Dans le cadre de sa mission d’expertise autour des pratiques numériques des jeunes et des enjeux éducatifs, Fréquence écoles a décidé d’aller à la rencontre des acteurs de l’éducation populaire pour faire le point sur leurs relations aux outils et médias numériques, les usages que leur public en font et les enjeux éducatifs associés.
2. AVANT-PROPOS
1 Présentation du projet, de la méthode et du
contexte
ÉCRANS, IMAGES ET INFORMATION
3 Les nouveaux enjeux éducatifs pour
l'éducation populaire
PRODUIRE ET DIFFUSER DES IMAGES
4 La nouvelle compétence des professionnels
COMMUNIQUER EN LIGNE
6 Impliquer l'équipe et son public
FACEBOOK
8 Un outil généralisé mais contesté
ÉDUCATION AUX MÉDIAS
10 Quels rôles peuvent jouer les professionnels
de l'éducation populaire ?
REMERCIEMENTS
14 Liste des participants, licence et
remerciements.
3. AVANT-PROPOS
Dans le cadre de sa mission
d’expertise autour des pratiques
numériques des jeunes et des
enjeux éducatifs, Fréquence écoles a
décidé d’aller à la rencontre des acteurs
de l’éducation populaire pour faire le
point sur leurs relations aux outils et
médias numériques, les usages que leur
public en font et les enjeux éducatifs
associés.
Durant quelques semaines, 6 volontaires
d’Unis-cité ont rejoint l’équipe de
Fréquence écoles pour aller à la rencontre
de 20 acteurs de l’éducation populaire en
Rhône-alpes.
L’idée ? Faire le point sur les usages
numériques, leurs pratiques médiatiques
et les actions qu’ils développent.
Pour collecter cette matière, 6 volontaires
d’Unis-cité sont venus grossir les rangs de
notre association afin de conduire une
vingtaine d’entretiens en Rhône-alpes.
Afin de consolider notre
démarche, Nathalie Boucher Petrovic
- Chercheuse en Sciences de l’Information
et de la communication, Maître de
Conférences (Université Paris 13) – nous
a conseillé en amont dans cette
entreprise.
Si la méthode finalement retenue pour
l’analyse des entretiens n’est pas
véritablement scientifique, elle nous a
permis de recueillir quelques éléments
intéressants pour élaborer ce rapport
prospectif.
Bonne lecture à tous...
dorie@frequence-ecoles.org
Numérique et éducation populaire : quelques retours sur les pratiques - www.frequence-ecoles.org - Page 1 -
4. " Avec les jeunes, je réalise des petits films,
des petits court-métrages
mais je ne les publie pas.
On fait la distribution sur support DVD
mais on ne les met pas en ligne.
Rapport au droit à l'image et aux traces sur
Internet... "
Radouane Ouasti _ CSC D'Arbent
5. Écrans, images et informations
> Les nouveaux enjeux éducatifs
pour l'éducation populaire
Nous sommes aujourd'hui, plus que
jamais, immergés dans une société des
médias et de la communication. Ce
changement radical s'est opéré ces
dernières années.
D'une société de l'écrit, nous sommes
passés à une société de l'image, de l'icône.
Une société de la communication à
l'heure des Facebook, twitts,
commentaires et des téléphones
portables, où l'émotion, l'attention, la
séduction gouvernent.
Cette nouvelle réalité questionne
doublement le travail de la
communauté éducative.
Au travail, d'abord. Les ordinateurs ont
pris une place importante.
Aujourd'hui, pas une journée ne se passe
sans l'utilisation des mails, de logiciel de
traitement de texte – libres ou non –, de
partage d'informations sur les réseaux –
forum, facebook, plateforme
collaborative.
Pas une journée sans écrans.
Et puis, en parallèle, les pratiques
culturelles du public accueilli ont changé.
Du 3ème âge aux enfants, il est désormais
question de médias, de numérique, de
Youtube, de Facebook, de Google...
Evidemment, cette situation vient
questionner la mission des
professionnels de l'éducation
populaire en termes
d'accompagnement des pratiques
numériques.
Cette synthèse s'appuie
sur 20 entretiens menés
en Rhône-alpes avec des
professionnels travaillant
dans des structures
différentes (MJC, Centre
social, Maison de quartier,
Point Information Jeunesse).
L'enjeu ? Réussir à faire le
point sur ce grand
changement
environnemental et formuler
ici les problématiques
rencontrées.
Numérique et éducation populaire : quelques retours sur les pratiques - www.frequence-ecoles.org - Page 3 -
6. Produire et diffuser des images
> La nouvelle compétence des professionnels
Ces dernières années, le besoin en
illustration est devenu permanent
pour les acteurs éducatifs. Bien souvent, il
faut communiquer autour des projets. Les
rendre « positivement » visibles.
Une réalité qui nécessite l'utilisation
d'images, valorisantes, preuves des
actions menées collectées au fur et à
mesure des projets. Cette quantité
d'images est parfois difficile à gérer,
stocker, organiser et posent la
question de la mémoire
immatérielle des associations.
En parallèle, la collecte et la mise en page
de ces images – affiches, flyers,
publication en ligne, diaporama, dossier
– demande de l'équipement et des
compétences « graphiques » .
Enfin, l'image est bien souvent l'une des
grandes pratiques adolescentes où le
jeune se met en scène, s'expose via les
réseaux sociaux aux regards des autres.
Plus encore, mal à l'aise avec la notion de
représentation, d'identité numérique, ils
publient sans stratégie et sans saisir les
interprétations possibles de l'image.
Une image mal sentie, mal choisie peut
rendre toute insertion professionnelle
difficile pour un jeune qui ne maitriserait
pas son identité numérique.
« Les parents des jeunes du centre social,
sensibilisent beaucoup aussi. Ils leur
disent "Fais attention ! Ne mets pas cette
photo là..." »
Sophie Laresse _ CS Châtillon d'Azergues
7. Gérer une quantité toujours plus
importante d'images
Il y a quelques années, rechercher une
photo était simple. La quantité de photos
était assez restreinte et le support
physique facilitateur pour le visionnage.
Une nouvelle fois, les habitudes des
professionnels sont en train de
changer - de gré ou de force - car
retrouver un cliché dans un dossier
nommé « photo » revient un peu à
chercher une aiguille dans une botte de
foin.
« C'est pratique le numérique car on peut
mitrailler. Mais l'inconvénient, c'est
que c'est tellement facile qu'on ne prend
même plus la peine de regarder les
photos que l'on a prise.
Après on se dit c'est là, voilà c'est là. Un
an après, c'est toujours là et personne n'a
vu les photos. On les met sur l'ordinateur
en se disant "j'en ferai un truc plus tard".
Finalement, j'ai accumulé 2000 photos.
Je ne sais plus quoi en faire mais je ne les
vire pas. je me dis que j'en aurais peut-
être besoin.
Un jour peut être que l'on pourra les
ressortir. »
Rémi Barbier _ CS de Bron
Les solutions organisationnelles
permettent aujourd'hui de catégoriser les
images, de les trier, de les organiser.
Une autre proposition émerge des
discussions :
N'est il pas temps de contrôler la prise de
vue et la production des images ? De trier
sévèrement, de produire moins et de
donner du sens à tout effort de
photographie ?
Numérique et éducation populaire : quelques retours sur les pratiques - www.frequence-ecoles.org - Page 5 -
8. Communiquer en ligne
> Impliquer l'équipe et le public
« On a changé notre logo aussi, on a essayé de se
mettre à la page et d'améliorer notre visibilité »
Nicolas Isambert - MJC de Gex
Un certain manque de dynamisme
Parmi les professionnels rencontrés et
malgré la diversité des structures, rares
sont ceux qui ont fait appel à un
professionnel pour construire le site
web de la structure.
Dans plus des 3/4 des cas, il s'agit
d'un bénévole ou d'un étudiant qui
décide de donner "un coup de
main."
La plupart des sites web en question sont
des sites dynamiques c'est à dire des
sites "administrables "par plusieurs
personnes. Une sorte d'outil de
publication collaboratif. Pourtant,
comme dans beaucoup de structures,
seule une poignée publie et le rythme
manque de dynamisme.
"Il faut se dire qu'en tant qu'association,
on est dans la même situation qu'une
entreprise, une école … On doit
entreprendre et se donner les moyens d’y
arriver."
Etienne Jacques _ CS Hauteville
Entrer dans une démarche de
communication
Aujourd'hui, la communication est
essentielle parce qu'elle permet de rendre
l'information disponible accessible. Mais,
il n'y pas de co-production sans
organisation.
La communication partagée est
possible quand le cadre, les
objectifs et le message sonts clairs
et compris. Un peu comme pour les
projets éducatifs en somme.
Pour certains professionnels rencontrés,
l'injonction qui leur est faite de
communiquer est parfois perçue comme
une perte de temps. Pour un grand
nombre, le travail de terrain la rencontre
avec le public priment largement sur la
mise en ligne d'information.
Enfin, une seule des 20 personnes
rencontrées a réellement été formée à
l'utilisation d'Internet et des outils de
publication.
9. Accompagner le développement des
compétences de publication de ses
adhérents.
En France, nous savons que les jeunes
manquent de compétences numériques.
En particulier, en ce qui concerne leur
capacité à produire de l'information.
L'implication des jeunes et plus
largement des bénévoles est
possible voire souhaitable sur le
site web de la structure mais les
encadrants doivent développer des
savoirs et savoir-faire en
accompagnement.
Quelques compétences à acquérir
pour réussir son projet-:
> Savoir identifier les différents
objectifs d’un projet de réalisation
> Savoir choisir et mettre en œuvre le
mode de diffusion le plus adapté au
projet
> Connaître les grands principes du
traitement de l’information
> Maitriser les bases techniques de la
réalisation audiovisuelle et de
l’écriture web
> Savoir comment associer le
public aux différentes étapes du projet
Numérique et éducation populaire : quelques retours sur les pratiques - www.frequence-ecoles.org - Page 7 -
10. Facebook > Généralisé et contesté
« J’ai utilisé Facebook
pour retrouver mon
cousin mais après je
me suis enlevé. Ce qui
m’a surpris c’est que
des gens – dans le
cadre professionnel-
me demandaient en
amis. Et ça m’a
choqué car je suis très
attaché à avoir une
frontière entre le privé
et le professionnel qui
a tendance à
s’estomper dans la
pratique. »
Jacques Etienne _ CS
d'Hauteville
« Pour nous aussi c'est
intéressant parce
qu'on garde le contact
avec eux même quand
ils ne sont pas
avec nous... »
Sophie Laresse _ CS
Chatillon d'Azergues _
Espace Jeunes
F
acebook représente, pour la majeure
partie des personnes rencontrées, un
outil de communication adapté au
public jeune. L'info circule de
manière rapide et directe.
Pourtant, nombreux sont les acteurs éducatifs sur la
réserve. Facebook fonctionne mais interroge.
Comment être sûrs que les jeunes maitrisent leur
publication ? Ont ils bien cerné l'exposition générée par
Facebook ?
Cette attitude de méfiance vis à vis de l'outil
s'illustre par la non adhésion massive des
professionnels de l'éducation populaire à
Facebook.
Parmi les personnes rencontrées, seules 2 possèdent un
compte personnel ; évoquant la « mauvaise réputation de
Facebook » et plus encore le désir d'intimité. Ici, bien
souvent, Facebook est alors perçu comme un faux réseau
qui s'opposerait au vrai, au physique.
« Je préfère voir les gens en vrai, je suis de la vieille école ».
Henri Loubat- CS du Biollay
Plus encore Facebook met à mal symboliquement la
distinction très claire que les acteurs de l'éducation
populaire font entre le pro et le perso. Cette résistance
renvoie au démarrage de Facebook, et aux mélanges de
contacts mal sentis des débuts de son utilisation. On
devenait ami de ses collègues, de son responsable, de
certains de ses partenaires, de sa belle-mère…
Aujourd'hui, le logiciel permet de catégoriser "les amis"
dans des listes et de trier ses contacts. Cette distinction
entre relations peut - avec des paramétrages - ne plus poser
problème. Mais l'impression est tenace et Facebook reste
très mal perçu comme l'utilisation du terme amis pour
parler de ses relations sur le réseau social.
11. Les professionnels utilisent
Facebook pour :
- communiquer via une page autour
d'évènements organisés (de manière
temporaire)
- communiquer avec leurs publics
jeunes sur les offres, projets, actions
qui leur sont réservés (avec un profil le
plus souvent)
- éduquer leur public aux bons usages
de Facebook dans le cadre
d'opération de communication en les
impliquant dans la publication.
Numérique et éducation populaire : quelques retours sur les pratiques - www.frequence-ecoles.org - Page 9
12. Education aux médias
numériques > Quels rôles peut
jouer l'éducation populaire ?
Les professionnels rencontrés nous ont
tous assuré qu'ils avaient un rôle à
jouer à différents niveaux.
1. Accompagner les usages des
jeunes d'abord, en permettant au
public de se saisir des pleines
potentialités de l'outil numérique.
« Il faut parvenir à donner de
l'autonomie aux jeunes via l'accès au
numérique. On leur met à disposition des
outils mais encore faut-il savoir s'en
servir et être autonome. »
Jérémy Mandon _ PIJ/CS de Saint
Agrève
2. Lutter contre la fracture
numérique, sociale en fournissant un
accès, des machines...
3. Accompagner les parents à jouer
un rôle dans l'éducation aux médias
numériques, à être actifs aux côté de
leurs enfants en les formant par exemple.
« Chaque évolution technologique a des
avantages et des inconvénients et il faut
les connaître pour l’utiliser au mieux.
C’est un outil, il faut savoir
l’entretenir comme il faut pour qu'il
reste efficace et nous ne devons pas
perdre trop d'énergie à l'utiliser. »
Etienne Jacques _ CS d'Hauteville
Ces 3 points ne constituent pas une liste
finalisée mais peut être bien les premiers
éléments d'un consensus éducatif à
travailler désormais.
« Pour rechercher de
l'information sur Internet,
les jeunes ont des
difficultés. Ils se disent “on
va prendre la première et
ça va être la bonne”.
Bien souvent, les jeunes
quand ils sont dans leurs
recherches personnelles ;
ils ne demandent rien. »
Anna Berger_MJC
Villars les dombes
13. « Donc l'enjeu pour moi, c'est de
sensibiliser les utilisateurs : les
parents et les enfants. Il faut
forcément que les parents soient
formés parce qu'ils se sentent
démunis. »
Radouane Ouasti - CSC D'Arbent
Numérique et éducation populaire : quelques retours sur les pratiques - www.frequence-ecoles.org - Page 11
14. Développer
l'esprit critique
des jeunes
Trier l'information issue du web
Accéder à l'information n'a jamais été
si facile. Internet a simplifié la mise
en ligne de contenus, de propos, de
points de vue.
Cette liberté des flux d’information
posent une question éducative de taille.
Comment réussir à trier, sélectionner
l'information ? Comment accompagner
les jeunes dans ce processus ?
« Il faut avoir une capacité de recul par
rapport aux informations diffusées sur
internet. Ne pas tout prendre au premier
degré. »
Sylvie Champel _ MJC Pierre Bénite
En parallèle, cette liberté est
enthousiasmante et permet à chacun de
trouver un espace d'expression.C'est le
grand paradoxe.
Les jeunes doivent pouvoir sélectionner
les informations consommées et en
parallèle réussir à produire une
information responsable.
« Avec Google, on tape un mot et 1 million de pages
apparaissent. Du coup, il faut apprendre à faire le tri.»
Radouane Ouasti - CSC d'Arbent
Devenir citoyen grâce au web
Sans la capacité à trier, il est clairement
difficile de se forger une opinion. Cette
idée est valable sur le web mais plus
largement pour toute information dont
nous sommes destinataires.
« Il faut apprendre aux jeunes à repérer
la source d'information et à la mettre en
question. Quand on est malade et qu'on
cherche des infos sur Internet, on trouve
tout et son contraire. »
Mathilde Keydrina _ CSC Aiguebelle
Les acteurs de l'éducation populaire
accompagnent la production de
contenus par les jeunes.
Près de 2 animateurs rencontrées
sur 3 ont réalisé un film avec les
jeunes.
Pour Le Centre Social de Tournon-sur-
Rhône, cela passe par une "vraie radio"
installée dans les murs.
> www.declicradio.fr
15. Avec ce rapport et à la lumière de ce travail,
Fréquence écoles souhaite construire quelques
expérimentations avec l’éducation populaire pour
développer l’éducation aux médias.
N’hésitez pas à revenir vers nous pour en
savoir plus, pour réagir ou aller plus loin.
Le changement est en marche et nous construirons des
projets pertinents en éduation aux médias en
réussisant à travailler ensemble.
Numérique et éducation populaire : quelques retours sur les pratiques - www.frequence-ecoles.org - Page 13
16. Retrouvez ci dessous, la liste des participants
que nous remercions pour leur collaboration.
Nicolas Isambert - MJC de Gex / Etienne Jacques -
CS d'Hauteville / Sylvie Champel - MJC Pierre Bénite
/ Rémi Barbier - CS Les Taillis à Bron / Charles Le
Gales - CSC Tournon-sur-Rhône / Jérémy Mandon et
Marina Meiller - PIJ-CS de Saint Agrève / Anna
Berger -MJC Villars les dombes / Noël Chassain -
Widad Es-Sadrati - CS des Vennes à Bourg-en-Bresse
/ Mathilde Kedryna - Guillaume Magnien - CSC
d'Aiguebelle / Guy Guenroc - Radouane Ouasti - CSC
D'Arbent / Jérôme Truchet - MJC Le Trait d'Union à
Reyrieux / Sandrine Vallin - CS Velette - Rillieux-la-
Pape / Michel Suro - Lydie Colletta - MJC Bellegarde
sur Valserine / Karim Baït - MJC Villars les Dombes
Luc Rose - MJC des Romains - Annecy Henri Loubat -
CS du Biollay - Chambéry Sylvaine Houdy - Sophie
Laresse - CS Cap Générations - Châtillon-d'Azergues
Entretiens et retranscriptions : Clément,
Virginie, William, Maëlle, Robin, Valentine en Service
civique -Unis-cité du Rhône
Coordination de l'action : Nadège Calmes
Production de la synthèse : Dorie Bruyas
LICENCE Creative Commons - Mail 2013
Fréquence écoles