La France est le 5ème producteur de blé de la planète et le 3ème exportateur. L'exportation de blé représente à elle seule pour notre pays une manne annuelle de 8 à 10 milliards d'euros. Globalement, la filière céréalière fait vivre dans l'Hexagone 500.000 emplois directs et indirects. Ce constat est méconnu et pourtant, le blé permet à la France de détenir un levier majeur dans son rayonnement à l'international et sa diplomatie économique. Spécialiste de la Méditerranée et des céréales, Sébastien Abis vient de publier Géopolitique du blé.Un produit vital pour la sécurité mondiale (IRIS/Armand Colin). Une enquête passionnante qui montre que nous bénéficions, avec le blé, d'un véritable pétrole doré.
Entretien du Directeur n°48 - La géopolitique du blé avec Sébastien Abis
1. Les entretiens mensuels géopolitiques du directeur
Comprendre Les Enjeux Stratégiques
CLES
Quand on parle de blé, on pense prioritairement agriculture, technique, économie...
Pourquoi avoir approché cette question sous l'angle géopolitique ?
Appréhender les questions agricoles sous l'angle géopolitique permet d'élargir
considérablement le spectre des auditeurs,car l'on sort du registre purement technique
pour se situer sur le plan des grands défis qui se posent à notre monde. Ainsi, de
manière indirecte, on intéresse aux questions agricoles des franges de populations
venant d'horizons différents. Ce qui est capital car trop souvent, ces questions liées
à l'agriculture et l'alimentation restent méconnues du grand public et demeurent
enfermées dans des débats très techniques, voire se trouvent confinées dans des
clichés dévalorisants, comme a pu le voir à l'aube des années 2000, quand on nous
annonçait que tout allait désormais passer par le virtuel, le savoir, l'immatériel… La
crise alimentaire de 2007/2008 est venue infliger un démenti cinglant à ces assertions.
De même, la communication du monde agricole est trop souvent entendue seulement
quand il y a crise, alors que la nature même de ce monde est de contribuer à la stabilité
géopolitique de la planète.
A rebours de ce que l'on aurait tendance à croire, l'agriculture n'est pas une activité
du passé, mais bien un paramètre-clé, permanent, de la stabilité des territoires, avec des
retombées très concrètes en termes d'emploi,de création de valeur,de structuration des
sociétés… L'image du monde agricole est extrêmement forte dans les jeux politiques
et géopolitiques, impliquant tout à la fois des acteurs privés et publics. Prenez l'exemple
de la crise entre la Russie et le monde occidental. Il n'est pas anodin que l'embargo ait
frappé de plein fouet le monde agroalimentaire.Parce qu'il impacte très rapidement des
filières importantes dans la vie quotidienne de nos différents pays. N'oublions jamais
cette évidence : l'agriculture a vocation avant tout à produire de l'alimentation. Or
CLES - Les entretiens géopolitiques mensuels du directeur - HS n°48 - septembre 2015 - www.grenoble-em.com - 1 -
HS48
Septembre
2015
Géopolitique du blé
Jean-François Fiorina s’entretient avec Sébastien Abis
Sébastien Abis et Jean-François Fiorina : le blé est vu comme un
facteur de paix, de coopération et de stabilité. Il véhicule donc
intrinsèquement une image positive.
La France est le 5ème
producteur de blé de la planète
et le 3ème
exportateur. L'exportation de blé représente
à elle seule pour notre pays une manne annuelle
de 8 à 10 milliards d'euros. Globalement, la filière
céréalière fait vivre dans l'Hexagone 500.000 emplois
directs et indirects. Ce constat est méconnu et
pourtant, le blé permet à la France de détenir un
levier majeur dans son rayonnement à l'international
et sa diplomatie économique. Spécialiste de la
Méditerranée et des céréales, Sébastien Abis vient de
publier Géopolitique du blé.Un produit vital pour la
sécurité mondiale (IRIS/Armand Colin). Une enquête
passionnante qui montre que nous bénéficions, avec
le blé, d'un véritable pétrole doré.
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tout être humain, de par sa nature même, pour vivre et poursuivre son devenir, doit
se nourrir, manger et donc disposer d'aliments. Or, les productions alimentaires, les
ressources sont disponibles de manière très inégale sur la planète.
Le sous-titre de votre livre Géopolitique du blé est fort, puisqu'il évoque "un produit vital
pour la sécurité mondiale". Autrement dit, sans blé, pas de sécurité ?
Le blé est vital car il est une matière première dans la vie alimentaire. C'est une
plante vivante, déterminante pour la sécurité alimentaire mondiale, qui impacte
directement la vie de 3 milliards d'êtres humains qui en consomment
quotidiennement à des degrés divers. Quand le blé vient à manquer
dans la vie quotidienne des peuples, il y a immédiatement des
répercussions politiques et géopolitiques bien concrètes. C'était vrai
hier à travers toute notre histoire, cela l'est encore aujourd'hui et
le sera encore demain. Dans le siècle qui vient, de plus en plus rares
seront les pays en capacité de produire à la mesure de leurs besoins
nationaux. Notre planète pourra-t-elle d'ailleurs produire tout le blé
dont elle aura besoin ? Certes, on bat des records en matière de
production mondiale de blé. D'ailleurs, on ne rappellera jamais assez
que l'on a multiplié par 7 cette production mondiale en un siècle,alors
que la population était multipliée par 4,5, adéquation qui a été rendue
possible par le travail des hommes et leur ingéniosité. Néanmoins, ce
saut effectué au siècle dernier risque de ne pas se reproduire dans le
siècle qui vient, pour des raisons climatiques et pratiques. On évalue peu ou prou à un
milliard de tonnes de blé les besoins à l'horizon 2050, autrement dit 300 millions de
tonnes de plus que la situation actuelle. Serons-nous à même de faire face à ce défi ? La
réponse est pour le moins délicate… Et quand bien même elle serait positive, resterait
la question de savoir qui produit et comment l'on répartit…
A ce stade du raisonnement, on comprend bien que la question de la sécurité
alimentaire est bel et bien d'ordre géopolitique. 80% de la production mondiale de blé
sont réalisés par dix puissances, dont l'Union européenne, où la seule France compte
pour à peu près les deux-tiers. Notre pays est le cinquième producteur mondial de
blé. Les trois premières puissances qui produisent du blé sont, par ordre décroissant,
l'Union européenne, la Chine et l'Inde. Mais la Chine et l'Inde ne sont pas des acteurs
à l'export. Leur production sert à couvrir des besoins nationaux. D'où leur crainte
de ne plus pouvoir satisfaire la demande dans les années à venir. D'où leur stratégie
d'aller chercher de nouveaux territoires pour produire. D'autres pays s'invitent
également dans le jeu.Ainsi, l'Ukraine apparaît comme un acteur ré-émergent sur les
marchés céréaliers. En ce sens, comprenons bien que l'histoire doit être intégrée dans
l'appréhension globale des situations géopolitiques.N'oublions pas qu'en matière de blé,
et donc d'alimentation des peuples, aussi loin que l'on remonte dans notre passé, cette
ressource première a constitué un enjeu-clé des relations internationales. Ainsi, dans
l'antiquité, la thalassocratie athénienne acceptait que tout soit libéralisé, sauf le blé, qui
venait en grande partie du Pont-Euxin, autrement dit des riches territoires jouxtant la
Mer Noire. On ne faisait donc pas n'importe quoi avec le blé. De la même manière, en
matière de sécurité alimentaire, l'histoire de Rome nous le prouve amplement, avec la
gestion des entrepôts par exemple, qui permettait de réguler la fourniture de blé en
même temps que la paix sociale. N'oublions pas que l'équivalent du plus grand silo à blé
de Rome faisait quatre fois la taille du Colisée…
L'undeschapitresdevotrelivreestintituléLe blé, pétrole doré de la France.N'est-cequ'une
figure de style ou est-ce que cela correspond à une réalité ?
J'assume cette formule, d'autant que le pétrole ne compte que pour 150 ans dans
l'histoire des relations internationales. Ce qui n'est pas le cas du blé… Le blé est
incontournable dans l'appréhension de la puissance française. On connaît la fameuse
formule, "En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées". On aurait pu ajouter
que nous avons aussi et surtout du blé ! Le blé est générateur de richesse et d'emploi,
y compris dans les territoires que l'on qualifie aujourd'hui de "périphériques". Notre
France productrice de blé est complètement intégrée dans l'économie planétarisée,
pleinement immergée dans la modernité et totalement compétitive.Elle a su s'organiser
face au défi de la mondialisation et saisir les opportunités de commerce.C'est un constat
à ne pas négliger quand on sait que 10% de l'Hexagone sont couverts en blé. Le blé est,
de très loin, la céréale phare dans la production française. En plus, c'est essentiellement
Notre France productrice
de blé est complètement
intégrée dans l'économie
planétarisée, pleinement
immergée dans la modernité
et totalement compétitive.
Elle a su s'organiser face au
défi de la mondialisation.
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une production de blé tendre. Bon an mal an, nous produisons entre 35 et 40 millions
de tonnes, ce qui est important au regard de la taille de notre pays et nous permet de
nous situer comme 5ème
producteur de la planète et 3ème
exportateur.
Cet atout nous permet donc d'évoluer dans une configuration stratégique favorable. La
filière céréalière française représente 500.000 emplois,directs et indirects :agriculteurs,
collecteurs, transformateurs, transporteurs, traders, chargeurs dans les ports (Rouen
est le premier terminal portuaire céréalier européen, mais l'on compte d'autres ports
céréaliers dans l'Hexagone)… La France est riche de cette filière qui a pu fleurir grâce à
de très bons sols.Ces derniers permettent d'obtenir parmi les meilleurs rendements de
la planète, et en outre, nos productions sont relativement régulières, à la différence de
nos concurrents.La France jouit d'une grande stabilité de sa production et cette stabilité
à elle seule constitue déjà un facteur de puissance, car elle rassure les opérateurs et
les acheteurs. Enfin, pour bien comprendre en quoi nous bénéficions avec le blé d'un
véritable pétrole doré, il faut savoir que l'exportation de blé en France représente
une manne de 8 à 10 milliards d'euros par an. La moitié de la production française est
exportée, soit environ 20 millions de tonnes. Le trend depuis quelques années est à
l'accroissement du volume d'exportation, aux alentours de 60%.
Comment se répartissent nos exportations ?
Depuis le début des années 2000, elles se répartissent globalement pour un tiers vers
l'Union européenne et deux tiers en dehors, principalement en direction des pays du
sud de la Méditerranée. Pour simplifier de manière imagée, on peut dire qu'un hectare
de blé sur cinq se retrouve dans une assiette au Maghreb. D'où une interdépendance
très forte. Ces pays ont besoin du blé français et les producteurs français sont assurés
d'avoir là des débouchés en croissance.Il existe en outre une corrélation de plus en plus
forte entre les besoins alimentaires des pays et leur croissance démographique couplée
à un phénomène d'urbanisation, qui favorise la consommation de pain. Le gros avantage
du blé par rapport au riz, est que, transformé sous forme de pain, il est facile à utiliser
et transporter. Pour en revenir au bassin méditerranéen, c'est la région du monde qui
importe le plus de blé. Du Maroc à l'Iran, c'est vers cette zone que, depuis vingt ans,
converge un tiers des importations mondiales de blé,avec des populations en constante
croissance et des territoires qui se trouvent fortement impactés par les changements
climatiques. Quand bien même ces pays améliorent leur production, réduisent les
gaspillages, soignent la logistique, ils ont besoin de blé, d'autant que leurs équilibres
politiques et sociaux sont souvent instables. De plus, pour appréhender encore plus
finement la dimension stratégique du blé, il faut savoir que la consommation en Afrique
du nord est de 200 kilos de pain par an et par habitant,soit deux fois la moyenne française
et trois fois la moyenne mondiale.Aussi,toute rupture dans l'approvisionnement,tout ce
qui peut affecter la production de pain, devient un élément explosif dans des contextes
sociaux déjà précaires, où près de la moitié des revenus des ménages est consacrée à
la dépense alimentaire.
C'est d'ailleurs une certaine ironie de l'histoire de voir que ces
pays souffrent aujourd'hui d'un déficit de blé quand on sait que la
France n'est devenue autosuffisante en matière de blé qu'à partir
des années 60, puisqu'avant elle importait ce blé en partie de ses
colonies nord-africaines. N'oublions pas non plus que la France n'a
levé le rationnement sur le pain qu'en février 1949… On mesure
donc mieux la formidable progression de la filière dans l'Hexagone.
La France apparaît ainsi comme le seul nouveau pays depuis un demi-
siècle qui existe sur la planète blé. Ce succès ne doit rien au hasard. Il
est le résultat concret de politiques publiques qui ont voulu doter la
France d'un fort potentiel agricole. Souvenons-nous qu'à l'origine, la
politique agricole commune avait pour premier objectif stratégique la
sécurité alimentaire du territoire européen. La filière céréalière s'est
rapidement très bien organisée,avec en plus,à ses portes,des marchés
en pleine expansion démographique. La France a ainsi commencé à
exporter des céréales dès les années 70 puis est montée en puissance progressivement.
Une position qui s'est trouvée renforcée par le fait que le blé est bon, de qualité, que la
production est régulière, que la logistique est bonne… que tout cela est conforté par
un accompagnement politique, diplomatique, culturel, technique… Bref, le blé français
est bien identifié.
Nous bénéficions avec le
blé d'un véritable pétrole
doré. Il faut savoir que
l'exportation de blé en
France représente une
manne de 8 à 10 milliards
d'euros par an. La moitié de
la production française est
exportée, soit environ 20
millions de tonnes.
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Alors, justement, pourquoi, avec tous ces avantages, le blé n'est-il pas perçu à l'instar
d'autres produits plus médiatisés, comme un fer de lance du Made in France ?
On peut effectivement regretter que le blé ne soit pas cité dans les produits-phares
qui permettent à la France de renforcer sa puissance et d'étendre son influence dans la
sphère des relations internationales, notamment en matière de diplomatie économique.
En plus, il s'agit là d'un produit-clé pour la stabilité des sociétés sur la planète et le
renforcement de l'influence française dans le monde. Le blé fait indéniablement grandir
la taille de la France sur un planisphère et il s'impose comme un excellent ambassadeur
de la francophonie, que ce soit pour les écoles de boulangerie, les échanges entre
agriculteurs, les instituts de formation… Etant par nature et passion un homme de
la Méditerranée, défenseur de toujours des solidarités dans cette zone, franco-italien,
ayant vécu au Portugal et en Tunisie, je suis sensible à tout ce qui peut permettre à la
francophonie de rayonner dans sa sphère d'origine. Et ne perdons jamais de vue que
le blé est vu comme un facteur de paix, de coopération et de stabilité. Il véhicule donc
intrinsèquement une perception positive.
Question désormais rituelle pour clore cet échange : quels arguments mettriez-vous en
avant pour convaincre des étudiants de s'intéresser à la géopolitique ?
La géopolitique permet d'explorer toutes sortes de thématiques en naviguant tout à la
fois dans le temps et dans l'espace. La complexité de l'actualité, locale ou nationale, fait
que le monde devient de moins en moins lisible si l'on ne détient pas les bonnes clés
de lecture.Ainsi, quand on évoque la sécurité ou l'insécurité alimentaire, on doit aussi
évoquer le gaspillage des ressources, en premier lieu de l'eau, mais aussi le gaspillage
des savoir-faire et des connaissances… Il y a donc toute une kyrielle de facteurs
qui interagissent. Pour comprendre l'état d'un territoire, il faut connaître sa genèse,
sa formation, savoir d'où il vient, comment il a mûri et a été mis en valeur, ce qui le
distingue de ses voisins… Il y a donc une nécessité permanente d'interdisciplinarité.Aux
étudiants qui aiment la prospective, l'histoire et la géographie, qui veulent comprendre
les interactions entre le local et le global, je conseille de s'intéresser non seulement à
la géopolitique mais également à l'agriculture, un champ d'investigation passionnant et
plein d'avenir... n
Extraits
L'agriculture est par essence géopolitique - "L'agriculture est
géopolitique. Elle façonne les espaces et les territoires. Sa
fonction première – nourrir les hommes – détermine fortement
la stabilité et le développement d'une société ou d'un pays. Ces
constats simples demeurent souvent oubliés, considérés comme
un domaine réservé aux agronomes,géographes ou économistes
spécialisés. Depuis des millénaires, l'agriculture et l'alimentation
forgent pourtant, en partie ou en totalité, certains enjeux
politiques ou économiques primordiaux." (Géopolitique du blé, op. cit., p.26)
Quand la faim tue davantage que les guerres - "La géopolitique, c'est-à-dire les rapports
de force et les jeux de pouvoir au sein d'un territoire et entre territoires, est tout
sauf une discipline archaïque. Elle va même poursuivre son développement sur de
nouveaux terrains sectoriels et conforter son emprise sur d'autres. L'effet papillon d'un
événement géopolitique ne sera pas uniquement plus vaste dans son expression spatiale,
il sera surtout plus rapide dans sa diffusion. Un acte terroriste, dans un monde où la
communication instantanée domine, frappe les esprits et provoque des réactions. La
prolifération nucléaire ou la piraterie – maritime, électronique – constituent d'autres
types de menaces régulièrement examinées dans l'analyse stratégique. Mais ce ne sont
pas celles qui impactent le plus le quotidien des individus. Les insécurités alimentaires
demeurent les plus meurtrières. Selon les Nations unies, un habitant sur dix sur la
planète n'a toujours pas accès à l'eau potable, pourtant le premier de tous les aliments.
800 millions de personnes souffrent encore de la faim, qui fait en moyenne 30.000
victimes par jour sur la planète, soit davantage que la maladie du cancer et dix fois plus
que le virus du sida […]. Silencieusement, [l'insécurité alimentaire] frappe de nombreux
territoires et pousse des millions d'individus dans la plus grande fragilité. Pourquoi ces
enjeux sont-ils si peu analysés à l'aune de la géopolitique alors que la faim tue davantage
que les guerres ?" (Géopolitique du blé, op. cit., p.24-25)
Les insécurités alimentaires
demeurent les plus
meurtrières. 800 millions
de personnes souffrent
encore de la faim, qui fait en
moyenne 30.000 victimes
par jour sur la planète.
5. CLES-Lesentretiensgéopolitiquesmensuelsdudirecteur-HSn°48-septembre2015-www.grenoble-em.com-5-
En rencontrant tous les mois des
personnalités de haut niveau qui
pratiquent la géopolitique, Jean-
François Fiorina aime à rappeler
que l’intérêt de l’ESC Grenoble
pour cette discipline répond à des
objectifs bien précis :
“Notre volonté est d’inciter nos par-
tenaires et nos étudiants à faire
preuve d’un nouvel état d’esprit. Il
s’agit de leur proposer non seule-
ment une grille de lecture du réel
adaptée aux enjeux du monde
contemporain, mais aussi de nou-
veaux outils d’aide à la décision.
Pour les entreprises, il s’agit d’être
capables de réagir le mieux et le
plus rapidement possible. Pour nos
étudiants, il s’agit moins d’évoluer
sur le court terme que de se prépa-
rer à une course de fond.
D’où une formation qui vise da-
vantage à former les esprits qu’à
apprendre de simples techniques,
qui, de toute façon, évolueront.
Pour les uns comme pour les
autres, il est cependant impératif
de bien comprendre l’intérêt de la
géopolitique, non pas comme ré-
férent universitaire abstrait, mais
comme méthode permettant d’ap-
procher et cerner le monde dans sa
complexité, afin d’être au plus près
des enjeux réels. La géopolitique
doit servir à gagner des marchés,
ou du moins à ne pas en perdre.
Autrement dit, elle constitue une
clé précieuse pour évoluer dans
le monde d’aujourd’hui, et surtout
de demain”. (Communication & In-
fluence n°19, mai 2010). n
Raison d’être des “Entretiens du Directeur”
Retrouvez d’autres analyses géopolitiques sur www.diploweb.com et sur www.grenoble-em.com/geopolitique.
Sébastien Abis
Spécialiste de la région
méditerranéenne, de l’agriculture
et des céréales, Sébastien Abis
est administrateur principal
au Secrétariat Général du
CIHEAM (Centre international
de hautes études agronomiques
méditerranéennes). Il participe au
travail de coordination technique
et diplomatique entre les 13 Etats
membres de l’Organisation, et
assure la liaison avec plusieurs
institutions internationales et
régionales partenaires. Il est
également responsable de la
communication, des analyses et
des publications au CIHEAM,
dirige le rapport bisannuel
Mediterra et est le rédacteur en
chef de la Watch Letter.
Diplômé de l’Université Lille II
avec une maîtrise en histoire-
géographie et de l'IEP de Lille avec
un DESS en Etudes stratégiques
européennes piloté par l'IRIS,
Sébastien Abis a d'abord travaillé
à l'Etat-Major des Armées au
sein du Ministère français de
la Défense avant de rejoindre
le CALAME (Centre d'analyse
et de liaison des acteurs de la
Méditerranée), think tank tourné
vers l'action des entreprises.
Il est spécialisé sur les enjeux
stratégiques de l’espace euro-
méditerranéen,de l’agriculture,de
l’alimentation et du commerce de
céréales. Il développe également
des travaux sur la puissance et
l’influence de la France dans le
monde, notamment à travers sa
diplomatie économique et son
rôle pour la sécurité alimentaire
mondiale. Il travaille aussi sur
les questions sociopolitiques
liées au football. Il est l’auteur
de plus d’une centaine d’articles
sur ces différentes questions
et de plusieurs ouvrages. Ses
réflexions le conduisent à
participer fréquemment au
débat d’idées dans les médias,
lors de conférences publiques
et ou d’assemblées générales
d’entreprises, et au sein de
plusieurs centres scientifiques et
d’analyses prospectives.
Chercheur associé à l’IRIS depuis
2013, il est aussi conseiller
scientifique pour le groupe
Futuribles international depuis
2010 et membre du comité
de rédaction de sa revue
Futuribles depuis 2008. Il est
également membre du comité de
rédaction de la revue Confluences
Méditerranée depuis 2006 et
du Comité scientifique de
l’Association Euromed-IHEDN
depuis 2007. Il est membre du
Conseil de gouvernance du
Groupe Inter-académique pour
le Développement (GID) de
l’Institut de France depuis 2009.
Il collabore régulièrement avec
les Clubs Déméter et Cyclope
à Paris et l'IEMed à Barcelone. Il
intervient régulièrement pour
des formations spécialisées,
notamment à l’ENA, pour
les Chambres d’agriculture
ou dans le cadre de Masters
universitaires. Sébastien Abis
est également expert au sein du
groupe de travail mis en place
par le Ministère français de
l’agriculture pour conduire en
2015 un exercice de prospective
intitulé "MOND’Alim 2030"
afin de produire un Atlas de la
mondialisation agricole.
Pour en savoir plus sur le
CIHEAM : http://ciheam.org/