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                Les banques à statut coopératif ont-elles plus de capacité
                à résister à la crise financière et à la surmonter ?

                Yasmina LEMZERI, Mireille JAEGER et Jean-Noël ORY1



                Introduction
                En France, lors de la crise bancaire des années 1990, les banques coopératives se sont
                avérées beaucoup plus performantes et solides que les banques SA, ce qui leur a permis
                de gagner des parts de marché et (ou) d'accumuler des réserves, et d'acquérir des
                banques SA en difficulté. Cette forte compétitivité s'appuyait essentiellement sur une
                meilleure capacité à gérer le risque, avec un meilleur contrôle et une meilleure couver-
                ture, résultant en un moindre coût. L'exigence moins forte de rentabilité des capitaux
                propres permettait également soit de pratiquer des tarifs inférieurs à ceux des banques
                SA pour une marge équivalente (gain de parts de marché), soit d'accumuler plus de ré-
                serves pour un tarif équivalent (meilleure couverture du risque et capacité à saisir les
                opportunités d'acquisition de banques en difficulté). Cet avantage concurrentiel pouvait
                être imputé à l'organisation et à la gouvernance associées au statut coopératif (Gurtner,
                Jaeger et Ory, 2006).
                Ces enchaînements favorables ne semblent plus être mis en œuvre dans le déroulement
                de la crise financière actuelle pour ce qui concerne les banques coopératives françaises.
                De fait, le modèle coopératif français s'est étiolé dans le secteur bancaire, avec l'hybri-
                dation des groupes coopératifs qui ont incorporé des véhicules cotés en bourse (y com-
                pris les têtes de groupes), et qui se sont progressivement alignés sur les critères et les
                modes de fonctionnement des banques à capital actions (Banques SA).
                Or, ce serait un avantage incomparable que de pouvoir s'appuyer sur des banques solides
                et résilientes dans la crise que nous traversons, et ceci au niveau mondial. C'est pourquoi
                nous nous proposons dans cet article d'analyser le comportement des grandes banques
                en essayant de comparer la résistance et la résilience des banques-SA et des banques
                coopératives face à la crise financière récente (2008-2010), en étendant notre analyse,
                outre le cas français, à dix autres pays européens et nord-américains.
                La résistance s'interprétera comme une relative insensibilité à la crise. Ainsi, nous cher-
                cherons si la situation des banques coopératives se dégrade moins pendant la crise.
                La résilience s'interprètera comme la faculté de vaincre l'adversité ou une situation de
                risque, donc de se redresser voire de rebondir après avoir subi la crise.

                                                                   L’étonnant pouvoir des coopératives   ...209...
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                Comment justifier que les banques coopératives résistent
                mieux à la crise ? Analyse théorique

                Une dépendance moins forte vis-à-vis des marchés financiers
                Les banques à statut coopératif n’ayant pas émis de parts cotées en bourse, elles sont
                moins soumises à la pression des marchés. Elles n'ont pas comme objectif prioritaire de
                maximiser la valeur boursière de leurs titres et sont moins incitées à s’orienter vers des
                projets risqués (à espérance de rentabilité plus forte), ce qui tend à les rendre plus stables.
                Comme leurs titres ne sont pas négociables en bourse, elles n'ont pas à craindre d'être
                soumises à une OPA et ne peuvent donc faire l'objet d'un rachat hostile, même en cas
                d’inefficience, ce qui leur évite de se focaliser sur des objectifs de performance à court
                terme, source d'instabilité.

                Des objectifs limitant la prise de risque
                Alors que les banques à statut actionnarial se focalisent exclusivement sur la maxi-
                misation de la richesse des actionnaires, les banques à statut coopératif ont pour objectif
                de répondre au bien-être des sociétaires et de l’économie locale. Les taux offerts pour
                la rémunération de l’épargne et les taux requis en cas de prêts doivent être avantageux
                pour le client-sociétaire par rapport à ce qu’il aurait obtenu dans un autre établissement
                de crédit. Ce désintérêt à l’égard de la recherche de profits fait qu’elles sont moins
                incitées à prendre des risques que les banques à statut actionnarial. Les projets retenus
                sont moins rémunérateurs mais aussi moins risqués ; ce qui se comprend car les
                propriétaires sont à la fois clients et décisionnaires. Ils n’ont aucun intérêt à prendre plus
                de risque car rien ne les y incite. Ils ont pour objectif de préserver l’héritage
                intergénérationnel et de faire en sorte que cette tradition se perpétue. Les dirigeants des
                banques coopératives sont moins incités à la prise de risque excessive, et cela a pour
                effet de sécuriser les dépôts (Rasmusen, 1988).

                Une recherche de valorisation à long terme
                Le profit est nécessaire pour assurer l’avenir et la pérennité de la banque. En s’abstenant
                de placer l’objectif de rentabilité dans leur politique de développement, les groupes
                coopératifs seraient voués à disparaître (Hansmann et Krackmann, 2001). Les coûts
                d’exploitation qu’ils supporteraient seraient également trop élevés ce qui constitue un
                frein à la rentabilité. Cependant, les coopératives dégagent un excédent financier dont
                un pourcentage est automatiquement mis en réserves. La différence entre les proprié-
                taires actionnaires et les propriétaires sociétaires réside dans la volonté de pérenniser la
                firme. Les auteurs Allen et Gale( 2004) montrent que cette volonté peut aboutir à long
                terme à une valeur de la firme plus élevée qu’elle ne le serait si l’on se concentrait
                exclusivement sur une maximisation du profit.

                ...210... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                Proximité favorisant la réduction d’asymétrie d’information
                Les réseaux coopératifs disposent d’une large implantation territoriale qui leur permet
                de bénéficier d’un avantage de proximité avec la clientèle. La tarification doit alors être
                liée au profil de risque du client. Cette proximité permet de réduire l’asymétrie d’infor-
                mation en faveur de la banque et d’anticiper sur des éventuels problèmes d’aléa moral
                qui pourraient survenir une fois les contrats signés (Amess, 2002).
                Stratégie de diversification du portefeuille de prêts
                Vues comme des soutiens à l’économie locale, les banques coopératives peuvent alors
                être moins enclines à procéder au rationnement de crédit, notamment en période de
                crise financière. Elles ont pour habitude de prêter aux PME-PMI implantées sur leur
                secteur territorial. Les PME sont souvent considérées comme fragiles, proches de la
                faillite, et les coopératives savent prendre des risques en leur accordant des prêts,
                qu'elles limitent grâce à la diversification de leur portefeuille de crédits, et à une meil-
                leure connaissance de leur clientèle liée à la proximité.
                Implantation territoriale en soutien à l’économie locale
                Les administrateurs qui sont élus en qualité de représentants des sociétaires, et qui sont
                de ce fait les preneurs de décisions au niveau local, sont souvent des chefs d’entreprise.
                Ils ont alors pu expérimenter la difficulté pour une PME-PMI à faire financer un projet, y
                compris lorsque les indicateurs du bilan sont positifs et que le carnet de commandes est
                plein à court et moyen termes. De plus, les sociétaires sont également souvent des
                entrepreneurs qui peuvent potentiellement être confrontés à des difficultés de finan-
                cement. On attend alors d’une banque qui se revendique comme agissant dans l’intérêt
                des sociétaires, non soumise à un objectif prioritaire de recherche de profit, qu’elle suive
                les projets de ses clients y compris dans des phases économiques complexes.
                Impartageabilité des réserves favorisant la stabilité
                Les réserves des coopératives sont impartageables. Elles appartiennent à la coopérative
                et les sociétaires, pourtant propriétaires, n’ont aucun droit sur elles. Rien ne les incite
                donc à encourager leurs administrateurs à entreprendre des projets risqués. D’autant plus
                que cette accumulation de réserves annuelles est un avantage certain en termes de sta-
                bilité financière ; elle peut servir à atténuer les fluctuations intervenant au cours de l’ac-
                tivité bancaire (Amess, 2002) et se traduire par une réduction du risque de faillite. Ce
                dispositif permet aux banques à statut coopératif de contribuer à la stabilité financière.
                Une politique de rémunération moins liée à la performance.
                Les banques à statut coopératif n'utilisent pas de système de rémunération lié à la valeur
                boursière (tel que les stock-options ou l'attribution d'actions). Ainsi, les dirigeants ne
                sont pas incités à prendre plus de risques dans le but de maximiser leurs revenus, comme

                                                                     L’étonnant pouvoir des coopératives   ...211...
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                dans les banques à statut actionnarial. La rémunération liée au capital, de nature option-
                nelle, et destinée à aligner les objectifs des dirigeants sur ceux des actionnaires, est en
                effet très perverse et incitative à la prise de risque, car elle ne joue que positivement, en
                cas de succès, mais ne pénalise pas en cas d'échec (Beltratti et Stulz, 2011).
                Au total, ces éléments nous laissent penser que les banques coopératives :
                I devraient se révéler plus stables et plus résistantes face à la crise financière, car mieux
                   capitalisées et disposant d'actifs moins risqués ;
                I devraient maintenir leurs prêts et continuer à soutenir l'économie plus que les
                   banques à statut actionnarial ;
                I devraient avoir avant la crise une performance financière moins forte, mais
                   relativement plus stable après le déclenchement de la crise.
                C'est ce que nous allons tenter de vérifier.

                Méthodologie

                Démarche
                On veut vérifier s'il existe des différences de résistance, de stabilité face à la crise et de
                résilience entre banques coopératives et banques SA, qui peuvent s'expliquer par des
                facteurs d'organisation, de stratégie financière ou de gouvernance. Celles-là doivent être
                évaluées en contrôlant l'influence du pays d'implantation, car elles peuvent être dues
                largement à des caractéristiques propres aux pays (institutionnelles, réglementaires,
                macro-économiques ou conjoncturelles).
                Le modèle, estimé en cross section sur un échantillon de banques appartenant à 11 pays,
                est de la forme suivante :
                Indicateur de résistancei = constante + α coopi + ∑ βpDip + εi, où coopi est une variable
                dummy qui prend la valeur 1 si la banque i est une coopérative. Les Dip sont des dummies
                représentant le pays. Le coefficient α et le t de Student associé nous indiquent si globa-
                lement les coopératives sont plus résistantes que les banques SA (signe positif), quand
                on contrôle le pays d'implantation (par des effets fixes-pays)
                Une analyse détaillée des moyennes et variations, par pays, de l'indicateur, pour chaque
                catégorie de banque, permet d'affiner les résultats (Tableau 2).
                L'échantillon
                Les données permettant de mener les analyses descriptives proviennent de la base
                Bankscope (Bureau Van Dijk). Les pays retenus sont la France, les Pays-Bas, le Royaume-
                Uni, l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Finlande, l’Autriche, le Canada et les

                ...212... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                États-Unis. Tous les groupes coopératifs européens ont été intégrés dans la base. Concer-
                nant le Canada et les États-Unis, seuls les plus grands groupes coopératifs ont été pris
                en compte, malgré la présence d'une multitude de petites coopératives bancaires, par
                souci d'homogénéité avec les groupes européens et pour permettre la comparaison avec
                les groupes à statut actionnarial, généralement de plus grande taille. Concernant les
                groupes à statut actionnarial, nous avons constitué un échantillon de 30 banques im-
                plantées dans les mêmes pays que les banques à statut coopératif. Les banques à statut
                actionnarial retenues sont celles qui disposent de la plus grande taille d’actifs. Nous dis-
                posons alors au final d’un échantillon de 49 banques, soit 30 à statut actionnarial et
                19 à statut coopératif.

                Période d'analyse
                Les indicateurs de résistance ou de résilience sont observés sur la période 2006-2010 ; la
                mesure est effectuée en fin d'année (disponibilité des statistiques comptables). L'année
                2006 donne une situation de référence avant le début de la crise finnacière. Cette dernière
                se déclenche en mars-avril 2007. D’abord, l'évolution des indicateurs entre décembre
                2006 et décembre 2008 mesure la résistance à la crise et permet d'observer la
                détérioration de la situation de la banque au cours de la première année de crise. Puis,
                entre décembre 2008 et décembre 2010, elle permet de mesurer la résilience et d'observer
                comment les banques parviennent à surmonter la crise.

                Spécification des indicateurs de résistance et de résilience face à la crise
                Une banque sera considérée comme résistante si elle peut limiter son risque de faillite, si
                son activité se maintient et en particulier son incitation à faire des prêts, et si elle parvient
                à préserver une rentabilité suffisante de ses actifs et de ses fonds propres.
                La résilience caractérise sa capacité à rebondir, et au moins à retrouver le niveau d'activité
                antérieur.

                Comment mesurer la résistance ou la résilience à la crise ?
                Nous retiendrons trois indicateurs : l'un qui mesure la solidité financière, le second le
                dynamisme de l'activité au service de l’économie, et le troisième la performance
                financière :
                I Pour analyser si les banques se sont fragilisées, si leur risque de faillite a augmenté,
                   nous retiendrons le zscore ainsi que son taux de variation. Cet indicateur mesure la
                   distance à la faillite : plus il est fort, plus la banque est éloignée de la faillite. Formule :
                   z= (K+µ)/ σ où K représente le ratio capitaux sur actif total, µ représente la rentabilité
                   des actifs et σ représente l’écart-type de la rentabilité des actifs. On voit que le zscore
                   tient compte simultanément de la capitalisation de la banque et de la rentabilité de ses
                   actifs.

                                                                        L’étonnant pouvoir des coopératives   ...213...
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                Pour voir si les banques ont pu maintenir leur niveau d'activité, nous observerons le taux
                de variation des prêts accordés (t_loans). Cet indicateur est également significatif du rôle
                économique et social de la banque, qui justifie que les autorités de tutelle se soient mo-
                bilisées pour les renflouer ou pour assurer leur liquidité.
                La capacité à préserver les profits, ou une certaine rentabilité, peut se mesurer à partir
                du taux de rentabilité financière (roe, return on equity). Le roe est un indicateur de
                performance financière et peut servir aussi à mesurer la résistance des banques à la crise
                et leur capacité de rebond.

                Spécification des variables
                Pour analyser la résistance à la crise ou la résilience, les variables seront spécifiées en
                taux de variation (sauf le roe). Elles seront calculées en 2006 (en niveau), pour avoir une
                idée de la situation de départ, en 2008, 1re année de crise, et sur 3 ans, de 2008 à 2010.
                Les variables qui ont une nature de rendement resteront sous cette forme.
                Pour étudier la résilience (la capacité à rebondir, à rattraper son retard), on pourra
                calculer le taux de variation ou la performance sur les 2 années 2009 et 2010, suivant
                la première année de crise.
                zscore 2006 : il s’agit de la valeur prise par le zscore en 2006
                t_zscore08 = ∆zscore06-08/zscore06 : on mesure ici le taux de variation du zscore entre
                2006 et 2008
                t2_zscore = ∆zscore08-10/zscore08 : on mesure ici le taux de variation du zscore entre
                2008 et 2010
                t_loans08 = ∆loans06-08/loans06 : cet indicateur permet de connaître le taux de varia-
                tion des prêts octroyés par la banque entre 2006 et 2008
                t2_loans = ∆loans08-10/loans08 : cet indicateur permet de connaître le taux de variation
                des prêts octroyés par la banque entre 2008 et 2010
                ROE2006 : il s’agit de la rentabilité des capitaux (Return On Equity) réalisée par une
                banque en 2006
                ROE2008 : il s’agit de la rentabilité des capitaux (Return On Equity) réalisée par une
                banque en 2008
                ROE2010 : il s’agit de la rentabilité des capitaux (Return On Equity) réalisée par une
                banque en 2010
                ROE06-07 : cet indicateur permet de mesurer la rentabilité cumulée des capitaux d’une
                banque sur une période de deux années, 2006 et 2007
                ROE06-08 : cet indicateur permet de mesurer la rentabilité cumulée des capitaux d’une
                banque sur une période de trois années, de 2006 à 2008

                ...214... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                ROE09-10 : cet indicateur permet de mesurer la rentabilité cumulée des capitaux d’une
                banque sur une période de deux années, 2009 et 2010
                ROE06-10 : cet indicateur permet de mesurer la rentabilité cumulée des capitaux d’une
                banque sur une période de cinq années, de 2006 à 2010

                Analyses et résultats
                Des banques coopératives en situation plus favorable, plus solidement
                capitalisées, juste avant la crise
                Comme période pré-crise, nous retenons l’année 2006. Celle-ci étant suffisamment
                éloignée de 2008, année de début de crise officielle, cela permet de considérer le niveau
                des indicateurs avec une certaine objectivité. Le premier constat que l’on peut dresser
                sur l’année 2006 est relatif au zscore (Tableau 1) : il est nettement plus élevé chez les
                groupes à statut coopératif puisqu’il dépasse celui présenté par les groupes à statut
                actionnarial de douze points. Ce qui confirme la théorie qui décrit les groupes à statut
                coopératif comme acteurs contribuant positivement à la stabilité financière. On notera
                cependant qu’ils présentent en parallèle une rentabilité des capitaux inférieure à celle
                réalisée par les groupes à statut actionnarial. En dépit du fait que cette rentabilité soit
                inférieure, on relève toutefois qu’elle est élevée, ce qui remet en question les propos les
                caractérisant comme des entités ne réalisant que peu de profit.
                Nous poursuivons la comparaison au travers des moyennes établies par pays et par
                statut. Pour renforcer les mesures de différences d’impact de structure de propriété en
                prenant en compte la situation géographique, nous nous appuyons également sur les
                tests économétriques en incluant respectivement en variable endogène le zscore de 2006
                puis la rentabilité des capitaux (ROE) de 2006. Les modèles estimés sont les suivants :
                Zscore2006= constante + 20,52 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 1 du tableau 2)                 (2,10)

                ROE06 = constante + -4,592 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 10 du tableau 2)                   (-2,76)

                En 2006, période pré-crise, il apparaît que la majorité des groupes à statut coopératif
                disposent d’un zscore plus élevé que ceux présentés par les groupes à statut actionnarial.
                Seuls les groupes à statut coopératif implantés en Espagne, au Royaume-Uni et au
                Portugal ont un zscore inférieur à leurs homologues à statut actionnarial (Tableau 3), ce
                qui peut s’expliquer par une capitalisation moindre. L’apport en stabilité financière des
                banques à statut coopératif est confirmé par la régression avec un coefficient élevé très
                significatif. Les niveaux de rentabilité relatifs aux groupes à statut coopératif sont élevés ;
                mais, à l’exception des groupes à statut coopératif autrichiens, tous présentent une
                rentabilité des capitaux inférieure à celle réalisée par les groupes à statut actionnarial.
                La moindre performance financière moindre se confirme d’ailleurs par l’analyse
                économétrique avec un coefficient négatif hautement significatif.

                                                                      L’étonnant pouvoir des coopératives   ...215...
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                Il apparaît alors que les groupes à statut coopératif qui présentent une forte capitalisation
                contribuent plus à la stabilité financière.
                Une meilleure capacité des banques coopératives à résister à la crise financière
                Pour étudier la résistance à la crise, nous nous focalisons sur les variations des indicateurs
                de stabilité financière, de rentabilité et de contribution au financement de l’économie
                entre 2006 et 2008. Concernant la rentabilité, nous approfondirons l’analyse en nous
                appuyant également sur la performance réalisée sur la période 2006-2007 et la rentabi-
                lité observée en 2008.
                Sur cette période, on constate que les groupes à statut coopératif ou actionnarial ont
                tous deux enregistré une évolution négative de leurs indicateurs (Tableau 1). Cependant,
                la dégradation du zscore des groupes à statut coopératif est bien inférieure à celle des
                groupes à statut actionnarial. Ceci qui montre que les groupes à statut coopératif ont
                mieux résisté à la crise. De plus, entre 2006 et 2008, leur rentabilité des capitaux s’est
                détériorée de façon plus atténuée que les groupes à statut actionnarial ; ces derniers pré-
                sentent en plus une rentabilité négative en 2008. En période de crise, on note que quelle
                que soit la forme de propriété, la taille des prêts accordés évolue de façon positive. Mais
                cette hausse est plus importante chez les groupes à statut actionnarial.
                Comme précédemment, nous renforçons l’analyse des comparaisons de moyennes selon
                le statut et la situation géographique par une analyse économétrique. Nous nous ap-
                puyons pour cela sur les régressions suivantes :
                t_zscore08 = constante + 10,37 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 4 du tableau 2) (1,78)
                t_loans08 = constante - 14,62 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 7 du tableau 2)           (-2,1)
                ROE06-07 = constante - 9,4 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 13 du tableau 2)             (2,34)
                ROE06-08 = constante + 5,83 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 14 du tableau 2)            (0,46)
                ROE08 = constante + 13 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 11 du tableau 2)                 (1,46)

                En se focalisant sur la variation du zscore entre 2006 et 2008 selon le statut et le pays, on
                constate qu’à l’exception de ceux implantés au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et au Portugal
                les groupes à statut coopératif ont enregistré une dégradation de leur indicateur. Cependant,
                cette dégradation n’a été supérieure à celle subie par les groupes à statut actionnarial qu’en
                Italie et en Autriche. Ceci signifie que les groupes à statut coopératif ont fait preuve de plus
                de résistance en matière de contribution à la stabilité financière, sauf en Italie et en Autriche
                (Tableau 3). Cela se confirme au travers de l’analyse économétrique puisque le coefficient
                affecté à la variation du zscore est positif et significatif.
                Toujours en période de crise, et plus particulièrement en 2008, on constate que tous les
                groupes à statut actionnarial ont subi une baisse drastique de leur rentabilité par rapport à

                ...216... L’étonnant pouvoir des coopératives
14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page217




                celle réalisée en 2006, puis sur la période 2006-2007. Au Portugal, aux Pays-Bas et aux
                États-Unis, les groupes à statut coopératif ont enregistré une amélioration de leur
                indicateur de performance financière. De plus, hormis au Canada, en Finlande, au
                Royaume-Uni et en Italie, les groupes à statut coopératif ont certes vu leur rentabilité
                évoluer de façon négative, mais dans de moindres proportions que les groupes à statut
                actionnarial. Ceci montre que les groupes à statut coopératif ont fait preuve d’une plus
                grande résistance à la crise en parvenant à maîtriser leur performance financière
                (Tableau 3). Nous en avons de nouveau la confirmation par le biais de l’analyse éco-
                nométrique où le coefficient, de négatif et significatif sur la période 2006-2007 passe à
                positif mais non significatif en 2008.
                Concernant la contribution au financement de l’économie, on constate de façon
                étonnante qu'elle est en forte croissance en moyenne pour l'ensemble des banques :
                seules 20 % d’entre elles diminuent leurs prêts sur 2006-2008. Le taux de croissance de
                ceux-ci est de 30 % sur 2006-2010 en moyenne. On peut penser que c'est l'effet des
                politiques de soutien des banques par les autorités de tutelle. Globalement, l'évolution
                des prêts a été significativement moins forte pour les coopératives de 2006 à 2008, mais
                selon les pays la situation est contrastée : on note qu’à l’exception du Royaume-Uni, tous
                les groupes à statut coopératif ont une évolution positive de leur volume de prêts
                octroyés en 2006 et 2008. Cependant, cette variation n’est supérieure à celles des
                groupes à statut actionnarial qu’en Autriche, en Finlande, aux Pays-Bas et aux États-Unis
                (Tableau 3). Cette moindre performance en termes de variation de volume de prêts
                accordés se retrouve dans la régression où le coefficient est négatif et significatif.
                Les groupes à statut coopératif, en contrôlant le pays, ont donc montré plus de résis-
                tance en période de crise que les groupes à statut actionnarial. Il convient alors de voir
                quel a été le comportement en termes de résilience selon le statut et le pays en période
                post-crise.


                Les banques SA semblent avoir été plus résilientes à la crise financière
                que les banques coopératives
                L’analyse se fonde ici encore sur les comparaisons de moyennes entre pays et selon le
                statut des banques. Le comportement des banques coopératives est analysé à travers
                l'estimation du coefficient de la variable dummy coop dans les équations économétriques
                suivantes :
                t2_zscore = constante + 15,91 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 5 du tableau 2)             (0,63)

                t2_loans = constante + 8,43 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 9 du tableau 2)               (0,68)

                ROE09-10 = constante + 6,61 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 15 du tableau 2)              (0,99)

                                                                   L’étonnant pouvoir des coopératives   ...217...
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                Le coefficient de la variable coopérative n'étant pas significatif, on ne peut conclure que
                les banques coopératives et les banques-SA se différencient par leur capacité à surmonter
                la crise. Cependant, à nouveau, la situation est contrastée entre les pays, ce qui apparaît
                à travers les comparaisons de moyennes.

                L’étude de la capacité à faire preuve de résilience s’appuie sur les variations des indi-
                cateurs entre 2008 et 2010, mis à part l’analyse de la performance financière où, de
                nouveau, nous décomposons l’année 2008 et la période 2009-2010. On s’intéresse en
                premier lieu à l’évolution du zscore. On constate que les groupes à statut coopératif
                situés en Espagne, Italie et au Portugal ont subi une dégradation de leur zscore. De plus,
                seuls ceux situés au Canada, en Finlande, en France et aux Pays-Bas ont accusé une
                variation du zscore supérieure à celle des groupes à statut actionnarial (Tableau 3). Il
                apparaît donc qu’en moyenne, les groupes à statut actionnarial font preuve de plus de
                résilience en période post-crise en termes d’apport en stabilité financière, ce qui se
                concrétise par des taux de variation positifs très élevés. Il faut cependant remarquer qu'il
                est normal que les banques coopératives rebondissent moins fortement, puisque leur
                situation s’était moins dégradée dans l'année qui a suivi le déclenchement de la crise.
                Pour autant, au vu des chiffres de 2010, il apparaît que les banques SA dans cette
                deuxième période font plus que compenser la détérioration initiale de leur situation et
                comblent en partie leur retard vis-à-vis des banques coopératives.

                La performance financière annuelle de tous les groupes à statut actionnarial situés en
                Autriche, au Canada, en Espagne, au Portugal et aux États-Unis s’améliore fortement en
                période post-crise par rapport aux rentabilités réalisées en 2008. Cependant, celle des
                autres groupes à statut coopératif s’améliore également dans des proportions diverses.
                Ainsi, seuls ceux situés en Allemagne, en Finlande, en France, aux Pays-Bas, au Royaume-
                Uni et aux États-Unis présentent une rentabilité supérieure à celle enregistrée par leurs
                homologues à statut actionnarial (Tableau 3). On constate aussi, dans de nombreux pays,
                une plus grande capacité de résilience des groupes à statut actionnarial en termes de
                performance financière, même si, de nouveau, cela ne se vérifie pas via la régression
                menée car le coefficient estimé n’est pas significatif.

                Enfin, après avoir montré des signes de faiblesse sur la contribution au financement de
                l’économie en période de crise, il semblerait que les groupes à statut coopératif tendent
                à inverser la tendance. En effet, ceux situés en Allemagne, Autriche et au Royaume-Uni
                enregistrent une variation négative de leur volume de prêts entre 2008 et 2010. Au
                Portugal, l’évolution est positive mais est inférieure à celle des groupes à statut
                actionnarial. Mais tous les groupes à statut coopératif situés dans les autres pays
                présentent un taux de variation de volume de prêts supérieur à celui des banques à statut
                actionnarial (Tableau 3). La résilience des groupes à statut coopératif en qualité de


                ...218... L’étonnant pouvoir des coopératives
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                contributeur au financement de l’économie en période post-crise serait alors plus forte.
                Mais comme précédemment, cette conclusion ne peut être tirée que par le biais des
                comparaisons de moyennes par pays, le coefficient issu de la régression n’étant pas
                significatif.

                Globalement, on peut admettre qu’en période post-crise, au travers de la comparaison
                des moyennes par pays, les groupes à statut actionnarial font preuve de plus de résilience
                que les groupes à statut coopératif. Certes ces derniers ont su rebondir en accentuant
                leur offre de prêts ; mais les groupes à statut actionnarial ont montré plus de capacité à
                redresser les indicateurs qui s’étaient fortement dégradés en période de crise, parvenant
                ainsi à combler l’important retard sur les groupes à statut coopératif.

                Conclusion
                Qu'ils soient à statut coopératif ou à statut actionnarial, tous les groupes bancaires ont
                été touchés par la crise dans des proportions diverses. Il s’avère cependant qu’avant le
                début de la crise, les groupes à statut coopératif semblaient mieux armés pour y résister.
                Plus fortement capitalisés, présentant des niveaux de contribution à la stabilité plus
                élevés que ceux des groupes à statut actionnarial, ils présentaient des avantages laissant
                bien augurer de leur aptitude à y faire face. L’analyse descriptive et économétrique nous
                a permis de confirmer cette hypothèse. Quelle que soit la période étudiée, les groupes à
                statut coopératif affichent un zscore significativement plus élevé que les groupes à statut
                actionnarial. Au cours de la crise, les groupes à statut coopératif ont fait preuve de
                résistance en affichant des évolutions de ratio positives ou négatives mais dans de
                moindres proportions que les groupes à statut actionnarial. Mais en période post-crise,
                les groupes à statut actionnarial semblent avoir fait preuve de plus de résilience. Leurs
                indicateurs qui s’étaient fortement dégradés en période de crise ont connu un
                redressement stupéfiant ; ils sont parvenus à combler le retard qui s’était creusé par
                rapport aux groupes à statut coopératif, même s’ils restent encore en deçà. Mais en dépit
                de l’infériorité qui demeure sur certains indicateurs, c’est surtout la capacité de résilience
                qui est marquante. Les banques à statut actionnarial se sont fait renflouer par les États,
                au même titre certes que les banques à statut coopératif. Mais il est possible qu’elles
                aient su en profiter pour entamer une profonde restructuration qui leur a permis de
                redresser leurs indicateurs et rattraper leur retard. À l’issue de ce papier, beaucoup de
                points seront intéressants à approfondir ; notamment l’étude des facteurs expliquant les
                différences de comportement entre les banques à statut coopératif et actionnarial,
                notamment ceux qui relèvent de l'organisation et de la gouvernance des groupes.




                                                                     L’étonnant pouvoir des coopératives   ...219...
14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page220




                Tableau 1 : Analyse descriptive globale avec GSC : Groupes à Statut Coopératif
                et GSA : Groupes à Statut Actionnarial




                ...220... L’étonnant pouvoir des coopératives
14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:42 Page221




                Tableau 2 : Résultats des régressions menées
                Indicateur de résistancei = constante + α coopi + ∑ βpDip + εi, où coopi est une
                variable dummy qui prend la valeur 1 si la banque i est une coopérative.
                L’indicateur de résistance figure dans la ligne « variable expliquée ».




                                                                          L’étonnant pouvoir des coopératives   ...221...
14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:42 Page222




                Tableau 3 : Évolution des indicateurs par pays.




                      ...222... L’étonnant pouvoir des coopératives
14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:42 Page223




                Tableau 3 : suite




                                                   L’étonnant pouvoir des coopératives   ...223...

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  • 1. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page209 Les banques à statut coopératif ont-elles plus de capacité à résister à la crise financière et à la surmonter ? Yasmina LEMZERI, Mireille JAEGER et Jean-Noël ORY1 Introduction En France, lors de la crise bancaire des années 1990, les banques coopératives se sont avérées beaucoup plus performantes et solides que les banques SA, ce qui leur a permis de gagner des parts de marché et (ou) d'accumuler des réserves, et d'acquérir des banques SA en difficulté. Cette forte compétitivité s'appuyait essentiellement sur une meilleure capacité à gérer le risque, avec un meilleur contrôle et une meilleure couver- ture, résultant en un moindre coût. L'exigence moins forte de rentabilité des capitaux propres permettait également soit de pratiquer des tarifs inférieurs à ceux des banques SA pour une marge équivalente (gain de parts de marché), soit d'accumuler plus de ré- serves pour un tarif équivalent (meilleure couverture du risque et capacité à saisir les opportunités d'acquisition de banques en difficulté). Cet avantage concurrentiel pouvait être imputé à l'organisation et à la gouvernance associées au statut coopératif (Gurtner, Jaeger et Ory, 2006). Ces enchaînements favorables ne semblent plus être mis en œuvre dans le déroulement de la crise financière actuelle pour ce qui concerne les banques coopératives françaises. De fait, le modèle coopératif français s'est étiolé dans le secteur bancaire, avec l'hybri- dation des groupes coopératifs qui ont incorporé des véhicules cotés en bourse (y com- pris les têtes de groupes), et qui se sont progressivement alignés sur les critères et les modes de fonctionnement des banques à capital actions (Banques SA). Or, ce serait un avantage incomparable que de pouvoir s'appuyer sur des banques solides et résilientes dans la crise que nous traversons, et ceci au niveau mondial. C'est pourquoi nous nous proposons dans cet article d'analyser le comportement des grandes banques en essayant de comparer la résistance et la résilience des banques-SA et des banques coopératives face à la crise financière récente (2008-2010), en étendant notre analyse, outre le cas français, à dix autres pays européens et nord-américains. La résistance s'interprétera comme une relative insensibilité à la crise. Ainsi, nous cher- cherons si la situation des banques coopératives se dégrade moins pendant la crise. La résilience s'interprètera comme la faculté de vaincre l'adversité ou une situation de risque, donc de se redresser voire de rebondir après avoir subi la crise. L’étonnant pouvoir des coopératives ...209...
  • 2. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page210 Comment justifier que les banques coopératives résistent mieux à la crise ? Analyse théorique Une dépendance moins forte vis-à-vis des marchés financiers Les banques à statut coopératif n’ayant pas émis de parts cotées en bourse, elles sont moins soumises à la pression des marchés. Elles n'ont pas comme objectif prioritaire de maximiser la valeur boursière de leurs titres et sont moins incitées à s’orienter vers des projets risqués (à espérance de rentabilité plus forte), ce qui tend à les rendre plus stables. Comme leurs titres ne sont pas négociables en bourse, elles n'ont pas à craindre d'être soumises à une OPA et ne peuvent donc faire l'objet d'un rachat hostile, même en cas d’inefficience, ce qui leur évite de se focaliser sur des objectifs de performance à court terme, source d'instabilité. Des objectifs limitant la prise de risque Alors que les banques à statut actionnarial se focalisent exclusivement sur la maxi- misation de la richesse des actionnaires, les banques à statut coopératif ont pour objectif de répondre au bien-être des sociétaires et de l’économie locale. Les taux offerts pour la rémunération de l’épargne et les taux requis en cas de prêts doivent être avantageux pour le client-sociétaire par rapport à ce qu’il aurait obtenu dans un autre établissement de crédit. Ce désintérêt à l’égard de la recherche de profits fait qu’elles sont moins incitées à prendre des risques que les banques à statut actionnarial. Les projets retenus sont moins rémunérateurs mais aussi moins risqués ; ce qui se comprend car les propriétaires sont à la fois clients et décisionnaires. Ils n’ont aucun intérêt à prendre plus de risque car rien ne les y incite. Ils ont pour objectif de préserver l’héritage intergénérationnel et de faire en sorte que cette tradition se perpétue. Les dirigeants des banques coopératives sont moins incités à la prise de risque excessive, et cela a pour effet de sécuriser les dépôts (Rasmusen, 1988). Une recherche de valorisation à long terme Le profit est nécessaire pour assurer l’avenir et la pérennité de la banque. En s’abstenant de placer l’objectif de rentabilité dans leur politique de développement, les groupes coopératifs seraient voués à disparaître (Hansmann et Krackmann, 2001). Les coûts d’exploitation qu’ils supporteraient seraient également trop élevés ce qui constitue un frein à la rentabilité. Cependant, les coopératives dégagent un excédent financier dont un pourcentage est automatiquement mis en réserves. La différence entre les proprié- taires actionnaires et les propriétaires sociétaires réside dans la volonté de pérenniser la firme. Les auteurs Allen et Gale( 2004) montrent que cette volonté peut aboutir à long terme à une valeur de la firme plus élevée qu’elle ne le serait si l’on se concentrait exclusivement sur une maximisation du profit. ...210... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 3. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page211 Proximité favorisant la réduction d’asymétrie d’information Les réseaux coopératifs disposent d’une large implantation territoriale qui leur permet de bénéficier d’un avantage de proximité avec la clientèle. La tarification doit alors être liée au profil de risque du client. Cette proximité permet de réduire l’asymétrie d’infor- mation en faveur de la banque et d’anticiper sur des éventuels problèmes d’aléa moral qui pourraient survenir une fois les contrats signés (Amess, 2002). Stratégie de diversification du portefeuille de prêts Vues comme des soutiens à l’économie locale, les banques coopératives peuvent alors être moins enclines à procéder au rationnement de crédit, notamment en période de crise financière. Elles ont pour habitude de prêter aux PME-PMI implantées sur leur secteur territorial. Les PME sont souvent considérées comme fragiles, proches de la faillite, et les coopératives savent prendre des risques en leur accordant des prêts, qu'elles limitent grâce à la diversification de leur portefeuille de crédits, et à une meil- leure connaissance de leur clientèle liée à la proximité. Implantation territoriale en soutien à l’économie locale Les administrateurs qui sont élus en qualité de représentants des sociétaires, et qui sont de ce fait les preneurs de décisions au niveau local, sont souvent des chefs d’entreprise. Ils ont alors pu expérimenter la difficulté pour une PME-PMI à faire financer un projet, y compris lorsque les indicateurs du bilan sont positifs et que le carnet de commandes est plein à court et moyen termes. De plus, les sociétaires sont également souvent des entrepreneurs qui peuvent potentiellement être confrontés à des difficultés de finan- cement. On attend alors d’une banque qui se revendique comme agissant dans l’intérêt des sociétaires, non soumise à un objectif prioritaire de recherche de profit, qu’elle suive les projets de ses clients y compris dans des phases économiques complexes. Impartageabilité des réserves favorisant la stabilité Les réserves des coopératives sont impartageables. Elles appartiennent à la coopérative et les sociétaires, pourtant propriétaires, n’ont aucun droit sur elles. Rien ne les incite donc à encourager leurs administrateurs à entreprendre des projets risqués. D’autant plus que cette accumulation de réserves annuelles est un avantage certain en termes de sta- bilité financière ; elle peut servir à atténuer les fluctuations intervenant au cours de l’ac- tivité bancaire (Amess, 2002) et se traduire par une réduction du risque de faillite. Ce dispositif permet aux banques à statut coopératif de contribuer à la stabilité financière. Une politique de rémunération moins liée à la performance. Les banques à statut coopératif n'utilisent pas de système de rémunération lié à la valeur boursière (tel que les stock-options ou l'attribution d'actions). Ainsi, les dirigeants ne sont pas incités à prendre plus de risques dans le but de maximiser leurs revenus, comme L’étonnant pouvoir des coopératives ...211...
  • 4. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page212 dans les banques à statut actionnarial. La rémunération liée au capital, de nature option- nelle, et destinée à aligner les objectifs des dirigeants sur ceux des actionnaires, est en effet très perverse et incitative à la prise de risque, car elle ne joue que positivement, en cas de succès, mais ne pénalise pas en cas d'échec (Beltratti et Stulz, 2011). Au total, ces éléments nous laissent penser que les banques coopératives : I devraient se révéler plus stables et plus résistantes face à la crise financière, car mieux capitalisées et disposant d'actifs moins risqués ; I devraient maintenir leurs prêts et continuer à soutenir l'économie plus que les banques à statut actionnarial ; I devraient avoir avant la crise une performance financière moins forte, mais relativement plus stable après le déclenchement de la crise. C'est ce que nous allons tenter de vérifier. Méthodologie Démarche On veut vérifier s'il existe des différences de résistance, de stabilité face à la crise et de résilience entre banques coopératives et banques SA, qui peuvent s'expliquer par des facteurs d'organisation, de stratégie financière ou de gouvernance. Celles-là doivent être évaluées en contrôlant l'influence du pays d'implantation, car elles peuvent être dues largement à des caractéristiques propres aux pays (institutionnelles, réglementaires, macro-économiques ou conjoncturelles). Le modèle, estimé en cross section sur un échantillon de banques appartenant à 11 pays, est de la forme suivante : Indicateur de résistancei = constante + α coopi + ∑ βpDip + εi, où coopi est une variable dummy qui prend la valeur 1 si la banque i est une coopérative. Les Dip sont des dummies représentant le pays. Le coefficient α et le t de Student associé nous indiquent si globa- lement les coopératives sont plus résistantes que les banques SA (signe positif), quand on contrôle le pays d'implantation (par des effets fixes-pays) Une analyse détaillée des moyennes et variations, par pays, de l'indicateur, pour chaque catégorie de banque, permet d'affiner les résultats (Tableau 2). L'échantillon Les données permettant de mener les analyses descriptives proviennent de la base Bankscope (Bureau Van Dijk). Les pays retenus sont la France, les Pays-Bas, le Royaume- Uni, l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Finlande, l’Autriche, le Canada et les ...212... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 5. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page213 États-Unis. Tous les groupes coopératifs européens ont été intégrés dans la base. Concer- nant le Canada et les États-Unis, seuls les plus grands groupes coopératifs ont été pris en compte, malgré la présence d'une multitude de petites coopératives bancaires, par souci d'homogénéité avec les groupes européens et pour permettre la comparaison avec les groupes à statut actionnarial, généralement de plus grande taille. Concernant les groupes à statut actionnarial, nous avons constitué un échantillon de 30 banques im- plantées dans les mêmes pays que les banques à statut coopératif. Les banques à statut actionnarial retenues sont celles qui disposent de la plus grande taille d’actifs. Nous dis- posons alors au final d’un échantillon de 49 banques, soit 30 à statut actionnarial et 19 à statut coopératif. Période d'analyse Les indicateurs de résistance ou de résilience sont observés sur la période 2006-2010 ; la mesure est effectuée en fin d'année (disponibilité des statistiques comptables). L'année 2006 donne une situation de référence avant le début de la crise finnacière. Cette dernière se déclenche en mars-avril 2007. D’abord, l'évolution des indicateurs entre décembre 2006 et décembre 2008 mesure la résistance à la crise et permet d'observer la détérioration de la situation de la banque au cours de la première année de crise. Puis, entre décembre 2008 et décembre 2010, elle permet de mesurer la résilience et d'observer comment les banques parviennent à surmonter la crise. Spécification des indicateurs de résistance et de résilience face à la crise Une banque sera considérée comme résistante si elle peut limiter son risque de faillite, si son activité se maintient et en particulier son incitation à faire des prêts, et si elle parvient à préserver une rentabilité suffisante de ses actifs et de ses fonds propres. La résilience caractérise sa capacité à rebondir, et au moins à retrouver le niveau d'activité antérieur. Comment mesurer la résistance ou la résilience à la crise ? Nous retiendrons trois indicateurs : l'un qui mesure la solidité financière, le second le dynamisme de l'activité au service de l’économie, et le troisième la performance financière : I Pour analyser si les banques se sont fragilisées, si leur risque de faillite a augmenté, nous retiendrons le zscore ainsi que son taux de variation. Cet indicateur mesure la distance à la faillite : plus il est fort, plus la banque est éloignée de la faillite. Formule : z= (K+µ)/ σ où K représente le ratio capitaux sur actif total, µ représente la rentabilité des actifs et σ représente l’écart-type de la rentabilité des actifs. On voit que le zscore tient compte simultanément de la capitalisation de la banque et de la rentabilité de ses actifs. L’étonnant pouvoir des coopératives ...213...
  • 6. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page214 Pour voir si les banques ont pu maintenir leur niveau d'activité, nous observerons le taux de variation des prêts accordés (t_loans). Cet indicateur est également significatif du rôle économique et social de la banque, qui justifie que les autorités de tutelle se soient mo- bilisées pour les renflouer ou pour assurer leur liquidité. La capacité à préserver les profits, ou une certaine rentabilité, peut se mesurer à partir du taux de rentabilité financière (roe, return on equity). Le roe est un indicateur de performance financière et peut servir aussi à mesurer la résistance des banques à la crise et leur capacité de rebond. Spécification des variables Pour analyser la résistance à la crise ou la résilience, les variables seront spécifiées en taux de variation (sauf le roe). Elles seront calculées en 2006 (en niveau), pour avoir une idée de la situation de départ, en 2008, 1re année de crise, et sur 3 ans, de 2008 à 2010. Les variables qui ont une nature de rendement resteront sous cette forme. Pour étudier la résilience (la capacité à rebondir, à rattraper son retard), on pourra calculer le taux de variation ou la performance sur les 2 années 2009 et 2010, suivant la première année de crise. zscore 2006 : il s’agit de la valeur prise par le zscore en 2006 t_zscore08 = ∆zscore06-08/zscore06 : on mesure ici le taux de variation du zscore entre 2006 et 2008 t2_zscore = ∆zscore08-10/zscore08 : on mesure ici le taux de variation du zscore entre 2008 et 2010 t_loans08 = ∆loans06-08/loans06 : cet indicateur permet de connaître le taux de varia- tion des prêts octroyés par la banque entre 2006 et 2008 t2_loans = ∆loans08-10/loans08 : cet indicateur permet de connaître le taux de variation des prêts octroyés par la banque entre 2008 et 2010 ROE2006 : il s’agit de la rentabilité des capitaux (Return On Equity) réalisée par une banque en 2006 ROE2008 : il s’agit de la rentabilité des capitaux (Return On Equity) réalisée par une banque en 2008 ROE2010 : il s’agit de la rentabilité des capitaux (Return On Equity) réalisée par une banque en 2010 ROE06-07 : cet indicateur permet de mesurer la rentabilité cumulée des capitaux d’une banque sur une période de deux années, 2006 et 2007 ROE06-08 : cet indicateur permet de mesurer la rentabilité cumulée des capitaux d’une banque sur une période de trois années, de 2006 à 2008 ...214... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 7. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page215 ROE09-10 : cet indicateur permet de mesurer la rentabilité cumulée des capitaux d’une banque sur une période de deux années, 2009 et 2010 ROE06-10 : cet indicateur permet de mesurer la rentabilité cumulée des capitaux d’une banque sur une période de cinq années, de 2006 à 2010 Analyses et résultats Des banques coopératives en situation plus favorable, plus solidement capitalisées, juste avant la crise Comme période pré-crise, nous retenons l’année 2006. Celle-ci étant suffisamment éloignée de 2008, année de début de crise officielle, cela permet de considérer le niveau des indicateurs avec une certaine objectivité. Le premier constat que l’on peut dresser sur l’année 2006 est relatif au zscore (Tableau 1) : il est nettement plus élevé chez les groupes à statut coopératif puisqu’il dépasse celui présenté par les groupes à statut actionnarial de douze points. Ce qui confirme la théorie qui décrit les groupes à statut coopératif comme acteurs contribuant positivement à la stabilité financière. On notera cependant qu’ils présentent en parallèle une rentabilité des capitaux inférieure à celle réalisée par les groupes à statut actionnarial. En dépit du fait que cette rentabilité soit inférieure, on relève toutefois qu’elle est élevée, ce qui remet en question les propos les caractérisant comme des entités ne réalisant que peu de profit. Nous poursuivons la comparaison au travers des moyennes établies par pays et par statut. Pour renforcer les mesures de différences d’impact de structure de propriété en prenant en compte la situation géographique, nous nous appuyons également sur les tests économétriques en incluant respectivement en variable endogène le zscore de 2006 puis la rentabilité des capitaux (ROE) de 2006. Les modèles estimés sont les suivants : Zscore2006= constante + 20,52 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 1 du tableau 2) (2,10) ROE06 = constante + -4,592 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 10 du tableau 2) (-2,76) En 2006, période pré-crise, il apparaît que la majorité des groupes à statut coopératif disposent d’un zscore plus élevé que ceux présentés par les groupes à statut actionnarial. Seuls les groupes à statut coopératif implantés en Espagne, au Royaume-Uni et au Portugal ont un zscore inférieur à leurs homologues à statut actionnarial (Tableau 3), ce qui peut s’expliquer par une capitalisation moindre. L’apport en stabilité financière des banques à statut coopératif est confirmé par la régression avec un coefficient élevé très significatif. Les niveaux de rentabilité relatifs aux groupes à statut coopératif sont élevés ; mais, à l’exception des groupes à statut coopératif autrichiens, tous présentent une rentabilité des capitaux inférieure à celle réalisée par les groupes à statut actionnarial. La moindre performance financière moindre se confirme d’ailleurs par l’analyse économétrique avec un coefficient négatif hautement significatif. L’étonnant pouvoir des coopératives ...215...
  • 8. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page216 Il apparaît alors que les groupes à statut coopératif qui présentent une forte capitalisation contribuent plus à la stabilité financière. Une meilleure capacité des banques coopératives à résister à la crise financière Pour étudier la résistance à la crise, nous nous focalisons sur les variations des indicateurs de stabilité financière, de rentabilité et de contribution au financement de l’économie entre 2006 et 2008. Concernant la rentabilité, nous approfondirons l’analyse en nous appuyant également sur la performance réalisée sur la période 2006-2007 et la rentabi- lité observée en 2008. Sur cette période, on constate que les groupes à statut coopératif ou actionnarial ont tous deux enregistré une évolution négative de leurs indicateurs (Tableau 1). Cependant, la dégradation du zscore des groupes à statut coopératif est bien inférieure à celle des groupes à statut actionnarial. Ceci qui montre que les groupes à statut coopératif ont mieux résisté à la crise. De plus, entre 2006 et 2008, leur rentabilité des capitaux s’est détériorée de façon plus atténuée que les groupes à statut actionnarial ; ces derniers pré- sentent en plus une rentabilité négative en 2008. En période de crise, on note que quelle que soit la forme de propriété, la taille des prêts accordés évolue de façon positive. Mais cette hausse est plus importante chez les groupes à statut actionnarial. Comme précédemment, nous renforçons l’analyse des comparaisons de moyennes selon le statut et la situation géographique par une analyse économétrique. Nous nous ap- puyons pour cela sur les régressions suivantes : t_zscore08 = constante + 10,37 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 4 du tableau 2) (1,78) t_loans08 = constante - 14,62 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 7 du tableau 2) (-2,1) ROE06-07 = constante - 9,4 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 13 du tableau 2) (2,34) ROE06-08 = constante + 5,83 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 14 du tableau 2) (0,46) ROE08 = constante + 13 coopi + ∑ ßpDip + εi (équation 11 du tableau 2) (1,46) En se focalisant sur la variation du zscore entre 2006 et 2008 selon le statut et le pays, on constate qu’à l’exception de ceux implantés au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et au Portugal les groupes à statut coopératif ont enregistré une dégradation de leur indicateur. Cependant, cette dégradation n’a été supérieure à celle subie par les groupes à statut actionnarial qu’en Italie et en Autriche. Ceci signifie que les groupes à statut coopératif ont fait preuve de plus de résistance en matière de contribution à la stabilité financière, sauf en Italie et en Autriche (Tableau 3). Cela se confirme au travers de l’analyse économétrique puisque le coefficient affecté à la variation du zscore est positif et significatif. Toujours en période de crise, et plus particulièrement en 2008, on constate que tous les groupes à statut actionnarial ont subi une baisse drastique de leur rentabilité par rapport à ...216... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 9. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page217 celle réalisée en 2006, puis sur la période 2006-2007. Au Portugal, aux Pays-Bas et aux États-Unis, les groupes à statut coopératif ont enregistré une amélioration de leur indicateur de performance financière. De plus, hormis au Canada, en Finlande, au Royaume-Uni et en Italie, les groupes à statut coopératif ont certes vu leur rentabilité évoluer de façon négative, mais dans de moindres proportions que les groupes à statut actionnarial. Ceci montre que les groupes à statut coopératif ont fait preuve d’une plus grande résistance à la crise en parvenant à maîtriser leur performance financière (Tableau 3). Nous en avons de nouveau la confirmation par le biais de l’analyse éco- nométrique où le coefficient, de négatif et significatif sur la période 2006-2007 passe à positif mais non significatif en 2008. Concernant la contribution au financement de l’économie, on constate de façon étonnante qu'elle est en forte croissance en moyenne pour l'ensemble des banques : seules 20 % d’entre elles diminuent leurs prêts sur 2006-2008. Le taux de croissance de ceux-ci est de 30 % sur 2006-2010 en moyenne. On peut penser que c'est l'effet des politiques de soutien des banques par les autorités de tutelle. Globalement, l'évolution des prêts a été significativement moins forte pour les coopératives de 2006 à 2008, mais selon les pays la situation est contrastée : on note qu’à l’exception du Royaume-Uni, tous les groupes à statut coopératif ont une évolution positive de leur volume de prêts octroyés en 2006 et 2008. Cependant, cette variation n’est supérieure à celles des groupes à statut actionnarial qu’en Autriche, en Finlande, aux Pays-Bas et aux États-Unis (Tableau 3). Cette moindre performance en termes de variation de volume de prêts accordés se retrouve dans la régression où le coefficient est négatif et significatif. Les groupes à statut coopératif, en contrôlant le pays, ont donc montré plus de résis- tance en période de crise que les groupes à statut actionnarial. Il convient alors de voir quel a été le comportement en termes de résilience selon le statut et le pays en période post-crise. Les banques SA semblent avoir été plus résilientes à la crise financière que les banques coopératives L’analyse se fonde ici encore sur les comparaisons de moyennes entre pays et selon le statut des banques. Le comportement des banques coopératives est analysé à travers l'estimation du coefficient de la variable dummy coop dans les équations économétriques suivantes : t2_zscore = constante + 15,91 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 5 du tableau 2) (0,63) t2_loans = constante + 8,43 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 9 du tableau 2) (0,68) ROE09-10 = constante + 6,61 coopi + ∑ βpDip + εi (équation 15 du tableau 2) (0,99) L’étonnant pouvoir des coopératives ...217...
  • 10. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page218 Le coefficient de la variable coopérative n'étant pas significatif, on ne peut conclure que les banques coopératives et les banques-SA se différencient par leur capacité à surmonter la crise. Cependant, à nouveau, la situation est contrastée entre les pays, ce qui apparaît à travers les comparaisons de moyennes. L’étude de la capacité à faire preuve de résilience s’appuie sur les variations des indi- cateurs entre 2008 et 2010, mis à part l’analyse de la performance financière où, de nouveau, nous décomposons l’année 2008 et la période 2009-2010. On s’intéresse en premier lieu à l’évolution du zscore. On constate que les groupes à statut coopératif situés en Espagne, Italie et au Portugal ont subi une dégradation de leur zscore. De plus, seuls ceux situés au Canada, en Finlande, en France et aux Pays-Bas ont accusé une variation du zscore supérieure à celle des groupes à statut actionnarial (Tableau 3). Il apparaît donc qu’en moyenne, les groupes à statut actionnarial font preuve de plus de résilience en période post-crise en termes d’apport en stabilité financière, ce qui se concrétise par des taux de variation positifs très élevés. Il faut cependant remarquer qu'il est normal que les banques coopératives rebondissent moins fortement, puisque leur situation s’était moins dégradée dans l'année qui a suivi le déclenchement de la crise. Pour autant, au vu des chiffres de 2010, il apparaît que les banques SA dans cette deuxième période font plus que compenser la détérioration initiale de leur situation et comblent en partie leur retard vis-à-vis des banques coopératives. La performance financière annuelle de tous les groupes à statut actionnarial situés en Autriche, au Canada, en Espagne, au Portugal et aux États-Unis s’améliore fortement en période post-crise par rapport aux rentabilités réalisées en 2008. Cependant, celle des autres groupes à statut coopératif s’améliore également dans des proportions diverses. Ainsi, seuls ceux situés en Allemagne, en Finlande, en France, aux Pays-Bas, au Royaume- Uni et aux États-Unis présentent une rentabilité supérieure à celle enregistrée par leurs homologues à statut actionnarial (Tableau 3). On constate aussi, dans de nombreux pays, une plus grande capacité de résilience des groupes à statut actionnarial en termes de performance financière, même si, de nouveau, cela ne se vérifie pas via la régression menée car le coefficient estimé n’est pas significatif. Enfin, après avoir montré des signes de faiblesse sur la contribution au financement de l’économie en période de crise, il semblerait que les groupes à statut coopératif tendent à inverser la tendance. En effet, ceux situés en Allemagne, Autriche et au Royaume-Uni enregistrent une variation négative de leur volume de prêts entre 2008 et 2010. Au Portugal, l’évolution est positive mais est inférieure à celle des groupes à statut actionnarial. Mais tous les groupes à statut coopératif situés dans les autres pays présentent un taux de variation de volume de prêts supérieur à celui des banques à statut actionnarial (Tableau 3). La résilience des groupes à statut coopératif en qualité de ...218... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 11. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page219 contributeur au financement de l’économie en période post-crise serait alors plus forte. Mais comme précédemment, cette conclusion ne peut être tirée que par le biais des comparaisons de moyennes par pays, le coefficient issu de la régression n’étant pas significatif. Globalement, on peut admettre qu’en période post-crise, au travers de la comparaison des moyennes par pays, les groupes à statut actionnarial font preuve de plus de résilience que les groupes à statut coopératif. Certes ces derniers ont su rebondir en accentuant leur offre de prêts ; mais les groupes à statut actionnarial ont montré plus de capacité à redresser les indicateurs qui s’étaient fortement dégradés en période de crise, parvenant ainsi à combler l’important retard sur les groupes à statut coopératif. Conclusion Qu'ils soient à statut coopératif ou à statut actionnarial, tous les groupes bancaires ont été touchés par la crise dans des proportions diverses. Il s’avère cependant qu’avant le début de la crise, les groupes à statut coopératif semblaient mieux armés pour y résister. Plus fortement capitalisés, présentant des niveaux de contribution à la stabilité plus élevés que ceux des groupes à statut actionnarial, ils présentaient des avantages laissant bien augurer de leur aptitude à y faire face. L’analyse descriptive et économétrique nous a permis de confirmer cette hypothèse. Quelle que soit la période étudiée, les groupes à statut coopératif affichent un zscore significativement plus élevé que les groupes à statut actionnarial. Au cours de la crise, les groupes à statut coopératif ont fait preuve de résistance en affichant des évolutions de ratio positives ou négatives mais dans de moindres proportions que les groupes à statut actionnarial. Mais en période post-crise, les groupes à statut actionnarial semblent avoir fait preuve de plus de résilience. Leurs indicateurs qui s’étaient fortement dégradés en période de crise ont connu un redressement stupéfiant ; ils sont parvenus à combler le retard qui s’était creusé par rapport aux groupes à statut coopératif, même s’ils restent encore en deçà. Mais en dépit de l’infériorité qui demeure sur certains indicateurs, c’est surtout la capacité de résilience qui est marquante. Les banques à statut actionnarial se sont fait renflouer par les États, au même titre certes que les banques à statut coopératif. Mais il est possible qu’elles aient su en profiter pour entamer une profonde restructuration qui leur a permis de redresser leurs indicateurs et rattraper leur retard. À l’issue de ce papier, beaucoup de points seront intéressants à approfondir ; notamment l’étude des facteurs expliquant les différences de comportement entre les banques à statut coopératif et actionnarial, notamment ceux qui relèvent de l'organisation et de la gouvernance des groupes. L’étonnant pouvoir des coopératives ...219...
  • 12. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:41 Page220 Tableau 1 : Analyse descriptive globale avec GSC : Groupes à Statut Coopératif et GSA : Groupes à Statut Actionnarial ...220... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 13. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:42 Page221 Tableau 2 : Résultats des régressions menées Indicateur de résistancei = constante + α coopi + ∑ βpDip + εi, où coopi est une variable dummy qui prend la valeur 1 si la banque i est une coopérative. L’indicateur de résistance figure dans la ligne « variable expliquée ». L’étonnant pouvoir des coopératives ...221...
  • 14. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:42 Page222 Tableau 3 : Évolution des indicateurs par pays. ...222... L’étonnant pouvoir des coopératives
  • 15. 14-Lemzeri_Mise en page 1 12-09-05 13:42 Page223 Tableau 3 : suite L’étonnant pouvoir des coopératives ...223...