2. Quatre formes de réflexion
morale
Déontologique: fais ce que dois, obéis aux codes
moraux, respecte les normativités en place. Une
action est bonne parce qu’elle obéit à des règles
bonnes et qu’elle est animée par une bonne intention.
Téléologique – utilitariste: fais en sorte que le
maximum de gens soient heureux à la suite de ta
décision. Une action est bonne si ses conséquences
sont bonnes, créent du bonheur.
Éthique de la responsabilité: quoique tu fasses, aies
le souci des conséquences de tes choix sur autrui et
sur le monde avant d’obéir, même à un code
d’éthique.
Éthique de la sollicitude : élan vers l’Autre qui souffre,
qui a besoin d’aide.
3. Société postmoderne, pluralité des
valeurs
Absence de références absolues et immuables, qui
engendre une solitude morale parfois insoutenable :
« que dois-je faire? »
Valeurs collectives rivales et opposées qui multiplient
les situations de dissonance cognitive pour les
individus (exemples: performance et solidarité,
individualisme et solidarité)
Pression vers le conformisme reste très forte
4. Les valeurs: au carrefour de l’individu et
de la société (la culture)
Représentent un idéal, ce qu’il est « bien » de faire
ou de vouloir (dimension cognitive-normative)
N’ont de sens que dans une communauté, avec
autrui (dimension sociale)
Permettent de désigner ce qui compte pour le sujet
(la personne humaine) et qui lui permet de trancher
entre des options (dimension pratique)
Horizon toujours inaccessible, mais auquel on croit
(dimension spirituelle)
5. La liberté, au coeur de l’éthique
4 aspects ou dimensions de la liberté:
Le libre-arbitre (« ça me tente »)
L’autonomie de la volonté (sujet rationnel)
La liberté pratique (réflexivité, décision, action)
Les libertés civiles fondamentales
Pas d’enjeu éthique s’il n’y a pas de liberté d’action et
de pensée
Liberté est liée à l’identité par le biais de la
responsabilité de soi, de ses actes à travers le temps
6. Éthique ou morale? Variations selon les
auteurs
Morale:
• ensemble des normes et règles, prescriptions et proscriptions
• mais aussi mode de vie (mœurs): renvoie à la communauté,
à la société en général par le biais des comportements des
individus et des institutions qui la constituent
• Nécessaire rempart contre le mal?
Éthique:
• réflexion de second degré sur la morale et les normes (méta-
morale)
• au pluriel, des « morales sectorielles », liées à des pratiques
professionnelles
• Visée éthique: avoir une vie bonne. Cela renvoie à la
personne, à l’individu, mais qui est toujours inséré dans une
communauté, comme le montre Ricoeur.
La philosophie morale selon Ricoeur
Podcast sur le pardon
7. Paul Ricoeur, (Soi-même comme un
autre, 1990: 200)
« C'est donc par convention que je réserverai le
terme d'éthique pour la visée d'une vie accomplie et
celui de morale pour l'articulation de cette visée dans
des normes caractérisées à la fois par la prétention à
l'universalité et par un effet de contrainte »
Visée éthique: « une vie bonne pour et avec autrui
dans des institutions justes ».
Morale donne des guides. Quand ils sont
insuffisants, l’éthique (la visée de la vie bonne, pour
et avec autrui dans des institutions justes) doit
prendre le relais sous la forme du « jugement moral
en situation ».
« légitimité d'un recours de la norme à la
visée, lorsque la norme conduit à des impasses
pratiques » (P. 201)
8. Enjeux de l’éthique
contemporaine
La Shoah et le procès Eichmann: quand la
loyauté et l’obéissance aux règles édictées
par l’État sont immorales et destructrices de
notre humanité…
« Comment répondre de nos actes lorsqu’on
ne peut plus se contenter d’obéir à une
instance supérieure qui saurait à notre place
ce qu’il faut faire? » (Russ et Leguil)
Idéal situé dans une tradition culturelle et
politique: celle des Lumières, du sujet libre et
rationnel
Kant : Sapere Aude! Ose penser par toi-
même!
Pensée critique et réflexion éthique:
inséparables
9. Éthique de la responsabilité
Environnement: Hans Jonas et le principe
responsabilité: « L’humanité doit agir de
telle sorte que les conséquences de son
action soient compatibles avec la
permanence d’une vie authentiquement
humaine sur la Terre »
Sciences: le principe de précaution
l’emporte sur la productivité scientifique
Exemple de David Suzuki et la génétique
Le projet de loi 112 sur la pauvreté : souci
public des conséquences incarné dans une
loi
10. Le jugement moral
Pas seulement le jugement rationnel de
celui ou celle qui domine ses passions
Nourri par les intuitions morales (héritées
de la socialisation), mais aussi par les
émotions
Analyse, synthèse, capacité de juger et
d’évaluer les options, « culture morale »
(références à des jugements antérieurs),
imagination morale: imaginer les
conséquences des différentes options.
Prudence et humilité (Aristote)
11. Les conflits moraux
Expérience éthique du manque (vie
insatisfaisante) ou du conflit (impossibilité de faire
un choix acceptable ou complètement justifiable)
Un dilemme moral consiste en un conflit
impliquant des raisons/intuitions morales qui
donnent lieu à des obligations apparemment
incompatibles : dissonance cognitive
12. Éthique et langage
• L’éthique ne se joue pas seulement dans une
mystérieuse « conscience »: elle se dit, se
nomme, s’argumente, se débat dans le langage.
• Habermas: Ce qui est moral doit pouvoir être
argumenté et débattu publiquement; la
justification rationnelle.
• L’éthique narrative, ouverte à toutes les
dimensions du jugement moral, du conflit de
normes à la sagesse pratique (les contes et
fables!)
• Les débats publics: de l’éthique collective
13. Une démarche de réflexion éthique dans
un contexte social pluraliste
Narration de l’expérience éthique et
formulation du conflit ou du dilemme
Délibération (examen des faits, des
valeurs et des raisons d’agir) et son terme:
la décision
Justification de la décision par de bonnes
raisons: l’argumentation publique
La poursuite du dialogue malgré les
désaccords (accord de base, écoute,
compromis), dans le respect et l’égalité –
sans violence
Ne pas ignorer les enjeux de pouvoir
14. Bilan: posture morale de l’éthique de
responsabilité
Inquiétude, doute
Reconnaissance de la faillibilité et de la fragilité
humaines, mais aussi de la possibilité de
l’intégrité/fidélité à un horizon moral
Solitude et absence de repères, mais capacité de
dialoguer, de raconter, de nommer