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Vendredi-dimanche 10-12 octobre 2014 | Numéro 177 | Créé en 1950 | Vendu en kiosques et par abonnement | Prix 4,50 CHF (TVA 2,5% incl.) - 4,00 EUR | agefi@agefi.com | Rédacteur en chef: François Schaller
ram-ai.com
Le pessimisme dominant
pondéré par les entreprises
EXPORTATIONS. Les perspectives très positives vers les Etats-Unis relativisent le ralentissement en Europe.
LE POINT SUR LA MARQUE «MONDAINE»
L’horloge de gare
refuse d’atterrir
ANDRÉ BERNHEIM. La maison zurichoise dépasse de très loin
toutes les projections de l’industrie horlogère. Après plus d’un quart
de siècle de stratégie monoproduit dans l’entrée de gamme. PAGE 5
Le FMI révisait cette semaine ses
projections de croissance mondiale
à la baisse. Les considérants sont
exogènes, sans surprise. Ils donnent
le ton de toutes les prévisions
conjoncturelles en cascade de ces
dernières semaines, jusqu’aux
niveaux les plus locaux: risques géo-politiques
accrus, excès financiers,
stagnation séculaire dans les Etats
développés, persistance d’une infla-tion
basse, faiblesse de la croissance
potentielle.
Un élément explicatif n’est en revan-che
plus du tout évoqué: la cyclicité.
Le fait qu’elle a disparu des raison-nements
doit-il exclure la possibilité
d’un facteur purement cyclique?
Probablement occulté par les effets
des injections monétaires et des
plans massifs de relance, qui ont
peut-être tendance à altérer la forme
«normale» des cycles? Tant que ces
plans perdurent, le sentiment s’ac-centue
d’une phase perpétuelle de
rebond. Rien ne serait pourtant plus
normal qu’une pause. Aux dernières
grandes phases d’expansion de la
production et du commerce interna-tional
(années 1980 à fin 1990, puis
2002-2007), succède apparemment
une séquence dépressive.
La problématique de l’innovation au
sens de Schumpeter pourrait même
MARCHÉS ACTIONS
L’impossible
accrochage PAGE 11
la prolonger. Les médias sociaux,
applications informatiques et autres
plateformes commerciales numéri-ques
ont rapidement bouleversé les
processus de production, de distribu-tion,
de marketing. Les ventes de
détail aux Etats-Unis ont enregistré
des taux de croissance annuels entre
2002 et aujourd’hui trois fois moins
élevés que ceux de la période 1970-
fin des années 1990.
Consommateurs et entreprises se
félicitent rétrospectivement de l’ap-parition,
dans un lointain passé, de
l’électricité ou des chemins de fer.
Celles et ceux qui ont vécu ces inno-vations
les ont général subies dans
un premier temps. Pertes d’emplois
et/ou baisse significative de revenus.
En dépit de la forte baisse du taux de
chômage aux États-Unis (passé de
10% en 2009 à moins de 6%), mal-gré
l’amélioration des indicateurs de
long terme (intentions de recrute-ments
et évolution du nombre d’em-plois)
et de l’industrie manufactu-rière,
en dépit de la hausse record
depuis 2007 des projets d’investisse-ments
des petites entreprises, les
salaires demeurent les mêmes.
Quand ils ne reculent pas. Entraînant
avec eux le niveau général des prix.
Avec une menace de déflation, c’est-à-
dire de récession.!
DOW JONES 16659.25
8600
8560
8520
16960
16860
16760
VIS INVESTIMENTOS AU BRÉSIL
L’implantation du
côté de Lausanne
PAGE 24
PRIVATE EQUITY DE LA FAMILLE BERTARELLI
Grande acquisition en Hongrie
PAGE 7
IMAGERIE DANS LE SECTEUR IMMOBILIER
La nouvelle relation clientèle
PAGE 4
RÉSULTATS DE SOLVALOR 61 (LAUSANNE)
Les niveaux d’investissement
PAGE 4
INGÉNIERIE ENVIRONNEMENTALE PLANAIR
Projet d’envergure en Afrique
PAGE 3
LE TITRE SWISSCOM À CONTRE-COURANT
Très rassurant actuellement
PAGE 5
LES LOIS LSFIN ET LEFIN SONT À MODIFIER
Les vues de l’asset management
PAGE 8
BITCOIN SUISSE LANCE UN CERTIFICAT
Crypto-monnaie version papier
PAGE 24
L’expérience
du tout-terrain
JEAN-PIERRE DANTHINE. Le vice-président
de la Banque nationale était hier à la Foire du Valais.
La Banque nationale (BNS) à la Foire du Valais, ce
n’est pas chaque année. On pouvait penser au dé-part
que l’institution venait hier à la rencontre
d’un très large public parce les Suisses voteront le
30 novembre sur l’initiative populaire visant à
contraindre les autorités à rapatrier l’or de la BNS
stockée à l’étranger. Un texte labellisé UDC que
combat évidemment l’institution. Mais la compo-sition
de la salle, grande et pleine, relativisait ce
scénario. Il y avait surtout des représentants de
l’économie: industrie, commerces, arts et métiers,
services en général (sans oublier la banque canto-nale).
Et de la politique bien entendu, à commen-cer
par le conseiller d’Etat Maurice Tornay. Si Jean-
Pierre Danthine a effectivement digressé sur le 30
novembre, ce n’était de loin pas son thème princi-pal.
Il s’agissait plutôt de se demander si les ban-ques
centrales en faisaient trop (titre de l’exposé)
depuis la grande crise bancaire et financière.
Question à laquelle on attendait évidemment que
la réponse fût négative.Au moment des
questions, l’ambiance s’est avérée plutôt sereine.
Danthine a même eu l’occasion de faire un peu
d’humour, avec un franc succès parmi ses
auditeurs. Et il n’a pas manqué de rappeler à de
nombreuses reprises, à l’attention du marché des
changes (toujours en embuscade), la détermina-tion
de la BNS à maintenir le taux plancher à 1,20
franc contre euro. EXTRAITS PAGE 6
ÉDITORIAL LÉVI-SERGIO MUTEMBA
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GILLES MARTIN
Les exportations vont-elles pren-dre
le relais du marché intérieur
dans le soutien à la conjoncture en
Suisse?
Il y a deux lectures possibles de l’in-dicateur
export des petites et
moyennes entreprises publié hier
par Credit Suisse et Switzerland
Global Enterprise (S-GE). L’une,
négative, consiste à constater que
ce baromètre est passé à 0,94, soit
sous la moyenne à long terme de
1,00. Et la peur de voir la conjonc-ture
se contracter a gagné en force
dans toutes les branches: 52% des
entreprises craignent la récession,
contre 31% au dernier trimestre.
L’autre approche, plus positive,
consiste... à examiner le sondage
plus en détail.
Les attentes prévoient des expor-tations
en hausse dans la majorité
des secteurs pour le quatrième tri-mestre.
Ce sont surtout les Etats-
Unis qui justifient cette optimisme
relatif, avec une hausse des pers-pectives,
mais la très grande majo-rité
des sondés (92%) prévoient
une demande stable en prove-nance
des pays européens. C’est
autant qu’au trimestre passé.
Mieux: la proportion de sociétés
optimistes quant à une accéléra-tion
de leurs ventes hors frontières
a progressé de 1,6 point de pour-centage
sur trois mois, à 45,7%, tan-dis
que celle des entreprises tablant
sur une stagnation s’est repliée de
5,2 points de pourcentage à 41,7%.
La part des exportateurs redoutant
une contraction a, elle, augmenté
de 3,6 points de pourcentage à
12,6% seulement.
L’Allemagne reste la principale
destination nationale visée par les
petites et moyennes entreprises
suisses, avec 80% d’intentions d’y
exporter des biens ou des services
ces prochains mois.
Globalement, toutes les branches
abordent le dernier trimestre avec
confiance. Avant tout dans le sec-teur
de la métallurgie. Dans la
construction mécanique aussi, les
exportateurs tablent clairement
sur une hausse des ventes à l’étran-ger.
La crainte d’une concurrence
accrue sur les prix s’accentue dans
les branches les moins confiantes,
à savoir l’industrie du papier, l’élec-trotechnique
et l’industrie de pré-cision.
PAGE 9
La dimension
cyclique oubliée SCHWARZIE.
Le premier Sommet
mondial des régions pour
le climat s’ouvre à Paris.
Organisé depuis Genève.
MARJORIE THÉRY
Arnold Schwarzenegger rencon-tre
le président François Hollande
aujourd’hui à Paris. Il sera l’or-chestrateur
du premier Sommet
mondial des régions pour le cli-mat,
qui s’ouvre demain dans la
capitale française.
Organisé depuis Genève par le
R20 (association de droit suisse
basée à Versoix depuis 2010), la
structure co-créée par l’ancien
gouverneur républicain de Cali-fornie
rassemble plus de 500 ré-gions
du monde (L’Agefi du 29 sep-tembre).
Ce premier sommet a en fait été
initié par Schwarzenegger et Mi-chèle
Sabban, présidente et co-fondatrice
du R20. Plus de 500
représentants locaux sont atten-dus.
Villes, Régions, Cantons, etc.
Mais aussi des représentants de
sociétés privées de technologie et
des investisseurs. L’objectif est de
débattre de solutions concrètes ap-pliquées
à l’échelle de ces diffé-rents
territoires pour proposer des
solutions bottom-up plutôt que
top-down. C’est-à-dire venant
d’entreprises ou de collectivités
publiques plutôt que des Etats ou
de l’international.
Le sommet s’achèvera par une
«Déclaration de Paris», qui ras-semblera
initiatives et proposi-tions
des régions, mais aussi du
secteur privé, les partenariats pu-blic-
privé étant valorisés. Des an-nonces
devraient aussi être fai-tes
sur des méthodes innovantes
de financement. John Tidmarsh,
Chief Investment Officer (CIO)
du R20, précise le sens et les condi-tions
de cette démarche. PAGE 3
2. PAGE 2 vendredi 10 octobre 2014 FORUM
Nouveaux défis majeurs de
l’industrie horlogère suisse
Les smartwatches sont-elles vraiment des montres si intelligentes que l’on veut nous le faire croire?
JEAN-PIERRE GHELFI*
Les médias ont fait grand cas il
y a quelques semaines de la «mon-tre
» présentée par la société Ap-ple,
qui ne peut apparemment pas
être désignée autrement que
comme intelligente (smart-watch).
En effet, elle proposera à son titu-laire,
à part l’indication de l’heure,
de nombreuses applications deve-nues
habituelles sur les télépho-nes
portables, ainsi que de nouvel-les
fonctions liées en particulier à
la santé (mesure de flux corporels)
et au paiement électronique. Le
fonctionnement de cette smart-watch
(montre connectée) impli-que
d’avoir sur soi un téléphone
portable du même producteur.
L’un dans l’autre, c’est ainsi une
dépense (un investissement?) de
plus d’un millier de francs qu’il
faut envisager.
On notera que Apple, qui s’est fait
une réputation d’être toujours à
l’avant-garde des innovations
technologiques, n’est ici que le
dernier sur un marché déjà bien
balisé, après d’autres, par Sony,
Samsung ou LG utilisant le sys-tème
d’exploitation Android de
Google. Annoncé avec tout le fra-cas
médiatique dont l’entreprise
est coutumière, le modèle d’Ap-ple
ne sera même disponible dans
le commerce qu’au printemps
prochain!
L’intérêt, en Suisse, des annonces
de ces géants mondiaux de l’in-formatique
s’est concentré sur les
répercussions éventuelles pour
l’industrie horlogère. Serions-nous
dans une situation analogue
à celle des années 70 qui avait vu
débarquer les premières montres
numériques de fabrication japo-naise?
A l’époque, notre industrie horlo-gère
n’avait rien vu venir. En quel-ques
années, la main-d’oeuvre em-ployée
par la branche était passée
de 90.000 à 30.000 personnes.
Crise terrible qui, pour simplifier,
a donné naissance à la Swatch et
au groupe de feu Nicolas Hayek,
dénommée initialement SMH
(Société de microélectronique et
d’horlogerie) devenu Swatch
Group en 1998, et qui s’est imposé
comme le premier groupe hor-loger
mondial. Une autre manière
de formuler ces questions serait
de se demander pourquoi le
Swatch Group n’a apparemment
pas cherché à figurer parmi les
premières sociétés dans le monde
à s’intéresser à ce nouveau cré-neau?
Car, aujourd’hui, les
connaissances techniques existent
en Suisse – du moins si l’on en
croit un expert du Centre suisse
d’électronique et de microtechni-que
(CSEM) dans un entretien
publié par Le Temps.
La raison (ou plutôt l’une des rai-sons)
tient probablement au fait
que l’horlogerie helvétique a misé
depuis une quarantaine d’années
sur la valeur de sa production, et
non sur le nombre de pièces pro-duites.
Elmar Mock, co-inventeur avec
Jacques Müller de la Swatch, ré-sume
très bien la situation ac-tuelle:
«Sur deux cents montres
fabriquées dans le monde, une
seule l’est en Suisse. En revanche,
le bénéfice que l’on retire de cette
montre est supérieur à la somme
des bénéfices des 199 autres mon-tres.
On a donc gagné la guerre de
l’argent. L’horlogerie suisse a
réussi à transformer du laiton en
or, en créant un bijou mécanique
symbolisant le travail et l’ingénio-sité
de l’homme. (…) En revan-che,
la Suisse a raté une magnifi-que
opportunité. Il est choquant
de constater que les barons de
l’horlogerie suisse trouvent ce
marché inintéressant. En prenant
un chiffre réaliste de 100 millions
de smartwatches vendues par an,
ce marché pourrait peser dans les
30 milliards de dollars, soit davan-tage
que l’ensemble de l’horloge-rie
suisse.»
Remarques qui nous renvoient
aux questions relatives au choix
de la valeur plutôt que de la quan-tité.
Les analyses les plus pertinen-tes
– à notre avis – que nous avons
lues indiquent que l’apparition
des smartwatches va faire mon-ter
la pression sur les fabricants
de montres électroniques de bas
et milieux de gamme, installés
pour la plupart en Asie, singuliè-rement
en Chine. En prenant un
cas extrême qui serait l’élimina-tion
de toutes les montres de bas
et milieu de gamme jusqu’à un
prix de vente de 500 francs
(Swatch, Certina, Mido et Tissot)
les résultats d’exploitation du
Swatch Group ne baisseraient
que de 5%!
Il est très vraisemblable que les
horlogers helvétiques – ou du
moins certains d’entre eux – pro-poseront
lors de la prochaine foire
de l’horlogerie (printemps 2015)
des montres qui comporteront des
senseurs spécifiques à certaines
fonctions corporelles et/ou des ap-plications
correspondant à des be-soins
bien définis de leurs utili-sateurs
– en matière de sécurité,
de gestion d’agendas, de commu-nications,
de trafic de paiements,
par exemple.
Les horlogers ont raison de ne pas
vouloir copier les géants de l’élec-tronique
et de l’informatique –
d’ailleurs, dans tous les cas de fi-gure,
ils n’y parviendraient pas.
Ils doivent en revanche veiller à
intégrer les bouleversements tech-nologiques
pour continuer de pro-poser
des produits qu’ils sont pra-tiquement
les seuls à (savoir)
offrir.
* domainepublic.ch/articles/26483
LES HORLOGERS ONT RAISON DE NE
PAS VOULOIR COPIER LES GÉANTS DE
L’ÉLECTRONIQUE ET DE L’INFORMATI-QUE.
ILS N’Y PARVIENDRAIENT PAS.
Le grand danger pour la démocratie
Les citoyens lambda
n’ont bien souvent pas
la compréhension
du fonctionnement
du système politique.
DANI RODRIK*
Dire que les riches ont plus de
pouvoir politique que les pauvres,
même dans les démocraties où
chacun à un droit de vote égal, n’a
rien de nouveau. Mais deux po-litologues,
Martin Gilens de l’uni-versité
de Princeton et Benjamin
Page de l’université Northwes-tern,
ont récemment publié des
données révélatrices sur la situa-tion
aux États-Unis, qui ont une
incidence cruciale sur le fonction-nement
de la démocratie – aux
États-Unis et ailleurs dans le
monde.
Les auteurs se sont appuyés sur
des travaux antérieurs de Gilens
qui a minutieusement compilé
des sondages d’opinion sur près
de 2000 questions politiques, ef-fectués
entre 1981 et 2002. Les
deux politologues ont ensuite dé-terminé
si le gouvernement fédé-ral
américain adoptait la politique
en question dans les quatre ans
suivant le sondage et à quel point
le résultat correspondait aux pré-férences
des électeurs à différents
niveaux de l’échelle des revenus.
Prises séparément, les préféren-ces
de l’électeur «moyen» – c’est-à-
dire situé dans le milieu de la ré-partition
des revenus – semblent
avoir une forte influence positive
sur la réponse finale du gouver-nement.
La politique souhaitée
par l’électeur moyen a nettement
plus de chances d’être appliquée.
Mais, comme le notent Gilens et
Page, cette constatation donne
une impression faussement op-timiste
de la représentativité des
décisions gouvernementales. Les
préférences de l’électeur moyen
et de l’élite économique ne diffè-rent
pas tant que ça sur la plupart
des sujets politiques. Une appro-che
plus juste serait de voir ce que
fait le gouvernement lorsque ces
deux groupes ont des points de
vue divergents.
Pour vérifier cette hypothèse, les
chercheurs ont effectué une com-paraison
entre les préférences des
électeurs moyens et celles des plus
riches – définis comme ayant un
revenu situé dans les 10 pour cent
du haut de la répartition des reve-nus
– pour évaluer quels électeurs
exercent la plus grande influence.
Ils ont trouvé que l’impact des
électeurs moyens devient prati-quement
nul, tandis que celui de
l’élite économique reste considé-rable.
L’implication est claire: lorsque
les intérêts de l’élite diffèrent de
ceux du reste de la société, c’est
son point de vue qui est pris en
compte – presque exclusivement.
(Comme l’expliquent Gilens et
Page, nous devons voir les préfé-rences
des 10 pour cent du haut
comme le point de vue par procu-ration
du 1 pour cent du haut – la
véritable élite). Gilens et Page
trouvent des résultats similaires
pour les groupes d’intérêts orga-nisés,
qui ont une très forte in-fluence
sur l’élaboration des poli-tiques.
Ils soulignent que «le point
de vue de l’électorat général n’a
pour ainsi dire aucun poids» dès
lors que sont prises en compte les
orientations des groupes d’inté-rêts
et les préférences des riches
Américains.
Ces résultats démoralisants sou-lèvent
une question importante:
Comment les politiciens, peu sou-cieux
des intérêts de la vaste ma-jorité
des citoyens, font-ils pour
être élus, et plus important, pour
être réélus, alors qu’ils sont essen-tiellement
aux ordres des plus ri-ches?
Une partie de l’explication
tient peut-être au fait que la plu-part
des électeurs n’ont qu’une
compréhension médiocre de la
manière dont fonctionne le sys-tème
politique et de la manière
dont il est biaisé en faveur de l’élite
économique. Gilens et Page pré-cisent
que leurs résultats n’impli-quent
pas que l’action gouverne-mentale
s’exerce au détriment des
citoyens moyens. Les citoyens or-dinaires
obtiennent souvent ce
qu’ils veulent, simplement parce
que leurs choix sont souvent ali-gnés
avec ceux de l’élite. Mais une
autre partie de l’explication, plus
pernicieuse, pourrait tenir aux
stratégies employées par les diri-geants
politiques pour être réélus.
Un politicien qui représente en
premier lieu les intérêts des éli-tes
économiques doit trouver
d’autres moyens de séduire le plus
grand nombre. L’une des solu-tions
est présentée par les politi-ques
nationalistes, sectaires et
identitaires – une approche poli-tique
basée sur les valeurs cultu-relles
et le symbolisme au lieu des
intérêts de l’ensemble des ci-toyens.
Lorsqu’une campagne
électorale est menée sur ce front,
elle est remportée par celui ou
celle qui parvient le mieux à
«amorcer» nos repères culturels
et psychologiques latents, pas par
celui ou celle qui représentent au
mieux nos intérêts. Par son ex-pression
célèbre, «la religion est
l’opium du peuple», Karl Marx
voulait dire que le sentiment reli-gieux
peut dissimuler les priva-tions
endurées quotidiennement
par les travailleurs et d’autres per-sonnes
exploitées. De manière
analogue, l’émergence de la droite
religieuse, accompagnée de
conflits culturels sur les «valeurs
familiales» et d’autres questions
divisant les esprits (par exemple,
l’immigration) ont servi à camou-fler
la forte progression de l’iné-galité
économique depuis la fin
des années 1970. La politique
identitaire est néfaste parce qu’elle
tend à ériger des barrières autour
d’un groupe de privilégiés et
qu’elle requière l’exclusion de
ceux qui n’en font pas partie. Les
démocraties autoritaires, comme
la Russie, la Turquie et la Hongrie,
en sont des illustrations. Pour
consolider leur base électorale, les
dirigeants de ces pays font large-ment
appel aux symboles natio-naux,
culturels et religieux. Ce fai-sant,
ils enflamment les passions
contre les minorités ethniques et
religieuses. Pour les régimes (sou-vent
corrompus jusqu’à la moelle)
qui représentent les élites écono-miques,
c’est un stratagème
payant dans les sondages. Les iné-galités
croissantes dans les pays
avancés et en développement in-fligent
ainsi deux coups durs au
système politique démocratique:
elles se traduisent par la négation
progressive des droits des classes
moyennes et défavorisées et en-couragent
une politique sectaire
toxique au sein des élites.
* Princeton
Project Syndicate
La législation
menaçant
l’alimentation
La protection plus stricte
des variétés végétales
a des impacts négatifs
sur l’accès à la nourriture
des pays en voie
de développement.
Sous la pression d’Etats industria-lisés
comme la Suisse, de nom-breux
pays en développement
sont contraints d’adopter une lé-gislation
internationale plus
stricte en matière de protection
des variétés végétales. Une étude
d’impact sur les droits humains
intitulée «Owning Seeds, Acces-sing
Food» montre pour la pre-mière
fois la menace existentielle
que cette mise à niveau forcée re-présenterait
pour les familles de
petits agriculteurs du Sud, qui dé-pendent
de la reproduction
conventionnelle des semences.
En adhérant à l’Union internatio-nale
pour la protection des obten-tions
végétales (UPOV), un Etat
s’engage à protéger plus fortement,
dans sa législation, les semences
commerciales vendues par des
multinationales comme Syngenta.
Lorsque les pays en développe-ment
adoptent les standards de
l’UPOV dans leur droit national,
ils restreignent massivement la
possibilité pour les familles de pe-tits
paysans d’utiliser des semen-ces
protégées issues de leurs pro-pres
récoltes. Ce renforcement de
la loi sur la protection des varié-tés
végétales met en danger le droit
fondamental à l’alimentation, par
exemple dans des pays comme le
Kenya, le Pérou ou encore les Phi-lippines.
C’est la conclusion du rap-port
«Owning Seeds, Accessing
Food», publié par plusieurs ONG,
dont la Déclaration de Berne. Les
accords bilatéraux de libre-échange
(ALE) sont souvent utilisés pour
pousser les pays en développement
à adhérer à l’UPOV. La Suisse a
d’ailleurs très souvent posé de tel-les
exigences lors de la négociation
d’ALE. Par ailleurs, elle a toujours
refusé de réaliser des études d’im-pact
sur les droits humains.
Menées avant la conclusion de tels
accords, ces études permettraient
pourtant de s’assurer que les
conditions exigées n’auront pas
de répercussions négatives sur la
situation alimentaire dans les pays
partenaires.
En collaboration avec des ONG
partenaires et des chercheurs des
pays concernés, la Déclaration de
Berne a analysé de façon détail-lée
les répercussions des restric-tions
découlant de l’adhésion à
l’UPOV sur les systèmes d’échan-ges
informels de semences et sur
le droit à l’alimentation de grou-pes
de population marginalisés au
Kenya, au Pérou et aux Philip-pines.
Les revendications suivan-tes
découlent de cette recherche
inédite:
!Avant de transcrire les standards
de l’UPOV dans leur droit natio-nal,
les gouvernements doivent
impérativement mener une étude
d’impact sur les droits humains.
! Afin de protéger les petits pay-sans,
les gouvernements doivent
utiliser la marge de manoeuvre ga-rantie
par les accords de l’OMC
sur la propriété intellectuelle (AD-PIC)
ou par d’autres accords in-ternationaux
comparables. – (La
Déclaration de Berne)
PARTICULES FINES:
renforcement inutile
de mesures de protection
En mars 2014, Genève subit une
brève pointe de pollution aux par-ticules
fines, mais le Gouverne-ment
ne prit pas de mesures tem-poraires,
le seuil d’urgence n’étant
pas atteint. Aussitôt, plusieurs dé-putés
demandèrent le durcisse-ment
de ces mesures. Durcir les
mesures temporaires n’est pas ju-dicieux
car les conséquences pour
les personnes et les entreprises se-raient
disproportionnées par rap-port
à l’impact hypothétique sur
la qualité de l’air et donc sur la
santé humaine. Il est beaucoup
plus efficace de se concentrer sur
les programmes à long terme, qui
ont montré leur efficacité, et qui
ne visent pas uniquement le trans-port
routier. Les particules fines
(PM10) sont des poussières en
suspension qui résultent des mé-canismes
de frottement et d’abra-sion
(rail, pneus, freins, travaux
de chantier), des moteurs de vé-hicules,
des machines de chantier,
des chauffages et des incinérations
industrielles. En Suisse, les émis-sions
de PM10 ont pour origine
l’agriculture et la sylviculture
(27%), l’industrie (26%), les mé-nages
(22%), le transport routier
(18%) et le rail (6%). Grâce aux
politiques en vigueur en Suisse et
à Genève, les émissions de PM10,
toutes sources confondues, ont
connu en 30 ans une baisse spec-taculaire,
baisse qui se poursuivra
en raison du durcissement des
normes antipollution s’appliquant
aux véhicules, de la stratégie éner-gétique
du canton et de la Confé-dération,
et du plan cantonal de
mesures Opair 2013-2016. Le
Conseil d’Etat n’a jamais déclen-ché
les mesures dont il dispose
pour limiter la circulation, car les
pics de pollution n’ont jamais été
assez élevés. – (Groupement Trans-ports
et Economie)
3. SUISSE vendredi 10 octobre 2014 PAGE 3
SUISSE
Le local prend le relais du global
R20. L’association créée par Arnold Schwarzenegger et basée à Genève ouvre demain le premier sommet mondial des régions pour le climat.
A la veille du premier Sommet
mondial des régions pour le cli-mat,
John Tidmarsh, Chief In-vestment
Officer du R20, précise
les objectifs de cette réunion pu-blic-
privé inédite.
Quelle est la valeur ajoutée d’un
sommet interrégional et d’actions
locales sur la question du climat?
Le rôle des autorités locales (Vil-les,
Régions, Cantons etc) est très
bien illustré dans la question du
climat. Elles sont celles qui ont le
plus à perdre et le plus à gagner
dans la lutte contre le changement
climatique. Elles sont aussi celles
qui sont plus à même de prendre
les initiatives dans cette lutte, de
les prendre rapidement, et d’assu-rer
le succès de leur réalisation.
C’est toute la logique de notre ac-tion:
nous mettons en place des ini-tiatives
locales, avec des projets pi-lote
qui servent d’exemple et de
phase de test. Si le succès du pro-jet
est avéré, nous mettons ensuite
en place des procédures et un ca-dre
qui permettra de répliquer, de
faire le «scaling up» des solutions
que nous proposons.
Pouvez-vous donner un exemple
de projets concrets du R20?
Nous n’avons guère plus de trois
ans, mais nous opérons déjà dans
certaines régions du Brésil pour ac-célérer
le déploiement d’éclairage
public LED par exemple. En Algé-rie
nous travaillons sur des pro-grammes
pilotes dans le ramassage
et la valorisation des déchets et
l’éclairage public, mais aussi au
Mali dans l’énergie solaire, au Ni-géria,
au Sénégal, au Burundi, à
la Réunion et dans bien d’autres ré-gions.
Malgré une certaine discré-tion,
nous avons été très actifs ces
trois dernières années. Globale-ment,
nous travaillons essentielle-ment
sur des projets dans tous les
secteurs de l’énergie renouvelable,
de l’efficience énergétique, du trai-tement
des déchets.
Quels sont les objectifs
de ce premier Sommet à Paris?
Le but est d’échanger largement
autours de bonnes pratiques loca-les
et de lancer la «Road to Paris
2015», qui est une série de discus-sions
et de Sommets destinés à ap-porter
le soutien des autorités lo-cales
aux négociations des Nations
Unies, qui se déroulent au niveau
étatique donc. Ce Sommet se
conclura par la signature de la «Pa-ris
Declaration», qui définira cer-tains
engagements concrets des ac-teurs
privés et des gouvernements
sous nationaux, et appellera aux
leaders étatiques à finaliser un ac-cord
qui permettra de limiter le ré-chauffement
climatique lors des
négociations du COP21 à Paris en
2015.
Vous êtes CIO dans une associa-tion.
Que recouvre votre poste?
L’emploi du terme CIO est une
mesure de l’importance que nous
attachons aux investisseurs. No-tre
objectif est de faire en sorte que
les projets qui arrivent sur le mar-ché
soient réellement attirants
pour les investisseurs, sans quoi,
ils ne seraient jamais réalisés. Pour
ce faire les intérêts de tous les ac-teurs
dans la chaine de valeur de
développement de projets doivent
être conciliés, et ceci dès la concep-tion
du projet et tout au long de sa
réalisation.
Les gouvernements sous-natio-naux
ont leurs objectifs en tant que
création d’emplois, fourniture
d’électricité, accès à l’électricité
et ainsi de suite, les industriels et
investisseurs d’autres. Ces diffé-rents
acteurs travaillent le plus sou-vent
en silo rendant la réalisation
de projet impossible. Un peu en
chef d’orchestre nous faisons la
synthèse, assurant un résultat qui
convainc les investisseurs que les
risques associés à l’investissement
dans des projets sont compris, maî-trisés
au mieux, et le retour sur in-vestissement
suffisamment Inté-ressant
pour s’engager. En support
à ce but nous facilitons par exem-ple
la création de joint-venture en-tre
entreprises de différentes ré-gions.
Nous collaborons aussi avec
des multinationales, que ce soit
pour des projets ou de la recher-che.
Nous avons par exemple pu-blié
un livre blanc avec Philips
Lighting sur l’importance des
LED et des solutions efficientes
pur l’éclairage. Aujourd’hui,
l’éclairage extérieur représente
40% de la facture d’électricité pour
les municipalités. L’éclairage pu-blic
des rues est souvent un des
principaux postes du budget «uti-lity
«des Villes, représentant entre
10 et 38%.
Et le financement
de l’organisation?
En tant que CIO, il est également
de mes responsabilités de créer des
outils financiers qui nous permet-tent
de financer notre activité de
développement de projets, et d’as-surer
leur viabilité, tout en restant
une organisation à but non-lucra-tif.
Nos débuts se sont surtout re-posés
sur la générosité de notre
fondateur Arnold Schwarzeneg-ger,
qui continue à nous apporter
son soutien et surtout son temps.
Nos programmes par contre sont
financés par nos membres, c’est à
dire les gouvernements sous-na-tionaux
et parfois nationaux, et
par certains partenaires qui contri-buent
de façon transparente en ap-portant
leur expertise.
Comment se passent relations
avec la Suisse, pays hôte
de l’association R20?
Parfaitement bien. Il y a certaines
synergies évidentes car la Suisse a
de nombreux savoir-faire et est un
pays d’innovation reconnu. Il peut
donc y avoir certaines expertises
dans les entreprises suisses en ma-tière
d’efficience énergétique par
exemple qui peuvent nous être uti-les.
Nous sommes en relation avec
l’Office de la promotion indus-trielle
à Genève (OPI) également,
qui peut faire le lien entre nos be-soins
et des compétences d’entre-prises.
Nous avons également le
précieux soutien de l’Etat de Ge-nève
qui accueille le Secrétariat à
la Villa Montfleury à Versoix. Ge-nève
accueille le secrétariat géné-ral
et le siège du R20. Un bureau
est aussi présent en Californie. En-fin
nous avons des bureaux locaux
dans plusieurs pays, mais unique-ment
pour gérer des projets spéci-fiques,
comme en Algérie, au Bré-sil
ou au Sénégal par exemple.
INTERVIEW:
MARJORIE THÉRY
Le grand projet énergétique
au Mali géré depuis Neuchâtel
PLANAIR.
Le groupe d’ingénierie
environnementale
estime pouvoir produire
suffisamment d’énergie
pour 15.000 foyers.
La société Planair à Neuchâtel cé-lèbre
cette année ses 30 ans d’exis-tence.
L’entreprise créée en 1984
est active sur cinq sites: La Sagne,
Yverdon, Delémont, Plan-les-
Ouates et Valdahon en France.
Le directeur général, Pierre Re-naud
explique comment le bu-reau
d’ingénieurs spécialisé dans
l’économie d’énergie et la produc-tion
énergétique renouvelable
projette de transformer, au Mali,
les plantes aquatiques proliféra-trices
nuisibles en électricité.
En quoi consiste votre projet?
Le Mali est un pays, comme beau-coup
d’autres pays africains, qui
manque singulièrement d’électri-cité.
Comme plusieurs pays de
l’Afrique de l’Ouest, il est traversé
par un grand fleuve, le Niger. Mal-heureusement,
celui-ci est infesté
de plantes aquatiques invasives,
notamment les jacinthes d’eau et
le typha. Celles-ci représentent un
problème d’envergure nationale
car elles entravent sérieusement
le transport fluvial, elles empê-chent
les poissons de se dévelop-per
correctement, l’oxygène de
l’eau étant en partie «mangée» par
ces plantes. Elles posent égale-ment
problème en ce qui
concerne les installations hydro-électriques
réparties le long du
fleuve, en freinant l’eau au travers
des dégrilleurs. Notre projet a
pour objectifs de collecter ces
plantes aquatiques nuisibles, les
transformer en gaz par processus
de méthanisation et d’utiliser ce
biogaz pour faire tourner une gé-nératrice
et produire ainsi de
l’électricité.
Quels sont les intérêts potentiels
de ce projet pour les Maliens?
La production annuelle d’électri-cité
à Bamako, grâce à une usine
de méthanisation de la jacinthe
d’eau, sera d’environ 10 gigawatt-heure
par année. Soit l’équivalent
de la consommation de 3000 fa-milles
selon le standard européen
ou, si l’on admet que la consom-mation
est cinq fois moins élevée
dans la capitale malienne, l’équi-valent
de la consommation de
15.000 familles locales. La répéti-tivité
de ce type d’installation aura
ensuite un impact déterminant
sur la production d’électricité au
Mali. Le projet développera éga-lement
des emplois; pour la ré-colte
des plantes et l’exploitation
de la production d’électricité. A
moyen terme, l’installation de mé-thanisation
pourra être reproduite
dans d’autres endroits.
La récolte des plantes invasives
aura aussi des effets positifs
pour le fleuve Niger?
Elle favorisera la circulation de
l’eau dans les canaux d’irrigation
ainsi que l’irrigation des rizières
et la pêche. Elle permettra l’amé-lioration
du rendement énergéti-que
des installations hydroélectri-ques
disposées sur le Niger en éli-minant
les plantes qui entravent
le bon fonctionnement des turbi-nes.
Elle libérera le fleuve pour la
navigation, tout en améliorant
l’oxygénation de l’eau, y favori-sant
la vie aquatique. Au niveau
environnemental, elle produira
également de l’engrais de haute
valeur pour l’agriculture. Le subs-trat
issu des plantes après le pro-cessus
de méthanisation peut être
utilisé comme engrais. Celui-ci
améliorera la qualité des sols et li-mitera
leur érosion.
Outre les plantes invasives,
vous envisagez à la fois recueillir
les déchets organiques présents
dans le fleuve?
Les bio-déchets, essentiellement
constitués des lisiers de batteries
de poules, du fumier, et des dé-chets
alimentaires des restaurants
et des hôtels, pourraient être ré-coltés
aussi. Ceux-ci correspon-dent
à 20.000 tonnes par année.
Quant à la jacinthe d’eau, seule-ment
dans la région de Bamako,
elle représente environ 80.000
tonnes de récoltes annuelles.
Où en êtes-vous jusqu’à présent?
Une étude de faisabilité exhaus-tive
a été menée par l’ONG ma-lienne
ERA, qui est très active
pour le développement biologi-que
de l’agriculture et qui est di-rigée
par le Dr Roger Michel qui
a oeuvré de manière très efficace
et engagée pour le projet, deux
personnes du ministère de l’Eau,
de l’Environnement et de l’Assai-nissement
du Mali et Planair qui
a pris en charge la partie techni-que
et la coordination du projet.
L’étude a démontré que la réalisa-tion
de celui-ci est tout à fait en-visageable.
Des contacts ont été
pris avec diverses instances, no-tamment
avec le bureau de la coo-pération
au consulat de Suisse au
Mali et avec le ministère de l’Eau,
de l’Environnement et de l’Assai-nissement
malien. La finalisation
de l’étude de faisabilité et diver-ses
démarches locales sont pré-vues
pour 2015 et la réalisation de
l’installation de méthanisation et
sa mise en service devraient avoir
lieu en 2016.
Quels sont les principaux défis
qu’un tel projet représente?
Les défis majeurs, lorsque l’instal-lation
sera en place, seront l’exploi-tation
de la centrale et la récolte
régulière de la matière première,
les plantes. Ces activités deman-dent
une très bonne organisation
et un suivi très régulier. La diffi-culté
actuelle est d’obtenir un fi-nancement
pour finaliser la faisa-bilité,
notamment pour mieux
connaître la valeur énergétique
des jacinthes d’eau. Nous avons
besoin d’environ 200.000 euros.
Un appui devrait ensuite être
trouvé pour la réalisation de l’ins-tallation
de méthanisation, soit en-viron
8 millions d’euros. Celle-ci
sera vraisemblablement mise en
place par un fournisseur allemand,
jouissant d’une expertise dans ce
secteur. Jusqu’à présent, nous
avons fait des demandes de finan-cement
auprès de diverses organi-sations
gouvernementales, notam-ment
suisses, pour financer la
partie étude et faisabilité. Pour la
réalisation de l’installation, nous
nous adressons à des instituts ban-caires
spécialisés dans ce type de
financement, comme la Banque
mondiale et la Banque africaine
de développement.
INTERVIEW:
ANDRÉE-MARIE DUSSAULT
PIERRE RENAUD. La difficulté
actuelle est d’obtenir le financement
nécessaire à la finalisation.
Le vaste déploiement
en Amérique du Sud
LANDIS+GYR. Le
groupe zougois contrôlé
par Toshiba signe un
contrat pour 246 millions
d’euros au Brésil.
La compagnie d’électricité brési-lienne
Light a annoncé hier la si-gnature
d’un accord pour la réa-lisation
du plus vaste projet de
réseau électrique intelligent en
Amérique du Sud, en partenariat
avec le groupe zougois
Landis+Gyr. Estimé à 750 millions
de réaux (246 millions d’euros)
brésiliens, ce contrat de cinq ans
couvre l’approvisionnement, la
mise en place, l’exploitation et l’en-tretien
du système Gridstream de
Landis+Gyr. La collaboration
porte également sur le déploie-ment
de 1,1 million de compteurs,
comprenant l’installation de
compteurs anti-fraude, ainsi que
l’automatisation de réenclen-cheurs
et de serveurs de stockage
en réseau (Power Vault).
Landis+Gyr, détenu par le japo-nais
Toshiba depuis 2011, fabri-que
des compteurs au Brésil de-puis
1994 et emploie aujourd’hui
plus de 450 personnes dans son
centre de production de Curitiba.
Le partenariat conclu avec Light
est le dernier d’une série d’impor-tants
contrats. Depuis le début de
l’année 2013, Landis+Gyr s’est as-surée
de participer aux deux plus
vastes déploiements de l’histoire
du secteur, en coopération avec
British Gas et Tokyo Electric Po-wer
Company, et a aussi signé des
contrats de premier plan avec Salt
River Project, Ameren et, plus ré-cemment
le français ERDF.!
ABB: nouvelle usine
en Indonésie
Le groupe d’ingénierie ABB a an-noncé
hier l’ouverture d’une nou-velle
usine pour la production de
disjoncteurs miniatures basse ten-sion
à Cibitung, en Indonésie.
L’usine permettra de doubler la
capacité de production déjà en
place. Plus de 200 personnes y tra-vailleront.
Le montant de l’inves-tissement
n’a pas été précisé. Cette
ouverture vient confirmer la stra-tégie
d’expansion et d’innovation
du groupe.
HOLCIM-LAFARGE:
proche de notifier
le projet de fusion
Lafarge est «très proche» de noti-fier
officiellement son intention
de fusionner avec son concurrent
st-gallois Holcim auprès de la
Commission européenne, a dé-claré
hier le dirigeant du cimen-tier
français, Bruno Lafont. Le
projet progresse conformément
au calendrier prévu. Bruno La-font
n’a cependant pas indiqué
précisément quand la notification
serait présentée à Bruxelles.
4. PAGE 4 vendredi 10 octobre 2014 SUISSE
Les moyens technologiques
accélérateurs de processus
GROUPE MK. La réalité augmentée permet de rendre tangible des projets non réalisés jusqu’ici bien abstraits.
CHRISTIAN AFFOLTER
Les nombreuses décisions politi-ques
impactant le domaine de l’im-mobilier
comptent parmi les prin-cipaux
facteurs ayant rendu ce
marché beaucoup plus difficile en
deux années seulement. Les pro-moteurs
doivent proposer des so-lutions
offrant un meilleur service
aux acquéreurs potentiels d’objets
immobiliers tout en visant un réta-blissement
du rythme des affaires
d’avant ces changements de para-digme.
La réalité augmentée appliquée au
domaine de l’immobilier repré-sente
une solution de ce type. C’est
du moins ce qu’espèrent Anthony
Collé, administrateur délégué du
Groupe MK, et Daniel Moser, di-recteur
de MK Realitim Manage-ment,
qui ont présenté hier sur le
terrain «Vert l’horizon» à Cossonay
leur nouvel outil. Il permet aux in-téressés
se rendant sur le site d’un
projet de s’y déplacer et de regar-der
en même temps sur l’écran
d’une tablette ou d’un smartphone
(iOS ou Android) la forme qu’il
prendra après sa réalisation en trois
dimensions. Jusqu’ici, ces applica-tions
s’étaient heurtées à plusieurs
obstacles, avec essentiellement le
choix entre une énorme puissance
de calcul nécessaire du côté des ser-veurs
et, du côté de l’utilisateur, le
téléchargement d’une application
pour un appareil disposant d’une
carte graphique puissante. Avec la
solution développée par la société
française Artefacto, les calculs s’ef-fectuent
tous à l’avance, les données
étant ensuite transférées sur un ser-veur.
L’appareil mobile utilisé sur
place n’a ainsi que deux fonctions
à assumer: l’écran permettant de
visionner les objets, ainsi que la géo-localisation.
Tout en rendant les sé-quences
nettement plus fluides.
Tous les étages et tous les bâtiments
prévus ayant été modélisés, l’ache-teur
potentiel peut voir très concrè-tement
comment se présentera
«son» appartement. Par rapport à
l’ancienne démarche de proposer
des images fixes et quelques vidéos,
cette solution offre un avantage im-portant:
elle «donne à l’utilisateur
la possibilité de décider lui-même
ce qu’il veut voir, et donc la meil-leure
information possible», a sou-ligné
Anthony Collé.
Le développement d’innovations,
auquel le Groupe MK s’est montré
très attaché hier, est encore plus cru-cial
dans un marché dont les condi-tions
se sont très sensiblement dur-cies.
Elles peuvent faire la
différence dans la concurrence en-tre
promoteurs immobiliers et ac-célérer
le processus à plusieurs ni-veaux.
Tout d’abord celui de la
vente: «C’est un plus qui fait gran-dement
sens dans un marché qui
se resserre. Les gens qui prenaient
la décision d’acquérir un objet en
quelques jours seulement n’exis-tent
plus. Mais l’un des objectifs de
l’application de la réalité augmen-tée
est de retrouver des rythmes de
vente soutenus dès le lancement de
la commercialisation. Les acqué-reurs
peuvent encore se décider ra-pidement,
lorsque tous les éléments
sont réunis», a détaillé Anthony
Collé. Cette solution, que le
Groupe MK est le premier à avoir
acquise en Suisse, devrait ainsi éga-lement
pouvoir servir dans la com-mercialisation
d’objets dont les pro-priétaires
ont confié la promotion
à Domicim.
Une autre fonctionnalité de la so-lution
peut intervenir encore plus
en amont du processus de réalisa-tion
d’un projet. La vue aérienne
détaillée de tout un quartier futur
le rend «accessible aux non-profes-sionnels
des projets de développe-ment
immobilier, souvent com-plexes
», selon les termes du
communiqué. Le directeur de MK
Realitim Management Daniel Mo-ser,
qui gère un véhicule d’investis-sement
spécialisé dans le dévelop-pement
immobilier à partir d’un
stade très précoce (en accompa-gnant
par exemple le processus
d’élaboration d’un nouveau plan
général d’affectation à Cossonay, le
terrain ayant été en ligne de mire
depuis cinq ans environ), l’appré-cie
ainsi par exemple en tant
qu’«outil de travail avec les pou-voirs
publics. Sinon, il est trop abs-trait
de communiquer un projet à
un grand public. Car nous acqué-rons
des terrains dans des situations
où il y a encore toute une démar-che
à faire.» Ses projets, plutôt à
l’échelle du quartier («Vert l’hori-zon
» comprend dans une première
étape 42 appartements en PPE ré-partis
sur trois immeubles), impli-quent
souvent des réaffectations de
terrains constructibles qui requiè-rent
l’approbation des autorités po-litiques,
que ce soit de
l’industriel/artisanat vers l’habita-tion
ou une augmentation de la
densité autorisée. En raison de la
nouvelle Loi sur l’aménagement
du territoire (LAT), l’ordonnance
imposant des dispositions encore
plus restrictives (malgré l’interven-tion
du Conseil d’Etat vaudois, et
notamment Jacqueline de Quattro,
à Berne), les terrains intermédiai-res
sont en revanche considérés
trop risqués en ce moment. Sur une
centaine de dossiers, Realitim en a
ainsi concrétisé sept, ces quartiers
représentant 200-250 apparte-ments.
!
ANTHONY COLLÉ. Les déclinaisons
possibles de la réalité augmentée
dans l’immobilier sont multiples.
L’UN DES OBJECTIFS
EST DE RETROUVER
DES RYTHMES DE VENTE
SOUTENUS DÈS
LE LANCEMENT DE LA
COMMERCIALISATION.
Annulation des amendes
infligées par la Comco
SIEGENIA-KOCH-SFS.
Des doutes subsistent
quant à la preuve
d’accords illicites
selon le TAF.
Les amendes pour entente illégale
infligées à trois entreprises de fer-rures
de fenêtres (pièces de déco-ration
ou de maintien en métal)
sont annulées. Le Tribunal admi-nistratif
fédéral (TAF) lève les
sanctions en raison des doutes qui
subsistent quant à la preuve d’ac-cords
illicites. En octobre 2010, la
Commission de la concurrence
(Comco) avait infligé trois amen-des
pour entente illicite. Elle avait
sanctionné l’entreprise Siegenia
d’une amende de 4 millions. Koch
écopait de trois millions et SFS
d’un demi-million.
Sur recours, le TAF annule ces dé-cisions.
Selon lui, il subsiste des
doutes quant à la preuve d’accords
commerciaux horizontaux dans
les procédures concernant Siege-nia
et Koch, le plus grand com-merçant
de ferrures de fenêtre et
de portes-fenêtres en Suisse et
principal utilisateur des ferrures
de Siegenia.
En ce qui concerne SFS, la parti-cipation
à l’entente horizontale de
ce commerçant économiquement
indépendant n’a pas pu être prou-vée.
Pour cette raison, le TAF ap-prouve
son recours en vertu de la
présomption d’innocence.
L’instance fédérale rappelle que
les amendes pour participation à
un cartel ont un caractère quasi
pénal. En conséquence, la règle de
présomption doit aussi s’appli-quer,
explique le TAF. Un recours
au Tribunal fédéral reste possible.
Les procédures ouvertes par la
Comco sont en lien direct avec
le cartel de fabricants européens
qui a été sanctionné et condamné
à une amende sévère au prin-temps
2012 par la Commission
européenne. Dans le cadre de ce
cartel, les fabricants allemands de
ferrures de fenêtres et de porte-fe-nêtres
s’étaient entendus sur des
augmentations communes de
prix également valables pour la
Suisse. – (ats)
Le plus grand investissement
jamais réalisé par Solvalor 61
IMMOBILIER.
Les résultats du fonds
sont stables. Déjà 100
millions d’investissements
prévus dont un projet
à presque 60 millions.
MARJORIE THÉRY
A l’occasion de la présentation des
résultats annuels du fonds Solva-lor
61, la société Solvalor Fund
Management (Lausanne) a an-noncé
qu’elle allait réaliser le plus
important investissement de toute
l’histoire du fonds. Rappelons que
ce fonds en immobilier direct
suisse a été lancé en 1961 et est
côté sur le Six Swiss Exchange. Le
projet en question est situé à Os-termundigen,
une commune pro-che
de la ville de Berne. Il repré-sente
101 appartements pour un
investissement de 57 millions de
francs. Le début des travaux est
officiellement prévu pour le 15
octobre et les bâtiments seront li-vrés
par étape entre 2016 et 2017.
D’autres projets ont également été
annoncés pour l’exercice en cours.
Solvalor Fund Management in-vestira
par exemple 8,5 millions
dans un nouveau projet à Saint
Sulpice (où elle disposait déjà du
terrain). Le début des travaux de
l’immeuble qui comprend 12 ap-partements
est fixé au 15 octobre
également, avec livraison en
2016. A la Tour-de-Peilz, un im-meuble
a été acquis il y a quelques
jours pour 6 millions. A Lausanne,
c’est un projet de 40 appartements
à 32 millions qui verra le jour à
l’avenue Sainte Luce. A Genève
en revanche, un projet de surélé-vation
d’immeuble est en procé-dure
d’autorisation depuis deux
ans... Le dernier projet dans le can-ton
remonte à quatre ans (Ver-soix).
Globalement, les investis-sements
du fonds se répartissent
comme suit : 62% sur Vaud, 33%
sur Genève et reste dans le canton
de Berne. Presque 80% du parc
immobilier concerne des appa-remment
compris entre 2,5 et 4,5
pièces.
Philippe Truan, directeur, a éga-lement
donné quelques indica-tions
sur le marché de l’immobi-lier.
«Nous venons de vivre 15 ans
de marché haussier, alors que les
cycles sont plutôt de 6 à 8 ans. Il
semble évident que le cycle actuel
touche à sa fin». Même constat du
côté des hypothèques: «Le taux
moyen pour les hypothèques est
environ de 4,5% sur les 50 derniè-res
années. Aujourd’hui les taux
à 10 ans sont à 1,5%. Ces niveaux
ne sont pas naturels et vont re-monter
». Enfin, Philippe Truan
s’est dit «effrayé» du nombre de
construction qui sont encore en
cours, alors que tous les signaux
macroéconomiques sont au rouge.
«Je sens qu’il y a un excédent de
projets dans le pipeline et il fau-dra
être très prudent. Le marché
de la PPE est à l’arrêt et le stock
de PPE à vendre a quadruplé en
un an». Mais la stratégie du fonds
permettra de se positionner pour
saisir les bonnes opportunités
d’après Diego Reyes, responsable
finances et comptabilité. «Nous
avons aujourd’hui une politique
de «zéro dettes». Nous travaillons
exclusivement en fonds propres,
ce qui sera clairement un atout
et nous pourrons nous ainsi nous
positionner de manière agressive
pour des acquisitions».
Au niveau des résultats, le fonds
Solvalor 61 a dégagé sur l’exer-cice
décalé 2013/2014 (clos au 30
juin) un bénéfice net en faible
augmentation de 0,78% sur un an
à 19,6 millions de francs. La for-tune
nette du fonds s’élève à 719
millions, contre 711,7 millions en
2013. Rappelons que ce montant
était d’environ 200 millions au dé-but
des années 2000. Quand au
volume d’échange annuel sur le
Six Swiss Exchange, il se situe au-tour
de 150 millions.
Les charges de l’exercice ont aug-menté
marginalement, de 0,06%
à 24,5 millions et les revenus de
0,38% à 44,2 millions. Cette sta-bilité
est la conséquence de la pla-nification
décennale des travaux
sur les immeubles du fonds
d’après la société de gestion.
Le coupon de 5 francs par porteur
est en revanche inférieur aux an-nées
précédentes. «Mais cette an-née
il n’y a pas de redistribution
de capital ca nous n’avons pas
vendu d’immeubles. La moyenne
du coupon ordinaire est de 4,9
francs les années précédentes,
donc nous sommes légèrement au
dessus de la moyenne» précise
Benjamin Favre, responsable im-mobilier.
Sur l’exercice, le parc immobilier
a augmenté de 4,78%. Cet accrois-sement
est principalement dû à la
réalisation du projet Champs-
Meunier au Mont-sur- Lausanne,
avec deux nouveaux immeubles
en portefeuille.!
L’ascension du no1 suisse
du mobilier de cuisines
AFP. Le chiffre d’affaires
de l’ex-filiale d’AFG
Arbonia-Forster
a progressé de 5%
après neuf mois.
Le fabricant de meubles de cuisi-nes
AFP, anciennement AFG
Cuisines, a accru ses ventes après
neuf mois en 2014. L’entreprise
zurichoise, désormais propriété
du groupe allemand Alno, a dé-gagé
un chiffre d’affaires de 101,6
millions d’euros (123,3 millions
de francs), 5,2% de plus qu’un an
auparavant.
La société établie à Dietlikon, nu-méro
un du marché suisse avec les
marques Piatti et Forster et reprise
en début d’année au groupe thur-govien
AFG Arbonia-Forster par
Alno, a contribué à près du quart
des revenus de son propriétaire, a
annoncé jeudi ce dernier. Le
groupe allemand a ainsi vu ses
ventes s’envoler de 36% à quelque
400 millions d’euros. Hors conso-lidation
d’AFP, les revenus ont en-registré
une croissance de 1,5%.
Pour mémoire, Alno a annoncé en
juin dernier la suppression de 100
emplois sur les quelque 400 que
compte le site de Dietlikon. La me-sure
implique le transfert de la pro-duction
des cuisines Piatti vers le
siège d’Alno à Pfullendorf (Bade-
Wurtemberg) dans la région du
lac de Constance. La filiale d’Alno
dédiée aux cuisines, AFP Küchen,
conservera près de Zurich le déve-loppement,
la distribution et l’ad-ministration.
Du coup, elle conti-nuera
d’employer près de 400
personnes en Suisse.
Le groupe allemand, qui se trouve
en phase de restructuration depuis
deux ans, n’en est toutefois pas
quitte avec les mesures d’écono-mies.
Son CEO Max Müller indi-que
que l’entreprise envisage tou-tes
les options en la matière. – (ats)
IMPLENIA: mandats pour 65 millions à Zurich
La société de construction Implenia s’est assurée dans la région de Zu-rich
des contrats de modernisation d’immeubles d’un montant global
d’environ 65 millions de francs. La société basée à Dietlikon a no-tamment
gagné le projet d’Allianz Suisse sur l’assainissement d’un
complexe de deux immeubles à Zurich. Implenia a été chargée de le
moderniser de fond en comble en qualité d’entreprise totale.
V-ZUG: avancée du projet de cluster à Zoug
Le fabricant d’appareils électroménagers V-Zug a déposé auprès des
autorités communales de la Ville de Zoug une demande de plan d’amé-nagement
pour son «cluster» technologique. Le projet vise à trans-former
le site actuel de l’entreprise en un nouveau quartier urbain. De
nouvelles entreprises industrielles et des start-up, ainsi que des cen-tres
de recherche et de formation, sont prévus, précise Metall Zug, sans
détailler les modalités financières de l’opération.
ACRON HELVETIA VII: forte hausse du bénéfice net
Acron Helvetia VII annonce un bénéfice net semestriel de 2,72 mil-lions
de francs, contre 1,68 million au premier semestre 2013. La
société immobilière zurichoise attribue cette hausse de près de 60%
à des frais de conseil d’administration réduits et à des impôts plus bas.
Les revenus locatifs sont restés stables, à 4 millions, conformément
au budget. L’endettement hypothécaire a été réduit de près de 1,1
million, à 81,8 millions de francs, soit un degré de financement de
tiers de 62,3%.
5. SUISSE vendredi 10 octobre 2014 PAGE 5
Le monde émergent de la communication
SALON COMMUNICA. L’événement a réuni plusieurs personnalités qui ont débattu des enjeux du secteur. Le web continue de modifier les codes en profondeur.
FRI UP: deux nouvelles
start-up incubées
Les entités Actiware et F&M
(Freymond&Muller) sont les
deux nouvelles start-up admises
par l’association de soutient aux
start-up Fri Up à l’incubateur Sud
(Vaulruz). Active dans les nouvel-les
technologies, Actiware a conçu
différents produits dont des vitri-nes
interactives pilotées par re-connaissance
gestuelle et des
agendas partagés en ligne permet-tant
non seulement de prendre
rendez-vous dans des instituts liés
à la beauté et au bien-être ou au-près
de spécialistes tels que des
avocats ou des vétérinaires. F&M
Freymond&Muller, quant à elle,
s’est spécialisée dans le dévelop-pement
et la distribution de so-lutions
innovantes dans les sec-teurs
de la santé et du bien-être.
Dans un premier temps, la start-up
entend se concentrer sur des
produits de niche conçus aux
Etats-Unis à l’instar de protections
étanches pour plâtres, pansements
et cathéter. Grâce à leur système
de vacuum breveté, celles-ci
s’adaptent à l’anatomie de chacun
pour garantir l’étanchéité et per-mettre
de bouger librement dans
l’eau sans couper la circulation
sanguine. La société, aujourd’hui
hébergée à l’incubateur Sud, a été
créée par Didier Freymond, dro-guiste,
et Christian Muller, phy-siothérapeute.
Au total, Fri Up
suit douze jeunes entreprises dans
son incubateur à Vaulruz.
AXEL SPRINGER
SUISSE: vente
de Haustech à AZ Medien
Axel Springer Suisse vend le ma-gazine
spécialisé Haustech au
groupe de presse argovien AZ
Medien. Axel Springer veut ainsi
se concentrer sur ses autres titres
suisses (HandelsZeitung, Bilanz,
PME Magazine, Schweizer Bank
et Schweizer Versicherung), a-t-il
indiqué hier. Avec l’acquisition
de Haustech, AZ Medien com-plète
sa palette de magazines spé-cialisés
dans la construction
comme HK-Gebaüdetechnik,
Elektrotechnik ET et Bâtitech. La
reprise est effective avec effet ré-troactif
au 1er octobre, ont précisé
les deux éditeurs. – (ats)
NOSER: le fondateur
abandonne la présidence
Le groupe Noser réorganise sa di-rection.
Le conseiller national
PLR Ruedi Noser, fondateur et
propriétaire de la société, aban-donne
la présidence du conseil
d’administration, dont il reste
membre. Il s’agit pour lui de ré-gler
sa succession et de donner
une nouvelle organisation à son
groupe. La présidence est reprise
par Geri Moll, directeur général
(CEO) de Noser Engineering.
Le salon Communica s’est déroulé entre mercredi
et hier à la Praille-Genève. L’événement était com-posé
de plusieurs conférences avec des intervenants
de différents secteurs économiques en lien avec la
communication. Jacques Séguéla, consultant chez
Havas, Raymond Loretan, président de la SSR, Ar-naud
Grobet, de chez Emakina et François Besen-çon,
président de Publicité Suisse, ont débattu hier
des enjeux et des perspectives de la communica-tion.
Pour Jacques Séguéla, la télévision ne sera pas
tuée par le net. «Seule la télévision peut représen-ter
l’ADN des marques.» Cependant, les habitu-des
de consommation du support audiovisuel évo-luent.
«Du côté de la SSR, nous devons nous adap-ter
à cette révolution, expliquait Raymond Lore-tan.
Nous ne pouvons pas faire de la publicité sur
le web, mon rôle en tant que président de la SSR
est de négocier avec la presse écrite pour que nous
nous partagions ce marché.» Du côté des entrepri-ses,
ce qui complexifie les relations avec le client,
c’est selon Arnaud Grobet l’absence de points de
contact. «Le net a profondément modifié le rapport
entre les marques et les consommateurs.»
La Suisse, un luxe de tradition? C’était le thème
d’une conférence donnée à l’occasion du salon
Communica mercredi par Antoine Hubert, admi-nistrateur
délégué d’Aevis, Jean-Marc Jacot, CEO
de Parmigiani et Franck Belaich, CEO de Sophas.
«Nous cherchons à mettre en valeur la jeunesse de
notre marque», a assuré de son côté Jean-Marc Ja-cot.
L’ancienneté est-il un gage de luxe? Selon
Franck Belaich, la notion du luxe en Suisse est très
particulière. L’ancienneté prime sur la créativité.
Même s’il reconnaît qu’il y a eu d’importants ef-forts.
Jean-Marc Jacot a rappelé qu’un nombre im-portant
de marques horlogères affichent leur date
de création, alors qu’elles n’ont jamais rien créé
pendant des décennies, voire des siècles. Du côté
du secteur de la santé, la communication est très
particulière parce que réglementée. «Nous nous
adressons avant tout aux médecins», a expliqué
Antoine Hubert. «Notre différence avec les hôpi-taux
publics se situent aussi dans le segment hô-telier,
car nous pouvons proposer des repas diffé-rents.
Mais ce n’est pas seulement ça. Nous avons
modifié certains codes. On peut dire que nous vou-lons
proposer des hôpitaux qui n’ont pas l’odeur
des hôpitaux.» (Grégoire Barbey)
L’exception horlogère intégrale
MONDAINE. La marque (Zurich-Soleure) a tout construit sur le monoproduit et continue d’enregistrer une croissance à deux chiffres.
STÉPHANE GACHET
Plus qu’une exception, c’est un
véritable pied-de-nez à l’horloge-rie
suisse haut de gamme tradi-tionnelle.
Les montres Mondaine
(siège à Zurich, 30 collaborateurs,
centre de production à Biberist,
Soleure, 80 collaborateurs) exclu-sivement
connue pour le modèle
CFF, profite d’une tendance po-sitive
dont le secteur peut tou-jours
rêver. André Bernheim (56
ans), président et copropriétaire
avec son frère aîné Ronnie, pro-jette
une croissance supérieure
à 10% cette année, après avoir en-registré
une progression de plus
de 20% en 2013. Tout à fait ines-péré
alors que l’industrie n’a affi-ché
sur les huit premiers mois de
l’année qu’un petit 2,7% (à l’ex-portation).
Mondaine contredit
aussi vertement la prédiction de
Hamdi Chatti, président des
montres Louis Vuitton, qui décla-rait
dans une interview au Temps
(édition de mardi) que plus au-cune
marque ne fait de croissance
à deux chiffres. Le seul autre chif-fre
que consent la direction de
Mondaine est un volume de près
de 500.000 montres produites en
Suisse (essentiellement quartz),
sous la marque maison et en pri-vate
label. Le chiffre d’affaires ne
peut être qu’estimé sur cette base,
sachant que le positionnement
s’étire de 180 à 870 francs, prix
publics.
La croissance n’est pas le seul do-maine
où Mondaine exprime son
exception. La marque a entière-ment
construit sa renommée sur
une culture monoproduit: la mon-tre
CFF, immanquable par son vi-sage
d’horloge de gare, déclinée
dans tous les formats, poignet, po-che,
table, mur. Une icône qui a sa
place dans les manuels de culture
suisse et dans les musées de des-ign
du monde entier. En soit, une
leçon de management de marque,
qui dure depuis 28 ans, l’accord
passé avec la régie nationale des
chemins de fer remontant à 1986
- Mondaine est plus ancienne,
créée par le père de Ronnie et An-dré
en 1967.
Cette focalisation extrême s’est
avérée payante. Mondaine est
maintenant distribuée dans une
quarantaine de pays, à travers une
distribution hybride tout à fait
inédite par la présence dans les
guichets CFF. Près de 70 au total,
qui constituent la première plate-forme
commerciale de la marque.
Suivis de Manor et d’un réseau
étoffé de boutiques à vocation tou-ristique,
dont les Swiss shops de
Dolmetsch et Casagrande, à Lu-cerne,
que complètent quelques
détaillants horlogers multimar-ques.
Logiquement, la Suisse reste
le premier débouché, suivi de près
par la Grande-Bretagne, qui pour-rait
même passer numéro un cette
année.
La performance, particulière-ment
fortes sur les dernières an-nées,
reflète avec exactitude les
vertus des segments d’entrée et
moyen de gamme que décrivent
inlassablement Nick Hayek
(Swatch Group) et François Thié-baud
(Tissot) et qui se vérifient
de mois en mois dans les statisti-ques
d’exportations: +7,8% (en
valeur) sur le segment 200-500
francs, prix export, en août,
contre +0.6% sur l’ensemble du
secteur. Selon André Bernheim,
c’est aussi le reflet de la taille du
groupe: «Nous sommes relative-ment
modeste, nous ne subissons
pas toutes les variations du mar-ché.
» La marque continue d’ail-leurs
de bien fonctionner en Asie
(Chine, mais aussi Japon, Taiwan,
Hong Kong, Thaïlande) et aux
Etats-Unis.
Si l’on parle de Mondaine au-jourd’hui,
ce n’est pourtant pas
pour la stabilité du modèle. La di-rection
a tenu hier à Zurich une
conférence de presse à caractère
«historique». Une brèche vient de
s’ouvrir avec le lancement d’un
second modèle, la Mondaine Hel-vetica.
A nouveau une montre
concept, qui décline l’un des
monstres les plus omniprésents
mais les plus discrets aussi de la
culture nationale: la typographie
Helvetica. Cela fait des années
que l’envie chauffait les frères
Bernheim. André explique que
le point de fusion a été atteint en
2010, quelque temps après la re-lance
des montres Luminox, dont
la fratrie a repris 50% (l’autre moi-tié
étant toujours en mains du co-créateur,
aux Etats-Unis) en 2006,
à titre privé. La reconstruction
complète d’une marque. L’ivresse
du déploiement aux Etats-Unis
(premier débouché de Luminox).
Et l’étincelle finalement qui vien-dra
de la distribution de Mon-daine
en Asie: «Le marché nous
fait confiance. L’accueil est bon,
bonne collection, bons prix. Mais
nous n’avions qu’un seul visage...»
Il fallait un concept de caractère:
suisse, historique, neutre. Un ca-ractère
d’imprimerie mis au point
à Bâle en 1957 finira par s’im-poser,
logique, naturel, universel.
L’Helvetica ne polarise pas.
L’Helvetica est partout. Impossi-ble
d’y échapper, des instructions
de lavage des chaussettes au mé-tro
new-yorkais, le monde s’écrit
en Helvetica. Mondaine le décli-nera
en montres, light, regular et
bold, sur le même mode long
terme que la maison a tenu
jusqu’à présent.
Que sait-on encore de Mondaine?
C’est le premier pilier des activi-tés
des frères Bernheim, parallè-lement
aux montres M-Watch
(entrée de gamme lancée trois se-maines
avant la Swatch, en 1983,
et source d’un litige avec Migros
depuis plus de quatre ans, actuel-lement
au Tribunal de commerce
de Zurich) et à l’activité private la-bel
(dont Luminox et Givenchy)
sous pavillon swiss made. Avec
deux autres partenaires, ils déve-loppent
aussi Marlox Group, avec
siège international à Hong Kong,
dédié à la gestion de licences hor-logères
(Esprit, Puma, Givenchy,
Joop) principalement produites
en Asie. Marlox vient de faire l’ac-quisition
de la marque Pierre Car-din
pour les montres et les bijoux.
Comme pour parachever leur sin-gularité
au sein de l’industrie hor-logère,
André et Ronnie Bern-heim
se sont aussi illustrés en
défendant le statu quo contre le
renforcement du swiss made et
ils confirment toujours leur op-position
é l’ordonnance sur le
Swissness. Avec des arguments
commerciaux et industriels qui
soulignent selon eux les immen-ses
paradoxes du projet: «Le ren-forcement
revient à renforcer la
pression sur les segments infé-rieurs,
une erreur qui pourrait
avoir des effets très néfastes. L’in-dustrie
profite déjà d’une image
excellente et le bénéfice des nou-veaux
critères sont inexistants
pour le consommateur. La Suisse
enfin ne possède pas les capacités
supplémentaires que la révision
exige.»!
Le caractère défensif
spécialement recherché
SWISSCOM. L’action
a progressé de près de 3%
lors des quatre dernières
semaines contrairement
au marché.
PHILIPPE REY
L’action Swisscom figure d’ores
et déjà parmi les gagnants des blue
chips en termes de performance
boursière pour 2014, avec un gain
proche de 16% depuis le début de
l’année. Sa progression s’élève à
environ 24% sur un an.
Depuis le début 2013, ce titre a
gagné plus de 35%. Cela confirme
le caractère défensif de ce groupe,
lequel rassure en période d’incer-titudes
boursières comme à pré-sent.
En outre, des rumeurs ont à
nouveau surgi tout récemment
sur la possibilité d’une cession de
Fastweb, tout en sachant que le
contexte boursier actuel est pro-pice
à la propagation de rumeurs.
Comme en 2007 par exemple.
Il est vrai que Swisscom fait
preuve d’une stabilité s’agissant
de ses résultats depuis 2009 si l’on
se réfère à une période de cinq ans.
Toutefois, on observe également
que Swisscom a accompli une
performance inférieure à celle du
marché sur cinq ans. L’action a en
effet stagné de 2004 à fin 2012 en-tre
300 et 450 francs avant de dé-coller
au début de l’année sui-vante.
Swisscom, qui publiera ses résul-tats
du troisième trimestre le 6 no-vembre
prochain et son rapport
intermédiaire de janvier à fin sep-tembre,
prévoit pour 2014 une
croissance modérée du chiffre
d’affaires, avec un bénéfice d’ex-ploitation
(EBITDA) plus élevé.
A savoir un EBITDA de plus de
4,4 milliards pour un chiffre d’af-faires
de 11,5 milliards. Certes,
Swisscom doit investir en 2014
environ 2,4 milliards de francs
(dont 1,75 milliard en Suisse)
pour l’extension de l’infrastruc-ture
réseau en Suisse et en Italie.
Les dépenses d’investissement
sont croissantes depuis 2009. Les
investissements du groupe ont
augmenté de 9,4% à 1,117 mil-liard
de francs au total lors du pre-mier
semestre. En Suisse, les in-vestissements
ont principalement
bénéficié à l’infrastructure à haut
débit.
Si les objectifs sont atteints, Swiss-com
proposera, selon toute vrai-semblance,
un dividende
22 francs par action lors de l’as-semblée
générale 2015. Le ratio
de distribution/bénéfice par ac-tion
(payout ratio) s’est situé à plus
de 60% lors des deux dernières an-nées.
La capitalisation boursière de
Swisscom dépasse 28 milliards de
francs, ce qui correspond à envi-ron
14 fois le cash-flow libre
moyen du groupe lors des cinq
dernières années et à 16x celui de
2013. Cela signifie que Swisscom
s’avère bien valorisé à son prix ac-tuel
par le marché et que le poten-tiel
de hausse supplémentaire est
du coup limité.
Swisscom doit compenser l’éro-sion
des prix dans les activités de
base par l’augmentation du nom-bre
de clients et des volumes ainsi
que des nouveaux services et des
acquisitions ciblées. Lors des der-niers
mois, Swisscom a donné
d’importants signaux sur le mar-ché
grâce à de nombreuses inno-vations,
notamment en lançant
Swisscom TV 2.0, le service
Cloud Docsafe et LTE Advanced.
Cette évolution favorable des af-faires
a, du reste, amené Swisscom
à relever ses prévisions concer-nant
l’EBITDA pour 2014.!
URS SCHAEPPI. Une bonne année
2014 mais des investissements
élevés pour le CEO de Swisscom.
BLOOMBERG
LA MAISON A TOUJOURS
TENU UNE POSITION
UN PEU EN MARGE DE
L’INDUSTRIE HORLOGÈRE
TRADITIONNELLE.
ASSUMÉE
ET AVEC SUCCÈS.
6. PAGE 6 vendredi 10 octobre 2014 SUISSE
Nécessaire évolution réglementaire
BANQUES CENTRALES. Le vice-président de la Banque nationale s’est exprimé hier en Valais sur les enjeux de la politique monétaire.
JEAN-PIERRE DANTHINE*
Ces dernières années, les banques
centrales ont multiplié les mesu-res
pour contenir la crise finan-cière
et en atténuer les répercus-sions.
De plus, elles ont joué un
rôle majeur dans les efforts de ré-glementation
visant à empêcher
l’émergence de nouvelles crises.
Cette évolution a conduit bon
nombre d’observateurs à se poser
la question mise en exergue dans
le titre de mon exposé: les banques
centrales en font-elles trop? Ma
réponse – et vous n’en serez cer-tainement
pas surpris – tient en
un mot: «non». Les dispositifs mis
en place par les banques centrales
depuis le début de la crise finan-cière
en 2007 sont directement
liés à la gravité des événements.
Car premièrement, les mesures
conventionnelles que les banques
centrales ont prises – abaisser les
taux d’intérêt, fournir des liqui-dités
et intervenir en tant que prê-teur
ultime – étaient indispensa-bles
pour éviter l’effondrement
du système financier. Deuxième-ment,
le recours subséquent aux
diverses mesures non convention-nelles
représentait un acte respon-sable
pour contrer la faiblesse de
la reprise en l’absence d’autres so-lutions.
Enfin, troisièmement, les
banques centrales doivent réin-terpréter
leur mandat en matière
de stabilité financière, de sorte à
jouer un rôle plus actif dans la pré-vention
afin de pouvoir réduire
leurs efforts dans la gestion des
prochaines crises. (...)
Ayant ramené les taux d’intérêt
nominaux à court terme à un ni-veau
proche de zéro, les banques
centrales ont atteint la limite na-turelle
au-delà de laquelle la po-litique
monétaire conventionnelle
n’a plus d’effet. Leurs actions ré-solues,
associées aux mesures bud-gétaires
prises par les gouverne-ments,
ont réussi à interrompre la
chute libre; cependant, les écono-mies
demeuraient fragiles, les
taux de chômage, élevés, et la re-prise,
atone. Il était indubitable-ment
nécessaire de faire un pas de
plus. Selon les théories économi-ques
classiques, la politique bud-gétaire
est le levier le plus efficace
pour soutenir l’économie lorsque
les taux directeurs sont proche de
zéro. Malheureusement, la majo-rité
des gouvernements jugeaient
qu’ils n’étaient pas en mesure d’al-ler
plus loin, pour diverses raisons.
Avant tout, beaucoup d’Etats
étaient entrés dans la crise avec un
fort endettement public; la crise
mettant leur budget sous pression,
ils étaient réticents à dépenser da-vantage.
Ainsi, même après avoir
épuisé leurs instruments moné-taires
conventionnels, les banques
centrales ont dû se rendre à l’évi-dence
qu’elles étaient les seules à
pouvoir soutenir la reprise écono-mique.
Comme bon nombre d’en-tre
elles avaient pour mission de
réagir face à une production infé-rieure
à son potentiel, elles se sont
tournées vers des mesures non
conventionnelles. (...)
La situation de la BNS est quant
à elle un peu particulière. En été
2011, la Suisse a connu une ap-préciation
excessive de sa mon-naie
en raison de la crise qui sévis-sait
alors dans la zone euro; cette
surévaluation s’est poursuivie
jusqu’à représenter une grave me-nace
pour la stabilité des prix.
Nous avons donc eu recours à dif-férents
instruments non conven-tionnels
afin d’accroître les liqui-dités
en francs et avons,
finalement, été contraints d’intro-duire
un cours plancher de 1 franc
20 pour 1 euro en septembre
2011. Sur cette toile de fond, je re-viens
à la question initiale: les ban-ques
centrales en font-elles trop
lorsqu’elles adoptent des mesures
LES BANQUES CENTRALES N’EN ONT PAS TROP FAIT.
ELLES ONT AFFRONTÉ LA CRISE ET ONT MIS EN PLACE
DE NOUVELLES MESURES RÉGLEMENTAIRES AFIN D’ÉVITER
D’AUTRES CRISES. ELLES ONT FAIT CE QUI ÉTAIT NÉCESSAIRE.
de politique monétaire non
conventionnelles? La réponse est
toujours «non», mais ce «non» est
moins catégorique que dans le cas
des mesures conventionnelles. (...)
D’une part, le fait d’être seules à
pouvoir agir face à la faible reprise
de même que les taux de chômage
élevés ont contraint de nombreu-ses
banques centrales à prendre
des mesures supplémentaires –
mesures qui étaient justifiées par
leur mandat. D’autre part, le ver-dict
final portant sur l’ensemble
des mesures non conventionnel-les
n’est pas encore tombé. Les
faits attestent certes que l’assou-plissement
quantitatif, par exem-ple,
a permis de réduire les taux
d’emprunt à long terme; mais ses
conséquences sur l’économie
réelle demeurent incertaines. En
outre, de telles mesures peuvent
provoquer des effets collatéraux
non négligeables: elles peuvent
inciter les acteurs des marchés fi-nanciers
à prendre des risques
supplémentaires et contribuer
ainsi à l’instabilité du système fi-nancier;
elles peuvent aussi se ré-percuter
sur d’autres régions – no-tamment
sur les marchés
émergents, où la quête de rende-ments
plus élevés stimule l’afflux
de capitaux et, partant, les prix des
actifs et les variations des cours de
change. Pour dresser le bilan final
des effets positifs et négatifs, nous
devrons donc attendre que toutes
les données soient disponibles,
c’est-à-dire en particulier que les
mesures non conventionnelles
soient définitivement abandon-nées.
L’efficacité du cours plan-cher
instauré par la BNS est plus
facile à évaluer: cette mesure a
joué un rôle décisif dans la lutte
contre le risque imminent de dé-veloppements
déflationnistes. Elle
peut donc être considérée comme
un succès. Au vu de la faiblesse de
l’environnement économique ac-tuel,
le cours plancher demeure,
aujourd’hui encore, l’instrument
central pour garantir un cadre
monétaire approprié et permettre
à la Banque nationale d’accomplir
son mandat dans le domaine de la
stabilité des prix. Les événements
qui ont suivi la faillite de Lehman
Brothers ont également souligné
à quel point il importe qu’une
banque centrale puisse réagir avec
flexibilité face à des circonstances
inattendues. (...) La crise a révélé
deux lacunes dans le dispositif ré-glementaire
en place. Comme les
banques centrales sont bien pla-cées
pour les combler, elles ont été
amenées à réinterpréter leur man-dat
en matière de stabilité finan-cière
et à se concentrer désormais
sur la prévention plutôt que sur
la gestion des crises. (...)
La première lacune était la
concentration sur la gestion des
crises. Avant 2007, on jugeait pré-férable
que les banques centrales
agissent avec détermination après
l’éclatement d’une crise, plutôt
qu’elles ne cherchent à prévenir
leur éclosion. Mais les coûts éle-vés,
en termes de bien-être social,
que la récente crise a provoqués
ont clairement montré la néces-sité
de redoubler les efforts de pré-vention.
Le dispositif réglemen-taire
avait pour second défaut de
ne pas tenir compte d’une dimen-sion
importante du risque. Du fait
qu’il se concentrait sur la préven-tion
de difficultés pouvant affec-ter
des établissements pris indivi-duellement
(réglementation
microprudentielle), il ne parve-nait
pas à appréhender l’accumu-lation
de risques à l’échelle du sys-tème
financier. Or le risque
systémique peut provenir de deux
sources. Premièrement, il peut
émaner d’établissements finan-ciers
dont la faillite menacerait la
stabilité du système financier dans
son ensemble, que ce soit en rai-son
de leur taille (par exemple
UBS ou AIG), ou de leurs nom-breuses
interdépendances (pen-sez
à Lehmann Brothers ou à Bear
Stearns). La défaillance de Leh-mann
Brothers a montré à quel
point le problème est réel. Deuxiè-mement,
le risque systémique
peut provenir d’entreprises finan-cières
plus petites, dont l’interac-tion
procyclique amplifie les brus-ques
mouvements d’expansion et
de contraction sur les marchés fi-nanciers.
Pour faire directement
face au risque systémique, il faut
disposer d’une série d’instruments
dits macroprudentiels; ces instru-ments,
qui ont pour la première
fois fait l’objet de discussions il y
a plus de dix ans, se répartissent
en deux grandes catégories: la pre-mière
regroupe les instruments
destinés à renforcer les établisse-ments
qui sont d’importance sys-témique
du fait de leur taille ou
de leurs interdépendances; la lé-gislation
suisse too big to fail en
fournit un bon exemple. La se-conde
catégorie comprend les ins-truments
qui ont pour but d’amé-liorer
la résilience du système
financier et d’influer sur le com-portement
collectif des établis-sements
financiers afin qu’il soit
moins procyclique. (...)
L’histoire est source d’enseigne-ments,
et les banques centrales ont
beaucoup à apprendre des épiso-des
critiques. A ce titre, la crise ré-cente
représente une occasion ex-ceptionnelle.
Les banques
centrales ont géré activement la
crise en recourant à des instru-ments
conventionnels et non
conventionnels. Leurs efforts ont
largement contribué à éviter l’ef-fondrement
du système financier
au tout début de la crise, puis à li-miter
les dommages économiques
consécutifs. Le recours à ces me-sures
n’aurait pas été possible si les
banques centrales, y compris la
BNS, n’avaient pas été à même
d’agir avec flexibilité face à ces cir-constances
exceptionnelles. Sou-venons-
nous en lorsque nous de-vrons
voter sur une initiative
restreignant drastiquement la
marge de manoeuvre de la Banque
nationale. Mais la crise a généré
– et génère encore – des coûts so-ciaux
considérables. Les banques
centrales doivent surtout en tirer
une leçon: elles sont appelées à ré-interpréter
leur mandat dans le do-maine
de la stabilité financière, en
mettant moins l’accent sur la ges-tion
des crises et davantage sur leur
prévention. Pour ce faire, elles doi-vent
contrer directement et effi-cacement
le risque systémique. El-les
sont idéalement placées pour y
parvenir. Si nous réussissons dans
cette voie, les besoins d’interven-tion
dans la gestion des crises di-minueront
d’autant. En d’autres
termes, les banques centrales doi-vent
redoubler d’efforts sur un
front pour se permettre d’être
moins actives sur l’autre. Je conclu-rai
en reformulant la réponse que
j’ai donnée au tout début de mon
exposé: en affrontant la crise et en
mettant en place de nouvelles me-sures
réglementaires afin d’éviter
d’autres crises, les banques centra-les
n’en ont pas trop fait; elles ont
fait ce qui était nécessaire et conti-nuent
de le faire.
* Extraits de l’alloculation du vice-président
de la BNS lors du rendez-vous
économique de la Foire du Va-lais
hier.
Arguments contre l’initiative sur l’or
(...) Le 30 novembre, une initiative sera soumise au
vote populaire qui, si elle était acceptée, restreindrait
considérablement la capacité d’action de la BNS et
l’empêcherait de réagir lors de la prochaine crise
comme elle a pu le faire lors de la crise récente. Je
veux parler de l’initiative sur l’or («Sauvez l’or de
la Suisse», de son titre complet). Permettez-moi ici
de faire une brève digression pour expliquer les rai-sons
pour lesquelles la BNS s’oppose à cette initia-tive.
L’initiative pose trois exigences: premièrement,
que la BNS détienne au moins 20% de ses actifs sous
forme d’or; deuxièmement, que ses réserves d’or
soient inaliénables; et, troisièmement, que la tota-lité
de ses réserves d’or soit stockée en Suisse. Je com-mencerai
par le dernier point. Aujourd’hui, 70% de
nos réserves d’or sont stockées en Suisse, 20% sont
entreposées auprès de la Banque d’Angleterre et
10%, auprès de la Banque du Canada. Comme vous
le savez, les réserves d’or d’un pays ont traditionnel-lement
la fonction d’actifs ne devant servir qu’en
cas d’urgence. C’est pourquoi il est pertinent non
seulement de diversifier les lieux de stockage, mais
aussi de choisir un emplacement où l’or est négocié,
pour qu’il puisse être vendu plus rapidement et à
des coûts de transaction moindres. Tant le Royaume-
Uni que le Canada répondent à ce critère. De plus,
ces deux pays bénéficient d’un système juridique
solide et fiable. Notre or y est en mains sûres. Quant
à l’exigence de l’initiative selon laquelle nous de-vrions
détenir au moins 20% de nos actifs sous forme
d’or, son acceptation entraverait fortement la
conduite de la politique monétaire. En effet, les opé-rations
de politique monétaire ont une incidence di-recte
sur notre bilan. Des prescriptions sur la com-position
de ce dernier restreindraient donc notre
marge de manoeuvre dans le domaine de la politi-que
monétaire. A ce sujet, notre décision d’instau-rer
un cours plancher vis-à-vis de l’euro, que j’ai men-tionné
plus tôt, est un exemple parlant: si la
restriction légale de l’initiative avait été en vigueur
lorsque nous défendions le cours plancher, nous au-rions
été contraints d’acheter non seulement des eu-ros,
mais aussi de l’or en grandes quantités. La dé-fense
du cours plancher aurait ainsi entraîné des
coûts très élevés qui auraient vraisemblablement
amené les marchés des changes à douter de notre
détermination à le faire prévaloir par tous les
moyens. Des conséquences encore plus décisives dé-couleraient
de l’interdiction de vendre de l’or. L’aug-mentation
du stock d’or serait irréversible, quelles
que soient les exigences de politique monétaire.
Jointe à l’obligation de détenir au moins 20% des ac-tifs
sous forme d’or, l’interdiction de vente pour-rait
peu à peu obliger la BNS à détenir la grande ma-jorité
de ses actifs en or: toute extension du bilan
pour des raisons de politique monétaire entraîne-rait
des achats d’or, mais lorsque le bilan pourrait à
nouveau être réduit, nous n’aurions pas le droit de
revendre même une partie de cet or. Ces disposi-tions
restreindraient ainsi dangereusement notre ca-pacité
d’action. De plus, l’or n’offrant ni intérêts ni
dividendes, la BNS serait moins à même de géné-rer
un bénéfice et de le distribuer à la Confédéra-tion
et aux cantons. Enfin, il convient de souligner
que des actifs inaliénables ne peuvent véritablement
être considérés comme des réserves. Il est aberrant
d’exiger, d’une part, une augmentation des réserves
d’urgence – en l’occurrence, des stocks d’or – et, d’au-tre
part, d’interdire leur utilisation, même dans des
situations d’urgence. En substance, la BNS rejette
l’initiative sur l’or principalement parce que celle-ci
menace la bonne conduite de la politique moné-taire.
Son acceptation entraverait gravement la ca-pacité
de la BNS à remplir son mandat
constitutionnel et légal, soit à conduire la politique
monétaire dans l’intérêt général du pays et à assu-rer
la stabilité des prix en tenant compte de l’évo-lution
de la conjoncture. (JPD)
TRAJECTOIRES
UBS: Kevin Lecocq
nommé Global Head
of Products
UBS a procédé à divers change-ments
aux étages de direction du
secteur Global Asset Manage-ment
(Global AM). Kevin Lecocq
prendra au 1er novembre le poste
de Global Head of Products, basé
à Zurich, et deviendra simultané-ment
membre du Global AM
Executive Committee. M. Lecocq
s’appuie sur 20 ans d’expérience
et vient de la Deutsche Bank, où
il était récemment Global Chief
Investment Officer de Deutsche
Bank Private Wealth Manage-ment,
selon un mémo interne du
CEO Global AM, Ulrich Körner.
Contactée par AWP, une porte-parole
d’UBS a confirmé l’exis-tence
de ce mémo. Par ailleurs,
Andreas Schlatter devient Global
Head of Distribution. Il a travaillé
depuis de nombreuses années
pour l’Asset Management de la
grande banque et est déjà mem-bre
du Global AM Executive
Committee.
UBP: recrutement au sein
de l’équipe obligations
marchés émergents
Union Bancaire Privée (UBP) an-nonce
l’engagement de Karine Je-siolowski
en qualité de spécialiste
de l’investissement senior au sein
de l’équipe Obligations marchés
émergents, composée de sept pro-fessionnels
dirigée par Denis Gi-rault.
Karine Jesiolowski bénéfi-cie
de plus de vingt ans
d’expérience dans la gestion de
fonds. Elle travaillait, depuis
2003, en tant qu’Analyste chez
BNP Paribas Fortis/Fortis Invest-ments
- Asset Management.
NORDEA: équipe
renforcée à Genève
Nordea Asset Management étoffe
son équipe commerciale de Ge-nève.
Depuis début septembre,
Nicola Bianchi assume la fonc-tion
de Sales director et s’occupe
des investisseurs professionnels
en Suisse romande et au Tessin.
Depuis les bureaux de Genève,
Nicola Bianchi mettra en ouvre
la stratégie de Nordea Asset Ma-nagement
et consolidera les rela-tions
avec les clients wholesale
et les investisseurs institutionnels
en Suisse romande et au Tessin.
Avant de rejoindre Nordea As-set
Management au moisde sep-tembre,
Nicola Bianchi a dirigé
pendant 19 ans l’équipe commer-ciale
de J.P. Morgan Asset Mana-gement
pour la Suisse romande
et le Tessin. Il avait débuté sa car-rière
professionnelle au sein de
l’ancienne Banque Populaire
Suisse. Nordea Asset Manage-ment
gérant 160 milliards d’eu-ros,
fait partie du groupe Nordea,
le plus grand groupe financier du
Nord de l’Europe, avec 248 mil-liards
d’euros d’actifs sous gestion.
CROSS: nouvelle
responsable marketing
Frédérique Richard a rejoint
Cross le 11 août dernier au poste
de responsable marketing&com-munication.
Elle sera en charge
de promouvoir l’orientation stra-tégique
de la société et d’appor-ter
son soutien aux équipes inter-nes.
Implantée à Genève, Cross
est une société de conseil et d’in-génierie
spécialisée dans les do-maines
de la transformation digi-tale,
du pilotage de la
performance et de la gouvernance
des données.