Extrait page 19 à 21 du Livre Attention Management de Denis Bismuth, paru chez Colligence. L'analyse de pratiques comme outil pour consolider l'attention du manager et développer l'intelligence collective
Good Stuff Happens in 1:1 Meetings: Why you need them and how to do them well
Attention Management - Extrait - Le language de l'analyse de pratiques
1. 1
Le langage de l’analyse
de pratiques
Définitions
Donner une définition exhaustive de l’analyse de pratiques serait sans
doute un peu prétentieux. On peut toutefois poser quelques jalons de com-préhension
qui permettront au lecteur de comprendre ma posture.
L’analyse de pratiques porte sur une situation d’interaction donnée entre
deux instances en relation avec un objet :
a) Une instance accompagnante, qui peut être un individu comme en coa-ching
individuel (le coach), ou un groupe piloté par un accompagnant,
comme dans le cas de l’analyse de pratiques. Cette personne peut être ap-pelée
coach, facilitateur, accompagnant, médiateur ou analyste. Le terme
le plus précis est peut-être praxianalyste. Mais il va sûrement falloir du
temps avant que ce concept trouve sa place dans le langage du métier.
L’instance accompagnante (coach ou groupe), par une méthode ou une
autre, a pour mission d’offrir à l’analysant (voir ci-dessous) un espace pro-tégé
d’introspection, une méthode structurée qui lui permettra de prendre
la représentation qu’il se fait de son vécu d’expérience comme objet de
travail, pour construire des significations, des connaissances et donner du
sens à son vécu. Nous l’appellerons, dans ce livre, l’accompagnant.
19
2. Le langage de l’analyse de pratiques
b) Un sujet analysant. Ce concept d’analysant, emprunté à la psycha-nalyse,
pose le sujet comme acteur principal du travail d’analyse. Cela
le pose comme seul légitime pour agir sur ses propres représentations
même si c’est sous l’influence d’un tiers. Un tiers qui n’a pas à savoir à
la place de l’analysant. C’est à lui-même que le sujet se confronte même
si c’est dans la relation avec un autre. L’accompagnant aura comme mis-sion
d’offrir à l’analysant un espace protégé d’introspection, une mé-thode
structurée, qui lui permettront de prendre la représentation qu’il
se fait de son vécu d’expérience comme objet de travail, pour construire
des significations, des connaissances et donner sens à son vécu. Nous
l’appellerons le sujet.
c) Un objet d’analyse. C’est le vécu d’expérience de l’analysant ou plus
exactement, la représentation que l’analysant se fait de son vécu d’ex-périence
: sa pratique. On pourra noter que l’objet du travail est en
même temps l’objet à transformer. Nous verrons un peu plus loin en
quoi cette question de l’objet est complexe.
On comprendra aisément que ce que l’on appelle communément le
coaching répond à cette même tentative de définition de l’analyse de
pratiques. En effet, dans une démarche de coaching, l’objet du travail est
bien la pratique du client, c’est-à-dire le discours qu’il a sur son activité. Di-
20
3. 21
Attention management !
sons simplement que le coaching est une forme de l’analyse de pratiques,
comme il en existe bien d’autres. Elles se distinguent par leur intention
(leur projet) et leur méthodologie : développer les personnes, professionna-liser,
développer la coopération, résoudre des problèmes ensemble…
Dans cet ouvrage, nous traiterons l’analyse de pratiques en groupe, essen-tiellement
du point de vue d’une modalité, les groupes de coprofessionna-lisation,
dans lesquels j’ai quinze années de pratique, ce qui m’a permis
d’accumuler une grande quantité de matière et d’expériences à partager.
Les invariants de l’analyse
de pratiques
D’une pratique à l’autre, des similitudes et des récurrences se révèlent et
nous permettent de dire que nous sommes bien dans le champ de l’ana-lyse
de pratiques. Le travail de repérage des invariants qui suit n’a pas de
prétention d’exhaustivité, mais il permet de mieux cerner les contours de
cette discipline :
Le sujet est l’acteur de la transformation. Plus que d’apprenant, je par-lerai
d’analysant. En effet, en analyse de pratiques, l’essentiel de l’activité
repose sur le travail de compréhension que chaque participant peut faire
des situations professionnelles qu’il vit en prenant sa pratique pour objet
d’analyse.
La pratique est définie comme le discours que l’acteur a sur son activité.
En effet, comme le dit J.M. Barbier, la pratique n’est pas ce que fait la
personne mais ce qu’elle dit de ce qu’elle fait (Barbier 2000). Les travaux
de psychologie du travail(3), tout comme les activités d’ingénierie péda-gogique
sur la modélisation de l’excellence, montrent bien qu’il y a une
réelle différence entre ce que fait l’acteur, la représentation qu’il en a et le
discours immédiat qu’il tient sur son activité.
3 Je me réfère essentiellement à la pensée d’Yves Clot, qui est une des principales références
théoriques de cet ouvrage.