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DEMBA DIALLO
DIRECTEUR ASSOCIÉ,
INNHOTEP
La Silicon Valley
Matière grise, innovation
et prospérité
S’il devait y avoir une capitale mondiale de l’innovation, ce serait sans
hésiter la Silicon Valley! Demba Diallo revient sur ce qui fait de cette
conurbation proche de San Francisco le lieu de tous les possibles.
n moins de deux ans, pour préparer leur
avenir, deux entreprises de la Silicon Valley ont investi,
à elles seules, en fonds propres, dans un seul secteur,
celui du numérique, six fois plus que la France a em-
prunté, pour préparer le sien dans le même secteur!
DES ENTREPRISES TRÈS INNOVANTES
AUX PERFORMANCES EXCEPTIONNELLES
Qu’on en juge: Facebook a investi près de 22 mil-
liards de dollars1
et Google, environ 8 milliards de
dollars2
. Cela fait donc 30 milliards de dollars
(21,5 milliards d’euros) cumulés d’investissements
dont les montants ont été dévoilés3. Sans compter ceux
dont les montants demeurent secrets. Et l’année n’est
pas finie!
Ces montants investis par ces jeunes entreprises
(Facebook a 10 ans et Google, 16 ans) en 1 an et
3 mois représentent, pour leur partie visible, les 2/3
de ceux empruntés par la France en 2010 sur les mar-
chés (35 milliards d’euros ventilés en 5 grandes prio-
rités nationales4
dont « seulement » 4,5 milliards pour
le numérique) pour préparer l’avenir de la 5e puissance
économique mondiale.
Une terre de capitalisme schumpetérien
La Silicon Valley est la terre de tous les records du
capitalisme au sens schumpetérien: ses entreprises
détruisent des secteurs économiques entiers et en in-
ventent de nouveaux; des entrepreneurs font fortune
de manière colossale et conservent leurs visions et
leurs ambitions, car ils doivent faire face à la compé-
tition incessante de ceux, toujours plus nombreux, qui
cherchent à les bousculer.
C’est ainsi qu’Apple a inventé l’iPod et l’iTunes en
2001, l’iPhone en 2007, l’App Store en 2008 et l’iPad
en 2010. Par ses innovations (technologies, design,
business model) successives sur une décennie, elle a
totalement rebattu les cartes dans au moins 3 secteurs
industriels qui ne s’en sont toujours pas remis: la
musique, les télécommunications et l’informatique.
Des entreprises comme Nokia ou Blackberry paient
encore le prix de leur échec à innover face à Apple qui
a fait une entrée inattendue dans « leurs » marchés.
Rançon du succès pour la marque à la pomme: la
capitalisation boursière d’Apple qui était de 4,8 mil-
liards de dollars en décembre 2000, s’établit désormais
à 467 milliards de dollars6
… À titre de comparaison,
la plus grosse capitalisation boursière du CAC 407
est
Total (113 milliards d’euros équivalent à 156 milliards
de dollars), soit 3 fois moins qu’Apple. Il faut addition-
ner les 4 premières capitalisations boursières du CAC
(Total, Sanofi, LVMH et L’Oréal) pour être dans l’ordre
de grandeur (493 milliards de dollars) de celle d’Apple!
On pourrait faire les mêmes exercices comparés sur
les résultats nets. Ceux d’Apple sont de 37 milliards
de dollars pour 80000 employés…
On pourrait aussi élargir ce type d’analyses de l’im-
pact des innovations apportées par d’autres entreprises
E
Nous ne cherchons pas
à faire 10 % en mieux,
mais 10 fois mieux
FINANCE&GESTIONJUIN2014
30
DOSSIER
L’innovation
phares de la Silicon Valley telles Google, Amazon,
Intel, Cisco, eBay, LinkedIn,Twitter, Airbnb, Dropbox,
Bloom Energy, Space Exploration Technologies, etc.
Car une des particularités de ce territoire est qu’il
concentre des entreprises qui ont inventé des techno-
logies et des services associés qui ont bouleversé les
usages quotidiens de milliards d’êtres humains en un
minimum de temps.
Quelques illustrations: en 2013, il y a eu 5,9 mil-
liards de requêtes sur le moteur de recherche de
Google. Android représente aujourd’hui 79 % des
plateformes mobiles dans le monde. Facebook a plus
d’un milliard d’utilisateurs. Airbnb référence plus de
500000 maisons et appartements représentant plus
de 650000 chambres dans le monde. Soit plus que la
somme de celles proposées par InterContinental et
Hilton…
Traduction de ces performances des entreprises
emblématiques de la Silicon Valley, ce territoire
concentre 12,4 % des brevets et 40 % du capital risque
américain. Son PIB représente 10 % de celui de la
Californie et 45 % des ménages qui y vivent, gagnent
plus de 100000 dollars par an. Le taux de chômage
est inférieur à celui du pays (5,8 % contre 6,70 %). Et
en moyenne, le revenu réel par habitant (70243 dol-
lars) est largement supérieur (1,6 fois plus) à la
moyenne nationale (44276 dollars) 8
.
Comment expliquer ces performances
hors normes?
Conurbation dans la proximité de San Francisco, la
Silicon Valley regroupe les Comtés de Santa Clara
County, San Mateo, Alameda et Santa Cruz.
Avec ses 2,9 millions d’habitants qui représentent à
peine 1 % de la population américaine, ce territoire
comporte l’une des populations les mieux formées et
les plus diverses du pays:
- les deux tiers de la population active sont diplômés,
dont 46 % possèdent un diplôme universitaire de ni-
veau supérieur ou égal à bac +4 (États-Unis: 29 %) 9
;
- 36,4 % de la population est d’origine étrangère
(États-Unis: 13 %) et très qualifiée (53 % d’ingénieurs
et de scientifiques). À ce sujet, 51 % de la population
d’origine étrangère parle une langue autre que l’an-
glais à la maison contre 21 % à l’échelle nationale.
La formation s’appuie sur un socle d’universités
parmi les plus réputées au monde, parmi lesquelles,
Stanford. Cette dernière a formé quelques anciens
célèbres dont Bill Hewlett et David Packard (Hewlett
Packard), Sandy Lerner et Leonard Bosack (CISCO),
David Filo et JerryYoung (Yahoo!), Vinod Khosla, Bill
Joy et Andy Bechtolsheim (Sun Microsystem), Serguei
Brin et Larry Page (Google)
Lorsqu’on analyse le parcours de ces fondateurs, on
observe l’importance du parcours universitaire d’ex-
cellence10 (80 % proviennent d’universités d’élite,
principalement Stanford) et de la diversité (60 % sont
d’origine étrangère parmi lesquels Andy Groove d’In-
tel, d’origine hongroise, Serguei Brin de Google, d’ori-
gine russe, Steve Jobs, enfant adoptif d’origine sy-
rienne par son père, JerryYoung deYahoo! d’origine
taïwanaise, Vinod Khosla de Sun et maintenant de
Khosla Ventures, d’origine indienne, etc.).
UNE TRADITION D’EXCELLENCE,
DE DIVERSITÉ ET D’INNOVATION
Jusqu’au début du XXe
siècle, ce territoire était plutôt
reconnu pour les produits de sa culture maraîchère,
convoités par plusieurs autres régions. À l’époque, des
milliers d’hectares sont consacrés à la production de
fruits de grande qualité et à l’exploitation de vignobles
réputés sur une surface s’étendant de la pointe sud de
San Francisco, tout au long de la côte occidentale de
la Baie jusqu’à l’Est de l’Oakland. Le lieu était sur-
nommé « the valley of heart’s delight », c’est-à-dire « la
vallée des délices du cœur ». Les industries de trans-
formation agricoles et de conserveries dominaient
alors le paysage industriel. Les dernières d’entre elles
ont fermé à la fin des années 1970.
De la tradition agricole
à l’excellence technologique
L’invention des circuits intégrés en 1959 conduit à
l’explosion de l’industrie des semi-conducteurs dans
la région. La nouvelle vague industrielle est portée par
une quarantaine de firmes qui sont créées à l’époque,
dont l’emblématique Shockley Semi-conducteur qui
donnera plus tard naissance à Fairchild, puis, entre
autres, à Intel.
C’est au début des années 1960 que Don Hoefler,
journaliste au magazine Electronic News, a donné au
Comté de Santa Clara et à son agglomération le nom
de « Silicon Valley ». Le terme de « Silicon » fait réfé-
rence au silicium utilisé dans la fabrication de puces
électroniques. À ses débuts, la Silicon Valley abritait
45 des 50 firmes spécialisées dans la conception et la
production de semi-conducteurs aux États-Unis. Les
innovations apportées par les circuits intégrés ont été
démultipliées avec la découverte des microprocesseurs
par Intel en 1971.
Récente diversification de l’industrie
Durant la décennie 1990, la Silicon Valley a accom-
pli une mutation de son système productif en prenant
appui sur le secteur des technologies de l’information
et de la communication (TIC) prédominant. La struc-
ture industrielle est passée d’une production à haute
Bouygues vs Facebook
XAutres chiffres significatifs: Bouygues Telecom, entreprise qui a
20 ans d’âge, un peu moins de 10000 collaborateurs, 11 millions de
clients, 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 370 millions de résul-
tat net était valorisé, à la mi-avril 2014, pour un montant oscillant
entre 5 et 8 milliards d’euros.
XÀ rapporter à l’acquisition de WhatsApp par Facebook: 16 mil-
liards d’euros pour une entreprise de 5 ans d’âge ayant 55 employés
et sans chiffre d’affaires connu! Une des raisons majeures de cette
différence de traitement est le nombre de clients de WhatsApp
(450 millions) conjugué à l’universalité et à la viralité du service.
FINANCE&GESTIONJUIN2014
31
L’innovation
DOSSIER
valeur ajoutée dans le secteur de la défense et l’élec-
tronique à une économie de la connaissance diversifiée
(numérique, biotech, cleantech…).
Trois acteurs déterminants
À la fois individuellement et en synergie les uns avec
les autres, ils ont permis l’émergence de la Silicon Val-
ley comme pôle mondial de l’innovation dans les
hautes technologies. Il s’agit de l’Université de Stan-
ford, de l’Armée américaine à travers les achats et les
subventions d’innovations de rupture, et enfin des
fonds d’investissements et des avocats spécialisés. Les
différents acteurs locaux entretiennent une culture
faite à la fois de complicité, d’entraide, d’ouverture à
l’autre et d’excellence, mais aussi de concurrence
acharnée, d’ambition très forte et de goût du risque.
Enfin, des facteurs micro-économiques témoignent
d’une disposition au changement et ont favorisé la
transformation de la Valley: « l’esprit de garage » et la
circulation rapide des idées, la présence d’une main-
d’œuvre ultra-qualifiée favorable au changement et
des investissements R & D massifs.
L’Université de Stanford, un acteur de poids
Elle a été fondée en 1885 par le sénateur Leland
Stanford et sa femme Jane en mémoire de leur fils mort
à quinze ans, des conséquences d’une fièvre typhoïde.
Ancien épicier, avocat de formation, Président des
Chemins de fer Central Pacific, Gouverneur de Califor-
nie, Stanford était un des hommes les plus riches de
l’État. L’Université qui porte son nom est née du projet
d’aider « les enfants des autres ». Le couple bâtit l’uni-
versité sur les 8 hectares de son ranch, appelé Palo
Alto (« Redwood » en anglais), du nom hispanique du
grand arbre qui y poussait.
Dès 1909, le directeur de l’Université de Stanford,
David Starr Jordan, établit le premier capital risque
recensé aux États-Unis, destiné à financer les travaux
de Lee Forrester portant sur le tube audio qui permet
d’amplifier un signal électrique dans un environne-
ment sous vide. Forrester se distingue ainsi comme le
précurseur de l’électronique moderne et c’est avec lui
que l’aventure de la « Valley » commence. Dans le sil-
lage de Jordan et de Forrester, Stanford sera le lieu
d’incubation d’autres entreprises emblématiques.
Emulés par le dynamisme de l’enseignement et de la
recherche à l’Université de Stanford, des centres de
recherche privés ont également contribué à l’innova-
tion et à l’entrepreneurship local. Ainsi, Robert
Melcafe, l’inventeur de l’Ethernet au Centre de re-
cherche de Xerox à Palo Alto (PARC) a créé 3 Com.
Charles Greschke et John Warnock, eux aussi anciens
de PARC, ont créé Adobe.
Aujourd’hui, Stanford s’étend sur 3200 hectares.
31 de ses chercheurs (55 pour la France) ont été dési-
gnés Prix Nobel dans son histoire. 22 y enseignent11.
Classée au 2e
rang mondial des universités les plus
performantes au monde12
, elle est un des gros em-
ployeurs de la Vallée. En comptant l’ensemble des
personnels qu’elle gère pour l’université et dans les
différentes entités connexes, cela représente 12 000
personnes.
Elle génère des revenus de près de 5 milliards de dol-
lars annuels hors bénéfices tirés des placements des
dons qu’elle reçoit (18,7 milliards de dollars13) et qui
s’accroissent à un rythme annuel de près d’un milliard
de dollars14
.
À cela, il convient de rajouter les royalties tirées des
inventions de ses étudiants. Ainsi à date, Google lui a
rapporté 337 millions de dollars15
. Car Larry Page a
conçu l’algorithme du moteur de recherche qui porte
son nom, quand il y était encore étudiant…
Autre atout déterminant que partagent les entrepre-
neurs issus de la Silicon Valley issus de Stanford, in-
fluencés en cela par les exemples de leurs prédéces-
seurs qui y sont parvenus: la volonté de changer le
monde. Ce que résume une phrase souvent prononcée
par les fondateurs de Google: « nous ne cherchons pas à
faire 10 % en mieux, mais 10 fois mieux ».
C’est cette combinaison d’atouts assez uniques qui
font la Silicon Valley et qui expliquent pourquoi
d’autres clusters d’innovation dans le monde n’arrivent
pas, pour l’instant, à prendre sa place. ●
1. L’application d’optimisation de la
performance sous Android, Little Eye Labs, la
plateforme de discussions Branch, la
messagerie instantanée WhatsApp, les
lunettes et les applications de réalité virtuelle
Occulus VR.
2. Dont la moitié dans la robotique et
l’intelligence artificielle avec des acquisitions
telles les célèbres start-up Boston Dynamics
et Deep Mind – cf.: http://www.datafox.co/
blog/googles-buying-all-the-robots/
3. http://news.dice.com/2014/02/20/
the-biggest-tech-acquisitions-of-all-time/
4. http://investissement-avenir.
gouvernement.fr/content/action-et-projets
5. http://www.latribune.fr/technos-
medias/20140407trib000824052/
free-et-bouygues-telecom-un-mariage-
inevitable-acte-ii-.html
6. https: www.google.com/
finance?cid=22144
7. http://www.boursier.com/indices/
composition/cac-40-FR0003500008, FR.
html? tri = dcapi
8. Joint Silicon Valley Ventures Index, 2013
9. Joint Silicon Valley Ventures Index, 2013
10. cf Thèse de Doctorat de l’auteur à
Telecom ParisTech, intitulée “Révolution
technico-économiques et compétitions
spatiales: les territoires au cœur de la
globalisation”, soutenue le 7 janvier 2010
11. http://facts.stanford.edu/academics/
faculty
12. http://www.shanghairanking.com/
13. 13 milliards d’euros actuellement placés
par l’Université à rapporter aux 15 milliards
d’euros placés par l’État français pour
l’ensemble de l’enseignement supérieur
national
14. http://facts.stanford.edu/administration/
finances
15. http://www.ipnav.com/blog/google-
algorithm-earns-337-million-for-stanford/
FINANCE&GESTIONJUIN2014
32
L’innovation
DOSSIER

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  • 1. PAR DEMBA DIALLO DIRECTEUR ASSOCIÉ, INNHOTEP La Silicon Valley Matière grise, innovation et prospérité S’il devait y avoir une capitale mondiale de l’innovation, ce serait sans hésiter la Silicon Valley! Demba Diallo revient sur ce qui fait de cette conurbation proche de San Francisco le lieu de tous les possibles. n moins de deux ans, pour préparer leur avenir, deux entreprises de la Silicon Valley ont investi, à elles seules, en fonds propres, dans un seul secteur, celui du numérique, six fois plus que la France a em- prunté, pour préparer le sien dans le même secteur! DES ENTREPRISES TRÈS INNOVANTES AUX PERFORMANCES EXCEPTIONNELLES Qu’on en juge: Facebook a investi près de 22 mil- liards de dollars1 et Google, environ 8 milliards de dollars2 . Cela fait donc 30 milliards de dollars (21,5 milliards d’euros) cumulés d’investissements dont les montants ont été dévoilés3. Sans compter ceux dont les montants demeurent secrets. Et l’année n’est pas finie! Ces montants investis par ces jeunes entreprises (Facebook a 10 ans et Google, 16 ans) en 1 an et 3 mois représentent, pour leur partie visible, les 2/3 de ceux empruntés par la France en 2010 sur les mar- chés (35 milliards d’euros ventilés en 5 grandes prio- rités nationales4 dont « seulement » 4,5 milliards pour le numérique) pour préparer l’avenir de la 5e puissance économique mondiale. Une terre de capitalisme schumpetérien La Silicon Valley est la terre de tous les records du capitalisme au sens schumpetérien: ses entreprises détruisent des secteurs économiques entiers et en in- ventent de nouveaux; des entrepreneurs font fortune de manière colossale et conservent leurs visions et leurs ambitions, car ils doivent faire face à la compé- tition incessante de ceux, toujours plus nombreux, qui cherchent à les bousculer. C’est ainsi qu’Apple a inventé l’iPod et l’iTunes en 2001, l’iPhone en 2007, l’App Store en 2008 et l’iPad en 2010. Par ses innovations (technologies, design, business model) successives sur une décennie, elle a totalement rebattu les cartes dans au moins 3 secteurs industriels qui ne s’en sont toujours pas remis: la musique, les télécommunications et l’informatique. Des entreprises comme Nokia ou Blackberry paient encore le prix de leur échec à innover face à Apple qui a fait une entrée inattendue dans « leurs » marchés. Rançon du succès pour la marque à la pomme: la capitalisation boursière d’Apple qui était de 4,8 mil- liards de dollars en décembre 2000, s’établit désormais à 467 milliards de dollars6 … À titre de comparaison, la plus grosse capitalisation boursière du CAC 407 est Total (113 milliards d’euros équivalent à 156 milliards de dollars), soit 3 fois moins qu’Apple. Il faut addition- ner les 4 premières capitalisations boursières du CAC (Total, Sanofi, LVMH et L’Oréal) pour être dans l’ordre de grandeur (493 milliards de dollars) de celle d’Apple! On pourrait faire les mêmes exercices comparés sur les résultats nets. Ceux d’Apple sont de 37 milliards de dollars pour 80000 employés… On pourrait aussi élargir ce type d’analyses de l’im- pact des innovations apportées par d’autres entreprises E Nous ne cherchons pas à faire 10 % en mieux, mais 10 fois mieux FINANCE&GESTIONJUIN2014 30 DOSSIER L’innovation
  • 2. phares de la Silicon Valley telles Google, Amazon, Intel, Cisco, eBay, LinkedIn,Twitter, Airbnb, Dropbox, Bloom Energy, Space Exploration Technologies, etc. Car une des particularités de ce territoire est qu’il concentre des entreprises qui ont inventé des techno- logies et des services associés qui ont bouleversé les usages quotidiens de milliards d’êtres humains en un minimum de temps. Quelques illustrations: en 2013, il y a eu 5,9 mil- liards de requêtes sur le moteur de recherche de Google. Android représente aujourd’hui 79 % des plateformes mobiles dans le monde. Facebook a plus d’un milliard d’utilisateurs. Airbnb référence plus de 500000 maisons et appartements représentant plus de 650000 chambres dans le monde. Soit plus que la somme de celles proposées par InterContinental et Hilton… Traduction de ces performances des entreprises emblématiques de la Silicon Valley, ce territoire concentre 12,4 % des brevets et 40 % du capital risque américain. Son PIB représente 10 % de celui de la Californie et 45 % des ménages qui y vivent, gagnent plus de 100000 dollars par an. Le taux de chômage est inférieur à celui du pays (5,8 % contre 6,70 %). Et en moyenne, le revenu réel par habitant (70243 dol- lars) est largement supérieur (1,6 fois plus) à la moyenne nationale (44276 dollars) 8 . Comment expliquer ces performances hors normes? Conurbation dans la proximité de San Francisco, la Silicon Valley regroupe les Comtés de Santa Clara County, San Mateo, Alameda et Santa Cruz. Avec ses 2,9 millions d’habitants qui représentent à peine 1 % de la population américaine, ce territoire comporte l’une des populations les mieux formées et les plus diverses du pays: - les deux tiers de la population active sont diplômés, dont 46 % possèdent un diplôme universitaire de ni- veau supérieur ou égal à bac +4 (États-Unis: 29 %) 9 ; - 36,4 % de la population est d’origine étrangère (États-Unis: 13 %) et très qualifiée (53 % d’ingénieurs et de scientifiques). À ce sujet, 51 % de la population d’origine étrangère parle une langue autre que l’an- glais à la maison contre 21 % à l’échelle nationale. La formation s’appuie sur un socle d’universités parmi les plus réputées au monde, parmi lesquelles, Stanford. Cette dernière a formé quelques anciens célèbres dont Bill Hewlett et David Packard (Hewlett Packard), Sandy Lerner et Leonard Bosack (CISCO), David Filo et JerryYoung (Yahoo!), Vinod Khosla, Bill Joy et Andy Bechtolsheim (Sun Microsystem), Serguei Brin et Larry Page (Google) Lorsqu’on analyse le parcours de ces fondateurs, on observe l’importance du parcours universitaire d’ex- cellence10 (80 % proviennent d’universités d’élite, principalement Stanford) et de la diversité (60 % sont d’origine étrangère parmi lesquels Andy Groove d’In- tel, d’origine hongroise, Serguei Brin de Google, d’ori- gine russe, Steve Jobs, enfant adoptif d’origine sy- rienne par son père, JerryYoung deYahoo! d’origine taïwanaise, Vinod Khosla de Sun et maintenant de Khosla Ventures, d’origine indienne, etc.). UNE TRADITION D’EXCELLENCE, DE DIVERSITÉ ET D’INNOVATION Jusqu’au début du XXe siècle, ce territoire était plutôt reconnu pour les produits de sa culture maraîchère, convoités par plusieurs autres régions. À l’époque, des milliers d’hectares sont consacrés à la production de fruits de grande qualité et à l’exploitation de vignobles réputés sur une surface s’étendant de la pointe sud de San Francisco, tout au long de la côte occidentale de la Baie jusqu’à l’Est de l’Oakland. Le lieu était sur- nommé « the valley of heart’s delight », c’est-à-dire « la vallée des délices du cœur ». Les industries de trans- formation agricoles et de conserveries dominaient alors le paysage industriel. Les dernières d’entre elles ont fermé à la fin des années 1970. De la tradition agricole à l’excellence technologique L’invention des circuits intégrés en 1959 conduit à l’explosion de l’industrie des semi-conducteurs dans la région. La nouvelle vague industrielle est portée par une quarantaine de firmes qui sont créées à l’époque, dont l’emblématique Shockley Semi-conducteur qui donnera plus tard naissance à Fairchild, puis, entre autres, à Intel. C’est au début des années 1960 que Don Hoefler, journaliste au magazine Electronic News, a donné au Comté de Santa Clara et à son agglomération le nom de « Silicon Valley ». Le terme de « Silicon » fait réfé- rence au silicium utilisé dans la fabrication de puces électroniques. À ses débuts, la Silicon Valley abritait 45 des 50 firmes spécialisées dans la conception et la production de semi-conducteurs aux États-Unis. Les innovations apportées par les circuits intégrés ont été démultipliées avec la découverte des microprocesseurs par Intel en 1971. Récente diversification de l’industrie Durant la décennie 1990, la Silicon Valley a accom- pli une mutation de son système productif en prenant appui sur le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) prédominant. La struc- ture industrielle est passée d’une production à haute Bouygues vs Facebook XAutres chiffres significatifs: Bouygues Telecom, entreprise qui a 20 ans d’âge, un peu moins de 10000 collaborateurs, 11 millions de clients, 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 370 millions de résul- tat net était valorisé, à la mi-avril 2014, pour un montant oscillant entre 5 et 8 milliards d’euros. XÀ rapporter à l’acquisition de WhatsApp par Facebook: 16 mil- liards d’euros pour une entreprise de 5 ans d’âge ayant 55 employés et sans chiffre d’affaires connu! Une des raisons majeures de cette différence de traitement est le nombre de clients de WhatsApp (450 millions) conjugué à l’universalité et à la viralité du service. FINANCE&GESTIONJUIN2014 31 L’innovation DOSSIER
  • 3. valeur ajoutée dans le secteur de la défense et l’élec- tronique à une économie de la connaissance diversifiée (numérique, biotech, cleantech…). Trois acteurs déterminants À la fois individuellement et en synergie les uns avec les autres, ils ont permis l’émergence de la Silicon Val- ley comme pôle mondial de l’innovation dans les hautes technologies. Il s’agit de l’Université de Stan- ford, de l’Armée américaine à travers les achats et les subventions d’innovations de rupture, et enfin des fonds d’investissements et des avocats spécialisés. Les différents acteurs locaux entretiennent une culture faite à la fois de complicité, d’entraide, d’ouverture à l’autre et d’excellence, mais aussi de concurrence acharnée, d’ambition très forte et de goût du risque. Enfin, des facteurs micro-économiques témoignent d’une disposition au changement et ont favorisé la transformation de la Valley: « l’esprit de garage » et la circulation rapide des idées, la présence d’une main- d’œuvre ultra-qualifiée favorable au changement et des investissements R & D massifs. L’Université de Stanford, un acteur de poids Elle a été fondée en 1885 par le sénateur Leland Stanford et sa femme Jane en mémoire de leur fils mort à quinze ans, des conséquences d’une fièvre typhoïde. Ancien épicier, avocat de formation, Président des Chemins de fer Central Pacific, Gouverneur de Califor- nie, Stanford était un des hommes les plus riches de l’État. L’Université qui porte son nom est née du projet d’aider « les enfants des autres ». Le couple bâtit l’uni- versité sur les 8 hectares de son ranch, appelé Palo Alto (« Redwood » en anglais), du nom hispanique du grand arbre qui y poussait. Dès 1909, le directeur de l’Université de Stanford, David Starr Jordan, établit le premier capital risque recensé aux États-Unis, destiné à financer les travaux de Lee Forrester portant sur le tube audio qui permet d’amplifier un signal électrique dans un environne- ment sous vide. Forrester se distingue ainsi comme le précurseur de l’électronique moderne et c’est avec lui que l’aventure de la « Valley » commence. Dans le sil- lage de Jordan et de Forrester, Stanford sera le lieu d’incubation d’autres entreprises emblématiques. Emulés par le dynamisme de l’enseignement et de la recherche à l’Université de Stanford, des centres de recherche privés ont également contribué à l’innova- tion et à l’entrepreneurship local. Ainsi, Robert Melcafe, l’inventeur de l’Ethernet au Centre de re- cherche de Xerox à Palo Alto (PARC) a créé 3 Com. Charles Greschke et John Warnock, eux aussi anciens de PARC, ont créé Adobe. Aujourd’hui, Stanford s’étend sur 3200 hectares. 31 de ses chercheurs (55 pour la France) ont été dési- gnés Prix Nobel dans son histoire. 22 y enseignent11. Classée au 2e rang mondial des universités les plus performantes au monde12 , elle est un des gros em- ployeurs de la Vallée. En comptant l’ensemble des personnels qu’elle gère pour l’université et dans les différentes entités connexes, cela représente 12 000 personnes. Elle génère des revenus de près de 5 milliards de dol- lars annuels hors bénéfices tirés des placements des dons qu’elle reçoit (18,7 milliards de dollars13) et qui s’accroissent à un rythme annuel de près d’un milliard de dollars14 . À cela, il convient de rajouter les royalties tirées des inventions de ses étudiants. Ainsi à date, Google lui a rapporté 337 millions de dollars15 . Car Larry Page a conçu l’algorithme du moteur de recherche qui porte son nom, quand il y était encore étudiant… Autre atout déterminant que partagent les entrepre- neurs issus de la Silicon Valley issus de Stanford, in- fluencés en cela par les exemples de leurs prédéces- seurs qui y sont parvenus: la volonté de changer le monde. Ce que résume une phrase souvent prononcée par les fondateurs de Google: « nous ne cherchons pas à faire 10 % en mieux, mais 10 fois mieux ». C’est cette combinaison d’atouts assez uniques qui font la Silicon Valley et qui expliquent pourquoi d’autres clusters d’innovation dans le monde n’arrivent pas, pour l’instant, à prendre sa place. ● 1. L’application d’optimisation de la performance sous Android, Little Eye Labs, la plateforme de discussions Branch, la messagerie instantanée WhatsApp, les lunettes et les applications de réalité virtuelle Occulus VR. 2. Dont la moitié dans la robotique et l’intelligence artificielle avec des acquisitions telles les célèbres start-up Boston Dynamics et Deep Mind – cf.: http://www.datafox.co/ blog/googles-buying-all-the-robots/ 3. http://news.dice.com/2014/02/20/ the-biggest-tech-acquisitions-of-all-time/ 4. http://investissement-avenir. gouvernement.fr/content/action-et-projets 5. http://www.latribune.fr/technos- medias/20140407trib000824052/ free-et-bouygues-telecom-un-mariage- inevitable-acte-ii-.html 6. https: www.google.com/ finance?cid=22144 7. http://www.boursier.com/indices/ composition/cac-40-FR0003500008, FR. html? tri = dcapi 8. Joint Silicon Valley Ventures Index, 2013 9. Joint Silicon Valley Ventures Index, 2013 10. cf Thèse de Doctorat de l’auteur à Telecom ParisTech, intitulée “Révolution technico-économiques et compétitions spatiales: les territoires au cœur de la globalisation”, soutenue le 7 janvier 2010 11. http://facts.stanford.edu/academics/ faculty 12. http://www.shanghairanking.com/ 13. 13 milliards d’euros actuellement placés par l’Université à rapporter aux 15 milliards d’euros placés par l’État français pour l’ensemble de l’enseignement supérieur national 14. http://facts.stanford.edu/administration/ finances 15. http://www.ipnav.com/blog/google- algorithm-earns-337-million-for-stanford/ FINANCE&GESTIONJUIN2014 32 L’innovation DOSSIER