1. Bonjour à tous et à toutes, bienvenue à la toute
première journée internationale du yoga à Sorel-
Tracy. C’est avec grand plaisir que je vais vous
parler de quelque chose que j’aime et qui a
changé ma vie, c.-à-d. le yoga. Le thème de la
journée sera consacré à celui de la non-
violence, Ahimsa en sanskrit, et il s’agit d’un
principe primordial en yoga.
À partir d’aujourd’hui, je vous invite à être
indulgents envers vous-même; ne vous jugez
pas, arrêtez de vous comparer et respectez vos
limites. La compassion doit commencer par
vous-même pour pouvoir s’étendre à autrui.
C’est tout un changement de mentalité dans une
ère où l’hyperperformance, le dépassement de ses limites et la compétition sont placés sur un
piédestal, n’est-ce pas?
La non-violence. Je dirais qu’il est là le plus grand défi en yoga, de ne pas se faire
violence, de prendre conscience qu’il y a une autre façon de voir les choses pour être heureux
que celle que la société actuelle veut nous imposer, que nous pouvons choisir et arrêter de
courir comme des poules sans tête! Soyez courageux, commencez ce changement petit à petit,
faites avec ce que vous avez, faites quelque chose que vous aimez et n’en faites pas trop.
La non-violence est un des objectifs du yoga, celui de vivre la détente dans l’effort et de
réaliser que le véritable effort est d’être présent. Le yoga nous amène à accepter de ne pas
toujours être en contrôle, de manière à pouvoir demeurer calmes dans les moments les plus
stressants de notre quotidien. Quelqu’un qui s’adonne au judo est un judoka, toute personne qui
pratique le yoga est un yogi (ou yogini s’il s’agit d’une femme). Les yogis et yoginis valorisent la
détente.
Plusieurs diront qu’ils ne sont pas assez souples pour faire du yoga. Est-ce que cela
signifie que s’ils sont sales, ils ne prendront pas de bain? D’autres diront qu’ils sont incapables
de méditer parce qu’ils pensent toujours à quelque chose, que leur esprit a toujours besoin de
s’activer, qu'il est aussi indomptable que le vent... Mais, lui ont-ils déjà montré un bon endroit
pour se reposer?
Si vous croyez qu’il faut être flexible pour être un yogi, détrompez-vous, c’est plutôt en le
pratiquant qu’on le devient; physiquement et mentalement. Notez bien ici que je parle de la
« flexibilité » du mental , et non de la « dureté » du mental. On ne veut pas que votre esprit
devienne rigide par la pratique du yoga, bien au contraire!
Pour paraphraser un personnage légendaire, réalisez ceci dès maintenant « Vous qui,
comme moi, êtes humains, ne vous demandez pas ce que votre système de santé peut faire
2. pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre santé, physique et
mentale. » À cette interrogation, je trouve que « du yoga » est une réponse parfaite!
Selon un livre de yoga écrit au 15e siècle il est dit: « Dans toutes les maladies celui qui
sait diagnostiquer doit prendre des mesures en se conformant aux règles enseignées par les
traités de médecine et en plus administrer le traitement yogique. » (Hatha-yoga-pradîpikâ V, 22)
Pensez-y, les bactéries développent de plus en plus de résistance à nos antibiotiques,
on les appelle même les superbactéries. Chez qui croyez-vous que les bactéries aiment le plus
causer des problèmes? Chez les gens qui sont en santé ou chez les gens malades? Pour moi
c’est une évidence, une fois l’infection traitée, on devrait toujours se questionner sur la cause de
l’infection. Était-ce vraiment la bactérie, ou plutôt le fait qu’elle a pu exploiter un corps avec une
santé fragile? Est-ce que la moisissure s’installe dans le fruit frais ou dans le fruit avarié?
Autre exemple plus concret que j’aime bien utilisé chez mes patients. Si vous devez
changer vos freins à chaque fois que vous faites l’entretien de votre voiture, votre garagiste
devrait vous offrir deux options: changer vos freins encore une fois, oui, mais surtout vous
convaincre d’adapter votre conduite en vous donnant les conseils nécessaires ou en vous
référant à d’autres professionnels pour vous aider. La raison étant que pour la mécanique
humaine, c’est plus compliqué. Les pièces de rechange sont rares et viennent avec un prix à
payer, que ce soit via les effets indésirables d’un médicament ou les risques inhérents à toute
intervention diagnostique ou thérapeutique.
La prévention demeurera toujours supérieure à la correction. Le meilleur médicament ou
la meilleure chirurgie sont, respectivement, celui et celle que l'on peut éviter de prendre ou de
subir. Ce qui ne veut pas dire que vous ne devez pas suivre le traitement que vos médecins et
autres professionnels de la santé vous recommandent! L’efficacité de plusieurs traitements est
démontrée et c’est grâce à ceux-ci que l’espérance de vie est passée de 50 ans au début du
20e siècle à 82 ans de nos jours. Maintenant, l’espérance de vie c’est bien, mais la qualité de
vie c’est encore mieux. Et pour cela, la pilule miracle n’existe pas, le miracle ne peut provenir
que de vous!
Qu’est-ce que le traitement yogique me direz-vous? Ce sont simplement les cinq choses
suivantes:
1. Bouger: Pour le yogi, ce sont les asanas, les fameuses postures du yoga. La vie s'exprime
par le mouvement (du corps et de l’esprit). En effet, la perte d'autonomie est souvent une
conséquence de la raréfaction du mouvement et la mort n’est pas bien loin quand le
mouvement disparaît… Albert Einstein a dit: «La vie est comme une bicyclette. Pour garder
votre équilibre, vous devez continuer à bouger » (physiquement et mentalement).
• Tension chronique <=> Douleur chronique => Contracture => Fibrose => Adhérence =>
Perte de structure => Perte de fonction => Vieillissement prématuré => Perte
d’autonomie
• Solution = mouvement, tout en respectant ses limites.
3. 2. Bien manger: Probablement, la manière la plus efficace d’empêcher le développement de
plusieurs cancers par exemple, par l’ingestion davantage de fibres et d’anti-oxydants, entres
autres. Nous sommes ce que nous mangeons!
• Il faut aussi bien s’hydrater, l’idéal est de boire quotidiennement 250mL d’eau par
tranche de 20lbs (9kg) de poids (si vous n’avez pas de problèmes cardiaques ou
rénaux, dans le doute, consulter votre médecin).
3. Relaxer: L’importance de garder un esprit sain. Nous pouvons tout acquérir en ce monde,
mais une fois que nous perdons l’esprit, il est difficile de le récupérer et cela change
complètement notre existence. C’est pour cette raison que la culture indienne a développé
toutes sortes de techniques différentes afin de le préserver.
4. Respirer: Il est dit que l’on peut vivre 30 jours sans manger, trois jours sans boire, mais
seulement trois minutes sans respirer. D’où l’importance du souffle, de la respiration.
5. Méditer: Posez-vous la question : où est mon esprit en ce moment précis? Rarement dans
l’instant présent! Toujours à ressasser le passé ou à penser au futur. En fait, un certain
degré de méditation est nécessaire pour accomplir quoi que ce soit. Nous méditons
régulièrement lorsque nous nous concentrons sur une seule chose à faire comme conduire
une voiture, cuisiner, jouer de la musique, etc. La seule différence est que la méditation est
un esprit libre de pensées. En libérant l’esprit de toute réflexion, pensée, mémoire et
connaissance, on passe du mode “faire” au mode “être” tout simplement. Ça peut être
difficile au début, mais dites vous que l’esprit est comme un muscle, il faut le tonifier pour
qu’il cultive cette capacité innée de pleine conscience. La méditation est le moyen infaillible
de vaincre l’instabilité de l’esprit.
En résumé, faire du yoga c’est: bouger, bien manger, relaxer, respirer et être en pleine
conscience ou méditer. Pas si compliqué que cela n’est-ce pas? C’est que l’on vous propose
aujourd’hui.
Le yoga est ouvert à tous et peut apporter quelque chose à chacun, que vous soyez
homme ou femme, jeune ou plus âgé, malade ou en santé, grand ou petit, maigre ou gros. Tout
le monde a sa place. Le yoga a une place pour chacun.
C’est donc un honneur pour moi aujourd’hui de vous introduire au traitement yogique et de faire
de vous des yogis et des yoginis!
Éric Sauvageau, médecin et yogi
20 juin 2015