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Kathryn Murphy
FRE 4930
Spring 2015
Le rap est-il un moyen d’expression misogyne?
I. Introduction
La misogynie est une triste réalité qui est loin d'être un phénomène unique à la
culture rap. Des exemples de la haine à l'égard des femmes peuvent être trouvé dans
presque toutes les cultures du monde. La culture de hip-hop n'est pas une exception.
La musique rap reflète la culture d'où il provient. Beaucoup de genres musicaux
contiennent du contenu misogyne. Le problème est que ce type de contenu dégradante
est devenu extrêmement fréquent dans le rap. La popularité croissante des paroles
discriminatoire et offensante est clairement un problème, mais, bien que peut-être
plus souligné dans certains textes du rap, les croyances misogynes qui existent dans la
société moderne se manifestent dans plusieurs formes d’art, de telle sorte qu'il serait
malvenu de catégoriser le genre comme sexiste, quand, en fait, le rap est souvent un
moyen d'expression progressif. Afin de comprendre l’impact du genre sur la
promotion de la haine à l'égard des femmes, il est nécessaire qu’on analyse des mots
importants de l'argot misogyne ou sexiste trouvé dans le rap. Parce que la
participation des femmes dans la musique rap a permis des voix féminines de réagir
aux paroles injuste et dégradante qu’on entend souvent, cet essai abordera aussi le
sujet du rôle des femmes dans le rap. En explorant les types de contenu misogyne
trouvé dans le rap, les mots utilisés pour décrire des femmes et la contribution des
femmes à l'industrie, ce document tentera de comprendre si le rap peut être vu comme
un genre misogyne.
2. Un vocabulaire sexiste
Le champ lexical du rap contient beaucoup de langage discriminatoire dirigé vers les
femmes. Les mots argotique utilisés pour décrire les femmes qui seront abordées incluent
putain, pute, salope, chienne, et cul.
D’abord, les deux mots, « salope » et « chienne » ont plus ou moins le même sens,
une femme exigeante qui pense seulement de elle-même, et est prête à faire n'importe
quoi pour obtenir les possessions matérielles (Adams 2006: 948). Tengour (2013: 492)
decrit une salope comme une « femme de mauvaise vie, » ou un « individu peu
recommandable. » Le mot est presque toujours associé à quelque chose ou sexuelle ou
vulgaire (Patten 2012:19). Le mot « chienne » vient du mot « chien, » donc c’est péjoratif
pour des raisons évidentes.
Deuxièmement, le mot « putain » est une resuffixation du mot « pute » qui, selon
Tengour (2013: 253), veut dire « prostituée, » mais est aussi un « terme d’injure à
l’encontre d’une femme, » ou « une personne abjecte, prête à toutes les concessions pour
obtenir des avantages. » Une pute est généralement représenté comme un objet sexuel qui
n’a pas d’estime de soi, ou de valeurs.
« J’t’encule ta femme et ta progéniture, telle mère telle fille (pute !) » (Kaaris, Se-
vrak, Le Bruit De Mon Âme, 2015).
Cet extrait illustre la façon dont une femme étiqueté comme une pute est regardé.
Kaaris affirme clairement que la femme en question ne possède aucune valeur dans ses
yeux à moins qu'il ne peut l’utiliser pour le sexe, auquel cas même le potentiel fille
conçue serait considérée comme un objet sexuel, probablement pour aucune raison en
plus du fait qu’elle serait une femme. Le mot « pute » déshumanise les femmes dans le
rap, limitant leur identité comme personne à leur identité sexuelle.
Enfin, le mot « cul » veut dire « derrière, fesses, postérieur, anus » et il se réfère aussi
à la sexualité (Tengour 2013: 170). Souvent utilisée pour identifier la derrière d’une
femme, ce terme a une connotation objectivant sexuelle.
« Ecoute miss, dans culbute, y'a cul et y'a bite/
 Tu sais le mec affalé sur une meuf au
fond, c'est moi/
 Qui fuit avec elle avant la fin, c'est encore moi » (Passi, Keur
Sambo, Les Tentations, 1997) (Perrier 2010: 168).
Dans ce cas, le terme « cul » est utilisé dans un contexte où un rappeur se vante de ses
relations sexuelles avec une femme. Cette utilisation du terme suggère que la partie du
corps est un objet dont la seule fonction est de faire plaisir à l'homme. Il est intéressant de
noter que, dans ce passage, le rappeur est clairement dans une position dominante par
rapport à la femme.
3. Le contenu misogyne dans le rap
Avant d'évaluer le rôle du contenu misogyne dans la musique rap, il est important de
démêler les significations du sexisme et de la misogynie. On peut définir le sexisme
comme une attitude de discrimination fondée sur le sexe, tandis que la misogynie est une
forme de sexisme impliquant la haine à l'égard des femmes. Aux fins du présent
document, les misogynes sont toujours sexistes, mais les sexistes ne sont pas toujours
misogynes.
Il y a une connexion entre la façon dont les femmes sont caractérisées par la société et
leur représentation dans le rap (Adams 2005: 941). Donc, tout comme le reste de la
population, des rappeurs peuvent exprimer des point de vue au sujet des femmes qui se
trouvent sur un spectre allant de complètement neutre à subtilement sexiste à
effroyablement misogyne.
Des exemples des suggestions sexistes qu’on trouve souvent dans le rap incluent la
croyance que les femmes ne devraient pas faire l'amour pour le plaisir, et que leur rôle est
de élever les enfants et de servir les hommes. Pire encore sont les suggestions misogynes
que le rappeur veut blesser une femme comme celle de Orelsan:
« Même si tu disais des trucs intelligents t’aurais l’air conne/ J’te déteste j’veux que
tu crèves lentement/ 
 J’veux que tu tombes enceinte et que tu perdes l’enfant. »
(Orelsan, Sale Pute, Zéro, 2010).
Dans ce passage, le rappeur démontre une haine flagrante à l'égard des femmes. Il
pense d’utiliser la capacité de reproduction de la femme en question comme une façon de
provoquer la douleur. Il exprime aussi un désire de la regarder souffrir et mourir pour
aucune raison apparente autres que le fait qu'elle est une femme. Orelsan a reçu beaucoup
de mauvaise publicité à cause de la nature épouvantablement violente de ses paroles. En
conséquence, il s'est excusé pour la chanson, et il ne la chante plus dans ses concerts,
mais la majorité des rappeurs ne reçoivent pas de mauvaise publicité pour leurs paroles
haineuses, et par conséquent, ils continuent à les produire sans honte. En fait, il semble
qu’il y ait une demande par les consommateurs pour le contenu qui dépeint la violence et
la haine à l'égard des femmes (Patten 2012: 17). Généralement, les artistes qui produisent
des chansons pleines des paroles haineuses et misogyne gangent plus d'argent.
De toute évidence, les rappeurs sont conscients que les auditeurs aiment entendre les
chansons misogyne, mais est-ce qu’il y a quelque chose d'autre qui conduit l’obsession
des rappeurs avec le champ lexical de la misogynie? Béthune (2004: 108) propose qu'une
raison des rappeurs se vantent tellement de leur succès financier est parce que beacoup
d’eux provenaient d'une famille avec des ressources financières limitées. Par conséquent,
ayant gagné l'argent nécessaire pour acheter les voitures de luxe, payer des notes de bar
chère, et porter des vêtements de couturier est un véritable accomplissement. Peut-être
quand ils rappent des prostituées et leur services qu'ils ont les moyens d’acheter, et
l’argent qu'ils dépensent pour leurs petites amies, c’est une extension leur usage de
l’argent comme un objet poétique. En outre, parlant des femmes comme soumises ou
inférieures pourrait donner aux rappeurs qui ont grandi dans un environnement social,
économique et politique où ils étaient impuissant un sentiment de puissance.
Lorsque les femmes sont mentionnées dans le rap, il y a une dichotomie entre la
figure maternelle et la figure sexuelle. Beaucoup de rappeurs proviennent d'une culture
où les femmes sont la pierre angulaire de la famille. En France, les mères célibataires ne
sont pas rares dans les familles des minorités ethniques à faible revenu. En raison des
difficultés rencontrées par le principal figure féminine dans leur vie, on s'attendrait à ce
que les rappeurs qui ont grandi dans ce genre de situation seraient extraordinairement
compatissants envers les femmes. Malheureusement, en général, les rappeurs ne
généraliseraient pas leur respect envers leur mère à toutes les femmes. Il est possible
qu’un rappeur idolâtre sa mère dans un morceau, et puis manquer de respect envers sa
copine dans la ligne suivante.
« J'aime une femme, elle m'a donné le sein/ M'a appris à m'tenir, à différencier
l'Homme et le chien/
 On m'a dit tu as la rage, dégage ou je te pique/ Femelle en
chaleur reste pas dans les parages ou je te nique » (Booba, Pitbull, Ouest Side, 2006)
(Perrier 2010: 206).
Dans cet extrait, Booba commence par décrire avec gratitude les leçons que sa mère
lui a enseigné. Il y a une juxtaposition entre cet image maternelle et une remarque
dégradante à propos de son amant qui implique qu'elle n'est pas utile quand elle a ses
règles.
Le rap ne peut pas être considéré comme la seule forme d'art qui exprime des idées
misogynes. Il est incontestable que le rap perpétue telles idées, mais on ne peut pas
accuser des rappeurs de les inventer. Le rap et le rock’n roll partage beaucoup de contenu
thématique. Prenons l'exemple de la chanson de rock américain, « Go Down » par
AC/DC, dont les paroles se compose presque exclusivement des exigences qu’une femme
préforme la fellation. C'est seulement une des nombreuses chansons où le chanteur décrit
d'une femme hypothétique qui est objectivé par des paroles dégradantes qui ne parlent
que ses attributs physiques et capacités sexuelles. Il est possible que le rap a une pire
réputation que des autres genres qui contiennent beaucoup de contenu offensant parce
que la dureté du ton qui caractérise le rap rend les commentaires sexistes plus
dramatiques.
4. Les femmes dans le rap
Il y a une tendance à minimiser la contribution des femmes dans l'évolution de la
culture Hip Hop, surtout la musique rap (Phillips 2005: 254). Bien que la scène de hip
hop est dominé par les hommes, beaucoup de femmes sont devenues rappeuses bien
respectées. Béthune (2004: 57) note que si on considère la mesure où femmes sont
représentées également dans les nombre des musiciens comme une indication de la
misogynie du genre, le rap réussira mieux que la plupart des autres genres incluant le
rock et la musique classique.
Selon Béthune (2004: 58), à cause de fait que les femmes du ghetto volontairement
répondent au sexisme dans le rap, les paroles sont quelquefois une invitation à une
conversation entre les sexes, et pas seulement une expression de la haine à l'égard des
femmes. Cette théorie peut être vrai dans certains cas, en particulier lorsque le contenu
utilise le sexisme pour essayer de exciter une réponse, mais dans les cas de véritablement
misogyne, les paroles haineux et ignorantes peut être justifiée dans cette façon.
« Si je t’appelle pute, c’est que tu le mérites, toi » (Pit Baccardi, Si j’étais, Pit
Baccardi, 1999).
Clairement dans cet extrait, le rappeur n'est pas en train d’inviter des femmes « à
communiquer sur un pied d’égalité » comme Béthune (2004: 58) suggère. Il, en fait,
essaie de faire exactement le contraire. Il refuse à la femme en question la possibilité de
définir elle-mêmes en lui donnant une étiquette. Bien que le souhait d’ouvrir un dialogue
entre les sexes ne semble pas d’être la force motrice de la misogynie dans le rap, les
femmes répondendent quand même.
« Si j'lève la main sur ma femme pour la mettre en sang/ Est-ce-que j'me dirais
qu'c'est elle qui m'fait perdre la raison/ Est-ce-que j'glorifierais avec mes potes de
faire des tournantes/ Et j'dirais qu' c'est cette sale pute qui était consentante »
(Princess Aniès, Si J’étias un Homme, Conte de faits, 2002)
Ici le rappeur explore la façon dont elle traiterait les femmes si elle était née comme
un homme. Son ton ironique attire l'attention à la pratique illogique de blâmer des
femmes pour les mauvais traitements auquels elles font face. Ces paroles de Princes
Aniès peut être une réponse à la notion commune dans le rap que les femmes veulent
avoir des relations sexuelles, même si elles ne le savent pas (Wallace 1990: H20).
L’extrait suivant est un autre exemple du rap qui est utilisé pour promouvoir des
croyances progressives à propos des femmes.
« Viol, agression/ Ma seule et unique compensation est que je suis née femme et vous
m'enterrerez femme/ L'homme devra le dev'nir dans son âme/ Si je rassemble, unis
l'ensemble des femmes/ Ce n'est ni un geste ni une cause feminist/ Juste un sentiment
de devoir humaniste » (Bams, Douleur de Femme, Vivre ou Mourir, 1999).
Bams donne une perspective réaliste au sujet de la façon dont les femmes voient le
sexisme et la misogynie qu’elles rencontrent. L'intensité des paroles révèle la gravité de
la situation.
5. Conclusion
Catégoriser le rap comme un genre misogyne serait une grande généralisation, mais le
langage offensant et le sexisme qui existe dans les paroles a provoqué une réputation
négative dont il sera difficile à se débarrasser. La misogynie est caractéristique du champ
lexical du rap, et donc il est parfois difficile à interpréter les vraies croyances de chaque
rappeur. Des mots comme putain, salope, chienne, pute et cul indiquent une croyance que
les femmes sont considérées comme inférieures. Il est important de noter que toutes les
références à la misogynie ne sont pas créées pour défendre ces idées. Le rap exprime les
réalités difficiles de la vie dans les banlieues, et la violence contre les femmes est une
telle réalité. Le rap a la capacité d'être utilisé pour dénoncer ces réalités (Patten), mais, il
y a beaucoup de progrès à faire si on veut améliorer la réputation du genre.
Les Sources
Adams, Terri, and Douglas Fuller "The Words Have Changed But the Ideology Remains
the Same: Misogynistic Lyrics in Rap." Journal of Black Studies. 36.6 (2005).
Print.
Béthune, Christian. Pour une Esthétique du Rap. Paris: Klincksieck, 2004. Print.
"Orelsan – Sale Pute." Genius. Web. 01 Apr. 2015. <http://genius.com/Orelsan-sale-pute-
lyrics>.
Patten, Jordin. "The Linguistic and Cultural Representation of Gender in French Rap."
Thesis. University of Florida, 2012. Print.
Perrier, Jean- Claude. Le Rap Français: Dix Ans Après. Paris: La Table Ronde, 2010.
Print.
Phillips, Layli, Kerri Reddick-Morgan, and Dionne P. Stephens. "Oppositional
Consciousness within an Oppositional Realm: The Case of Feminism and
Womanism in Rap and Hip Hop." The Journal of African American History 90.3
(2005): 254-6. Web. 7 Apr. 2015.
Tengour, Abdelkarim. Tout l'Argot des Banlieues: Le Dictionnaire de la Zone en 2600
Définitions. Paris: Les Éditions de l'Opportun, 2013. Print.
Wallace, Michelle. "When Black Feminism Faces The Music, and the Music Is Rap."
New York Times 29 July 1990: H20. Web. 1 Apr. 2015.
Le rap est-il un moyen d’expression misogyne?

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  • 1. Kathryn Murphy FRE 4930 Spring 2015 Le rap est-il un moyen d’expression misogyne?
  • 2. I. Introduction La misogynie est une triste réalité qui est loin d'être un phénomène unique à la culture rap. Des exemples de la haine à l'égard des femmes peuvent être trouvé dans presque toutes les cultures du monde. La culture de hip-hop n'est pas une exception. La musique rap reflète la culture d'où il provient. Beaucoup de genres musicaux contiennent du contenu misogyne. Le problème est que ce type de contenu dégradante est devenu extrêmement fréquent dans le rap. La popularité croissante des paroles discriminatoire et offensante est clairement un problème, mais, bien que peut-être plus souligné dans certains textes du rap, les croyances misogynes qui existent dans la société moderne se manifestent dans plusieurs formes d’art, de telle sorte qu'il serait malvenu de catégoriser le genre comme sexiste, quand, en fait, le rap est souvent un moyen d'expression progressif. Afin de comprendre l’impact du genre sur la promotion de la haine à l'égard des femmes, il est nécessaire qu’on analyse des mots importants de l'argot misogyne ou sexiste trouvé dans le rap. Parce que la participation des femmes dans la musique rap a permis des voix féminines de réagir aux paroles injuste et dégradante qu’on entend souvent, cet essai abordera aussi le sujet du rôle des femmes dans le rap. En explorant les types de contenu misogyne trouvé dans le rap, les mots utilisés pour décrire des femmes et la contribution des femmes à l'industrie, ce document tentera de comprendre si le rap peut être vu comme un genre misogyne.
  • 3. 2. Un vocabulaire sexiste Le champ lexical du rap contient beaucoup de langage discriminatoire dirigé vers les femmes. Les mots argotique utilisés pour décrire les femmes qui seront abordées incluent putain, pute, salope, chienne, et cul. D’abord, les deux mots, « salope » et « chienne » ont plus ou moins le même sens, une femme exigeante qui pense seulement de elle-même, et est prête à faire n'importe quoi pour obtenir les possessions matérielles (Adams 2006: 948). Tengour (2013: 492) decrit une salope comme une « femme de mauvaise vie, » ou un « individu peu recommandable. » Le mot est presque toujours associé à quelque chose ou sexuelle ou vulgaire (Patten 2012:19). Le mot « chienne » vient du mot « chien, » donc c’est péjoratif pour des raisons évidentes. Deuxièmement, le mot « putain » est une resuffixation du mot « pute » qui, selon Tengour (2013: 253), veut dire « prostituée, » mais est aussi un « terme d’injure à l’encontre d’une femme, » ou « une personne abjecte, prête à toutes les concessions pour obtenir des avantages. » Une pute est généralement représenté comme un objet sexuel qui n’a pas d’estime de soi, ou de valeurs. « J’t’encule ta femme et ta progéniture, telle mère telle fille (pute !) » (Kaaris, Se- vrak, Le Bruit De Mon Âme, 2015). Cet extrait illustre la façon dont une femme étiqueté comme une pute est regardé. Kaaris affirme clairement que la femme en question ne possède aucune valeur dans ses yeux à moins qu'il ne peut l’utiliser pour le sexe, auquel cas même le potentiel fille conçue serait considérée comme un objet sexuel, probablement pour aucune raison en
  • 4. plus du fait qu’elle serait une femme. Le mot « pute » déshumanise les femmes dans le rap, limitant leur identité comme personne à leur identité sexuelle. Enfin, le mot « cul » veut dire « derrière, fesses, postérieur, anus » et il se réfère aussi à la sexualité (Tengour 2013: 170). Souvent utilisée pour identifier la derrière d’une femme, ce terme a une connotation objectivant sexuelle. « Ecoute miss, dans culbute, y'a cul et y'a bite/
 Tu sais le mec affalé sur une meuf au fond, c'est moi/
 Qui fuit avec elle avant la fin, c'est encore moi » (Passi, Keur Sambo, Les Tentations, 1997) (Perrier 2010: 168). Dans ce cas, le terme « cul » est utilisé dans un contexte où un rappeur se vante de ses relations sexuelles avec une femme. Cette utilisation du terme suggère que la partie du corps est un objet dont la seule fonction est de faire plaisir à l'homme. Il est intéressant de noter que, dans ce passage, le rappeur est clairement dans une position dominante par rapport à la femme. 3. Le contenu misogyne dans le rap Avant d'évaluer le rôle du contenu misogyne dans la musique rap, il est important de démêler les significations du sexisme et de la misogynie. On peut définir le sexisme comme une attitude de discrimination fondée sur le sexe, tandis que la misogynie est une forme de sexisme impliquant la haine à l'égard des femmes. Aux fins du présent document, les misogynes sont toujours sexistes, mais les sexistes ne sont pas toujours misogynes. Il y a une connexion entre la façon dont les femmes sont caractérisées par la société et leur représentation dans le rap (Adams 2005: 941). Donc, tout comme le reste de la
  • 5. population, des rappeurs peuvent exprimer des point de vue au sujet des femmes qui se trouvent sur un spectre allant de complètement neutre à subtilement sexiste à effroyablement misogyne. Des exemples des suggestions sexistes qu’on trouve souvent dans le rap incluent la croyance que les femmes ne devraient pas faire l'amour pour le plaisir, et que leur rôle est de élever les enfants et de servir les hommes. Pire encore sont les suggestions misogynes que le rappeur veut blesser une femme comme celle de Orelsan: « Même si tu disais des trucs intelligents t’aurais l’air conne/ J’te déteste j’veux que tu crèves lentement/ 
 J’veux que tu tombes enceinte et que tu perdes l’enfant. » (Orelsan, Sale Pute, Zéro, 2010). Dans ce passage, le rappeur démontre une haine flagrante à l'égard des femmes. Il pense d’utiliser la capacité de reproduction de la femme en question comme une façon de provoquer la douleur. Il exprime aussi un désire de la regarder souffrir et mourir pour aucune raison apparente autres que le fait qu'elle est une femme. Orelsan a reçu beaucoup de mauvaise publicité à cause de la nature épouvantablement violente de ses paroles. En conséquence, il s'est excusé pour la chanson, et il ne la chante plus dans ses concerts, mais la majorité des rappeurs ne reçoivent pas de mauvaise publicité pour leurs paroles haineuses, et par conséquent, ils continuent à les produire sans honte. En fait, il semble qu’il y ait une demande par les consommateurs pour le contenu qui dépeint la violence et la haine à l'égard des femmes (Patten 2012: 17). Généralement, les artistes qui produisent des chansons pleines des paroles haineuses et misogyne gangent plus d'argent. De toute évidence, les rappeurs sont conscients que les auditeurs aiment entendre les chansons misogyne, mais est-ce qu’il y a quelque chose d'autre qui conduit l’obsession
  • 6. des rappeurs avec le champ lexical de la misogynie? Béthune (2004: 108) propose qu'une raison des rappeurs se vantent tellement de leur succès financier est parce que beacoup d’eux provenaient d'une famille avec des ressources financières limitées. Par conséquent, ayant gagné l'argent nécessaire pour acheter les voitures de luxe, payer des notes de bar chère, et porter des vêtements de couturier est un véritable accomplissement. Peut-être quand ils rappent des prostituées et leur services qu'ils ont les moyens d’acheter, et l’argent qu'ils dépensent pour leurs petites amies, c’est une extension leur usage de l’argent comme un objet poétique. En outre, parlant des femmes comme soumises ou inférieures pourrait donner aux rappeurs qui ont grandi dans un environnement social, économique et politique où ils étaient impuissant un sentiment de puissance. Lorsque les femmes sont mentionnées dans le rap, il y a une dichotomie entre la figure maternelle et la figure sexuelle. Beaucoup de rappeurs proviennent d'une culture où les femmes sont la pierre angulaire de la famille. En France, les mères célibataires ne sont pas rares dans les familles des minorités ethniques à faible revenu. En raison des difficultés rencontrées par le principal figure féminine dans leur vie, on s'attendrait à ce que les rappeurs qui ont grandi dans ce genre de situation seraient extraordinairement compatissants envers les femmes. Malheureusement, en général, les rappeurs ne généraliseraient pas leur respect envers leur mère à toutes les femmes. Il est possible qu’un rappeur idolâtre sa mère dans un morceau, et puis manquer de respect envers sa copine dans la ligne suivante. « J'aime une femme, elle m'a donné le sein/ M'a appris à m'tenir, à différencier l'Homme et le chien/
 On m'a dit tu as la rage, dégage ou je te pique/ Femelle en
  • 7. chaleur reste pas dans les parages ou je te nique » (Booba, Pitbull, Ouest Side, 2006) (Perrier 2010: 206). Dans cet extrait, Booba commence par décrire avec gratitude les leçons que sa mère lui a enseigné. Il y a une juxtaposition entre cet image maternelle et une remarque dégradante à propos de son amant qui implique qu'elle n'est pas utile quand elle a ses règles. Le rap ne peut pas être considéré comme la seule forme d'art qui exprime des idées misogynes. Il est incontestable que le rap perpétue telles idées, mais on ne peut pas accuser des rappeurs de les inventer. Le rap et le rock’n roll partage beaucoup de contenu thématique. Prenons l'exemple de la chanson de rock américain, « Go Down » par AC/DC, dont les paroles se compose presque exclusivement des exigences qu’une femme préforme la fellation. C'est seulement une des nombreuses chansons où le chanteur décrit d'une femme hypothétique qui est objectivé par des paroles dégradantes qui ne parlent que ses attributs physiques et capacités sexuelles. Il est possible que le rap a une pire réputation que des autres genres qui contiennent beaucoup de contenu offensant parce que la dureté du ton qui caractérise le rap rend les commentaires sexistes plus dramatiques. 4. Les femmes dans le rap Il y a une tendance à minimiser la contribution des femmes dans l'évolution de la culture Hip Hop, surtout la musique rap (Phillips 2005: 254). Bien que la scène de hip hop est dominé par les hommes, beaucoup de femmes sont devenues rappeuses bien respectées. Béthune (2004: 57) note que si on considère la mesure où femmes sont
  • 8. représentées également dans les nombre des musiciens comme une indication de la misogynie du genre, le rap réussira mieux que la plupart des autres genres incluant le rock et la musique classique. Selon Béthune (2004: 58), à cause de fait que les femmes du ghetto volontairement répondent au sexisme dans le rap, les paroles sont quelquefois une invitation à une conversation entre les sexes, et pas seulement une expression de la haine à l'égard des femmes. Cette théorie peut être vrai dans certains cas, en particulier lorsque le contenu utilise le sexisme pour essayer de exciter une réponse, mais dans les cas de véritablement misogyne, les paroles haineux et ignorantes peut être justifiée dans cette façon. « Si je t’appelle pute, c’est que tu le mérites, toi » (Pit Baccardi, Si j’étais, Pit Baccardi, 1999). Clairement dans cet extrait, le rappeur n'est pas en train d’inviter des femmes « à communiquer sur un pied d’égalité » comme Béthune (2004: 58) suggère. Il, en fait, essaie de faire exactement le contraire. Il refuse à la femme en question la possibilité de définir elle-mêmes en lui donnant une étiquette. Bien que le souhait d’ouvrir un dialogue entre les sexes ne semble pas d’être la force motrice de la misogynie dans le rap, les femmes répondendent quand même. « Si j'lève la main sur ma femme pour la mettre en sang/ Est-ce-que j'me dirais qu'c'est elle qui m'fait perdre la raison/ Est-ce-que j'glorifierais avec mes potes de faire des tournantes/ Et j'dirais qu' c'est cette sale pute qui était consentante » (Princess Aniès, Si J’étias un Homme, Conte de faits, 2002) Ici le rappeur explore la façon dont elle traiterait les femmes si elle était née comme un homme. Son ton ironique attire l'attention à la pratique illogique de blâmer des
  • 9. femmes pour les mauvais traitements auquels elles font face. Ces paroles de Princes Aniès peut être une réponse à la notion commune dans le rap que les femmes veulent avoir des relations sexuelles, même si elles ne le savent pas (Wallace 1990: H20). L’extrait suivant est un autre exemple du rap qui est utilisé pour promouvoir des croyances progressives à propos des femmes. « Viol, agression/ Ma seule et unique compensation est que je suis née femme et vous m'enterrerez femme/ L'homme devra le dev'nir dans son âme/ Si je rassemble, unis l'ensemble des femmes/ Ce n'est ni un geste ni une cause feminist/ Juste un sentiment de devoir humaniste » (Bams, Douleur de Femme, Vivre ou Mourir, 1999). Bams donne une perspective réaliste au sujet de la façon dont les femmes voient le sexisme et la misogynie qu’elles rencontrent. L'intensité des paroles révèle la gravité de la situation. 5. Conclusion Catégoriser le rap comme un genre misogyne serait une grande généralisation, mais le langage offensant et le sexisme qui existe dans les paroles a provoqué une réputation négative dont il sera difficile à se débarrasser. La misogynie est caractéristique du champ lexical du rap, et donc il est parfois difficile à interpréter les vraies croyances de chaque rappeur. Des mots comme putain, salope, chienne, pute et cul indiquent une croyance que les femmes sont considérées comme inférieures. Il est important de noter que toutes les références à la misogynie ne sont pas créées pour défendre ces idées. Le rap exprime les réalités difficiles de la vie dans les banlieues, et la violence contre les femmes est une telle réalité. Le rap a la capacité d'être utilisé pour dénoncer ces réalités (Patten), mais, il y a beaucoup de progrès à faire si on veut améliorer la réputation du genre.
  • 10. Les Sources Adams, Terri, and Douglas Fuller "The Words Have Changed But the Ideology Remains the Same: Misogynistic Lyrics in Rap." Journal of Black Studies. 36.6 (2005). Print. Béthune, Christian. Pour une Esthétique du Rap. Paris: Klincksieck, 2004. Print. "Orelsan – Sale Pute." Genius. Web. 01 Apr. 2015. <http://genius.com/Orelsan-sale-pute- lyrics>. Patten, Jordin. "The Linguistic and Cultural Representation of Gender in French Rap." Thesis. University of Florida, 2012. Print. Perrier, Jean- Claude. Le Rap Français: Dix Ans Après. Paris: La Table Ronde, 2010. Print. Phillips, Layli, Kerri Reddick-Morgan, and Dionne P. Stephens. "Oppositional Consciousness within an Oppositional Realm: The Case of Feminism and Womanism in Rap and Hip Hop." The Journal of African American History 90.3 (2005): 254-6. Web. 7 Apr. 2015. Tengour, Abdelkarim. Tout l'Argot des Banlieues: Le Dictionnaire de la Zone en 2600 Définitions. Paris: Les Éditions de l'Opportun, 2013. Print. Wallace, Michelle. "When Black Feminism Faces The Music, and the Music Is Rap." New York Times 29 July 1990: H20. Web. 1 Apr. 2015.