Le rapport annuel 2010 d'Inria témoigne de la richesse des partenariats conclus l'an passé, et du dynamisme de l'activité de recherche, de développement technologique et de transfert. Il met en évidence un engagement toujours plus important au service des grands enjeux de notre temps (énergie, environnement, qualité de vie).
2. 02 _ Paroles de chercheurs
08 _ Inventer Pour servIr
09 _ Éditorial
12 _ Une organisation repensée
pour un nouveau mode de fonctionnement
20 _ Des partenariats plus structurés
et plus ambitieux
25 _ Transfert pour l’innovation :
la recherche au service des enjeux
contemporains
30 _ PlaIsIr d’Inventer
40 _ Inventer, sur le terraIn
50 _ Penser demaIn
58 _ Débats
70_ Indicateurs, budgets, effectifs
74 _ Équipes-projets actives en 2010
80 _ Partenaires académiques
81 _ Organigrammes et conseils
3. Inventeurs du monde numérique
Pour communiquer, se soigner, voyager ou encore se divertir,
notre société compte toujours plus sur les technologies numériques.
Souvent invisibles, ces technologies tendent à simplifier nos tâches
et enrichir notre quotidien.
Au cœur des sciences informatiques et mathématiques, en allant
de la recherche fondamentale au développement technologique
et au transfert industriel, les chercheurs d’Inria, institut public
de recherche, inventent les technologies numériques de demain.
La recherche Inria est collaborative, comme en témoignent la diversité
des talents réunis dans les équipes de recherche et les nombreuses
collaborations avec les acteurs de la recherche publique et privée,
en France et à l’étranger.
En compétition avec les meilleurs spécialistes mondiaux dans leur
domaine, les chercheurs et collaborateurs d’Inria se donnent aussi pour
mission de partager leurs connaissances avec le plus grand nombre.
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /1
4. VIE PRIVÉE NUMÉRIQUE
« La place que prend l’informatique dans notre
environnement quotidien est incontestablement
une source de progrès… qui pourrait vite devenir
un cauchemar si nous ne veillons pas à protéger
la vie privée de chacun. »
Claude Castelluccia, directeur
de recherche, équipe-projet Planète,
centre de recherche Grenoble — Rhône-Alpes
L’objectif des travaux de recherche de
l’équipe Planète est d’analyser les logiciels
et les services numériques existants, comme
les réseaux sociaux et les téléphones
intelligents. Dans un monde où tout est
connecté… et repérable, ces travaux visent
à développer de nouvelles solutions pour
protéger la vie privée des utilisateurs, tout en
garantissant une qualité optimale de service.
2/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
5. INtERNEt
« Quelques grammes de sémantique dans un monde de
liens permettent de mieux gérer les données posées et
consultées sur internet, de faciliter leur recherche et leur
utilisation. Mes travaux visent à donner aux internautes
les moyens de maîtriser leur présence sur le Web. »
Fabien Gandon, équipe-projet Edelweiss,
centre de recherche Sophia Antipolis – Méditerranée
Les recherches menées par l’équipe Edelweiss
se consacrent aux raisonnements sur ces masses
croissantes de données en ligne. Les chercheurs
s’intéressent aux métadonnées, données
qui caractérisent d’autres données et
permettent de les trier et d’en évaluer la
pertinence. Contrôler les métadonnées, c’est,
demain, pouvoir contrôler le Web.
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /3
6. ENVIRoNNEMENt-ÉNERgIE
« Les mathématiques permettent de voir l’invisible.
Notre projet consiste à cartographier précisément le sous-sol,
pour optimiser l’exploitation des sources d’énergies fossiles
(pétrole, gaz). Nous cherchons également à modéliser
les phénomènes géophysiques destructeurs, pour déterminer
les zones à risques et ainsi pouvoir protéger les populations. »
Hélène Barucq,
responsable de l’équipe-projet
Magique-3D,
centre de recherche
Bordeaux – Sud-Ouest
4/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
7. L’équipe Magique-3D travaille sur l’imagerie
sismique et le calcul pour la sismologie.
Elle met au point des méthodes numériques
pour recueillir, traiter et agréger de grandes
quantités d’informations. Elle élabore des
modèles complexes et tire parti des ressources
du calcul haute performance pour les exploiter
dans des études géophysiques.
Regarder
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /5
8. SANtÉ
« La dépression est un problème majeur de santé
publique. à travers mes travaux, je cherche
à améliorer les réponses thérapeutiques apportées
par la neurostimulation. Chaque jour, à l’hôpital
de Rennes, les solutions mises au point servent
à traiter un grand nombre de patients. »
Pierre Hellier,
chargé de recherche au sein de l’équipe-projet Serpico,
centre de recherche Rennes — Bretagne-Atlantique.
C’est avec l’équipe-projet Visages que Pierre Hellier a
contribué à imaginer un dispositif de neuronavigation.
L’équipe Visages a développé un appareil
de neuronavigation, véritable “gPS du
cerveau ”, qui permet de guider le geste
médico-chirurgical en temps réel avec
simplicité et précision. Ce système de
contrôle par l’image est utilisé dans le cadre
de la stimulation magnétique transcrânienne,
réponse thérapeutique à la dépression.
6/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
9. hANDICAP
« Les lésions du système nerveux central peuvent entraîner
des paralysies de certains membres alors que leurs muscles
sont préservés. Dans mes travaux, je cherche à assister
ou restaurer des mouvements fonctionnels de membres
paralysés, en exploitant leurs capacités motrices résiduelles,
en particulier dans les cas d’hémiplégie et de paraplégie. »
Christine Azevedo Coste,
chercheuse de l’équipe-projet Demar, centre de recherche
Sophia Antipolis – Méditerranée
L’équipe Demar tend à améliorer les
méthodes de stimulation électrique :
c’est l’application savamment calculée
de courants électriques qui déclenche des
contractions musculaires coordonnées dans
les membres paralysés. Pour obtenir des
mouvements fonctionnels (marche, posture,
préhension), il est en effet nécessaire de
contrôler les activités de l’ensemble des
muscles impliqués, ceux des membres valides
et ceux des membres déficients.
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /7
11. Inria est prêt
à aborder la décennie
qui s’ouvre
à
l ’heure du tout numérique, Inria est plus que jamais prêt à assumer l’inté-
gralité de ses missions : relever de nouveaux défis scientifiques, développer
des interactions avec le monde économique et industriel, s’impliquer dans
les grands enjeux sociétaux actuels et sensibiliser le grand public aux sciences du
numérique. Inria fait ainsi preuve d’une capacité
d’évolution qui illustre son agilité scientifique et
sa solidité, dans un paysage français de la recherche
en pleine mutation. Regards croisés de Michel
Cosnard, président-directeur général de l’institut, et
d’Antoine Petit, directeur général adjoint.
Dans cette période de mutation,
pour la société comme pour l’univers de
la recherche, comment assurer et mainte-
nir le dynamisme de l’institut ?
Michel Cosnard : Le monde et la société devenant
de plus en plus numériques, le besoin de recherche
et d’innovation dans nos disciplines ne cesse de
s’accroître. De nouveaux sujets de recherche appa-
raissent, liés à nos métiers traditionnels, au cœur
des sciences informatiques et mathématiques. Ils
renvoient de plus en plus systématiquement à des
enjeux sociétaux majeurs comme l’environnement
12. et la santé, l’internet du futur (les réseaux de capteurs, les réseaux sociaux…), la
sécurité et la fiabilité des logiciels ou encore le respect de la vie privée. Dans ce
contexte particulièrement stimulant et pour répondre à ces nouvelles probléma-
tiques, les chercheurs d’Inria lancent de nouveaux projets, suscitent de nouvelles
collaborations, structurent de nouvelles équipes.
Antoine Petit : Sur tous ces enjeux, la compétition est mondiale. En effet, au-delà
de ses aspects cognitifs, le numérique est considéré à juste titre comme un facteur
clé du développement économique et social, grâce à sa capacité d’innovation et de
diffusion technologique. Notre ambition est clairement de continuer à œuvrer
dans le cercle restreint des instituts de recherche faisant autorité au niveau mondial
dans les sciences du numérique.
Comment Inria parvient-il à trouver son élan
et à maîtriser ces évolutions ?
M. C. : Avant tout grâce aux fondamentaux qui nous caractérisent. Le premier
d’entre eux tient à la nature de nos équipes de recherche : des équipes de taille
réduite conduisant des projets à fort impact sociétal ou économique. Le deu-
xième concerne nos huit centres de recherche qui disposent tous, au plus près
des chercheurs, de services de développement, de support et de soutien à la
recherche. C’est un atout précieux. Enfin, le caractère national de notre institut
se traduit par la définition collective d’axes stratégiques nationaux mis en œuvre
de manière transversale par nos directions scientifiques et fonctionnelles. Notre
structure est peu hiérarchique. Elle offre des capacités d’évolution rapide pour
aborder des sujets et des domaines nouveaux, et garantir une grande agilité. Ce
qui est vrai pour les équipes de recherche est également vrai pour les différentes
lignes métiers, qui démontrent régulièrement une grande capacité d’adaptation.
A. P. : La structure très souple d’Inria permet de répondre avec efficacité à un
certain nombre d’enjeux scientifiques et organisationnels actuels. Grâce à la
réactivité de nos équipes-projets et à leur attractivité, nous pouvons mobiliser
des forces sur des projets nouveaux, et attirer des talents du monde entier. Par
10/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
13. exemple, Inria a mobilisé ses forces dans le cadre du
x2
En dix ans, l’institut a doublé
Programme Investissement d’Avenir. Il s’agissait pour en taille et en budget.
Inria de confirmer son rôle d’acteur national du transfert
et de l’innovation – témoin notre labellisation en tant
qu’Institut Carnot –, de susciter de nouvelles collaborations avec les sciences du
vivant, les sciences de l’environnement et la médecine, et de conforter ainsi son
impact dans l’économie numérique.
Quels sont les grands chantiers à venir pour soutenir
le positionnement d’Inria et remplir ses missions ?
A. P. : Inria a une longue tradition d’interaction avec le monde industriel et éco-
nomique, dont il est un interlocuteur privilégié dans le domaine du numérique.
Nous allons poursuivre dans cette voie, en faisant un effort particulier vers les
PME et les ETI (entreprises de taille intermédiaire). Nous entendons aussi aller
à la rencontre de nouveaux publics, afin d’apporter des éléments de réponse à
nos concitoyens sur la question du numérique et de sa place dans la société. En
tant qu’institut national, Inria veut également continuer à être un acteur de tout
premier plan dans la politique européenne de recherche et dans la construction
de l’espace européen de la recherche.
M. C. : En dix ans, l’institut a doublé en taille et en budget. Notre objectif est
désormais de consolider notre organisation, d’asseoir notre présence nationale,
de multiplier les partenariats avec les opérateurs universitaires français et euro-
péens, et de renforcer notre complémentarité avec le CNRS. Ainsi, nos centres
de recherche, fortement ancrés dans leurs écosystèmes régionaux, doivent jouer
un rôle majeur dans l’élaboration et la construction de stratégies territoriales
d’excellence dans les sciences du numérique, en partenariat avec tous les acteurs
concernés. Ils contribueront ainsi à construire ces pôles régionaux à forte visibilité
dont la France a besoin. Pour résumer et conclure, nous sommes aujourd’hui
armés pour aborder les mutations scientifiques, sociales et économiques des dix
prochaines années, au cours desquelles le numérique va jouer un rôle majeur.
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /11
14. Une organisation repensée
pour un nouveau mode
de fonctionnement
M
odernisation de la gestion, clarification des relations avec les autres
instituts, concentration des investissements dans les jeunes centres,
mise en place de l’alliance Allistene, augmentation des ressources
propres : Inria a consolidé sa structure et pérennisé son mode de fonctionne-
ment, dans un paysage de la recherche remodelé.
« 2010 a été une année de grands travaux pour préparer l’avenir », résume Hervé
Mathieu, délégué général à l’administration des ressources et des services. « Il
a fallu s’adapter à de nouvelles règles et à un nouveau modèle de développement
impulsé par l’état. De nombreux chantiers ont été menés, dont certains déboucheront
essentiellement en 2011. » L’objectif, en effet, est de préparer l’institut à relever
de nouveaux défis : réorganisation du paysage de la recherche, prise en compte
de nouveaux enjeux scientifiques autour de grandes probléma-
45
tiques sociétales, adaptation aux changements dans le finance-
ment des établissements, développement de nouveaux outils.
Une refonte des procédures de gestion
accords-cadres signés avec
des établissements d’enseignement
et des modes de pilotage
et de recherche depuis 2009. Débutés en 2009, les chantiers destinés à moderniser la gestion
ont abouti en 2010 à la certification des comptes de l’institut.
Cette obligation réglementaire a demandé un énorme travail
de révision des procédures financières, auditées par les commis-
saires aux comptes. Parallèlement, la réorganisation des moyens
12/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
15. Le pLateau de SacLay :
UN SITE CLé POUR INRIA
Nozha Boujemaa,
directrice du centre de recherche
informatiques et l’évolution nécessaire du Inria Saclay — Ile-de-France
système d’information interne ont bien
avancé, et se poursuivront en 2011. Cette
étape vers une plus grande harmonisation « L’effort consenti par Inria pour maintenir notre niveau de
des pratiques et un partage des données re- le centre de recherche implanté sur compétence dans nos disciplines,
présente un progrès inestimable pour le pi- le plateau de Saclay est à la hauteur il est indispensable que
lotage de l’institut. Elle facilitera la gestion des enjeux qui se jouent ici, dans l’augmentation du nombre de
des projets de recherche, par exemple pour un contexte scientifique chercheurs soit accompagnée
les contrats européens ou ceux de l’ANR. extrêmement riche qui constitue d’une augmentation des moyens
le noyau de la « Silicon Valley à la humains et matériels pour
Une croissance positive et orientée française » souhaitée par l’État. structurer le centre et ses
vers les nouveaux centres Le centre est très présent sur ce services (support, juridique,
Le modèle de fonctionnement de la re- projet puisque 25 des 28 équipes valorisation et transfert, etc.) et
cherche qui se met en place s’accompagne qui le composent aujourd’hui ainsi garantir un bon
d’une stabilisation de la dotation directe sont communes avec d’autres fonctionnement des équipes
par l’État. « Notre croissance est désormais ti- partenaires du plateau. Pour de recherche. »
rée par les ressources propres », précise Hervé
Mathieu. « Ces dernières ont été très impor-
tantes cette année, avec une augmentation globale de 47 % et une croissance de 28 %
pour les recettes liées aux contrats de recherche. Elles ont permis une progression
de nos moyens, en monnaie constante, de plus de 11 % en 2010. » Ainsi, malgré la
diminution du nombre de postes de fonctionnaires ouverts aux concours, le
recrutement est resté important. Les investissements ont porté en priorité sur
les trois plus jeunes centres – Bordeaux, Lille et Saclay –, dont les moyens de
base ne sont pas encore tous en place et qui ont de gros besoins d’infrastruc-
ture.
Transition réussie vers l’avenir
Inria s’est aligné sur la nouvelle stratégie nationale de recherche et d’inno-
vation (SNRI) adoptée en juillet 2009 et qui s’organise autour des universités.
Un accord-cadre a notamment été signé dès décembre 2009 avec la conférence
des présidents d’universités (CPU). « En 2010 s’est mis en place, dans le cadre de
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /13
16. l’alliance Allistene, un espace commun de travail avec les universités et les écoles
ainsi que le CNRS et le CEA, dans le domaine des sciences et des technologies du
numérique », indique Hervé Mathieu. Le travail de coordination engagé avec
le CNRS débouchera en 2011 sur la signature d’un accord-cadre clarifiant no-
tamment les modalités des partenariats construits par les deux établissements
avec les universités, que ce soit au sein des unités mixtes de recherche (UMR)
ou des équipes-projets communes (EPC).
L’alliance des Sciences et technologies du numérique, Allistene, doit per-
mettre d’identifier des priorités scientifiques et technologiques communes à
ses membres, afin de renforcer les partenariats et de créer des liens avec des
entreprises. « La structuration de l’alliance s’est faite cette année, avec la création
d’un comité de coordination, présidé par Michel Cosnard, de cinq missions trans-
versales et de six groupes programmatiques qui sont aujourd’hui actifs », explique
Claude Kirchner, délégué général à la recherche et au transfert pour l’innova-
tion. « En novembre 2010, une convention a également été signée avec l’ANR afin de
préciser la manière dont les deux entités vont établir une programmation conjointe
tenant compte des grands enjeux du domaine. Par ailleurs, le comité de coordination
d’Allistene a voté la mise en place d’un comité d’éthique des sciences du numérique. »
Enfin, les dispositifs de soutien à la création d’entreprises ont été refondus
pour être plus efficaces et pouvoir s’insérer plus facilement dans une stratégie
mutualisée avec les acteurs de l’alliance. Ainsi, Inria-Transfert a cédé la place à
trois sociétés : Inria Participation (filiale à 100 % d’Inria) qui regroupe toutes
les participations d’Inria dans des sociétés ; IT-Translation (IT2), dispositif
d’aide aux porteurs de projets de création d’entreprise ; et IT2I, un fonds de
capital-risque, monté en partenariat avec la Caisse des dépôts et consignation,
qui injecte des moyens dans les projets de création d’entreprises.
Organiser la science pour être performant et réactif
Consolidée en 2010, la nouvelle organisation de la recherche est destinée
à maintenir l’efficacité et la réactivité d’Inria, alors que le nombre de ses
équipes de recherche a doublé au cours de la dernière décennie. Les activi-
tés de recherche sont regroupées en cinq grands domaines animés par autant
14/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
17. « aider LeS communautéS
émergenteS à SE CONSTITUER »
Gilles Dowek, directeur scientifique adjoint,
animateur du domaine Algorithmique, programmation,
logiciels et architectures
de directeurs scientifiques adjoints (DSA),
ce qui permet une grande proximité de ces
directeurs avec les chercheurs et une meil-
Quelle est aujourd’hui votre vision du domaine ?
leure coordination, notamment dans l’éla-
La visite des 43 équipes de mon domaine m’a permis de prendre conscience
boration de réponses collectives aux appels
de la rapidité avec laquelle l’informatique évolue. J’ai été frappé par les
à projets. « Le DSA assure l’animation scienti-
nombreuses révolutions qui se déroulent simultanément et dans lesquelles
fique de son domaine et joue un rôle de liaison
Inria joue un rôle important. J’ai aussi pu constater que des communautés
en restant très proche des équipes et des cher-
issues de mondes différents se créent autour d’un intérêt commun,
cheurs », souligne Pascal Guitton, directeur
par exemple la sécurité. Ma mission est d’identifier ces groupes émergents
de la recherche. « Les DSA doivent également
et de les aider à se constituer.
contribuer à mettre en œuvre la politique scien-
Quel autre chantier vous paraît primordial ?
tifique nationale d’Inria et à faire émerger des
Contribuer aux débats publics pour les éclairer fait partie des missions
visions collectives permettant une bonne syn-
d’Inria, mais l’institut ne sait pas toujours répondre de façon synthétique à
chronisation des travaux à réaliser dans les cinq
des questions très générales, par exemple sur la sûreté des systèmes
années à venir. Ils doivent enfin aider à identi-
ou la protection de la vie privée. Mon rôle est de faire émerger un discours
fier les thématiques nouvelles dans lesquelles il
intelligible sur notre activité, que ce soit pour le grand public ou nos
serait bon que l’institut s’implique. »
ministères de tutelle.
Dans ce cadre, les actions incitatives dites
exploratoires permettent de prospecter de
nouvelles hypothèses, en rupture avec l’existant, avant de créer une équipe
autour du sujet, s’il s’avère prometteur. Scientifiquement risquées, ces actions
n’ont pas vocation à être nombreuses. En revanche, les actions d’envergure,
qui regroupent durant quatre ans au moins des équipes Inria et des parte-
naires extérieurs autour de sujets complexes, sont amenées à se développer.
« Elles s’attaquent en effet à des problèmes très difficiles, qu’une seule équipe aurait
du mal à résoudre, et qui nécessite donc un regroupement de plusieurs acteurs »,
explique Pascal Guitton. « Inria souhaite s’engager davantage dans de tels pro-
jets, car ils sont représentatifs des défis scientifiques actuels dans nos domaines et
croisent souvent des enjeux sociétaux majeurs, comme la santé, l’environnement ou
l’énergie. » Deux actions d’envergure ont été créées cette année, ce qui porte
leur nombre à sept.
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /15
18. De grands outils pour fédérer le développement logiciel
Une étape essentielle pour qu’une recherche soit innovante est aussi de
pouvoir expérimenter algorithmes et logiciels sur des plateformes technolo-
giques. Soutien précieux pour les équipes de recherche, les services d’expé-
rimentation et de développement se sont
ainsi déployés et structurés en 2010. Inria
a par ailleurs investi, avec des partenaires
institutionnels et des collectivités locales,
dans des équipements de haut niveau
technologique. à Lille, l’institut a inau-
guré le plateau Inria d’EuraTechnologies,
espace de dialogue et de travail collabo-
ratif ouvert aux chercheurs et partenaires
d’Inria. Il héberge en particulier le nœud
lillois d’une plateforme d’expérimentation
de réseaux (SensLab) déployée sur les sites
de Lille, Grenoble, Rennes et Strasbourg.
à Nancy, le Laboratoire de haute sécurité
a ouvert ses portes : il accueille les expéri-
UNE MAISON ADAPTéE au handicap mentations d’Inria et de ses partenaires
portant sur la sécurité du réseau, des
Favoriser le maintien à domicile et l’autonomie des personnes âgées échanges et des équipements de télécom-
ou handicapées : tels sont les objectifs de l’action d’envergure munications. Enfin, une salle de réalité vir-
PAL (Personally Assisted Living). Un défi scientifique et technique qui tuelle a été inaugurée au centre de Sophia
mobilise de nombreuses compétences : neuf équipes de quatre centres Antipolis – Méditerranée (voir p. 18-19). Elle
de l’institut et de nombreux partenaires, dont le Centre scientifique sera ouverte à ses partenaires académiques,
et technique du bâtiment et le ChU de Nice. tous se retrouveront industriels, régionaux ou européens.
sur une infrastructure dédiée où ils pourront combiner et expérimenter
des innovations impliquant de la robotique, des capteurs et des
méthodes cognitives pour prévenir les chutes, détecter des signes de
malnutrition, améliorer la mobilité ou favoriser le maintien du lien social.
16/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
19. Regarder
LAborAtoIre HAute SéCurIté (LHS),
centre de Nancy — Grand Est. Clusters de
calcul et télescope pour la collecte et l’étude
de menaces informatiques. Wadie Guizani,
ingénieur au sein de l’équipe Carte.
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /17
20. Regarder
envIronneMent IMMerSIf
Pour Le trAIteMent de LA PHobIe deS CHIenS
Le cube immersif est composé de trois écrans verticaux
et d’un écran horizontal. L’objectif de ce système est d’obtenir
une véritable sensation d’immersion pour un utilisateur unique.
Ce cube est une des composantes de la salle Gouraud-Phong,
salle immersive à dimensions variables d’Inria Sophia
Antipolis – Méditerranée.
18/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
22. Des partenariats plus
structurés et plus ambitieux
L’
action d’Inria s’inscrit plus que jamais dans un projet national large-
ment ouvert sur l’europe et le monde. définir les modalités de colla-
borations et s’accorder sur les thématiques de recherche communes
est indispensable pour faciliter les partenariats et les rendre plus perfor-
mants. un chantier de longue haleine, mené depuis 2009, et dont l’institut
récolte déjà les fruits.
« Préparer l’avenir concerne l’ensemble de nos relations avec les partenaires académiques
et industriels », souligne Claude Kirchner, délégué général à la recherche et au
transfert pour l’innovation. « Ces collaborations sont amenées à se renforcer. Elles
doivent être plus ambitieuses et plus abouties dans leur développement, afin que nous
puissions mieux en maîtriser le transfert et participer ainsi à la création de richesses.
Elles doivent être structurées de façon à gagner en performance et en lisibilité. » C’est
le défi qu’Inria souhaite relever en s’appuyant sur les colla-
borations de grande qualité qu’il a toujours cultivées avec les
40 %
équipes de recherche et les industriels. Une démarche déclinée
aussi bien au niveau national qu’européen et international.
Un partenariat pour l’environnement
En 2010, les financements
par les accords industriels bilatéraux
et le développement durable
ont progressé de 40 %. En septembre 2010, Inria et le Cemagref ont signé un accord
de partenariat renforçant les collaborations entre les deux
organismes sur les problématiques environnementales et les
grands défis posés à l’heure actuelle par les changements cli-
matiques globaux et le développement durable. En effet, en
20/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
23. deS partenariatS induStrieLS
MIEUx STRUCTURéS ET PLUS AMbITIEUx
côté, bénéficie de l’expertise de haut définies en commun. Ces projets mobilisent
niveau de l’institut sur des questions une douzaine d’équipes d’Inria et
prioritaires pour elle. Elle y gagne une concernent les environnements de
vision à plus long terme qui lui permet programmation parallèle, l’optimisation
d’identifier des défis ou des sujets énergétique, ou encore la résilience et la
potentiellement intéressants pour son tolérance aux fautes des futurs
activité future. » calculateurs. Le deuxième, avec l’Agence
Un partenariat stratégique de ce type nationale pour la gestion des déchets
a été signé avec Alcatel-Lucent et il radioactifs (Andra), implique six équipes
a donné naissance à un laboratoire sans d’Inria dans des recherches
Inria a mis en place depuis 2008 des murs qui a célébré en 2010 son sur la modélisation et la simulation des
partenariats bilatéraux stratégiques, qui troisième exercice. « Une dizaine de processus physiques et chimiques qui vont
contribuent à structurer les compétences brevets communs ont été déposés à partir affecter les déchets enfouis tout au long de
de l’institut autour de grands défis des trois grandes actions de recherche leur existence. Pour l’Andra, ce partenariat
industriels. Ces collaborations reposent sur initiées en 2008, et des projets avec des contribue entre autres à optimiser l’usage
l’élaboration commune de programmes de tiers ont été lancés, notamment dans le de ses codes de calculs, de plus en plus
recherche ambitieux, sur quatre à cinq ans, cadre du 7 e Programme-cadre européen lourds, et à mieux gérer la quantité sans
portant sur des thématiques prioritaires de R&D », souligne olivier trébucq. « C’est cesse croissante de données. Le troisième
pour l’industriel, par exemple sur la une belle illustration du haut niveau de accord-cadre, signé avec EDF, précise
simulation et le calcul haute performance compétence et d’émulation existant au sein les termes d’une collaboration en matière
pour EDF, sur les réseaux auto-organisés du laboratoire ! » Une réelle communauté de calcul intensif et de simulation haute
pour Alcatel, ou sur la sécurité pour d’expertise a ainsi pu se constituer performance pour l’énergie. Douze
Microsoft. Un accord-cadre définit les autour de problématiques clés pour équipes-projets Inria collaborent avec
conditions de cet exercice en termes de l’internet du futur. six départements R&D d’EDF pour
propriété intellectuelle, de pilotage, ou développer des outils de visualisation
encore de régime de publication. « L’objectif De nouveaux accords autour d’enjeux de grands volumes de données ou
est de promouvoir des partenariats de socio-économiques forts l’élaboration de modèles de programmation
qualité permettant aux chercheurs d’Inria trois nouveaux accords-cadres se sont des architectures hybrides multicœurs.
de valider leurs idées et leurs logiciels sur concrétisés en 2010, portant à neuf trois start-up issues de travaux de
des scénarios réels d’application fournis le nombre de partenariats stratégiques recherche Inria (Distene, Sysfera et Caps
par l’industriel », explique olivier trébucq, signés à ce jour. Le premier d’entre eux, entreprise) sont d’ailleurs impliquées dans
responsable Partenariats stratégiques signé avec Bull, a conduit à sélectionner le montage de ces actions de recherche.
et grands comptes. « L’entreprise, de son cinq projets sur des priorités thématiques
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /21
24. matière d’environnement comme dans beaucoup d’autres disciplines qui traitent
de problèmes complexes, les chercheurs ont un besoin croissant des sciences du
numérique. Modélisation et simulation, techniques d’observation et de détec-
tion, gestion de très grandes quantités de données, etc. sont au cœur des métiers
d’Inria et de son engagement au service des autres disciplines.
Créer un maillage européen pour renforcer l’innovation
Inria est aujourd’hui fortement impliqué dans la grande alliance européenne
EIT ICT Labs dont il coordonne la participation française. Cette communauté
de la connaissance et de l’innovation (KIC) doit renforcer les synergies entre
recherche, formation et innovation pour appuyer l’industrie européenne des
services et applications liés à la société de l’information. Un secteur considéré
comme crucial pour nos économies. L’année 2010 a été dévolue à la structuration
de ce programme très ambitieux, se déployant sur cinq sites (Berlin, Eindhoven,
Helsinki, Paris et Stockholm) et comptant 21 partenaires principaux dont 8
industriels, 6 organismes de recherche et 7 universités de tout premier plan,
sans oublier les centres d’innovation comme les pôles de compétitivité. Depuis
septembre 2010, la communauté a un P-dg, Willem Jonker, et une gouvernance
répartie sur les 5 sites, dits de colocalisation. « En 2010, nous avons créé des outils
pour favoriser l’exploitation et le transfert des résultats de recherche »,
8
explique Bruno Le Dantec, directeur du “nœud” français.
Un club d’entrepreneurs européens offre désormais un point
d’entrée aux entreprises nationales désireuses d’atteindre le
En 2010, huit des prestigieuses marché des autres pays membres. En parallèle, le Technology
bourses de l’ERC (European Research Transfer Program facilitera à l’échelle européenne le transfert
Council) ont été attribuées à des
des résultats de recherche vers les industriels et PME européens.
chercheurs d’équipes-projets Inria.
« Cet outil va permettre une bien meilleure exploitation et diffusion
des résultats de recherche », précise Bruno Le Dantec. « Le projet
européen Contrail, dans le domaine du cloud computing, a ainsi
pu bénéficier d’un soutien lui permettant de valider ses résultats sur
Regarder
des bancs de tests européens, avant de les diffuser largement auprès
22/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
25. une deuxième éQuipe
TRANSFRONTALIèRE
de partenaires et d’étudiants européens par le biais
d’ateliers et d’une école d’été. »
Inria a créé la première équipe-projet commune avec une université
européenne, deuxième équipe transfrontalière, après celle créée
Recherche et formation
en 2008 avec l’organisme hollandais CWI. Cette équipe-projet,
aux sept coins de l’Europe
Focus, est basée à l’université de Bologne, en Italie, et illustre
Parallèlement, les activités de recherche centrées
la stratégie d’ouverture européenne de l’institut. Elle est dirigée
sur les thématiques d’EIT ICT Labs se mettent en
par Davide Sangiorgi, chercheur de renommée internationale dans
place. « La partie française coordonne le thème Ville
le domaine des modèles de calculs mathématiques pour l’étude
numérique du futur », indique Bruno Le Dantec.
des systèmes distribués. Un sujet fondamental mais qui répond
« Il s’agit de concevoir des services qui facilitent la vie
à un besoin croissant bien concret : celui de mieux maîtriser
des citadins en intégrant également des travaux réalisés
l’informatique intégrée dans des objets ou activités du quotidien
sur d’autres thèmes (santé et bien-être, efficacité éner-
et sur des réseaux à grande échelle.
gétique). Nous avons obtenu cette année l’accord des
maires des grandes villes des cinq nœuds pour réaliser
des expérimentations in situ. »
Côté formation, sept masters européens ont été créés et se dérouleront en anglais
dès 2012 dans les universités partenaires, encourageant la mobilité des étudiants
aussi bien que celle des professeurs. Les Français sont impliqués dans les masters
Internet Technology and Architectures, Distributed Systems and Services et
Human Computer Interaction and Design.
Consolider les partenariats avec le continent américain
Structuration et lisibilité sont aussi les maîtres mots de la politique de relations
internationales adoptée par Inria. Créé en 2009, le JLPC (Joint Laboratory
on Petascale Computing), laboratoire commun avec le National Center for
Supercomputing Application de l’université de l’Illinois (États-Unis) a donné
lieu à de fructueuses collaborations.
Il a permis aux chercheurs français de s’associer au grand projet américain
d’ordinateur pétaflopique Blue Waters, et de contribuer à la conception de logi-
ciels autorisant un fonctionnement optimal de ce supercalculateur. Dix articles
et cinq logiciels ont déjà été produits. Une contribution de qualité qui vaut
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /23
26. aujourd’hui au JLPC la coordination d’un programme mondial de recherche
sur la simulation climatique à l’aide du calcul très haute performance, initié par
le conseil du G8 et associant des partenaires américains, canadiens, allemands,
japonais, espagnols et français. D’autres collaborations avec des chercheurs
américains méritent de devenir plus visibles. « Une trentaine de nos équipes
ont tissé des liens avec des chercheurs de Berkeley et de Stanford, qui figurent parmi
les meilleures universités dans les domaines de compétence d’Inria », note Hélène
Kirchner, directrice des relations internationales. « Nous désirons renforcer ces
relations et mieux les mettre en valeur. » Cet objectif s’est concrétisé en 2010 par la
signature d’un accord avec le Citris (Center for Information Technology Research
in the Interest of Society), afin de structurer les collaborations existantes dans
un projet commun intitulé Inria@Silicon Valley.
Soutenir une recherche Assembler des accords fédéraux
et nationaux
africaine bIEN vIvANTE Un autre chantier, destiné à structurer des colla-
borations éparses, a débuté au Brésil. Inria entre-
Le Colloque africain sur la recherche
tient depuis de nombreuses années des relations
en informatique et mathématiques
avec les chercheurs brésiliens et cofinance des
appliquées (Cari) a fêté cette année
échanges entre équipes. « Inria souhaite renfor-
sa 10e édition. Cette manifestation, initiée
cer, structurer et fédérer les relations avec les diffé-
par Inria et l’université des Nations unies
rents états brésiliens afin d’affirmer sa présence dans
en 1992, est devenue au fil des ans
ce pays très dynamique et prometteur », souligne
une référence pour les chercheurs africains
Hélène Kirchner. L’accord de coopération signé
et francophones. Elle est prête aujourd’hui
avec 11 agences fédérales pour la recherche et leur
à changer d’échelle et à s’étendre à d’autres
coordination au sein de la confédération nationale
pays, notamment anglophones. Un pas
a permis de lancer en 2010 un appel à projets com-
qui pourrait être franchi dès le prochain
mun à tous ces États. Seize projets franco-brésiliens
Cari en Algérie en 2012.
ont déjà été soumis.
24/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
27. Transfert pour l’innovation
La recherche au service
des enjeux contemporains
D
epuis sa création, Inria a pour mission d’assurer le transfert des
connaissances et des technologies développées dans ses équipes, vers
l’industrie. Son objectif ? faire en sorte que sa production de r&d
se transforme en produits et services et contribue à la création de valeur
économique. Actuellement, les PMe sont des partenaires précieuses de
l’institut dans cet effort commun d’innovation.
Faire bénéficier les entreprises de l’expertise, des connaissances et des nouvelles
technologies d’Inria, est une des missions confiées par l’État à l’institut. Il s’agit
tout d’abord du transfert de connaissances réalisé dans le cadre de partenariats
stratégiques avec des grands groupes industriels, évoqués précédemment. Plus
largement, il s’agit de transformer des technologies issues de travaux de recherche
en produits ou services mis sur le marché. Un vrai travail d’ajustement. Dans ce
but, Inria a mis en place une offre spécifique à destination des PME, pour susciter
de nouveaux partenariats. L’institut a également installé en 2010 un programme
interne pour accompagner les scientifiques porteurs de projets de transfert. « C’est
précisément pour accélérer et dynamiser ce transfert que nous nous sommes associés en
2010 à OSEO, l’organisme français de soutien aux PME innovantes », souligne David
Monteau, adjoint au directeur du transfert et de l’innovation. « Ce rapprochement vise
à donner aux PME une meilleure visibilité sur la recherche publique dans notre domaine.
Il nous permet aussi d’identifier des secteurs innovants à fort potentiel de croissance et des
leviers d’action pour intensifier le transfert de technologies dans ces secteurs. »
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /25
28. LyATISS,
La 100e Start-up
Pascale Vicat-Blanc, directrice de recherche Inria
Accélérer le transfert
vers les PME
Directrice de recherche Inria aujourd’hui en disponibilité, Pascale
Le partenariat OSEO-Inria permet de mieux faire
Vicat-Blanc a dirigé pendant une dizaine d’années une équipe
connaître aux PME les compétences et les techno-
spécialisée dans les réseaux de support aux applications internet,
logies issues de la recherche publique, et les oppor-
de grilles ou de clouds, exigeantes en débit et en délai. « Dès 2005,
tunités de développement qu’elles offrent. Inria a
j’ai eu l’idée d’un nouveau modèle pour internet, modèle baptisé
ainsi multiplié en 2010 les occasions de rencontres
aujourd’hui “Cloud 2.0 ”, confie-t-elle. J’ai monté plusieurs projets
entre chercheurs et entreprises. Quatre journées de
au niveau français et au niveau international et, en 2009, j’ai décidé
« Rencontres Inria-Industrie » nationales ont été
de concrétiser le déploiement de cette approche, grâce au concours
organisées sur des thèmes spécifiques (aéronau-
d’un petit groupe de doctorants convaincus. C’est avec l’un d’eux,
tique, e-santé, ville durable), associant démons-
qui a été lauréat du prix Marconi Young Scholar, que j’ai créé LYatiss. »
trations technologiques et ateliers prospectifs, afin
Cette start-up est la première à proposer une plateforme centrée sur
de mettre en évidence les attentes respectives des
le réseau, qui permet de déployer et d’optimiser des infrastructures
différentes parties. D’autres rencontres, plus ciblées,
dynamiques de calcul et de communication, et de maximiser la
se sont tenues dans les centres de recherche, don-
performance et l’agilité des applications externalisées. « Les usagers
nant lieu à des collaborations prometteuses. Mais
d’internet vont souvent plus vite que la recherche et ils mettent
le partenariat entre OSEO et Inria a surtout permis
les entreprises sous pression », explique-t-elle. « grâce à notre logiciel,
de mettre en place deux initiatives d’envergure
ces entreprises vont pouvoir adapter très efficacement leurs offres
en faveur de l’innovation : la première, “Initiative
de services en ligne et rester compétitives. »
Services Mobiles”, rassemble de très nombreux
acteurs de la téléphonie et des services mobiles ; la
deuxième, “Initiative HPC-PME”, conjointe avec le
Grand Équipement national de calcul intensif (GENCI), facilite l’accès des PME
au calcul intensif grâce à un programme d’expertise et d’accompagnement.
Des modèles économiques pour les technologies
de rupture
Enfin, OSEO apporte son expertise à un programme de suivi des actions de trans-
fert. « La règle générale est qu’on ne connaît pas a priori le bon chemin pour amener une
technologie sur le marché, le programme nous aide à accompagner les chercheurs qui
s’inscrivent dans cette dynamique, et nous permet de les aider financièrement », explique
26/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
29. Bruno Sportisse, directeur du transfert et de l’innovation.
Au sein de ce programme, des professionnels aident les
chercheurs à construire leur projet de transfert en prenant en « Le transfert est un processus lent
considération, au-delà des aspects technologiques, des aspects et complexe : un cycle de production
économiques ou managériaux. Le programme s’appuie de prototypes de recherche varie
également sur un comité d’experts externes à l’institut qui de quelques mois à plusieurs dizaines
étudie les projets et produit des recommandations. « Le d’années. »
transfert est un processus lent et complexe : un cycle de produc-
tion de prototypes de recherche varie de quelques mois à plusieurs dizaines d’années »,
poursuit Luc Grateau. Les situations sont donc extrêmement variées. Le comité
d’experts indique les voies de transfert les plus pertinentes (partenariat, création
d’entreprise ou transfert direct) et fournit des éléments sur l’environnement
économique dans lequel vont opérer les porteurs de projet. Objectif commun :
faire en sorte que les nouveaux produits et services répondent à une demande
sociétale, que les modèles économiques associés soient pérennes et totalement
indépendants d’Inria. Luc Grateau précise : « Pour cela, nous devons souvent suggé-
rer un changement de posture assez radical… en amenant les porteurs de projet d’une
vision technologique strictement fonctionnelle, à une vision de fonctions conditionnées
par les demandes, les usages ou la réglementation. » En 2010, 39 projets sont entrés
dans le programme, 11 projets prendront la forme de créations d’entreprises et
2 donneront lieu à des I-Labs, structures légères de laboratoires associant des
équipes-projets Inria et des PME.
Ouvrir et partager l’expertise du transfert
En 2010 est né Connect,
Enfin le programme de suivi des actions de transfert peut détecter des travaux magazine à destination des PME
susceptibles d’être valorisés, et choisir de les accompagner. C’est, par exemple, qui souhaitent innover avec
les sciences du numérique.
le cas des travaux de l’équipe Aviz de Saclay sur la visualisation interactive de
données. « Nos travaux mettent en œuvre des technologies que les ingénieurs français
ne maîtrisent pas », indique Jean-Daniel Fekete, responsable d’Aviz. « Pour être
transférables, ils doivent donc avoir en amont un certain niveau de qualité industrielle.
C’est un modèle particulier qu’Inria a décidé de soutenir, en permettant à Aviz de Regarder
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /27
30. recruter un ingénieur pendant un an. Sa mission sera justement de réécrire nos sys-
tèmes les plus populaires, afin qu’ils atteignent un niveau de qualité industrielle. »
Entièrement dédié aux sciences du numérique, l’institut détient aujourd’hui
une expérience reconnue en matière de transfert de technologies logicielles.
Afin de pouvoir proposer son expertise et ouvrir ses dispositifs à ses partenaires
universitaires, souvent généralistes, l’institut a signé en 2010 des conventions
avec une dizaine de pôles universitaires français. Sur le plan européen, Inria
a fédéré des institutions de recherche reconnues pour la qualité de leur acti-
vité de transfert dans le secteur de logiciel et préside à présent l’EIT ICT-Labs
Technology Transfer Program.
Le double avantage des logiciels open source
« Les logiciels libres que nous fournissons sont d’abord des objets de recherche », souligne
Stéphane Ubeda, directeur du développement technologique. « Ils illustrent la
nature de nos travaux et démontrent nos savoir-faire. Pour convaincre, nous les mettons
à la disposition de la communauté scientifique et de nos partenaires industriels. » Le
logiciel libre, ou logiciel open source, présente plusieurs avantages. « Le fait de
rendre disponible le code du logiciel nous oblige à une certaine qualité », poursuit-il.
Mais c’est surtout la « communauté open source » qui fait la richesse du logiciel
libre, pris dans un processus d’amélioration constante. « Nous entretenons cette
communauté, car ses acteurs qui utilisent, adaptent et développent les logiciels libres,
apportent une valeur ajoutée qui profite à tous », commente Stéphane Ubeda. « La
recherche est un monde de partage : l’objectif est de multiplier les énergies pour que
le code reste efficace. »
« La communauté qui se crée autour du logiciel libre, par nature, génère du transfert » ,
ajoute Patrick Moreau, responsable du patrimoine logiciel. C’est précisément
l’une des raisons de la création de l’Irill : montrer que l’on peut faire du transfert
par le biais de la recherche et du développement open source. « La moitié de nos
L’Irill, Initiative pour la recherche et
l’innovation sur le logiciel libre, a été logiciels est diffusée en open source : il faut ensuite se préoccuper du devenir de ces
créée en partenariat avec les universités logiciels. S’assurer qu’ils sortent véritablement de nos murs, et que les utilisateurs et
Paris 6 et Paris 7 en octobre 2010. les éditeurs de logiciels s’approprient le fruit du travail de nos chercheurs », explique
Regarder
Patrick Moreau. De ce point de vue, l’Irill peut être un bon catalyseur.
28/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
31. Regarder
PerCevoIr, CoMPrendre et AgIr
à l’heure où les masses d’informations augmentent
de façon exponentielle, la visualisation analytique
couple les méthodes d’analyse et les méthodes de
visualisation interactives, afin de donner à l’utilisateur
le contrôle et l’initiative sur les analyses au vu des
résultats déjà calculés et visualisés.
33. Au quotidien, les chercheurs d’Inria font appel
à leur créativité, à leurs connaissances, à leur
curiosité intellectuelle et à leurs savoir-faire
spécifiques pour inventer les technologies
numériques de demain. Ils exercent un métier fait
de petites joies et de grandes découvertes,
mais aussi de fréquentes remises en question.
Présenter avec enthousiasme ses premiers résultats
de recherche, communiquer sa passion en donnant
des conférences, favoriser les échanges dans le cadre
d’un projet international… Huit chercheurs d’Inria
partagent quelques temps forts de leur vie
de scientifiques.
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /31
34. Présenter ses recherches est un moment inoubliable
« Exposer le résultat de ses travaux devant un public d’enseignants-cher-
cheurs vous place dans une situation excitante. J’en ai fait l’expérience
lors du congrès qui décerne chaque année le prix de thèse – Gilles
Kahn à de jeunes chercheurs en informatique. C’est un privilège de
s’exprimer sur un sujet sur lequel on a travaillé, et de le partager avec
un auditoire. Encore faut-il trouver les bons mots pour vulgariser,
retenir l’attention et mettre en exergue le potentiel de ses recherches.
Car il n’est pas seulement question de convaincre mais aussi de susciter
l’intérêt pour établir de futures collaborations. Le fait même de devoir
reformuler est d’ailleurs en soi très motivant : cet exercice impose une
réflexion qui permet de voir les résultats de ses recherches d’un œil
nouveau. Une occasion à ne pas rater pour accroître sa connaissance ! »
Xavier allamigeon logicielle, effectués au sein un outil sous licence libre.
Diplômé de l’École polytechnique, de l’équipe de recherche SE/IS Recruté la même année
Xavier Allamigeon a reçu le prix d’EADS Innovation Works et par Inria, il a rejoint
Specif - Gilles Kahn 2010 pour du laboratoire MeASI du CEA. Il a l’équipe-projet Maxplus
ses travaux sur la vérification ainsi développé et rendu public où il poursuit ses travaux.
35. J’ai choisi de vivre ma passion dans la recherche
« Depuis toujours, j’aime me creuser la tête pour trouver des solutions
à des problèmes. Ce trait de personnalité est à l’origine de mon atti-
rance pour les mathématiques appliquées. C’est en effectuant mon
master puis mon stage chez Air Liquide R&D que j’ai découvert la
recherche opérationnelle. Ma passion pouvait avoir une utilité pro-
fessionnelle ! J’ai alors effectué une recherche sur Google à partir
de mots qui me tenaient à cœur – optimisation, probabilités, statis-
tiques, etc. – et trouvé une offre de thèse ! J’ai alors décidé, plutôt que
d’accepter un emploi après mon master, d’entrer avec passion dans
le monde de la recherche en travaillant sur l’optimisation combina-
toire, qui consiste à trouver pour un problème une solution ayant la
meilleure qualité souhaitée. Une vie de problèmes à résoudre, c’est
une vraie chance ! »
marie-ÉlÉonore marmion doctorat en informatique dans modélisation et la résolution
Diplômée d’un master en le domaine de l’optimisation parallèle de problèmes
mathématiques appliquées, combinatoire. Elle a rejoint en d’optimisation combinatoire.
Marie-Éléonore Marmion 2008 l’équipe-projet Dolphin Elle a déjà réalisé quatre
prépare actuellement un d’Inria, qui travaille sur la publications dans ce domaine.
36. Le fruit d’une passion
« Le parcours d’un chercheur est jalonné d’opportunités qui façonnent
une carrière. J’étais passionné d’images de synthèse dès le lycée, je me
destinais au monde du jeu vidéo ou du cinéma. Je ne savais même
pas que la recherche existait dans ce domaine. Et puis il y a eu ces
rencontres qui, de fil en aiguille, m’ont conduit aux travaux récompen-
sés par le prix Eurographics, distinction internationale qui salue des
contributions dans le domaine de l’informatique graphique. Recevoir
un prix fait bien entendu plaisir, mais cela valide surtout un travail
d’équipe et des choix. Un chercheur explore des pistes sans jamais
être sûr qu’elles vont en intéresser d’autres que lui ; un prix apporte
la certitude qu’on ne fait pas fausse route, que notre travail est utile.
Mais je n’ai pas travaillé pour, ma passion l’a simplement provoqué ! »
Sylvain lefebvre de Microsoft en 2005 avant Récompensés en 2010 par le
Après une thèse dans le domaine de rejoindre Inria. Dès le départ, prix Eurographics, ses travaux
de l’image de synthèse, Sylvain il a cherché à optimiser le calcul ont eu un impact considérable
Lefebvre a passé un an des textures qui habillent les dans les mondes académique et
à Seattle dans les laboratoires images de synthèse. industriel.
37. Chercher pour améliorer les conditions de vie
« En septembre 2010, j’ai assisté en tant que simple spectatrice à un
atelier sur l’utilisation des nouvelles technologies en faveur des per-
sonnes en perte d’autonomie. Cet événement a modifié la façon dont
je percevais les missions de la recherche publique. Il m’a incité non
à prendre un virage à 180 degrés, mais à projeter mes travaux dans
une nouvelle perspective : fournir à ces personnes des outils techno-
logiques leur permettant de mieux vivre. Appliquer mes recherches
à cette problématique sociale, en travaillant avec des équipes pluridis-
ciplinaires, composées de chercheurs en informatique, en psycholo-
gie et en sciences cognitives… l’idée m’a enthousiasmée. Nous avons
donc commencé à lancer plusieurs collaborations, en particulier avec
l’association Trisomie 21, l’université de Bordeaux II et l’université du
Québec à Trois-Rivières (Canada). »
Émilie balland MIAS. Elle envisageait alors chargée de recherche dans
Diplômée de l’université de de devenir orthophoniste. l’équipe-projet Phœnix,
Nancy en informatique, Émilie De cette découverte de consacrée à la technologie des
Balland a découvert cette l’informatique est née une langages de programmation pour
matière en préparant son Deug passion. Elle est aujourd’hui les services de communication.
38. Un moment privilégié de la vie d’un chercheur
« Tous les chercheurs envisagent un jour ou l’autre de soutenir l’Habi-
litation à diriger des recherches (HDR), le diplôme de l’enseignement
supérieur le plus élevé en France. Pour s’y préparer, un chercheur doit
circonscrire son propre périmètre scientifique et le mettre en perspec-
tive. Cette préparation implique une dimension psychologique,
un bilan introspectif, tant sur le plan personnel que professionnel.
Certains chercheurs se sentent prêts au bout de cinq ans, d’autres
vingt ; personnellement j’ai mis neuf ans avant de m’engager, période
pendant laquelle j’ai accompagné de nombreux thésards. À leur
contact, la certitude que mon avenir était bien tracé dans mon domaine
de prédilection, à savoir les interactions 3D avec les univers virtuels,
s’est confortée. Passé en 2010, ce diplôme me permet aujourd’hui de
superviser les travaux d’autres futurs chercheurs, ce qui en soi est très
motivant. »
anatole lÉcuyer un cycle universitaire. En 2001, industrielle dans l’aéronautique.
Diplômé de l’École Centrale il soutient une thèse sur Il rejoint par la suite
de Lille, Anatole Lécuyer a les interactions tactiles avec l’équipe-projet Bunraku
d’abord commencé une carrière les univers virtuels dans les pour travailler dans le domaine
d’ingénieur avant de reprendre opérations de maintenance de la réalité virtuelle.
39. Partager les connaissances :
une mission mais aussi un plaisir
« Faire découvrir nos travaux de recherche au grand public est à la fois
difficile et très satisfaisant. Je me suis récemment livrée à l’exercice
au Palais de la découverte, à Paris, dans le cadre de l’opération « Un
chercheur, une manip », sur le thème de la reconnaissance du locu-
teur, c’est-à-dire « reconnaître qui parle » dans un enregistrement, à
partir de la signature vocale de chaque personne. Choisir les mots et
le rythme adaptés à l’explication d’un sujet complexe est un réel défi et
ne s’improvise pas, les méthodes mises en œuvre pour authentifier la
voix faisant appel à des connaissances mathématiques avancées. Et ma
satisfaction ? Elle naît du plaisir à accomplir l’un des devoirs essentiels
du chercheur : donner des clés de compréhension à partir desquelles
chacun peut se forger une opinion. En outre, les questions posées par
le grand public nous aident à nous remettre en question. »
nancy bertin de la musique. Passionnée l’équipe-projet Metiss
Diplômée de l’école d’ingénieur par les mathématiques, elle (Modélisation et
Télécom ParisTech, Nancy Bertin pratique plusieurs instruments : expérimentation pour le
a réalisé sa thèse sur la piano, violon et chant. Elle a traitement des informations
transcription automatique rejoint Inria en 2010, au sein de et des signaux sonores).
40. Travailler à l’international est très enrichissant
« Avant de rejoindre Inria, j’ai passé un an à faire de la recherche à
l’université de Washington. Cela peut sembler banal aujourd’hui, mais
en 1992 c’était un parcours plutôt original. Depuis, j’ai toujours pensé
que la recherche se concevait à l’échelle internationale, la confronta-
tion de formations et de cultures différentes constituant une source
d’enrichissement. À partir du moment où je suis devenue chercheur,
j’ai toujours été impliquée dans des projets européens, tel Connect qui
réunit dix partenaires européens (universités, organismes et entreprises)
autour de travaux portant sur des problématiques de communication en
réseau. Si une collaboration internationale nécessite une coordination
chronophage, diriger des équipes dans ce cadre est plutôt motivant. Il
suffit d’un noyau de personnes habituées à travailler ensemble pour
que les dynamiques se créent. Au bout du compte, l’effort est toujours
largement compensé par la qualité des échanges. »
valÉrie iSSarny où elle dirige l’équipe Arles naissance en 2011 à la start-up
Diplômée de l’université (Architectures logicielles et Ambientik spécialisée dans
de Rennes, Valérie Issarny systèmes distribués) qui collabore les services applicatifs mobiles
est titulaire d’un doctorat à des projets internationaux. Ses coopératifs dont Valérie Issarny
en informatique. Elle a rejoint Inria travaux ont notamment donné est cofondatrice.
41. Une recherche nourrie par les enjeux applicatifs
« Nous disposons aujourd’hui de modèles capables de prévoir la qua-
lité de l’air, et de moyens d’observation qui se diversifient (satellites,
microcapteurs). Nous devons relever le défi d’exploiter au mieux toutes
ces sources d’information. Nous avons la chance de couvrir un large
spectre, depuis le développement de méthodes mathématiques avan-
cées jusqu’à leur application avec des logiciels que nous concevons.
Par exemple, avec l’entreprise Numtech et l’association Airparif, nous
construisons un prototype estimant en quasi-temps réel l’exposition
à la pollution le long d’un trajet qu’un Parisien définit lui-même sur
son téléphone mobile. Ce type de projet permet de confronter nos
méthodes aux applications, de soulever de nouveaux problèmes de
recherche et de nous orienter vers des solutions parfois inattendues. »
vivien mallet et chaussées, Vivien Mallet est notamment responsable
Ingénieur de l’École Centrale chargé de recherche depuis 2007 du projet Polyphemus,
de Lyon et docteur en à Inria dans l’équipe-projet Clime plateforme multimodèles pour
mathématiques appliquées (modélisation dans les sciences la pollution atmosphérique
de l’École nationale des ponts de l’environnement). Il est et l’évaluation des risques.
43. Dans les pages suivantes, vous allez découvrir le cycle de
vie d’une équipe-projet (d’une durée moyenne de huit ans).
Pour l’illustrer : retour sur les quatre premières années
de la jeune équipe Magrit et les quatre dernières années
de l’équipe Alchemy sur le point d’essaimer.
Les recherches de l’équipe-projet Magrit
concernent la réalité augmentée. Dirigée par Marie-Odile
Berger, Magrit est une équipe-projet commune avec le
CNRS et les universités de Nancy. Créée en 2006, elle a
vu son activité renouvelée pour quatre ans en 2010.
Les recherches de l’équipe-projet
Alchemy, commune avec le CNRS et l’université
Paris-Sud, portent sur les architectures, les langages et
les compilateurs pour les processeurs haute performance
embarqués ou généralistes. Après huit ans d’activité,
de résultats marquants et de francs succès d’applications,
les travaux d’Alchemy se poursuivent dans de nouveaux
projets.
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /41
44. ThèMES : PERCEPTION, COgNITION, INTERACTION
L’ÉQUIPE-PROJET MAGRIT EN 2006
n 2 ChERChEURS INRIA n 3 MAITRES DE CONféRENCES
n 5 DOCTORANTS n 1 POST-DOCTORANT n 2 INgéNIEURS
OCTOBRE 2006
un nouveau chercheur
permanent au sein de maGrit
Développement de l’utilisation
de méthodes probabilistes en
vision par ordinateur, avec
l’arrivée dans l’équipe de Frédéric NOVEMBRE 2006
Sur, maître de conférences
à l’École des mines de Nancy. prix du meilleur
papier à ismar
Prix du meilleur papier à la
conférence de réalité augmentée,
Ismar (International Symposium
on Mixed and Augmented reality),
consacré à l’influence des erreurs
de calibration de la caméra sur la
qualité de la scène augmentée.
2006 ÉQUIPE-PROJET MAGRIT
Démarrage du projet Magrit
LA RéALITé AUgMENTéE EST UN DOMAINE RéCENT, qUE MAgRIT poursuivi par Magrit : développer les
A fORTEMENT DévELOPPé DURANT SES qUATRE PREMIèRES ANNéES recherches sur la réalité augmentée
DE vIE. CONTExTE ET TEMPS fORTS. (RA), discipline visant à augmenter
la perception d’un individu en
L’histoire de Magrit commence Au sein du groupe Vision qui ajoutant dans son champ de vision
en 2006 avec la fin de l’équipe-projet comptait cinq chercheurs des informations lui donnant une
Isa (image, synthèse, analyse), permanents (dont deux chercheurs meilleure compréhension de son
dirigée par Jean-Claude Paul au Inria, et trois maîtres de conférences), environnement. Premier temps fort :
centre Inria Nancy – Grand-Est. cinq doctorants, un post-doctorant « Pour renforcer nos travaux, nous
Isa comprenait à l’époque plus de et un ingénieur, Marie-Odile Berger, avons soutenu la candidature de
30 personnes travaillant dans trois chercheur Inria, agrégée de Frédéric Sur à un poste de maître de
domaines distincts : la vision par mathématiques, a décidé de franchir conférence », se souvient M.-O. Berger.
ordinateur, l’informatique graphique le pas et de se lancer dans la gestion « C’est un spécialiste de l’utilisation
et la visibilité géométrique. Lors de d’une équipe en créant Magrit. de méthodes probabilistes, un aspect très
l’évaluation de cette équipe en 2005, Elle travaillait sur cette thématique important pour tenter d’automatiser
la création de trois nouvelles depuis sa thèse en 1989-1991, sous la construction de modèles
équipes-projets avait été proposée. la direction de Roger Mohr. Objectif d’environnements complexes. »
42/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
45. ThèMES : ARChITECTURE, PROgRAMMATION,
COMPILATION, LANgAgES
L’ÉQUIPE-PROJET ALCHEMY EN 2006 :
n 3 ChERChEURS INRIA n 1 MAITRE DE CONféRENCES
10 DOCTORANTS ET POST-DOCTORANTS
OCTOBRE 2006
n
alchemY innove trois projets conjoints
Alchemy étudie des architectures avec l’union européenne
informatiques d’un nouveau type, Milepost, Sarc et Acotes, trois projets
dites neuro-inspirées. Cet axe de de recherche, présentés par Alchemy
recherche original vise à concevoir auprès des instances européennes
des architectures alternatives, reçoivent en 2006 un important
capables de répondre aux contraintes financement pour une période
technologiques qui s’imposent de trois ans. Ces projets portent
dans la conception des processeurs respectivement sur la conception de
: économie d’énergie, éventuels méthodes de compilation efficaces
défauts des composants. Pour pour les architectures complexes, la
explorer cette voie, dès 2006, création de nouvelles architectures
l’équipe a recruté en tant que multiprocesseurs hétérogènes et
chercheur Inria, Hugues Berry, le développement de méthodes de
biologiste de formation, spécialisé programmation en flux pour la vidéo.
dans la modélisation du vivant.
2006 ÉQUIPE-PROJET ALCHEMY
Alchemy : une équipe déjà bien structurée en 2006
LES APPARITIONS DE NOUvELLES APPLICATIONS, DE NOUvEAUx COMPOSANTS éLECTRONIqUES ET L’éMERgENCE
DE CONTRAINTES fORTES (éCONOMIES D’éNERgIE, ROBUSTESSE) fONT CONSTAMMENT évOLUER LA REChERChE EN
ARChITECTURE, PROgRAMMATION, COMPILATION ET LANgAgE. UNE ExPéRIENCE véCUE PAR L’éqUIPE ALChEMY.
L’histoire d’Alchemy remonte modernes provenaient du manque activement à la mise en place
à 2003. L’équipe-projet est née de de communication entre la compilation de ce réseau avec cette même
l’union entre l’équipe A3, comptant et l’architecture », indique Olivier philosophie qui nous avait incités
à l’époque deux chercheurs Temam, ensuite responsable de à créer Alchemy : rassembler
permanents, Christine Eisenbeis l’équipe. D’emblée, Alchemy, qui les chercheurs de l’architecture
et Albert Cohen, qui travaillaient venait de s’installer à Saclay, s’est et de la compilation sur les domaines
sur la compilation, et de l’équipe engagée dans un projet européen des systèmes embarqués et de la haute
Architecture animée par Olivier de grande envergure, qui s’est performance. Mais cette fois, l’idée
Temam, professeur au LRI. révélé fondateur. Il s’agissait du était de les réunir à l’échelle
Pourquoi ce rapprochement ? réseau Hipeac (European Network européenne. »
« Nous pensions que la plupart of Excellence on High Performance
des problèmes de performance des and Embedded Architecture and
programmes sur les architectures Compilation). « Nous avons participé
RAPPORT ANNUEL INRIA 2010 /43
46. fÉVRIER 2008
Second prix de thèse décerné augmentée, une application
en 2008 par la région Lorraine de la réalité augmentée dans
sur le concept de fluoroscopie le domaine de la neuroradiologie
interventionnelle. Ces recherches
ARC (2007-2008) ont été réalisées en collaboration
Participation à une action de avec l’industriel GE Healthcare.
recherche collaborative (ARC) Elles ont consisté à superposer
en collaboration avec le CHU des images 3D préopératoires
de Nancy et l’équipe-projet à des images peropératoires
Alcove (Inria Lille-Nord Europe) permettant au neuroradiologue
concernant la simulation du de mieux guider son geste vers la
déploiement de coils (petites zone cible (anévrisme), où il doit
spires de métal) dans le intervenir pour poser un stent,
traitement des anévrismes un ballonnet, etc.
intracrâniens. Prix de thèse de la
région Lorraine.
2007 ÉQUIPE-PROJET MAGRIT
Des recherches fondamentales
sur la modélisation interactive
Magrit cherche à développer des calculer le point de vue de l’observateur participer l’utilisateur à l’application.
solutions pour le calcul de pose à chaque instant », indique Celles-ci permettent d’une part
et la reconstruction visuelle, Marie-Odile Berger. « L’autre pierre d’acquérir des modèles structurés
deux principaux défis à relever angulaire est la reconstruction 3D de la scène et d’autre part, de contrôler la
pour que les applications de l’environnement observé. » qualité des modèles reconstruits
potentielles de réalité augmentée Ainsi la modélisation est en temps réel en les confrontant
puissent passer à l’échelle et fondamentale, par exemple pour à la vue réelle. L’enjeu est de concevoir
fonctionner dans la durée, dans prendre en compte les interactions des modes d’interaction simples
de grands espaces. Pour l’heure, lumineuses entre des objets pour l’utilisateur, et assurant une
l’essentiel des applications concerne virtuels (ajoutés) et réels (dans la grande fiabilité. » Un domaine de
en effet des espaces restreints et scène). « Pour aborder ces problèmes recherche académique qui se situe
des durées limitées. « Intégrer de fondamentaux, nous avons étudié des entre la communauté “vision” et
l’information au bon endroit dans méthodes entièrement automatiques. la communauté “informatique
le champ de vision, quel que soit le Depuis 2008, nous étudions également graphique” que Magrit a fortement
mouvement de l’utilisateur, nécessite de des méthodes interactives faisant développé ces dernières années.
44/ RAPPORT ANNUEL INRIA 2010
47. 2007
alchemY renforce son alchemY : des partenariats
travail sur les méthodes industriels importants
de compilation itératives Le sur l’aspect « proGrammation »
recrutement de Grigori Fursin au Des contrats directs et des contrats
sein d’Alchemy en 2007, docteur Cifre ont été signés avec :
de l’université d’Édimbourg, – Hewlett Packard France sur des notions
permet de développer les d’optimisation de programmes (2004-2007) ;
méthodes de compilation, – Philips (devenu NXP) sur des approches
dites itératives. Cette nouvelle de programmation en langages
approche a permis d’adapter les synchrones (2000-2009) ;
compilateurs aux architectures – ST Microelectronics sur des aspects de
complexes. Les travaux ont programmation pour des architectures
débouché sur la conception d’un complexes de microprocesseurs (2006-2010).
compilateur intelligent Autant de relations aujourd’hui poursuivies
(Milepost GCC) en partenariat sur d’autres thématiques de recherche
avec IBM Research. liées à la programmation et l’architecture.
2007 ÉQUIPE-PROJET ALCHEMY
L’interaction compilation/architecture,
au cœur des recherches d’Alchemy
L’idée de mettre en interaction la Grigori Fursin. Sa mission :
compilation et l’architecture a fait développer des techniques de
son chemin… y compris au niveau compilation itératives. De 2006 à
des instances européennes. 2009, les activités de recherche de
L’implication dans le réseau Hipeac a l’équipe se sont concentrées sur
eu de nombreuses conséquences. l’interaction compilation/architecture
Entre autres, les financements pour répondre aux objectifs des trois Au fil de ces pages, retrouvez l’équipe
Alchemy autour de Christine Eisenbeis
obtenus pour les trois projets de projets européens. « De sorte que nous (p.47) et Olivier Temam (p.43).
recherche (Milepost, Sarc et Acotes) avons eu moins de liberté pour
auprès de la commission approfondir l’autre axe que nous
européenne, au total 800 000 euros voulions développer dans Alchemy : les
par an sur trois ans (2006-2009). incertitudes croissantes liées à l’évolution de l’acronyme Alchemy, qui, déroulé,
Succès qui a permis l’accueil de de la technologie (loi de Moore) et leur signifie : Architectures, Languages
nombreux doctorants et impact », explique Olivier Temam. and Compilers to Harness the End
post-doctorants, et le recrutement de « Cette voie concerne la deuxième partie of Moore Years. »
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