SlideShare una empresa de Scribd logo
1 de 143
Descargar para leer sin conexión
CONCENTRATION & POUVOIR DE MARCHE
LA TELEVISION PAR CABLE
AUX ETATS-UNIS
DEA 129 Economie Industrielle
Université de Paris IX Dauphine
Mémoire présenté en septembre 1993 par
Jérôme PERANI
sous la direction du Professeur
Laurent BENZONI
Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications
Edition du 1er
décembre 2004
TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : LA TELEVISION PAR CABLE AUX ETATS-UNIS :
PROBLEMES STRUCTURELS ET CADRE REGLEMENTAIRE .......................... 4
Introduction........................................................................................................... 5
I - L'analyse structurelle de la télévision par câble aux Etats-Unis en
1991 ....................................................................................................................... 6
1. Le secteur des câblo-opérateurs : monopole local et concentration
horizontale.......................................................................................................... 8
2. Les produits de substitution : faiblesse de la concurrence inter-produits ....... 14
3. Les entrants potentiels : barrières à l'entrée réglementaires très fortes ......... 21
4. Les fournisseurs : les câblo-opérateurs en situation de monopsone.............. 25
5. Les clients : les câblo-opérateurs en situation de monopole .......................... 35
6. Conclusion : importance du pouvoir de marché des câblo-opérateurs........... 40
II - Les mesures réglementaires nécessaires à la diminution du pouvoir
de marché des câblo-opérateurs ........................................................................ 42
1. Les mesures visant à promouvoir la concurrence entre les câblo-
opérateurs .......................................................................................................... 44
2. Les mesures visant à améliorer la concurrence des produits de
substitution ......................................................................................................... 46
3. Les mesures visant à permettre les entrées potentielles................................ 49
4. Les mesures visant à diminuer le pouvoir de monopsone des câblo-
opérateurs vis-à-vis des fournisseurs de programmes....................................... 53
5. Les mesures visant à diminuer le pouvoir de monopole des câblo-
opérateurs vis-à-vis des abonnés....................................................................... 55
Conclusion............................................................................................................ 57
DEUXIEME PARTIE : LES MESURES DE LA CONCENTRATION ET DU
POUVOIR DE MARCHE ........................................................................................ 59
Introduction........................................................................................................... 60
I - Les diverses mesures de la concentration .................................................... 61
1. Délimitation d'un cadre d'analyse ................................................................... 62
2. Propriétés des mesures de la concentration .................................................. 68
3. Les indices absolus de concentration............................................................. 70
4. Les indices relatifs de concentration ou indices d'inégalité ............................ 79
Edition du 1er
décembre 2004
TABLE DES MATIERES
5. Limites des indices de concentration et choix d'un indice .............................. 82
II - Les mesures du pouvoir de marché .............................................................. 84
1. Les taux de profit............................................................................................ 85
2. L'indice de Lerner (price-cost margin) ............................................................ 87
3. Le q de Tobin ................................................................................................. 89
III - Relation structure-performance.................................................................... 94
1. Vue structuraliste vs vue efficiente................................................................. 95
2. Mesures du pouvoir de marché et mesures de la concentration .................... 98
Conclusion............................................................................................................ 10202
TROISIEME PARTIE : EVALUATION DE LA CONCENTRATION ET DU
POUVOIR DE MARCHE DES CABLO-OPERATEURS AMERICAINS................. 103
Introduction........................................................................................................... 104
I - Mesure de la concentration des câblo-opérateurs américains .................... 105
1. Les données utilisées..................................................................................... 106
2. Calcul des indices de concentration ............................................................... 108
3. Conclusion...................................................................................................... 116
II - Mesure du pouvoir de marché des câblo-opérateurs américains............... 117
1. Le calcul du q de Tobin par MacAvoy pour les opérateurs du câble .............. 118
2. Les résultats de MacAvoy .............................................................................. 120
3. Critiques et commentaires.............................................................................. 122
Conclusion............................................................................................................ 125
CONCLUSION GENERALE................................................................................... 126
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................... 129
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES .......................................................... 135
ANNEXES .............................................................................................................. 137
Edition du 1er
décembre 2004
INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION GENERALE
L'Economie Industrielle est basée sur le triptyque originel structure-comportement-performance
(S-C-P) proposé par Scherer en 19701. Dans ce triptyque auquel on peut ajouter les conditions de
base, la structure d'un secteur ou d'un marché influence les comportements des acteurs qui agissent
sur les performances des entreprises; en d'autres termes la structure détermine la performance
par l'intermédiaire du comportement de ces entreprises. On a depuis rajouté des feedbacks entre
conditions de base, structure, comportement et performance car les relations entre ces quatre
composantes ne seraient pas simplement univoques. La structure de marché est
traditionnellement assimilée à la concentration de celui-ci. Le nombre d'acteurs, leurs tailles, les
différences entre celles-ci sont des données qui caractérisent cette concentration. La performance
est souvent considérée comme le profit ou la rentabilité des entreprises, mais plus généralement la
performance consiste dans le pouvoir de marché qu'exercent les entreprises ou un secteur pour
générer du profit ou de la rentabilité. Pour vérifier l'hypothèse de causalité entre structure et
performance du triptyque de Scherer, de nombreux économistes, à la suite des travaux de Bain, ont
tenté d'effectuer des régressions performance = f (structure). Cette hypothèse que la concentration va
de paire avec la rentabilité, que les marchés ou secteurs qui disposent des structures les plus
concentrées jouissent de taux de profit supérieurs est à l'origine de la politique anti-trust américaine
qui combat les industries les plus concentrées, celles-ci étant censées posséder des taux de
rentabilité plus élevés que les autres industries.
Il faut donc se demander comment la structure agit sur la performance, comment la
concentration agit sur le pouvoir de marché et quelle est l'influence en retour de la performance sur la
concentration. La concentration affecte principalement l'écart entre les prix et les coûts. En effet,
en concurrence pure et parfaite, les décisions des acteurs en matière de quantité n'affectent
absolument pas le prix car celui-ci est exogène aux entreprises. D'autre part, en situation de
concentration suprême, c'est-à-dire dans le cas d'un monopole, la quantité produite détermine
directement le prix auquel cette quantité va être vendue, prix qui est le prix de monopole. Par
conséquent, dans le cas d'une structure concentrée non monopolistique, on se situe, avec un nombre
d'acteurs compris entre l'unité et l'infini, quelque part entre ces deux situations. Les entreprises ont
une capacité limitée mais réelle d'agir sur les prix alors qu'en concurrence pure et parfaite elles n'en
ont aucun et qu'en situation monopolistique, c'est le monopoleur qui détermine le prix. La
concentration devient source d'une imperfection de marché. Dans une approche théorique où la
structure détermine la performance, cette imperfection de marché génère alors une certain pouvoir
d'agir sur les prix et entraîne parmi les acteurs la distribution d'un pouvoir économique.
1 cf. SCHERER F.M., Industrial market structure and economic peformance, première édition, Boston, Houghton Mifflin, 1970
-1-
INTRODUCTION GENERALE
Ce pouvoir économique est défini par Morvan comme la
"capacité de prendre une décision de façon indépendante et même de changer à son
avantage les conditions d'existence du marché des biens et des facteurs."2
Il vient alors que l'analyse de la structure d'un secteur ou d'un marché et de sa concentration revient à
étudier la distribution du pouvoir économique entre les entreprises du secteur ou du marché, de
quantifier son importance et sa répartition. On est alors dans une approche théorique où la
concentration influe directement sur la performance et le pouvoir de marché, en particulier celui d'agir
sur les prix. Cette approche dite "structuraliste" où la structure détermine la performance
s'oppose à celle dite "efficiente" où la concentration peut provenir de certaines sources
d'efficacité. Les industries les plus efficaces, selon certains critères, ont alors tendance à être plus
concentrées que d'autres. Ceci arrive en particulier dans des industries où il existe de fortes
économies d'échelle. Ces deux approches théoriques ont des répercussions notablement différentes
sur l'esprit des politiques anti-trust. Une politique anti-trust suivant l'approche structuraliste combattra
aveuglément les structures concentrées et les entreprises de grande taille alors qu'une politique
suivant l'approche efficiente prendra en compte les degrés d'efficacité incitatifs à la concentration.
L'appareil réglementaire américain, qui le premier a adopté des procédures anti-trust, se situe
assez dans le cadre de l'approche structuraliste. La politique anti-trust dépend du ministère de la
Justice (Department of Justice) qui s'attache à mesurer la concentration des secteurs et qui applique
les mêmes seuils d'intervention à toute industrie. La performance et le pouvoir de marché, dépendent
eux, de la surveillance des agences et commissions fédérales. Les autorités réglementaires
américaines s'attachent donc à analyser dans des instances différentes la structure et la
performance des industries, leur concentration et leur pouvoir de marché. Elles disposent donc
d'outils de surveillance et d'instruments de mesure de la concentration et du pouvoir de marché pour
pouvoir agir sur les conditions de développement d'une industrie. En fonction de cette surveillance de
la structure et de la performance, quand les commissions fédérales estiment que les acteurs d'un
secteur ont trop de liberté et jouissent d'un pouvoir de marché néfaste pour les consommateurs,
quand les autorités anti-trust constatent que leurs seuils d'intervention sont atteints, des nouveaux
cadres réglementaires, sont élaborés, sous formes de lois votées au Congrès ou de décisions
judiciaires, pour diminuer un pouvoir de marché trop élevé ou faire baisser une concentration trop
importante.
L'une des agences fédérales de réglementation, la Federal Communications Commission
(FCC) qui couvre toutes les industries de communications, connaît un important travail
réglementaire depuis une vingtaine d'années en ce qui concerne la télévision par câble. Après
qu'elle ait instauré de nombreuses mesures d'encadrement de cette industrie au cours des années
soixante et soixante-dix, il est devenu indispensable d'adopter au Congrès un cadre réglementaire
clair et précis en 1984 (Cable Communications Policy Act of 1984). Cette loi a causé une profonde
déréglementation du secteur et laissé une grande liberté aux acteurs du câble. A peine après avoir
été instauré, ce Cable Act est devenu la proie de vives critiques et a contraint la FCC à envisager une
nouvelle loi de réglementation. Huit ans après la déréglementation, un nouveau cadre réglementaire a
été voté en 1992 et manifeste une tendance que certains appellent la "re-réglementation" (Cable
Television Consumer Protection and Competition Act of 1992).
Cette nouvelle réglementation vise à diminuer le pouvoir de marché de la télévision par
câble qui est devenue le média dominant aux Etats-Unis. Pour établir ce Cable Act de 1992, la
FCC a analysé l'évolution de la performance et du pouvoir de marché des opérateurs du câble ou
câblo-opérateurs suite à la déréglementation de 1984. Elle en a déduit que ces entreprises
disposaient d'un important pouvoir de marché aux sources multiples et qu'elles étaient en situation de
rapport de force avantageux face aux autres acteurs auxquelles elles font face : les consommateurs,
c'est-à-dire les abonnés, les fournisseurs de programmes, c'est-à-dire les chaînes câblées, les
produits de substitution comme la télévision hertzienne et la télévision par satellite, les entrants
2 cf. [MORVAN 1972] p.23
-2-
INTRODUCTION GENERALE
potentiel. La structure du secteur laisse apparaître une tendance à la concentration qui ne déclenche
pas encore les foudres du ministère de la Justice. Il semble donc que de nombreux problèmes
structurels existent dans l'industrie de la télévision par câble, que ces problèmes affectent la
structure et la performance du secteur et qu'ils soient suffisamment importants pour que le
Congrès américain adopte une nouveau cadre réglementaire, huit ans seulement après le dernier.
L'objectif de ce mémoire est d'entreprendre une analyse chiffrée de la structure et de la
performance du secteur des câblo-opérateurs américains entre les deux cadres réglementaires
de 1984 et de 1992 afin d'évaluer les conséquences de la réglementation américaine. Nous
évaluerons donc la concentration et le pouvoir de marché de l'industrie du câble grâce aux
instruments de mesure adéquats. Pour atteindre un tel objectif, nous organisons ce mémoire en trois
grandes parties :
- dans une première partie, nous nous livrerons à une analyse économique et
structurelle de la télévision par câble aux Etats-Unis avant l'adoption de la nouvelle loi
réglementaire de 1992. Il s'agira de mettre à jour les problèmes structurels qui animent cette industrie
en 1991 et les différentes sources qui confèrent du pouvoir de marché aux opérateurs du câble. Ceci
sera réalisé en se basant sur le modèle d'analyse sectorielle de Porter3 en analysant les cinq forces
de la concurrence que sont la concurrence interne au secteur des exploitants du câble, le pouvoir de
négociation des clients, celui des fournisseurs, la menace exercée par les entrants potentiels et les
produits de substitution. Puis, nous exposerons les mesures réglementaires à prendre ou prises
par le Cable Act de 1992 pour résoudre les problèmes structurels de la télévision par câble et
diminuer le pouvoir de marché des câblo-opérateurs.
- dans une deuxième partie, nous présenterons les instruments théoriques de mesure de
la structure et de la performance qui sont proposés par la littérature économique et qui sont à
la disposition des autorités réglementaires. Nous montrerons les principaux indices de
concentration qui se repartissent en trois grandes classes (indices semi-absolus, indices absolus et
indices relatifs) correspondant à trois aspects de la concentration (caractère oligopolistique,
concentration absolue, concentration relative ou inégalité), leurs formules, leurs propriétés, leurs
avantages et leurs inconvénients. Nous agirons de même quand nous exposerons les trois mesures
majeures du pouvoir de marché que sont les taux de profits comptables, l'indice de Lerner ou price-
cost margin et le q de Tobin. Nous essaierons de voir si il existe un indice de concentration et une
mesure du pouvoir de marché supérieurs aux autres.
- dans troisième partie, nous appliquerons les outils d'évaluation de la structure et de la
performance présentés dans la deuxième partie, au cas de la télévision par câble aux Etats-
Unis. Nous calculerons donc la concentration du secteur des câblo-opérateurs américains à l'aide des
indices de concentration, le pouvoir de marché de cette industrie avec les mesures existantes du
pouvoir de marché sur des données couvrant la période 1984-1992. Nous essaierons de quantifier
et de dégager les tendances de la concentration et du pouvoir de marché des exploitants de
réseaux de télédistribution entre la déréglementation de 1984 et la "re-réglementation" de 1992 afin
d'observer les portées réelles des cadres réglementaires sur la structure et la performance du
secteur.
3 cf. PORTER M.E., Choix stratégiques et concurrence, Paris, Economica, 1990
-3-
PREMIERE PARTIE
PREMIERE PARTIE
LA TELEVISION PAR CABLE AUX ETATS-UNIS
PROBLEMES STRUCTURELS
ET CADRE REGLEMENTAIRE
-4-
INTRODUCTION
Introduction
La télévision par câble : média dominant aux Etats-Unis
La télévision par câble est née aux Etats-Unis en 1947. L'anecdote veut qu'un vendeur
d'électro-ménager, John Watson, ait relié son magasin de Mahoney City (Pennsylvanie) à une
antenne installée par ses soins sur un sommet proche des Appalaches et ait proposé les chaînes
recues à 727 abonnés4. Les réseaux câblés furent considérés jusqu'en 1970 comme des systèmes
de réception communautaires permettant de capter les signaux hertziens où leur réception était de
mauvaise qualité, l'industrie du câble dénommée sous le terme de Community Antenna Television
(CATV) est alors perçue comme une activité auxiliaire de la télévision hertzienne.
En ce début des années 90, la télévision par câble est devenue le média dominant aux
Etats-Unis. La quasi-totalité des foyers américains ont la possibilité de s'abonner, le taux de
raccordement étant de 93.9%5. En 1991, 55.79 millions de foyers sont abonnés au service de base du
câble6, soit un taux de pénétration de près de 60% et on dénombre 10704 réseaux7 contre 640 en
1960, 2490 en 1970, 4225 en 19808. Cette forte croissance qui se déroule sur quarante ans a en fait
démarré à partir de 1970 pour s'accélerer au cours des années 80 (cf. Graphique 0).
Graphique 0 : Croissance de la télévision par câble
en nombre d'abonnés et taux de pénétration entre 1952 et 1990
0
10
20
30
40
50
60
abonnés en millions et
pénétration en %
service optionnel
taux de pénétration
du service de base
service de base
source : [SIMON 1991] p.321
4 cf. [SIMON 1991] p.279
5 cité par [MARIET 1992] p.137
6 d'après NCTA, cité par [COUSTEL 1992] p.11. En 1992, 92.74 millions de foyers étaient raccordés (d'après NCTA).
7 d'après Warren Publishing Inc., cité par [NCTA 1992]
8 cité par [SIMON 1991] p.321
-5-
INTRODUCTION
L'industrie du câble qui emploie en 1991 102656 personnes9 génère maintenant un
chiffre d'affaires de plus de 22 milliards de dollars. Ceci représente plus du double du chiffre
d'affaires des networks estimé à 10.2 milliards de dollars en 199010, alors qu'en 1975 ce-dernier
était cinq fois plus important que celui du câble. Les sources des revenus de la télévision par câble
proviennent des abonnements des téléspectateurs au service de base où un ensemble de chaînes
est proposé, au service optionnel où les chaînes sont individuellement payantes, des recettes
publicitaires des annonceurs locaux et nationaux, des recettes du service pay-per-view où la vente
des programmes se fait à la carte, de la location de décodeurs, de télécommandes et de la vente des
journaux annonçant les programmes du câble. Le tableau ci-dessous montre l'évolution des différents
revenus de l'industrie du câble.
Tableau 0 : Evolution du chiffre d'affaires
de l'industrie du câble entre 1976 et 2000
millions de
dollars 1976 1980 1984 1988 1991 1995 2000
revenus du
service de
base
851 1615 3545 7343 11696 16730 24000
revenus du
service
optionnel
65 765 3370 4491 5287 5130 5110
revenus
publicitaires
0 50 487 1154 2116 1370 2400
autres revenus 17 169 859 1749 3056 3070 6640
chiffre
d'affaires total
du câble
933 2599 8261 14737 22155 26300 38150
source : NCTA, Cable Television Developments,
Mai 1989 et Mai 1992, cité par [COUSTEL 1992]
p.11, pour 1995 et 2000 estimation de Paul Kagan
Associates
La réglementation de la télévision par câble
La télévision par câble entretient des relations mouvementées avec l'appareil réglementaire
américain. En effet, on distingue plusieurs phases qui alterne entre cadre réglementaire
contraignant pour le développement du câble et non-réglementation ou déréglementation. De
1947 à 1959, la télévision par câble alors, dans une période où elle se situe plus proche de l'artisanat
que de l'industrie, n'est pas réglementée par l'appareil réglementaire américain, en particulier par la
Federal Communications Commission (FCC), agence fédérale qui a en charge la surveillance des
secteurs des télécommunications et de l'audiovisuel.
Entre 1959 et 1972 succède une phase de montée vers la réglementation du secteur du
câble. Pour protéger les intérêts des télévisions hertziennes qui considèrent le câble comme un
concurrent potentiel dangereux, notamment en distribuant des chaînes hertziennes éloignées du site
des réseaux, la FCC va accumuler les décisions encadrant le développement du secteur du câble, ce
qui aboutira à un ensemble de règles complet en 1972 intitulé Cable Television Decision.
9 d'après FCC, cité par [NCTA 1992]
10 d'après FCC, cité par [COUSTEL 1992] p.7
-6-
INTRODUCTION
Cependant, ces règles de 1972 vont peu à peu être relâchées sous la pression des lobbies des
acteurs du câble. Ceci va permettre de protéger l'industrie du câble de la puissance économique que
constitue à l'époque les télévisions hertziennes, en particulier les networks, et de démarrer une
véritable croissance. Cette croissance va être favorisée par une décision réglementaire ne concernant
pas a priori le secteur du câble mais qui avoir d'immense répercussions. En 1973, la FCC adopte des
mesures visant à libérer l'accès aux satellites de communications11, ce qui autorise de nombreuses
chaînes du câble à passer d'une couverture locale ou régionale à une couverture nationale par le
transport par satellite de leurs signaux vers les têtes de réseaux. La télévision par câble se dirige
donc depuis 1972 vers un assouplissement de son cadre réglementaire qui trouve son apogée
avec l'adoption en 1984 par le Congrès de la première loi sur le câble, Cable Communications
Policy Act of 1984, qui amende le Cable Communications Act de 1934.
Cette loi instaure une déréglementation majeure de la télévision par câble en retirant le pouvoir
aux autorités locales, qui accordent des concessions aux câblo-opérateurs, de contrôler les tarifs des
services câblés. Ces tarifs ne peuvent être réglementés selon la loi, que si les réseaux sont en
situation de concurrence effective. La définition que la loi retiendra du terme concurrence effective
entraînera dans les faits une déréglementation de la quasi-totalité des réseaux. Cette libération des
prix combinée avec les situations de monopole local que détiennent les opérateurs grâce aux
concessions va entraîner une hausse des prix pour les consommateurs à partir de 1985. La loi
va permettre de plus l'accélération de nombreux problèmes structurels affaiblissant la position des
acteurs environnant les câblo-opérateurs. Par conséquent, les acteurs réglementaires, que sont la
FCC et le Congrès, vont envisager rapidement un retour à une réglementation plus stricte pour
contenir la puissance émergente constituée par les câblo-opérateurs.
Ainsi, la période 1984-1992 se caractérise par un mouvement vers la réglementation qui
aboutit par l'adoption d'une nouvelle loi le 5 Octobre 1992 : Cable Television Consumer
Protection and Competition Act of 1992. Cette loi, adoptée à la majorité des 2/3 par le Congrès et
échappant donc ainsi au veto du président Bush, tente de corriger les dispositions prises par la loi de
1984 et de résoudre en partie les problèmes structurels de l'industrie du câble.
Analyse du secteur des câblo-opérateurs et réglementation nécessaire
Nous allons donc procéder à une analyse détaillée et complète de tous les problèmes qui
sont posés par le secteur des câblo-opérateurs aux Etats-Unis avant l'adoption de la loi de
1992. Pour cela, nous nous placerons en 1991 et nous allons adopter la démarche conseillée par ME.
Porter pour opérer une analyse structurelle des secteurs12. Nous allons donc étudier dans une
première partie la concurrence interne au secteur des câblo-opérateurs, la concurrence inter-produit
générée par les produits de substitution, les menaces constituées par les entrants potentiels, et les
problèmes qui existent dans les relations qu'entretiennent les câblo-opérateurs, d'une part avec leurs
fournisseurs de programmes que sont les chaînes qu'ils distribuent, d'autre part avec leurs clients que
sont les abonnés (cf. I - L'analyse structurelle de la télévision par câble aux Etats-Unis en 1991).
Une fois exposés tous les problèmes structurels de la télévision par câble, nous verrons les
dispositions réglementaires à prendre pour combattre ces problèmes, manifestation d'un fort
pouvoir de marché détenu par les câblo-opérateurs. En agissant, comme le fait partiellement la
nouvelle loi de 1992, sur les fondements structurels et les conditions de développement de l'industrie
du câble, une réglementation adéquate pourrait diminuer le pouvoir de marché des câblo-opérateurs
et réaliser un rééquilibrage dans le paysage audiovisuel américain (cf. II - Les mesures
réglementaires nécessaires à la diminution du pouvoir de marché des câblo-opérateurs).
11 Domestic Communications Satellite Facilities
12 cf. PORTER M.E, Choix stratégiques et concurrence, Paris, Economica, 1990
-7-
LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE
"Without the presence of another multichannel
video programming distributor, a cable system
faces no local competition. The result is undue
market power for the cable operator as compared
to that of consumers and video programmers."13
I - L'analyse structurelle de la télévision par câble
aux Etats-Unis en 1991
1. Le secteur des câblo-opérateurs : monopole local et concentration
horizontale
1.1 Situation de monopole local : exclusivité des concessions municipales
Les câblo-opérateurs, au niveau local, c'est-à-dire au niveau d'une ville ou d'une zone
d'une grande agglomération urbaine, sont en situation de monopole de fait. En effet, d'après la
FCC la présence de deux réseaux câblés concurrents est assurée en 1990 sur seulement 60
marchés locaux14 sur les 10704 réseaux existant en 199115. Ces situations de duopole représentent
en 1991 de 1 à 2% des 55.79 millions d'abonnés au service de base16. Dans tous les autres marchés,
il n'y a qu'un seul réseau câblé. Quand il existe un deuxième réseau (overbuild), celui-ci a beaucoup
de mal à être viable économiquement : en 1988, 6 sont tombés en faillite, 30 ont été rachetés par
l'exploitant déjà présent sur le marché local et 20 n'ont jamais été construits alors qu'ils avaient été
autorisés à l'être17. En fait, les réseaux concurrents qui sont rachetés sont le résultat de démarche
spéculative de petits opérateurs qui pratiquent l'écrémage par les prix18. Cette position de monopole
au niveau local est due au mécanisme d'attribution de l'autorisation de construction de réseau
câblé qui est celui de la concession (franchise).
"Sec. 602. [...] (8) the term 'franchise' means an initial authorization, or renewal therof [...],
issued by a franchising authority, whether such authorization is designated as a
franchise, permit, license, resolution, contract, certificate, agreement, or otherwise, which
authorizes the construction or operation of a cable system;
(9) the term 'franchising authority' means any governmental entity powered by
Federal, State, or local law to grant a franchise;"19
13 cf. section 2 Findings; Policy; Definitions (a) (2) du [CABLE ACT 1992]
14 d'après [FCC 1990]
15 d'après National Cable Television Association, cité par [NCTA 1992]
16 cité par [HAZLETT 1992] p.3
17 d'après [FCC 1990]
18 cité par [COUSTEL 1992] p.13
19 cf. section 602 Definitions du [CABLE ACT 1984]
-8-
LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE
Cette concession est accordée par les autorités locales20, qui sont dans la plupart
des cas les municipalités, et elle est très souvent exclusive car la loi de 1984 le permet21.
La raison économique utilisée pour justifier l'exclusivité des concessions est que le câble serait
un monopole naturel comme toute industrie de réseaux. Quand la concession n'est pas
exclusive, la concurrence entre opérateurs du câble n'a effectivement pas lieu, mais son
absence est plus causée par le principe général de la concession que par des manifestations
du monopole naturel : à savoir un accord tacite de non-agression entre les câblo-opérateurs.
"Cable companies rarely overbuild each other. That is a function of the fact that each
system is equally vulnerable : all local retail monopolists would expose their own turf by
invading another's. This gentleman's agreement is butressed by economic self-interest,
which is a why direct competition among the MSO's is severely restrained (beyond the
municipal franchise "auction")."22
A l'exception de situations qui apparaissent très marginales, l'industrie du câble est donc
caractérisée par une absence totale de concurrence entre les opérateurs au niveau local, de
part l'exclusivité des concessions concédées par les autorités locales.
1.2 Les câblo-opérateurs en voie de concentration horizontale
a) Recherche de la grande taille pour bénéficier d'économies d'échelle
Les exploitants du câble sont des petites et moyennes entreprises. En 1987, 415 câblo-
opérateurs23 employaient 84163 personnes24 et le premier câblo-opérateur Tele-Communications Inc.
(TCI) ne possède que 250 employés. Ils gèrent quasiment tous plusieurs réseaux, c'est pourquoi on
les appelle Multiple System Operator ou MSO. Les 240 MSOs membres de l'association des
acteurs du câble, National Cable Television Association (NCTA), ont en charge plus de 10000
réseaux25. Contrairement aux réseaux de diffusion hertzienne qui ne doivent pas être chacun
propriétaires de plus de 12 stations de télévisions, 12 stations de radio AM, 12 stations de radio FM et
ne pas détenir un potentiel d'audience nationale supérieur à 25%, les câblo-opérateurs ne sont
absolument pas réglementés au niveau du nombre de réseaux possédés ou du nombre de
foyers abonnés. Ainsi, TCI dénombre plus de onze millions d'abonnés au service de base (cf.
Tableau 1), soit une part de marché de 22.8% par rapport aux 55.79 millions d'abonnés en 1991.
Avec la croissance du câble qui règne depuis 1980, les câblo-opérateurs sont partis à la
recherche d'économies d'échelle qui sont intrinsèques à la nature de leurs activités d'industrie
de réseau. Avec un nombre d'abonnés suffisamment important, les exploitants du câble peuvent tirer
partie d'économies d'échelle dans le domaine technique (chute du coût du câblage par prise
raccordable), dans le domaine de la gestion (facturation groupée pour les abonnés), dans le domaine
financier (investissements dans la programmation facilités et plus importants). La première
manifestation de cette recherche des économies d'échelles est la taille croissante des réseaux (cf.
Tableau 2).
20 Celles-ci touchent un droit de concession (franchise fee) de la part du câblo-opérateur sélectionné qui peut monter jusqu'à 5% du chiffre
d'affaires de l'exploitant du réseau (cf. section 622 Franchise fees du [CABLE ACT 1984]). Ces drois de concessions se sont élevés à 800
millions de dollars en 1991 (cité par (MARIET 1992] p.233)
21 "Sec. 621.(a) A franchising authority may award [...] 1 or more franchises within its jurisdiction.", cf. section 621 General franchise
requirements du [CABLE ACT 1984]
22 cf. [HAZLETT 1992] p.51
23 cité par [LAFRANCE 1989] p.265
24 d'après FCC, cité par [NCTA 1992]
25 cité par CableMarketing, 22 Mai 1992, n°.25
-9-
LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE
Tableau 1 : Classement 1991 des 20 premiers opérateurs
suivant le nombre d'abonnés au service de base
Opérateurs
(Multiple System Operator MSO)
Abonnés au
service de base
1. Tele-Communications Inc (TCI) 11.256.309
2. Time Warner 6.644.000
3. Continental Cablevision 2.786.000
4. Comcast Corporation 1.673.100
5. Cox Cable Communications 1.661.300
6. Jones Intercable 1.655.800
7. Storer Communications Cable 1.633.400
8. Cablevision Systems 1.628.200
9. Newhouse Broadcasting 1.288.200
10. Cablevision Industries 1.131.700
11. Times Mirror Cable Television 1.109.300
12. Adephia Communications 1.104.300
13. Viacom Cable 1.083.600
14. Sammons Communications 925.400
15. Century Communicartions 884.000
16. Falcon Cable TV 847.000
17. TeleCable Corporation 653.400
18. Scripps Howard Cable 639.200
19. Cencom Cable Associates 527.600
20. Paragon Communications 521.400
source : National Cable Television Association,
cité par [NCTA 1992]
Tableau 2 : Répartition des abonnés (en %) en fonction
du nombre d'abonnés par réseau : 1983 et 1990
nombre d'abonnés 1983 1990
>50000 16.6 37.03
20000-50000 27.0 25.58
10000-20000 19.4 14.36
5000-10000 14.9 9.33
1000-5000 17.9 10.07
<1000 4.2 3.63
source : pour 1983 [NTIA 1988] p.543, pour 1990
NCTA, Cable Television Developments, Mai 1990
L'une des techniques les plus efficaces pour bénéficier d'économies d'échelle optimales est
celle qu'a développé American Television & Communications (ATC, groupe Time Warner) et qui
consiste à racheter des réseaux adjacents aux réseaux existants (clustering). ATC n'a cependant pas
été la seule entreprise à se lancer dans des achats de réseaux.
b) Augmentation de la concentration des câblo-opérateurs
De nombreuses opérations d'acquisition d'opérateurs, de fusion entre opérateurs, de création
de filiales, de vente d'opérateurs ont été en effet réalisées depuis 1980 (cf. Tableau 3).
-10-
LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE
Tableau 3 : Principales opérations
de concentration au cours des années 80
date type d'opération firme acquérant (fusionnant
ou créatrice)
firme acquise (fusionnant ou
créatrice)
montant de
l'opération
firme résultant de
la fusion ou de la
création
07/80 acquisition Capital Cities Cable Cablecom General 139.2 M$
10/80 fusion Westinghouse Teleprompter 636 M$ Group W Cable
01/81 création TCI Taft Broadcasting ---- Taft Cable
03/81 acquisition Newhouse Vision Cable 175 M$
06/81 fusion UA-Columbia Rogers Cablesystems 265 M$ Rogers/UA26
12/81 création TCI Knight-Riddder ---- TKR Cable
02/83 acquisition TCI Liberty Communications 182 M$
07/83 acquisition TCI Tele-Media 145 M$
08/85 acquisition Rifkin Omni Cable TV 55 M$
08/85 acquisition Post Newsweek Cable Capital Cities Cable27 350 M$
01/86 acquisition TCI, Comcast, ATC,
Century, Daniels
Group W Cable 2100 M$
01/86 création ATC Houston Industries ---- Paragon.
04/86 acquisition Continental McClathy Newspapers' 130 M$
07/86 acquisition TCI UA Cablesystems 1200 M$
08/87 acquisition Cablevision Systems Adams-Russell 474 M$
10/87 acquisition Continental American Cablesystems 481.7 M$
01/88 acquisition TCI, Comcast Storer Cable 2900 M$
02/88 acquisition UA Cablesystems (TCI) Daniels 190.4 M$
03/88 fusion UA Cablesystems (TCI) United Cable 1600 M$ UA Entertainment
05/88 acquisition Continental Industries Wometco Cable 270 M$
09/88 acquisition Houston Industries Rogers Cablesystems 1260 M$ Paragon Cable28
03/89 fusion Time Inc. (contrôle ATC) Warner Communications 18000 M$ Time Warner
04/89 acquisition ATC, Warner, Jones,
Adelphia
Centel Cable 1400 M$
07/89 acquisition Intermedia Partners Hearst Cable 170 M$
source : [STEIN 1990]
Les opérations majeures figurent en gras dans le tableau ci-dessus. Il s'agit de la vente de
Groupe W Cable (MSO n°.3 en nombre d'abonnés en 1985) à 5 opérateurs, du partage de Storer
Cable (MSO n°.4 en 1988) entre TCI et Comcast, du contrôle de TCI sur UA Entertainment née de la
fusion de United Cable, UA Cablesystems, Daniels (respectivement MSO n°.8, n°.15, n°.19 en 1988)
et de la fusion entre ATC et Warner Cable (MSO n°.2 et n°.6 en 1989) suite à la fusion des deux
groupes multimédias Time Inc. et Warner Communications. En 1986, ce sont près de 7 millions
d'abonnés au câble (18% des foyers câblés) qui ont vu leur réseau changer de propriétaire29 et sur la
période 1985-1990 ce sont 28 millions d'abonnés qui ont changé d'exploitant30.
Une telle activité de fusion/acquisition a évidemment renforcé la concentration
horizontale des câblo-opérateurs. Selon la FCC, les 50 premiers câblo-opérateurs détiennent 90%
des abonnés31. La part de marché des quatre premiers câblo-opérateurs a augmenté de 25.5% à
46.9% entre 1980 et 1990, celle des dix premiers de 42.6% à 61.8%. Dans le même temps, l'indice de
concentration Herfindhal-Hirschman (HHI) utilisé par le département antitrust du ministère de la
Justice, et qui consiste en la sommation des parts de marché élevées au carré, a augmenté de 195 à
774 entre 1977 et 199132 (cf. Tableau 4 et Graphique 1). On commence à approcher un seuil de
concentration qui déclenche l'intérêt de ce département antitrust : HHI > 1000 et part de marché des
quatre premières entreprises > 45%.
26 coopération terminée en 02/83
27 Suite à l'absorbtion du network ABC par Capital Cities, Capital Cities a du démanteler ses activités d'exploitant de réseaux.
28 nouveau nom de Rogers Cablesystems
29 cité par [NTIA 1988] p.545
30 cité par [STEIN 1992] p.50
31 d'après [FCC 1990]
32 calculé à partir des parts de marché des 10 premiers opérateurs
-11-
LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE
Tableau 4 : Evolution de la concentration
des câblo-opérateurs entre 1977 et 1991
année TOP 433 TOP 1034 HHI
197735 23.7% 43.7% 195
198036 25.5% 42.6% 218
198537 26.3% 43.0% 245
198738 30.5% 48,8% 339
198839 37.3% 52.3% 554
198940 42.0% 56.5% 669
199041 46.9% 61.8% 757
199142 45.3% 60.5% 774
Graphique 1 : Evolution de la concentration
des câblo-opérateurs entre 1977 et 1991
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
77 80 85 87 88 89 90 91
TOP 4 TOP 10 HHI
indice de concentrationpart de marché
0
100
200
300
400
500
600
700
800
Cette concentration horizontale des câblo-opérateurs s'est véritablement intensifiée à
partir de 1985, soit à la suite du Cable Act de 1984, dispositif très déréglementaire vis à vis de
l'industrie du câble. En l'absence de toute mesure contrariant cette concentration horizontale, des
opérateurs ont largement bénéficié de ce mouvement général (cf. Tableau 5). Ainsi, la part de marché
de TCI est passée de 5.9% en 1980 à 22.2% selon l'enquête de la FCC en 1990, Comcast Cable et
Continental Cablevision sont devenus respectivement le troisième et le quatrième opérateur en 1990,
alors qu'ils n'étaient pas dans les dix premiers en 1980. Par contre, la part de Time Warner (ATC +
Warner) est demeurée assez stable (entre 10 et 11%).
33 part de marché des quatre premiers opérateurs
34 part de marché des dix premiers opérateurs
35 source : Broadcasting, 5 Juin 1989, cité par [MARIET 1992] p.157
36 source : Cablevision, 1er Janvier 1990
37 source : Cablevision, 11 Novembre 1985
38 source : Broadcasting, 5 Juin 1989, cité par [MARIET 1992] p.157
39 source : Broadcasting, cité par [DUMOLIE 1988] p.111
40 source : Broadcasting, 11 Décembre 1989
41 source : [FCC 1990], cité par [SIMON 1991] p.373
42 source : National Cable Television Association, cité par [NCTA 1992]
-12-
LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE
Tableau 5 : Classement des opérateurs
en 1980, 1985, 1988,1992 suivant leur part de marché
198043 Part de
marché
198544 Part de
marché
1. TelePrompter 7.8 1. TCI 10.5
2. ATC 6.8 2. ATC 6.6
3. TCI 5.9 3. Group W Cable 5.3
4. Cox Cable 5.0 4. Storer Cable 3.9
5. Warner Amex 4.2 5. Cox Cable 3.8
6. Times Mirror Cable 3.1 6. Warner Amex 2.9
7. Viacom Cable 2.7 7. Continental Cablevision 2.8
8. Storer Cable 2.7 8. Times Mirror Cable 2.6
9. Sammons Communications 2.3 9. Newhouse Broadcasting 2.4
10. UA - Columbia 2.1 10. United Cable 2.2
Avril 198845 Part de
marché
Juin 199046 Part de
marché
1. TCI 20.3 1. TCI 22.2
2. ATC 7.9 2. Time Warner 11.6
3. Continental Cablevision 4.6 3. Comcast Cable 8.3
4. Comcast Cable 4.5 4. Continental Cablevision 4.8
5. Cox Cable 3.1 5. Cox Cable 3.0
6. Warner Cable 2.9 6. Cablevision Systems 2.8
7. Newhouse Broadcasting 2.4 7. Jones Intercable 2.7
8. Viacom Cable 2.3 8. Newhouse Broadcasting 2.3
9. Cablevision Systems 2.2 9. Times Mirror Cable 2.1
10. Jones Intercable 2.1 10. Cablevision Industries 2.0
c) Renforcement du pouvoir de négociation
La principale conséquence de ce mouvement de concentration horizontale a été
l'augmentation du pouvoir de négociation des câblo-opérateurs. Avec un nombre d'abonnés
croissant, les exploitants les plus importants sont en effet en position de force dans leurs négociations
avec leurs fournisseurs que sont les chaînes du câble, qui pour obtenir un certain succès commercial
doivent s'adjuger les faveurs des grands opérateurs à des conditions favorables pour ceux-ci (cf. 4.3
Conséquences de l'intégration verticale) et voient donc leur pouvoir de négociation affaibli. Face à
leurs clients, la concentration horizontale confère également une position de dominance aux câblo-
opérateurs (cf. 5.3 Faible pouvoir de négociation des abonnés et des autorités locales).
1.3 Conclusion : monopole local et concentration horizontale
Le secteur des opérateurs du câble est marqué par une absence quasi totale de
concurrence directe entre les opérateurs, du fait de l'attribution par les autorités locales de
concessions exclusives de construction et d'exploitation de réseaux câblés. Ces concessions
exclusives engendrent des barrières à l'entrée et des positions de monopole local. Au niveau national,
les opérateurs du câble sont en train de se concentrer horizontalement pour rechercher des
économies d'échelle et pour accroître leur pouvoir de négociation vis à vis de leurs clients et
fournisseurs.
43 source : Cablevision, 1er Janvier 1990
44 source : Cablevision, 11 Novembre 1985
45 source : Broadcasting, cité par [DUMOLIE 1988] p.111
46 source : [FCC 1990], cité par [SIMON 1991] p.373
-13-
LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS
2. Les produits de substitution : faiblesse de la concurrence inter-produits
2.1 Les services de distribution multipoints : MMDS (Multichannel Multipoint
Distribution System)
Les services de distribution multipoints, appelés MMDS, sont considérés comme le câble sans
fil (wireless cable). Il s'agit de la distribution par voie hertzienne dans le domaine des micro-
ondes d'une trentaine de canaux. Les zones couvertes par les MMDS sont principalement des zones
non câblées en milieu rural ou urbain (à New York, les quartiers du Bronx et du Queens). En 1990, on
dénombrait 50 réseaux qui regroupaient 300000 abonnés47 et représentaient en 1991 un chiffre
d'affaires de 175 millions de dollars. Un MMDS possède deux avantages notables par rapport à un
réseau câblé : des délais d'installation plus rapide et des frais d'investissements moindre (400 $ par
abonné contre 2000 $ pour un réseau câblé48).
Les MMDS sont en position de faiblesse par rapport à l'industrie du câble. En effet, l'intégration
verticale des câblo-opérateurs vers l'amont en direction des chaînes du câble a pour conséquence
une restriction de l'accès au marché des programmes pour les MMDS. Les chaînes du câble
refusent d'être diffusées par les MMDS et les droits de programmation ont très fortement
augmenté pour les MMDS. La FCC a réalisé une enquête en 1990 auprès de 32 systèmes MMDS49
: aucun ne proposait TNT, 11 seulement ESPN, HBO et Showtime étaient chacune retransmises par
seulement 6 systèmes; le tarif pour le couple CNN/ CNN-Headline News était de 1 dollar par mois par
abonné alors qu'il est de 28 cents pour les opérateurs du câble. Ces barrières à l'accès des
programmes ont eu pour conséquence un ralentissement et même une récession du marché des
MMDS. Le nombre d'abonnés est ainsi passé de 750000 en 1985 à 180000 en 198750.
2.2 Les services de diffusion par satellite
a) Réception communautaire : SMATV (Satellite Master Antenna Television
Systems)
Les SMATV sont des systèmes de réception communautaire par satellite qui sont installés dans
des grands immeubles d'habitation, des hôtels et des hôpitaux, ce qui représente théoriquement un
marché potentiel de vingt millions d'abonnés. Bien que la capacité de ces systèmes en nombre de
canaux et les tarifs pratiqués soient proches de ceux du cable, les SMATV sont en régression, le
nombre d'abonnés étant passé de un million en 1987 à 500000 en 198951. Le principal problème de
cette industrie est, comme pour les MMDS, l'accès aux programmes. Les SMATV orientent leur
antennes vers les satellites de distribution des programmes des réseaux câblés. Ceux-ci étant codés
pour éviter l'accès gratuit à des propriétaires d'antennes de programmes payants, les opérateurs de
SMATV ont du mal à se procurer des programmes à des prix intéressants à cause du coût des
décodeurs. Pour remédier à cette situation et pour accéder aux signaux sans décodeurs, on assiste
de plus en plus à la vente et à la fusion de systèmes SMATV avec des câblo-opérateurs. L'industrie
des SMATV est donc en voie d'absorption par celle du câble. Il faut noter enfin le refus total des
chaînes optionnelles du câble à être diffusées sur les SMATV (elles sont entièrement contrôlées par
les câblo-opérateurs TCI, Time Warner et Viacom52).
47 d'après [FCC 1990]
48 cité par [DUMOLIE 1988] p.83
49 cf. [FCC 1990]
50 cité par [DUMOLIE 1988] p.83
51 d'après [FCC 1990]
52 cf. Tableau 8
-14-
LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS
b) La diffusion directe par satellite : DBS (Direct Broadcasting System)
On compte en 1990 3.1 millions propriétaires individuels d'antenne parabolique (HSDO, Home
Satellite Dish Owners) contre 900000 en 198453. Dans la situation actuelle, la diffusion directe pas
satellite n'est pas vraiment un concurrent mais plutôt un marché complémentaire du câble car son
potentiel de développement aux Etats-Unis demeure les zones non câblées ou celles couvertes par
de vieux réseaux de faible capacité (au moins 9% des réseaux ont moins de 12 canaux54). Il n'existe
pas de système de satellites moyenne puissance type ASTRA qui propose 48 chaînes en Europe
avec trois satellites de 16 canaux situés à la même position orbitale. Aux Etats-Unis, "La diffusion
directe par satellite n'a toujours pas commencé"55. En 1983, la FCC disposait de onze projets dont
aucun n'a été réalisé. Une raison purement conjoncturelle a été la hausse des prix des lancements
des satellites avec le retrait de la NASA au milieu des années 80 suite à l'accident de la navette
Challenger.
Mais la raison principale du non démarrage de la DBS est le comportement de l'industrie
du câble. En effet, le Cable Act de 198456 autorisait les possesseurs d'antennes à capter pour leur
usage privé les programmes du câble transportés par satellite. Pour parer à ceci, les chaînes se
mirent à coder leurs programmes qui ne peuvent être captés sans un décodeur de type Videocipher II
(standard qui s'est imposé suite à des contrats avec HBO, Showtime, WTBS et ESPN entre 1983 et
1986 et dont l'industrie du câble veut garder le monopole de la distribution). Les conséquences ont
été néfastes pour la croissance des ventes des antennes paraboliques57 qui sont tombées de 600000
en 1985 à 270000 en 198758, pour stagner depuis à 300000 par an alors que le prix des équipements
de réception chutaient dans la même temps (500$ en 1991). Le parc d'antennes paraboliques étant
inférieur à ce qu'il aurait été sans le brouillage des signaux, aucun système de couverture nationale
ne peut voir le jour, d'autant plus que l'intégration verticale des programmes par les câblo-opérateurs
limiterait sérieusement l'offre de services d'un tel système. Dégagé de tout concurrent potentiel, les
câblo-opérateurs peuvent se servir de la DBS comme d'un marché d'appoint pour couvrir les
zones rurales trop coûteuses à câbler. Ainsi, un regroupement de 7 opérateurs (TCI, Time Warner,
Comcast, Continental, Cox, Newhouse, Viacom) utilise le premier satellite DBS moyenne puissance
lancé en Novembre 1990 pour diffuser 10 chaînes (superstations + pay-per-view) moyennant un
abonnement de 20 à 30 $ par mois.
2.3 La télévision hertzienne
Les produits de substitution du câble MMDS, SMATV et DBS étant peu développés, la
télévision 'classique' par voie hertzienne demeure le principal concurrent du câble, mais un
concurrent mal en point.
a) La télévision de faible puissance : LPTV (Low Power Television)
Autorisées par la FCC depuis Septembre 1980, les stations de télévision de faible puissance
(10 W en VHF, 1kW en UHF) émettent dans un rayon inférieur à 30 km. On dénombre 895 stations en
199159 qui sont l'émanation de groupes minoritaires et d'associations locales et qui desservent des
zones rurales peu ou mal couvertes par le câble. Phénomène très local, la télévision de faible
puissance ne peut résister au pouvoir de négociation de l'industrie du câble. Revendiquant une
éventuelle obligation de transport sur les réseaux câblés, elles sont obligées pour pouvoir être
présentes sur les réseaux de leur municipalité (comme 51% des stations LPTV en 1988) de diffuser
des incitations à l'abonnement au câble.
53 d'après [FCC 1990]
54 cf. Tableau 11
55 cf. [SIMON 1991] p.367
56 cf. section 633 du [CABLE ACT 1984]
57 La réglementation en matière d'urbanisme limite de plus toute prolifération d'antennes paraboliques.
58 cité par [MARIET 1992] p.182
59 d'après FCC, cité par [MARIET 1992] p.24
-15-
LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS
b) La télévision hertzienne payante : STV (Subscription Television)
Né en 1977, elle a quasiment disparu des Etats-Unis avec la pénétration croissante du
câble60. Elle comptait encore 900000 abonnés en 1984 dans les zones non encore câblées. Mais en
proposant une chaîne pour 15$, tarif auquel le câble offre plus de trente chaînes, elle était amenée à
disparaître, l'arrivée du câble provoquant 90% de désabonnements. Possédant encore 150000
abonnés en 1986, elle est devenu un phénomène très marginal et ne comprend plus que 25 à 30
chaînes en 199061.
c) La télévision cellulaire : Un nouveau substitut ?
La télévision cellulaire existe depuis que la FCC a autorisé en Janvier 1993 la société
CellularVision à transmettre des signaux TV hertziens dans le domaine des hyperfréquences62 autour
de 28 GHz, plus précisément entre 27.5 et 29 GHz. Cette forme de télédiffusion est dite cellulaire car
la zone couverte est divisée en cellule de 10 km de diamètre où se trouve un émetteur terrestre. La
technologie permet de rivaliser avec les capacités actuelles du câble en proposant 49 canaux aux
foyers munis d'une antenne de réception. Comme pour les autres produits de substitution (DBS,
SMATV, MMDS, LPTV), le problème majeur que rencontrera cette nouvelle forme de télévision
sera l'accès aux programmes, qui sera sans aucun doute entravé par les câblo-opérateurs, qui ont
intégré en partie les chaînes du câble.
d) Les networks au niveau national
Trois réseaux de télévision hertzienne répondent aux critères63 de la FCC de statut de network
: ABC, CBS et NBC et représentent en 1991 environ 700 stations affiliées. On peut pourtant parler de
network pour le réseau de diffusion FOX BC en constitution depuis 1986 à l'initiative de Robert
Murdoch (134 stations indépendantes fin 199064) et le réseau des chaînes de télévision publique :
PBS (355 stations en 199165). Cependant, dans les études d'audience le réseau FOX est encore
compris dans les stations indépendantes. Entre 1975 et 1990, les networks au sens classique du
terme ont connu une sérieuse érosion de leur audience, passant de 93% d'audience en prime
time à 58% en 199066. Elle s'explique par une concurrence accrue des chaînes indépendantes et la
montée en puissance du câble. Entre la saison 1985/1986 et 1990/1991, la part d'audience du câble
en % est passée de 16 à 30, celle des stations indépendantes de 21 à 24, alors que celle des
networks diminuait de 66 à 53 pour l'ensemble des foyers67. Le service de base et les chaînes
indépendantes rivalisent en audience avec les networks pris séparément (cf. Tableau 6).
Tableau 6 : Audience moyenne des services de télévision
(troisième trimestre 1989)
chaînes NBC CBS ABC Indépend. câble PBS
audience 11.7 8.9 8.6 8.3 7.7 2.2
source : A.C Nielsen, cité par [MARIET 1992] p.74
60 cf. [LAFRANCE 1989] pp.46-47
61 cité par [PRAGER 1990] p.217
62 cf. Electronique International Hebdo, n°.86, 4 Février 1993
63 couverture nationale de 75% des foyers, production d'au moins 15 heures hebdomadaires de programmes en prime time (20h00-23h00)
64 cité par [MARIET 1992] p.39
65 d'après FCC, cité par [MARIET 1992] p.24
66 cité par [COUSTEL 1992] p.5
67 d'après Cablevision Avdertising Bureau, cité par [NCTA 1992]
-16-
LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS
Au début de 1992, l'audience moyenne du câble de base a enfin dépassé celle d'un network
ABC68. Cet affaiblissement des networks est flagrant quand on compare la consommation télévisuelle
des foyers abonnés au câble avec celle de ceux qui ne le sont pas (cf. Tableau 7).
Tableau 7 : Influence du service de base sur la consommation
télévisuelle en 1990 (part d'audience moyenne quotidienne en %)
non abonné abonné total
networks 72 49 58
service de base 0 39 24
indépendants 23 16 16
PBS 5 3 3
source : A.C Nielsen 1990, cité par [SIMON 1991]
p.347, les totaux dépassent 100 à cause du multi-
équipement des ménages
On constate donc que les networks patissent enormément de la concurrence du câble via
l'abonnement du service de base. Malgré cette perte d'audience et de part de marché, les
networks demeurent encore le premier service télévisé et le concurrent le plus sérieux du
câble.
e) Les stations hertziennes locales affiliées aux networks et indépendantes
Les stations locales regroupent les stations affiliées aux networks et les stations
indépendantes, propriété des minorités. Les stations indépendantes représentent une force non
négligeable dans le paysage audiovisuel américain. Au nombre de 339 en 199169, elles sont presque
l'égal du câble en niveau d'audience (cf. Tableau 6). Protégée de la concurrence du câble jusqu'en
1980, elles n'ont pu empêcher la suppression de certaines mesures réglementaires qui les
défendaient de l'industrie du câble. Trois règles importantes qui préservaient les stations
hertziennes locales ont été mises à mal sous la pression des câblo-opérateurs pendant les
années 80 : must carry rules, syndicated exclusivity rules, Compulsory License, alors que leur
distribution est toujours gratuite pour les câblo-opérateurs.
must carry rules
L'obligation de transport obligatoire ou must carry rule avait été instaurée en 1965. A cette
époque, la télévision par câble était considérée comme une extension de la télévision hertzienne
classique et un moyen de toucher des zones d'ombre ou mal desservies. On parle d'ailleurs à
l'époque de CATV (Community Antenna Television) et non de cable television. Craignant que
l'arrivée de nouveaux signaux dans les zones câblées ne mettent en péril les stations
indépendantes locales, la FCC institua les must carry rules qui obligeaient les opérateurs à
distribuer sur le câble toutes les télévisions locales. La croissance du câble fut alors freinée par
cette mesure car toute la capacité en canaux était réservée pour les stations locales. Mais les câblo-
opérateurs s'attaquant aux zones urbaines à partir des années 70 et proposant de nouveaux services
dans lesquels leurs intérêts ne sont pas négligeables, commencèrent à réagir contre cette règle qui
diminuait leur capacité en canaux. Aussi, les must carry rules furent déclarées contraire à la
constitution, en particulier au premier amendement à la suite de deux procès (Quincy Cable
Television vs FCC en 1985, Century Communications Corporation vs FCC en 1987), ce qui fut
confirmé par la suite par la Cour Suprême.
68 cf. [COUSTEL 1992] p.5
69 d'après AITV (Association of Independant Television Stations), cité par [MARIET 1992] p.41
-17-
LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS
Elles ne furent pas complètement abolies car une négociation entre les câblo-opérateurs et les
télévisions locales sous l'égide de la FCC aboutit à ce que tout réseau de plus de 27 canaux mette à
disposition 25% des canaux aux stations hertziennes locales, entre 21 et 26 canaux au moins 7
canaux, en dessous de 21 canaux aucun canal en plus de celui réservé pour la télévision publique70.
Cet accord conclu en 1987 était valable pour cinq ans et s'est accompagné de la règle de l'inverseur :
A/B switch rule. Comme la totalité des stations locales n'était plus distribuée par le câble, les
opérateurs sont contraints d'installer dans les foyers qui en font la demande un commutateur
permettant de passer de la réception par câble à la réception hertzienne et d'assurer ainsi la réception
des chaînes locales absentes du câble. Les opérateurs ont réussi à faire pression sur la FCC qui leur
a permis de facturer aux abonnés ce commutateur.
Dans la pratique, la quasi-suppression des obligations de transport des stations locales a été
très néfaste pour ces dernières. Peu de foyers ont recours à l'inverseur, les chaînes
indépendantes ont été remplacées par les câblo-opérateurs par des chaînes thématiques ou de
télé-achat, plus lucratives, les chaînes locales affiliées aux networks sont moins présentes sur
les réseaux ou sont repoussées vers des numéros de canaux élevés supérieurs à 3071, qui par
l'habitude de consommation des téléspectateurs sont moins regardées72. Une enquête de la
FCC73 montre bien le pouvoir accru des exploitants du câble sur les chaînes locales : sur 4303
réseaux, 869 ont exprimé 1800 refus de transport à 704 chaînes, 974 ont modifié les numéros des
canaux (channel realignment) et dans 236 cas les stations hertziennes ont été jusqu'à verser une
compensation financière aux câblo-opérateurs pour pouvoir être présentes sur le câble. Les
opérateurs du câble agissent ainsi car, de leur point de vue économique, les chaînes locales
hertziennes absorbent un marché publicitaire qui leur échappe.
Compulsory License
La suppression des must carry rules a affecté aussi la Compulsory License. La Compulsory
License a été instaurée par le Copyright Act de 1976 et consiste en un versement forfaitaire de
l'industrie du câble (3.75 % du chiffre d'affaires du service de base) pour le paiement des droits
d'auteurs des programmes hertziens diffusés sur ses réseaux, versement réparti entre l'industrie
hertzienne, celle du cinéma et les fournisseurs de programmes. Ce forfait est inférieur à ce que les
opérateurs auraient du payer car il n'était pas logique de leur faire payer la totalité des droits pour des
programmes qui leur étaient imposés par les must carry rules. Avec la fin de l'obligation de transport,
la Compulsory License n'a plus lieu d'être et allège encore plus les charges du câble. Cependant, en
échange de la négociation de 1987 sur les règles de transport, les stations de télévision
hertzienne ont cédé aux câblo-opérateurs en ne voulant pas revenir sur cette règle qui les
désavantage fortement.
syndicated exclusivity rules
D'autre part, les stations locales réclament le rétablissement de la protection de
l'exclusivité de leurs programmes. Les syndicated exclusivity rules ont été supprimées par la FCC
en Juillet 1980 (CATV syndicated program exclusivity rules). Elles empêchaient la distribution sur un
réseau câblé d'un programme détenu en exclusivité par une chaîne locale hertzienne. Une fois
abrogées, les opérateurs purent importer sur leur réseaux des programmes en concurrence avec les
chaînes locales et devenir maîtres de leur programmation en insérant leur propre messages
publicitaires dans les programmes importés.
70 Un réseau de plus de 54 canaux doit réserver 2 canaux pour la télévision publique, en dessous de 54 un seul.
71 zone de programmes appelée Sibérie, cité par [SIMON 1991] p.370
72 Un téléspectateur a une certaine réticence à 'zapper' jusqu'au canal 30 et au-delà et ne regarde que les canaux les plus bas. Il en résulte une
lutte entre les différentes chaînes du câble pour obtenir des opérateurs un numéro de canal faible.
73 cité par [SIMON 1991] p.371
-18-
LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS
gratuité de distribution
Enfin, les nouvelles règles de distribution des programmes hertziens, néées de la négociation
de 1987, ont conservé tout à l'avantage des câblo-opérateurs le principe de gratuité de
retransmission des chaînes locales hertziennes. Comme les exploitants du câble sont toujours
contraints, certes de manière nettement moins stricte, de réserver des canaux, ils ont réussi à
imposer leur point de vue et ne versent aucun droit aux chaînes locales qu'ils distribuent. Ce principe
de gratuité entraîne un biais en faveur de l'industrie du câble car les câblo-opérateurs choisissent
parmi les télévisions locales les chaînes affiliées aux networks, qui sont encore les plus populaires
parmi les foyers abonnés au service de base sur le câble (cf. Tableau 7). La présence gratuite pour
les opérateurs de chaînes affiliées aux networks sur leurs réseaux valorisent la valeur de ceux-
ci et constituent une quasi-subvention du câble. La présence des chaînes affiliées à CBS
valoriserait ainsi les réseaux câblés de 72 à 160 millions de dollars par an74. Cette valorisation est
due aux plus fortes audiences que connaissent les chaînes propres au câble quand leurs canaux sont
adjacents de ceux de canaux retransmettant les programmes des networks.
Il apparaît donc que les stations hertziennes locales, affiliées ou indépendantes, sont en grand
danger suite à la suppression ou la modifications des règles must carry, syndicated exclusivity et
Compulsory License. L'industrie du câble est en position de force pour imposer ces conditions de
distribution (nombre de canaux, choix des chaînes, place dans l'offre des programmes) des stations
hertziennes qui sont démunies (perte d'exclusivité), et qui en ne percevant aucun droit de transport
contribuent une certaine valeur ajoutée du câble, au détriment de la télévision hertzienne. On se
trouve dans un cercle vicieux où la faiblesse des chaînes locales est utilisée par les câblo-
opérateurs pour renforcer leur puissance.
2.4 Le magnétoscope
Le magnétoscope n'est pas à proprement parler un produit de substitution de la
télévision câblée car il ne la concurrence que sur un segment particulier: les chaînes
optionnelles de cinéma et les chaînes de films en pay-per-view. Le marché de la vidéo a en effet
explosé au cours des années 80. On est passé d'un taux d'équipement en magnétoscope de 30% en
1986 à 72% en 199075, de 2000 points de vente en 1980 à 30000 en 1990. En 1989, le chiffre
d'affaires de la vente et de la location de vidéocassettes dépassait celui du service de base du câble :
9.45 contre 8.73 milliards de dollars76. La concurrence entre vidéo, chaînes optionnelles et pay-per-
view s'effectue au niveau du délai d'apparition des films : 6 mois après leur sortie pour la vidéo, 7 à 8
mois pour le pay-per-view, 12 mois pour les chaînes optionnelles, ainsi que sur les prix : 2 à 2.5 $
pour la location d'une cassette, 4 à 5 $ pour la visualisation d'un film en pay-per-view. L'enjeu est
donc de taille quand on sait que 10% des ménages louent systématiquement des cassettes pour le
week-end. Sur ce segment précis, la concurrence entre la vidéo et le câble a effectivement lieu et le
câble n'a pas encore terrassé, comme pour d'autres substituts, son adversaire. L'avenir de la lutte
sera influencée par la position des producteurs du cinéma qui ont tout intérêt à soutenir le pay-per-
view à cause de la loi sur le copyright : ils ne touchent aucun droit sur les ventes de cassettes hormis
lors de l'achat de celles-ci par le revendeur, ils en touchent à chaque diffusion de films en pay-per-
view. Au niveau du service optionnel, la concurrence est réellement effective entre le marché de la
vidéo et celui des chaînes optionnelles, c'est d'ailleurs une des causes de la diminution de la
croissance du chiffre d'affaires du service optionnel depuis le milieu des années 80 (cf. Graphique 2).
74 cité par [COUSTEL 1992] p.24
75 d'après [FCC 1990]
76 cité par [SIMON 1991] p.368
-19-
LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS
Graphique 2 : Evolution de la croissance annuelle des chiffres d'affaires du service
de base et du service optionnel entre 1980 et 1991
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91
service de base service optionnel
2.5 Conclusion : faiblesse de la concurrence inter-produits
L'envolée de la télévision par câble dans les années 80 a affaibli fortement ses concurrents de
substitution. D'une part, les networks ont vu leur part d'audience diminuer fortement, les stations
hertziennes locales indépendantes ou affiliées aux networks ont énormément souffert de la
disparition, sous la pression du lobby des câblo-opérateurs, des mesures réglementaires qui les
protégeaient de la concurrence des programmes du câble. D'autre part, les câblo-opérateurs en voie
d'intégration verticale avec les chaînes du câble (cf. 4.2 Intégration des chaînes du câble par les
câblo-opérateurs), ont exercé suffisamment de poids pour bloquer l'accès au marché des
programmes à des produits de substitution que sont les services de distribution multipoints, la
diffusion par satellite (DBS et SMATV) et la télévision hertzienne de faible puissance, et empêcher
leur développement (MMDS : 300000 abonnés, SMATV : 500000, DBS : 3.1 millions de propriétaires
d'antennes contre 55.79 millions d'abonnés au câble au 31-12-199177). Le magnétoscope est le seul
à résister parfaitement en étant un substitut au câble sur un segment particulier : celui des chaînes
optionnelles et du pay-per-view, mais sa position est amenée à s'affaiblir avec le développement du
service pay-per-view. Il résulte donc que le câble est soumis à une concurrence inter-produit
affaiblie et est substituable de façon très limitée.
77 d'après National Cable Television Association, Cable Television Developments, Mai 1992
-20-
LES ENTRANTS POTENTIELS : BARRIERES A L'ENTREE REGLEMENTAIRES TRES FORTES
3. Les entrants potentiels : barrières à l'entrée réglementaires très fortes
Le secteur des câblo-opérateurs est bien protégé de toute entrée potentielle. D'une part,
les exploitants du câble sont à l'abri d'une concurrence directe de tout entrant au plan local grâce aux
concessions exclusives délivrées par les autorités municipales (cf. 1.1 Situation de monopole local :
exclusivité des concessions municipales). D'autre part, l'ensemble des câblo-opérateurs ne peut être
menacé par des acteurs provenant d'autres industries comme celui des compagnies de téléphone
ou celui des networks, car l'entrée de ceux-ci dans l'exploitation de réseaux câblés leur est interdit
par des dispositifs réglementaires.
3.1 Absence d'entrée potentielle au niveau local
Les concessions accordées par les autorités locales constituent des barrières à l'entrée
sérieuses pour les concurrents potentiels. Dans la plupart des cas, ces concessions sont
exclusives, empêchant donc toute entrée et plaçant l'exploitant en situation de monopole local (cf.
1.1 Situation de monopole local : exclusivité des concessions municipales). Quand les concessions ne
sont pas exclusives, il est extrêmement difficile et coûteux à un deuxième entrant d'obtenir une
autorisation de câblage. Un seul câblo-opérateur, Telesat Cablevision Inc. adopte une attitude
concurrentielle directe avec les autres exploitants en construisant un deuxième réseau (overbuilding)
dans des marchés où les concessions ne sont pas exclusives : il dispose ainsi de 50000 abonnés
répartis sur 13 zones en Floride en 198978. Cependant, cette attitude agressive vis à vis des autres
câblo-opérateurs lui a coûté 1 des 10.24 millions de dollars de chiffre d'affaires en 198979 pour obtenir
des autorités locales des concessions. Sous la pression des câblo-opérateurs, certains états, dont la
Floride, ont voté des lois limitant les constructions de deuxième réseau en compliquant artificiellement
les procédures administratives et en les rendant plus coûteuses.
"The general strategy is to raise the costs of the entrant while minimizing expense to the
incumbent [...] The entry barrier at the municipal franchise level is a particularly lethal one
in that the entrant is being attacked in the formative stage. This forces a potential entrant
to organize (managerially and financially) at a moment in which great uncertainty is
attached to whether permission to operate will ever be granted."80
Quand bien même un entrant potentiel obtiendrait une concession pour construire un réseau, il
devra faire face à la réaction de l'exploitant déjà présent (incumbent ou insider). Celui-ci peut en
effet pratiquer une discrimination par les prix en diminuant ses tarifs sur les zones desservies
par ce concurrent direct. Ainsi, quand Telesat propose un service de base à 11.95$ par mois, deux
de ses concurrents directs, proposent des prix de 8.95$ et 7.95$ sur les zones où leurs réseaux sont
directement concurrencés alors que leurs tarifs sont 16.95$ et 13.95$ dans les zones ou leurs
réseaux sont en situation de monopole81. Ceci est d'autant plus possible que le Cable Act de 1984
dérèglemente dans les faits les tarifs pratiqués par les câblo-opérateurs qui ont considérablement
augmenté après l'application de cet acte (cf. 5.2 Des prix trop élevés). Combinée avec la situation de
monopole local crée par le système de la concession locale, cette libération des prix permet aux
opérateurs de disposer de véritables rentes de monopole.
Enfin, tout entrant potentiel doit surmonter la barrière de l'intégration verticale vers
l'amont des câblo-opérateurs que n'ont pu franchir les produits de substitutions que sont la
télévision par satellite, les système de distribution multipoints et la télévision hertzienne de faible
puissance et qui a freiné leur développement (cf 2. Les produits de substitution : faiblesse de la
concurrence inter-produits). Cette intégration vers le marché des programmes ferme l'accès à ce
marché pour l'entrant potentiel, si il n'est pas lui-même verticalement intégré. Celui-ci ne peut diffuser
des chaînes ayant passé des contrats d'exclusivité avec le câblo-opérateur insider, il peut obtenir des
78 cité par [HAZLETT 1992] p.22
79 cité par [HAZLETT 1992] p.22
80 cf. [HAZLETT 1992] pp.20-21
81 cité par [HAZLETT 1992] p.47
-21-
LES ENTRANTS POTENTIELS : BARRIERES A L'ENTREE REGLEMENTAIRES TRES FORTES
contrats de distribution moins avantageux en matière de prix demandés par les chaînes, dans
lesquelles le câblo-opérateur insider possède des participations financières. Dans ces conditions, un
entrant potentiel, non verticalement intégré comme l'opérateur insider, ne peut proposer des
programmes concurrentiels et attractifs, ce qui limite l'intérêt de son entrée.
3.2 Limitation de l'entrée potentielle des télévisions hertziennes
Dans les années 60, la situation de l'industrie de la télévision hertzienne était nettement plus
florissante que celle de l'industrie du câble. Pour protéger celle-ci devant la puissance des stations de
télévision hertzienne, en particulier des networks qui auraient pu utiliser leur position dominante pour
contrôler les câblo-opérateurs et donc maîtriser par eux-mêmes le développement de ce concurrent
naissant qu'était alors la télévision par câble, la FCC décida en 1970 d'adopter des règles de
participation croisée (cross-ownership rules) entre les sociétés de télévision hertziennes et les câblo-
opérateurs pour restreindre l'intervention possible de la télévision hertzienne dans l'exploitation de
réseaux câblés (Second Report and Order 1970). Ces règles furent confirmées par le Cable Act de
1984 :
"Sec. 613. (a) It shall be unlawful for any person to be a cable operator if such person,
directly or through 1 or more affiliates, owns or controls, the licensee of a television
broadcast station and the predicted grade B contour of such station covers any portion of
the community served by such operator's cable system."82
Il est ainsi interdit aux trois networks (ABC, CBS, NBC) de posséder le moindre réseau
câblé sur tout le territoire américain. Ainsi, lors du rachat en 1985 d'ABC par le groupe Capital
Cities, celui-ci a été contraint de se séparer de ses activités dans le cable gérées par Capital Cities
Cable (375000 abonnés, MSO n°.2183). L'interdiction existe aussi pour les autres groupes
contrôlant des télévisions hertziennes mais elle n'est que partielle : un même groupe ne peut
exploiter un réseau câblé dans une zone de diffusion d'une de ses chaînes. Les télévisions
hertziennes autres que les networks peuvent donc intervenir sur le marché des câblo-opérateurs hors
de leur marché local. La réciproque est également vrai pour les exploitants du câble qui peuvent
posséder des stations hertziennes en dehors des zones câblées par eux.
Cette restriction partielle pour les sociétés de télévision hertzienne autre que les networks a
permis ainsi l'établissement de liens avec les câblo-opérateurs. On estime ainsi que ces sociétés de
télévision hertzienne ont des participations financières dans 32% des réseaux câblés84. Ainsi, deux
des plus grands câblo-opérateurs en 1992 sont possédés par des acteurs de la télévision hertzienne:
le MSO n°.585, Cox Cable Communications, est une filiale de Cox Enterprises Inc. qui possède 8
stations de télévisions86, Viacom Cable (MSO n°.13) est une filiale de Viacom Inc. qui gère 5 stations
hertziennes par sa filiale Viacom Broadcasting Inc.87.
82 cf. section 613 Ownership restictions du [CABLE ACT 1984]. Le terme grade B contour délimite une zone de réception de bonne qualité
d'une station hertzienne. "Sec. 602. [...] (10) the term 'grade B contour' means the field strength of a television broadcast station computed in
accordance with regulations promulgated by the Commission", cf. section 602 Définitions du [CABLE ACT 1984]
83 cf. Cablevision, 11 Novembre 1985
84 cité par [SIMON 1991] p.369
85cf. Tableau 1
86 dans les villes d'Atlanta, Charlotte, Dayton, Detroit, Oakland, Orlando, Pittsburgh, Saint Louis, cf. [TELEVISION & CABLE 1989],
Stations volume, p.A-1351
87 dans les villes d' Albany, Hartford, Rochester, Saint Louis, Shreveport, cf. [TELEVISION & CABLE 1989] Stations volume, p.A-1360
-22-
LES ENTRANTS POTENTIELS : BARRIERES A L'ENTREE REGLEMENTAIRES TRES FORTES
3.3 Limitation de l'entrée potentielle des compagnies de téléphone
Pour les mêmes considérations qui animent la limitation de l'entrée des télévisions hertziennes
sur le marché des réseaux câblés, les compagnies de téléphone ont été empêchées de participer à la
construction de réseaux câblés à partir de 1970. Pour préserver l'industrie du câble de la puissance
économique88 des compagnies de téléphone (telcos) et leur pouvoir de monopole, en particulier sur
les poteaux téléphoniques sur lesquels sont tendus une partie des câbles des réseaux de
télédistribution89, la FCC a également institué pour ces dernières des cross-ownership rules en 1970
(Section 214 Certifications90) avec les motivations suivantes :
"The Commission determined that carriers could use their control of pole and conduits
space effectively to preempt the cable television market and extend their monopoly in
local distribution to new broadband services that might otherwise be provided over
coaxial facilities by independant operators [...] The public interest in modern and efficient
means of communications will best be served, at this time, by preserving, to the extent
practicable, a competitive environment for the development and use of broadband cable
facilities and services thereby avoid unique and unnecessary concentration of control
over communications media either by existing carriers or other entities [...] the
preservation of such competition will best be assured by the exclusion of telephone
companies in their service areas from engaging in the sale of CATV service to the
viewing public [...]"91
Ces règles interdisent aux opérateurs de télécommunications locaux de posséder et
d'exploiter des réseaux de télévision par câble dans leur zone de desserte téléphonique. Elles
furent, comme les règles pour les télévisions hertziennes, intégrées dans la loi de 1984 :
"Sec. 613. (b)(1) It shall be unlawful for any common carrier, subject in whole or part in
part to title II of this Act, to provide video programming directly to subscribers in its
telephone service area, either directly or indirectly through an affiliate owned by, operated
by, controlled by, or under common control with the common carrier.
(2) It shall be unlawful for any common carrier, subject in whole or in part to title II of
this Act, to provide channels of communications or pole line conduit space, or other
rentals arrangements, to any entity which is directly or indirectly owned by, operated by,
controlled by or under common control with such common carrier, if such facilities or
arrangements are to be used for, or in connection, with the provision of video
programming directly to subscribers in the telephone service area of the common carrier.
(3) This subsection shall not apply to any common carrier to the extent such carrier
provides telephone exchange service in any rural area (as defined by the
Commission)."92
Ces règles permettent cependant à des compagnies de téléphone d'intervenir dans la
télédistribution en dehors de leur zone de desserte et même dans les zones rurales de moins
de 2500 habitants93 qu'elles couvrent. Par exemple, la compagnie de téléphone Centel exploita des
réseaux câblés jusqu'en 1989, année où elle céda sa filiale Centel Cable TV (581000 abonnés94,
MSO n°.19) à d'autres câblo-opérateurs (cf. Tableau 3).
88 En 1987, le chiffre d'afffaires de l'industrie des télécommunications était de 85 milliards de dollars (65 pour les RBOCs, 20 pour les
compagnies indépendantes) contre 12.65 milliards de dollars pour l'industrie du câble, cité par [SIMON 1991] p.184 pour l'industrie des
télcommunications et par [COUSTEL 1992] p.11 pour celle du câble
89 le reste des réseaux étant enterré
90 amendement de la section 214 du Communications Act of 1934
91 cf. 'Further Notice of Inquiry and Notice of Proposed Rulemaking' p.3 in [FCC 1988]
92 cf. section 613 Ownership restrictions du [CABLE ACT 1984]
93 cité par [SIMON 1991] p.380
94 cf. [TELEVISION & CABLE 1989] Cable and Services volume, p.B-1451
-23-
LES ENTRANTS POTENTIELS : BARRIERES A L'ENTREE REGLEMENTAIRES TRES FORTES
A ces règles définies par la FCC et instituées en interdictions légales s'ajoute une deuxième
barrière réglementaire qui ne s'applique qu'aux Regional Bell Operating Companies (RBOC)95,
opérateurs régionaux de télécommunications nées du démantèlement d'ATT en 1982, par l'application
du Modification of Final Judgment du 8 Janvier 1982, accord (consent decree) entre ATT et le
ministère de la Justice qui mit fin à la procédure anti-trust96 engagée contre ATT. Par ce Modification
of Final Judgment, les RBOCs se voient interdire d' "offrir des services d'informations dont elles
contrôleraient les contenus"97. Cette seconde barrière interdit de fait aux RBOCs toute exploitation
de réseau câblé sur l'ensemble du territoire américain.
Cependant, les cross-ownership rules du Cable Act de 1984 et les modalités d'application du
Modification of Final Judgment permettent en théorie aux compagnies de téléphone locales (RBOCs +
sociétés indépendantes) de construire et de louer des réseaux de télédistribution à des opérateurs
n'ayant aucune relation avec les télécommunications. En pratique, cela est contrarié par d'autres
barrières réglementaires : accord nécessaire des commissions des états fédéraux pour autoriser
l'investissement des sociétés de téléphone, accord de la FCC sur le caractère d'intérêt public, de
commodité et de nécessité de la construction du réseau, nécessité d'obtenir toutes les concessions
délivrées par les autorités locales à chaque occupant de chaque canal. Toutes ces procédures font
que les situations de construction pour d'autres de réseau câblé par les opérateurs de téléphone sont
extrêmement rares.
3.4 Conclusion : barrières à l'entrée réglementaires très fortes
La réglementation américaine de la télévision par câble a élevé des barrières à l'entrée
réglementaires très protectrices de l'industrie du câble pour la défendre des positions
économiques dominantes que détenaient dans les années 60 et 70 le secteur des opérateurs
de télécommunications et celui des stations de télévision hertzienne. Grâce aux cross-
ownership rules, les câblo-opérateurs ne sont donc pas concurrencés jusqu'en 1992 par l'irruption des
télévisions hertziennes et des compagnies de téléphone dans l'exploitation de réseaux câblés de
télédistribution, l'interdiction d'exploitation étant totale pour les acteurs les plus importants de ces deux
autres industries que sont les networks et les Regional Bell Operating Companies et partielle pour les
autres sociétés dites 'indépendantes'. Cependant, le critère de faiblesse du câble devant la télévision
hertzienne n'est plus d'actualité car le câble génère maintenant un chiffre d'affaires double de celui
des networks (19.7 milliards de dollars contre 10.2 milliards de dollars en 199098). En plus de ces
dispositions légales, les opérateurs évitent toute concurrence directe d'un entrant potentiel sur leurs
marchés locaux en bénéficiant de concessions qui, par leur exclusivité ou par leur mécanisme
d'attribution coûteux, découragent toute entrée, qui si elle avait lieu se heurterait de toute façon à la
barrière de l'intégration verticale réalisée par les exploitants insiders. Les câblo-opérateurs sont par
conséquent peu soumis à la menace d'entrée potentielle. Les chiffres de 50 à 60 marchés
duopolistiques sur plus de 10000 réseaux et de 7 entrées lors des 3516 renouvellement de
concessions qui ont eu lieu depuis la naissance du câble jusqu'en 198899 illustrent parfaitement cette
absence de menace.
95 Les 22 sociétés d'exploitation locales d'ATT ont été regroupées en 7 holdings régionales : Ameritech, Bell Atlantic, Bell South, NYNEX,
Pacific Telesis, Southwestern Bell, US West.
96 United States vs. American Telephone and Telegraph Co.
97 cf. [SIMON 1991] p.171
98 d'après FCC, cité par [COUSTEL 1992] p.7
99 cité par [ZUPAN 1989] p.477
-24-
LES FOURNISSEURS : LES CABLO-OPERATEURS EN SITUATION DE MONOPSONE
4. Les fournisseurs : les câblo-opérateurs en situation de monopsone
4.1 Structure de l'offre
Les programmes offerts par un réseau câblé sont structurés en trois ensembles distincts : le
service de base (basic cable), le service optionnel (premium service) et le service pay-per-view.
a) Le service de base100
Le service de base est l'abonnement minimal que peut souscrire un abonné. Celui-ci paye un
abonnement mensuel (en moyenne 17.62 $ en 1991101) au câblo-opérateur pour l'ensemble des
canaux du service de base, l'opérateur reverse alors à toutes les chaînes une part de cet
abonnement, proportionnelle au nombre d'abonnés, tarifée par la chaîne et variant en fonction
du pouvoir d'attractivité qu'elle exerce sur les téléspectateurs (44 cents par mois par abonné
pour ESPN, première chaîne du câble, 5 cents par mois par abonné pour How-To-Channel, la chaîne
du bricolage).
On distingue quatre grandes classes de programmes proposés:
-> les chaînes nationales propres au câble : ce sont les chaînes qui sont diffusées
exclusivement sur le câble et qui ont pour objectif une couverture nationale via le transport par
satellite jusqu'aux têtes de réseaux de leurs programmes. Elles regroupent des chaînes à
programmation généraliste, des chaînes thématiques dont la diversité (information, conseils
pratiques, cinéma, sport, musique, divertissement) n'est pas sans rappeler celle qui caractérise les
services proposés en France par le Minitel (documentaires, météo, informations financières,
éducation, justice, santé, emploi, bricolage, tourisme), des chaînes ciblées, c'est-à-dire désirant
atteindre une cible démographique bien précise (enfants, communautés noires ou hispaniques),
les chaînes religieuses et les chaînes de télé-achat.
Les chaînes généralistes thématiques et ciblées sont financées par la publicité des messages
nationaux (les messages d'annonceurs locaux étant au bénéfice des opérateurs) et les sommes
versées par les opérateurs, les chaînes de télé-achat par les commandes effectuées par les
téléspectateurs, les chaînes religieuses par les dons des adhérents aux communautés dont elles
assurent la propagande.
-> les superstations : ce sont des chaînes hertziennes locales dont les signaux sont acheminés
par satellite aux différentes têtes de réseaux à travers tous les Etats-Unis et qui ont maintenant
une couverture nationale. Elles ont vu le jour grâce à la suppression en Juillet 1980 des règles,
instaurées par la FCC en 1972 (Cable Television Decision), limitant au maximum à six (3 networks
+ 3 indépendantes) le nombre de chaînes éloignées (distant signals) du site du réseau qu'un
exploitant de câble pouvait importer sur son réseau. Elles sont entièrement financées par la
publicité et ne touchent rien des opérateurs qui se contentent des dividendes des messages
publicitaires locaux qu'ils insèrent dans leurs programmes.
-> les stations hertziennes locales du marché : tout au moins un partie d'entre elles suite à la
suppression des must carry rules.
-> les canaux locaux : ils sont affectés à des chaînes commerciales du câble (local origination) ,
généralement des chaînes sportives qui retransmettent les compétitions des équipes locales ou à
des canaux mis à la disposition gratuitement (public access) ou moyennant une location (leased
access) au niveau local pour les communautés minoritaires, les associations locales et le service
public (public, educational, governmental channels).
100 cf. Tableau 8 page suivante la liste des différentes chaînes nationales existant en 1992 suivant leur genre de programmation
101 d'après [COUSTEL 1992] p.11
-25-
LES FOURNISSEURS : LES CABLO-OPERATEURS EN SITUATION DE MONOPSONE
Tableau 8 : Chaînes nationales du service de base en 1992102
CHAINES GENERALISTES ET SUPERSTATIONS :
chaînes et programmation103 abonnés en
91 (millions)
année de
création104
principaux propriétaires prix mensuel
par
abonné105
plage horaire
publicitaire
106
WTBS (Atlanta) 55.5 1976 TBS, TCI, Time Warner
(55,22,18)107
0 12 mn
The Family Channel
(généraliste)
54.6 1977 TCI (50) 11 cents 13 mn
USA Network (généraliste) 54.1 1977 Paramount, MCA (50,50) 23 cents108 12 mn
The Nashville Network (TNN)
(généraliste)
54.0 1983 Gaylord Broadcasting (100) 20 cents 12 mn
WGN (Chicago) 36.6 1978 Tribune Broadcasting (100) 0 n.d109
KWGN (Denver) 17.0 n.d Tribune Broadacasting (100) 0 n.d
WWOR (New York) 13.5 1979 Gaylord Broadcasting (100) 0 n.d
WPIX (New York) 10.0 1984 Tribune Broadcasting (100) 0 n.d
KTLA (Los Angeles) 4.7 1988 Tribune Broadcasting (100) 0 n.d
KTVT (Dallas) 4.0 1984 Tribune Broadcasting (100) 0 n.d
WSBK (Boston) 2.0 1988 Gillett Communications (100) 0 n.d
CHAINES CIBLEES :
Nickelodeon (enfants) 57.5 1979 Viacom (100) 22 cents 8 mn
Nick at Nite (jeunes adultes) 53.2 1985 Viacom (100) 22 cents 8 mn
Lifetime Television (femmes) 53.0 1984 CC/ABC, Hearst Corp.,
Viacom (33,33,33)
n.d 12 mn
Video Hits One (VH-1) (jeunes
adultes)
43.9 1985 Viacom (100) n.d 8 mn
Black Entertainment Television
(BET) (afro-américains)
31.9 1980 R.Johnson, TCI, Time
Warner, Taft Broadcasting
(51,16,16,16)
5 cents 4 mn
Silent Network
(mal-entendants)
14.2 1984 Silent Network Inc. n.d 1 mn
Nostalgia Channel
(troisième âge)
13.3 1985 M.Markovski n.d n.d
Univision (hispaniques) 11.1 1976 Hallmark Cards Inc. (75) n.d n.d
National College Television
(étudiants)
6.7 1988 The Campus Network n.d n.d
Galavision (hispaniques) 2.1 1979 Televisa (Mexique) 7 cents n.d
International Channel
(asiatiques)
0.6 1990 Intercontinental Television
Group
5 cents 2 mn
U Net (étudiants) n.s110 1989 n.d n.d n.d
Celticvision (irlandais) n.s 1991 n.d n.d n.d
CTN (hispaniques) n.s 1991 BET (40) 4 à 7 cents n.d
VTN (hispaniques) n.s 1991 créateurs 5 cents n.d
Golden American Network
(troisième âge)
n.s 1992 n.d 0 cents
(->1995)
n.d
102 source : [MARIET 1992]
103 pour les superstations, lieu d'émission; pour les chaînes ciblées, cible démographique visée
104 pour les superstations, année de lancement sur le câble via le transport par satellite, pour les années avant 1989 : source [TELEVSION &
CABLE 1989]
105 versé par les câblo-opérateurs
106 source : Paul Kagan Newletters, 1991, cité par [MARIET 1992]
107 Les nombres entre parenthèses indiquent le pourcentage du capital détenu par chaque propriétaire.
108 source : Cablevision, 4 Juin 1990. Il en est de même pour TNN, Nickelodeon, Nick at Nite, CNN, MTV et A&E.
109 non disponible
110 non significatif
-26-
LES FOURNISSEURS : LES CABLO-OPERATEURS EN SITUATION DE MONOPSONE
CHAINES THEMATIQUES :
ESPN (sport) 58.9 1979 CC/ABC, Hearst Corp.
(80,20)
44 cents 11 mn
CNN (information) 58.9 1980 TBS, TCI , Time Warner
(55,22,18)
28 cents 13 mn
The Discovery Channel
(documentaires)
56.3 1985 TCI, Cox Cable, Newhouse
(49,24.5,24.5)
13 cents 9 mn
MTV (musique) 55.2 1981 Viacom (100) 22 cents 9 mn
TNT (cinéma, sport) 54.9 1988 TBS, TCI, Time Warner
(55,2218)
37 cents 10 mn
C-SPAN
(chambre des Représentants)
54.5 1979 financement par l'ensemble
des câblo-opérateurs
3 cents 0 mn
Arts & Entertainment (culture) 53.0 1984 CC/ ABC, Hearst Corp, NBC
(38,38,24)
11 cents 10 mn
The Weather Channel (météo) 50.1 1982 Landmark Communications n.d 12 mn
CNN Headline News
(information)
48.0 1982 TBS, TCI , Time Warner
(55,22,18)
28 cents 12 mn
CNBC/FNN
(information financière)
45.3 1991 Cablevision Systems, NBC
(50,50)
11 cents 12 mn
AMC
(films classiques américains)
35.5 1984 TCI, Cablevision Systems,
NBC (50,25,25)
n.d 0 mn
Prime Network (sport) 26.0 1989 Affiliated Regulated contrôlé
par TCI et Daniels
n.d n.d
C-SPAN 2 (sénat) 25.6 1986 financement par l'ensemble
des câblo-opérateurs
3 cents 0 mn
Prevue Guide (programmes du
câble)
25.0 1987 n.d n.d 18 mn
Sports Channel America (sport) 25.0 1988 NBC, Cablevision Systems
(50,50)
n.d n.d
Comedy Central (comédies) 22.0 1991 Viacom, Time Warner (50,50) n.d n.d
E! Entertainment
(show business)
20.0 1987 Time Warner (40) 8 cents 8 mn
Mind Extension University
(enseignement)
18.0 1987 Jones Intercable n.d n.d
The Learning Channel
(éducation)
15.8 1980 The Discovery Channel (51) 25 cents 0 mn
Country Music Television
(country music)
15.4 1983 Gaylord Broadcasting, Group
W
n.d 10 mn
X Press Executive (teletex) 14.0 1985 TCI (100) n.d n.d
The Courtroom Television
Network (justice)
6.0 1990 TCI, Time Warner, NBC
(33,33,33)
n.d 8 mn
The Monitor Channel
(information)
5.5 1991 Christian Science Church 2 cents n.d
Bravo (culture internationale) 5.0 1980 Cablevision Systems, NBC
(50,50)
15 à 20
cents111
0 mn
You TV (santé) 5.0 1988 Health Television Corp. n.d 5 mn
Infonet (publi-reportages) 4.5 1991 HSN n.d n.d
Family Network (famille) 3.8 1988 n.d n.d 0 mn
Global Village TV Network
(information internationale)
2.0 1991 n.d 3 à 5 cents 3 mn
EPG (programmes du câble) 1.8 1982 n.d n.d n.d
Sci-Fi Channel
(science-fiction)
n.s 1990 USA Network 8 cents 3 mn
Career Television (emploi) n.s 1991 n.d n.d 3 mn
How-To Channel (bricolage) n.s 1992 n.d 3 à 5 cents 4 mn
Talk TV (débats) n.s 1992 n.d 3 à 5 cents 14 mn
The Cow-Boy Channel (western,
country music)
n.s 1992 The Family Channel (50) 10 à 12 cents 2 mn
The Crime Channel (sécurité) n.s 1992 n.d n.d n.d
The Vacation Network
(tourisme)
n.s 1992 n.d n.d n.d
Cartoon Network
(dessins animés)
n.s 1992 TBS, TCI, Time Warner
(55,22,18)
5 cents n.d
111 source : Les Dossiers de l'Audiovisuel, n°.28, Novembre-Décembre 1989
-27-
LES FOURNISSEURS : LES CABLO-OPERATEURS EN SITUATION DE MONOPSONE
CHAINES RELIGIEUSES112 :
EWTN 17.0 1981 Eternal World Television n.d 0 mn
Alternate View Network 17.0 1985 Alternate View Network n.d 0 mn
Trinity BN 13.2 1978 Trinity Broadcasting Network n.d 0 mn
ACTS-Satellite 9.5 1984 Southern Baptist Convention n.d 0 mn
VISN 7.7 1988 Vision Interfailth Satellite
Network
n.d 0 mn
The Inspirationnal Network 6.8 1978 Heritage Village Church n.d 0 mn
CHAINES DE TELE-ACHAT :
QVC (Quality value
convenience)
41.0 1986 TCI, Comcast Cable, Time
Warner (30,28,11)
n.d s.o113
HSN 1 (Home Shopping
Networks)
17.8 1985 HSN n.d s.o
The Travel Channel 17.0 1987 TWA n.d s.o
JC Penney Shopping Network 14.0 1987 JC Penney n.d s.o
HSN 2 7.0 1987 HSN n.d s.o
Tableau 9 : Chaînes nationales du service optionnel en 1992
HBO (cinema, sport) 19.6 1975 Time Warner (100) 3.9 à 5.5 $ 0 mn
Showtime (cinéma, sport) 9.9 1976 Viacom, TCI (50,50) 4 à 4.25 $ 0 mn
Cinemax (cinéma) 8.4 1980 Time Warner (100) 3.9 à 5.5 $ 0 mn
The Disney Channel (enfants) 6.2 1983 Walt Disney Corporation 14 $114 0 mn
The Movie Channel (cinéma) 4.4 1975 Viacom, TCI (50,50) 4 à 4.25 $ 0 mn
Encore (cinéma) 3.5 1991 TCI (90) 1 à 6 $ 0 mn
Flix (cinéma) n.s 1992 Viacom, TCI (50,50) 1 à 6 $ 0 mn
Tableau 10 : Chaînes nationales du service pay-per-view en 1992
chaînes
foyers
adressés en
1991(millions
)
année de
création propriétaires programmes
Video Jukebox Network 13.0 1985 TCI clips musicaux
Viewer's Choice 1 & 2 8.9 1985-1986 Pay Per View Network (8
opérateurs115)
films
Request TV 1 & 2 8.5 1985-1988 Fox, Group W films
Play Boy At Night 4.0 1982 Play Boy entertainment érotisme
Spice 3.0 1990 Graff Pay-Per-View pornographie
Drive In Cinema 1.7 1990 Graff Pay-Per-View films série B
Cable Video Store 1.0 1986 Graff Pay-Per- View films, sport
Action Pay-Per-View 0.5 1990 Avalon Picture Inc. films d'aventure
Premiere n.s 1991 Turner Broadcasting System films, sport
112 financées par les dons des sympathisants des communautés religieuses
113 sans objet : les recettes des chaînes de télé-achat proviennent des commandes des téléspectateurs
114 source : Les Dossiers de l'Audiovisuel, n°.28, Novembre-Décembre 1989
115 Time Warner, Continental, Cox, Newhouse, TeleCable, Times Mirror, Comcast, Viacom
-28-
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis
Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis

Más contenido relacionado

Destacado

20 Campagnes Publicitaires "Marques et Social TV" par @French_SocialTV
20 Campagnes Publicitaires "Marques et Social TV" par @French_SocialTV20 Campagnes Publicitaires "Marques et Social TV" par @French_SocialTV
20 Campagnes Publicitaires "Marques et Social TV" par @French_SocialTVPhilippe KHATTOU
 
l'évolution de la television
l'évolution de la televisionl'évolution de la television
l'évolution de la televisionfrancecours
 
L'économie de la télévision de rattrapage en 2014
L'économie de la télévision de rattrapage en 2014L'économie de la télévision de rattrapage en 2014
L'économie de la télévision de rattrapage en 2014LeCNC
 
Intérêts et impacts des médias sociaux pour les chaînes de télévision - SEO C...
Intérêts et impacts des médias sociaux pour les chaînes de télévision - SEO C...Intérêts et impacts des médias sociaux pour les chaînes de télévision - SEO C...
Intérêts et impacts des médias sociaux pour les chaînes de télévision - SEO C...David Labouré
 
RTS, la Radio Télévision Sociale
RTS, la Radio Télévision SocialeRTS, la Radio Télévision Sociale
RTS, la Radio Télévision SocialeDavid Labouré
 
La Social TV, facteur essentiel d'engagement pour les chaînes de télévision f...
La Social TV, facteur essentiel d'engagement pour les chaînes de télévision f...La Social TV, facteur essentiel d'engagement pour les chaînes de télévision f...
La Social TV, facteur essentiel d'engagement pour les chaînes de télévision f...Alexis Fillon
 
FidzUp au Start In Paris 10
FidzUp au Start In Paris 10FidzUp au Start In Paris 10
FidzUp au Start In Paris 10FidzUp
 
Coménius rapport travail géographie
Coménius rapport travail géographieComénius rapport travail géographie
Coménius rapport travail géographiearlettaz
 
Conférence Wolu Cyber eBay mars 2011
Conférence Wolu Cyber eBay   mars 2011 Conférence Wolu Cyber eBay   mars 2011
Conférence Wolu Cyber eBay mars 2011 Olivier Vanhoeydonck
 
Presentation Client APP
Presentation Client APPPresentation Client APP
Presentation Client APPRomain Caire
 
Présentation Excel
Présentation ExcelPrésentation Excel
Présentation Excelrougail
 
Dossier special flotte auto 28 septembre 2011
Dossier special flotte auto 28 septembre 2011Dossier special flotte auto 28 septembre 2011
Dossier special flotte auto 28 septembre 2011La Tribune
 
Ppt atelier abf 09 juin 2012
Ppt atelier abf 09 juin 2012Ppt atelier abf 09 juin 2012
Ppt atelier abf 09 juin 2012Association Cible
 
Doing an activity
Doing an activityDoing an activity
Doing an activityBm899913mhs
 
Survol de-la_france
 Survol de-la_france Survol de-la_france
Survol de-la_franceAna Ezquerra
 
Design de persuasion, Marie-Lyse Hamel
Design de persuasion, Marie-Lyse HamelDesign de persuasion, Marie-Lyse Hamel
Design de persuasion, Marie-Lyse HamelYu Centrik
 
Comité de suivi régional Saint-Louis du PAEMS
Comité de suivi régional Saint-Louis du PAEMSComité de suivi régional Saint-Louis du PAEMS
Comité de suivi régional Saint-Louis du PAEMSCheikh Saadbou Seye
 
Danse avec le feu
Danse avec le feuDanse avec le feu
Danse avec le feurvpages
 

Destacado (20)

20 Campagnes Publicitaires "Marques et Social TV" par @French_SocialTV
20 Campagnes Publicitaires "Marques et Social TV" par @French_SocialTV20 Campagnes Publicitaires "Marques et Social TV" par @French_SocialTV
20 Campagnes Publicitaires "Marques et Social TV" par @French_SocialTV
 
l'évolution de la television
l'évolution de la televisionl'évolution de la television
l'évolution de la television
 
L'économie de la télévision de rattrapage en 2014
L'économie de la télévision de rattrapage en 2014L'économie de la télévision de rattrapage en 2014
L'économie de la télévision de rattrapage en 2014
 
Intérêts et impacts des médias sociaux pour les chaînes de télévision - SEO C...
Intérêts et impacts des médias sociaux pour les chaînes de télévision - SEO C...Intérêts et impacts des médias sociaux pour les chaînes de télévision - SEO C...
Intérêts et impacts des médias sociaux pour les chaînes de télévision - SEO C...
 
RTS, la Radio Télévision Sociale
RTS, la Radio Télévision SocialeRTS, la Radio Télévision Sociale
RTS, la Radio Télévision Sociale
 
La Social TV, facteur essentiel d'engagement pour les chaînes de télévision f...
La Social TV, facteur essentiel d'engagement pour les chaînes de télévision f...La Social TV, facteur essentiel d'engagement pour les chaînes de télévision f...
La Social TV, facteur essentiel d'engagement pour les chaînes de télévision f...
 
Slide tours confiance gr5
Slide tours confiance gr5Slide tours confiance gr5
Slide tours confiance gr5
 
FidzUp au Start In Paris 10
FidzUp au Start In Paris 10FidzUp au Start In Paris 10
FidzUp au Start In Paris 10
 
Coménius rapport travail géographie
Coménius rapport travail géographieComénius rapport travail géographie
Coménius rapport travail géographie
 
Conférence Wolu Cyber eBay mars 2011
Conférence Wolu Cyber eBay   mars 2011 Conférence Wolu Cyber eBay   mars 2011
Conférence Wolu Cyber eBay mars 2011
 
Presentation Client APP
Presentation Client APPPresentation Client APP
Presentation Client APP
 
Présentation Excel
Présentation ExcelPrésentation Excel
Présentation Excel
 
Dossier special flotte auto 28 septembre 2011
Dossier special flotte auto 28 septembre 2011Dossier special flotte auto 28 septembre 2011
Dossier special flotte auto 28 septembre 2011
 
Ppt atelier abf 09 juin 2012
Ppt atelier abf 09 juin 2012Ppt atelier abf 09 juin 2012
Ppt atelier abf 09 juin 2012
 
Doing an activity
Doing an activityDoing an activity
Doing an activity
 
Exterieur sud
Exterieur sudExterieur sud
Exterieur sud
 
Survol de-la_france
 Survol de-la_france Survol de-la_france
Survol de-la_france
 
Design de persuasion, Marie-Lyse Hamel
Design de persuasion, Marie-Lyse HamelDesign de persuasion, Marie-Lyse Hamel
Design de persuasion, Marie-Lyse Hamel
 
Comité de suivi régional Saint-Louis du PAEMS
Comité de suivi régional Saint-Louis du PAEMSComité de suivi régional Saint-Louis du PAEMS
Comité de suivi régional Saint-Louis du PAEMS
 
Danse avec le feu
Danse avec le feuDanse avec le feu
Danse avec le feu
 

Similar a Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis

1_PDFsam_MQG804_NotesDeCours_A23_1.pdf
1_PDFsam_MQG804_NotesDeCours_A23_1.pdf1_PDFsam_MQG804_NotesDeCours_A23_1.pdf
1_PDFsam_MQG804_NotesDeCours_A23_1.pdfJeanPhilippeTurcotte5
 
ExpeÌrimentation_Marketing_Gianellonni (1).pdf
ExpeÌrimentation_Marketing_Gianellonni (1).pdfExpeÌrimentation_Marketing_Gianellonni (1).pdf
ExpeÌrimentation_Marketing_Gianellonni (1).pdfCutieShiny
 
Rapport de Louis Gallois sur la compétitivité
Rapport de Louis Gallois sur la compétitivitéRapport de Louis Gallois sur la compétitivité
Rapport de Louis Gallois sur la compétitivitéAtlantico
 
Rapport-pacte-compétitivité-gallois
Rapport-pacte-compétitivité-galloisRapport-pacte-compétitivité-gallois
Rapport-pacte-compétitivité-galloisLe Point
 
Rapport gallois
Rapport galloisRapport gallois
Rapport galloisFreelance
 
Rapport Gallois : Pacte pour la compétitivité de l’industrie française
Rapport Gallois : Pacte pour la compétitivité de l’industrie française Rapport Gallois : Pacte pour la compétitivité de l’industrie française
Rapport Gallois : Pacte pour la compétitivité de l’industrie française Nathalie SALLES
 
The historical Decomposition of the S&P500
The historical Decomposition of the S&P500The historical Decomposition of the S&P500
The historical Decomposition of the S&P500Mamadou Diallo, MSc
 
Cours de comptabilite generale
Cours de comptabilite generaleCours de comptabilite generale
Cours de comptabilite generaleA.Karim bouknis
 
Le marché (cours et exercices non corrigés) Version 1.0141015
Le marché (cours et exercices non corrigés) Version 1.0141015Le marché (cours et exercices non corrigés) Version 1.0141015
Le marché (cours et exercices non corrigés) Version 1.0141015EcoAf
 
Analyse critique de la méthode des couts complets et des centres d'analyse
Analyse critique de la méthode des couts complets et des centres d'analyseAnalyse critique de la méthode des couts complets et des centres d'analyse
Analyse critique de la méthode des couts complets et des centres d'analyseabdellah nasser
 
économie générale SEG (Amine nasrallah Ecoaf)
économie générale SEG (Amine nasrallah Ecoaf)économie générale SEG (Amine nasrallah Ecoaf)
économie générale SEG (Amine nasrallah Ecoaf)EcoAf
 
CréAtivitéPublicitairemercantiguerin
CréAtivitéPublicitairemercantiguerinCréAtivitéPublicitairemercantiguerin
CréAtivitéPublicitairemercantiguerinMaria Mercanti-Guérin
 
Arrêts maladie - rapport janvier 2019
Arrêts maladie - rapport janvier 2019Arrêts maladie - rapport janvier 2019
Arrêts maladie - rapport janvier 2019Société Tripalio
 
2580421 controle-de-gestion-banque
2580421 controle-de-gestion-banque2580421 controle-de-gestion-banque
2580421 controle-de-gestion-banqueSamir Samdi
 
000 - Comptabilité analytique.pdf
000 - Comptabilité analytique.pdf000 - Comptabilité analytique.pdf
000 - Comptabilité analytique.pdffakhfakh2
 
Comptaanalytique
ComptaanalytiqueComptaanalytique
Comptaanalytiquehe31
 

Similar a Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis (20)

1_PDFsam_MQG804_NotesDeCours_A23_1.pdf
1_PDFsam_MQG804_NotesDeCours_A23_1.pdf1_PDFsam_MQG804_NotesDeCours_A23_1.pdf
1_PDFsam_MQG804_NotesDeCours_A23_1.pdf
 
ExpeÌrimentation_Marketing_Gianellonni (1).pdf
ExpeÌrimentation_Marketing_Gianellonni (1).pdfExpeÌrimentation_Marketing_Gianellonni (1).pdf
ExpeÌrimentation_Marketing_Gianellonni (1).pdf
 
Rapport de Louis Gallois sur la compétitivité
Rapport de Louis Gallois sur la compétitivitéRapport de Louis Gallois sur la compétitivité
Rapport de Louis Gallois sur la compétitivité
 
Rapport-pacte-compétitivité-gallois
Rapport-pacte-compétitivité-galloisRapport-pacte-compétitivité-gallois
Rapport-pacte-compétitivité-gallois
 
Rapport gallois
Rapport galloisRapport gallois
Rapport gallois
 
Rapport Gallois : Pacte pour la compétitivité de l’industrie française
Rapport Gallois : Pacte pour la compétitivité de l’industrie française Rapport Gallois : Pacte pour la compétitivité de l’industrie française
Rapport Gallois : Pacte pour la compétitivité de l’industrie française
 
The historical Decomposition of the S&P500
The historical Decomposition of the S&P500The historical Decomposition of the S&P500
The historical Decomposition of the S&P500
 
Cours de comptabilite generale
Cours de comptabilite generaleCours de comptabilite generale
Cours de comptabilite generale
 
Le marché (cours et exercices non corrigés) Version 1.0141015
Le marché (cours et exercices non corrigés) Version 1.0141015Le marché (cours et exercices non corrigés) Version 1.0141015
Le marché (cours et exercices non corrigés) Version 1.0141015
 
Analyse critique de la méthode des couts complets et des centres d'analyse
Analyse critique de la méthode des couts complets et des centres d'analyseAnalyse critique de la méthode des couts complets et des centres d'analyse
Analyse critique de la méthode des couts complets et des centres d'analyse
 
économie générale SEG (Amine nasrallah Ecoaf)
économie générale SEG (Amine nasrallah Ecoaf)économie générale SEG (Amine nasrallah Ecoaf)
économie générale SEG (Amine nasrallah Ecoaf)
 
CréAtivitéPublicitairemercantiguerin
CréAtivitéPublicitairemercantiguerinCréAtivitéPublicitairemercantiguerin
CréAtivitéPublicitairemercantiguerin
 
Arrêts maladie - rapport janvier 2019
Arrêts maladie - rapport janvier 2019Arrêts maladie - rapport janvier 2019
Arrêts maladie - rapport janvier 2019
 
2580421 controle-de-gestion-banque
2580421 controle-de-gestion-banque2580421 controle-de-gestion-banque
2580421 controle-de-gestion-banque
 
000 - Comptabilité analytique.pdf
000 - Comptabilité analytique.pdf000 - Comptabilité analytique.pdf
000 - Comptabilité analytique.pdf
 
Compta analytique
Compta analytiqueCompta analytique
Compta analytique
 
Compta ana2005new
Compta ana2005newCompta ana2005new
Compta ana2005new
 
Comptaanalytique
ComptaanalytiqueComptaanalytique
Comptaanalytique
 
Theory
TheoryTheory
Theory
 
Formation prix alimentaires du producteur au consommateur 2009
Formation prix alimentaires du producteur au consommateur 2009Formation prix alimentaires du producteur au consommateur 2009
Formation prix alimentaires du producteur au consommateur 2009
 

Más de Jérôme Perani

75 APPS AYANT LEVE AU MOINS 1 M€
75 APPS AYANT LEVE AU MOINS 1 M€75 APPS AYANT LEVE AU MOINS 1 M€
75 APPS AYANT LEVE AU MOINS 1 M€Jérôme Perani
 
iPhone & publicité : l'expérience Lagardère Active
iPhone & publicité : l'expérience Lagardère ActiveiPhone & publicité : l'expérience Lagardère Active
iPhone & publicité : l'expérience Lagardère ActiveJérôme Perani
 
Dumb metrics to make your smarter about mobile media strategy
Dumb metrics to make your smarter about mobile media strategyDumb metrics to make your smarter about mobile media strategy
Dumb metrics to make your smarter about mobile media strategyJérôme Perani
 
AppDays 2016 : How deep is your app ?
AppDays 2016 : How deep is your app ?AppDays 2016 : How deep is your app ?
AppDays 2016 : How deep is your app ?Jérôme Perani
 
L'Etat et la télédistribution : le Plan Câble
L'Etat et la télédistribution : le Plan CâbleL'Etat et la télédistribution : le Plan Câble
L'Etat et la télédistribution : le Plan CâbleJérôme Perani
 
Les animateurs-vedettes de télévision et le fonctionnement du marché des prog...
Les animateurs-vedettes de télévision et le fonctionnement du marché des prog...Les animateurs-vedettes de télévision et le fonctionnement du marché des prog...
Les animateurs-vedettes de télévision et le fonctionnement du marché des prog...Jérôme Perani
 
Is software-based CA viable for two-way networks ?
Is software-based CA viable for two-way networks ?Is software-based CA viable for two-way networks ?
Is software-based CA viable for two-way networks ?Jérôme Perani
 
La télévision par câble en France. Efficacité économique et concurrence
La télévision par câble en France. Efficacité économique et concurrenceLa télévision par câble en France. Efficacité économique et concurrence
La télévision par câble en France. Efficacité économique et concurrenceJérôme Perani
 
Digital Entertainment needs Content Protection : The case of Marvel & Digital
Digital Entertainment needs Content Protection : The case of Marvel & DigitalDigital Entertainment needs Content Protection : The case of Marvel & Digital
Digital Entertainment needs Content Protection : The case of Marvel & DigitalJérôme Perani
 
Stratégies de monétisation des applications mobiles (Mai 2010)
Stratégies de monétisation des applications mobiles (Mai 2010)Stratégies de monétisation des applications mobiles (Mai 2010)
Stratégies de monétisation des applications mobiles (Mai 2010)Jérôme Perani
 
Concentration et pouvoir de marché. La télévision par câble aux États-Unis en...
Concentration et pouvoir de marché. La télévision par câble aux États-Unis en...Concentration et pouvoir de marché. La télévision par câble aux États-Unis en...
Concentration et pouvoir de marché. La télévision par câble aux États-Unis en...Jérôme Perani
 
Le câble et les systèmes concurrents de distribution vidéo aux États-Unis
Le câble et les systèmes concurrents de distribution vidéo aux États-UnisLe câble et les systèmes concurrents de distribution vidéo aux États-Unis
Le câble et les systèmes concurrents de distribution vidéo aux États-UnisJérôme Perani
 
Editeurs vs Stores : optimisation des applications, optimisation des relations
Editeurs vs Stores : optimisation des applications, optimisation des relationsEditeurs vs Stores : optimisation des applications, optimisation des relations
Editeurs vs Stores : optimisation des applications, optimisation des relationsJérôme Perani
 

Más de Jérôme Perani (14)

75 APPS AYANT LEVE AU MOINS 1 M€
75 APPS AYANT LEVE AU MOINS 1 M€75 APPS AYANT LEVE AU MOINS 1 M€
75 APPS AYANT LEVE AU MOINS 1 M€
 
iPhone & publicité : l'expérience Lagardère Active
iPhone & publicité : l'expérience Lagardère ActiveiPhone & publicité : l'expérience Lagardère Active
iPhone & publicité : l'expérience Lagardère Active
 
Dumb metrics to make your smarter about mobile media strategy
Dumb metrics to make your smarter about mobile media strategyDumb metrics to make your smarter about mobile media strategy
Dumb metrics to make your smarter about mobile media strategy
 
Apps reborn !
Apps reborn !Apps reborn !
Apps reborn !
 
AppDays 2016 : How deep is your app ?
AppDays 2016 : How deep is your app ?AppDays 2016 : How deep is your app ?
AppDays 2016 : How deep is your app ?
 
L'Etat et la télédistribution : le Plan Câble
L'Etat et la télédistribution : le Plan CâbleL'Etat et la télédistribution : le Plan Câble
L'Etat et la télédistribution : le Plan Câble
 
Les animateurs-vedettes de télévision et le fonctionnement du marché des prog...
Les animateurs-vedettes de télévision et le fonctionnement du marché des prog...Les animateurs-vedettes de télévision et le fonctionnement du marché des prog...
Les animateurs-vedettes de télévision et le fonctionnement du marché des prog...
 
Is software-based CA viable for two-way networks ?
Is software-based CA viable for two-way networks ?Is software-based CA viable for two-way networks ?
Is software-based CA viable for two-way networks ?
 
La télévision par câble en France. Efficacité économique et concurrence
La télévision par câble en France. Efficacité économique et concurrenceLa télévision par câble en France. Efficacité économique et concurrence
La télévision par câble en France. Efficacité économique et concurrence
 
Digital Entertainment needs Content Protection : The case of Marvel & Digital
Digital Entertainment needs Content Protection : The case of Marvel & DigitalDigital Entertainment needs Content Protection : The case of Marvel & Digital
Digital Entertainment needs Content Protection : The case of Marvel & Digital
 
Stratégies de monétisation des applications mobiles (Mai 2010)
Stratégies de monétisation des applications mobiles (Mai 2010)Stratégies de monétisation des applications mobiles (Mai 2010)
Stratégies de monétisation des applications mobiles (Mai 2010)
 
Concentration et pouvoir de marché. La télévision par câble aux États-Unis en...
Concentration et pouvoir de marché. La télévision par câble aux États-Unis en...Concentration et pouvoir de marché. La télévision par câble aux États-Unis en...
Concentration et pouvoir de marché. La télévision par câble aux États-Unis en...
 
Le câble et les systèmes concurrents de distribution vidéo aux États-Unis
Le câble et les systèmes concurrents de distribution vidéo aux États-UnisLe câble et les systèmes concurrents de distribution vidéo aux États-Unis
Le câble et les systèmes concurrents de distribution vidéo aux États-Unis
 
Editeurs vs Stores : optimisation des applications, optimisation des relations
Editeurs vs Stores : optimisation des applications, optimisation des relationsEditeurs vs Stores : optimisation des applications, optimisation des relations
Editeurs vs Stores : optimisation des applications, optimisation des relations
 

Mémoire DEA Economie Industrielle - La télévision par câble aux Etats-Unis

  • 1. CONCENTRATION & POUVOIR DE MARCHE LA TELEVISION PAR CABLE AUX ETATS-UNIS DEA 129 Economie Industrielle Université de Paris IX Dauphine Mémoire présenté en septembre 1993 par Jérôme PERANI sous la direction du Professeur Laurent BENZONI Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications Edition du 1er décembre 2004
  • 2. TABLE DES MATIERES TABLE DES MATIERES INTRODUCTION GENERALE ............................................................................... 1 PREMIERE PARTIE : LA TELEVISION PAR CABLE AUX ETATS-UNIS : PROBLEMES STRUCTURELS ET CADRE REGLEMENTAIRE .......................... 4 Introduction........................................................................................................... 5 I - L'analyse structurelle de la télévision par câble aux Etats-Unis en 1991 ....................................................................................................................... 6 1. Le secteur des câblo-opérateurs : monopole local et concentration horizontale.......................................................................................................... 8 2. Les produits de substitution : faiblesse de la concurrence inter-produits ....... 14 3. Les entrants potentiels : barrières à l'entrée réglementaires très fortes ......... 21 4. Les fournisseurs : les câblo-opérateurs en situation de monopsone.............. 25 5. Les clients : les câblo-opérateurs en situation de monopole .......................... 35 6. Conclusion : importance du pouvoir de marché des câblo-opérateurs........... 40 II - Les mesures réglementaires nécessaires à la diminution du pouvoir de marché des câblo-opérateurs ........................................................................ 42 1. Les mesures visant à promouvoir la concurrence entre les câblo- opérateurs .......................................................................................................... 44 2. Les mesures visant à améliorer la concurrence des produits de substitution ......................................................................................................... 46 3. Les mesures visant à permettre les entrées potentielles................................ 49 4. Les mesures visant à diminuer le pouvoir de monopsone des câblo- opérateurs vis-à-vis des fournisseurs de programmes....................................... 53 5. Les mesures visant à diminuer le pouvoir de monopole des câblo- opérateurs vis-à-vis des abonnés....................................................................... 55 Conclusion............................................................................................................ 57 DEUXIEME PARTIE : LES MESURES DE LA CONCENTRATION ET DU POUVOIR DE MARCHE ........................................................................................ 59 Introduction........................................................................................................... 60 I - Les diverses mesures de la concentration .................................................... 61 1. Délimitation d'un cadre d'analyse ................................................................... 62 2. Propriétés des mesures de la concentration .................................................. 68 3. Les indices absolus de concentration............................................................. 70 4. Les indices relatifs de concentration ou indices d'inégalité ............................ 79 Edition du 1er décembre 2004
  • 3. TABLE DES MATIERES 5. Limites des indices de concentration et choix d'un indice .............................. 82 II - Les mesures du pouvoir de marché .............................................................. 84 1. Les taux de profit............................................................................................ 85 2. L'indice de Lerner (price-cost margin) ............................................................ 87 3. Le q de Tobin ................................................................................................. 89 III - Relation structure-performance.................................................................... 94 1. Vue structuraliste vs vue efficiente................................................................. 95 2. Mesures du pouvoir de marché et mesures de la concentration .................... 98 Conclusion............................................................................................................ 10202 TROISIEME PARTIE : EVALUATION DE LA CONCENTRATION ET DU POUVOIR DE MARCHE DES CABLO-OPERATEURS AMERICAINS................. 103 Introduction........................................................................................................... 104 I - Mesure de la concentration des câblo-opérateurs américains .................... 105 1. Les données utilisées..................................................................................... 106 2. Calcul des indices de concentration ............................................................... 108 3. Conclusion...................................................................................................... 116 II - Mesure du pouvoir de marché des câblo-opérateurs américains............... 117 1. Le calcul du q de Tobin par MacAvoy pour les opérateurs du câble .............. 118 2. Les résultats de MacAvoy .............................................................................. 120 3. Critiques et commentaires.............................................................................. 122 Conclusion............................................................................................................ 125 CONCLUSION GENERALE................................................................................... 126 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................... 129 LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES .......................................................... 135 ANNEXES .............................................................................................................. 137 Edition du 1er décembre 2004
  • 4. INTRODUCTION GENERALE INTRODUCTION GENERALE L'Economie Industrielle est basée sur le triptyque originel structure-comportement-performance (S-C-P) proposé par Scherer en 19701. Dans ce triptyque auquel on peut ajouter les conditions de base, la structure d'un secteur ou d'un marché influence les comportements des acteurs qui agissent sur les performances des entreprises; en d'autres termes la structure détermine la performance par l'intermédiaire du comportement de ces entreprises. On a depuis rajouté des feedbacks entre conditions de base, structure, comportement et performance car les relations entre ces quatre composantes ne seraient pas simplement univoques. La structure de marché est traditionnellement assimilée à la concentration de celui-ci. Le nombre d'acteurs, leurs tailles, les différences entre celles-ci sont des données qui caractérisent cette concentration. La performance est souvent considérée comme le profit ou la rentabilité des entreprises, mais plus généralement la performance consiste dans le pouvoir de marché qu'exercent les entreprises ou un secteur pour générer du profit ou de la rentabilité. Pour vérifier l'hypothèse de causalité entre structure et performance du triptyque de Scherer, de nombreux économistes, à la suite des travaux de Bain, ont tenté d'effectuer des régressions performance = f (structure). Cette hypothèse que la concentration va de paire avec la rentabilité, que les marchés ou secteurs qui disposent des structures les plus concentrées jouissent de taux de profit supérieurs est à l'origine de la politique anti-trust américaine qui combat les industries les plus concentrées, celles-ci étant censées posséder des taux de rentabilité plus élevés que les autres industries. Il faut donc se demander comment la structure agit sur la performance, comment la concentration agit sur le pouvoir de marché et quelle est l'influence en retour de la performance sur la concentration. La concentration affecte principalement l'écart entre les prix et les coûts. En effet, en concurrence pure et parfaite, les décisions des acteurs en matière de quantité n'affectent absolument pas le prix car celui-ci est exogène aux entreprises. D'autre part, en situation de concentration suprême, c'est-à-dire dans le cas d'un monopole, la quantité produite détermine directement le prix auquel cette quantité va être vendue, prix qui est le prix de monopole. Par conséquent, dans le cas d'une structure concentrée non monopolistique, on se situe, avec un nombre d'acteurs compris entre l'unité et l'infini, quelque part entre ces deux situations. Les entreprises ont une capacité limitée mais réelle d'agir sur les prix alors qu'en concurrence pure et parfaite elles n'en ont aucun et qu'en situation monopolistique, c'est le monopoleur qui détermine le prix. La concentration devient source d'une imperfection de marché. Dans une approche théorique où la structure détermine la performance, cette imperfection de marché génère alors une certain pouvoir d'agir sur les prix et entraîne parmi les acteurs la distribution d'un pouvoir économique. 1 cf. SCHERER F.M., Industrial market structure and economic peformance, première édition, Boston, Houghton Mifflin, 1970 -1-
  • 5. INTRODUCTION GENERALE Ce pouvoir économique est défini par Morvan comme la "capacité de prendre une décision de façon indépendante et même de changer à son avantage les conditions d'existence du marché des biens et des facteurs."2 Il vient alors que l'analyse de la structure d'un secteur ou d'un marché et de sa concentration revient à étudier la distribution du pouvoir économique entre les entreprises du secteur ou du marché, de quantifier son importance et sa répartition. On est alors dans une approche théorique où la concentration influe directement sur la performance et le pouvoir de marché, en particulier celui d'agir sur les prix. Cette approche dite "structuraliste" où la structure détermine la performance s'oppose à celle dite "efficiente" où la concentration peut provenir de certaines sources d'efficacité. Les industries les plus efficaces, selon certains critères, ont alors tendance à être plus concentrées que d'autres. Ceci arrive en particulier dans des industries où il existe de fortes économies d'échelle. Ces deux approches théoriques ont des répercussions notablement différentes sur l'esprit des politiques anti-trust. Une politique anti-trust suivant l'approche structuraliste combattra aveuglément les structures concentrées et les entreprises de grande taille alors qu'une politique suivant l'approche efficiente prendra en compte les degrés d'efficacité incitatifs à la concentration. L'appareil réglementaire américain, qui le premier a adopté des procédures anti-trust, se situe assez dans le cadre de l'approche structuraliste. La politique anti-trust dépend du ministère de la Justice (Department of Justice) qui s'attache à mesurer la concentration des secteurs et qui applique les mêmes seuils d'intervention à toute industrie. La performance et le pouvoir de marché, dépendent eux, de la surveillance des agences et commissions fédérales. Les autorités réglementaires américaines s'attachent donc à analyser dans des instances différentes la structure et la performance des industries, leur concentration et leur pouvoir de marché. Elles disposent donc d'outils de surveillance et d'instruments de mesure de la concentration et du pouvoir de marché pour pouvoir agir sur les conditions de développement d'une industrie. En fonction de cette surveillance de la structure et de la performance, quand les commissions fédérales estiment que les acteurs d'un secteur ont trop de liberté et jouissent d'un pouvoir de marché néfaste pour les consommateurs, quand les autorités anti-trust constatent que leurs seuils d'intervention sont atteints, des nouveaux cadres réglementaires, sont élaborés, sous formes de lois votées au Congrès ou de décisions judiciaires, pour diminuer un pouvoir de marché trop élevé ou faire baisser une concentration trop importante. L'une des agences fédérales de réglementation, la Federal Communications Commission (FCC) qui couvre toutes les industries de communications, connaît un important travail réglementaire depuis une vingtaine d'années en ce qui concerne la télévision par câble. Après qu'elle ait instauré de nombreuses mesures d'encadrement de cette industrie au cours des années soixante et soixante-dix, il est devenu indispensable d'adopter au Congrès un cadre réglementaire clair et précis en 1984 (Cable Communications Policy Act of 1984). Cette loi a causé une profonde déréglementation du secteur et laissé une grande liberté aux acteurs du câble. A peine après avoir été instauré, ce Cable Act est devenu la proie de vives critiques et a contraint la FCC à envisager une nouvelle loi de réglementation. Huit ans après la déréglementation, un nouveau cadre réglementaire a été voté en 1992 et manifeste une tendance que certains appellent la "re-réglementation" (Cable Television Consumer Protection and Competition Act of 1992). Cette nouvelle réglementation vise à diminuer le pouvoir de marché de la télévision par câble qui est devenue le média dominant aux Etats-Unis. Pour établir ce Cable Act de 1992, la FCC a analysé l'évolution de la performance et du pouvoir de marché des opérateurs du câble ou câblo-opérateurs suite à la déréglementation de 1984. Elle en a déduit que ces entreprises disposaient d'un important pouvoir de marché aux sources multiples et qu'elles étaient en situation de rapport de force avantageux face aux autres acteurs auxquelles elles font face : les consommateurs, c'est-à-dire les abonnés, les fournisseurs de programmes, c'est-à-dire les chaînes câblées, les produits de substitution comme la télévision hertzienne et la télévision par satellite, les entrants 2 cf. [MORVAN 1972] p.23 -2-
  • 6. INTRODUCTION GENERALE potentiel. La structure du secteur laisse apparaître une tendance à la concentration qui ne déclenche pas encore les foudres du ministère de la Justice. Il semble donc que de nombreux problèmes structurels existent dans l'industrie de la télévision par câble, que ces problèmes affectent la structure et la performance du secteur et qu'ils soient suffisamment importants pour que le Congrès américain adopte une nouveau cadre réglementaire, huit ans seulement après le dernier. L'objectif de ce mémoire est d'entreprendre une analyse chiffrée de la structure et de la performance du secteur des câblo-opérateurs américains entre les deux cadres réglementaires de 1984 et de 1992 afin d'évaluer les conséquences de la réglementation américaine. Nous évaluerons donc la concentration et le pouvoir de marché de l'industrie du câble grâce aux instruments de mesure adéquats. Pour atteindre un tel objectif, nous organisons ce mémoire en trois grandes parties : - dans une première partie, nous nous livrerons à une analyse économique et structurelle de la télévision par câble aux Etats-Unis avant l'adoption de la nouvelle loi réglementaire de 1992. Il s'agira de mettre à jour les problèmes structurels qui animent cette industrie en 1991 et les différentes sources qui confèrent du pouvoir de marché aux opérateurs du câble. Ceci sera réalisé en se basant sur le modèle d'analyse sectorielle de Porter3 en analysant les cinq forces de la concurrence que sont la concurrence interne au secteur des exploitants du câble, le pouvoir de négociation des clients, celui des fournisseurs, la menace exercée par les entrants potentiels et les produits de substitution. Puis, nous exposerons les mesures réglementaires à prendre ou prises par le Cable Act de 1992 pour résoudre les problèmes structurels de la télévision par câble et diminuer le pouvoir de marché des câblo-opérateurs. - dans une deuxième partie, nous présenterons les instruments théoriques de mesure de la structure et de la performance qui sont proposés par la littérature économique et qui sont à la disposition des autorités réglementaires. Nous montrerons les principaux indices de concentration qui se repartissent en trois grandes classes (indices semi-absolus, indices absolus et indices relatifs) correspondant à trois aspects de la concentration (caractère oligopolistique, concentration absolue, concentration relative ou inégalité), leurs formules, leurs propriétés, leurs avantages et leurs inconvénients. Nous agirons de même quand nous exposerons les trois mesures majeures du pouvoir de marché que sont les taux de profits comptables, l'indice de Lerner ou price- cost margin et le q de Tobin. Nous essaierons de voir si il existe un indice de concentration et une mesure du pouvoir de marché supérieurs aux autres. - dans troisième partie, nous appliquerons les outils d'évaluation de la structure et de la performance présentés dans la deuxième partie, au cas de la télévision par câble aux Etats- Unis. Nous calculerons donc la concentration du secteur des câblo-opérateurs américains à l'aide des indices de concentration, le pouvoir de marché de cette industrie avec les mesures existantes du pouvoir de marché sur des données couvrant la période 1984-1992. Nous essaierons de quantifier et de dégager les tendances de la concentration et du pouvoir de marché des exploitants de réseaux de télédistribution entre la déréglementation de 1984 et la "re-réglementation" de 1992 afin d'observer les portées réelles des cadres réglementaires sur la structure et la performance du secteur. 3 cf. PORTER M.E., Choix stratégiques et concurrence, Paris, Economica, 1990 -3-
  • 7. PREMIERE PARTIE PREMIERE PARTIE LA TELEVISION PAR CABLE AUX ETATS-UNIS PROBLEMES STRUCTURELS ET CADRE REGLEMENTAIRE -4-
  • 8. INTRODUCTION Introduction La télévision par câble : média dominant aux Etats-Unis La télévision par câble est née aux Etats-Unis en 1947. L'anecdote veut qu'un vendeur d'électro-ménager, John Watson, ait relié son magasin de Mahoney City (Pennsylvanie) à une antenne installée par ses soins sur un sommet proche des Appalaches et ait proposé les chaînes recues à 727 abonnés4. Les réseaux câblés furent considérés jusqu'en 1970 comme des systèmes de réception communautaires permettant de capter les signaux hertziens où leur réception était de mauvaise qualité, l'industrie du câble dénommée sous le terme de Community Antenna Television (CATV) est alors perçue comme une activité auxiliaire de la télévision hertzienne. En ce début des années 90, la télévision par câble est devenue le média dominant aux Etats-Unis. La quasi-totalité des foyers américains ont la possibilité de s'abonner, le taux de raccordement étant de 93.9%5. En 1991, 55.79 millions de foyers sont abonnés au service de base du câble6, soit un taux de pénétration de près de 60% et on dénombre 10704 réseaux7 contre 640 en 1960, 2490 en 1970, 4225 en 19808. Cette forte croissance qui se déroule sur quarante ans a en fait démarré à partir de 1970 pour s'accélerer au cours des années 80 (cf. Graphique 0). Graphique 0 : Croissance de la télévision par câble en nombre d'abonnés et taux de pénétration entre 1952 et 1990 0 10 20 30 40 50 60 abonnés en millions et pénétration en % service optionnel taux de pénétration du service de base service de base source : [SIMON 1991] p.321 4 cf. [SIMON 1991] p.279 5 cité par [MARIET 1992] p.137 6 d'après NCTA, cité par [COUSTEL 1992] p.11. En 1992, 92.74 millions de foyers étaient raccordés (d'après NCTA). 7 d'après Warren Publishing Inc., cité par [NCTA 1992] 8 cité par [SIMON 1991] p.321 -5-
  • 9. INTRODUCTION L'industrie du câble qui emploie en 1991 102656 personnes9 génère maintenant un chiffre d'affaires de plus de 22 milliards de dollars. Ceci représente plus du double du chiffre d'affaires des networks estimé à 10.2 milliards de dollars en 199010, alors qu'en 1975 ce-dernier était cinq fois plus important que celui du câble. Les sources des revenus de la télévision par câble proviennent des abonnements des téléspectateurs au service de base où un ensemble de chaînes est proposé, au service optionnel où les chaînes sont individuellement payantes, des recettes publicitaires des annonceurs locaux et nationaux, des recettes du service pay-per-view où la vente des programmes se fait à la carte, de la location de décodeurs, de télécommandes et de la vente des journaux annonçant les programmes du câble. Le tableau ci-dessous montre l'évolution des différents revenus de l'industrie du câble. Tableau 0 : Evolution du chiffre d'affaires de l'industrie du câble entre 1976 et 2000 millions de dollars 1976 1980 1984 1988 1991 1995 2000 revenus du service de base 851 1615 3545 7343 11696 16730 24000 revenus du service optionnel 65 765 3370 4491 5287 5130 5110 revenus publicitaires 0 50 487 1154 2116 1370 2400 autres revenus 17 169 859 1749 3056 3070 6640 chiffre d'affaires total du câble 933 2599 8261 14737 22155 26300 38150 source : NCTA, Cable Television Developments, Mai 1989 et Mai 1992, cité par [COUSTEL 1992] p.11, pour 1995 et 2000 estimation de Paul Kagan Associates La réglementation de la télévision par câble La télévision par câble entretient des relations mouvementées avec l'appareil réglementaire américain. En effet, on distingue plusieurs phases qui alterne entre cadre réglementaire contraignant pour le développement du câble et non-réglementation ou déréglementation. De 1947 à 1959, la télévision par câble alors, dans une période où elle se situe plus proche de l'artisanat que de l'industrie, n'est pas réglementée par l'appareil réglementaire américain, en particulier par la Federal Communications Commission (FCC), agence fédérale qui a en charge la surveillance des secteurs des télécommunications et de l'audiovisuel. Entre 1959 et 1972 succède une phase de montée vers la réglementation du secteur du câble. Pour protéger les intérêts des télévisions hertziennes qui considèrent le câble comme un concurrent potentiel dangereux, notamment en distribuant des chaînes hertziennes éloignées du site des réseaux, la FCC va accumuler les décisions encadrant le développement du secteur du câble, ce qui aboutira à un ensemble de règles complet en 1972 intitulé Cable Television Decision. 9 d'après FCC, cité par [NCTA 1992] 10 d'après FCC, cité par [COUSTEL 1992] p.7 -6-
  • 10. INTRODUCTION Cependant, ces règles de 1972 vont peu à peu être relâchées sous la pression des lobbies des acteurs du câble. Ceci va permettre de protéger l'industrie du câble de la puissance économique que constitue à l'époque les télévisions hertziennes, en particulier les networks, et de démarrer une véritable croissance. Cette croissance va être favorisée par une décision réglementaire ne concernant pas a priori le secteur du câble mais qui avoir d'immense répercussions. En 1973, la FCC adopte des mesures visant à libérer l'accès aux satellites de communications11, ce qui autorise de nombreuses chaînes du câble à passer d'une couverture locale ou régionale à une couverture nationale par le transport par satellite de leurs signaux vers les têtes de réseaux. La télévision par câble se dirige donc depuis 1972 vers un assouplissement de son cadre réglementaire qui trouve son apogée avec l'adoption en 1984 par le Congrès de la première loi sur le câble, Cable Communications Policy Act of 1984, qui amende le Cable Communications Act de 1934. Cette loi instaure une déréglementation majeure de la télévision par câble en retirant le pouvoir aux autorités locales, qui accordent des concessions aux câblo-opérateurs, de contrôler les tarifs des services câblés. Ces tarifs ne peuvent être réglementés selon la loi, que si les réseaux sont en situation de concurrence effective. La définition que la loi retiendra du terme concurrence effective entraînera dans les faits une déréglementation de la quasi-totalité des réseaux. Cette libération des prix combinée avec les situations de monopole local que détiennent les opérateurs grâce aux concessions va entraîner une hausse des prix pour les consommateurs à partir de 1985. La loi va permettre de plus l'accélération de nombreux problèmes structurels affaiblissant la position des acteurs environnant les câblo-opérateurs. Par conséquent, les acteurs réglementaires, que sont la FCC et le Congrès, vont envisager rapidement un retour à une réglementation plus stricte pour contenir la puissance émergente constituée par les câblo-opérateurs. Ainsi, la période 1984-1992 se caractérise par un mouvement vers la réglementation qui aboutit par l'adoption d'une nouvelle loi le 5 Octobre 1992 : Cable Television Consumer Protection and Competition Act of 1992. Cette loi, adoptée à la majorité des 2/3 par le Congrès et échappant donc ainsi au veto du président Bush, tente de corriger les dispositions prises par la loi de 1984 et de résoudre en partie les problèmes structurels de l'industrie du câble. Analyse du secteur des câblo-opérateurs et réglementation nécessaire Nous allons donc procéder à une analyse détaillée et complète de tous les problèmes qui sont posés par le secteur des câblo-opérateurs aux Etats-Unis avant l'adoption de la loi de 1992. Pour cela, nous nous placerons en 1991 et nous allons adopter la démarche conseillée par ME. Porter pour opérer une analyse structurelle des secteurs12. Nous allons donc étudier dans une première partie la concurrence interne au secteur des câblo-opérateurs, la concurrence inter-produit générée par les produits de substitution, les menaces constituées par les entrants potentiels, et les problèmes qui existent dans les relations qu'entretiennent les câblo-opérateurs, d'une part avec leurs fournisseurs de programmes que sont les chaînes qu'ils distribuent, d'autre part avec leurs clients que sont les abonnés (cf. I - L'analyse structurelle de la télévision par câble aux Etats-Unis en 1991). Une fois exposés tous les problèmes structurels de la télévision par câble, nous verrons les dispositions réglementaires à prendre pour combattre ces problèmes, manifestation d'un fort pouvoir de marché détenu par les câblo-opérateurs. En agissant, comme le fait partiellement la nouvelle loi de 1992, sur les fondements structurels et les conditions de développement de l'industrie du câble, une réglementation adéquate pourrait diminuer le pouvoir de marché des câblo-opérateurs et réaliser un rééquilibrage dans le paysage audiovisuel américain (cf. II - Les mesures réglementaires nécessaires à la diminution du pouvoir de marché des câblo-opérateurs). 11 Domestic Communications Satellite Facilities 12 cf. PORTER M.E, Choix stratégiques et concurrence, Paris, Economica, 1990 -7-
  • 11. LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE "Without the presence of another multichannel video programming distributor, a cable system faces no local competition. The result is undue market power for the cable operator as compared to that of consumers and video programmers."13 I - L'analyse structurelle de la télévision par câble aux Etats-Unis en 1991 1. Le secteur des câblo-opérateurs : monopole local et concentration horizontale 1.1 Situation de monopole local : exclusivité des concessions municipales Les câblo-opérateurs, au niveau local, c'est-à-dire au niveau d'une ville ou d'une zone d'une grande agglomération urbaine, sont en situation de monopole de fait. En effet, d'après la FCC la présence de deux réseaux câblés concurrents est assurée en 1990 sur seulement 60 marchés locaux14 sur les 10704 réseaux existant en 199115. Ces situations de duopole représentent en 1991 de 1 à 2% des 55.79 millions d'abonnés au service de base16. Dans tous les autres marchés, il n'y a qu'un seul réseau câblé. Quand il existe un deuxième réseau (overbuild), celui-ci a beaucoup de mal à être viable économiquement : en 1988, 6 sont tombés en faillite, 30 ont été rachetés par l'exploitant déjà présent sur le marché local et 20 n'ont jamais été construits alors qu'ils avaient été autorisés à l'être17. En fait, les réseaux concurrents qui sont rachetés sont le résultat de démarche spéculative de petits opérateurs qui pratiquent l'écrémage par les prix18. Cette position de monopole au niveau local est due au mécanisme d'attribution de l'autorisation de construction de réseau câblé qui est celui de la concession (franchise). "Sec. 602. [...] (8) the term 'franchise' means an initial authorization, or renewal therof [...], issued by a franchising authority, whether such authorization is designated as a franchise, permit, license, resolution, contract, certificate, agreement, or otherwise, which authorizes the construction or operation of a cable system; (9) the term 'franchising authority' means any governmental entity powered by Federal, State, or local law to grant a franchise;"19 13 cf. section 2 Findings; Policy; Definitions (a) (2) du [CABLE ACT 1992] 14 d'après [FCC 1990] 15 d'après National Cable Television Association, cité par [NCTA 1992] 16 cité par [HAZLETT 1992] p.3 17 d'après [FCC 1990] 18 cité par [COUSTEL 1992] p.13 19 cf. section 602 Definitions du [CABLE ACT 1984] -8-
  • 12. LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE Cette concession est accordée par les autorités locales20, qui sont dans la plupart des cas les municipalités, et elle est très souvent exclusive car la loi de 1984 le permet21. La raison économique utilisée pour justifier l'exclusivité des concessions est que le câble serait un monopole naturel comme toute industrie de réseaux. Quand la concession n'est pas exclusive, la concurrence entre opérateurs du câble n'a effectivement pas lieu, mais son absence est plus causée par le principe général de la concession que par des manifestations du monopole naturel : à savoir un accord tacite de non-agression entre les câblo-opérateurs. "Cable companies rarely overbuild each other. That is a function of the fact that each system is equally vulnerable : all local retail monopolists would expose their own turf by invading another's. This gentleman's agreement is butressed by economic self-interest, which is a why direct competition among the MSO's is severely restrained (beyond the municipal franchise "auction")."22 A l'exception de situations qui apparaissent très marginales, l'industrie du câble est donc caractérisée par une absence totale de concurrence entre les opérateurs au niveau local, de part l'exclusivité des concessions concédées par les autorités locales. 1.2 Les câblo-opérateurs en voie de concentration horizontale a) Recherche de la grande taille pour bénéficier d'économies d'échelle Les exploitants du câble sont des petites et moyennes entreprises. En 1987, 415 câblo- opérateurs23 employaient 84163 personnes24 et le premier câblo-opérateur Tele-Communications Inc. (TCI) ne possède que 250 employés. Ils gèrent quasiment tous plusieurs réseaux, c'est pourquoi on les appelle Multiple System Operator ou MSO. Les 240 MSOs membres de l'association des acteurs du câble, National Cable Television Association (NCTA), ont en charge plus de 10000 réseaux25. Contrairement aux réseaux de diffusion hertzienne qui ne doivent pas être chacun propriétaires de plus de 12 stations de télévisions, 12 stations de radio AM, 12 stations de radio FM et ne pas détenir un potentiel d'audience nationale supérieur à 25%, les câblo-opérateurs ne sont absolument pas réglementés au niveau du nombre de réseaux possédés ou du nombre de foyers abonnés. Ainsi, TCI dénombre plus de onze millions d'abonnés au service de base (cf. Tableau 1), soit une part de marché de 22.8% par rapport aux 55.79 millions d'abonnés en 1991. Avec la croissance du câble qui règne depuis 1980, les câblo-opérateurs sont partis à la recherche d'économies d'échelle qui sont intrinsèques à la nature de leurs activités d'industrie de réseau. Avec un nombre d'abonnés suffisamment important, les exploitants du câble peuvent tirer partie d'économies d'échelle dans le domaine technique (chute du coût du câblage par prise raccordable), dans le domaine de la gestion (facturation groupée pour les abonnés), dans le domaine financier (investissements dans la programmation facilités et plus importants). La première manifestation de cette recherche des économies d'échelles est la taille croissante des réseaux (cf. Tableau 2). 20 Celles-ci touchent un droit de concession (franchise fee) de la part du câblo-opérateur sélectionné qui peut monter jusqu'à 5% du chiffre d'affaires de l'exploitant du réseau (cf. section 622 Franchise fees du [CABLE ACT 1984]). Ces drois de concessions se sont élevés à 800 millions de dollars en 1991 (cité par (MARIET 1992] p.233) 21 "Sec. 621.(a) A franchising authority may award [...] 1 or more franchises within its jurisdiction.", cf. section 621 General franchise requirements du [CABLE ACT 1984] 22 cf. [HAZLETT 1992] p.51 23 cité par [LAFRANCE 1989] p.265 24 d'après FCC, cité par [NCTA 1992] 25 cité par CableMarketing, 22 Mai 1992, n°.25 -9-
  • 13. LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE Tableau 1 : Classement 1991 des 20 premiers opérateurs suivant le nombre d'abonnés au service de base Opérateurs (Multiple System Operator MSO) Abonnés au service de base 1. Tele-Communications Inc (TCI) 11.256.309 2. Time Warner 6.644.000 3. Continental Cablevision 2.786.000 4. Comcast Corporation 1.673.100 5. Cox Cable Communications 1.661.300 6. Jones Intercable 1.655.800 7. Storer Communications Cable 1.633.400 8. Cablevision Systems 1.628.200 9. Newhouse Broadcasting 1.288.200 10. Cablevision Industries 1.131.700 11. Times Mirror Cable Television 1.109.300 12. Adephia Communications 1.104.300 13. Viacom Cable 1.083.600 14. Sammons Communications 925.400 15. Century Communicartions 884.000 16. Falcon Cable TV 847.000 17. TeleCable Corporation 653.400 18. Scripps Howard Cable 639.200 19. Cencom Cable Associates 527.600 20. Paragon Communications 521.400 source : National Cable Television Association, cité par [NCTA 1992] Tableau 2 : Répartition des abonnés (en %) en fonction du nombre d'abonnés par réseau : 1983 et 1990 nombre d'abonnés 1983 1990 >50000 16.6 37.03 20000-50000 27.0 25.58 10000-20000 19.4 14.36 5000-10000 14.9 9.33 1000-5000 17.9 10.07 <1000 4.2 3.63 source : pour 1983 [NTIA 1988] p.543, pour 1990 NCTA, Cable Television Developments, Mai 1990 L'une des techniques les plus efficaces pour bénéficier d'économies d'échelle optimales est celle qu'a développé American Television & Communications (ATC, groupe Time Warner) et qui consiste à racheter des réseaux adjacents aux réseaux existants (clustering). ATC n'a cependant pas été la seule entreprise à se lancer dans des achats de réseaux. b) Augmentation de la concentration des câblo-opérateurs De nombreuses opérations d'acquisition d'opérateurs, de fusion entre opérateurs, de création de filiales, de vente d'opérateurs ont été en effet réalisées depuis 1980 (cf. Tableau 3). -10-
  • 14. LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE Tableau 3 : Principales opérations de concentration au cours des années 80 date type d'opération firme acquérant (fusionnant ou créatrice) firme acquise (fusionnant ou créatrice) montant de l'opération firme résultant de la fusion ou de la création 07/80 acquisition Capital Cities Cable Cablecom General 139.2 M$ 10/80 fusion Westinghouse Teleprompter 636 M$ Group W Cable 01/81 création TCI Taft Broadcasting ---- Taft Cable 03/81 acquisition Newhouse Vision Cable 175 M$ 06/81 fusion UA-Columbia Rogers Cablesystems 265 M$ Rogers/UA26 12/81 création TCI Knight-Riddder ---- TKR Cable 02/83 acquisition TCI Liberty Communications 182 M$ 07/83 acquisition TCI Tele-Media 145 M$ 08/85 acquisition Rifkin Omni Cable TV 55 M$ 08/85 acquisition Post Newsweek Cable Capital Cities Cable27 350 M$ 01/86 acquisition TCI, Comcast, ATC, Century, Daniels Group W Cable 2100 M$ 01/86 création ATC Houston Industries ---- Paragon. 04/86 acquisition Continental McClathy Newspapers' 130 M$ 07/86 acquisition TCI UA Cablesystems 1200 M$ 08/87 acquisition Cablevision Systems Adams-Russell 474 M$ 10/87 acquisition Continental American Cablesystems 481.7 M$ 01/88 acquisition TCI, Comcast Storer Cable 2900 M$ 02/88 acquisition UA Cablesystems (TCI) Daniels 190.4 M$ 03/88 fusion UA Cablesystems (TCI) United Cable 1600 M$ UA Entertainment 05/88 acquisition Continental Industries Wometco Cable 270 M$ 09/88 acquisition Houston Industries Rogers Cablesystems 1260 M$ Paragon Cable28 03/89 fusion Time Inc. (contrôle ATC) Warner Communications 18000 M$ Time Warner 04/89 acquisition ATC, Warner, Jones, Adelphia Centel Cable 1400 M$ 07/89 acquisition Intermedia Partners Hearst Cable 170 M$ source : [STEIN 1990] Les opérations majeures figurent en gras dans le tableau ci-dessus. Il s'agit de la vente de Groupe W Cable (MSO n°.3 en nombre d'abonnés en 1985) à 5 opérateurs, du partage de Storer Cable (MSO n°.4 en 1988) entre TCI et Comcast, du contrôle de TCI sur UA Entertainment née de la fusion de United Cable, UA Cablesystems, Daniels (respectivement MSO n°.8, n°.15, n°.19 en 1988) et de la fusion entre ATC et Warner Cable (MSO n°.2 et n°.6 en 1989) suite à la fusion des deux groupes multimédias Time Inc. et Warner Communications. En 1986, ce sont près de 7 millions d'abonnés au câble (18% des foyers câblés) qui ont vu leur réseau changer de propriétaire29 et sur la période 1985-1990 ce sont 28 millions d'abonnés qui ont changé d'exploitant30. Une telle activité de fusion/acquisition a évidemment renforcé la concentration horizontale des câblo-opérateurs. Selon la FCC, les 50 premiers câblo-opérateurs détiennent 90% des abonnés31. La part de marché des quatre premiers câblo-opérateurs a augmenté de 25.5% à 46.9% entre 1980 et 1990, celle des dix premiers de 42.6% à 61.8%. Dans le même temps, l'indice de concentration Herfindhal-Hirschman (HHI) utilisé par le département antitrust du ministère de la Justice, et qui consiste en la sommation des parts de marché élevées au carré, a augmenté de 195 à 774 entre 1977 et 199132 (cf. Tableau 4 et Graphique 1). On commence à approcher un seuil de concentration qui déclenche l'intérêt de ce département antitrust : HHI > 1000 et part de marché des quatre premières entreprises > 45%. 26 coopération terminée en 02/83 27 Suite à l'absorbtion du network ABC par Capital Cities, Capital Cities a du démanteler ses activités d'exploitant de réseaux. 28 nouveau nom de Rogers Cablesystems 29 cité par [NTIA 1988] p.545 30 cité par [STEIN 1992] p.50 31 d'après [FCC 1990] 32 calculé à partir des parts de marché des 10 premiers opérateurs -11-
  • 15. LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE Tableau 4 : Evolution de la concentration des câblo-opérateurs entre 1977 et 1991 année TOP 433 TOP 1034 HHI 197735 23.7% 43.7% 195 198036 25.5% 42.6% 218 198537 26.3% 43.0% 245 198738 30.5% 48,8% 339 198839 37.3% 52.3% 554 198940 42.0% 56.5% 669 199041 46.9% 61.8% 757 199142 45.3% 60.5% 774 Graphique 1 : Evolution de la concentration des câblo-opérateurs entre 1977 et 1991 0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% 77 80 85 87 88 89 90 91 TOP 4 TOP 10 HHI indice de concentrationpart de marché 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Cette concentration horizontale des câblo-opérateurs s'est véritablement intensifiée à partir de 1985, soit à la suite du Cable Act de 1984, dispositif très déréglementaire vis à vis de l'industrie du câble. En l'absence de toute mesure contrariant cette concentration horizontale, des opérateurs ont largement bénéficié de ce mouvement général (cf. Tableau 5). Ainsi, la part de marché de TCI est passée de 5.9% en 1980 à 22.2% selon l'enquête de la FCC en 1990, Comcast Cable et Continental Cablevision sont devenus respectivement le troisième et le quatrième opérateur en 1990, alors qu'ils n'étaient pas dans les dix premiers en 1980. Par contre, la part de Time Warner (ATC + Warner) est demeurée assez stable (entre 10 et 11%). 33 part de marché des quatre premiers opérateurs 34 part de marché des dix premiers opérateurs 35 source : Broadcasting, 5 Juin 1989, cité par [MARIET 1992] p.157 36 source : Cablevision, 1er Janvier 1990 37 source : Cablevision, 11 Novembre 1985 38 source : Broadcasting, 5 Juin 1989, cité par [MARIET 1992] p.157 39 source : Broadcasting, cité par [DUMOLIE 1988] p.111 40 source : Broadcasting, 11 Décembre 1989 41 source : [FCC 1990], cité par [SIMON 1991] p.373 42 source : National Cable Television Association, cité par [NCTA 1992] -12-
  • 16. LE SECTEUR DES CABLO-OPERATEURS : MONOPOLE LOCAL ET CONCENTRATION HORIZONTALE Tableau 5 : Classement des opérateurs en 1980, 1985, 1988,1992 suivant leur part de marché 198043 Part de marché 198544 Part de marché 1. TelePrompter 7.8 1. TCI 10.5 2. ATC 6.8 2. ATC 6.6 3. TCI 5.9 3. Group W Cable 5.3 4. Cox Cable 5.0 4. Storer Cable 3.9 5. Warner Amex 4.2 5. Cox Cable 3.8 6. Times Mirror Cable 3.1 6. Warner Amex 2.9 7. Viacom Cable 2.7 7. Continental Cablevision 2.8 8. Storer Cable 2.7 8. Times Mirror Cable 2.6 9. Sammons Communications 2.3 9. Newhouse Broadcasting 2.4 10. UA - Columbia 2.1 10. United Cable 2.2 Avril 198845 Part de marché Juin 199046 Part de marché 1. TCI 20.3 1. TCI 22.2 2. ATC 7.9 2. Time Warner 11.6 3. Continental Cablevision 4.6 3. Comcast Cable 8.3 4. Comcast Cable 4.5 4. Continental Cablevision 4.8 5. Cox Cable 3.1 5. Cox Cable 3.0 6. Warner Cable 2.9 6. Cablevision Systems 2.8 7. Newhouse Broadcasting 2.4 7. Jones Intercable 2.7 8. Viacom Cable 2.3 8. Newhouse Broadcasting 2.3 9. Cablevision Systems 2.2 9. Times Mirror Cable 2.1 10. Jones Intercable 2.1 10. Cablevision Industries 2.0 c) Renforcement du pouvoir de négociation La principale conséquence de ce mouvement de concentration horizontale a été l'augmentation du pouvoir de négociation des câblo-opérateurs. Avec un nombre d'abonnés croissant, les exploitants les plus importants sont en effet en position de force dans leurs négociations avec leurs fournisseurs que sont les chaînes du câble, qui pour obtenir un certain succès commercial doivent s'adjuger les faveurs des grands opérateurs à des conditions favorables pour ceux-ci (cf. 4.3 Conséquences de l'intégration verticale) et voient donc leur pouvoir de négociation affaibli. Face à leurs clients, la concentration horizontale confère également une position de dominance aux câblo- opérateurs (cf. 5.3 Faible pouvoir de négociation des abonnés et des autorités locales). 1.3 Conclusion : monopole local et concentration horizontale Le secteur des opérateurs du câble est marqué par une absence quasi totale de concurrence directe entre les opérateurs, du fait de l'attribution par les autorités locales de concessions exclusives de construction et d'exploitation de réseaux câblés. Ces concessions exclusives engendrent des barrières à l'entrée et des positions de monopole local. Au niveau national, les opérateurs du câble sont en train de se concentrer horizontalement pour rechercher des économies d'échelle et pour accroître leur pouvoir de négociation vis à vis de leurs clients et fournisseurs. 43 source : Cablevision, 1er Janvier 1990 44 source : Cablevision, 11 Novembre 1985 45 source : Broadcasting, cité par [DUMOLIE 1988] p.111 46 source : [FCC 1990], cité par [SIMON 1991] p.373 -13-
  • 17. LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS 2. Les produits de substitution : faiblesse de la concurrence inter-produits 2.1 Les services de distribution multipoints : MMDS (Multichannel Multipoint Distribution System) Les services de distribution multipoints, appelés MMDS, sont considérés comme le câble sans fil (wireless cable). Il s'agit de la distribution par voie hertzienne dans le domaine des micro- ondes d'une trentaine de canaux. Les zones couvertes par les MMDS sont principalement des zones non câblées en milieu rural ou urbain (à New York, les quartiers du Bronx et du Queens). En 1990, on dénombrait 50 réseaux qui regroupaient 300000 abonnés47 et représentaient en 1991 un chiffre d'affaires de 175 millions de dollars. Un MMDS possède deux avantages notables par rapport à un réseau câblé : des délais d'installation plus rapide et des frais d'investissements moindre (400 $ par abonné contre 2000 $ pour un réseau câblé48). Les MMDS sont en position de faiblesse par rapport à l'industrie du câble. En effet, l'intégration verticale des câblo-opérateurs vers l'amont en direction des chaînes du câble a pour conséquence une restriction de l'accès au marché des programmes pour les MMDS. Les chaînes du câble refusent d'être diffusées par les MMDS et les droits de programmation ont très fortement augmenté pour les MMDS. La FCC a réalisé une enquête en 1990 auprès de 32 systèmes MMDS49 : aucun ne proposait TNT, 11 seulement ESPN, HBO et Showtime étaient chacune retransmises par seulement 6 systèmes; le tarif pour le couple CNN/ CNN-Headline News était de 1 dollar par mois par abonné alors qu'il est de 28 cents pour les opérateurs du câble. Ces barrières à l'accès des programmes ont eu pour conséquence un ralentissement et même une récession du marché des MMDS. Le nombre d'abonnés est ainsi passé de 750000 en 1985 à 180000 en 198750. 2.2 Les services de diffusion par satellite a) Réception communautaire : SMATV (Satellite Master Antenna Television Systems) Les SMATV sont des systèmes de réception communautaire par satellite qui sont installés dans des grands immeubles d'habitation, des hôtels et des hôpitaux, ce qui représente théoriquement un marché potentiel de vingt millions d'abonnés. Bien que la capacité de ces systèmes en nombre de canaux et les tarifs pratiqués soient proches de ceux du cable, les SMATV sont en régression, le nombre d'abonnés étant passé de un million en 1987 à 500000 en 198951. Le principal problème de cette industrie est, comme pour les MMDS, l'accès aux programmes. Les SMATV orientent leur antennes vers les satellites de distribution des programmes des réseaux câblés. Ceux-ci étant codés pour éviter l'accès gratuit à des propriétaires d'antennes de programmes payants, les opérateurs de SMATV ont du mal à se procurer des programmes à des prix intéressants à cause du coût des décodeurs. Pour remédier à cette situation et pour accéder aux signaux sans décodeurs, on assiste de plus en plus à la vente et à la fusion de systèmes SMATV avec des câblo-opérateurs. L'industrie des SMATV est donc en voie d'absorption par celle du câble. Il faut noter enfin le refus total des chaînes optionnelles du câble à être diffusées sur les SMATV (elles sont entièrement contrôlées par les câblo-opérateurs TCI, Time Warner et Viacom52). 47 d'après [FCC 1990] 48 cité par [DUMOLIE 1988] p.83 49 cf. [FCC 1990] 50 cité par [DUMOLIE 1988] p.83 51 d'après [FCC 1990] 52 cf. Tableau 8 -14-
  • 18. LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS b) La diffusion directe par satellite : DBS (Direct Broadcasting System) On compte en 1990 3.1 millions propriétaires individuels d'antenne parabolique (HSDO, Home Satellite Dish Owners) contre 900000 en 198453. Dans la situation actuelle, la diffusion directe pas satellite n'est pas vraiment un concurrent mais plutôt un marché complémentaire du câble car son potentiel de développement aux Etats-Unis demeure les zones non câblées ou celles couvertes par de vieux réseaux de faible capacité (au moins 9% des réseaux ont moins de 12 canaux54). Il n'existe pas de système de satellites moyenne puissance type ASTRA qui propose 48 chaînes en Europe avec trois satellites de 16 canaux situés à la même position orbitale. Aux Etats-Unis, "La diffusion directe par satellite n'a toujours pas commencé"55. En 1983, la FCC disposait de onze projets dont aucun n'a été réalisé. Une raison purement conjoncturelle a été la hausse des prix des lancements des satellites avec le retrait de la NASA au milieu des années 80 suite à l'accident de la navette Challenger. Mais la raison principale du non démarrage de la DBS est le comportement de l'industrie du câble. En effet, le Cable Act de 198456 autorisait les possesseurs d'antennes à capter pour leur usage privé les programmes du câble transportés par satellite. Pour parer à ceci, les chaînes se mirent à coder leurs programmes qui ne peuvent être captés sans un décodeur de type Videocipher II (standard qui s'est imposé suite à des contrats avec HBO, Showtime, WTBS et ESPN entre 1983 et 1986 et dont l'industrie du câble veut garder le monopole de la distribution). Les conséquences ont été néfastes pour la croissance des ventes des antennes paraboliques57 qui sont tombées de 600000 en 1985 à 270000 en 198758, pour stagner depuis à 300000 par an alors que le prix des équipements de réception chutaient dans la même temps (500$ en 1991). Le parc d'antennes paraboliques étant inférieur à ce qu'il aurait été sans le brouillage des signaux, aucun système de couverture nationale ne peut voir le jour, d'autant plus que l'intégration verticale des programmes par les câblo-opérateurs limiterait sérieusement l'offre de services d'un tel système. Dégagé de tout concurrent potentiel, les câblo-opérateurs peuvent se servir de la DBS comme d'un marché d'appoint pour couvrir les zones rurales trop coûteuses à câbler. Ainsi, un regroupement de 7 opérateurs (TCI, Time Warner, Comcast, Continental, Cox, Newhouse, Viacom) utilise le premier satellite DBS moyenne puissance lancé en Novembre 1990 pour diffuser 10 chaînes (superstations + pay-per-view) moyennant un abonnement de 20 à 30 $ par mois. 2.3 La télévision hertzienne Les produits de substitution du câble MMDS, SMATV et DBS étant peu développés, la télévision 'classique' par voie hertzienne demeure le principal concurrent du câble, mais un concurrent mal en point. a) La télévision de faible puissance : LPTV (Low Power Television) Autorisées par la FCC depuis Septembre 1980, les stations de télévision de faible puissance (10 W en VHF, 1kW en UHF) émettent dans un rayon inférieur à 30 km. On dénombre 895 stations en 199159 qui sont l'émanation de groupes minoritaires et d'associations locales et qui desservent des zones rurales peu ou mal couvertes par le câble. Phénomène très local, la télévision de faible puissance ne peut résister au pouvoir de négociation de l'industrie du câble. Revendiquant une éventuelle obligation de transport sur les réseaux câblés, elles sont obligées pour pouvoir être présentes sur les réseaux de leur municipalité (comme 51% des stations LPTV en 1988) de diffuser des incitations à l'abonnement au câble. 53 d'après [FCC 1990] 54 cf. Tableau 11 55 cf. [SIMON 1991] p.367 56 cf. section 633 du [CABLE ACT 1984] 57 La réglementation en matière d'urbanisme limite de plus toute prolifération d'antennes paraboliques. 58 cité par [MARIET 1992] p.182 59 d'après FCC, cité par [MARIET 1992] p.24 -15-
  • 19. LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS b) La télévision hertzienne payante : STV (Subscription Television) Né en 1977, elle a quasiment disparu des Etats-Unis avec la pénétration croissante du câble60. Elle comptait encore 900000 abonnés en 1984 dans les zones non encore câblées. Mais en proposant une chaîne pour 15$, tarif auquel le câble offre plus de trente chaînes, elle était amenée à disparaître, l'arrivée du câble provoquant 90% de désabonnements. Possédant encore 150000 abonnés en 1986, elle est devenu un phénomène très marginal et ne comprend plus que 25 à 30 chaînes en 199061. c) La télévision cellulaire : Un nouveau substitut ? La télévision cellulaire existe depuis que la FCC a autorisé en Janvier 1993 la société CellularVision à transmettre des signaux TV hertziens dans le domaine des hyperfréquences62 autour de 28 GHz, plus précisément entre 27.5 et 29 GHz. Cette forme de télédiffusion est dite cellulaire car la zone couverte est divisée en cellule de 10 km de diamètre où se trouve un émetteur terrestre. La technologie permet de rivaliser avec les capacités actuelles du câble en proposant 49 canaux aux foyers munis d'une antenne de réception. Comme pour les autres produits de substitution (DBS, SMATV, MMDS, LPTV), le problème majeur que rencontrera cette nouvelle forme de télévision sera l'accès aux programmes, qui sera sans aucun doute entravé par les câblo-opérateurs, qui ont intégré en partie les chaînes du câble. d) Les networks au niveau national Trois réseaux de télévision hertzienne répondent aux critères63 de la FCC de statut de network : ABC, CBS et NBC et représentent en 1991 environ 700 stations affiliées. On peut pourtant parler de network pour le réseau de diffusion FOX BC en constitution depuis 1986 à l'initiative de Robert Murdoch (134 stations indépendantes fin 199064) et le réseau des chaînes de télévision publique : PBS (355 stations en 199165). Cependant, dans les études d'audience le réseau FOX est encore compris dans les stations indépendantes. Entre 1975 et 1990, les networks au sens classique du terme ont connu une sérieuse érosion de leur audience, passant de 93% d'audience en prime time à 58% en 199066. Elle s'explique par une concurrence accrue des chaînes indépendantes et la montée en puissance du câble. Entre la saison 1985/1986 et 1990/1991, la part d'audience du câble en % est passée de 16 à 30, celle des stations indépendantes de 21 à 24, alors que celle des networks diminuait de 66 à 53 pour l'ensemble des foyers67. Le service de base et les chaînes indépendantes rivalisent en audience avec les networks pris séparément (cf. Tableau 6). Tableau 6 : Audience moyenne des services de télévision (troisième trimestre 1989) chaînes NBC CBS ABC Indépend. câble PBS audience 11.7 8.9 8.6 8.3 7.7 2.2 source : A.C Nielsen, cité par [MARIET 1992] p.74 60 cf. [LAFRANCE 1989] pp.46-47 61 cité par [PRAGER 1990] p.217 62 cf. Electronique International Hebdo, n°.86, 4 Février 1993 63 couverture nationale de 75% des foyers, production d'au moins 15 heures hebdomadaires de programmes en prime time (20h00-23h00) 64 cité par [MARIET 1992] p.39 65 d'après FCC, cité par [MARIET 1992] p.24 66 cité par [COUSTEL 1992] p.5 67 d'après Cablevision Avdertising Bureau, cité par [NCTA 1992] -16-
  • 20. LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS Au début de 1992, l'audience moyenne du câble de base a enfin dépassé celle d'un network ABC68. Cet affaiblissement des networks est flagrant quand on compare la consommation télévisuelle des foyers abonnés au câble avec celle de ceux qui ne le sont pas (cf. Tableau 7). Tableau 7 : Influence du service de base sur la consommation télévisuelle en 1990 (part d'audience moyenne quotidienne en %) non abonné abonné total networks 72 49 58 service de base 0 39 24 indépendants 23 16 16 PBS 5 3 3 source : A.C Nielsen 1990, cité par [SIMON 1991] p.347, les totaux dépassent 100 à cause du multi- équipement des ménages On constate donc que les networks patissent enormément de la concurrence du câble via l'abonnement du service de base. Malgré cette perte d'audience et de part de marché, les networks demeurent encore le premier service télévisé et le concurrent le plus sérieux du câble. e) Les stations hertziennes locales affiliées aux networks et indépendantes Les stations locales regroupent les stations affiliées aux networks et les stations indépendantes, propriété des minorités. Les stations indépendantes représentent une force non négligeable dans le paysage audiovisuel américain. Au nombre de 339 en 199169, elles sont presque l'égal du câble en niveau d'audience (cf. Tableau 6). Protégée de la concurrence du câble jusqu'en 1980, elles n'ont pu empêcher la suppression de certaines mesures réglementaires qui les défendaient de l'industrie du câble. Trois règles importantes qui préservaient les stations hertziennes locales ont été mises à mal sous la pression des câblo-opérateurs pendant les années 80 : must carry rules, syndicated exclusivity rules, Compulsory License, alors que leur distribution est toujours gratuite pour les câblo-opérateurs. must carry rules L'obligation de transport obligatoire ou must carry rule avait été instaurée en 1965. A cette époque, la télévision par câble était considérée comme une extension de la télévision hertzienne classique et un moyen de toucher des zones d'ombre ou mal desservies. On parle d'ailleurs à l'époque de CATV (Community Antenna Television) et non de cable television. Craignant que l'arrivée de nouveaux signaux dans les zones câblées ne mettent en péril les stations indépendantes locales, la FCC institua les must carry rules qui obligeaient les opérateurs à distribuer sur le câble toutes les télévisions locales. La croissance du câble fut alors freinée par cette mesure car toute la capacité en canaux était réservée pour les stations locales. Mais les câblo- opérateurs s'attaquant aux zones urbaines à partir des années 70 et proposant de nouveaux services dans lesquels leurs intérêts ne sont pas négligeables, commencèrent à réagir contre cette règle qui diminuait leur capacité en canaux. Aussi, les must carry rules furent déclarées contraire à la constitution, en particulier au premier amendement à la suite de deux procès (Quincy Cable Television vs FCC en 1985, Century Communications Corporation vs FCC en 1987), ce qui fut confirmé par la suite par la Cour Suprême. 68 cf. [COUSTEL 1992] p.5 69 d'après AITV (Association of Independant Television Stations), cité par [MARIET 1992] p.41 -17-
  • 21. LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS Elles ne furent pas complètement abolies car une négociation entre les câblo-opérateurs et les télévisions locales sous l'égide de la FCC aboutit à ce que tout réseau de plus de 27 canaux mette à disposition 25% des canaux aux stations hertziennes locales, entre 21 et 26 canaux au moins 7 canaux, en dessous de 21 canaux aucun canal en plus de celui réservé pour la télévision publique70. Cet accord conclu en 1987 était valable pour cinq ans et s'est accompagné de la règle de l'inverseur : A/B switch rule. Comme la totalité des stations locales n'était plus distribuée par le câble, les opérateurs sont contraints d'installer dans les foyers qui en font la demande un commutateur permettant de passer de la réception par câble à la réception hertzienne et d'assurer ainsi la réception des chaînes locales absentes du câble. Les opérateurs ont réussi à faire pression sur la FCC qui leur a permis de facturer aux abonnés ce commutateur. Dans la pratique, la quasi-suppression des obligations de transport des stations locales a été très néfaste pour ces dernières. Peu de foyers ont recours à l'inverseur, les chaînes indépendantes ont été remplacées par les câblo-opérateurs par des chaînes thématiques ou de télé-achat, plus lucratives, les chaînes locales affiliées aux networks sont moins présentes sur les réseaux ou sont repoussées vers des numéros de canaux élevés supérieurs à 3071, qui par l'habitude de consommation des téléspectateurs sont moins regardées72. Une enquête de la FCC73 montre bien le pouvoir accru des exploitants du câble sur les chaînes locales : sur 4303 réseaux, 869 ont exprimé 1800 refus de transport à 704 chaînes, 974 ont modifié les numéros des canaux (channel realignment) et dans 236 cas les stations hertziennes ont été jusqu'à verser une compensation financière aux câblo-opérateurs pour pouvoir être présentes sur le câble. Les opérateurs du câble agissent ainsi car, de leur point de vue économique, les chaînes locales hertziennes absorbent un marché publicitaire qui leur échappe. Compulsory License La suppression des must carry rules a affecté aussi la Compulsory License. La Compulsory License a été instaurée par le Copyright Act de 1976 et consiste en un versement forfaitaire de l'industrie du câble (3.75 % du chiffre d'affaires du service de base) pour le paiement des droits d'auteurs des programmes hertziens diffusés sur ses réseaux, versement réparti entre l'industrie hertzienne, celle du cinéma et les fournisseurs de programmes. Ce forfait est inférieur à ce que les opérateurs auraient du payer car il n'était pas logique de leur faire payer la totalité des droits pour des programmes qui leur étaient imposés par les must carry rules. Avec la fin de l'obligation de transport, la Compulsory License n'a plus lieu d'être et allège encore plus les charges du câble. Cependant, en échange de la négociation de 1987 sur les règles de transport, les stations de télévision hertzienne ont cédé aux câblo-opérateurs en ne voulant pas revenir sur cette règle qui les désavantage fortement. syndicated exclusivity rules D'autre part, les stations locales réclament le rétablissement de la protection de l'exclusivité de leurs programmes. Les syndicated exclusivity rules ont été supprimées par la FCC en Juillet 1980 (CATV syndicated program exclusivity rules). Elles empêchaient la distribution sur un réseau câblé d'un programme détenu en exclusivité par une chaîne locale hertzienne. Une fois abrogées, les opérateurs purent importer sur leur réseaux des programmes en concurrence avec les chaînes locales et devenir maîtres de leur programmation en insérant leur propre messages publicitaires dans les programmes importés. 70 Un réseau de plus de 54 canaux doit réserver 2 canaux pour la télévision publique, en dessous de 54 un seul. 71 zone de programmes appelée Sibérie, cité par [SIMON 1991] p.370 72 Un téléspectateur a une certaine réticence à 'zapper' jusqu'au canal 30 et au-delà et ne regarde que les canaux les plus bas. Il en résulte une lutte entre les différentes chaînes du câble pour obtenir des opérateurs un numéro de canal faible. 73 cité par [SIMON 1991] p.371 -18-
  • 22. LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS gratuité de distribution Enfin, les nouvelles règles de distribution des programmes hertziens, néées de la négociation de 1987, ont conservé tout à l'avantage des câblo-opérateurs le principe de gratuité de retransmission des chaînes locales hertziennes. Comme les exploitants du câble sont toujours contraints, certes de manière nettement moins stricte, de réserver des canaux, ils ont réussi à imposer leur point de vue et ne versent aucun droit aux chaînes locales qu'ils distribuent. Ce principe de gratuité entraîne un biais en faveur de l'industrie du câble car les câblo-opérateurs choisissent parmi les télévisions locales les chaînes affiliées aux networks, qui sont encore les plus populaires parmi les foyers abonnés au service de base sur le câble (cf. Tableau 7). La présence gratuite pour les opérateurs de chaînes affiliées aux networks sur leurs réseaux valorisent la valeur de ceux- ci et constituent une quasi-subvention du câble. La présence des chaînes affiliées à CBS valoriserait ainsi les réseaux câblés de 72 à 160 millions de dollars par an74. Cette valorisation est due aux plus fortes audiences que connaissent les chaînes propres au câble quand leurs canaux sont adjacents de ceux de canaux retransmettant les programmes des networks. Il apparaît donc que les stations hertziennes locales, affiliées ou indépendantes, sont en grand danger suite à la suppression ou la modifications des règles must carry, syndicated exclusivity et Compulsory License. L'industrie du câble est en position de force pour imposer ces conditions de distribution (nombre de canaux, choix des chaînes, place dans l'offre des programmes) des stations hertziennes qui sont démunies (perte d'exclusivité), et qui en ne percevant aucun droit de transport contribuent une certaine valeur ajoutée du câble, au détriment de la télévision hertzienne. On se trouve dans un cercle vicieux où la faiblesse des chaînes locales est utilisée par les câblo- opérateurs pour renforcer leur puissance. 2.4 Le magnétoscope Le magnétoscope n'est pas à proprement parler un produit de substitution de la télévision câblée car il ne la concurrence que sur un segment particulier: les chaînes optionnelles de cinéma et les chaînes de films en pay-per-view. Le marché de la vidéo a en effet explosé au cours des années 80. On est passé d'un taux d'équipement en magnétoscope de 30% en 1986 à 72% en 199075, de 2000 points de vente en 1980 à 30000 en 1990. En 1989, le chiffre d'affaires de la vente et de la location de vidéocassettes dépassait celui du service de base du câble : 9.45 contre 8.73 milliards de dollars76. La concurrence entre vidéo, chaînes optionnelles et pay-per- view s'effectue au niveau du délai d'apparition des films : 6 mois après leur sortie pour la vidéo, 7 à 8 mois pour le pay-per-view, 12 mois pour les chaînes optionnelles, ainsi que sur les prix : 2 à 2.5 $ pour la location d'une cassette, 4 à 5 $ pour la visualisation d'un film en pay-per-view. L'enjeu est donc de taille quand on sait que 10% des ménages louent systématiquement des cassettes pour le week-end. Sur ce segment précis, la concurrence entre la vidéo et le câble a effectivement lieu et le câble n'a pas encore terrassé, comme pour d'autres substituts, son adversaire. L'avenir de la lutte sera influencée par la position des producteurs du cinéma qui ont tout intérêt à soutenir le pay-per- view à cause de la loi sur le copyright : ils ne touchent aucun droit sur les ventes de cassettes hormis lors de l'achat de celles-ci par le revendeur, ils en touchent à chaque diffusion de films en pay-per- view. Au niveau du service optionnel, la concurrence est réellement effective entre le marché de la vidéo et celui des chaînes optionnelles, c'est d'ailleurs une des causes de la diminution de la croissance du chiffre d'affaires du service optionnel depuis le milieu des années 80 (cf. Graphique 2). 74 cité par [COUSTEL 1992] p.24 75 d'après [FCC 1990] 76 cité par [SIMON 1991] p.368 -19-
  • 23. LES PRODUITS DE SUBSTITUTION : FAIBLESSE DE LA CONCURRENCE INTER-PRODUITS Graphique 2 : Evolution de la croissance annuelle des chiffres d'affaires du service de base et du service optionnel entre 1980 et 1991 0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% 80,00% 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 service de base service optionnel 2.5 Conclusion : faiblesse de la concurrence inter-produits L'envolée de la télévision par câble dans les années 80 a affaibli fortement ses concurrents de substitution. D'une part, les networks ont vu leur part d'audience diminuer fortement, les stations hertziennes locales indépendantes ou affiliées aux networks ont énormément souffert de la disparition, sous la pression du lobby des câblo-opérateurs, des mesures réglementaires qui les protégeaient de la concurrence des programmes du câble. D'autre part, les câblo-opérateurs en voie d'intégration verticale avec les chaînes du câble (cf. 4.2 Intégration des chaînes du câble par les câblo-opérateurs), ont exercé suffisamment de poids pour bloquer l'accès au marché des programmes à des produits de substitution que sont les services de distribution multipoints, la diffusion par satellite (DBS et SMATV) et la télévision hertzienne de faible puissance, et empêcher leur développement (MMDS : 300000 abonnés, SMATV : 500000, DBS : 3.1 millions de propriétaires d'antennes contre 55.79 millions d'abonnés au câble au 31-12-199177). Le magnétoscope est le seul à résister parfaitement en étant un substitut au câble sur un segment particulier : celui des chaînes optionnelles et du pay-per-view, mais sa position est amenée à s'affaiblir avec le développement du service pay-per-view. Il résulte donc que le câble est soumis à une concurrence inter-produit affaiblie et est substituable de façon très limitée. 77 d'après National Cable Television Association, Cable Television Developments, Mai 1992 -20-
  • 24. LES ENTRANTS POTENTIELS : BARRIERES A L'ENTREE REGLEMENTAIRES TRES FORTES 3. Les entrants potentiels : barrières à l'entrée réglementaires très fortes Le secteur des câblo-opérateurs est bien protégé de toute entrée potentielle. D'une part, les exploitants du câble sont à l'abri d'une concurrence directe de tout entrant au plan local grâce aux concessions exclusives délivrées par les autorités municipales (cf. 1.1 Situation de monopole local : exclusivité des concessions municipales). D'autre part, l'ensemble des câblo-opérateurs ne peut être menacé par des acteurs provenant d'autres industries comme celui des compagnies de téléphone ou celui des networks, car l'entrée de ceux-ci dans l'exploitation de réseaux câblés leur est interdit par des dispositifs réglementaires. 3.1 Absence d'entrée potentielle au niveau local Les concessions accordées par les autorités locales constituent des barrières à l'entrée sérieuses pour les concurrents potentiels. Dans la plupart des cas, ces concessions sont exclusives, empêchant donc toute entrée et plaçant l'exploitant en situation de monopole local (cf. 1.1 Situation de monopole local : exclusivité des concessions municipales). Quand les concessions ne sont pas exclusives, il est extrêmement difficile et coûteux à un deuxième entrant d'obtenir une autorisation de câblage. Un seul câblo-opérateur, Telesat Cablevision Inc. adopte une attitude concurrentielle directe avec les autres exploitants en construisant un deuxième réseau (overbuilding) dans des marchés où les concessions ne sont pas exclusives : il dispose ainsi de 50000 abonnés répartis sur 13 zones en Floride en 198978. Cependant, cette attitude agressive vis à vis des autres câblo-opérateurs lui a coûté 1 des 10.24 millions de dollars de chiffre d'affaires en 198979 pour obtenir des autorités locales des concessions. Sous la pression des câblo-opérateurs, certains états, dont la Floride, ont voté des lois limitant les constructions de deuxième réseau en compliquant artificiellement les procédures administratives et en les rendant plus coûteuses. "The general strategy is to raise the costs of the entrant while minimizing expense to the incumbent [...] The entry barrier at the municipal franchise level is a particularly lethal one in that the entrant is being attacked in the formative stage. This forces a potential entrant to organize (managerially and financially) at a moment in which great uncertainty is attached to whether permission to operate will ever be granted."80 Quand bien même un entrant potentiel obtiendrait une concession pour construire un réseau, il devra faire face à la réaction de l'exploitant déjà présent (incumbent ou insider). Celui-ci peut en effet pratiquer une discrimination par les prix en diminuant ses tarifs sur les zones desservies par ce concurrent direct. Ainsi, quand Telesat propose un service de base à 11.95$ par mois, deux de ses concurrents directs, proposent des prix de 8.95$ et 7.95$ sur les zones où leurs réseaux sont directement concurrencés alors que leurs tarifs sont 16.95$ et 13.95$ dans les zones ou leurs réseaux sont en situation de monopole81. Ceci est d'autant plus possible que le Cable Act de 1984 dérèglemente dans les faits les tarifs pratiqués par les câblo-opérateurs qui ont considérablement augmenté après l'application de cet acte (cf. 5.2 Des prix trop élevés). Combinée avec la situation de monopole local crée par le système de la concession locale, cette libération des prix permet aux opérateurs de disposer de véritables rentes de monopole. Enfin, tout entrant potentiel doit surmonter la barrière de l'intégration verticale vers l'amont des câblo-opérateurs que n'ont pu franchir les produits de substitutions que sont la télévision par satellite, les système de distribution multipoints et la télévision hertzienne de faible puissance et qui a freiné leur développement (cf 2. Les produits de substitution : faiblesse de la concurrence inter-produits). Cette intégration vers le marché des programmes ferme l'accès à ce marché pour l'entrant potentiel, si il n'est pas lui-même verticalement intégré. Celui-ci ne peut diffuser des chaînes ayant passé des contrats d'exclusivité avec le câblo-opérateur insider, il peut obtenir des 78 cité par [HAZLETT 1992] p.22 79 cité par [HAZLETT 1992] p.22 80 cf. [HAZLETT 1992] pp.20-21 81 cité par [HAZLETT 1992] p.47 -21-
  • 25. LES ENTRANTS POTENTIELS : BARRIERES A L'ENTREE REGLEMENTAIRES TRES FORTES contrats de distribution moins avantageux en matière de prix demandés par les chaînes, dans lesquelles le câblo-opérateur insider possède des participations financières. Dans ces conditions, un entrant potentiel, non verticalement intégré comme l'opérateur insider, ne peut proposer des programmes concurrentiels et attractifs, ce qui limite l'intérêt de son entrée. 3.2 Limitation de l'entrée potentielle des télévisions hertziennes Dans les années 60, la situation de l'industrie de la télévision hertzienne était nettement plus florissante que celle de l'industrie du câble. Pour protéger celle-ci devant la puissance des stations de télévision hertzienne, en particulier des networks qui auraient pu utiliser leur position dominante pour contrôler les câblo-opérateurs et donc maîtriser par eux-mêmes le développement de ce concurrent naissant qu'était alors la télévision par câble, la FCC décida en 1970 d'adopter des règles de participation croisée (cross-ownership rules) entre les sociétés de télévision hertziennes et les câblo- opérateurs pour restreindre l'intervention possible de la télévision hertzienne dans l'exploitation de réseaux câblés (Second Report and Order 1970). Ces règles furent confirmées par le Cable Act de 1984 : "Sec. 613. (a) It shall be unlawful for any person to be a cable operator if such person, directly or through 1 or more affiliates, owns or controls, the licensee of a television broadcast station and the predicted grade B contour of such station covers any portion of the community served by such operator's cable system."82 Il est ainsi interdit aux trois networks (ABC, CBS, NBC) de posséder le moindre réseau câblé sur tout le territoire américain. Ainsi, lors du rachat en 1985 d'ABC par le groupe Capital Cities, celui-ci a été contraint de se séparer de ses activités dans le cable gérées par Capital Cities Cable (375000 abonnés, MSO n°.2183). L'interdiction existe aussi pour les autres groupes contrôlant des télévisions hertziennes mais elle n'est que partielle : un même groupe ne peut exploiter un réseau câblé dans une zone de diffusion d'une de ses chaînes. Les télévisions hertziennes autres que les networks peuvent donc intervenir sur le marché des câblo-opérateurs hors de leur marché local. La réciproque est également vrai pour les exploitants du câble qui peuvent posséder des stations hertziennes en dehors des zones câblées par eux. Cette restriction partielle pour les sociétés de télévision hertzienne autre que les networks a permis ainsi l'établissement de liens avec les câblo-opérateurs. On estime ainsi que ces sociétés de télévision hertzienne ont des participations financières dans 32% des réseaux câblés84. Ainsi, deux des plus grands câblo-opérateurs en 1992 sont possédés par des acteurs de la télévision hertzienne: le MSO n°.585, Cox Cable Communications, est une filiale de Cox Enterprises Inc. qui possède 8 stations de télévisions86, Viacom Cable (MSO n°.13) est une filiale de Viacom Inc. qui gère 5 stations hertziennes par sa filiale Viacom Broadcasting Inc.87. 82 cf. section 613 Ownership restictions du [CABLE ACT 1984]. Le terme grade B contour délimite une zone de réception de bonne qualité d'une station hertzienne. "Sec. 602. [...] (10) the term 'grade B contour' means the field strength of a television broadcast station computed in accordance with regulations promulgated by the Commission", cf. section 602 Définitions du [CABLE ACT 1984] 83 cf. Cablevision, 11 Novembre 1985 84 cité par [SIMON 1991] p.369 85cf. Tableau 1 86 dans les villes d'Atlanta, Charlotte, Dayton, Detroit, Oakland, Orlando, Pittsburgh, Saint Louis, cf. [TELEVISION & CABLE 1989], Stations volume, p.A-1351 87 dans les villes d' Albany, Hartford, Rochester, Saint Louis, Shreveport, cf. [TELEVISION & CABLE 1989] Stations volume, p.A-1360 -22-
  • 26. LES ENTRANTS POTENTIELS : BARRIERES A L'ENTREE REGLEMENTAIRES TRES FORTES 3.3 Limitation de l'entrée potentielle des compagnies de téléphone Pour les mêmes considérations qui animent la limitation de l'entrée des télévisions hertziennes sur le marché des réseaux câblés, les compagnies de téléphone ont été empêchées de participer à la construction de réseaux câblés à partir de 1970. Pour préserver l'industrie du câble de la puissance économique88 des compagnies de téléphone (telcos) et leur pouvoir de monopole, en particulier sur les poteaux téléphoniques sur lesquels sont tendus une partie des câbles des réseaux de télédistribution89, la FCC a également institué pour ces dernières des cross-ownership rules en 1970 (Section 214 Certifications90) avec les motivations suivantes : "The Commission determined that carriers could use their control of pole and conduits space effectively to preempt the cable television market and extend their monopoly in local distribution to new broadband services that might otherwise be provided over coaxial facilities by independant operators [...] The public interest in modern and efficient means of communications will best be served, at this time, by preserving, to the extent practicable, a competitive environment for the development and use of broadband cable facilities and services thereby avoid unique and unnecessary concentration of control over communications media either by existing carriers or other entities [...] the preservation of such competition will best be assured by the exclusion of telephone companies in their service areas from engaging in the sale of CATV service to the viewing public [...]"91 Ces règles interdisent aux opérateurs de télécommunications locaux de posséder et d'exploiter des réseaux de télévision par câble dans leur zone de desserte téléphonique. Elles furent, comme les règles pour les télévisions hertziennes, intégrées dans la loi de 1984 : "Sec. 613. (b)(1) It shall be unlawful for any common carrier, subject in whole or part in part to title II of this Act, to provide video programming directly to subscribers in its telephone service area, either directly or indirectly through an affiliate owned by, operated by, controlled by, or under common control with the common carrier. (2) It shall be unlawful for any common carrier, subject in whole or in part to title II of this Act, to provide channels of communications or pole line conduit space, or other rentals arrangements, to any entity which is directly or indirectly owned by, operated by, controlled by or under common control with such common carrier, if such facilities or arrangements are to be used for, or in connection, with the provision of video programming directly to subscribers in the telephone service area of the common carrier. (3) This subsection shall not apply to any common carrier to the extent such carrier provides telephone exchange service in any rural area (as defined by the Commission)."92 Ces règles permettent cependant à des compagnies de téléphone d'intervenir dans la télédistribution en dehors de leur zone de desserte et même dans les zones rurales de moins de 2500 habitants93 qu'elles couvrent. Par exemple, la compagnie de téléphone Centel exploita des réseaux câblés jusqu'en 1989, année où elle céda sa filiale Centel Cable TV (581000 abonnés94, MSO n°.19) à d'autres câblo-opérateurs (cf. Tableau 3). 88 En 1987, le chiffre d'afffaires de l'industrie des télécommunications était de 85 milliards de dollars (65 pour les RBOCs, 20 pour les compagnies indépendantes) contre 12.65 milliards de dollars pour l'industrie du câble, cité par [SIMON 1991] p.184 pour l'industrie des télcommunications et par [COUSTEL 1992] p.11 pour celle du câble 89 le reste des réseaux étant enterré 90 amendement de la section 214 du Communications Act of 1934 91 cf. 'Further Notice of Inquiry and Notice of Proposed Rulemaking' p.3 in [FCC 1988] 92 cf. section 613 Ownership restrictions du [CABLE ACT 1984] 93 cité par [SIMON 1991] p.380 94 cf. [TELEVISION & CABLE 1989] Cable and Services volume, p.B-1451 -23-
  • 27. LES ENTRANTS POTENTIELS : BARRIERES A L'ENTREE REGLEMENTAIRES TRES FORTES A ces règles définies par la FCC et instituées en interdictions légales s'ajoute une deuxième barrière réglementaire qui ne s'applique qu'aux Regional Bell Operating Companies (RBOC)95, opérateurs régionaux de télécommunications nées du démantèlement d'ATT en 1982, par l'application du Modification of Final Judgment du 8 Janvier 1982, accord (consent decree) entre ATT et le ministère de la Justice qui mit fin à la procédure anti-trust96 engagée contre ATT. Par ce Modification of Final Judgment, les RBOCs se voient interdire d' "offrir des services d'informations dont elles contrôleraient les contenus"97. Cette seconde barrière interdit de fait aux RBOCs toute exploitation de réseau câblé sur l'ensemble du territoire américain. Cependant, les cross-ownership rules du Cable Act de 1984 et les modalités d'application du Modification of Final Judgment permettent en théorie aux compagnies de téléphone locales (RBOCs + sociétés indépendantes) de construire et de louer des réseaux de télédistribution à des opérateurs n'ayant aucune relation avec les télécommunications. En pratique, cela est contrarié par d'autres barrières réglementaires : accord nécessaire des commissions des états fédéraux pour autoriser l'investissement des sociétés de téléphone, accord de la FCC sur le caractère d'intérêt public, de commodité et de nécessité de la construction du réseau, nécessité d'obtenir toutes les concessions délivrées par les autorités locales à chaque occupant de chaque canal. Toutes ces procédures font que les situations de construction pour d'autres de réseau câblé par les opérateurs de téléphone sont extrêmement rares. 3.4 Conclusion : barrières à l'entrée réglementaires très fortes La réglementation américaine de la télévision par câble a élevé des barrières à l'entrée réglementaires très protectrices de l'industrie du câble pour la défendre des positions économiques dominantes que détenaient dans les années 60 et 70 le secteur des opérateurs de télécommunications et celui des stations de télévision hertzienne. Grâce aux cross- ownership rules, les câblo-opérateurs ne sont donc pas concurrencés jusqu'en 1992 par l'irruption des télévisions hertziennes et des compagnies de téléphone dans l'exploitation de réseaux câblés de télédistribution, l'interdiction d'exploitation étant totale pour les acteurs les plus importants de ces deux autres industries que sont les networks et les Regional Bell Operating Companies et partielle pour les autres sociétés dites 'indépendantes'. Cependant, le critère de faiblesse du câble devant la télévision hertzienne n'est plus d'actualité car le câble génère maintenant un chiffre d'affaires double de celui des networks (19.7 milliards de dollars contre 10.2 milliards de dollars en 199098). En plus de ces dispositions légales, les opérateurs évitent toute concurrence directe d'un entrant potentiel sur leurs marchés locaux en bénéficiant de concessions qui, par leur exclusivité ou par leur mécanisme d'attribution coûteux, découragent toute entrée, qui si elle avait lieu se heurterait de toute façon à la barrière de l'intégration verticale réalisée par les exploitants insiders. Les câblo-opérateurs sont par conséquent peu soumis à la menace d'entrée potentielle. Les chiffres de 50 à 60 marchés duopolistiques sur plus de 10000 réseaux et de 7 entrées lors des 3516 renouvellement de concessions qui ont eu lieu depuis la naissance du câble jusqu'en 198899 illustrent parfaitement cette absence de menace. 95 Les 22 sociétés d'exploitation locales d'ATT ont été regroupées en 7 holdings régionales : Ameritech, Bell Atlantic, Bell South, NYNEX, Pacific Telesis, Southwestern Bell, US West. 96 United States vs. American Telephone and Telegraph Co. 97 cf. [SIMON 1991] p.171 98 d'après FCC, cité par [COUSTEL 1992] p.7 99 cité par [ZUPAN 1989] p.477 -24-
  • 28. LES FOURNISSEURS : LES CABLO-OPERATEURS EN SITUATION DE MONOPSONE 4. Les fournisseurs : les câblo-opérateurs en situation de monopsone 4.1 Structure de l'offre Les programmes offerts par un réseau câblé sont structurés en trois ensembles distincts : le service de base (basic cable), le service optionnel (premium service) et le service pay-per-view. a) Le service de base100 Le service de base est l'abonnement minimal que peut souscrire un abonné. Celui-ci paye un abonnement mensuel (en moyenne 17.62 $ en 1991101) au câblo-opérateur pour l'ensemble des canaux du service de base, l'opérateur reverse alors à toutes les chaînes une part de cet abonnement, proportionnelle au nombre d'abonnés, tarifée par la chaîne et variant en fonction du pouvoir d'attractivité qu'elle exerce sur les téléspectateurs (44 cents par mois par abonné pour ESPN, première chaîne du câble, 5 cents par mois par abonné pour How-To-Channel, la chaîne du bricolage). On distingue quatre grandes classes de programmes proposés: -> les chaînes nationales propres au câble : ce sont les chaînes qui sont diffusées exclusivement sur le câble et qui ont pour objectif une couverture nationale via le transport par satellite jusqu'aux têtes de réseaux de leurs programmes. Elles regroupent des chaînes à programmation généraliste, des chaînes thématiques dont la diversité (information, conseils pratiques, cinéma, sport, musique, divertissement) n'est pas sans rappeler celle qui caractérise les services proposés en France par le Minitel (documentaires, météo, informations financières, éducation, justice, santé, emploi, bricolage, tourisme), des chaînes ciblées, c'est-à-dire désirant atteindre une cible démographique bien précise (enfants, communautés noires ou hispaniques), les chaînes religieuses et les chaînes de télé-achat. Les chaînes généralistes thématiques et ciblées sont financées par la publicité des messages nationaux (les messages d'annonceurs locaux étant au bénéfice des opérateurs) et les sommes versées par les opérateurs, les chaînes de télé-achat par les commandes effectuées par les téléspectateurs, les chaînes religieuses par les dons des adhérents aux communautés dont elles assurent la propagande. -> les superstations : ce sont des chaînes hertziennes locales dont les signaux sont acheminés par satellite aux différentes têtes de réseaux à travers tous les Etats-Unis et qui ont maintenant une couverture nationale. Elles ont vu le jour grâce à la suppression en Juillet 1980 des règles, instaurées par la FCC en 1972 (Cable Television Decision), limitant au maximum à six (3 networks + 3 indépendantes) le nombre de chaînes éloignées (distant signals) du site du réseau qu'un exploitant de câble pouvait importer sur son réseau. Elles sont entièrement financées par la publicité et ne touchent rien des opérateurs qui se contentent des dividendes des messages publicitaires locaux qu'ils insèrent dans leurs programmes. -> les stations hertziennes locales du marché : tout au moins un partie d'entre elles suite à la suppression des must carry rules. -> les canaux locaux : ils sont affectés à des chaînes commerciales du câble (local origination) , généralement des chaînes sportives qui retransmettent les compétitions des équipes locales ou à des canaux mis à la disposition gratuitement (public access) ou moyennant une location (leased access) au niveau local pour les communautés minoritaires, les associations locales et le service public (public, educational, governmental channels). 100 cf. Tableau 8 page suivante la liste des différentes chaînes nationales existant en 1992 suivant leur genre de programmation 101 d'après [COUSTEL 1992] p.11 -25-
  • 29. LES FOURNISSEURS : LES CABLO-OPERATEURS EN SITUATION DE MONOPSONE Tableau 8 : Chaînes nationales du service de base en 1992102 CHAINES GENERALISTES ET SUPERSTATIONS : chaînes et programmation103 abonnés en 91 (millions) année de création104 principaux propriétaires prix mensuel par abonné105 plage horaire publicitaire 106 WTBS (Atlanta) 55.5 1976 TBS, TCI, Time Warner (55,22,18)107 0 12 mn The Family Channel (généraliste) 54.6 1977 TCI (50) 11 cents 13 mn USA Network (généraliste) 54.1 1977 Paramount, MCA (50,50) 23 cents108 12 mn The Nashville Network (TNN) (généraliste) 54.0 1983 Gaylord Broadcasting (100) 20 cents 12 mn WGN (Chicago) 36.6 1978 Tribune Broadcasting (100) 0 n.d109 KWGN (Denver) 17.0 n.d Tribune Broadacasting (100) 0 n.d WWOR (New York) 13.5 1979 Gaylord Broadcasting (100) 0 n.d WPIX (New York) 10.0 1984 Tribune Broadcasting (100) 0 n.d KTLA (Los Angeles) 4.7 1988 Tribune Broadcasting (100) 0 n.d KTVT (Dallas) 4.0 1984 Tribune Broadcasting (100) 0 n.d WSBK (Boston) 2.0 1988 Gillett Communications (100) 0 n.d CHAINES CIBLEES : Nickelodeon (enfants) 57.5 1979 Viacom (100) 22 cents 8 mn Nick at Nite (jeunes adultes) 53.2 1985 Viacom (100) 22 cents 8 mn Lifetime Television (femmes) 53.0 1984 CC/ABC, Hearst Corp., Viacom (33,33,33) n.d 12 mn Video Hits One (VH-1) (jeunes adultes) 43.9 1985 Viacom (100) n.d 8 mn Black Entertainment Television (BET) (afro-américains) 31.9 1980 R.Johnson, TCI, Time Warner, Taft Broadcasting (51,16,16,16) 5 cents 4 mn Silent Network (mal-entendants) 14.2 1984 Silent Network Inc. n.d 1 mn Nostalgia Channel (troisième âge) 13.3 1985 M.Markovski n.d n.d Univision (hispaniques) 11.1 1976 Hallmark Cards Inc. (75) n.d n.d National College Television (étudiants) 6.7 1988 The Campus Network n.d n.d Galavision (hispaniques) 2.1 1979 Televisa (Mexique) 7 cents n.d International Channel (asiatiques) 0.6 1990 Intercontinental Television Group 5 cents 2 mn U Net (étudiants) n.s110 1989 n.d n.d n.d Celticvision (irlandais) n.s 1991 n.d n.d n.d CTN (hispaniques) n.s 1991 BET (40) 4 à 7 cents n.d VTN (hispaniques) n.s 1991 créateurs 5 cents n.d Golden American Network (troisième âge) n.s 1992 n.d 0 cents (->1995) n.d 102 source : [MARIET 1992] 103 pour les superstations, lieu d'émission; pour les chaînes ciblées, cible démographique visée 104 pour les superstations, année de lancement sur le câble via le transport par satellite, pour les années avant 1989 : source [TELEVSION & CABLE 1989] 105 versé par les câblo-opérateurs 106 source : Paul Kagan Newletters, 1991, cité par [MARIET 1992] 107 Les nombres entre parenthèses indiquent le pourcentage du capital détenu par chaque propriétaire. 108 source : Cablevision, 4 Juin 1990. Il en est de même pour TNN, Nickelodeon, Nick at Nite, CNN, MTV et A&E. 109 non disponible 110 non significatif -26-
  • 30. LES FOURNISSEURS : LES CABLO-OPERATEURS EN SITUATION DE MONOPSONE CHAINES THEMATIQUES : ESPN (sport) 58.9 1979 CC/ABC, Hearst Corp. (80,20) 44 cents 11 mn CNN (information) 58.9 1980 TBS, TCI , Time Warner (55,22,18) 28 cents 13 mn The Discovery Channel (documentaires) 56.3 1985 TCI, Cox Cable, Newhouse (49,24.5,24.5) 13 cents 9 mn MTV (musique) 55.2 1981 Viacom (100) 22 cents 9 mn TNT (cinéma, sport) 54.9 1988 TBS, TCI, Time Warner (55,2218) 37 cents 10 mn C-SPAN (chambre des Représentants) 54.5 1979 financement par l'ensemble des câblo-opérateurs 3 cents 0 mn Arts & Entertainment (culture) 53.0 1984 CC/ ABC, Hearst Corp, NBC (38,38,24) 11 cents 10 mn The Weather Channel (météo) 50.1 1982 Landmark Communications n.d 12 mn CNN Headline News (information) 48.0 1982 TBS, TCI , Time Warner (55,22,18) 28 cents 12 mn CNBC/FNN (information financière) 45.3 1991 Cablevision Systems, NBC (50,50) 11 cents 12 mn AMC (films classiques américains) 35.5 1984 TCI, Cablevision Systems, NBC (50,25,25) n.d 0 mn Prime Network (sport) 26.0 1989 Affiliated Regulated contrôlé par TCI et Daniels n.d n.d C-SPAN 2 (sénat) 25.6 1986 financement par l'ensemble des câblo-opérateurs 3 cents 0 mn Prevue Guide (programmes du câble) 25.0 1987 n.d n.d 18 mn Sports Channel America (sport) 25.0 1988 NBC, Cablevision Systems (50,50) n.d n.d Comedy Central (comédies) 22.0 1991 Viacom, Time Warner (50,50) n.d n.d E! Entertainment (show business) 20.0 1987 Time Warner (40) 8 cents 8 mn Mind Extension University (enseignement) 18.0 1987 Jones Intercable n.d n.d The Learning Channel (éducation) 15.8 1980 The Discovery Channel (51) 25 cents 0 mn Country Music Television (country music) 15.4 1983 Gaylord Broadcasting, Group W n.d 10 mn X Press Executive (teletex) 14.0 1985 TCI (100) n.d n.d The Courtroom Television Network (justice) 6.0 1990 TCI, Time Warner, NBC (33,33,33) n.d 8 mn The Monitor Channel (information) 5.5 1991 Christian Science Church 2 cents n.d Bravo (culture internationale) 5.0 1980 Cablevision Systems, NBC (50,50) 15 à 20 cents111 0 mn You TV (santé) 5.0 1988 Health Television Corp. n.d 5 mn Infonet (publi-reportages) 4.5 1991 HSN n.d n.d Family Network (famille) 3.8 1988 n.d n.d 0 mn Global Village TV Network (information internationale) 2.0 1991 n.d 3 à 5 cents 3 mn EPG (programmes du câble) 1.8 1982 n.d n.d n.d Sci-Fi Channel (science-fiction) n.s 1990 USA Network 8 cents 3 mn Career Television (emploi) n.s 1991 n.d n.d 3 mn How-To Channel (bricolage) n.s 1992 n.d 3 à 5 cents 4 mn Talk TV (débats) n.s 1992 n.d 3 à 5 cents 14 mn The Cow-Boy Channel (western, country music) n.s 1992 The Family Channel (50) 10 à 12 cents 2 mn The Crime Channel (sécurité) n.s 1992 n.d n.d n.d The Vacation Network (tourisme) n.s 1992 n.d n.d n.d Cartoon Network (dessins animés) n.s 1992 TBS, TCI, Time Warner (55,22,18) 5 cents n.d 111 source : Les Dossiers de l'Audiovisuel, n°.28, Novembre-Décembre 1989 -27-
  • 31. LES FOURNISSEURS : LES CABLO-OPERATEURS EN SITUATION DE MONOPSONE CHAINES RELIGIEUSES112 : EWTN 17.0 1981 Eternal World Television n.d 0 mn Alternate View Network 17.0 1985 Alternate View Network n.d 0 mn Trinity BN 13.2 1978 Trinity Broadcasting Network n.d 0 mn ACTS-Satellite 9.5 1984 Southern Baptist Convention n.d 0 mn VISN 7.7 1988 Vision Interfailth Satellite Network n.d 0 mn The Inspirationnal Network 6.8 1978 Heritage Village Church n.d 0 mn CHAINES DE TELE-ACHAT : QVC (Quality value convenience) 41.0 1986 TCI, Comcast Cable, Time Warner (30,28,11) n.d s.o113 HSN 1 (Home Shopping Networks) 17.8 1985 HSN n.d s.o The Travel Channel 17.0 1987 TWA n.d s.o JC Penney Shopping Network 14.0 1987 JC Penney n.d s.o HSN 2 7.0 1987 HSN n.d s.o Tableau 9 : Chaînes nationales du service optionnel en 1992 HBO (cinema, sport) 19.6 1975 Time Warner (100) 3.9 à 5.5 $ 0 mn Showtime (cinéma, sport) 9.9 1976 Viacom, TCI (50,50) 4 à 4.25 $ 0 mn Cinemax (cinéma) 8.4 1980 Time Warner (100) 3.9 à 5.5 $ 0 mn The Disney Channel (enfants) 6.2 1983 Walt Disney Corporation 14 $114 0 mn The Movie Channel (cinéma) 4.4 1975 Viacom, TCI (50,50) 4 à 4.25 $ 0 mn Encore (cinéma) 3.5 1991 TCI (90) 1 à 6 $ 0 mn Flix (cinéma) n.s 1992 Viacom, TCI (50,50) 1 à 6 $ 0 mn Tableau 10 : Chaînes nationales du service pay-per-view en 1992 chaînes foyers adressés en 1991(millions ) année de création propriétaires programmes Video Jukebox Network 13.0 1985 TCI clips musicaux Viewer's Choice 1 & 2 8.9 1985-1986 Pay Per View Network (8 opérateurs115) films Request TV 1 & 2 8.5 1985-1988 Fox, Group W films Play Boy At Night 4.0 1982 Play Boy entertainment érotisme Spice 3.0 1990 Graff Pay-Per-View pornographie Drive In Cinema 1.7 1990 Graff Pay-Per-View films série B Cable Video Store 1.0 1986 Graff Pay-Per- View films, sport Action Pay-Per-View 0.5 1990 Avalon Picture Inc. films d'aventure Premiere n.s 1991 Turner Broadcasting System films, sport 112 financées par les dons des sympathisants des communautés religieuses 113 sans objet : les recettes des chaînes de télé-achat proviennent des commandes des téléspectateurs 114 source : Les Dossiers de l'Audiovisuel, n°.28, Novembre-Décembre 1989 115 Time Warner, Continental, Cox, Newhouse, TeleCable, Times Mirror, Comcast, Viacom -28-