
ses propos par de nombreux faits
historiques, économiques, etc. La
question de l’énergie n’est pas sans
réponses de sa part. Il a de nom-
breuses fois prospecté sur des crises
énergétiques, qui se sont avérées
véridiques.
Pour lui, le modèle actuel que nous
utilisons est à bout de souffle. La
UNE TRANSITION EN MARCHE
78
80 81
raréfaction du pétrole et les boule-
versements climatiques qui se pro-
filent vont très certainement amener
à une crise économique mondiale.
Il faut donc créer une économie dé-
carbonée, et cela va provoquer de
nombreux changements dans nos
modes de vie. Ce modèle repose
sur cinq piliers fondamentaux pour
fonctionner.
Tout d’abord, il s’agit de développer
un système utilisant uniquement les
ENR, tout en arrêtant l’utilisation des
énergies carbonées et nucléaires.
Pour mettre ce système en place, il
faudra restructurer les infrastruc-
tures, le bâti en microcentrales. Il
en convient donc, de produire dé-
centralisé et proche des lieux de
consommation.
La question du stockage de l’énergie
est tout aussi importante, il s’agira
de développer des moyens de
stockage permettant de conserver
l’énergie renouvelable intermittente.
Mais aussi développer les technolo-
gies de l’hydrogène permettant de
répondre aux demandes en énergie.
Le point fort de ce modèle est le dé-
veloppement d’un réseau électrique
intelligent comme les réseaux inter-
net, appelé « Smartgrids » ou « In-
tergrids ». Le but étant de raccorder
toutes les microcentrales de chaque
bâtiment en un réseau unique et
intelligent, permettant de répondre
aux mieux à la demande.
C’est un réseau récupérant l’éner-
gie où il y a du surplus, pour pallier
aux besoins d’autres lieux, d’autres
bâtiments.
Le domaine du transport est tout
aussi intéressant. Rifkin tend à créer
des flottes de transport permettant
de récupérer et de fournir l’énergie
via les Smartgrids.
Ces flottes seraient des véhicules
hybrides ou à piles combustibles,
utilisant principalement l’énergie
électrique.
À développer…
En effet, ces questions d’échanges
et de partage d’énergie montrent
suivant Rifkin qu’il est possible d’at-
teindre d’ici 2050 des objectifs très
ambitieux.
Ce type de modèle économique,
malgré son intérêt, semble être une
utopie. Les États doivent coopé-
rer pour que ce genre de projet se
mette en place. Et cela risque d’être
difficile. C’est un modèle à long
terme qui sera long à intégrer dans
nos modes de vie.
De la théorie à la pratique...
Avant d’agir internationalement,
les choses peuvent bouger à une
échelle plus restreinte.
La région Nord-Pas-de-Calais l’a
bien compris. En 2013, Jérémy
Rifkin fût mandaté pour mener une
étude mettant en action la Troisième
Révolution Industrielle. D’un projet,
d’une ambition, un plan d’action
progressa et se concrétisa.
Car la région a compris que cette
feuille de route pourrait créer une
forte mutation novatrice et néces-
saire pour relancer ce territoire. La
troisième Révolution Industrielle im-
prègne aujourd’hui le territoire, et la
mobilisation de l’ensemble des ac-
teurs augmente de plus en plus.
Ces signes de mutations sont très
encourageants, l’utilisation de véhi-
cule électrique augmente, les ENR
se développent, le projet fédère de
plus en plus d’acteurs et crée de
plus en plus d’ambitions. Cette ini-
tiative de la Chambre du Commerce
et d’Industrie de région crée une sy-
nergie industrielle, sociale, collective
et responsable.
C’est une première mondiale à
l’échelle d’une région, inaugurant
par la même occasion les avantages
compétitifs de la gouvernance par-
tagée et du pouvoir transversal.
Cela permet d’impliquer dans le
processus de réflexion et de déci-
sion, plus de cent-vingt responsables
et experts dans divers domaines.
Sans rentrer plus dans les détails,
cette initiative de la région semble
être largement acceptée et suivie.
Plusieurs témoignages revendiquent
la Troisième Révolution Industrielle
en Nord-Pas-de-Calais comme por-
teuse et révolutionnaire :
« C’est vraiment le futur que nous
voulons. », dit un directeur de
82 83
chaîne de télévision régionale.
Mais la visibilité et le succès de ce
projet se feront grâce à une vision et
une adhésion des usagers.
Pour l’instant les projets progressent,
de nombreuses rénovations écolo-
giques, expérimentales et innovantes
s’effectuent.
En bref, cette feuille de route s’ap-
puie sur une dizaine de points clés
permettant d’effectuer des transfor-
mations sur l’espace urbain, les bâ-
timents, l’habitat, la transformation
des modes de vie à l’échelle des
territoires, etc.
En conclusion, la Troisième Révo-
lution Industrielle est une feuille de
route qui dirige des ambitions pro-
gressives, appuyées sur des piliers
solides et permettant d’activer des
solutions viables et possibles.
Probablement activable à cette
échelle, cette méthode prend en
compte et active des solutions grâce
à la coopération des grandes ins-
tances de la région ainsi que de ses
habitants.
Ce projet prend son élan, il faudra
voir d’ici quelques années où en est
la région Nord-Pas-de-Calais. Mais
comment transposer et favoriser
cette vision d’une économie orien-
tée vers le développement durable
et les ENR vers un quartier, un lieu
classique ?
Métamorphoser un quartier clas-
sique pour répondre aux normes
futures n’est-il pas comme concevoir
un éco-quartier ?
Vers des solutions plus facilement
activables...
Ce modèle à long terme est une
solution plus ou moins viable, mais
n’est-il pas possible d’activer di-
verses solutions moins coûteuses, à
une échelle plus restreinte, permet-
tant de s’adapter et ayant une action
directe avant de se lancer dans une
mutation profonde ?
Car la question de la visibilité de
l’énergie reste encore à valoriser. Il
faudrait sensibiliser la population à
une échelle plus réduite afin qu’elle
prenne conscience de son compor-
tement, sa consommation et surtout
Si chaque tweet envoyé émettait une lueur blanche, voilà à quoi la Terre
pourrait ressembler. Pour composer la carte, les chercheurs ont utilisé le Twitter
Decahose, une base de données payante aspirant 10 % du flux mondial des
tweets. Ici, la question des différents territoires et de l’échelle permettent de
questionner ces notions, même si le sujet est transversal.
82
84 85
pour qu’elle comprenne que l’éner-
gie l’entoure.
Comment percevoir ce que l’homme
ne voit pas ? Nous devons agir pour
montrer aux usagers que l’énergie
ne se crée pas, elle se transforme.
Cette transformation n’est pas assez
visible, et mettre en place un dis-
positif valorisant cet effet permet-
trait peut-être un changement de
comportement face aux énergies
alternatives.
Appuyer sur un interrupteur pour
s’éclairer est simple, mais com-
prendre comment cette énergie est
produite est plus complexe.
Cette simplicité facilite nos modes
de consommation, l’effet quasi im-
médiat ne montre pas tous les ef-
forts qu’il faut pour accéder à cette
finalité.
Il faut peut-être intervenir au niveau
de cette vision intermédiaire et pro-
duire in situ des lieux de consom-
mation en rapprochant la relation
usagers-énergies.
En développant ces échanges de
différentes manières, nous pourrions
créer une confrontation entre
l’homme et ce que l’énergie génère,
permettant peut-être un changement
comportemental et une réduction de
la consommation énergétique.
86 87
HISTORIQUE
ET L’URBANISME DANS TOUT ÇA...
LES CHANGEMENTS ET ORIENTATIONS
87
88 89
La relation entre l’urbanisme et
l’énergie est très marquée dans ce
projet. Les solutions mises en place
jusqu’à ce jour semblent isolées,
parsemées.
Les nombreux exemples statuent sur
une volonté de changer de mode de
vie.
De plus en plus de citoyens adoptent
un comportement écologique,
moins énergivore. Aujourd’hui, les
villes tendent de plus en plus à évo-
luer, les sociétés actuelles devront
répondre à de nouveaux besoins et
usages. La ville durable questionne
le concept de la ville et de la société
moderne.
Mais qu’est-ce qu’une ville ?
C’est un espace évoluant, qui est
caractérisé par différents systèmes
complexes. Les espaces urbains
morcelés configurent cet ensemble,
mêlant et juxtaposant clivages so-
ciaux, zones géographiques, écono-
mie contrastée… Comment orien-
ter une société entière dans une
démarche, une ambition pour tous
malgré ces divergences ? Comment
développer et analyser les territoires
d’action ? Quels sont les moyens lo-
gistiques disponibles pour détermi-
ner les besoins, les usages pouvant
intervenir et compléter le dispositif
mis en place dans ce projet ?
Le concept de ville durable peut
mettre en évidence quelques prin-
cipes permettant d’appréhender
les questions liées aux sociétés ac-
tuelles. Mais il reste difficile à définir,
et ce malgré de nombreuses carac-
téristiques se regroupant dans les
textes le définissant. La ville durable
serait donc une ville fonctionnelle,
mixte et participative.
Une ville non figée, évoluant à long
terme, gardant son identité en sa-
chant se transformer et se redéfinir.
Il sera justement question de définir
une identité pour le dispositif, doit-il
contraster avec la zone d’implan-
tation, ou doit-il se fondre dans la
masse ?
Une identité forte pour le dispo-
sitif permettrait de transformer les
regards et participerait à la vie du
lieu, mais une identité en rupture
pourrait aussi être néfaste. Il faudra
LES CHANGEMENTS ET ORIENTATIONS
88
90 91
faire attention à ces questions, et le
designer est justement présent pour
trouver des solutions pertinentes.
En évoluant, les espaces communs
et les territoires deviennent des sys-
tèmes complexes qui ne répondent
plus aux chartes et aux organisa-
tions antérieures.
Pour ne citer que celle-ci, la Charte
d’Athènes de 1933, écrite sous la
direction du Corbusier a depuis
évolué. En effet, depuis 1998, le
Conseil Européen des Urbanistes a
jugé qu’il convenait de jeter de nou-
velles bases plus appropriées, pou-
vant par la suite servir de socle de
réflexions sur la ville.
Réactualisée en 2003, cette charte
se décompose en dix thèmes do-
minants pour la ville de demain. Ils
visent à rechercher une mixité fonc-
tionnelle et sociale, permettant d’en-
diguer les ségrégations socio-spa-
tiales et les besoins croissants en
mobilité.
Les caractéristiques soulevées per-
mettent de créer des usages en
accord avec les besoins actuels et
futurs des populations. Cette trans-
formation de la ville est liée à la
société. En somme, une société qui
consommera toujours de l’éner-
gie, mais si nous y arrivons, elle
consommera une énergie produite
in situ, non figée et évoluant suivant
les besoins.
Cette transformation de la ville s’ins-
crit dans un contexte en mutation,
tant au niveau de l’urbanisme et de
l’énergie. Explorant de nouvelles
formes d’habitat, renouvelant l’ap-
proche urbaine et énergétique. Le
cadre législatif réglementaire devrait
évoluer, favorisant les différentes
transformations de la ville, en modi-
fiant ses usages, ses fonctions.
« Transformer la ville », une thé-
matique mise en valeur par le
Concours Bas Carbonne 2013-
2014 développé par EDF.
La problématique soulevée par le
concours cherchait des innovations
permettant de répondre aux exi-
gences croissantes et tous azimuts
des bâtiments, dans des conditions
économiques convenables.
« Imbrications », Djuric Tardio architectes, avec Franck Boutté Consultants et
Stelec Ingénierie, construction de treize maisons de ville sur quatre parcelles,
Gennevilliers (92). (ci-dessus et page 92)
92 93
Il s’agissait de mobiliser les délais-
sés fonciers, repenser le tissu urbain
en l’adaptant aux nouveaux modes
de vie des habitants, et ce en ren-
dant toute sa place à l’usager dans
son lieu de résidence, sa ville en
général.
Ce parallèle entre architecture et
design permet une approche pluri-
disciplinaire, explorant de nouvelles
pistes. Et la question de l’énergie
explore justement divers domaines,
de l’usager lambda au politique, en
passant par l’économiste, l’archi-
tecte, etc. Ici, questionner cette am-
bition de transformation de la ville
assure une diffusion de bonne pra-
tique, tournée autour du partage de
performance (production, efficacité,
sobriété…).
En questionnant le bâti, les résultats
obtenus permettaient d’explorer des
pistes répondant aux besoins de
la population, à la réduction des
consommations énergétiques, tout
en étant supervisés par un raccorde-
ment aux « Smartgrids ». L’optimisa-
tion de ces performances est pensée
avec une ambition de rendement
énergétique optimal. La vision de
l’énergie reste encore non ques-
tionnée. Mais ici, c’est la promotion
d’une ville durable, économique-
ment viable, intégrant les contraintes
énergétiques et l’usager qui nous est
proposé.
Une optimisation fonctionnelle, ar-
chitecturale qui rend le bâti acteur
du changement, de la transfor-
mation. Une fois encore, l’aspect
d’identité participe au principe de
réhabilitation, d’action.
Des zones à identifier...
Le bâti participant à l’équilibre du
territoire, devenant acteur énergé-
tique lors de forte demande, conser-
vant une énergie accumulée par des
moyens de production d’ENR. Si les
législations viennent à changer, et
cela ne devrait pas tarder, c’est une
chance dès à présent de participer à
cette transformation. L’énergie est au
centre de nos sociétés depuis une
longue période. Valorisons-la !
« Transformer la ville ».
Projet Lauréat.
Ce projet valorise le tissu ancien, et
favorise la mutation dans le respect
de l’occupation historique et urbain,
sans le dénaturer. Les interventions
s’opèrent sur des opportunités fon-
cières, le tissu étant composé de
maisons de ville, petits immeubles.
C’est une transition douce, en conti-
nuité du bâti existant permettant de
densifier raisonnablement, grâce à
de simples maisons de ville, efficaces
énergétiquement, répondant aux be-
soins des populations.
C’est un processus réplicable, entre
éco-quartier défini et tissu ancien à
repenser.
94 95
Dois-je pour autant questionner
l’énergie sous un angle de rende-
ment optimal ?
Ne peut-on pas mettre une part
poétique dans l’énergie ?
Cette part poétique serait entre-
autres caractérisée par des notions
plastiques fortes, mettant en visibi-
lité les forces qui nous entourent,
valorisant les systèmes de captation
d’énergie par une esthétique en rup-
ture. Le dispositif évoluerait en fonc-
tion des conditions météorologiques
par exemple, créant un changement
visuel au cours du temps, faisant
signe dans l’espace urbain.
La société cherche à garder un
confort, une qualité de vie par divers
moyens, tout en répondant aux
contraintes écologiques, énergé-
tiques, économiques…
Des signes forts, comme l’iden-
tité semblent importantes pour
les territoires et les usagers. Cette
identité évolutive peut être mise en
valeur par des dispositifs qu’il faut
scénariser. Identifier un territoire
pour son énergie pourrait-il devenir
une solution ? Cette identité trou-
vée permettrait de faire changer
les comportements, permettrait une
mixité socioculturelle, ou autre.
Le territoire ne serait plus identifié
par des raisons sociales, culturelles,
économiques ; mais c’est toute une
mutation profonde qui se mettrait
en place autour de la participation
énergétique du territoire.
Intervenir en ville est important pour
développer une attraction autour
des dispositifs faisant signe. Il reste
à savoir si les zones intégrant les
dispositifs seront des zones de pro-
duction d’énergie, permettant de
réduire la consommation, ou encore
de stockage. Car au-delà de la
sensibilisation et de l’information
des consommations, c’est tout une
culture énergétique citoyenne qu’il
faudra mettre en place, touchant
tous les âges, toutes les catégories
socioprofessionnelles.
96 97
LE PÔLE D’ACTION
LE DESIGNER PRODUIT, UN ACTEUR DU
CHANGEMENT
LES CHOIX DU TERRITOIRE
97
98 99
Pourquoi intervenir dans cette re-
cherche de solutions en tant que
designer ? Intégrer les énergies alter-
natives au sein des zones urbaines
peut être réalisé par des ingénieurs,
des urbanistes, des collectivités…
L’efficacité d’un tel système pourrait
s’avérer simple, il suffirait de mettre
en place des panneaux photovol-
taïques sur les toits, pour produire
une énergie décarbonée.
Mais cette question du rendement
optimal de ces systèmes est-elle le
seul résultat envisageable ? Mettre
les énergies alternatives en ville doit
faire intervenir le designer, pour
créer des échanges entre l’usager et
le produit, car sensibiliser passe par
une confrontation et non une abs-
traction des problématiques.
Comme je le disais antérieure-
ment, la relation énergie-homme
reste trop impalpable, presque invi-
sible, et cela depuis son utilisation
quotidienne.
Un public non sensibilisé ne peut
changer de comportement si
aucune confrontation n’intervient.
Aujourd’hui, il est simple d’accéder
à l’énergie. Combien de personnes
utilisent l’électricité simplement, juste
en branchant une prise, en allumant
la lumière via un interrupteur ?
Combien comprennent quels sont la
logistique et le système de création
de cette énergie ?
Donc mon travail n’est pas d’inté-
grer les énergies alternatives au sein
des espaces de vie que pour pro-
duire localement, sans interactions
avec l’humain.
Il interroge non seulement une
production à plus ou moins grand
rendement, mais surtout une mise
en vue des systèmes de création
d’énergies par les usagers.
Il faudra créer des scénarii de vie
autour des dispositifs mis en place,
mettre l’énergie au centre des so-
ciétés comme développé depuis
des siècles, mais en valorisant
ses aspects, sa visualisation et sa
représentation.
En créant des objets « signes », les
usagers pourront comprendre et
adhérer à une prise de conscience
LE DESIGNER PRODUIT, UN ACTEUR DU
CHANGEMENT98
À BOUT DE SOUFFLE:  LES ÉNERGIES ALTERNATIVES EN ZONE URBAINE
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À BOUT DE SOUFFLE: LES ÉNERGIES ALTERNATIVES EN ZONE URBAINE

  • 1. À BOUT DE SOUFFLE LES ÉNERGIES ALTERNATIVES EN ZONE URBAINE
  • 2. 2 3 Mémoire Domergue Florian DSAA Spécialité Design mention Produit Promotion 2015
  • 3. VERS LE PROJET VERS DES SOLUTIONS LES ZONES ENVISAGÉES LES ÉNERGIES POTENTIELLES CONCLUSION REMERCIEMENTS RESSOURCES ICONOGRAPHIE AVANT-PROPOS UNE RÉFLEXION PROGRESSIVE INTRODUCTION HISTORIQUE L’ÉNERGIE, LES AVANCÉES L’ÉNERGIE, QU’ENTENDONS-NOUS PAR LÀ ? L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ET SOCIÉTALE ALLONS-NOUS VERS UN CHANGEMENT ÉNERGÉTIQUE ? LES ÉNERGIES RENOUVELABLES DES MODES DE VIE ALTERNATIFS... LES PAYS NORDIQUES LA VILLE DURABLE ET LES ECO-QUARTIERS UNE TRANSITION EN MARCHE ET L’URBANISME DANS TOUT ÇA. LES CHANGEMENTS ET ORIENTATIONS LE PÔLE D’ACTION LE DESIGNER PRODUIT, UN ACTEUR DU CHANGEMENT LES CHOIX DU TERRITOIRE SOMMAIRE 75 111 113 115 117 119 121 125 129 7 9 13 15 16 17 19 33 51 65 67 71 79 87 88 97 99 105
  • 5. 8 9 Ce projet a su évoluer tout au long de cette réflexion. J’ai donc souhaité mettre en avant ma démarche, mon évolution par rapport à ce projet. Nous sommes actuellement confron- tés à des enjeux écologiques. Les ressources énergétiques utilisées se tarissent, le climat et l’air se modi- fient. Le modèle que nous connais- sons depuis l’avènement des éner- gies fossiles n’est plus adapté. Un tel changement touche les conditions de vie des usagers, l’économie, la société, l’urbanisme, etc. Nous allons devoir évoluer pour continuer à vivre dans de bonnes conditions, notamment à moyen et long terme, et pour les générations futures. Ces réflexions autour des moyens de consommation et de production d’énergie ne sont pas nouvelles. De nombreux domaines d’activités, des professionnels et des usagers ont cherché à y répondre avec plus ou moins de succès, de viabilité, d’utopie. La variété de ces réponses permet d’interroger diverses fonctions, diffé- rents usages. Mon approche initiale consistait à explorer l’espace urbain, plus pré- cisément les zones délaissées, les friches, etc. Je m’intéressais à un espace local, proche des consom- mations d’énergies, permettant de rapprocher la production, au lieu de produire de façon centralisée. Produire localement garantit ef- ficacité, sobriété et une moindre consommation énergétique. Il est techniquement possible de déve- lopper ces systèmes de production locale avec des moyens alternatifs et renouvelables. Le but initial de ce projet est de créer des dispositifs favorisant l’éco- nomie locale et utilisant des éner- gies renouvelables. Mettant ces notions en relation, un paramètre primordial semblait man- quer. Je ne pouvais favoriser les énergies renouvelables sans me UNE RÉFLEXION PROGRESSIVE 8
  • 6. 10 11 confronter aux usagers. Au lieu de me limiter à la simple production, je ressentis le besoin de créer un rapport plus proche avec le consommateur. En réorientant ma démarche, le projet prend plus d’ampleur. Analyser la finalité des énergies n’empêche pas qu’il soit difficile de les comprendre. Il fallait pour cela relier usager et produit, renouveler les comporte- ments, interpeller les usagers. Favoriser et questionner les énergies alternatives, interroger les zones ur- baines, les lieux à forte cohésion so- ciale, les lieux significatifs, etc. Agir au sein des lieux de vie ouvre à un rapport direct entre le dispositif et l’usager. Pour permettre de se confronter avec les énergies alternatives, il faut créer une interaction : sensibi- liser la population à l’énergie et à la consommation énergétique, in- terroger les scénarios d’usages, les évolutions sociétales, les besoins en zones urbaines, interagir à la vue de tous. Questionner ces interactions avec l’usager n’est-ce pas là une dé- marche de designer ? Un produit faisant signe permet de mobiliser le toucher, la vue, l’ouïe. Le projet doit s’orienter vers des so- lutions actives, progressives, pour renouveler et activer des compor- tements moins énergivores. Il faut mettre l’usager dans une relation participative, pour provoquer une prise de conscience induite, tout en restant décideur de ses choix. Le dispositif sera un activateur de solutions, et non un projet morali- sateur, contraignant, où l’usager se ferait réprimander parce qu’il a trop consommé. Comment imaginer aujourd’hui consommer mieux, plus efficace- ment et plus en harmonie avec la nature ? Par quels moyens visualiser l’énergie et notre demande éner- gétique ou même comprendre nos consommations ? Pour répondre à ces questions, il faut que le projet s’appuie proba- blement sur des notions pédago- giques, plastiques, attrayantes et participatives. Il faudra impliquer l’usager, afin qu’il s’enrichisse de façon sociale et comportementale, voire financière, ce qui permettrait de vaincre cer- taines résistances. Il faut donc agir en convoquant dif- férents sens, s’appuyant peut-être sur des techniques et procédés an- térieurs, générant des signes plas- tiques, logistiques, voire urbanis- tiques forts. C’est un projet dynamisant la confrontation aux énergies alter- natives, qui pourrait faire évoluer les pratiques, les gestes, partici- pant à une mouvance commune et progressive. Cette réorientation m’a conforté dans le fait que le designer se doit de trouver des pistes réflexives en relation avec les utilisateurs. Cela pourrait remettre en question un manque d’efficacité dans l’élabora- tion du projet, mais je pense que ce contretemps est positif. Personnelle- ment, je pense que l’adaptabilité est une des compétences cruciales pour être designer. Savoir se remettre en question montre une certaine matu- rité, ce qui permet de questionner le projet avec un regard différent, tout en intégrant les conseils et critiques émises lors d’échanges.
  • 7. 12 13 L’énergie tient une place cen- trale dans la vie de l’Homme. La constante recherche du confort et du progrès est en lien étroit avec les évolutions des énergies et des socié- tés. À chaque période d’évolution, l’énergie a été une des caractéris- tiques fortes pour subvenir aux be- soins. Aujourd’hui, les progrès tech- niques permettent de disposer d’une énergie facilement accessible, à tel point que nous l’utilisons presque sans la remarquer. Nous sommes à une période char- nière, la crise énergétique que nous subissons et allons subir va grande- ment remettre en question les sys- tèmes actuels. Les énergies fossiles se tarissent, le climat change, les effets néfastes de la dépendance aux énergies carbonées mettent en péril l’environnement, la vie. Comment nos générations futures vont-elles vivre, ou survivre ? Plus qu’une tendance écologique, c’est toute une communauté ci- toyenne qui va devoir repenser ses habitudes, en impliquant un profond changement économique, énergé- tique et sociétal. Divers domaines interviennent et questionnent ces changements, comme l’urbanisme, l’architecture, la politique... Le designer tient une place fon- damentale dans l’élaboration des futurs questionnements de la so- ciété. Il a la capacité d’être à la croisée des domaines lui permettant d’élaborer de nouveau scénario répondant à des besoins et usages actuels, futurs. Le projet proposé questionnera la relation et la compréhension de l’énergie, cette force non per- ceptible, mais si centrale dans la société. L’objectif étant de mettre au centre de nos lieux de vie des moyens de captations, d’informa- tions permettant de mettre en visibi- lité cette énergie. Impliquer l’usager pour qu’il devienne acteur de cette transition énergétique et peut-être lui faire changer de comportement et de mode de consommation. INTRODUCTION12
  • 8. 14 15 HISTORIQUE L’ÉNERGIE, LES AVANCÉES... L’ÉNERGIE, QU’ENTENDONS-NOUS PAR LÀ ? L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ET SOCIÉTALE ALLONS-NOUS VERS UN CHANGEMENT ÉNERGÉTIQUE ? LES ÉNERGIES RENOUVELABLES 715
  • 9. 16 17 Le rapport aux énergies n’est pas récent. Nous sommes fascinés par l’énergie, son approvisionnement est une des préoccupations majeures. L’énergie désigne tout ce qui permet d’effectuer un travail, de la lumière, produire de la chaleur, un mouve- ment. La première énergie connue est celle qui permet à toutes les espèces vivantes de se mouvoir. L’énergie ; un équilibre ancestral, les espèces consomment de l’énergie, elles doivent donc en produire ou s’en procurer pour vivre. Il existe deux lois fondamentales va- lables dans tout l’espace connu : - La quantité totale d’énergie reste inchangée. - L’énergie se transforme, elle ne se crée, ni se détruit. Ses effets nous entourent, sans vrai- ment la voir, elle est le moteur de notre monde. Le mot énergie vient du grec, ener- gia, qui signifie « force en action ». Cela implique la possibilité d’un changement d’état. La population augmente, les besoins et usages en énergie sont de plus en plus considérables. Au départ, les énergies ont été exploitées en obser- vant la nature et en reproduisant les phénomènes naturels. Puis, nous les avons manipulées et conquises. Sans leurs expériences nous n’en serions pas là. Nos ancêtres ont permis de faire évoluer la société jusqu’à ce jour, mais les solutions employées, et les plus utilisées dans le monde actuellement sont épui- sables et polluantes. Il faut qu’une prise de conscience collective se développe pour amener à un chan- ger de système énergétique, vers des technologies plus propres et renouvelables. L’ÉNERGIE, QU’ENTENDONS-NOUS PAR LÀ ?16
  • 10. 18 19 La relation entre l’énergie et l’homme dure et évolue depuis des siècles. Ces échanges ont non seulement permis de nous déve- lopper culturellement, mais ils ont aussi permis de créer nos sociétés actuelles, résultat du travail de nos ancêtres. Sans lister de manière exhaustive les innovations et les faits majeurs des énergies, quelques évolutions ne peuvent être négligées. Entre autres, des figures emblématiques de l’étude de l’énergie, comme Al Jazari ou Léonard de Vinci. Nous sommes l’espèce animale qui a su domestiquer, produire, et diffu- ser l’énergie. L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ET SOCIÉTALE18
  • 11. La naissance de l’agricul- ture vers 7500 av. J.-C. a développé l’exploita- tion des énergies pour substituer ou du moins aider les humains. C’est le début de l’exploitation de l’énergie cinétique, permettant de répondre à des besoins évolutifs. De l’espèce animale à l’hominidé... La maîtrise du feu, permet aux premiers hommes d’évoluer dans la vie quotidienne. Les usages changent, les liens et la sédentari- sation s’accentuent. Les premières traces de la domestication du feu remontent à 790 000 ans av. J.-C. Les premières poteries décou- vertes dateraient de 20 000 ans av. J.-C. Elles montrent des traces de l’utilisation de l’énergie solaire. Cela apportait une aide supplémentaire, pour déshydrater les végétaux, pour sécher la terre, pour créer toutes sortes d’objets, ustensiles... CES CHANGEMENTS METTENT L’ÉNERGIE AU CENTRE DE LA VIE DE L’HOMME. Vers 3000av. J.-C, les civilisations s’engagent dans la conquête de l’espace ma- ritime de longue distance. C’est à cette période que les peuples d’Océanie déve- loppent des embarcations utilisant des voiles, faites en peaux de bêtes tendues. À travers ces nombreuses ex- périmentations, les hommes ont compris que la force du vent pouvait être exploitée. C’est la naissance de l’éner- gie éolienne. Dés l’Antiquité, des moulins à vent convertissent la force du vent en énergie mécanique. Ils permettent d’effectuer de nombreux travaux (pomper...) C’est une étape fondamentale dans l’évolution, les moulins sont les premiers systèmes de captation et de transcription d’une énergie pour l’homme. C’est la naissance d’un produit faisant signe, perceptible aux yeux de tous. Plus tard, la vie rurale sera rythmée par les moulins à vent et les meuniers. Au cours du 1er siècle av. J.-C, Héron d’Alexandrie, un ingénieur grec, construit un système fonctionnant à la vapeur. L’Éolipyle est une sorte de jouet. Ce mode de production d’éner- gie sera réexploité bien plus tard.
  • 12. 22 Al-Jazari. C’est une des figures du monde musulman. Peu connu en Occident, il a su mettre son inventivité à profit pour les populations au XIIe siècle de l’ère chrétienne. Cet ingé- nieur kurde a réalisé de nombreuses inno- vations, descriptions mécaniques, recen- sées dans son manuscrit monumental Livre de la connaissance des procédés méca- niques (1206). Ses études et ses pratiques des arts mécaniques pour améliorer la vie des usagers font de lui et de ses projets une référence. En effet, ces systèmes sont visuellement et efficacement intéressants. Les cinq sens sont conviés, ce qui rend plus compréhensibles les effets de l’énergie et les forces non perceptibles. Léonard de Vinci C’est un des précurseurs de nombreux principes et machines qui ont été repris par des successeurs. Cette figure de la Renaissance a exploré de nombreux do- maines, même les énergies. Ses études prospectives alliant ingénierie, sciences et arts font de lui un expert des principes mécaniques et énergétiques. Il étudie les énergies cinétiques, les flux, l’air... Ses principes certes non fonctionnels, ou en partie, sont mis en puissance par des systèmes visuellement puissants, forts d’in- térêts. Les techniques de production et de captation des énergies utilisés jusqu’ici sont théorisées, et cela permettra de faire comprendre ces systèmes. On retrouve de nombreuses inventions et théories dans ses manuscrits, Journal des inventions de Léonard Vinci. De nombreux principes tels que les sciences de l’énergie hydraulique sont encore utilisés aujourd’hui. On les retrouve généralement dans les systèmes de production centralisés, sans usagers. Ne serait-ce pas intéressant les avoir au pré des utilisateurs ?
  • 13. 24 25 « … Nous n’avions pas encore l’habitude de voir fonctionner tant de machines sans cause apparente. Ces procédés occultes déroutaient l’esprit. Le secret de leur existence nous échappait. Ces transformations, ces métamorphoses rapides paraissaient tenir du prodige. Et l’on se surprenait presque à demander quel était le machiniste qui, comme dans les dessous d’un théâtre, présidait à cette œuvre magique. En effet, au fond, n’était-on pas au milieu d’un vaste théâtre ? … » Extrait : HENRI DE PARVILLE, L’électricité et ses applications, 1883. Questionnant les énergies, il me semble plus pertinent de partir d’une période semblable à la nôtre. La révolution industrielle du XIXe siècle montre une évolution nette de la société. La société agraire et artisanale, devient une société com- merciale et industrielle. Le transfert entre cette période et la nôtre peut sembler inappro- prié. L’énergie électrique étant mé- connue, le public lambda semblait dérouté par ces forces. Comment avoir confiance dans un système non habituel ? Il me semble que cette réticence reste perceptible au- jourd’hui, nullement sur l’électricité et ses moyens de production, mais envers les énergies alternatives. Un regard sur l’énergie dans sa désignation la plus commune qui semble encore « magique, incom- prise, tenant du prodige ». Comme HENRI DE PARVILLE le dit dans son texte de 1883 ; l’avènement des énergies électriques échappait à la compréhension du public lors de cette Exposition universelle. Le public semblait voir une œuvre ma- gique faisant mouvoir des machines, comme dans un vaste théâtre. Mais ici, aucun homme ne mettait ces systèmes en marche. Pourtant, dé- routés par toutes ces nouvelles in- novations, les usagers allaient par la suite changer leurs pratiques et habitudes au quotidien. 24
  • 14. 26 27 « … Seulement ici le machiniste, c’est une force si subtile, qu’elle est restée pendant des siècles insaisissables ; elle glissait entre nos mains ; elle s’échappait sans cesse avec la vitesse de l’éclair ; c’est à peine s’il était possible de l’entrevoir. Aujourd’hui, emprisonnée, conquise, elle est la force souple et maniable par excellence ; elle sera bientôt la puissance souveraine qui transformera le monde. Pauvre petite étincelle de nos informes machines d’hier, elle aura été l’aurore d’une civilisation nouvelle ! » Extrait : HENRI DE PARVILLE, L’électricité et ses applications, 1883. Si certaines découvertes n’avaient pas eu lieu, nous n’en serions pas là. Mais l’énergie électrique, force invi- sible reste encore un concept subtil. Il me paraît évident que la concep- tion actuelle de l’énergie reste floue, surtout pour la population. Nous en connaissons, nous en voyons les résultats et les effets dans notre vie de tous les jours. Malgré une longue période d’utilisation, cette force reste encore mystérieuse pour nombre d’entre nous. Selon Henri De Parville, cette éner- gie manipulée à nos fins permettra à la société d’évoluer, et nous pou- vons dire que ce récit est visionnaire. Car oui, si nous n’avions pas ma- nipulé et maîtrisé cette énergie, nous pouvons nous demander si la société actuelle serait semblable. L’électricité est la forme d’éner- gie la plus utilisée dans le monde actuel, ce qui conforte entièrement les propos d’Henri De Parville. Mais sans remettre en question l’efficacité de production de cette énergie, nous pouvons dire que cette dernière est clairement identifiée comme une force difficilement visible, palpable. 26
  • 15. 28 29 Il est intéressant de positionner ma réflexion à partir de la Révolution industrielle du XIXe siècle. De nom- breuses innovations technologiques surtout dans le domaine des éner- gies sont exploitées encore à ce jour. Dès 1850, le pétrole est utilisé comme matière première et il de- vient une énergie importante dans la société. Notamment avec l’inven- tion du moteur à explosion, encore aujourd’hui très utilisé pour nos véhicules. Mais nous devons prendre conscience que la réserve de cette source diminue, elle est une res- source précieuse, notamment pour la fabrication de nos objets, vête- ments, etc. Devrons-nous nous passer de ces avantages dans le futur ? Si nous ne mettons pas en place un système énergétique renouvelable avec les habitudes de consommation ac- tuelles, nous irons vers un épuise- ment certain de cette ressource. Les solutions renouvelables existent et sont déjà utilisées, il faut donc se di- riger vers de nouvelles solutions. Bien que son principe soit compris dès le XVIIIe siècle, l’électricité est une des énergies symbole de la Révolution industrielle (le charbon et la vapeur sont les autres vec- teurs puissants). Une invention qui a marqué cette période est l’am- poule à incandescence, inventée par Joseph Swann et améliorée par Thomas Edison. Cela a révolutionné les systèmes d’éclairage. Les réseaux électriques ont été créés en déve- loppant les centrales électriques. Edison fonde un empire mondial de l’énergie, Edison General Electric Company. Il invente aussi la pre- mière pile alcaline en 1915, qui fait évoluer le domaine du stockage de l’énergie. La révolution industrielle de 1850 et l’avènement des énergies fossiles a radicalement changé nos sociétés. On passe en effet d’une société agricole et artisanale à une société commerciale et industrielle. Cette évolution a aussi bouleversé les conditions de vie des hommes, leurs villes, leurs habitats.
  • 16. 30 31 Peu de temps après la Révolution industrielle, à la fin du XIXe siècle, l’énergie nucléaire est découverte. Ce fut d’abord une découverte for- tuite, Henri Becquerel s’aperçut que les sels d’Uranium généraient un rayonnement sur des plaques de photographie. Plus tard, Pierre et Marie Curie s’ap- puieront sur cette découverte, et étudieront les éléments chimiques qui en sont l’origine. Dès lors, les études des minéraux actifs et sur les rayonnements se suivront de nom- breux travaux, jusqu’à la maîtrise des réactions en chaîne, en 1939. Elles sont provoquées lorsqu’il y a fission de l’uranium, en le bombar- dant avec un neutron, permettant de provoquer une autre fission, li- bérant et projetant des neutrons, qui provoqueront la fission d’un autre atome d’uranium, et ainsi de suite. Cette réaction en chaîne permet de produire une quantité d’énergie énorme. Dès 1950, grâce à cette maîtrise, la première centrale nucléaire du monde produit de l’électricité aux États-Unis. Durant cette période post-guerre, la croissance écono- mique et la prospérité des décen- nies suivantes seront accompagnées d’une exploitation sans retenue des ressources naturelles. Mais la Terre n’est pas une source illimitée. Dès 1931, Paul Valéry écrivait : « Le temps du monde fini commence !  » Depuis un certain nombre d’années, les responsabilités des êtres humains et leurs méthodes sont remises en question. Pourquoi parler d’un monde fini dès 1931 ? Les habitudes de vie des hommes montraient-elles déjà les traces d’une croissance de consommation énergétique trop importante ? Pourquoi se priver de sources éner- gétiques moins néfastes, alors que celles qui sont utilisées sont limitées, et deviendront économiquement chères ? Pourquoi ne pas utiliser davantage les énergies renouvelables, et donc plus propres, pour développer nos systèmes énergétiques, notre économie ? Devons-nous créer une rupture entre les moyens de production, de consommation des énergies actuelles pour développer les renouvelables ? Je ne pense pas, au contraire. Il faut s’appuyer sur ces systèmes mis en place, pour développer des nouveaux moyens, en créant une transition commune, comprise et gérée. Créer une rupture peut être néfaste, je pense que les usagers seront plus ouverts et compréhensifs en passant par des moyens facile- ment intégrables dans leurs habitu- des de vie.
  • 17. 32 33 Les années 1960 ont fait naître des prises de conscience écologique collectives, aux différents accidents industriels survenus comme Donora, Minamata, Torrey Canyon. Cette conscience se revendique contre une société intolérante, ma- térialiste et misogyne. Mais ces revendications ne pren- dront pas un essor assez important, du fait des années de crise, de pri- vations, de tensions traversées par la population (temps de guerre). ALLONS-NOUS VERS UN CHANGEMENT ÉNERGÉTIQUE ? Donora, Pennsylvanie, États-Unis, 1948 : Smog toxique1 , 20 morts, 7000 hospitalisés. 1. SMOG TOXIQUE Le terme smog fait référence à un mélange toxique de gaz et de particules que l’on peut souvent observer dans l’air sous forme de brume sèche. Il est associé à plusieurs effets néfastes sur la santé et l’environnement. Torrey Canyon, 1967 : Naufrage du Torrey Canyon, pétrolier échoué entre la Cornouaille et les îles Sorlingues, 119 000 tonnes de brut déversées dans la mer. Minamata, Japon, 1956 : Pollution de l’eau par des sels de mercure, 250 morts, 100 000 empoisonnements.
  • 18. 34 35 La Terre vue de la Lune (NASA) Pourtant, la diffusion d’une conscience écologiste est grandis- sante face aux catastrophes indus- trielles répétées, qui mettent de plus en plus en lumière la responsabi- lité des hommes par rapport à la nature. Ces doutes et questionnements prendront plus d’ampleur, lorsque la population et ses élites seront confrontées à l’image de la Terre vue de la Lune, par Armstrong et Aldrin, en 1969. Voyant dans cette Terre, icône du vivant , un monde clos, perdu au milieu de l’univers. Alors que l’on magnifiait la puis- sance de l’homme, c’est une vérité bien différente qui en ressort. En effet, l’image de cette Terre, bleue, contrastant avec l’univers noir et infini qui l’entoure métamorphose la vision du monde comme on l’entendait. Contemplée, la Terre icône du vivant renvoie à l’homme le reflet de sa condition, de sa richesse, de ses limites et de son devoir de partage. Changer de regard face à son habi- tat devient une soudaine et inatten- due nécessité. C’est un monde fini et clos, qui est limité tout comme ses ressources. Cette prise de hauteur questionne sur la nécessité de prendre du recul face à nos conditions. Nous connaissons les consé- quences futures, résultat des sys- tèmes développés jusqu’à présent. Devons-nous attendre et voir les effets irrémédiables pour agir et comprendre ?
  • 19. 37 Lorsque Les Trente Glorieuses s’achèvent avec le choc pétrolier de 1973, cela entraîne une crise éco- nomique et énergétique qui souligne les limites des ressources naturelles exploitées. En effet, dès 1970, la consomma- tion humaine des ressources na- turelles commence à dépasser les capacités biologiques de la Terre, comme nous le montre Thierry Ka- zazian, dans son livre Design et dé- veloppement durable, Il y aura l’âge des choses légères, 2003. L’auteur met en évidence les problé- matiques liées à l’empreinte écolo- gique1 mondiale. Ici, en 1999, nous voyons que cette donnée a aug- menté en moyenne de 1,6 %/an de 1961 à 1999. Même si ce graphique joint n’est pas d’actualité, nous voyons effecti- vement des problématiques inscrites depuis au moins une décennie. Comment répondre à la croissance, aux besoins grandissants d’une po- pulation augmentant, tout en rédui- sant notre impact ? Les limites des ressources natu- relles étaient déjà soulignées par des scientifiques du MIT en 1971, regroupés sous le Club de Rome, dans un ouvrage appelé Halte à la Croissance. Même si très excessif, voire erroné, cet ouvrage tente de déterminer quelles seraient les conséquences d’une explosion démographique des pays du Sud, ainsi que les modes de vie des pays du Nord. La généralisation des standards américains pourrait multiplier par sept la consommation des res- sources naturelles. Une alternative préconisée, « la croissance zéro », mais met- tons-nous d’accord, cela ne peut être envisagé à l’échelle mondiale. En revanche, cette vision remet- tra en question et interpellera les politiques. Le développement industriel se mon- dialise, évolue et se confronte à la biosphère. En 1999, l’empreinte écologique par personne des pays à hauts re- venus était en moyenne six fois 1. EMPREINTE ÉCOLOGIQUE C’est une mesure de la pression qu’exerce l’homme sur la nature. C’est un outil qui évalue la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d’absorption de déchets. Pour comprendre, c’est comme si un bûcheron exploitait sa forêt au-delà de sa capacité de régénération, ou qu’une entreprise puisait dans son capital pour faire face à ses dépenses. Développé depuis 1994 par deux chercheurs américains, William Rees et Mathis Wackernagel, et mis en avant par le WWF. (World Wildlife Fund) En 2010 ces données étaient toujours en augmentations (source WWF).
  • 20. 38 39 plus élevée que les pays à faibles revenus. Toujours pour cette période, cet outil a mis en évidence une pro- ductivité biologique de 1.9 hectare par personne, mais cette empreinte écologique mondiale couvrait 2.3 hectares par personne, soit un dé- passement de 20 % de la capacité de la Terre. (Graphiques p 36) On comprend que ces dépasse- ments nuisent à la biosphère et risquent de menacer le futur des espèces humaines, animales et le monde en général. Dès 1987, le premier protocole visant à arrêter l’usage des gaz destructeurs de la couche d’ozone est signé. Il rentre en vigueur en 1989 par un accord sur les enjeux environnementaux conclu par les industries. C’est une des premières grandes réussites concrètes dans l’histoire de la protection de l’environnement. Ce qui amènera à une demande de produit prenant en compte cet aspect. Il faut préserver la Terre, ce qui passe par l’utilisation de matériaux bruts et médiocres, habillés de cou- leurs végétales, naturelles. Mais cette demande sera plus orientée vers une démarche commerciale, marketing, déculpabilisante. Mais est-ce suffisant ? Quels seraient les effets si les pays en développement accédaient à une standardisation industrielle comme les pays développés ? En 1990, un Américain consom- mait un volume énergétique équi- valant à celui de 6 Mexicains, 531 Éthiopiens, 38 Indiens (Organisa- tion mondiale de la Santé) ; ce qui met en évidence une équation bien connue. Comment résoudre ces problématiques déjà mises en évi- dence depuis les années 90 ? Pouvons-nous et avons-nous envie de répondre à ces questions ? En tant que designer, ces ques- tionnements dépassent mes compétences. Mais ils permettent de repositionner et de valider les enjeux auxquels je me confronte pour ce projet. Certes, je ne peux sauver et aider le monde pour subvenir aux be- soins énergétiques. Mais je peux éventuellement déjà m’appuyer sur des zones plus concentrées pour intervenir. Nous avons besoin d’énergie, nous avons les compétences pour réduire nos impacts écologiques, pour ré- duire nos consommations, pour produire plus proprement. Pourquoi attendre ? Même si nous agissons à petite échelle, il faut bien commencer pour répondre aux enjeux environ- nementaux futurs. Je ne réponds pas à des besoins énergétiques pour des pays en dé- veloppement, au contraire. Mais je pense qu’il est indispensable de revoir les conditions d’accès aux énergies des pays développés, pour remettre en question les modes de vie actuels. Car ici, nous devons changer d’habitudes, de scénarii de vie, de comportements ; et là, mon métier peut intervenir et devient primordial. Le développement durable, une solution ? Présidé par Gro Harlem Brundtland, la Commission mondiale sur l’en- vironnement et le développement publie en 1987, le Rapport Notre avenir à tous. Il décrit l’état de la planète, et expose la relation entre le devenir des communautés hu- maines et celui des communautés écologiques. Ce rapport servira en 1992, pour la conférence de Rio. Le concept de développement du- rable naît ! C’est une nouvelle manière d’abor- der la relation, humain-terre. Il faut développer une croissance pour 20 % DE LA POPULATION CONSOMMENT 80 % DES RESSOURCES NATURELLES EXTRAITES.
  • 21. 40 41 tous, en préservant l’environnement, et les ressources, pour les généra- tions futures. Cette nouvelle perspective ouvre alors un horizon en rupture avec les discours alarmistes, les alternatives économiques irréalistes antérieure- ment développées. Cette proposition « rupture » permet d’intégrer une multitude de carac- téristiques en lien avec les sociétés humaines telles que l’environne- ment, le futur économique, social et culturel. Cela est donc radicalement opposé aux anciens modèles économiques. Ce nouvel horizon développe une relation de coopération et de pré- servation de la nature en intégrant l’humanité. C’est un tournant, qui permet aux sociétés de développer les futurs scénarios économiques, sociaux, énergétiques des années à venir. Mais est-ce assez ? Car la croissance pour tous tend à donner des équilibres et non des objectifs clairs et précis. Mais nous le savons, les écarts entre les pays industrialisés et ceux qui ne le sont pas sont de plus en plus importants. Et ces inégalités sont aussi visibles au sein des sociétés dites dévelop- pées. Donc, comment agir pour tous ? Est-ce une utopie ? À une échelle importante, comme un pays, cela semble irréalisable. Mais à l’échelle locale, nous pou- vons agir ; développer des mi- cro-économies, micro productions énergétiques, microsociétés au ser- vice de tous, peut faire naître une révolution progressive pour subvenir aux besoins futurs. Devons-nous attendre un progrès technologique ou nous appuyer sur des systèmes antérieurs pour ré- pondre à nos besoins grandissants ? Devons-nous attendre des technolo- gies futures pour agir ? Comme le projet de captation d’Hé- lium 3 sur la Lune, qui permettrait de subvenir à nos besoins, selon les scientifiques. Aller chercher du gaz sur la Lune, et le ramener pour éviter de prendre des risques environne- mentaux sur notre planète avec la fracturation hydraulique. Voilà un des objectifs fixés par une entreprise russe S.P Korolev Rocket and Space, voulant créer une mine Lunaire d’ici 2030. Cette piste est aussi étudiée par la Chine. Comment réagir face à cette am- bition ? Devons-nous revenir aux systèmes tels que ceux que nos an- cêtres utilisaient ? Des moyens utili- sant la nature, tels que les moulins, les animaux, etc. Cela remettrait en question le cycle de vie, la temporalité des sociétés actuelles. Le problème est la demande crois- sante d’énergie. Évoluer en rupture avec notre système actuel serait irréalisable. Comment imaginer vivre autrement, si cela montre une régression et non une évolution ? La première impression de ce système en acceptation avec la nature pourrait être perçue comme régressive. Mais être en accord avec notre en- vironnement et intégrer la relation humain-nature-économie doit au contraire être un principe fonda- mental des futures responsabilités de nos sociétés. Car la Terre est notre foyer, notre développement doit le prendre en compte, car ce foyer n’est pas illi- mité dans ses ressources. Mais cette prise de conscience est difficile à appréhender pour la po- pulation et selon les pays. Il faut ap- porter des réponses ouvrant aux dis- cussions, aux questionnements, pour intégrer de plus en plus l’environne- ment à l’ensemble de l’humanité. C’est en créant abondamment des échanges, des réponses, des envies que la conscience collective se gé- néralisera et deviendra induite. Alors nous ne parlerons peut-être plus d’alternatives, de conditions alar- mistes, d’écosystème en danger.
  • 22. 43 Mais cela, nous en sommes encore loin… Et en France, où en sommes-nous aujourd’hui ? Il faut agir locale- ment, et le meilleur moyen est de comprendre dans un premier temps où en est notre pays. Puis, d’une échelle nationale, il faudra aller vers une échelle géographique locale pour se confronter aux usagers. Nous le savons, notre monde est en pleine mutation et les crises énergé- tiques témoignent de nos habitudes de vie. Nos sociétés sont surconsomma- trices en énergie. Les énergies fa- ciles fossiles s’épuisent, le climat change… Les énergies et leurs problématiques sont essentielles aux sociétés, nous pouvons produire et consommer plus en accord avec nos besoins. Les énergies centralisées actuelles produisent une énergie de masse subvenant à nos sociétés sur consommatrices. Repenser ces systèmes complexes devient une nécessité et cela est étudié depuis une longue période, il faut actionner ces alternatives pour évoluer vers des solutions plus propres, moins énergivores, moins polluantes. En France métropolitaine la consommation d’énergie primaire est d’environ 259.6 Mtep1 , en 2013. La consommation d’énergie en France a nettement évolué entre 1973 et 2013. En effet, depuis 1973, la production et la consom- mation d’énergie ne cessent d’augmenter. Des aspects comme la baisse des sources d’énergie fossiles montrent une dépendance qui tend à baisser, mais cela est aussi dû à la raréfac- tion de ces sources ainsi qu’à leurs coûts d’exploitation en hausse. La production en France entre 1973 et 2013 a été multipliée par trois sur l’ensemble du bouquet énergé- tique (source calcul Soes). L’électricité primaire est l’énergie 0 2 4 6 8 10 Électricité primaire non renouvelable² 41.0 Charbon 4.5 Gaz 14.5 EnR¹ 9.5 Déchets urbains non renouvelables 0.5 Pétrole 30.0 Bois-énergie 3.9 Hydraulique renouvelable³ 2.4 Biocarburants 1.0 Déchets urbains renouvelables 0.5 Éolien 0.5 Autres 1.2 1. EnR : énergies renouvelables. 2. Comprend la production nucléaire, déduction faite du solde exportateur d’électricité (pour simplifier, le solde exportateur est retranché de l’électricité nucléaire) et la production hydraulique par pompage. 3. Hydraulique hors pompage. 1. Mtep : Million de Tonnes équivalent Pétrole. La Tonne d’Équivalent Pétrole (Tep) est une unité de mesure de l’énergie. Elle correspond au pouvoir calorifique d’une tonne de pétrole, ce qui équivaut à 11 630 kWh. C’est une référence utilisée dans l’industrie et l’économie. Le pouvoir calorifique est l’énergie dégagée sous forme de chaleur par la réaction de combustion, autrement dit c’est la quantité de chaleur Répartition de la consommation d’énergie primaire en France métropolitaine. Données en % pour une consommation totale de 259,6 Mtep en 2013.
  • 23. 44 45 Actuellement, la consommation principale et en augmentation reste dans le secteur du résidentiel ter- tiaire, donc nos lieux de vie, nos villes, nos bâtiments. Pour répondre à cette consomma- tion nous produisons une énergie électrique centralisée, principale- ment issue du nucléaire. Une pro- duction éloignée des lieux de vie et qui engendre des pertes sur les réseaux d’environ 2 à 3 %. Cela semble peu, mais consommer et produire plus propre nécessite aussi d’améliorer l’efficacité. Si nous pou- vons réduire dès le départ les pertes, nous pourrions produire au plus juste et cela permettrait d’être déjà moins énergivore. Développer le rapprochement production-consommation peut ré- soudre ces problématiques. La production massive est actuelle- ment gérée de manière centralisée, et ce malgré l’utilisation de sources renouvelables. Des efforts notables sont visibles, mais ils restent néanmoins sur le système énergétique actuel. Les der- nières orientations sur l’énergie en France tendent à renforcer la lutte contre le réchauffement climatique, la réduction des GES (Gaz à Effet de Serre), la réduction de la facture énergétique et l’utilisation des éner- gies fossiles. Ces objectifs visent à augmenter la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale jusqu’à 23 % d’ici 2020 ; ac- tuellement portée à 13,7 %. Il est aussi question de réduire de 40 % les émissions de GES d’ici 2030, abaisser la part du nucléaire pour une production électrique plafon- née à sa puissance actuelle de 63,2 GW2 . Enfin il est prévu de ré- duire la consommation énergétique finale de 20 % d’ici 2030. Ces efforts montrent que les ins- tances supérieures mettent de plus en plus ces questions au centre de leurs intérêts. De nombreuses initiatives régio- nales, collectives, individuelles vont qui a vu sa quantité de production augmenter d’environ quatorze fois, produite à hauteur de 79 % par le nucléaire. L’énergie électrique est donc une source primaire et principale pour répondre à nos besoins, nos modes de vie. Elle reste l’énergie la plus consommée en France, entre 1973 et 2013 sa consommation a été multipliée par dix. L’énergie essen- tielle à nos modes de vie, pour nos activités, pour nos besoins est l’élec- tricité. Cette source énergétique prendra certainement une place im- portante dans le projet, qu’elle soit remise en question, utilisée, etc. Celle-ci peut être décomposée via plusieurs types de productions. De 1973 à 2013, la production d’électricité nucléaire donc centra- lisée a été multipliée par soixante- quinze, ce qui représente 74 % de la production totale ? La production thermique classique1 a diminué ; de 57 % en 1973 à 9 % en 2013, ce qui tend à monter une évolution des moyens de production plus propres, moins carbonés. La production de la filière hydrau- lique a augmenté d’un tiers, mais sa part a diminué de 39 % à 13 %. Depuis dix ans, les raccordements aux réseaux éoliens, photovol- taïques se sont multipliés, ce qui assure en 2013 une production de 3 % à partir de l’éolien et 1 % par le photovoltaïque. Actuellement, l’énergie la plus ré- pandue, l’électricité, est consommée principalement par le secteur rési- dentiel tertiaire. C’est le secteur le plus consomma- teur, après l’industrie (hors sidérur- gie). En effet, entre 1973 et 2013 la consommation dans le secteur du résidentiel tertiaire a été multipliée par plus de cinq. Nous sommes créateurs de cette consommation en progression, nous avons du mal à visualiser l’énergie dépensée. Nos modes de vie actuels montent deux points principaux. 1. Thermique classique : Thermique à combustibles fossiles (charbon et lignite, fiouls, gaz naturel) ou divers*. *. Divers : gaz de haut-fourneau, de raffinerie, déchets ménagers, résidus industriels, bois, etc. 2. GW : GigaWatt. Unité de mesure de puissance, système international. Le Watt est égal à un Joule pendant une seconde. Le joule permet de quantifier l’énergie, le travail et la quantité de chaleur. L’unité doit son nom au physicien anglais James Prescott Joule
  • 24. 46 47 de plus en plus s’interroger sur les problématiques liées aux énergies. L’État français tend à mettre en place des aides, des dispositifs permettant de mettre les objectifs op.cit. en actions. Le secteur du bâtiment est prio- ritaire, il représente 43 % des consommations énergétiques. En plus des rénovations de ces der- niers, il est nécessaire de mettre en œuvre des systèmes de production d’énergie associés. Plusieurs sys- tèmes permettant de responsabiliser les usagers devraient être installés dans les immeubles collectifs. Les dispositifs tels que les compteurs de chauffage individuel devraient être installés depuis janvier 2015 dans les immeubles collectifs. Les nombreuses aides financières mises en place par le gouvernement in- citent les propriétaires à rénover les bâtiments (TVA à taux réduit, aides des fournisseurs énergétiques...). Ces nombreuses initiatives et me- sures permettent de créer une éco- nomie florissante sur les questions énergétiques de demain. C’est un véritable tournant. Les usagers vont de plus en plus parti- ciper à la production d’énergie, les sociétés gérant actuellement les sys- tèmes énergétiques continueront de fournir l’énergie, mais ils devraient sans doute se tourner vers la ges- tion complexe des flux énergétiques. L’échange important dû à la décen- tralisation des unités de production d’énergie nécessitera une gestion importante, réactive et évolutive. C’est tout un système complexe qui va se mettre en place au fur et à mesure, et cela a été compris. La RTE, société filiale du groupe EDF, peu connue par la population française réalisa cette campagne publicitaire (ci-contre) pour valoriser et mieux faire comprendre les mé- tiers et les missions qui vont au-delà de la simple gestion des pylônes à haute tension. À ne pas confondre avec ERDF qui gère le raccordement entre le réseau et les clients finaux. La RTE achemine l’électricité entre les fournisseurs français, européens et les distributeurs ou industriels rac- cordés au réseau, tout en assurant l’équilibre de la production et de la consommation sur le territoire.
  • 25. Campagne publicitaire RTE (Le Réseau de Transport de l’Électricité), 2014. « TRANSPORTER L’ÉLECTRICITÉ DE TOUS LES ENDROITS OÙ ELLE EST PRODUITE... 28 s 22 s 06 s 30 s 25 s 10 s 27 s 21 s ... À TOUS LES ENDROITS OÙ ELLE EST CONSOMMÉE... » ... CONNECTER LE RÉSEAU DE TRANSPORT D’ÉLECTRICITÉ AUX SOURCES D’ÉNERGIES DE DEMAIN...
  • 26. 50 51 Photographies extrait de : http://www.greenenergyohio.org/ Charles Francis. Brush ( 1849-1929 ). Un des fondateurs de l’ industrie électrique Américaine Un des premiers dispositifs conçu pour alimenter la maison en électricité, 1888 Par la suite, le Danois Poul La Cour est considéré comme le Père de toutes les éoliennes moderne Éolienne en ossature bois, d’un rotor de 17 m de diamètre, et de 144 pales en bois de cèdre. D’une puissance à son maximum de 12 kWh1 . En comparaison, un foyer européen a actuellement une consommation moyenne d’électricité de 11 kWh par jour. Un des premiers dispositifs conçus pour alimenter la maison en électricité, en 1888 par Charles Francis Brush L’utilisation des énergies dites renou- velables n’est pas récente. En effet, l’homme s’est souvent servi de la Nature pour produire, consommer de l’énergie telle que le solaire, l’éolien, la biomasse… Mais l’évolution rapide et surtout orientée vers le commerce et l’in- dustrie dès la révolution industrielle va mettre ces systèmes au second plan. Certains verront dans les éner- gies renouvelables une source po- tentielle de création et d’innovation. L’invention de la Dynamo par Zenobe Gramme en 1869 permet de générer de l’électricité à partir d’énergie mécanique. Dès 1887, Charles Brush construit la première éolienne permettant de générer de l’électricité ; ce fonda- teur de l’industrie électrique amé- ricaine verra son système évoluer, notamment grâce à Poul la Cour, un Danois qui théorisa l’influence du nombre et de la forme des pales sur l’efficacité de ce procédé, dès 1891. On verra de nombreux moulins à eau réhabilités pour produire de l’électricité. Ils seront cependant mis au second plan par la suite par l’es- sor des énergies fossiles. Les premières centrales hydroélec- triques sont construites dès la Ré- volution industrielle. Ce procédé va démocratiser l’utilisation et la pro- duction de l’électricité, et ce jusqu’à ce jour. En effet, en 2013 l’hydraulique (re- nouvelable) représente près de 70 % de la part d’électricité renouvelable en France. Quels sont les moyens de produc- tion d’énergie applicables pour fa- voriser la transition énergétique de demain ? Les modes de production qui vont être utilisés ne doivent pas juste être un moyen de substitution aux éner- gies carbonées. Ils doivent permettre aux usagers de se confronter à l’énergie, agissant en faveur d’un changement com- portemental et social profond. Si nous changeons de système, c’est pour éviter et réduire les risques de LES ÉNERGIES RENOUVELABLES 1. Page de gauche. kWh : Le kilowatt-heure est l’énergie fournie par une puissance d’un kilowatt pendant une heure. 1 kWh = 3 600 000 J
  • 27. 52 53 demain. Nous nous appuyons sur des énergies fossiles-faciles, qui tendent à disparaître, qui sont plus ou moins polluantes, néfastes pour l’homme et son environnement. Les dispositifs centralisés actuels ne mettent pas l’énergie au centre des lieux de vie. Il faut parvenir à inté- grer la production dans les zones urbanisées, et ce en diminuant les risques climatiques, industriels, tout en mettant à la vue de tous la rela- tion nature-homme-économie. Les avancées technologiques per- mettent de développer, favoriser les énergies renouvelables ; c’est un mode de captation à mettre en place et qui passe par l’in- teraction énergie-lieux de vie, homme-énergie. Actuellement, les énergies renouve- lables sont classées en cinq familles principales. Mais la création d’énergies peut s’envisager au sens plus large avec des systèmes utilisant les forces mé- caniques, cinétiques, musculaires, bien que certains soient implantés dans les dispositifs renouvelables (cinétique, mécanique). L’énergie solaire L’énergie solaire est à l’origine de la vie. En effet, réglant le cycle de l’eau, du vent et de la photosyn- thèse, les règnes végétal, animal et humain en dépendent. C’est l’une des énergies renouvelables la plus présente, qu’elle soit sous forme thermique ou électrique. L’homme capte les rayonnements du soleil pour transformer cette énergie. Globalement, la Terre reçoit en énergie solaire près de 11 000 fois plus que la demande énergétique de la population mondiale. L’énergie solaire thermique consiste à utiliser la chaleur issue du rayon- nement, décliné de différente manière. - Usage direct, chauffe-eau, cuisinière... - Usage indirect, utilisant la chaleur pour un usage différent, comme la production d’électricité. Divers systèmes existent, ils transforment la chaleur en mouvement mécanique, servant directement ou pour pro- duire de l’électricité. Les rayonne- ments peuvent chauffer un gaz ou un liquide générant un mouvement utilisé directement, ou transformé pour produire de l’électricité. Ces systèmes sont souvent centrali- sés, fermés et éloignés des usagers. Le solaire photovoltaïque consiste en la captation des rayonnements solaires par une cellule photovol- taïque, pour produire de l’électri- cité. C’est une réaction molécu- laire, entre les photons (lumière) et les électrons contenus dans les panneaux (cellules, matériaux semi-conducteurs). Ces systèmes évoluent depuis quelques années, permettant de les intégrer au sein des lieux de vie. Il est vrai que leur esthétique peut frei- ner le développement de ces dispo- sitifs en ville, mais il est possible d’y remédier en faisant intervenir des notions plastiques, ne négligeant pas l’efficacité, le rendement. L’énergie éolienne Les éoliennes permettent d’exploiter la force du vent pour produire de l’énergie. Elles sont directement issues des anciens moulins à vent. Il existe différentes typologies d’éo- liennes, avec des rendements et ap- plications différentes. Elles sont gé- néralement utilisées avec un vent de 10 à 90 km/h, et arrêtées au-delà, pour minimiser les risques et l’usure des équipements. L’évolution des technologies à permis d’augmenter le diamètre des pales, grâce aux matériaux (polyes- ter métal, fibre de carbone), permet- tant un rendement plus important vu que la puissance des éoliennes est proportionnelle à la surface balayée par l’hélice. D’après l’industrie éolienne danoise, le bilan énergétique et carbone d’une éolienne est très favorable. Seulement deux à trois mois de pro- duction permettent de rentabiliser l’énergie consommée pour la réali- sation du produit. Au-delà des fermes éoliennes,
  • 28. 55 Les énergies éoliennes et solaires sont les énergies renouvelables les plus répandues dans le monde. l’application de ces systèmes peut être difficile dans les lieux de vie (pollution visuelle, sonore), mais c’est justement sur ces probléma- tiques que nous pouvons créer des solutions innovantes. En réduisant la taille des systèmes, le rendement peut baisser, mais l’impact et l’effet visuel peuvent être totalement différents. L’énergie hydraulique L’énergie hydraulique met à profit le déplacement de l’eau, essentielle- ment pour produire de l’électricité. Cela englobe les projets de bar- rages-réservoirs, les centrales éclu- sées, au fil de l’eau, et les centrales dans le courant. La production varie selon les aléas de l’hydraulicité1 , c’est une énergie qui remonte jusqu’au Moyen Âge avec les moulins, permettant de fournir de l’énergie mécanique. Elle regroupe plusieurs systèmes de mise en œuvre : Les centrales au fil de l’eau qui tur- binent en continu sans réservoir de retenue d’eau sont les plus nom- breuses en France, pour la produc- tion quotidienne. Les systèmes hydrauliques génèrent de l’électricité en transformant l’énergie cinétique. Les centrales lac, par éclusées et de pompage-turbi- nages utilisent des réservoirs pour répondre au besoin de consomma- tion supplémentaire. Lorsqu’il y a un système de rétention des eaux, il est possible de faire varier rapidement la production, il assure la sécurité et la stabilité du réseau électrique, gère les flux. Ses systèmes per- mettent de produire de l’électricité, mais ils sont aussi des centres de stockage énergétique. Un procédé encore récent interroge cette production pour implanter ce système sur les canalisations d’eau potable grâce à des micros turbines. Un rendement faible, mais un impact quasi nul pour l’environnement, comme pour le portefeuille (les deux micros turbines testées à Nice auraient une puissance de 380KW). Il serait peut-être intéressant de 1. Hydraulicité : C’est le débit d’eau d’une année ou d’un mois donné, par rapport à une année ou un mois considéré comme « normal »
  • 29. 56 57 Les centrales hydrauliques continentales constituent la première des énergies renouvelables dans le monde : elles produisent près de 83 % de l’électricité renouvelable. développer ces techniques sur tous nos équipements hydrauliques (égouts, évacuation des eaux grises, etc). L’énergie marine Elle reprend les techniques de l’énergie hydraulique. Des techno- logies très diverses peuvent être em- ployées, et peuvent servir à la pro- duction d’électricité, d’eau potable, ou encore d’énergie thermique. Loin des lieux de consommation, très dispersée elle est donc difficile à collecter. Actuellement, les projets utilisant ces technologies océaniques, excep- tées les centrales marémotrices en sont au stade de recherche, d’ex- ploration. Leurs différences de pro- ductivité et de prévisibilité sont très variables. Les centrales marémotrices captent l’énergie du flux hydraulique. Il faut installer un barrage permettant d’exploiter la différence de hauteur d’eau. Des turbines sont entraînées lorsque l’eau est libérée, comme les barrages fluviaux. La production d’électricité a un coût d’exploitation très faible, une fois l’installation rentabilisée. Le rendement de ces installations pourrait être très efficace. Les centrales houlomotrices profitent de la houle des vagues pour produire de l’électricité. C’est l’énergie renouvelable la plus dense, avec un potentiel de production immense. Prospectivement d’une capacité proche de la production nucléaire mondiale actuelle. Les hydroliennes transforment l’énergie des courants marins en électricité. Elles récupèrent l’énergie cinétique des courants sous-marins, cela génère plus d’électricité que les éoliennes, vu la densité de l’eau, plus élevée que celle du vent. L’énergie thermique des mers consiste à exploiter la différence de température entre l’eau de surface et les eaux profondes. Surtout dans les mers tropicales, avec une différence de température
  • 30. 58 59 pouvant atteindre 20°, cela permet de produire de l’électricité 24 h/24, 7 j/7. Cette technique permettrait de rem- placer les énergies fossiles, surtout dans ces territoires des tropiques, permettant une future autonomie énergétique. Là aussi, les systèmes reposent sur une centralisation des moyens de production. Il sera difficile d’intégrer cette technologie pour les villes non côtières. L’énergie biomasse La bioénergie regroupe les cultures énergétiques, les résidus des forêts, de l’agriculture et de l’élevage, ainsi que les biocarburants de deuxième génération. C’est une énergie jouant un rôle essentiel dans la vie quotidienne de nombreux pays émergents. Également appelée « houille verte », l’énergie issue des végétaux est re- nouvelable, puisque les plantes poussent sans cesse, grâce à l’éner- gie du soleil. On distingue deux types de bio- masses. La biomasse solide (bois, paille...) et la biomasse à haute efficacité. La biomasse solide est souvent uti- lisée comme combustible. Elle est souvent utilisée dans de mauvaises conditions par les pays émergents, qui la rendent très néfaste pour la santé et pour le climat. Ces éner- gies à faible efficacité énergétique, comme le bois, le charbon, la paille, les déjections animales sont de moins en moins utilisés dans les zones rurales, ou mieux utilisées. Le bois par exemple reste un très bon moyen pour se chauffer, vu qu’il uti- lise autant de CO2 en brûlant que ce qu’il a emmagasiné durant sa croissance. La biomasse ou bioénergie moderne à haute efficacité a recours à des solides, gaz, liquides plus adéquats. Ils permettent une source énergé- tique secondaire, qui produit de la chaleur, de l’électricité, les deux combinés et des biocarburants pour divers secteurs. Les bio gazole, l‘éthanol servent aux transports routiers et dans certains secteurs industriels. Les gaz issus de la biomasse comme le méthane émanant des digestions anaérobies de résidus agricoles, de déchets ur- bains solides permettent de produire de l’électricité, de la chaleur ou les deux. La forêt est le principal gisement pour la biomasse solide en France, elle est exploitée pour le chauffage individuel et collectif, pour l’industrie et l’agriculture. Très efficaces éner- gétiquement, ce sont des systèmes qui se développent de plus en plus. L’énergie géothermique La géothermie est issue de l’éner- gie produite par la Terre, principa- lement produite par la radioactivité qu’il y a sous nos pieds. Ce flux est très faible au niveau de la sur- face, pour en capter le maximum, il faut utiliser des forages. La chaleur provenant est donc emmagasinée vers la surface. Les fluides géother- miques extraits (température, com- position) dépendent de la formation géologique. Il existe donc une multi- tude de techniques d’extraction et de valorisation et donc d’application. Elle permet de produire de l’élec- tricité, en captant la chaleur des nappes aquifères à haute tempéra- ture. La première centrale date de 1904 en Italie. Un autre système, produisant de l’électricité, la technologie du cycle binaire, mis au point dans les années 80, qui consiste à utiliser l’eau des nappes aquifères, pour chauffer un fluide intermédiaire (isobutane, isopentane, ammoniac), qui se vaporisent à une température inférieure à celle des nappes. C’est le système le plus diffusé dans le monde. La géothermie basse énergie uti- lise des nappes situées à moins de 100 m de profondeur, dont les tem- pératures n’excèdent guère 30°. Ce qui permet d’envoyer directement l’eau, si elle est assez pure, dans les radiateurs. Au cas contraire, on utilise des pompes à chaleur géothermales. On distingue aussi, la géothermie
  • 31. 60 61 sur nappe. Ce système nécessite un grand terrain, en rapport avec la surface habitable à chauffer. En revanche, les coûts de fonctionne- ment sont extrêmement bas (0,03 à 0,06 €/kWh). Ce système de pompe géothermale à de nombreuses ap- plications, chauffage de logements, bâtiments, serres, mise hors gel des routes... La géothermie haute énergie ex- ploite des gisements de vapeur sèche ou humide (mélange eau vapeur) à des températures supé- rieures à 150°, où la géothermie est particulièrement intense (de 1500 à 3000 m). Utilisée soit pour produire de l’électricité, de la chaleur ou en cogénération. Le bruit et la vibration, source d’énergie. Des sources énergétiques plus pros- pectives peuvent être exploitées. En effet, des projets questionnent la production d’électricité par les bruits générés en ville comme le projet « Soundscraper », imaginé par des architectes et urbanistes français. Ce dispositif serait placé aux abords des villes, voies de circu- lation, permettant via des capteurs piézoélectriques de capter les vibra- tions créées. Les matériaux piézoé- lectriques génèrent de l’électricité grâce à la déformation et à l’écra- sement des molécules du matériau. Cette tour de 100 mètres de haut récupérant l’énergie sonore pourrait produire jusqu’à 150 MW/h, équi- valent à 10 % de la consommation d’éclairage de Los Angeles. Sa façade vibre en fonction de l’in- tensité des bruits de la ville. Cette source énergétique reste à évaluer, ici les micros-mouvements génèrent de l’électricité par des sys- tèmes piézoélectriques, pouvant être stockée et utilisée. L’esthétique du système, plastique- ment identifiable développe plus la question de la visualisation de l’énergie. À priori, les nombreuses énergies renouvelables développées restent prin- cipalement axées sur une production centralisée, re- prenant le système actuel des énergies fossiles. Les systèmes à haut rendement, comme l’hydraulique, sont difficilement intégrables en zones urbaines. Mais certaines, comme l’éner- gie éolienne, solaire ont techniquement évolué, ce qui permet de repenser les zones de productions. Pourquoi garder un sys- tème centralisé, alors que les énergies renouvelables peuvent justement pro- duire localement. Si les contraintes esthétiques, sonores, visuelles, etc, dé- valorisent les moyens de captations actuels, il est possible de travailler plas- tiquement ces dispositifs pour les intégrer au pay- sage urbain. Concours international Soudscraper. Compétition organisée par la revue d’architecture eVolo Magazine. Collectif français ; Julien Bourgeois, Olivier Colliez, Savinien de Pizzol, Cédric Dounval et Romain Grouselle
  • 32. 62 63
  • 33. 64 65 HISTORIQUE DES MODES DE VIE ALTERNATIFS... LES PAYS NORDIQUES. LA VILLE DURABLE ET LES ECO-QUARTIERS UNE TRANSITION EN MARCHE 65
  • 34. 66 67 De nombreux modes de vie contem- porains alternatifs témoignent des possibilités d’action, tout en gardant une qualité de vie, un confort sem- blable à celui que nous connaissons grâce aux énergies fossiles. Depuis une décennie, des projets à diverses échelles se mettent en place (pays, villes, quartiers, bâtiments). Certains pays développent une pro- duction d’énergie à partir des ENR (énergies renouvelables). Les pays nordiques comme le Danemark sont précurseurs dans l’utilisation des ENR. Le Danemark est le pays ayant intro- duit dès la fin des années soixante- dix les éoliennes. Ce pays plat et venteux a profité de ses atouts pour devenir un leader mondial dans ce domaine. Mais ce pays se repose sur une part d’énergie fossile impor- tante ; plus de 57 % en 2011 dans le mix électrique1 du pays, contre 28 % d’éolien. Un pays précurseur et efficace puisqu’en 2014 la part de l’éo- lien a permis de fournir 39 % de l’électricité consommée tout au long de l’année. Cette économie floris- sante et ce système en place per- mettraient d’atteindre un objectif de 50 % d’électricité produite par l’énergie éolienne d’ici 2050 (source Energinenet.dk). Ce pays a su s’appuyer sur ses atouts pour mettre en place une économie et un système compétitif. Malgré leur dépendance aux éner- gies fossiles, nous pouvons nous ap- puyer sur ce style de pays, pour dé- velopper les ENR. Le territoire fran- çais est relativement optimal pour intégrer un maximum de mode de captation d’énergie (solaire, éolien, biomasse, hydraulique). Avec 49 % de son énergie finale d’origine renouvelable, la Suède en 2010 était déjà sûre d’atteindre son objectif de 2020, porté à 50 %. L’énergie éolienne est un pôle im- portant dans le développement des ENR en Suède, mais son principal atout est la filière biomasse, no- tamment en cogénération pour le chauffage urbain et la production LES PAYS NORDIQUES 66 1. Mix électrique : Il regroupe les sources de production d’électricité : Thermique, Nucléaire, Renouvelables, qui sont souvent combinés pour répondre à la demande.
  • 35. 68 69 d’électricité. Ce système basé sur les ENR reste très compétitif, les techno- logies employées comme les com- bustibles font face aux moyens de production classique. Leur mix électrique est principale- ment composé d’hydroélectricité et de nucléaire, se substituant au pé- trole, dont son usage massif, s’est raréfié dès le premier choc pétrolier. De plus, la biomasse et les réseaux de chaleur urbains associés ont fait fortement délaisser les énergies fos- siles dès 1990, en plus de la taxe carbone mise en place. La Suède a une émission de GES nettement inférieure à la France et ce système en place semble être une solution efficace. Ce pays semble être un leader dans l’utilisation des ENR. De nombreux pays peuvent être étudiés plus en détail, les statistiques affichées sont optimistes, elles prouvent qu’il est possible de changer nos modes de vie pour développer dans notre pays une économie, une industrie autour des énergies. Des objectifs nationaux de telle am- pleur doivent être étudiés, analysés par des équipes compétentes, en interpellant les usagers, les collecti- vités, plus généralement les acteurs permettant de développer ces nou- veaux modes de vie. Si les pays européens ont développé une économie nationale, une so- ciété utilisant les ENR, certains déve- loppent des modes de vie alternatifs plus locaux. Avant de réduire l’échelle, en ce qui concerne le mode de vie, les danois essaient de mettre en ap- plication de nombreux gestes du- rables, écologiques, améliorant leur environnement. Certaines villes comme Copen- hague sont connues pour leurs modes de déplacement doux, comme la bicyclette. Cette ville est souvent désignée comme « meilleure ville où il fait bon vivre » ; de nombreux urba- nistes, politiques se déplacent pour comprendre comment la société met en place ses systèmes durables, écologiques, valorisants et respon- sabilisants les usagers. Ces change- ments de comportements et cet at- trait pour cette ville laissent à penser que les citoyens vivent agréablement et dans un confort de vie accep- table, où les relations hommes-na- ture-économie sont harmonieuses. Mais l’acceptation des ENR dans ce pays aujourd’hui est sans doute liée au temps, car rappelons-nous que les premières éoliennes au Danemark apparaissent dans les années 70. Cela fait plus de quarante ans de recul et d’acceptation du système énergétique en place. Ce système mis en place dans ces années a cer- tainement évolué, progressé et a été inculqué et appréhendé depuis. Par diverses méthodes, les graines semées arrivent à maturité lorsque les conditions et les changements de comportements deviennent im- portants. Les décisions prises par ces pays dans les premières années de crise mondiale permettent au- jourd’hui d’être en accord avec les objectifs à atteindre. Mais le temps de mettre en place une pédagogie de longue durée risque d’être trop peu. Il faut agir, il faut accélérer cette prise de conscience. Ces pays sont des exemples, appuyons-nous sur leur expertise, leur recul pour agir et être efficaces. Si à grande échelle développer un projet peut s’avérer complexe, à une échelle réduite comme un quartier, des systèmes alternatifs peuvent être développés. Les villes mettent en place depuis plus d’une décennie des éco-quar- tiers. Ses quartiers inscrits dans le développement durable permettent une restructuration urbaine, inté- grant des principes d’écologie ur- baine, mettant en valeur la promo- tion du lien social.
  • 36. 71 http://citizenpost.fr/2014/03/quartier­sans­voitures­a­amsterdam­retour­sur­projet­phare­des­annees­90/ 1/5  0 COMMENTS 325 SOCIETE UN QUARTIER SANS VOITURES À AMSTERDAM : RETOUR SUR UN PROJET PHARE DES ANNÉES 90 YOHAN DEMEURE | 6 mars 2014 12:39 Chercher  DERNIERS ARTICLES UNE ASSOCIATION TRANSFORME LES BANCS PUBLICS EN ABRIS POUR LES ... #JESUISNIGERIA : MOUVEMENT SANS PRÉCÉDANT POUR DÉNONCER LES EXACTIONS DE ... MÉDIAPART, LE PARISIEN, L’EXPRESS, FRANCE INFO, DE INNOVATIONS SOCIETE 325SHARES Un éco-quartier n’accordant aucun droit au trafic routier en plein Amsterdam a été construit dans les années 90 sur une friche industrielle. Retour sur un quartier qui était pour l’époque, le symbole de l’inscription du développement durable dans les projets de restructuration urbaine, intégrant des principes d’écologie urbaine et de promotion du lien social. Amsterdam est une ville connue pour son tissu urbain dense auquel un modèle performant de réseaux de transports s’adapte. Les transports publics et le vélo y sont très largement utilisés et les habitants ne sont pas opposés à la limitation de la place de l’automobile dans la ville. En effet, la politique de stationnement y est dissuasive et ne fait pas l’objet de protestations. En 1992, un référendum local a été organisé ; la population d’Amsterdam s’est prononcée en faveur d’un centre sans voitures. GWL-Terrein est un éco-quartier de 6 hectares construit sur l’emplacement d’une usine de traitement des eaux désaffectée, effectif en 1998 portant l’étiquette d’innovation en termes de « haute qualité sociale et environnementale » . Situé dans l’arrondissement de Westerpark, à moins de 3 km du centre d’Amsterdam, GWL-Terrein est desservi par une ligne de tramway. Un projet né en 1990 d’une volonté politique, impulsé par les Ministères néerlandais du logement, de la planification et de l’environnement ainsi que l’Agence d’urbanisme d’Amsterdam, en coopération avec les riverains alentour ainsi que les futurs habitants. Westerpark est un district culturellement mixte et le plus modeste de l’agglomération au regard du revenu moyen des habitants. Il souffrait d’une médiocre réputation mais cela tend à changer : sa proximité du centre d’Amsterdam le rendant attractif. La municipalité mènerait une politique volontariste de peuplement favorisant le retour des classes supérieures. Il s’agit ici d’un phénomène de « gentrification », terme qui prend sa source dans le mot anglais « gentry », qui signifie « petite noblesse ».  Partager sur Facebook  Partager sur Twitter NOMBREUX MÉDIAS PIRATÉS ... AUCUNE MARQUE « JE SUIS CHARLIE » NE VERRA LE JOUR RECYCLED PARK : DES PLATEFORMES FLOTTANTES GRÂCE AUX DÉCHETS DES ... FOX NEWS ESTIME QUE PARIS EST COMPARABLE À BAGDAD ! MAIS QUI SONT VRAIMENT LES ANONYMOUS ? SOCIETE SOCIETE ÉCOLOGIE SOCIETE SOCIETE  GWL-Terrein est un quartier qui à l’époque était le symbole de l’inscription du développement durable dans les projets de restructuration urbaine. La population d’Amsterdam s’étant prononcée en faveur d’un centre-ville sans voiture, dès 1992. LA VILLE DURABLE ET LES ECO-QUARTIERS L’éco-quartier GWL-Terrein à Amsterdam, effectif dès 1998 est construit sur l’emplacement d’une usine de traitement des eaux dé- saffectée, sur une superficie de six hectares. Ce lieu est à moins de trois kilomètres du centre-ville, c’est un projet impulsé dès 1990 en coo- pération entre ministère, usagers, futurs habitants. Pensé comme un quartier de haute qualité sociale et environnemen- tale, la mixité culturelle et sociale du quartier ainsi que la réputation des alentours tendent à changer au fil du temps. D’une réputation médiocre vers un lieu où il fait bon vivre. La qualité de vie étant accentuée par la non-utilisation des véhicules dans le quartier, ces dernières sont en bordure ou un parking permet le stationnement. La vie et les animations sont pré- sentes grâce aux accès facilités, qu’ils soient dans le quartier ou à proximité, accessibles à pied ou en tramway. La cohésion sociale semble forte et le quartier est soumis à des règles, comme une micro- société. Selon les habitants la vie en communauté, l’attachement au quartier, la durabilité sociale et le bien-vivre semblent remporter un grand succès. Le point négatif de ce lieu est la non-possibilité de développer les ENR. En effet, un contrat mono- pole est passé avec une compa- gnie d’énergie utilisant le gaz, ce qui semble être figé à jamais, du moins actuellement. Donc produire et intégrer plus d’énergie renouve- lable pouvant redistribuer le surplus d’énergie n’est pas possible. En revanche, l’eau de pluie est stoc- kée, utilisée pour les toilettes, bien que le système ne fonctionne pas à tous les étages. Mais les efforts servent à interpeller les citoyens, les collectivités. Ici, les moyens mis en place pour organiser la vie du quartier sont accessibles, la population peut prendre part aux échanges, elle voit son environnement évoluer en fonc-
  • 37. 73BedZed est un quartier répondant à des normes environnementales très élevées. L’ensemble a été pensé en utilisant des matériaux recyclés, la consommation et la production énergétique sont maximisées. C’est un innovant et fabuleux exemple du « zéro énergie » tion de ses besoins, ses usages. Ces échanges me semblent importants, la création de liens, la prise de conscience collective, le confort de vie, permettent une interaction entre l’homme et son lieu de vie. Le citoyen de demain deviendra-t-il acteur de sa ville ? La colla- boration des usagers pourrait mettre en avant des probléma- tiques et des envies. Le produire pour soi tend à changer, l’énergie, les données, les pro- duits deviennent des flux, la ville évolue avec nos besoins. Un quartier ne dis- pose-t-il pas de toute la matière nécessaire pour évoluer ? L’habitant du quartier n’est-il pas le mieux placé pour savoir comment améliorer son environnement ? Comment les éco-quartiers peuvent- ils dépasser l’état de laboratoire, d’espace témoin ? Car ils sont souvent posés de cette manière, ils attirent les regards, rendent visibles des intentions, mais peuvent-ils devenir des lieux de vie transposables à d’autres sociétés, villes ? Ce sont des outils urbanistiques forts, perceptibles et portant une perspective de vie durable, amé- liorée. Un quartier comme BedZed (Beddington Zero Energy Develop- ment) peut s’apparenter à cette des- cription. Situé à Londres, ce quartier couvre environ 1,7 hectare. Ce sont d’anciennes friches in- dustrielles qui ont été réhabilitées, comportant environ 250 habitants. L’objectif de ce quartier était plus axé sur l’efficacité et la sobriété énergétique ainsi que sur la densité de population. La qualité de vie y est excellente, le
  • 38. 74 75 quartier met en valeur une écono- mie locale, l’empreinte écologique par habitant a baissé de moitié, les transports doux sont favorisés et l’es- sentiel de la production électrique est d’origine renouvelable, grâce à des panneaux photovoltaïques. Pour accentuer la part des ENR, le système mis en place permet d’émettre zéro Co2, la cogénéra- tion biomasse par le recyclage des déchets permet de produire élec- tricité et chaleur. BedZed est un modèle sur le plan de la récupéra- tion, de l’efficacité et de la sobriété énergétique. Mais comme un laboratoire, cer- tains points mettent en lumière les limites de ces éco-quartiers. Ils servent d’exemple, font évoluer les idées et les comportements, mais ils connaissent des difficultés après quelques années de fonctionnement. Le quartier BedZed après dix ans de fonction connaissait divers pro- blèmes qui mettaient en péril la qualité de vie des usagers. En effet, des problèmes sur le système de cogénération biomasse apparurent, la mixité sociale était peu efficace étant donnée la séparation phy- sique qui existait entre les logements sociaux et les autres résidents, les infrastructures comme la crèche fer- maient, etc. Créer des zones urbaines identifiées comme écologiques au sein d’un ensemble différent n’est peut-être pas la solution. Actuellement, relo- ger, reconstruire n’est pas possible à grande échelle. Dès leurs construc- tions, ces quartiers semblent allé- chants. Mais il semblerait que les règles dictant les éco quartiers, leurs normes ne sont pas aussi flexibles, si adaptables que dans les « zones classiques ». Imposer un ensemble reposant sur des ambitions difficiles à réaliser n’est-il pas trop en rupture avec nos modes de vie actuels ? Ne faut-il pas passer par des zones d’adap- tation, d’acceptation afin d’intégrer un comportement durable, évoluant progressivement avec l’usager ? Les connexions entre éco-quartier et zones classiques semblent problé- matiques, des tensions s’exercent entre ces deux mondes qui se cô- toient. Comment juxtaposer ces modes de vie ; comment transférer les solutions de quartier à la ville entière ? La ville étant déjà bâtie, il n’est pas envisageable de tout reconstruire. Le bâti en France est la priorité des rénovations écologiques à venir. Comment financer ces rénovations, comment appliquer les solutions écologiques des éco quartiers vers les zones classiques ? S’il est difficile de transférer tout un système complexe, il est possible de mettre en pratique des solutions tes- tées dans les éco quartiers pour les transférer vers une échelle locale, restreinte. Mais adapter n’est pas simple, étudier un territoire est déjà un projet en soi. « Ici » n’est pas « là-bas », même si « ici » et « là-bas » ont des points communs, comme le dit Yves Bonard et Laurent Matthey dans le débat : Les éco quartiers : laboratoires de la ville durable Changement de paradigme ou éter- nel retour du même ? Il faut que ces éco-quartier, appa- renté à une maquette échelle un d’un concept, ne deviennent pas des solutions posées comme une so- lution universelle. Les solutions urbanistiques des années 1960 offraient des solutions modernes, avantageuses et surtout logeant un maximum de personnes dans ces barres d’immeuble. Mais aujourd’hui, ces systèmes pourtant universels à leur époque sont remis en question, les éco-quartiers sui- vront-ils le même destin ? Les modèles mis en place ren- contrent un modèle défini, étudié et inscrire un modèle fonctionnant par- faitement ailleurs n’est pas source de réussite pour un autre lieu. Les villes que nous connaissons ont un patri- moine inscrit, tout comme la relation homme-habitat, quartier-habitants. Il est peut-être intéressant d’interve- nir non plus en questionnant et en transférant des modèles écologiques
  • 39. 76 77 vers des zones, mais plus en valori- sant ces zones par une contextuali- sation qui pourra par la suite servir de base de travail. Valoriser ces zones grâce à ses particularités, son attachement, ses diversités. En s’intégrant aux lieux culturellement et socialement ins- crits, cela devrait mettre en valeur le potentiel de réappropriation de la ville, de son quartier par les habi- tants, mettant en avant les spécifica- tions et l’urbanisme du lieu. Cette approche pourrait faire com- prendre aux usagers que leurs es- paces de vie peuvent évoluer en fonction de leurs envies. Il faut im- pliquer les personnes visées, per- mettant de sensibiliser et responsa- biliser les usagers. Ici, nous parlons de comportements écologiques, mais cette approche permet d’appréhender le com- portement des sociétés face aux changements. L’urbanisme fait partie de la vie des usagers, l’énergie aussi. Si nous voulons nous réapproprier la ville tout en produisant une éner- gie plus propre, il faut mettre en place une démarche locale, respec- tant et affirmant les envies des usa- gers en valorisant l’environnement proche. Faut-il bousculer les codes qui régissent nos modes de vie pour avancer ? Les besoins évoluent, nous cher- chons les solutions pour réduire nos impacts. Doit-on agir en partant du bas de la pyramide pour faire bouger le haut ?
  • 40. 78 79 Valoriser son environnement, créer des zones signes pour la produc- tion d’énergie, utiliser un symbole local pour s’identifier, s’apparen- ter à un lieu ; tout cela en relation avec un corps d’experts peut devenir et mettre en avant une structure de conseil, s’appuyant sur des systèmes logistiques évoluant, performants. Cette coopération entre experts et usagers locaux peut développer un dispositif enveloppant le projet, qui intégrerait les caractéristiques du lieu, ses besoins, ses usages. La structure développerait une base de travail, une ligne directrice pou- vant être reprise ailleurs, tout en intégrant les caractéristiques indivi- duelles des zones étudiées. C’est une relation qui permettrait aux consommateurs de devenir ac- teurs de leurs lieux de vie. Les sys- tèmes mis en place dans les éco quartiers sont économiquement et énergétiquement intéressants. La part de l’habitant dans la vie du lieu est plus présente, et cette relation du consommateur-acteur tend à s’instaurer de plus en plus, y compris dans des projets aux ambi- tions moindres et diverses. Mais les éco-quartiers et les villes durables ne sont pas les seuls mo- dèles alternatifs. D’autres, plus ambitieux et un peu utopiques développent une stratégie et une industrie mondiale basées sur le développement durable et les nouvelles technologies. Vers une transition mondiale... En effet, Jérémy Rifkin, spécialiste dans la prospective économique et scientifique met en avant dès 2006 la « Troisième Révolution Industrielle ». Cet homme a écrit un ouvrage dé- taillant son scénario en alimentant ses propos par de nombreux faits historiques, économiques, etc. La question de l’énergie n’est pas sans réponses de sa part. Il a de nom- breuses fois prospecté sur des crises énergétiques, qui se sont avérées véridiques. Pour lui, le modèle actuel que nous utilisons est à bout de souffle. La UNE TRANSITION EN MARCHE 78
  • 41. 80 81 raréfaction du pétrole et les boule- versements climatiques qui se pro- filent vont très certainement amener à une crise économique mondiale. Il faut donc créer une économie dé- carbonée, et cela va provoquer de nombreux changements dans nos modes de vie. Ce modèle repose sur cinq piliers fondamentaux pour fonctionner. Tout d’abord, il s’agit de développer un système utilisant uniquement les ENR, tout en arrêtant l’utilisation des énergies carbonées et nucléaires. Pour mettre ce système en place, il faudra restructurer les infrastruc- tures, le bâti en microcentrales. Il en convient donc, de produire dé- centralisé et proche des lieux de consommation. La question du stockage de l’énergie est tout aussi importante, il s’agira de développer des moyens de stockage permettant de conserver l’énergie renouvelable intermittente. Mais aussi développer les technolo- gies de l’hydrogène permettant de répondre aux demandes en énergie. Le point fort de ce modèle est le dé- veloppement d’un réseau électrique intelligent comme les réseaux inter- net, appelé « Smartgrids » ou « In- tergrids ». Le but étant de raccorder toutes les microcentrales de chaque bâtiment en un réseau unique et intelligent, permettant de répondre aux mieux à la demande. C’est un réseau récupérant l’éner- gie où il y a du surplus, pour pallier aux besoins d’autres lieux, d’autres bâtiments. Le domaine du transport est tout aussi intéressant. Rifkin tend à créer des flottes de transport permettant de récupérer et de fournir l’énergie via les Smartgrids. Ces flottes seraient des véhicules hybrides ou à piles combustibles, utilisant principalement l’énergie électrique. À développer… En effet, ces questions d’échanges et de partage d’énergie montrent suivant Rifkin qu’il est possible d’at- teindre d’ici 2050 des objectifs très ambitieux. Ce type de modèle économique, malgré son intérêt, semble être une utopie. Les États doivent coopé- rer pour que ce genre de projet se mette en place. Et cela risque d’être difficile. C’est un modèle à long terme qui sera long à intégrer dans nos modes de vie. De la théorie à la pratique... Avant d’agir internationalement, les choses peuvent bouger à une échelle plus restreinte. La région Nord-Pas-de-Calais l’a bien compris. En 2013, Jérémy Rifkin fût mandaté pour mener une étude mettant en action la Troisième Révolution Industrielle. D’un projet, d’une ambition, un plan d’action progressa et se concrétisa. Car la région a compris que cette feuille de route pourrait créer une forte mutation novatrice et néces- saire pour relancer ce territoire. La troisième Révolution Industrielle im- prègne aujourd’hui le territoire, et la mobilisation de l’ensemble des ac- teurs augmente de plus en plus. Ces signes de mutations sont très encourageants, l’utilisation de véhi- cule électrique augmente, les ENR se développent, le projet fédère de plus en plus d’acteurs et crée de plus en plus d’ambitions. Cette ini- tiative de la Chambre du Commerce et d’Industrie de région crée une sy- nergie industrielle, sociale, collective et responsable. C’est une première mondiale à l’échelle d’une région, inaugurant par la même occasion les avantages compétitifs de la gouvernance par- tagée et du pouvoir transversal. Cela permet d’impliquer dans le processus de réflexion et de déci- sion, plus de cent-vingt responsables et experts dans divers domaines. Sans rentrer plus dans les détails, cette initiative de la région semble être largement acceptée et suivie. Plusieurs témoignages revendiquent la Troisième Révolution Industrielle en Nord-Pas-de-Calais comme por- teuse et révolutionnaire : « C’est vraiment le futur que nous voulons. », dit un directeur de
  • 42. 82 83 chaîne de télévision régionale. Mais la visibilité et le succès de ce projet se feront grâce à une vision et une adhésion des usagers. Pour l’instant les projets progressent, de nombreuses rénovations écolo- giques, expérimentales et innovantes s’effectuent. En bref, cette feuille de route s’ap- puie sur une dizaine de points clés permettant d’effectuer des transfor- mations sur l’espace urbain, les bâ- timents, l’habitat, la transformation des modes de vie à l’échelle des territoires, etc. En conclusion, la Troisième Révo- lution Industrielle est une feuille de route qui dirige des ambitions pro- gressives, appuyées sur des piliers solides et permettant d’activer des solutions viables et possibles. Probablement activable à cette échelle, cette méthode prend en compte et active des solutions grâce à la coopération des grandes ins- tances de la région ainsi que de ses habitants. Ce projet prend son élan, il faudra voir d’ici quelques années où en est la région Nord-Pas-de-Calais. Mais comment transposer et favoriser cette vision d’une économie orien- tée vers le développement durable et les ENR vers un quartier, un lieu classique ? Métamorphoser un quartier clas- sique pour répondre aux normes futures n’est-il pas comme concevoir un éco-quartier ? Vers des solutions plus facilement activables... Ce modèle à long terme est une solution plus ou moins viable, mais n’est-il pas possible d’activer di- verses solutions moins coûteuses, à une échelle plus restreinte, permet- tant de s’adapter et ayant une action directe avant de se lancer dans une mutation profonde ? Car la question de la visibilité de l’énergie reste encore à valoriser. Il faudrait sensibiliser la population à une échelle plus réduite afin qu’elle prenne conscience de son compor- tement, sa consommation et surtout Si chaque tweet envoyé émettait une lueur blanche, voilà à quoi la Terre pourrait ressembler. Pour composer la carte, les chercheurs ont utilisé le Twitter Decahose, une base de données payante aspirant 10 % du flux mondial des tweets. Ici, la question des différents territoires et de l’échelle permettent de questionner ces notions, même si le sujet est transversal. 82
  • 43. 84 85 pour qu’elle comprenne que l’éner- gie l’entoure. Comment percevoir ce que l’homme ne voit pas ? Nous devons agir pour montrer aux usagers que l’énergie ne se crée pas, elle se transforme. Cette transformation n’est pas assez visible, et mettre en place un dis- positif valorisant cet effet permet- trait peut-être un changement de comportement face aux énergies alternatives. Appuyer sur un interrupteur pour s’éclairer est simple, mais com- prendre comment cette énergie est produite est plus complexe. Cette simplicité facilite nos modes de consommation, l’effet quasi im- médiat ne montre pas tous les ef- forts qu’il faut pour accéder à cette finalité. Il faut peut-être intervenir au niveau de cette vision intermédiaire et pro- duire in situ des lieux de consom- mation en rapprochant la relation usagers-énergies. En développant ces échanges de différentes manières, nous pourrions créer une confrontation entre l’homme et ce que l’énergie génère, permettant peut-être un changement comportemental et une réduction de la consommation énergétique.
  • 44. 86 87 HISTORIQUE ET L’URBANISME DANS TOUT ÇA... LES CHANGEMENTS ET ORIENTATIONS 87
  • 45. 88 89 La relation entre l’urbanisme et l’énergie est très marquée dans ce projet. Les solutions mises en place jusqu’à ce jour semblent isolées, parsemées. Les nombreux exemples statuent sur une volonté de changer de mode de vie. De plus en plus de citoyens adoptent un comportement écologique, moins énergivore. Aujourd’hui, les villes tendent de plus en plus à évo- luer, les sociétés actuelles devront répondre à de nouveaux besoins et usages. La ville durable questionne le concept de la ville et de la société moderne. Mais qu’est-ce qu’une ville ? C’est un espace évoluant, qui est caractérisé par différents systèmes complexes. Les espaces urbains morcelés configurent cet ensemble, mêlant et juxtaposant clivages so- ciaux, zones géographiques, écono- mie contrastée… Comment orien- ter une société entière dans une démarche, une ambition pour tous malgré ces divergences ? Comment développer et analyser les territoires d’action ? Quels sont les moyens lo- gistiques disponibles pour détermi- ner les besoins, les usages pouvant intervenir et compléter le dispositif mis en place dans ce projet ? Le concept de ville durable peut mettre en évidence quelques prin- cipes permettant d’appréhender les questions liées aux sociétés ac- tuelles. Mais il reste difficile à définir, et ce malgré de nombreuses carac- téristiques se regroupant dans les textes le définissant. La ville durable serait donc une ville fonctionnelle, mixte et participative. Une ville non figée, évoluant à long terme, gardant son identité en sa- chant se transformer et se redéfinir. Il sera justement question de définir une identité pour le dispositif, doit-il contraster avec la zone d’implan- tation, ou doit-il se fondre dans la masse ? Une identité forte pour le dispo- sitif permettrait de transformer les regards et participerait à la vie du lieu, mais une identité en rupture pourrait aussi être néfaste. Il faudra LES CHANGEMENTS ET ORIENTATIONS 88
  • 46. 90 91 faire attention à ces questions, et le designer est justement présent pour trouver des solutions pertinentes. En évoluant, les espaces communs et les territoires deviennent des sys- tèmes complexes qui ne répondent plus aux chartes et aux organisa- tions antérieures. Pour ne citer que celle-ci, la Charte d’Athènes de 1933, écrite sous la direction du Corbusier a depuis évolué. En effet, depuis 1998, le Conseil Européen des Urbanistes a jugé qu’il convenait de jeter de nou- velles bases plus appropriées, pou- vant par la suite servir de socle de réflexions sur la ville. Réactualisée en 2003, cette charte se décompose en dix thèmes do- minants pour la ville de demain. Ils visent à rechercher une mixité fonc- tionnelle et sociale, permettant d’en- diguer les ségrégations socio-spa- tiales et les besoins croissants en mobilité. Les caractéristiques soulevées per- mettent de créer des usages en accord avec les besoins actuels et futurs des populations. Cette trans- formation de la ville est liée à la société. En somme, une société qui consommera toujours de l’éner- gie, mais si nous y arrivons, elle consommera une énergie produite in situ, non figée et évoluant suivant les besoins. Cette transformation de la ville s’ins- crit dans un contexte en mutation, tant au niveau de l’urbanisme et de l’énergie. Explorant de nouvelles formes d’habitat, renouvelant l’ap- proche urbaine et énergétique. Le cadre législatif réglementaire devrait évoluer, favorisant les différentes transformations de la ville, en modi- fiant ses usages, ses fonctions. « Transformer la ville », une thé- matique mise en valeur par le Concours Bas Carbonne 2013- 2014 développé par EDF. La problématique soulevée par le concours cherchait des innovations permettant de répondre aux exi- gences croissantes et tous azimuts des bâtiments, dans des conditions économiques convenables. « Imbrications », Djuric Tardio architectes, avec Franck Boutté Consultants et Stelec Ingénierie, construction de treize maisons de ville sur quatre parcelles, Gennevilliers (92). (ci-dessus et page 92)
  • 47. 92 93 Il s’agissait de mobiliser les délais- sés fonciers, repenser le tissu urbain en l’adaptant aux nouveaux modes de vie des habitants, et ce en ren- dant toute sa place à l’usager dans son lieu de résidence, sa ville en général. Ce parallèle entre architecture et design permet une approche pluri- disciplinaire, explorant de nouvelles pistes. Et la question de l’énergie explore justement divers domaines, de l’usager lambda au politique, en passant par l’économiste, l’archi- tecte, etc. Ici, questionner cette am- bition de transformation de la ville assure une diffusion de bonne pra- tique, tournée autour du partage de performance (production, efficacité, sobriété…). En questionnant le bâti, les résultats obtenus permettaient d’explorer des pistes répondant aux besoins de la population, à la réduction des consommations énergétiques, tout en étant supervisés par un raccorde- ment aux « Smartgrids ». L’optimisa- tion de ces performances est pensée avec une ambition de rendement énergétique optimal. La vision de l’énergie reste encore non ques- tionnée. Mais ici, c’est la promotion d’une ville durable, économique- ment viable, intégrant les contraintes énergétiques et l’usager qui nous est proposé. Une optimisation fonctionnelle, ar- chitecturale qui rend le bâti acteur du changement, de la transfor- mation. Une fois encore, l’aspect d’identité participe au principe de réhabilitation, d’action. Des zones à identifier... Le bâti participant à l’équilibre du territoire, devenant acteur énergé- tique lors de forte demande, conser- vant une énergie accumulée par des moyens de production d’ENR. Si les législations viennent à changer, et cela ne devrait pas tarder, c’est une chance dès à présent de participer à cette transformation. L’énergie est au centre de nos sociétés depuis une longue période. Valorisons-la ! « Transformer la ville ». Projet Lauréat. Ce projet valorise le tissu ancien, et favorise la mutation dans le respect de l’occupation historique et urbain, sans le dénaturer. Les interventions s’opèrent sur des opportunités fon- cières, le tissu étant composé de maisons de ville, petits immeubles. C’est une transition douce, en conti- nuité du bâti existant permettant de densifier raisonnablement, grâce à de simples maisons de ville, efficaces énergétiquement, répondant aux be- soins des populations. C’est un processus réplicable, entre éco-quartier défini et tissu ancien à repenser.
  • 48. 94 95 Dois-je pour autant questionner l’énergie sous un angle de rende- ment optimal ? Ne peut-on pas mettre une part poétique dans l’énergie ? Cette part poétique serait entre- autres caractérisée par des notions plastiques fortes, mettant en visibi- lité les forces qui nous entourent, valorisant les systèmes de captation d’énergie par une esthétique en rup- ture. Le dispositif évoluerait en fonc- tion des conditions météorologiques par exemple, créant un changement visuel au cours du temps, faisant signe dans l’espace urbain. La société cherche à garder un confort, une qualité de vie par divers moyens, tout en répondant aux contraintes écologiques, énergé- tiques, économiques… Des signes forts, comme l’iden- tité semblent importantes pour les territoires et les usagers. Cette identité évolutive peut être mise en valeur par des dispositifs qu’il faut scénariser. Identifier un territoire pour son énergie pourrait-il devenir une solution ? Cette identité trou- vée permettrait de faire changer les comportements, permettrait une mixité socioculturelle, ou autre. Le territoire ne serait plus identifié par des raisons sociales, culturelles, économiques ; mais c’est toute une mutation profonde qui se mettrait en place autour de la participation énergétique du territoire. Intervenir en ville est important pour développer une attraction autour des dispositifs faisant signe. Il reste à savoir si les zones intégrant les dispositifs seront des zones de pro- duction d’énergie, permettant de réduire la consommation, ou encore de stockage. Car au-delà de la sensibilisation et de l’information des consommations, c’est tout une culture énergétique citoyenne qu’il faudra mettre en place, touchant tous les âges, toutes les catégories socioprofessionnelles.
  • 49. 96 97 LE PÔLE D’ACTION LE DESIGNER PRODUIT, UN ACTEUR DU CHANGEMENT LES CHOIX DU TERRITOIRE 97
  • 50. 98 99 Pourquoi intervenir dans cette re- cherche de solutions en tant que designer ? Intégrer les énergies alter- natives au sein des zones urbaines peut être réalisé par des ingénieurs, des urbanistes, des collectivités… L’efficacité d’un tel système pourrait s’avérer simple, il suffirait de mettre en place des panneaux photovol- taïques sur les toits, pour produire une énergie décarbonée. Mais cette question du rendement optimal de ces systèmes est-elle le seul résultat envisageable ? Mettre les énergies alternatives en ville doit faire intervenir le designer, pour créer des échanges entre l’usager et le produit, car sensibiliser passe par une confrontation et non une abs- traction des problématiques. Comme je le disais antérieure- ment, la relation énergie-homme reste trop impalpable, presque invi- sible, et cela depuis son utilisation quotidienne. Un public non sensibilisé ne peut changer de comportement si aucune confrontation n’intervient. Aujourd’hui, il est simple d’accéder à l’énergie. Combien de personnes utilisent l’électricité simplement, juste en branchant une prise, en allumant la lumière via un interrupteur ? Combien comprennent quels sont la logistique et le système de création de cette énergie ? Donc mon travail n’est pas d’inté- grer les énergies alternatives au sein des espaces de vie que pour pro- duire localement, sans interactions avec l’humain. Il interroge non seulement une production à plus ou moins grand rendement, mais surtout une mise en vue des systèmes de création d’énergies par les usagers. Il faudra créer des scénarii de vie autour des dispositifs mis en place, mettre l’énergie au centre des so- ciétés comme développé depuis des siècles, mais en valorisant ses aspects, sa visualisation et sa représentation. En créant des objets « signes », les usagers pourront comprendre et adhérer à une prise de conscience LE DESIGNER PRODUIT, UN ACTEUR DU CHANGEMENT98