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Université de La Rochelle
Master 2 AIEL 2012
Rapport de Stage
Environnement et Société
Comment la société civile est impliquée
dans les décisions environnementales:
l’exemple de Rio+20
BRAUD Laura
Stage réalisé au sein de l’Association
Les Petits Débrouillards Poitou-Charentes
2
Table des matières
Table des matières .................................................................................................................................. 1
Liste des acronymes ................................................................................................................................ 3
Liste des tableaux et figures.................................................................................................................... 4
Avant-propos........................................................................................................................................... 5
Introduction............................................................................................................................................. 6
Historique des conférences internationales et de la place de l’homme dans les décisions
environnementales ............................................................................................................................. 6
Le stage et l’association les Petits Débrouillards Poitou-Charentes ................................................. 11
Méthodologie........................................................................................................................................ 13
Rio de Janeiro : de la préparation à l’observation sur le terrain....................................................... 13
En Poitou-Charentes : mise en place de la mobilisation régionale................................................... 18
Résultats................................................................................................................................................ 20
A Rio : deux sommets, deux visions .................................................................................................. 20
L’implication de la société civile aux deux sommets......................................................................... 21
Le contenu et l’approche scientifique à Rio...................................................................................... 26
La mobilisation de la société civile en Poitou-Charentes.................................................................. 30
Discussion............................................................................................................................................. 35
Rio+20, deux sommets aux résultats variées.................................................................................... 35
Une prise de recul de Rio+20 en comparant au FME........................................................................ 38
La mobilisation régionale, une analyse pour l’améliorer.................................................................. 40
Conclusion ............................................................................................................................................. 43
Vers une nouvelle relation “science, société, environnement”........................................................ 43
Les décisions environnementales, de la conscience à l’efficience.................................................... 46
Référence bibliographique.................................................................................................................... 49
Annexes................................................................................................................................................. 55
Résumé.................................................................................................................................................. 60
3
Liste des acronymes
- AFPD Association Française des Petits Débrouillards
- AMP Aires Marines Protégées
- APDPC Association des Petits Débrouillards Poitou-Charentes
- CASI Collectif d’Association de Solidarité Internationale
- CDB Convention sur la Diversité Biologique
- CLD Convention sur la Lutte contre la Désertification
- CNRS Centre National de Recherche Scientifique
- CNUDD Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable
- CNUED Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement
- CNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
- COP Conférence des parties de la CDB
- DNUB Décennie des Nations Unies pour la Biodiversité
- EYES Empowering Youth in European Society (groupe de jeunes européens)
- FAME Forum Alternatif Mondial de l’eau
- FME Forum Mondial de l’eau
- FPH Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'Homme
- FSM Forum Social Mondial
- IEPF Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie
- Ifrée Institut de Formation et de Recherche en Education et Environnement
- MGCY Groupe de la jeunesse et des enfants (Major Group for Children& Youth)
- NU Nations Unies (ou parfois UN).
- ONG Organisation Non gouvernementale
- ONU Organisation des Nations Unies
- PNUE Programme des Nations Unies pour l’Environnement (ou UNEP)
- SNPN Société National de Protection de la Nature.
4
Liste des figures
- Figure 1 : Schéma des trois piliers du développement durable et ses objectifs par
secteur (p. 9)
- Figure 2 : Répartition géographique des différentes activités de Rio+20 (p.14)
- Figure 3 : Différence de participation entre le Sommet officiel et le Sommet des
Peuples (p.24)
- Figure 4 : Rencontre avec les pêcheurs lors du Toxico Tour et bus atelier de SOS Mata
Atlantica (p.29)
- Figure 5 : Mobilisation sur la Place de Verdun La Rochelle le 9 juin 2012 (p.31)
Liste des tableaux
- Tableau 1 : Tableau Récapitulatif des évènements à rio de Janeiro pour Rio+20 (p.13)
- Tableau 2 : Présentation des partenaires par antenne (p.29)
- Tableau 3 : Tableau récapitulatif de la participation aux activités par antenne (p.31-32)
Liste des Annexes
- Annexe 1 : La Charte des Petits Débrouillards
- Annexe 2 : Programmation régionale « Rio+20 étendu »
- Annexe 3 : Toxico Tour, l’exemple de la problématique de pêche dans la baie de Rio
- Annexe 4 : Liste bibliographique des solutions possibles à mettre en place par chacun
5
Avant-propos
Je tiens tout d'abord à préciser que la problématique choisie peut sembler différente de
celles généralement présentées à la sortie de notre cursus de Master professionnel Sciences
pour l’Environnement, cependant elle est en adéquation avec l'expérience acquise au cours du
stage.
La mission au sein de l’Association des Petits Débrouillards de Poitou-Charentes
(APDPC) m’a permis de réaliser que les connaissances scientifiques acquises tout au long de
notre parcours universitaire peuvent répondre au besoin qu'a la société de comprendre
l’environnement qui l’entoure. Outre le besoin de faire avancer ce savoir scientifique à travers
la recherche, ces connaissances ont aussi un rôle important d’application dans notre quotidien
et donc de transmission au citoyen. Sans la science pour comprendre l’environnement,
l’homme, bien qu’acteur dans son milieu, a parfois du mal à se sentir impliqué dans sa
gestion. Avec le Sommet de la Terre “Rio+20” qui se déroulait cette année 2012, l’objectif de
l’APDPC était justement de mobiliser et de sensibiliser la population locale à cet événement
et aux problématiques environnementales liées. La question de la place laissée à la société
civile dans les décisions d’avenir pour la planète m’a donc semblée primordiale.
Ce mémoire peut donc sembler aborder des questionnements éthiques, sur la place de
la société civile dans les sciences et l’environnement, il s’agit avant tout un travail structuré
sur la base d’un plan et modèle classique. La démarche scientifique reste en effet la même :
partir d’une problématique, en faire l’état de l’art des connaissances, puis l’expérimentation
sur le terrain pour enfin l’analyser et remettre en contexte dans la discussion. La méthodologie
s’écarte un peu des protocoles de laboratoire mais continue à être l’œuvre d’une réflexion et
d’une bonne préparation en amont. La discussion est dans ce rapport une partie importante
afin de remettre en question et analyser au mieux les résultats. L’esprit critique, commun à
tout scientifique, est donc indispensable pour arriver à une conclusion. L’ensemble de cette
méthode, propre aux scientifiques, est aussi celle utilisé par les Petits Débrouillards pour
permettre à chacun, à travers le questionnement et la curiosité, de comprendre et d’évoluer
dans ses connaissances.
6
Introduction
Historique des conférences internationales et de la place de l’homme
dans les décisions environnementales
L’année 2012 marque, avec le vingtième anniversaire du Sommet de la Terre de Rio
1992, un nouveau rendez-vous international sur l’écologie : le « Rio+20 ». Il s’agit donc
d’une occasion de revenir sur l’historique des conférences environnementales d’échelle
mondiale afin de retracer l’évolution d’une nouvelle relation entre l’homme et sa planète.
La prise de conscience a été lente comme l’indique le titre du dossier des grandes
dates sur la biodiversité fait par le CNRS (Centre National de Recherche Scientifique)1
. En
effet sur le plan international la première date retenue est 1913 avec la conférence pour la
protection de la nature à Berne. Suite à celle-ci une « commission consultative pour la
protection internationale de la nature » est créée à l’initiative de la Suisse. La France elle, à
travers l’organisation SNPN (Société Nationale de Protection de la Nature) met ensuite en
place le premier Congrès international sur la protection de la nature en 1923. Le rythme
décennal entre chaque nouvelle conférence environnementale internationale débute. Pourtant
l’écologie ne devient une préoccupation internationale auprès des chefs d’états qu’en 1972,
lorsque les Nations Unies organisent le premier Sommet de la Terre à Stockholm, appelé aussi
Conférence des Nations Unies sur l’environnement. La prise de conscience de l’importance de
l’homme et de son rôle à jouer pour la protection de la nature émerge alors. La Déclaration
finale de la conférence des Nations Unies de Stockholm l’explicite dès le premier point :
« L'homme est à la fois créature et créateur de son environnement » et détaille ensuite dans le
second point : « La protection et l'amélioration de l'environnement est une question
d'importance majeure qui affecte le bien-être des populations et le développement
économique dans le monde entier ; elle correspond au vœu ardent des peuples du monde
entier, et constitue un devoir pour tous les gouvernements » (ONU, 1972). Outre cette
nouvelle place de l’homme et des gouvernements face à l’environnement, le point sept de
cette déclaration insiste ensuite sur le fait qu’« il faudra que tous, citoyens et collectivités,
entreprises et institutions, à quelque niveau que ce soit, assument leurs responsabilités et se
partagent équitablement les tâches. Les hommes de toutes conditions et les organisations les
1
Une frise chronologique dynamique est disponible sur
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/index.php?pid=decouv_chapB
7
plus diverses peuvent, par les valeurs qu'ils admettent et par l'ensemble de leurs actes,
déterminer l'environnement de demain ». Il est ainsi clairement énoncé que chaque citoyen est
dorénavant responsable et acteur de « l’environnement de demain ». La société civile aura
donc un rôle et une implication à avoir dans les prochaines décisions et conférences pour la
planète.
La conférence internationale sur l’environnement des Nations Unies qui suit 10 ans
après, eut lieu à Nairobi en 1982. Ce « Stockholm 10 ans après » (Curtis et Magnar, 2002) est
peu souvent référencée2
et ne constitue pas une grande avancée dans les décisions
environnementales. La déclaration finale produite à Nairobi se résume en deux pages qui
présentent dix points (UNEP, 1982). La situation mondiale de guerre froide qui explique
sûrement l’absence d’intérêt à Nairobi créa, à l’inverse, le succès du Sommet de la Terre à
Rio en 1992. Cette observation est soulignée dans un article de l’hebdo-sciences de
l’époque qui dit : « la Conférence des Nations Unies […] avait surtout et incontestablement
une forte valeur symbolique. C’était le premier rendez-vous de l’après-guerre froide pour
près d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement » (Lemieux R., 1992). Ce succès a
aussi mené à une nouvelle étape décisive dans la place de l’homme au sein des décisions
environnementales.
La Déclaration finale de Rio 1992 met en effet l’accent sur l’implication de tous dans
ces processus de décision et gestion de la planète dans la continuité de Stockholm. Le principe
10 déclare : « la meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la
participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient (…) » (ONU, 1992). Il
s’agit donc de définir « les citoyens concernés » qui sont la société civile ». Jean-Louis
Quermonne, professeur d’université de renommé en science politique la définie comme :
« l'ensemble des rapports interindividuels, des structures familiales, sociales, économiques,
culturelles, religieuses, qui se déploient dans une société donnée, en dehors du cadre et de
l'intervention de l'État » (Quermonne, 2006). La dernière partie de cette phrase, « en dehors
du cadre et de l’intervention de l’Etat » semble donc la seule condition qui distingue la
société civile du reste du corps de l’Etat. Un individu travaillant pour le gouvernement (dans
l’armée, dans les instances juridiques…) redevient membre de la société civile une fois en
dehors de ces fonctions. La déclaration finale de Rio 1992 définit des groupes sociaux
spécifiques, dans les principes suivant :
2
Dans un moteur de recherche internet, très peu de référence sont trouvées. Pas cité non plus dans la frise du
CNRS par exemple.
8
- 20 : « Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement.
Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable. »
- 21 : « Il faut mobiliser la créativité, les idéaux et le courage des jeunes du monde entier afin
de forger un partenariat mondial, de manière à assurer un développement durable et à
garantir à chacun un avenir meilleur. »
-et 22 : « Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont
un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement du fait de leurs
connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître
leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur
permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable. »
Lors de ce Sommet à Rio, la place du citoyen a donc changé, permettant à l’ensemble
de la société civile (et en insistant sur certains groupes dans ces principes) de s'exprimer sur
les problématiques liées à l'environnement. A l’époque cela s’est aussi manifesté par le
premier forum des ONG et parties civiles, le « Global Forum ». Il s’est déroulé du 1er
au 15
juin en parallèle du Sommet officiel3
. Il s’agissait de trouver des solutions alternatives
possibles pour tous les secteurs de notre développement : éducation, économie, énergie,
pauvreté... L’ensemble des résultats issus de ce forum sont regroupés en 46 « traités alternatifs
des ONG » selon les différents domaines (se référer au même site antérieur). Depuis la société
civile s’organise de plus en plus pour créer en parallèle des conférences officielles, des forums
alternatifs. A l’occasion de Rio+20 cette année, en parallèle de la Conférence des Nations
Unies sur le Développement Durable (CNUDD) se déroule le Sommet des Peuples, organisé
par des ONG Brésiliennes. L’objectif de ce rapport sera notamment d’observer et de
comprendre les différences d’approches et d’enjeux liés à ces deux types de forums.
Outre cette plus grande implication de la société civile dans les décisions
environnementales, la conférence de Rio 1992 a aussi modifié le type de relation avec la
nature. La notion de développement des sociétés devient subordonnée à la nécessité de
protéger l’environnement. En effet le nom de conférence des Nations Unies sur
l’Environnement donné à Stockholm devient en 1992 la Conférence des Nations Unies sur
l’Environnement et le Développement (CNUED). Ainsi une nouvelle composante est
introduite à ces questions d’environnement, celle du développement durable. Ce terme est
3
Recueil des différents traités issus de ce forum des ONG : http://habitat.igc.org/treaties/index.htm
9
apparu pour la première fois quelques années plus tôt dans le rapport de Brundtland comme
« développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs » (Brundtland, 1987). Il devient le cœur de cette
conférence de Rio 1992 dont la Déclaration finale déclare dès le premier principe « Les êtres
humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable ». Il semble
important de détailler à présent cette notion de développement durable car elle représente le
lien entre les différents documents finalisés de Rio 1992 et le sujet central de Rio+20 qui
devient la conférence des Nations Unies sur le développement durable (UNCSD) comme
introduit précédemment.
L’évolution vers un développement plus respectueux de l’environnement implique des
consensus dans divers secteurs, conduisant ainsi à divers documents produits à l’issus de ce
Sommet 1992, autre que la déclaration finale, le programme d’action 21 (Agenda 21) et les
trois conventions concernant : la diversité biologique (CDB), les changements climatiques
(CCNUCC) et la lutte contre la désertification (CLD). Tout d’abord, les trois conventions qui
sont signées par les représentants des gouvernements doivent ensuite être ratifiées par les
Etats pour entrer en vigueur. Cette seconde étape peut parfois prendre quelques années. Il est
toutefois possible de constater que la plupart des conventions de Rio 1992 ont eu une portée
sur le long terme. Par exemple, la convention CCNUCC a permis la prise de conscience de
l’impact des gaz à effet de serre sur notre planète. L’objectif de cette convention est « de
stabiliser […] les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui
empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique » (article 2, NU,
1992). A partir de celle-ci commence dès 1995 les premières conférences des Nations Unies
sur le changement climatique tout les ans, dont la 3ème
en 1997 a conduit à l’élaboration du
Protocole de Kyoto. Celui-ci vise aussi à la limitation de l’émission des gaz à effet de serre
des 38 pays industrialisés (Annexe B du Protocole, ONU, 1998). Cependant « sous la
pression d'un groupe de pays conduits par les Etats-Unis, des mécanismes de flexibilité sont
créés, permettant à un pays de remplir ses obligations non pas en limitant ses émissions mais
en finançant des réductions à l'étranger »4
.
La convention sur la diversité biologique de Rio 1992 a conduit à des conférences des
Nations Unies appelé COP (conférence des parties de la CDB). La 10ème
conférence en 2010 a
eu lieu à Nagoya au Japon qui est à l’initiative de la recommandation à l’Assemblé générale
4
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/changement-climatique/chronologie.shtml
10
des Nations Unies de déclarer 2011-2020 la Décennie des Nations Unies pour la biodiversité
(PNUE, 2010). Il ressort à la suite de cette rencontre un travail dont l’aboutissement fut un
texte qui définit des objectifs et des modalités de stratégie précises. Ce texte Stratégie pour les
célébrations de la décennie des Nations Unies pour la Biodiversité (DNUB) témoigne de cet
engagement à impliquer la société civile avec une deuxième partie titrée Cibler le public et le
changement de comportement.
Enfin, le programme Action 21 reste le plus gros document produit au cours de ce
sommet : 800 pages, soit 2 500 actions réparties en 40 chapitres selon les objectifs et
thématiques (UN, 1992). Celui-ci a désormais une résonnance à une échelle locale, partout
dans le monde. Il s’agit de plan d’action détaillé pour permettre la mise en place d’actions de
développement durable5
. En France, l’ensemble des projets agenda 21 sont recensés: près de
1 000 démarches sur nos territoires et dans nos écoles6
.
Cette définition du développement durable repose finalement sur trois piliers qui sont
souvent représentés sous la forme du schéma suivant :
Depuis le Sommet de Johannesburg en 2002, un quatrième pilier est celui de la culture
(Serge, 2006). La revue Liaison Énergie-Francophonie dédie même en 2005 un numéro sur
Culture et développement durable dont les différents enjeux de cette nouvelle composante
sont expliqués (IEPF, 2005).
5
Pour un approfondissement et une compréhension plus ludique des enjeux de l’Agenda 21 une
vidéo explicative disponible sur http://www.lespetitsdebrouillardsaquitaine.org/spip.php?article415
6
Liste des projets sur le site : http://www.agenda21france.org/
Figure1 : Schéma des trois piliers du développement
durable et de ses objectifs par secteur
Source : http://www.ensegid.fr/agenda21-de-l-ensegid.html
11
Malgré ces trois piliers et la définition de Brundtland, la notion de développement
durable doit s’émanciper de « trois types de difficultés : elle est l’objet d’une gamme de
saisies divergentes et contradictoires (…), elle n’empêche pas l’aggravation des problèmes
écologique et sociaux, (…) et sa banalisation en affaiblit la portée » (Levy et Lussault, 2003).
Le développement durable devient le cœur des conférences des Nations Unies.
L’implication de la société civile a progressé au cours des décennies. Ainsi, le succès du
Sommet de la Terre à Rio 20 ans après la première conférence de l’environnement de
Stockholm et malgré les déceptions des conférences internationales intermédiaires (Nairobi
1982 et Johannesburg 2002), pouvait justifier l’espoir que le sommet Rio+20 soit prometteur.
Le stage et l’association les Petits Débrouillards Poitou-Charentes
Ce retour en arrière sur l’historique des conférences environnementales a permis de
suivre l’évolution de la relation entre l’homme et l’environnement. Mais pour que chaque
citoyen se sente impliqué dans ces processus de gestion et préservation de la nature comme le
proposent ces déclarations, il faut en pratique que la société soit sensibilisée en premier lieu.
L’association des Petits Débrouillards a cet objectif d’amener le grand public à s’interroger
sur les sciences et sur l’environnement qui l’entoure. Cette pensée motrice se retrouve
d’ailleurs dans son logo « ?=+ » c'est-à-dire : se poser des questions et avoir un regard critique
et curieux est positif.
Créée en 1984, l’association française des Petits Débrouillards (AFPD) s’engage donc
à permettre un accès aux sciences pour tous avec une compréhension de manière ludique car
« pas besoin d’être triste pour être sérieux » comme le dit Jacques Weber le président actuel
de l’AFPD. Les moyens de sensibiliser vont ainsi être différents selon le public visé : ateliers
en école, café des sciences, animation de rue… L’association met aussi un point d’honneur à
sensibiliser la jeunesse et les quartiers populaires généralement moins sensibilisés par ces
questions de sciences et d’environnement. Les principes et axes de travail de l’association se
retrouvent dans la Charte commune des Petits Débrouillards (Annexe1).
A travers des questions de sciences, l’actualité environnementale fait aussi partie des
sujets traités. Par exemple l’année de la biodiversité 2010 déclarée par les Nations Unies a
permis de décliner au sein de l’association différents outils de sensibilisation. Tout d’abord un
12
livret pédagogique La biodiversité : comprendre pour mieux agir a été conçu avec la
collaboration du CNRS et une « mallette biodiversité » qui contient 45 fiches d’activités pour
un public de 8 à 14 ans7
. A l’échelle régionale, l’Association des Petits Débrouillards de
Poitou Charentes (APDPC, fondée en 2006) a entre autres co-organisé le premier festival de
la Biodiversité à Montendre (au sud de la Charente Maritime) et proposé des animations sur
ce thème dans les écoles de l’agglomération rochelaise (APDPC, 2011). Ainsi l’émergence
des conférences internationales donne à l’association un double challenge : (i) dans un
premier temps, celui d’expliquer et de faire comprendre à la société civile les problèmes
environnementaux traités, (ii) puis dans un second temps de la faire participer aux
déroulements de ces conférences internationales. Pour ce second objectif il s’agit de créer des
liaisons internet entre l’évènement et la région. Les outils utilisés seront présentés dans la
méthodologie pour le cas de Rio+20. Le premier essai de mobilisation et sensibilisation sur
les thématiques environnementales a été lancé par l’APDPC à l’occasion de la conférence sur
les changements climatiques de Copenhague en 2009 (APDPC, 2009). L’an dernier dans un
tout autre thème, celui de la solidarité, l’association régionale participe au Forum Social
Mondial (FSM) de Dakar8
. C’est en partie suite à la réussite de la portée régionale de cette
rencontre FSM que l’APDPC a décidé de renouveler ce processus de mobilisation cette année
avec Rio+20.
L’APDPC a donc pour objectif de sensibiliser et impliquer la population régionale à
ces enjeux environnementaux de Rio+20, à travers la mise en place d’activités diverses. La
mission du stage est donc de contribuer à l’élaboration de la mobilisation pour permettre aux
habitants de la région Poitou-Charentes de participer à cet évènement. Il s’agit aussi d’une
analyse sur le terrain, à Rio de Janeiro, de l’implication de la société civile lors de ces
rencontres officielles et alternatives pour comprendre la possibilité de chacun à construire les
décisions environnementales de demain.
7
Pour plus d’information sur ces deux outils, divulgation faite sur le site de l’APDPC :
http://lespetitsdebrouillardspc.org/Livret-pedagogique-La-biodiversite.html et
http://lespetitsdebrouillardspc.org/La-mallette-Biodiversite.html
8
Restitution de l’expérience dans http://lespetitsdebrouillardspc.org/Sortie-du-livret-du-forum-social.html
13
Méthodologie
Le stage s’est déroulé en plusieurs étapes : une préparation en amont du
Sommet Rio+20, suivi d’un travail sur le terrain et enfin d’une analyse des résultats observés.
Il y a deux axes de travail selon la répartition géographique : Région du Poitou-Charentes et
Rio de Janeiro. En France il s’agit d’une part la mise en place d’une programmation
d’activités pour sensibiliser et impliquer la société civile locale et d’autre part, la préparation
pour la participation à Rio+20. Pendant la période de la conférence, il s’agit d’avoir comme
résultat : i) la participation, qualitative et quantitative, à la programmation pour le Poitou-
Charentes, et ii) la mobilisation de la société civile observée dans les deux sommets. Les
résultats approfondis avec la littérature permettront en discussion d’avoir une vision globale
de l’implication de la société civile, qu’elle soit présente ou non à l’événement en lui-même,
car les enjeux des décisions environnementales sont de résonnance territoriale.
Rio de Janeiro : de la préparation à l’observation sur le terrain
L’expérience scientifique, en laboratoire ou sur le terrain, dépend de la minutie du
protocole mis en place. La fiabilité des résultats et les conclusions possibles dépendent en
effet des paramètres pris en compte pour l’analyse. Ainsi pour la participation à Rio+20, une
bonne préparation est aussi nécessaire, afin de répondre le plus justement possible à la
problématique. La préparation s’est faite grâce à l’expérience acquise au cours d’évènements
antérieurs, mais aussi par l’élaboration d’un protocole qui permettrait ainsi une grille de
lecture, c'est-à-dire définir des critères pour observer et comparer les deux forums présents.
Préparation en amont
Tout d’abord, comme il a été cité en introduction, l’association les Petits Débrouillards
était déjà habituée à participer à ce genre de rencontre mondiale avec les FSM, dont le plus
récent à Dakar l’an dernier (APDPC, 2011). Les retours de cette expérience ont conduit à une
meilleure préparation à l’organisation de ces forums alternatifs. Il s’agirait généralement
d’ateliers autogérés par les ONG ou groupe de la société civile dont ils sont les initiateurs.
Ainsi la coordination de l’ensemble des évènements peut être plus complexe dans ces
rencontres alternatives. A l’inverse, l’organisation des conférences internationales initiées par
les Nations Unies semblait plus protocolaire et stricte. La flexibilité due aux changements de
14
dernière minute est un paramètre important à prendre en compte dans la préparation. Afin de
pallier cette difficulté d’organisation, il a été choisi d’être sur le terrain 10 jours avant le début
du Sommet. L’arrivée un peu avant le commencement facilite l’organisation pour le repérage
des différents sites dévolus aux nombreuses activités prévues et de pouvoir s’informer
directement sur place avec ceux qui sont à l’initiative des projets. De plus le Brésil ayant des
coutumes et un mode de vie différent du notre il peut-être préférable un temps d’adaptation.
De même, si le voyage se faisait à la dernière minute, le décalage horaire de 5 heures aurait
été un paramètre à prendre en compte.
L’objectif est ensuite d’avoir une compréhension des enjeux qui se dérouleront lors de
la conférence afin de se préparer au mieux. L’état de l’art est en effet nécessaire avant d’aller
sur le terrain. Les problématiques officielles se regroupaient en trois axes de travail : la
définition de l’économie verte, la création d’une gouvernance mondiale pour l’environnement
et l’aboutissement à un accord sur les différents aspects du développement durable (Barreau,
2012). Ces rencontres internationales sont cependant le fruit d’une construction collective. Il
est donc primordial de se tenir informé de l’évolution de ces processus et ainsi obtenir des
renseignements complémentaires. Cette actualité a été suivie de manière régulière (2-3fois par
semaine) sur leur site internet officiel respectif9
.
L’ensemble des informations ont permis d’établir un calendrier des activités et de
participation pour le mois de juin à Rio de Janeiro (Tableau 1).
Dates (juin) Evénements Lieux
Du 7 au 12 Youth Blast, conférence pour la jeunesse Centre de Convention SulAmerica
Du 13 au 19 3ème
réunion du comité préparatoire à CNUSD,
Et espace ouvert à la société civile
Riocentro,
Et Pavillon des athlètes
Du 15 au 23 Sommet des Peuples Aterro de Flamengo
Le 16 et 17 Toxico Tour Différentes zones de la ville
Le 20 Journée Mondiale de Mobilisation Manifestation dans les rues de Rio
Du 20 au 22 Conférence des Nations Unies sur le
développement durable
Riocentro
Une représentation géographique a aussi été construite à partir des informations re-
cueillies afin de mieux localiser les différentes activités présentes (figure 2).
9
Pour le sommet officiel : http://www.uncsd2012.org/rio20/index.html. Le sommet des peuples:
http://cupuladospovos.org.br/. Un 3
ème
site regroupé les diverses informations : http://rio20.net/fr/
Tableau 1 : Tableau récapitulatif des évènements à Rio de Janeiro pour Rio+20
15
Figure 2 : Répartition géographique des différentes activités de Rio+20
Riocentro
Sommet Officiel des Nations
Unies
Parc Alterro Flamengo
Sommet des Peuples
Fort de Copacabana :
« Humanidade 2012 »
Toxico Tour
Rencontre avec les pêcheurs
(et mangroves détruites)
Cinelândia : « Terre vue du Ciel »
Face au parc Alterro - SOS Mata Atlantica
« Notre vert dépend aussi du bleu »
Expositions
Sommets
Autres
Légende :
Pavillon des Athlètes (au Nord) et en
face Riocentro (au Sud sur l’image).
Centre de Convention
SulAmerica
Youth Blast, conférence pour la
jeunesse
16
La première constatation est l’éloignement de la conférence officielle avec le reste des
activités proposées : 40 km séparent en effet les deux sommets (figure 2). Cette distance et
leurs déroulements simultanés impliquent un choix de participation plus privilégié dans l’un
d’entre eux. Pour l’APDPC l’enjeu était surtout d’être présent au Sommet des Peuples. Ainsi
il n’a pas été demandé d’accréditation, indispensable pour l’accès à Riocentro et à la confé-
rence officielle sur le développement durable. Celles-ci faisaient l’objet d’une demande sur
internet, possible d'effectuer jusqu’à fin février seulement, afin que les Nations Unies puissent
examiner chaque dossier de candidature et déterminer si le demandeur est autorisé dans
l’enceinte des négociations. Cette démarche et la séparation spatiale de la CNUSD témoignent
d’une stratégie qui ne favorise pas l’accès à la société civile pour les décisions environnemen-
tales.
La délégation partie sur le terrain à Rio était constituée de cinq personnes travaillant
pour l’association AFPD. Trois autres personnes se sont rattachées à notre travail au sein des
Petits Débrouillards et ont collaboré. De plus en amont de l’évènement, il a été possible de
prendre contact avec des personnes déjà sur place qui ont facilité la logistique et apporté des
informations complémentaires.
Première expérience sur le terrain : le Forum Mondial de l’Eau (FME)
Le 6ème
Forum Mondial de l’Eau s’est déroulé à Marseille du 12 au 17 mars 2012. Il a
ainsi permis une première analyse sur le terrain. En parallèle du FME était mis en place par la
société civile et les ONG le FAME (forum alternatif mondial de l’eau). La participation à ces
forums avait pour but d’établir un lien avec la région Poitou-Charentes mais a aussi permis
l’élaboration d’une grille de lecture pour comprendre les différences entre les deux forums. A
partir de l’observation de cette première rencontre internationale, il s’agissait d’établir des
critères qui constitueront par la suite la méthodologie de comparaison des deux sommets à
Rio. L’objectif étant de répondre à la problématique de la place de la société civile dans les
décisions environnementale. Ainsi la liste des critères suivant correspond à des outils pour
l’analyse de l’implication de la société civile lors de Rio+20 :
- Les différentes activités mises en place pour sensibiliser, informer et impliquer la
société civile. Tout comme les Petits Débrouillards qui utilisent des méthodes
variées selon le public visé (ateliers, animations…cité en introduction), il s’agit
dans un premier temps d’analyser le contenu des différentes activités et leur impact
17
sur l’implication des individus à Rio+20. Ces activités en marge des deux sommets
sont représentées sur la carte précédente (figure 3).
- L’accessibilité à la société civile dans les deux sommets. La facilité est un
paramètre qui peut influencer la participation de chacun dans ce type de processus
de décisions environnementales. Il en a été un peu discuté lors de la préparation,
mais qu’en est-il réellement sur le terrain ?
- Les possibilités d’interactions et de constructions participatives des solutions : si la
préparation et la finalité (documents aboutis de la conférence) ont été antérieures à
la participation du citoyen, quel est le rôle de sa présence ?
- Le contenu scientifique : Savoir d’une part quels ont été les sujets les plus débattus
sur les deux sommets, tout comme dans les activités secondaires, ainsi que dans les
textes finaux.
- L’approche choisie aussi pour présenter ces problèmes environnementaux
constitue un élément majeur. La compréhension des enjeux par la société civile est
primordiale afin que celle-ci comprenne, puisse s’impliquer et discerner les
solutions proposées qui seraient les plus adaptées à un développement durable.
L’observation et l’analyse sur le terrain à Rio de Janeiro se définira donc de manière
générale en deux axes : l’approche scientifique et l’implication de la société civile possible
lors des deux sommets. Pour l’approche scientifique, au regard de ma formation à l’université
de la Rochelle (la licence spécialisée en biologie marine et le Master sur les écosystèmes
littoraux), l’exemple du savoir sur les océans et sur la pêche m'a semblé approprié pour
comparer ces deux sommets. Dans l’implication de la société civile, le groupe spécifique des
jeunes sera le plus évoqué. Il s’agit d’un groupe souvent moins sensibilisé et pour
l’association les Petits Débrouillards l’objectif est que tout un chacun soit impliqué. Ainsi
l’APDPC souhaitait travailler plus avec la jeunesse. D’autant plus que celle-ci est fortement
impliqué d’après la définition du développement durable de Brundtland, «un développement
qui permet aux générations futures de répondre à leurs besoins » (Brundtland, 1987). De
plus, lors de la clôture du sommet officiel de Rio en 1992 le discours de Severn Cullis-Suzuki,
jeune fille de 12 ans, avait marqué les esprits et symbolisé l’importance et l’implication des
jeunes10
.
10
Discours de Severn disponible http://severn-lefilm.com/downloads/severn-discours.pdf
18
En Poitou-Charentes : mise en place de la mobilisation régionale
L’autre mission du stage était la mise en place de la mobilisation régionale, à l’aide de
partenaires locaux, pour ensuite assurer les liaisons avec l’évènement sur place à Rio+20.
L’APDPC, fondée en 2006, comprend aujourd’hui 4 antennes : Poitiers, Angoulême,
Saintes et La Rochelle. La mobilisation régionale devait donc inclure des activités au sein de
chaque antenne. Un sens accru de l’organisation a été primordial pour coordonner l’ensemble
des démarches à mettre en place autour de chacune de ces villes. De plus la collaboration avec
d’autres acteurs régionaux est indispensable mais nécessite aussi une capacité de prise de
contacts. Ainsi ces deux compétences, d’organisation et de prise de contact, ont été acquises
ou plus développées lors de ce stage.
Dans un premier temps il a fallu prendre contact avec un ensemble de structures dans
le secteur de l’environnement, de la solidarité ou de l’éducation. L’association des Petits
Débrouillards en Poitou-Charentes a déjà un réseau d’associations et de partenaires avec
lesquels ils ont construit des projets par le passé (comme pour le FSM de Dakar). Le stage a
donc commencé après cette première phase de prise de contact, en février dernier, pour les
premières réunions avec ceux qui ont répondu présents. La réponse favorable de participation
des acteurs locaux est donnée sous forme de tableau dans les résultats. Savoir quels sont les
partenaires présents pour préparer une mobilisation est un premier facteur d’implication de la
société civile.
De plus, une formation à Poitiers avec l'Ifrée (Institut de Formation et de Recherche en
éducation à l'environnement) 11
m’a permis d’apprendre la préparation et les enjeux des
rencontres participatives. L’objectif étant de construire une programmation qui tient compte
de la volonté et des idées de chacun, ce type de réunion est donc le plus adapté. A Saintes, une
réunion par mois avec les acteurs a suffi. A la Rochelle, un plus grand nombre de partenaires
ont répondu présent et une à deux réunions par mois ont donc été nécessaires de février à mai.
La Rochelle est aussi la principale antenne des Petits Débrouillards dans la région où se
déroulait en majorité le stage. Poitiers et Angoulême avait déjà leurs projets en cours.
Seulement deux réunions dans chacune de ces deux villes ont été organisées afin d’établir les
éventuels besoins logistiques pour l’association. Les liaisons téléphoniques avec chaque
antenne étaient aussi indispensables pour garder contact et suivre l’évolution de la préparation
des activités entre chaque réunion. De plus une réunion à Bordeaux de l’AFPD a permis de
11
Formation ifrée : « animer des réunions selon une approche participative » du 27 au 30 mars.
19
savoir ce qui était mis en place dans les différentes régions de France au sein de l’association
les Petits Débrouillards. Une seule rencontre et l’évolution différente de chaque territoire n’a
pas permis de mettre en commun une programmation à niveau national pour l’association.
Les réunions en Poitou-Charentes ont permis de mettre en place les idées. L’objectif
était ensuite de regrouper l’ensemble des informations et les présenter de manière claire afin
qu’un graphiste puisse les mettre en page. Le résultat obtenu est la programmation finale
régionale telle qu’elle a été diffusée au grand public (Annexe 2). La diffusion de ce
prospectus s’est ensuite faite par l’intermédiaire d’ONG partenaires ou lors de manifestations
et d’activités antérieures où l’association était présente. De même elle est apparue dans
l’agenda d’été 2012 du Comptoir du Développement Durable de la Rochelle.
Une fois la programmation définie et diffusée, l’organisation et la logistique mises en
place, il ne restait plus que la réalisation des activités qui se déroulaient principalement en
juin. La présence sur le terrain à Rio de Janeiro ne me permettait donc pas d’être présente
pour la plupart d’entre elles. Ainsi, en plus de Marc Gustave, le responsable du stage et
coordinateur de l’APDPC, il y avait un correspondant et responsable des activités dans chaque
antenne :
Antenne La Rochelle Saintes Poitiers Angoulême
Responsables Marine Ridoux Cindy Touré Pierre Toutan Yannick Delprat
Le lien direct entre Poitou-Charentes et Rio de Janeiro a ensuite été possible grâce à
plusieurs technologies multimédia utilisées : un blog12
pour le témoignage au quotidien,
l’application de communication Skype pour les visioconférences et un scoop it13
qui consiste
à regrouper l’ensemble des informations et sites relatifs à Rio+20.
Les résultats de participation à l’ensemble de cette méthodologie permettront de savoir
comment la société dans la région s’est sentie impliquée à Rio+20. L’objectif sera d’avoir une
appréciation quantitative mais aussi qualitative de la mobilisation en Poitou-Charentes. Les
commentaires des différents responsables d’antennes et des participants ont été rapportés de
manière informelle, à la fin de chaque activité, mais n’ont pas été l’objet d’un questionnaire
préétabli. L’observation personnelle n’était pas possible étant présente à Rio. L’objectif était
donc d’avoir des retours aussi d’ordre qualitatif.
12
http://blog.debrouillonet.org/Rio+20/
13
http://www.scoop.it/t/rio-20-etendu
20
Enfin la valorisation des évènements et de ses résultats est aussi un élément clef d’une
mise en place réussie pour l’APDPC. Il a donc été choisi de restituer cette expérience sous
forme d’un web-document. Il s’agit d’un support internet qui servira d’outil pédagogique
accessible à tous pour sensibiliser et impliquer chacun sur Rio+20 et ses enjeux. Pour sa
bonne réalisation il était donc important d'utiliser sur place, à Rio, un maximum d’outils de
retransmission et de communication (vidéo, photos, sons, interviews) afin d'offrir la vision la
plus complète possible de ce qui s’est passé. De plus dans la région Poitou-Charentes, les
activités de la programmation ont été filmées par un stagiaire Pierre Yves Le Du. Cela permet
de témoigner de la participation et de donner un exemple sur la manière dont la société civile
peut être impliquée, même loin de la conférence. Cette restitution sous forme de web-
document est actuellement en cours, ce dernier ne sera donc pas présenté dans les résultats.
L’ensemble de ces outils permet la mise en œuvre d’un « Rio+20 étendu » dont
l’objectif est de ramener cette conférence, physiquement éloignée, au plus près du public en
Poitou-Charentes et la lier aux aspects concrets de la vie de tout le monde et aux enjeux
environnementaux locaux.
Résultats
A Rio : deux sommets, deux visions
L’observation dans un premier temps des différences globales entre la conférence des
Nations Unies sur le développement durable et le Sommet des Peuples est importante afin de
comprendre la vision de chacun de ces forums. Gilles Bœuf, président du Muséum national
d’Histoire naturelle et présent à Rio+20, l’explique clairement « le contraste entre les deux
visions du Monde à Rio, entre le forum des politiques et celui des peuples était saisissant,
déjà 40 km de distance physique entre les deux » (Bœuf, 2012). La distance géographique
n’est pas le seul clivage entre ces deux sommets. Leur présence en parallèle s’explique par
une différence de volonté, d’approche des problèmes environnementaux et de l’implication
accordée à la société civile dans le processus de décision.
Les deux forums devraient en théorie avoir le même objectif, celui de définir un
développement durable et viable pour l’homme et pour la planète. Pourtant au sommet officiel
le principal sujet traité est l’économie verte. Pour beaucoup d’ONG et d’autres citoyens du
monde, ce « remède » est un prétexte supplémentaire pour continuer à pousser nos sociétés
21
dans l’industrialisation et la nécessité des nouvelles technologies (Via Campesina, 2012).
C’est dans la contestation des solutions apportées par les Nations Unies que certaines
associations brésiliennes, avec la collaboration d’un grand nombre d’autres groupes, ont mis
en place le Sommet des Peuples14
. Son objectif est de trouver de vraies alternatives de
développement qui correspondent aux besoins de la Terre et aux attentes des peuples. Le site
de L’observ’alter15
apporte une position et résume dans un article « l’objectif du Forum des
peuples est de proposer des remèdes qui sortent de toute considération capitaliste et
financière » (Raffin, 2012).
La brève présentation de ces discordances, de visions et de solutions proposées, permet
d’établir, de manière globale, quels sont les enjeux qui séparent ces deux évènements. Il est
ainsi plus facile, une fois ce contexte présenté, de développer et comprendre le cœur de
l’étude de ce rapport : la place accordée à chacun pour s’impliquer dans les décisions
environnementales. Afin de répondre à cette problématique, les résultats présentent les
observations faites sur le terrain à partir des critères d’analyse établis en méthodologie. Il
s’agit dans un premier temps de présenter l’implication de la société civile, et plus
particulièrement de la jeunesse, dans ces processus de décision. Puis, l’objectif sera
d’approfondir les problématiques environnementales traitées, sous quelle forme et avec
quelles interactions.
L’implication de la société civile aux deux sommets
Au Sommet Officiel
Au sein de cette conférence des Nations Unies, il y a un clivage entre « les grands de ce
monde » (gouvernements, grandes entreprises ou ONG, spécialistes scientifiques hauts
placés) et le reste de la société civile. Ce constat est notamment visible par l’accessibilité
restreinte, selon les accréditations, de Riocentro, le lieu officiel des décisions
environnementales. De même l’espace réservé à la société civile pour la conférence officielle
est clairement défini et séparé : le Pavillon des Athlètes en face de Riocentro (figure 3). Du 13
au 19 juin, les différents pays participants, les grandes entreprises ou ONG présentes, ainsi
que les différentes régions du Brésil ont mis en avant leurs solutions et projets sur le
développement durable. Il s’agissait principalement de conférences et d’expositions. Le
14
Liste des 33 ONG Brésiliennes organisatrices : http://cupuladospovos.org.br/quem-organiza-a-cupula/
15
Site internet de « la voix des jeunes qui se mobilisent », l’observ’alter.
22
contenu et déroulé sera par la suite détaillé avec l’exemple de la journée des océans le 16 juin.
Bien que n’ayant pas d’accréditation, observer l’accueil des participants à Riocentro le
premier jour des préparations le 13 juin (figure 2) m’a semblé intéressant. La première
constatation faite et entendu par un grand nombre de personnes, est la quantité remarquable de
policiers et de différents corps des forces armées. Le Brésil a mis un point d’honneur sur la
sécurité. Les contrôles de sécurité pour entrer par exemple étaient positionnés avant même
l’accès aux bureaux d’enregistrements ou de validations d’accréditations. Il a été possible
d’observer ce jour- là que certains ont passé le contrôle mais n’ont pas été autorisés à entrer.
Les raisons claires de ces refus ne me sont pas connues. Toutefois l’hypothèse d’une
accréditation refusée ou non présentée semble le plus plausible. Certains se sont présentés
sans savoir qu’il était nécessaire de faire une demande auprès des Nations Unies quatre mois
avant.
Pendant les trois jours de conférence officielle en présence des représentants des nations,
l’accès était devenu strictement privé et sous haute surveillance militaire à Riocentro. Le
Pavillon des Athlètes n’était plus accessible. Pour des raisons de sécurité et afin de diminuer
les problèmes de transports lors de ces trois jours de négociations officielles, l’état brésilien a
déclaré ces dates comme fériées à Rio de Janeiro. Ainsi les écoles et tous les fonctionnaires de
l’état ont eu un week-end prolongé afin de favoriser, si possible, leurs déplacements en dehors
de la ville pendant ces quelques jours. Les cariocas (nom donné aux habitants de Rio)
n’étaient donc pas invités à rester et saisir l’opportunité de cet événement dans leur ville mais
au contraire ils étaient incités à se retirer pour faciliter l'accès aux représentants de ce monde.
Les jeunes ont eux été favorablement intégrés au processus des Nations Unies, comme
défini au principe 21 de la Déclaration de Rio 1992. En effet, il existe « le groupe de la
jeunesse et des enfants » appelé MGCY (Major Group of Children and Youth) qui est un
réseau international des représentants officiels de la société civile en dessous de 30 ans
(« Overview of the MGCY », 2012)16
. Ce groupe a organisé avec l’aide des Nations Unies le
Youth Blast (conférence pour la jeunesse) qui s’est déroulé à Rio de Janeiro du 7 au 12 juin
2012 en vue de Rio+20. La programmation des journées était claire17
: plénière le matin et des
ateliers de discussions le reste de la journée sur les principaux thèmes et enjeux de Rio+20.
Les premiers jours étaient réservés aux Brésiliens, puis à partir du 10 juin la participation était
16
Pour avoir plus d’informations sur leur fonctionnement, rôle, participation… se référencer à ce document.
17
Programmation disponible sur leur site internet http://uncsdchildrenyouth.org/pages/youthblast.html
23
ouverte à tous avec une unique demande d’enregistrement à l’entrée. La structure d’accueil
était aussi facilement accessible. Il s’agissait du Centre de Convention SulAmerica non loin
du cœur de la ville. Tout était mis en œuvre pour la réussite de cette conférence, pourtant elle
fut une déception. L’observ’alter, site internet qui se dit « la voix des jeunes qui se mobilisent
à Rio » titre un article sur cet évènement : le Youth Blast rate le coche, pour définir la
désillusion concernant les 3 000 jeunes prévus à la participation mais dont les résultats sont de
seulement 300 à 400 jeunes environ pendant les journées internationales du 10 au 12 juin
(Benaidji, 2012b).
La déception s’est aussi prolongée pendant le sommet officiel. Pierre Bonneau, un des
jeunes délégués français, témoigne de sa désillusion sur Rio+20 et surtout sa finalité : « le
texte adopté est celui de mardi 19 juin […] pendant trois jours, ils se sont réunis pour faire
des discours » (Benaidji, 2012). Cette citation souligne bien la place de la société civile et des
jeunes dans le processus des négociations. Ils étaient là pour écouter mais pas pour participer
à la recherche de solutions puisque le document final est déjà adopté par les ministres. Cette
désillusion et le statut quo des mesures prises conduisent une centaine de jeunes présents à la
conférence officielle à quitter Riocentro 24h avant la fin de la conférence. Cette démarche
avait pour objectif de manifester leur désaccord et déception. Ils ont été suivis par d’autres
groupes de la société civile et représentants d’ONG18
. L’avenir que nous voulons qui est le
titre du texte final ne leur ressemble pas et « en quittant le Sommet avant la fin, nous refusons
de légitimer ce résultat » explique un jeune brésilien dans L’observ’alter (Raffin, 2012b). La
société civile présente qui s’est retirée aurait demandé de faire retirer la mention « avec la
participation pleine et entière de la société civile » dans le premier point du texte final. Ainsi
dès la première phrase « Nous, chefs d’État et de gouvernement et représentants de haut
niveau » sont les acteurs de L’avenir que ‘nous’ voulons. Mais la mention sur la participation
de la société civile est encore maintenue dans le rapport final.
En France, c’était pourtant la première fois que deux jeunes faisaient partie de la
délégation officielle française disaient les deux heureux élus. Leur rôle était de faire le lien
entre le collectif des jeunes français19
qui sont une vingtaine et la délégation officielle adulte
18
Une vidéo disponible dans cet article permet de mieux illustrer leurs motifs et le déroulement de leurs
sorties http://adoptanegotiator.org/2012/06/26/and-then-rio20-is-over-what-to-do-now-keep-fighting/
19
Un projet de la ligue de l’enseignement, site internet de ces jeunes : http://rio20jeunes.wordpress.com/
24
pour « porter les propositions et les préoccupations de la jeunesse sur le développement
durable au plus haut niveau »20
.
Au Sommet des Peuples
Le nom de cette rencontre « Sommet des Peuples » marque déjà cette volonté de
participation de la société civile. Bien que ce soit une trentaine d’ONG Brésiliennes21
qui
soient à l’origine de ce forum alternatif, pour ce qui est de la logistique et de l’organisation,
les activités proposées restent à l‘initiative de chacun. Il s’agit souvent d’ONG du monde
entier qui apportent des conférences sur leurs sujets de préoccupation ou leurs projets de
solution et voulent une discussion collective sur cette problématique. Le but étant toujours de
partager et aboutir sur des propositions de solutions alternatives communes. La société civile
est donc impliquée dans tout le processus. Il semblerait que 30 000 personnes en moyenne par
jour ont participé, mais il n’existe aucune ressource qui valide ces chiffres.
Dans ce sommet, une des premières observations des participants internationaux est la
forte implication nationale brésilienne. La plupart des plénières le matin et des assemblées de
convergence l’après-midi étaient en portugais. Il existait bien sûr des traducteurs audio en
anglais et parfois en espagnol. Beaucoup de Français furent surpris par cette difficulté de ne
pas avoir de traduction dans notre langue pour une rencontre internationale. De plus les
brésiliens ne sont pas forcément tous éduqués à l’anglais ce qui rend le dialogue informel plus
difficile lorsque le portugais n’est pas parlé. Les autres activités gérées par chaque ONG
n’avaient pas la possibilité de fournir des traducteurs donc il s’agissait souvent du monopole
de l’anglais ou portugais. La « barrière de la langue » a pu constituer un frein dans le dialogue
mais pas une barrière grâce à l’entraide qui s’est s’organisée pour traduire à ceux qui en
avaient besoin.
Les jeunes étaient eux aussi très présents sur ce sommet. Le groupe des jeunes Européens
EYES (Empowering Youth in a European Society) a fait partie du territoire des jeunes et a
participé en mettant en place des activités pour sensibiliser et manifester leurs opinions. Il
s’agissait de tables rondes pour permettre des conversations entre les jeunes venus du monde
entier pour discuter des solutions possibles. Sur le site internet officiel du Sommet des
Peuples, la jeunesse a même une page pour son groupe appelé « territoire des jeunes »22
. Au
campus de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, plus d’une centaine de jeunes âgés jusqu’à
20
Information aussi sur http://www.conference-rio2012.gouv.fr/le-collectif-jeunes-francais-rio-a583.html
21
Liste des 33 ONG Brésiliennes organisatrices : http://cupuladospovos.org.br/quem-organiza-a-cupula/
22
http://cupuladospovos.org.br/territorio-internacional-das-juventudes-da-cupula-dos-povos/ (en portugais)
25
30 ans se sont installés pour la durée du sommet (du 15 au 22 juin). Ils ont aussi créé un site
internet appelé « riot20: a RIOt of colour, music, creativity and compassion » pour divulguer
leurs idées et regrouper les informations et témoignages23
. Beaucoup d’écoles secondaires de
Rio de Janeiro ont participé en faisant des sorties de classe au Sommet des peuples et dans
d’autres activités de la ville, comme les expositions (tableau 1).
Une manifestation globale a aussi été proposée et acceptée par l’ensemble des ONG.
L’objectif était de sortir du parc où se tenait le Sommet des Peuples pour aller dans la ville
exprimer leur mécontentement face aux fausses solutions de la conférence officielle. Cette
manifestation a eu lieu le 20 juin pour la symbolique de la journée d’ouverture pour les chefs
d’états à Riocentro. Pour en comprendre la portée, Via Campesina l’organisation
internationale des paysans titre un article Rio+20 : 80 000 personnes battent le pavé pour la
justice sociale et environnementale qui souligne « une mobilisation jamais vue depuis 1989
dans les rues du pays, l’espoir d’une nouvelle époque naît » (Via Campesina, 2012) 24
. Dans
ce même article, cette volonté de la société civile présente au Sommet des Peuples de faire
entendre sa désapprobation face aux fausses solutions apportées par le sommet officiel se
résume par la phrase suivante : « les cris de toutes les communautés, de tous les mouvements
et de tous les peuples en lutte ont résonné pendant la manifestation appelant à la fin de ce
système d’exploitation du travail et des ressources naturelles jusqu’à leur épuisement ».
Pour conclure sur la participation de la société civile et sur cette mobilisation, cette phrase
de Gilles Bœuf dans son bilan de Rio+20 « La société civile (y compris la recherche
scientifique) a pu s’exprimer mais n’a pratiquement pas été entendue » (Bœuf, 2012). « La
recherche scientifique » justement, avec quelles thématiques et quels impacts, le contenu
scientifique a-t-il été présent ?
Figure3 : Différence de participation entre le Sommet officiel et le Sommet des peuples
23
Site officiel des jeunes : http://riot20blog.wordpress.com/
24
Vidéos de l’ambiance de cette participation active de la société civile et dont les médias n’ont pas parlé :
http://www.youtube.com/watch?v=5dQHJ8viLyw et http://www.positive-rio.tv/voir-video/la-marche-des-
citoyens
26
Le contenu et l’approche scientifique à Rio
L’objectif est de comparer les sujets traités et l’approche scientifique lors des deux
rencontres. La quantité des problématiques environnementales traitées (réchauffement
climatique, déforestation…) étant trop grande, il a été choisi en méthodologie de se focaliser
sur les thèmes liés aux océans et à la pêche.
Au Sommet Officiel
Introduit un peu plus tôt, à la conférence officielle une journée a été dédiée à ces
thématiques. La journée des océans, organisée par l’Ocean Global Forum25
le 16 juin, s’est
déroulée au Pavillon des Athlètes, donc accessible à tout public. Le programme de la journée
était assez chargé. Il s’agissait d’une succession de conférences, avec la participation de
spécialistes hauts placés, mais dont les temps d’échanges et de discussions n’étaient pas inclus
dans ces heures de conférences. La programmation était en effet chargée afin de traiter un
grand nombre des thèmes liés aux océans et aux littoraux : l’acidification et l’augmentation de
la température dans les océans ; la gestion des ressources halieutiques et sécurité alimentaire ;
les problématiques des réfugiés climatiques pour les petites îles due à l’élévation du niveau de
la mer26
. La présidente de L’Ocean Global Forum et organisatrice de cette journée, Biliana
Cicin-Sain, s’était montrée disposée à me rencontrer suite à des échanges d’emails. Cependant
il a été assez difficile de pouvoir dialoguer lors des pauses de manière informelle car l’espace
réservé à ces moments était assez exigu et le temps entre chaque conférence était assez bref.
Les principaux intervenants ont donc été vite accaparés par les journalistes ou pour les vidéos
de communication sur le sommet. Cette journée au sommet officiel a donc été plutôt une
présentation théorique des thématiques, faite par des scientifiques de grandes instances, mais
avec malheureusement peu de moments d’échanges directs possibles.
Dans le texte final, L’avenir que nous voulons, « océans et mers » constitue la
thématique la plus discutée. En effet, la section « domaines thématiques et questions
transversales » (p.23) regroupe l’ensemble des mesures prises dans les divers sujets de
l’environnement : la biodiversité, le changement climatique, l’agriculture etc. Or avec 19
points sur plus de 4pages (pages 34 à 38), « océans et mers » reste la partie la plus détaillée
des mesures prises par les Nations Unies (ONU, 2012).
25
Leurs objectifs est de promouvoir les questions sur les océans en organisant des rencontres mondiales entre
acteurs des océans pour mettre en place des solutions sur ces thèmes : http://www.globaloceans.org/
26
Programmation complète de la journée :
http://www.globaloceans.org/sites/udel.edu.globaloceans/files/OceansDayAtRio20Program.pdf
27
Au Sommet des Peuples
L’approche scientifique marque la principale différence au Sommet des Peuples. Il
s’agissait de rencontres participatives. Une partie importante des conférences, généralement
presque la moitié, était dédiée aux débats et aux questions. De plus, alors que les grands
spécialistes scientifiques étaient plus difficiles d’accès à Riocentro de part leurs agendas qui
laissaient peu de temps aux rencontres informelles avec le grand public, au Pavillon Bleu, lieu
dédié aux thématiques des océans, il m’a été possible de rencontrer et discuter avec une
diversité d’acteurs. Par exemple Tara expédition, un programme de recherches scientifiques
qui travaille en partenariat avec un grand nombre de laboratoires à l’échelle internationale
était très présent. Il m’a été possible de recueillir leurs témoignages et expériences concernant
les différentes expéditions, celles qu’ils ont déjà réalisées et celles en projet comme le pôle
Nord. Des scientifiques français tels que Pierre Mollo spécialisé dans le plancton s’est montré
très disponible. Il s’agissait aussi d’un grand nombre de scientifiques brésiliens qui travaillent
notamment dans les Aires Marines Protégées (AMP) ou dans d’autres projets de protection du
littoral. Beaucoup de pêcheurs de divers horizons se sont aussi réunis pour partager leurs
expériences et leurs difficultés. Ils étaient principalement issus de la pêche artisanale et
concernés par la concurrence de la pêche industrielle et de la diminution des ressources
halieutiques. La mutualisation des connaissances entre savoir scientifique et savoir profane
s’est ensuite faite dans l’objectif de répondre à ces besoins concrets et construire des solutions
possibles. Les principaux sujets discutés ont été les AMP et les questions liées à la pêche et à
la gestion des ressources halieutiques27
.
Cependant, il est intéressant de constater que dans le texte final, Déclaration finale du
Sommet des Peuples de Rio+20 pour la Justice sociale et environnementale, la question des
océans n’est pas traitée (Sommet des Peuples, 2012). Bien que l’eau soit mentionnée, aucune
allusion au milieu marin n’est faite. Il s’agit surtout d’une défense de valeur éthique et
solidaire plus que des mesures ou un contenu scientifique.
27
Programmation complète du Pavillon Bleu http://ierpe.eu/data/pdf/origine.php?lng=fr&pdfdocid=192
Version française partielle sur http://oceans.taraexpeditions.org/fr/en-direct-du-pavillon-bleu-a-rio-
20.php?id_page=1075
28
Dans les évènements extérieurs aux deux Sommets
En dehors des deux sommets étaient présents de nombreux autres évènements dans la
ville de Rio, comme présenté en méthodologie (figure 2). Rio+20 ne se limite donc pas
seulement aux deux sommets et ces autres activités ont pour but de sensibiliser et informer la
société civile sur les enjeux de cette conférence. Ainsi il semble important d’analyser aussi
dans ces milieux comment l’information scientifique est passé et quels sont les sujets abordés.
Tout d’abord une approche directe des problématiques environnementales a été pos-
sible grâce à l’initiative d’un petit groupe d’ONG brésiliennes qui ont mis en place des
« Toxico Tour ». Le principe est, aux travers de déplacements organisés dans différentes
zones autour de Rio de Janeiro, de montrer des situations concrètes et réelles d’impacts envi-
ronnementaux liés au développement humain. Lors de chacune de ces journées, une présenta-
tion sur le terrain permet tout d’abord de comprendre la problématique, puis les habitants ou
associations témoignent des impacts environnementaux qu’ils ont eux même subi. Les parti-
cipants à ces Toxico tours sont des personnes issues de la société civile, des journalistes et
ONG, venus du monde entier pour être sensibilisés sur ces cas concrets et pouvoir ensuite
témoigner de retour dans leur pays pour que ces situations ne soient pas oubliées. Les injus-
tices environnementales observées ici sont dues : aux décharges, aux pollutions chimiques
liées aux pesticides ou aux impacts des raffineries pétrolières installées au bord de la baie de
Rio. Ces Toxico Tour ont permis, grâce aux déplacements sur le terrain et aux travers des
témoignages et dialogues avec les habitants, d’expliquer et d’impliquer la société civile parti-
cipante à des problèmes environnementaux concrets. L’exemple de la pêche et des problèmes
liés à la raffinerie sont présentés en annexe (annexe 3).
Enfin, de multiples autres approches, moins théoriques, étaient mises en place pour
sensibiliser un large public. La divulgation des sciences autour des deux sommets s’est
principalement faite à travers des expositions ou des films. L’état Brésilien semble avoir
participé dans la plupart de ces projets de sensibilisation avec déjà souvent la possibilité
logistique de leur fournir un lieu. Par exemple en face du parc Alterro Flamengo s’est installé
l’association SOS MATA Atlantica. Son objectif est de communiquer sur la destruction de
cette forêt humide « Mata Atlantica » jadis répandue sur tout le littoral brésilien. Aujourd’hui
seul 7% sont encore intacts. Pour toucher un large public ils utilisent une diversité
d’approches. Grâce à leurs deux camions, ils organisent des animations et des jeux pour les
enfants dans l’un et dans l’autre des conférences pour adultes. Enfin une exposition devant
29
« Notre vert dépend aussi du bleu » permettait de montrer à tous l’impact de cette destruction
de la forêt humide sur les écosystèmes environnants tels que les îles, les plages, les récifs, et
les mangroves présentes eux aussi le long du littoral brésilien. Un jeune diplômé travaillant
pour cette organisation se tenait disponible et expliquait clairement l’interconnexion et le rôle
prépondérant de chacun de ces milieux. Autre exemple de projet, au fort de Copacabana,
l’exposition « Humanidade 2012 » traitait elle de manière plus globale sur le thème du
développement durable, les solutions qui existent et le contraste avec le monde actuel. Cette
exposition prenait la forme d’une ballade ludique à travers 10 salles qui la constituent. Elle
était accessible jusqu’à 22h certains soirs. Ce fut un grand succès puisqu’il semblerait qu’il y
ait eu plus de 110 000 visites, avec déjà 45 000 seulement dans la journée du samedi où les
visiteurs ont patienté plus de deux heures pour y avoir accès (Tardaguila, 2012). Pour finir la
dernière exposition observée, plus facile d’accès car à ciel ouvert sur la place de Cinelândia,
dans le centre historique de la ville, « la Terre vue du ciel » de Yann Arthus-Bertrand a
occupé les lieux un mois avant pour introduire le Sommet Rio+20 et ses enjeux. Autour de
cette place se tenait aussi le vieux cinéma Odéon qui pendant 6 jours, du 16 au 21 juin, à
diffusé plusieurs films sur les thématiques de l’eau, du développement durable, des forêts, des
océans et du changement climatique28
. Ce projet mis en place par la fondation Good Planète
semble avoir satisfait ses organisateurs pour qui : « l’affluence du public et l’intérêt manifesté
pour ce Festival montrent ainsi une prise de conscience grandissante pour ces
problématiques de développement durable » (Goodplanet, 2012). En effet 6000 visiteurs ont
participé à ces séances gratuites et à ces débats.
Figure 4 : Rencontre avec les pêcheurs lors du Toxico Tour et bus atelier de SOS Mata Atlantica
28
La programmation des films est disponible sur http://rio.goodplanet.org/daily-program-2/.
Parmi les films, la diffusion de The End of the line, qui traite de la problématique des ressources halieutiques,
avait été visionné à l’université de la Rochelle au cours du cursus Master Sciences pour l’environnement.
30
La mobilisation de la société civile en Poitou-Charentes
La première étape dans les résultats de participation est de savoir quels sont les acteurs
locaux et associations qui ont répondu présent. Les partenaires qui ont collaboré à la mise en
place d’activités sont énumérés dans le tableau (Tableau 2).
Tableau 2 : Présentation des partenaires par antennes
Antennes
Partenaires (par secteurs)
Environnement Solidarité Education Autres
La Rochelle
Comptoir du
Développement
Durable (CdA),
Défi Energie 17,
Planète Urgence
CCFD Terre Solidaire,
Artisans du Monde,
Peuples Solidaires,
Avenir en Héritage,
Secours Catholique,
Centre social le Pertuis à
Mireuil
Faculté de droit de
La Rochelle
Groupement des
Retraités Educateurs
sans Frontières
Mairie d'Aytré
Régie de Quartier de
Mireuil et le Café
social l’Azimut
Radio Collège 95,9
Planète Sésame
Déco event, Théo Bar
Poitiers
CASI Poitou-Charentes
(coordination régionale
des associations
Solidarité International)
Lycée Bois d'Amour
Kurioz
Cinéma Dietrich
Bar Plan B
Angoulême
Maison des Peuples
et de la Paix,
Groupe "Espace
solidarité" du festival
Musique Métisse
Saintes Maison de la Solidarité
Collège de la
Tremblade
Café Sol à Saintes,
Bar associatif La
Bigaille à Marennes
D’après ces premiers résultats, il est possible de constater une faible implication des
partenaires issus de l’environnement et du développement durable. L’APDPC a invité les
différents secteurs associatifs, mais les acteurs de ce secteur n’ont pas répondu présent. A
l’inverse, comme toujours pour ces rendez-vous internationaux, les réseaux de solidarité se
sont fortement mobilisés. Bien que la période de fin juin ne soit pas favorable pour travailler
avec des écoles il a aussi été possible dans certains cas de mettre en place quelques activités.
Ces partenaires ont ainsi permis la mise en place d’activités et la réalisation de la
programmation régionale (annexe 2). Les résultats de la participation de la société civile à
l’ensemble des actions proposées sont maintenant regroupés dans le tableau (tableau 3).
La première constatation possible est une faible fréquentation de manière globale.
Certains résultats sont à nuancer. Tout d’abord pour Radio Collège, il s’agit du nombre de
personnes interviewées car il est difficile de connaitre le taux d’écoute intentionnel pour
31
Rio+20 lors de ces témoignages de 5-10 minutes qui étaient diffusés pendant deux semaines.
Enfin le résultat approximatif pour le festival Musique Métisse à Angoulême s’explique par la
difficulté de compter les gens de passage dans ce type d’évènement. Cette valeur chiffrée est
aussi un total des trois jours du festival et avec des plages d’horaires larges (15h-23h). Les
autres évènements sont eux de plus faible durée et à des horaires fixés. Il est donc peu
révélateur de comparer ce résultat de 1000 personnes avec les autres résultats. Cependant,
avec les autres données de ce tableau, il est possible de faire deux observations :
- Le taux de participation ne semble pas être corrélé au type d’activité. Par exemple il y
a eu 8 participants à la visioconférence de jeudi 14 à la Rochelle et 30 à celle qui s’est
déroulée deux jours après à Aytré.
- L’antenne où se déroule l’activité ne semble pas influencer le nombre de participants.
Par exemple : 30 personnes à la conférence d’Angoulême du 30 mai, même nombre
pour la visioconférence à La Rochelle Aytré le 16 juin ; 25 personnes pour celle à
Poitiers le 19 juin, et même résultat à Saintes, aussi lors des visioconférences.
Il s’agit de constatations car il n’est pas possible d’appliquer des tests mathématiques (du type
ANOVA) avec si peu de valeur et sans avoir de réplica. L’objectif en discussion sera de
remettre en question certains choix stratégiques qui ont pu influencer ces résultats et ce qui
peut être mis en place pour améliorer la participation.
Figure 5 : Mobilisation sur la Place de Verdun La Rochelle le 9 juin 2012
32
Tableau 3 : Tableau récapitulatif de la participation aux activités par antenne
Antennes Activités Dates Résumé de l'activité
Nbre de
Participants
Types de participants et intérêts,
raison(s) de leurs présences
La
Rochelle
Conférence
« Mondialisation et
accaparement des
terres »
Mardi 5
juin
Avec l'intervention d'Yves-Roger Machart membre de l’ONG
« Agronomes et Vétérinaires sans frontières » et rédacteur
d’une étude sur les transactions foncières agricoles
internationales.
50
Réseau de la solidarité internationale de La
Rochelle qui programme régulièrement des
actions
Action de rue
Samedi 9
juin
Enjeux de Rio+20 présentés par différents acteurs locaux
place de Verdun (animations, expositions, dégustations…)
40 (contacté juste
par les Petits
débrouillards)
Personnes de passage, mixité mais peu de
jeunes. Seul 2/40 savaient ce qu'était
Rio+20. Certains en discutant avaient déjà
entendu parler du sommet de 1992
Emission radio « un
acteur, une action »
Du 13 au
20 juin
Sur Radio Collège 95.9 des témoignages sur les initiatives en
termes de développement durable de plusieurs acteurs du
territoire rochelaise
50
Entreprises, collectivités, associations, élus
qui donnent leur témoignage.
Film « Severn, la voix
de nos enfants »
Mercredi
13 juin
A Mireuil, diffusion du film sur Severn, la jeune femme qui à
l'âge de 12 ans s'était adressée aux gouvernements lors du
Sommet de Rio 1992.
13
3 personnes extérieures de Mireuil, 2 de
Mireuil, 3 du centre social et l'animatrice. 5
jeunes de 9-12 ans sont passés une partie
du film.
Visioconférence «les
enjeux de Rio+20,
fenêtre ouverte à
l'université»
Jeudi 14
juin
Noémie Candiago, doctorante en droit public à l’Université de
La Rochelle, est intervenu autour de la dette écologique.
Echange avec Rio sur le Sommet des Peuples et de l'ambiance
à Rio. Un quizz sur le développement durable était proposé
pour ouvrir le débat.
8
Personnes de l'organisation
principalement: 2 d'Avenir en Héritage, 2
des Petits Débrouillards et la doctorante.
Deux personnes de l'extérieur et un
professeur de l'université Hans Hartmann.
Visioconférence «la
place des villes dans
le processus de
développment
durable»
Samedi
16 juin
Intervention d'Agnès Michelot, Maître de Conférences de
droit public, et Patrick Angibaud élu à la ville d’Aytré. La
visioconférence n'a pas eu lieux pour des raisons de
connexion internet.
30
Personnes qui avaient vu l'invitation dans le
programme de Prairiale (foire écologique
d’Aytré)
Visioconférence « les
engagements possible
et concret en matière
de développement
durable »
Mercredi
20 juin
A Mireuil, échange en direct sur ses questions d'engagement
et de développement durable.
6
Les 2 même de Mireuil dont 1 jeune, 2 du
Bar associatif et les 2 animatrices.
33
Poitiers
Projection de films
Mercredi
14 juin
POM (Petits Objets Multimédia : diaporamas, vidéos,
photomontages) réalisés par les élèves de 2nde du Lycée du
Bois d’Amour. Puis la diffusion du film « Nous Resterons sur
Terre » de Pierre Barougier et Olivier Bourgeois.
15
4 professeurs du lycée sont venus, une
personne d'Europe Ecologie les Verts. Le
reste une moitié venue par curiosité, l'autre
issu du milieu associatif et des Petits
Débrouillards.
visioconférence « les
monnaies
alternatives, moyen
de transition
écologique? »
Mardi 19
juin
Rencontre avec des acteurs de l’économie alternative, le SEL
(Système d’échange local) et des représentants du
mouvement Colibrie. Discutions sur l'enjeu de ces nouvelles
méthodes d’organisation puis visioconférence pour avoir un
retour de comment se déroule Rio+20.
25
Il n'y avait personne d'autre dans le bar à
part les gens qui ont participé à la
visioconférence et au débat. Une dizaine de
curieux et le reste issus d'associations (avec
les 2 intervenants).
Angoulême
Conférence « les
enjeux de Rio+20 et la
place des élus de
ville? »
Vendredi
11 mai
Michel Faucon, ancien directeur du CRID et coordinateur des
ONG pour Rio 1992 a dressé un tableau des enjeux de Rio+20.
Deux adjoint au développement durable, Jacky BONNET (pour
la Couronne) et Françoise COUTANT (pour Angoulême) ont
témoigné de leurs rôles dans les processus de développement
durable dans les villes.
30
adhérents de la Maison des Peuples et de la
Paix
Espace des solidarités
au Musiques Métisses
Festival
Du 25 au
27 Mai
La thématique de cet espace est les enjeux de Rio+20 avec
chaque organisation qui travaille concrètement, sur un plan
local et international, à différents sujets traités lors de cette
conférence internationale.
~1000
Personnes en continu avec une bonne
mixité. Beaucoup ne savaient pas ce qu’été
Rio+20.
Visioconférence « En
direct de Rio,
ambiance suite au
Sommet de la Terre»
Lundi 25
juin
Suite à la fin des deux sommets, un retour en direct afin de
faire un premier bilan de ce qu'on peut en conclure.
4
3 du milieu associatif et une personne
externe.
Saintes
Visioconférence
« Alimentation et
mode de vie ici et là-
bas »
Lundi 25
juin
Suite à un atelier pédagogique dans le collège de la
Tremblade, cette visioconférence a permis un échange en
direct de Rio sur les questions liées à ce qu'ils avaient travaillé
et les enjeux à Rio+20.
25
Seulement 4 jeunes sinon principalement
des professeurs du collège et des parents.
Visioconférence « les
bonnes recettes de
ma mer »
Mardi 19
juin
Au bar associatif à Marennes, les questions qui touchent les
océans touchent beaucoup d'acteurs. Pierre Mollo spécialiste
sur le plancton a témoigné sur le Sommet.
entre 10 et 15
Agé entre 20 et 30 ans et issus du milieu
associatif.
Visioconférence
« Finalement, peut-on
faire l'économie de
l'argent? »
Mercredi
20 juin
Due à la crise économique, ces sujets intéressent à la maison
de la solidarité à Saintes. Discussion sur comment ces thèmes
sont abordés au Sommet.
6
4 militants dont un jeune de 30 ans et deux
membres des Petits Débrouillards.
Personnes déjà engagées qui connaissent le
sujet.
34
Pour les appréciations qualitatives maintenant, les avis des animateurs des Petits
Débrouillards, des associations partenaires et des autres participants sont positifs. Au départ
Rio+20 n’évoquait rien pour beaucoup de citoyens en Poitou-Charentes. Cependant ils ont été
très vite intéressés et désireux d’en savoir plus sur les enjeux traités ou sur ce qui se passait
sur place. En effet lors des visioconférences, la plupart des participants ont posé des questions
et ce même s’ils n’avaient pas de connaissances particulières sur le thème. La curiosité a ainsi
permis de bons échanges entre Rio et la région Poitou-Charentes. Certains, comme à Poitiers,
ont même donné suite en proposant un Café des sciences à la rentrée 2012 pour un débat
concernant les monnaies alternatives. Parmi les activités proposées, la diffusion des films
amènent souvent à des avis tranchés, « on aime » ou « on aime pas ». Par exemple, pour
certains le documentaire Nous resterons sur Terre de Pierre Barougier et Olivier Bourgeois
était trop défaitiste car il dénonçait beaucoup sans clairement proposer des solutions. Pour
d’autres la découverte de certains cas et problématiques environnementales les ont conduits à
aimer ce film. La programmation a ainsi permis de toucher des citoyens très différents. Tout
comme à Rio+20, il est possible de distinguer deux catégories dans la société civile : les
curieux inexpérimentés sur ces enjeux et les engagés militants. Cependant l’échange d’idées
entre ces deux groupes contribue à la prise de conscience pour les uns et à une évolution des
pensées pour les autres. Les questions de développement durable et de gestion de
l’environnement ont d’après les témoignages et retours intéressé tout le public présent et ce,
quelque soit l’activité ou le degré de leurs connaissances.
Pour conclure sur cette mobilisation en Poitou-Charentes, l’objectif était d’impliquer
la société civile locale aux enjeux environnementaux de Rio+20. Les résultats observés
définissent un décalage entre les avis positifs donnés sur la mobilisation et le peu de
personnes qui ont participé. La question reste donc sur le manque d’implication spontanée de
la société civile. L’analyse et la recherche d’outils ou de stratégie traitée en discussion pour
pallier cette difficulté de mobilisation des citoyens est donc primordiale. L’objectif sera donc
d’une manière plus globale de rechercher les solutions possibles afin que tous, qui sommes
acteurs de notre environnement, nous nous sentions plus concernés avec ces enjeux et
responsabilités.
35
Discussion
« Les hommes de toutes conditions et organisations les plus diverses peuvent, par les
valeurs qu’ils admettent et par l’ensemble de leurs actes, déterminer l’environnement de
demain » (septième point de la Déclaration de Stockholm, 1972). Cette ambition se retrouvait
encore dans les principes 10 et 20 à 22 de la Déclaration de Rio 1992. Pourtant, ces
engagements n’ont pas tenu leurs promesses lors du Sommet de la Terre à Rio 2012.
L’implication de la société dans ces processus de décisions environnementales s’est révélée
très différente selon le côté de l’Atlantique d’après les observations faites lors du sommet et
de son « étendue Rio+20 » en Poitou-Charentes. L’ensemble des résultats n’est donc pas
analysé en une seule partie car les conclusions conduisent à des questionnements différents
selon le lieu.
Rio+20, deux sommets aux résultats variés
« Le contraste entre les deux visions du Monde à Rio » donne lieu à une diversité de
résultats aussi bien dans la séparation spatiale, dans les engagements et solutions présentées
ou bien encore dans les résultats d’implication de la société civile et de la place accordée aux
sciences entre les deux sommets (Boeuf, 2012).
Tout d’abord en terme d’implication de la société civile, celle-ci n’a pas vraiment eu
d’occasion de participer - ou le peu présent, de s’exprimer - lors de cette rencontre des
Nations Unies. La demande d’accréditation, la sécurité renforcée lors des trois jours de
conférences officielles et les trois jours fériés pour les cariocas témoignent de cette difficulté
pour la société civile a être impliqué dans le processus de décision environnementale à la
conférence des Nations Unies. « Avec la participation pleine et entière de la société civile »
énoncée dans la première ligne du document final officiel L’avenir que nous voulons semble
donc en opposition avec les faits observés. L’exemple le plus symbolique de la contestation et
manifestation d’impuissance de la société civile à Riocentro est la sortie des jeunes et d’autres
membres d’ONG vingt quatre heures avant la fin. Ces derniers partent rejoindre la majeure
partie de la population dans le désir de s’impliquer et de rechercher des solutions alternatives
à mettre en place. Bien loin de ce Sommet des Nations Unies, dans le grand parc Alterro
Flamengo en centre ville, chaque citoyen devient alors pleinement acteur dans les
problématiques environnementales. Différents groupes venus du monde entier forme ce
36
Sommet des Peuples qui a pour objectif de partager les connaissances et expériences,
intégrant la notion de solidarité dans ces questions de choix environnementaux. La société
civile a aussi manifesté sa désapprobation face aux propositions faites par les Nations Unies
en étant présente dans les rue de Rio de Janeiro lors de la journée de mobilisation mondiale.
Ces 80 000 personnes réclament un développement qui s’allie vraiment au respect de
l’environnement et non à la marchandisation des ressources (Via Campesina, 2012). La
société civile s’est donc fortement impliquée pour ce Rio+20, mais elle n’a pas été entendue
(Bœuf, 2012). « La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la
participation de tous les citoyens concernés » comme l’affirme le principe 10 de la
déclaration de Rio 1992 ne semble donc pas être reconnue à ce sommet officiel dans la même
ville 20 ans après.
En ce qui concerne le contenu scientifique, beaucoup de spécialistes et scientifiques
sont présents à la conférence des Nations Unies. La mobilisation sur les problématiques des
océans, avec notamment la journée du 16 juin au Pavillon des Athlètes, s’est répercutée dans
le texte final. En effet celui-ci contient un grand nombre de points sur la thématique « océans
et mers ». L’ensemble des enjeux actuels ont été traité lors de cette journée : acidification des
océans, conséquence de l’augmentation de la température, les ressources halieutiques et la
sécurité alimentaire, l’élévation du niveau de la mer et risques pour les populations insulaires.
Cependant même si ce résultat témoigne d’un intérêt grandissant pour la question des océans,
il ne s’agit pas d’une grande avancée en termes de conséquences et d’actions. « Nous sommes
conscients », « Nous soulignons », « Nous réaffirmons » introduisent la plupart des points du
texte final qui désignent ainsi un « consensus mou » et non une prise de mesures. Au sommet
des Peuples les thématiques liées aux océans étaient principalement la pêche artisanale dont la
profession est maintenant menacée. Beaucoup de peuples autochtones de ce secteur sont
venus partager leurs inquiétudes avec les scientifiques présents afin de rechercher ensemble
les meilleures mesures à prendre sur la gestion des ressources halieutiques et la pêche
industrielle qui concurrence. Les AMP, le partage d’expérience sur la mise en place et les
bénéfices ou problématiques rencontrés ont été aussi longuement abordés. Cependant dans la
Déclaration finale du Sommet des Peuples de Rio+20 pour la Justice sociale et
environnementale, la thématique des océans et ses enjeux n’est pas traitée. Ce texte résume
surtout une prise de position sur des valeurs morales et éthiques dans l’aspect de
développement durable.
37
La différence des deux textes, outre le contenu scientifique, est donc la volonté
d’engagement. La déclaration du Sommet des Peuples présente les solutions apportées en
commun lors des différentes assemblées de convergence alors que du côté de la conférence
officielle, les négociations stagnent. Le président de Cuba Raul Castro présent donne son
opinion sur ce qui freine les discussions : « les pays doivent laisser l’égoïsme de côté pour
pouvoir chercher des solutions »29
. Ce terme « d’égoïsme » a souvent été entendu et aussi
employé par Gilles Bœuf dans son analyse de Rio+20 « il faut, dès maintenant, décider dans
un esprit de solidarité planétaire au-delà des égoïsmes nationaux » (Bœuf, 2012). Pierre
Calame, ancien haut fonctionnaire et président de la FPH (Fondation Charles Léopold Mayer
pour le progrès de l'Homme) ajoute que lors de cette conférence officielle il ne s’agissait pas
de trouver des solutions pour garantir la survie de la planète mais celles qui seront les moins
contraignantes pour les états. L’égoïsme national se traduit selon lui dans : « la négociation
finale a, pour les diplomates, visé à éliminer tout ce qui pourrait mettre en cause ou engager
leur pays » (Calame, 2012). Les conséquences de ce manque d’engagement se retrouvent dans
le document final. L’avenir que nous voulons est un simple texte, et non une déclaration, sans
force juridique (ONU, 2012). De plus ce document est inscrit comme Résultats de la
conférence mais est daté de la veille, le 19 juin. Cette constatation déjà formulée par le jeune
délégué français, devient même le titre d’un article du journal le Monde publié aussi le 19
juin : à Rio+20 la déclaration finale est adoptée... avant l'ouverture du sommet (Van Kote,
2012). Sur le site internet officiel de la conférence, il est possible de remarquer que le
« document final » présenté est un Projet de résolution déposé par le Président de
l’Assemblée générale30
, daté du 24 juillet et dont l’annexe est le texte lui-même L’avenir que
nous voulons. Cette constatation de mettre ce document postérieur à l’évènement comme
document final interpelle. L’hypothèse possible pour expliquer ce choix est peut-être
l’expression des remerciements au pays hôte le Brésil dans ce texte qui devient ainsi la
version finale pour conclure Rio+20. Cependant sur cet aspect du rôle du Brésil dans les
négociations, le journal Le Monde publie le jour de la clôture un article « Le Brésil gagnant,
la planète perdante » pour exprimer que le Brésil « au prix d’une certaine brutalité,
inhabituelle dans ce type de processus, [il] a débloqué en trois jours une négociation qui
piétinait depuis six mois » (Editorial le Monde, 2012).
29
Un récapitulatif de phrases citées lors du Sommet officiel sont sur :
http://www.greenetvert.fr/2012/07/04/les-petites-phrases-qui-ont-marque-le-rio20/61632
30
http://www.uncsd2012.org/rio20/thefuturewewant.html (texte disponible en français sur cette page).
38
Le Sommet officiel de Rio+20 peut se conclure par la phrase suivante : « le bilan est
donc cruel : les lourds enjeux de la crise écologique sont esquivés » (Editorial le Monde,
2012). Cependant il peut être vrai que, malgré un regard critique apporté à l’ensemble des
résultats, le manque de recul sur Rio+20 qui s’est clôturé en juin dernier peut biaiser
l’interprétation et la conclusion. Ainsi la participation au 6ème
Forum Mondial de l’Eau à
Marseille, qui a permis de constituer une meilleure méthodologie pour Rio, peut aussi servir
d’événement semblable antérieur de comparaison, bien qu’il soit de moindre échelle, afin de
pallier des conclusions trop rapides et basées sur un seul exemple.
Une prise de recul de Rio+20 en comparant au FME
Tout d’abord la grande distance géographique qui sépare la partie officielle et celle
alternative à Rio de Janeiro se retrouve aussi à une échelle réduite à Marseille. En effet les
deux se sont déroulés à deux extrémités de la ville : alors que le FME se situe proche du stade
vélodrome au Sud, le FAME s’est installé dans les docks de Marseille au Nord. On peut
émettre l’hypothèse que maintenir les deux sommets éloignés permet peut-être une meilleure
accessibilité à chacun ; ou alors il peut s’agir de prohiber l’échange mutuel des idées discutées
et émanant des deux évènements.
Pour l’organisation et l’approche des différents sommets, les résultats étaient les
mêmes entre FME et FAME. En effet, il y a eu aussi plus de moments de dialogue possible au
forum alternatif grâce à des conférences plus courtes. La déclaration des participants au
Forum Alternatif Mondial de l’eau a ainsi été construite par l’ensemble des travaux fournis
lors de chacune de ces sessions. Le document est bien daté du 17 mars 2012, date de clôture
du forum et signé par plus de 140 ONG et des centaines de personnes à titre individuel. Il est
même encore possible de la signer sur leur site internet pour manifester notre approbation et
se sentir impliqué avec ce qui a été déclaré31
. De plus ce texte exprime une forte ambition de
convergence et d’union : « En tant que membres du Mouvement pour l’Eau Bien Commun
[…] nous partageons une vision commune de l’eau » et le dernier paragraphe qui se conclut
par « Nous saluons la détermination et la cohésion de notre mouvement ». Ainsi, toute
personne peut s’inclure dans ce mouvement et cette déclaration alternative si elle le souhaite.
A l’inverse « Nous, chefs de délégations et ministres » de la déclaration ministérielle officielle
appelée Le temps des solutions ne peut se référer à la société civile. De même, tout comme le
31
Site du forum alternatif de l’eau : http://www.fame2012.org/fr/signature-declaration/
39
texte L’avenir que nous voulons, celui-ci à été rendu public le 13 mars, soit le jour suivant
l’inauguration. Tout était donc planifié et écrit d’avance pour ce qui est de l’issue de ce forum
puisque avant même d’avoir commencé ce texte du 13 mars se conclut par « Nous, ministres
et chefs de délégations, saluons les résultats du 6ème Forum mondial de l'eau tenu à
Marseille du 12 au 17 mars 2012 ». L’interrogation est donc la même : la participation au
débat de la société civile à ces rencontres est-elle possible et pertinente? Si l’accord est prêt
avant la conférence cela signifie certes qu’il y a eu une longue préparation en amont. Il
semble en effet normal que pour arriver à finaliser de tels documents, L’avenir que nous
voulons ou Le Temps des solutions, les trois jours de conférences ne sont pas suffisants.
Cependant, ce travail d’élaboration est fait entre spécialistes. Il s’agit souvent de représentants
d’ONG ou de la société civile, ainsi que des scientifiques et chercheurs présents lors de ces
rencontres antérieures. La société civile, au sens large du terme c'est-à-dire tous les citoyens,
n’est donc pas impliquée ou informée de toutes ces réunions préparatoires. Elle n’est donc pas
invitée à participer tout au long du processus de décisions mais conviée à assister à la
ratification du document par les hauts responsables.
Le FME permet donc de confirmer et conclure par un autre exemple sur le déroulé de
cette conférence internationale à Rio. L’existence des deux forums s’est expliquée dans les
deux cas par une différence d’approche scientifique et de l’implication possible du citoyen.
Lors des rencontres internationales officielles, les Nations Unies semblent généralement
donner une place à la société civile mais dans un objectif de participation passive. Chaque
citoyen peut assister aux conférences faites par les grands spécialistes, profiter d’expositions
de projets internationaux, mais dans un objectif d’information et non de contribution à une
recherche de solutions pour la construction d’un document final qui est déjà prêt. Aux
rencontres alternatives, l’approche est tout autre : faire partager les sciences de chacun dans
une dynamique de participation pour une évolution des idées qui conduit à l’élaboration du
texte final. Ces questions d’approche scientifique et d’implication de la société amènent à une
réflexion plus générale de la place des sciences dans la société pour construire des solutions
participatives. Celle-ci fera l’objet de la conclusion.
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  • 1. 1 Université de La Rochelle Master 2 AIEL 2012 Rapport de Stage Environnement et Société Comment la société civile est impliquée dans les décisions environnementales: l’exemple de Rio+20 BRAUD Laura Stage réalisé au sein de l’Association Les Petits Débrouillards Poitou-Charentes
  • 2. 2 Table des matières Table des matières .................................................................................................................................. 1 Liste des acronymes ................................................................................................................................ 3 Liste des tableaux et figures.................................................................................................................... 4 Avant-propos........................................................................................................................................... 5 Introduction............................................................................................................................................. 6 Historique des conférences internationales et de la place de l’homme dans les décisions environnementales ............................................................................................................................. 6 Le stage et l’association les Petits Débrouillards Poitou-Charentes ................................................. 11 Méthodologie........................................................................................................................................ 13 Rio de Janeiro : de la préparation à l’observation sur le terrain....................................................... 13 En Poitou-Charentes : mise en place de la mobilisation régionale................................................... 18 Résultats................................................................................................................................................ 20 A Rio : deux sommets, deux visions .................................................................................................. 20 L’implication de la société civile aux deux sommets......................................................................... 21 Le contenu et l’approche scientifique à Rio...................................................................................... 26 La mobilisation de la société civile en Poitou-Charentes.................................................................. 30 Discussion............................................................................................................................................. 35 Rio+20, deux sommets aux résultats variées.................................................................................... 35 Une prise de recul de Rio+20 en comparant au FME........................................................................ 38 La mobilisation régionale, une analyse pour l’améliorer.................................................................. 40 Conclusion ............................................................................................................................................. 43 Vers une nouvelle relation “science, société, environnement”........................................................ 43 Les décisions environnementales, de la conscience à l’efficience.................................................... 46 Référence bibliographique.................................................................................................................... 49 Annexes................................................................................................................................................. 55 Résumé.................................................................................................................................................. 60
  • 3. 3 Liste des acronymes - AFPD Association Française des Petits Débrouillards - AMP Aires Marines Protégées - APDPC Association des Petits Débrouillards Poitou-Charentes - CASI Collectif d’Association de Solidarité Internationale - CDB Convention sur la Diversité Biologique - CLD Convention sur la Lutte contre la Désertification - CNRS Centre National de Recherche Scientifique - CNUDD Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable - CNUED Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement - CNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques - COP Conférence des parties de la CDB - DNUB Décennie des Nations Unies pour la Biodiversité - EYES Empowering Youth in European Society (groupe de jeunes européens) - FAME Forum Alternatif Mondial de l’eau - FME Forum Mondial de l’eau - FPH Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'Homme - FSM Forum Social Mondial - IEPF Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie - Ifrée Institut de Formation et de Recherche en Education et Environnement - MGCY Groupe de la jeunesse et des enfants (Major Group for Children& Youth) - NU Nations Unies (ou parfois UN). - ONG Organisation Non gouvernementale - ONU Organisation des Nations Unies - PNUE Programme des Nations Unies pour l’Environnement (ou UNEP) - SNPN Société National de Protection de la Nature.
  • 4. 4 Liste des figures - Figure 1 : Schéma des trois piliers du développement durable et ses objectifs par secteur (p. 9) - Figure 2 : Répartition géographique des différentes activités de Rio+20 (p.14) - Figure 3 : Différence de participation entre le Sommet officiel et le Sommet des Peuples (p.24) - Figure 4 : Rencontre avec les pêcheurs lors du Toxico Tour et bus atelier de SOS Mata Atlantica (p.29) - Figure 5 : Mobilisation sur la Place de Verdun La Rochelle le 9 juin 2012 (p.31) Liste des tableaux - Tableau 1 : Tableau Récapitulatif des évènements à rio de Janeiro pour Rio+20 (p.13) - Tableau 2 : Présentation des partenaires par antenne (p.29) - Tableau 3 : Tableau récapitulatif de la participation aux activités par antenne (p.31-32) Liste des Annexes - Annexe 1 : La Charte des Petits Débrouillards - Annexe 2 : Programmation régionale « Rio+20 étendu » - Annexe 3 : Toxico Tour, l’exemple de la problématique de pêche dans la baie de Rio - Annexe 4 : Liste bibliographique des solutions possibles à mettre en place par chacun
  • 5. 5 Avant-propos Je tiens tout d'abord à préciser que la problématique choisie peut sembler différente de celles généralement présentées à la sortie de notre cursus de Master professionnel Sciences pour l’Environnement, cependant elle est en adéquation avec l'expérience acquise au cours du stage. La mission au sein de l’Association des Petits Débrouillards de Poitou-Charentes (APDPC) m’a permis de réaliser que les connaissances scientifiques acquises tout au long de notre parcours universitaire peuvent répondre au besoin qu'a la société de comprendre l’environnement qui l’entoure. Outre le besoin de faire avancer ce savoir scientifique à travers la recherche, ces connaissances ont aussi un rôle important d’application dans notre quotidien et donc de transmission au citoyen. Sans la science pour comprendre l’environnement, l’homme, bien qu’acteur dans son milieu, a parfois du mal à se sentir impliqué dans sa gestion. Avec le Sommet de la Terre “Rio+20” qui se déroulait cette année 2012, l’objectif de l’APDPC était justement de mobiliser et de sensibiliser la population locale à cet événement et aux problématiques environnementales liées. La question de la place laissée à la société civile dans les décisions d’avenir pour la planète m’a donc semblée primordiale. Ce mémoire peut donc sembler aborder des questionnements éthiques, sur la place de la société civile dans les sciences et l’environnement, il s’agit avant tout un travail structuré sur la base d’un plan et modèle classique. La démarche scientifique reste en effet la même : partir d’une problématique, en faire l’état de l’art des connaissances, puis l’expérimentation sur le terrain pour enfin l’analyser et remettre en contexte dans la discussion. La méthodologie s’écarte un peu des protocoles de laboratoire mais continue à être l’œuvre d’une réflexion et d’une bonne préparation en amont. La discussion est dans ce rapport une partie importante afin de remettre en question et analyser au mieux les résultats. L’esprit critique, commun à tout scientifique, est donc indispensable pour arriver à une conclusion. L’ensemble de cette méthode, propre aux scientifiques, est aussi celle utilisé par les Petits Débrouillards pour permettre à chacun, à travers le questionnement et la curiosité, de comprendre et d’évoluer dans ses connaissances.
  • 6. 6 Introduction Historique des conférences internationales et de la place de l’homme dans les décisions environnementales L’année 2012 marque, avec le vingtième anniversaire du Sommet de la Terre de Rio 1992, un nouveau rendez-vous international sur l’écologie : le « Rio+20 ». Il s’agit donc d’une occasion de revenir sur l’historique des conférences environnementales d’échelle mondiale afin de retracer l’évolution d’une nouvelle relation entre l’homme et sa planète. La prise de conscience a été lente comme l’indique le titre du dossier des grandes dates sur la biodiversité fait par le CNRS (Centre National de Recherche Scientifique)1 . En effet sur le plan international la première date retenue est 1913 avec la conférence pour la protection de la nature à Berne. Suite à celle-ci une « commission consultative pour la protection internationale de la nature » est créée à l’initiative de la Suisse. La France elle, à travers l’organisation SNPN (Société Nationale de Protection de la Nature) met ensuite en place le premier Congrès international sur la protection de la nature en 1923. Le rythme décennal entre chaque nouvelle conférence environnementale internationale débute. Pourtant l’écologie ne devient une préoccupation internationale auprès des chefs d’états qu’en 1972, lorsque les Nations Unies organisent le premier Sommet de la Terre à Stockholm, appelé aussi Conférence des Nations Unies sur l’environnement. La prise de conscience de l’importance de l’homme et de son rôle à jouer pour la protection de la nature émerge alors. La Déclaration finale de la conférence des Nations Unies de Stockholm l’explicite dès le premier point : « L'homme est à la fois créature et créateur de son environnement » et détaille ensuite dans le second point : « La protection et l'amélioration de l'environnement est une question d'importance majeure qui affecte le bien-être des populations et le développement économique dans le monde entier ; elle correspond au vœu ardent des peuples du monde entier, et constitue un devoir pour tous les gouvernements » (ONU, 1972). Outre cette nouvelle place de l’homme et des gouvernements face à l’environnement, le point sept de cette déclaration insiste ensuite sur le fait qu’« il faudra que tous, citoyens et collectivités, entreprises et institutions, à quelque niveau que ce soit, assument leurs responsabilités et se partagent équitablement les tâches. Les hommes de toutes conditions et les organisations les 1 Une frise chronologique dynamique est disponible sur http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/index.php?pid=decouv_chapB
  • 7. 7 plus diverses peuvent, par les valeurs qu'ils admettent et par l'ensemble de leurs actes, déterminer l'environnement de demain ». Il est ainsi clairement énoncé que chaque citoyen est dorénavant responsable et acteur de « l’environnement de demain ». La société civile aura donc un rôle et une implication à avoir dans les prochaines décisions et conférences pour la planète. La conférence internationale sur l’environnement des Nations Unies qui suit 10 ans après, eut lieu à Nairobi en 1982. Ce « Stockholm 10 ans après » (Curtis et Magnar, 2002) est peu souvent référencée2 et ne constitue pas une grande avancée dans les décisions environnementales. La déclaration finale produite à Nairobi se résume en deux pages qui présentent dix points (UNEP, 1982). La situation mondiale de guerre froide qui explique sûrement l’absence d’intérêt à Nairobi créa, à l’inverse, le succès du Sommet de la Terre à Rio en 1992. Cette observation est soulignée dans un article de l’hebdo-sciences de l’époque qui dit : « la Conférence des Nations Unies […] avait surtout et incontestablement une forte valeur symbolique. C’était le premier rendez-vous de l’après-guerre froide pour près d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement » (Lemieux R., 1992). Ce succès a aussi mené à une nouvelle étape décisive dans la place de l’homme au sein des décisions environnementales. La Déclaration finale de Rio 1992 met en effet l’accent sur l’implication de tous dans ces processus de décision et gestion de la planète dans la continuité de Stockholm. Le principe 10 déclare : « la meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient (…) » (ONU, 1992). Il s’agit donc de définir « les citoyens concernés » qui sont la société civile ». Jean-Louis Quermonne, professeur d’université de renommé en science politique la définie comme : « l'ensemble des rapports interindividuels, des structures familiales, sociales, économiques, culturelles, religieuses, qui se déploient dans une société donnée, en dehors du cadre et de l'intervention de l'État » (Quermonne, 2006). La dernière partie de cette phrase, « en dehors du cadre et de l’intervention de l’Etat » semble donc la seule condition qui distingue la société civile du reste du corps de l’Etat. Un individu travaillant pour le gouvernement (dans l’armée, dans les instances juridiques…) redevient membre de la société civile une fois en dehors de ces fonctions. La déclaration finale de Rio 1992 définit des groupes sociaux spécifiques, dans les principes suivant : 2 Dans un moteur de recherche internet, très peu de référence sont trouvées. Pas cité non plus dans la frise du CNRS par exemple.
  • 8. 8 - 20 : « Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable. » - 21 : « Il faut mobiliser la créativité, les idéaux et le courage des jeunes du monde entier afin de forger un partenariat mondial, de manière à assurer un développement durable et à garantir à chacun un avenir meilleur. » -et 22 : « Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable. » Lors de ce Sommet à Rio, la place du citoyen a donc changé, permettant à l’ensemble de la société civile (et en insistant sur certains groupes dans ces principes) de s'exprimer sur les problématiques liées à l'environnement. A l’époque cela s’est aussi manifesté par le premier forum des ONG et parties civiles, le « Global Forum ». Il s’est déroulé du 1er au 15 juin en parallèle du Sommet officiel3 . Il s’agissait de trouver des solutions alternatives possibles pour tous les secteurs de notre développement : éducation, économie, énergie, pauvreté... L’ensemble des résultats issus de ce forum sont regroupés en 46 « traités alternatifs des ONG » selon les différents domaines (se référer au même site antérieur). Depuis la société civile s’organise de plus en plus pour créer en parallèle des conférences officielles, des forums alternatifs. A l’occasion de Rio+20 cette année, en parallèle de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable (CNUDD) se déroule le Sommet des Peuples, organisé par des ONG Brésiliennes. L’objectif de ce rapport sera notamment d’observer et de comprendre les différences d’approches et d’enjeux liés à ces deux types de forums. Outre cette plus grande implication de la société civile dans les décisions environnementales, la conférence de Rio 1992 a aussi modifié le type de relation avec la nature. La notion de développement des sociétés devient subordonnée à la nécessité de protéger l’environnement. En effet le nom de conférence des Nations Unies sur l’Environnement donné à Stockholm devient en 1992 la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED). Ainsi une nouvelle composante est introduite à ces questions d’environnement, celle du développement durable. Ce terme est 3 Recueil des différents traités issus de ce forum des ONG : http://habitat.igc.org/treaties/index.htm
  • 9. 9 apparu pour la première fois quelques années plus tôt dans le rapport de Brundtland comme « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Brundtland, 1987). Il devient le cœur de cette conférence de Rio 1992 dont la Déclaration finale déclare dès le premier principe « Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable ». Il semble important de détailler à présent cette notion de développement durable car elle représente le lien entre les différents documents finalisés de Rio 1992 et le sujet central de Rio+20 qui devient la conférence des Nations Unies sur le développement durable (UNCSD) comme introduit précédemment. L’évolution vers un développement plus respectueux de l’environnement implique des consensus dans divers secteurs, conduisant ainsi à divers documents produits à l’issus de ce Sommet 1992, autre que la déclaration finale, le programme d’action 21 (Agenda 21) et les trois conventions concernant : la diversité biologique (CDB), les changements climatiques (CCNUCC) et la lutte contre la désertification (CLD). Tout d’abord, les trois conventions qui sont signées par les représentants des gouvernements doivent ensuite être ratifiées par les Etats pour entrer en vigueur. Cette seconde étape peut parfois prendre quelques années. Il est toutefois possible de constater que la plupart des conventions de Rio 1992 ont eu une portée sur le long terme. Par exemple, la convention CCNUCC a permis la prise de conscience de l’impact des gaz à effet de serre sur notre planète. L’objectif de cette convention est « de stabiliser […] les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique » (article 2, NU, 1992). A partir de celle-ci commence dès 1995 les premières conférences des Nations Unies sur le changement climatique tout les ans, dont la 3ème en 1997 a conduit à l’élaboration du Protocole de Kyoto. Celui-ci vise aussi à la limitation de l’émission des gaz à effet de serre des 38 pays industrialisés (Annexe B du Protocole, ONU, 1998). Cependant « sous la pression d'un groupe de pays conduits par les Etats-Unis, des mécanismes de flexibilité sont créés, permettant à un pays de remplir ses obligations non pas en limitant ses émissions mais en finançant des réductions à l'étranger »4 . La convention sur la diversité biologique de Rio 1992 a conduit à des conférences des Nations Unies appelé COP (conférence des parties de la CDB). La 10ème conférence en 2010 a eu lieu à Nagoya au Japon qui est à l’initiative de la recommandation à l’Assemblé générale 4 http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/changement-climatique/chronologie.shtml
  • 10. 10 des Nations Unies de déclarer 2011-2020 la Décennie des Nations Unies pour la biodiversité (PNUE, 2010). Il ressort à la suite de cette rencontre un travail dont l’aboutissement fut un texte qui définit des objectifs et des modalités de stratégie précises. Ce texte Stratégie pour les célébrations de la décennie des Nations Unies pour la Biodiversité (DNUB) témoigne de cet engagement à impliquer la société civile avec une deuxième partie titrée Cibler le public et le changement de comportement. Enfin, le programme Action 21 reste le plus gros document produit au cours de ce sommet : 800 pages, soit 2 500 actions réparties en 40 chapitres selon les objectifs et thématiques (UN, 1992). Celui-ci a désormais une résonnance à une échelle locale, partout dans le monde. Il s’agit de plan d’action détaillé pour permettre la mise en place d’actions de développement durable5 . En France, l’ensemble des projets agenda 21 sont recensés: près de 1 000 démarches sur nos territoires et dans nos écoles6 . Cette définition du développement durable repose finalement sur trois piliers qui sont souvent représentés sous la forme du schéma suivant : Depuis le Sommet de Johannesburg en 2002, un quatrième pilier est celui de la culture (Serge, 2006). La revue Liaison Énergie-Francophonie dédie même en 2005 un numéro sur Culture et développement durable dont les différents enjeux de cette nouvelle composante sont expliqués (IEPF, 2005). 5 Pour un approfondissement et une compréhension plus ludique des enjeux de l’Agenda 21 une vidéo explicative disponible sur http://www.lespetitsdebrouillardsaquitaine.org/spip.php?article415 6 Liste des projets sur le site : http://www.agenda21france.org/ Figure1 : Schéma des trois piliers du développement durable et de ses objectifs par secteur Source : http://www.ensegid.fr/agenda21-de-l-ensegid.html
  • 11. 11 Malgré ces trois piliers et la définition de Brundtland, la notion de développement durable doit s’émanciper de « trois types de difficultés : elle est l’objet d’une gamme de saisies divergentes et contradictoires (…), elle n’empêche pas l’aggravation des problèmes écologique et sociaux, (…) et sa banalisation en affaiblit la portée » (Levy et Lussault, 2003). Le développement durable devient le cœur des conférences des Nations Unies. L’implication de la société civile a progressé au cours des décennies. Ainsi, le succès du Sommet de la Terre à Rio 20 ans après la première conférence de l’environnement de Stockholm et malgré les déceptions des conférences internationales intermédiaires (Nairobi 1982 et Johannesburg 2002), pouvait justifier l’espoir que le sommet Rio+20 soit prometteur. Le stage et l’association les Petits Débrouillards Poitou-Charentes Ce retour en arrière sur l’historique des conférences environnementales a permis de suivre l’évolution de la relation entre l’homme et l’environnement. Mais pour que chaque citoyen se sente impliqué dans ces processus de gestion et préservation de la nature comme le proposent ces déclarations, il faut en pratique que la société soit sensibilisée en premier lieu. L’association des Petits Débrouillards a cet objectif d’amener le grand public à s’interroger sur les sciences et sur l’environnement qui l’entoure. Cette pensée motrice se retrouve d’ailleurs dans son logo « ?=+ » c'est-à-dire : se poser des questions et avoir un regard critique et curieux est positif. Créée en 1984, l’association française des Petits Débrouillards (AFPD) s’engage donc à permettre un accès aux sciences pour tous avec une compréhension de manière ludique car « pas besoin d’être triste pour être sérieux » comme le dit Jacques Weber le président actuel de l’AFPD. Les moyens de sensibiliser vont ainsi être différents selon le public visé : ateliers en école, café des sciences, animation de rue… L’association met aussi un point d’honneur à sensibiliser la jeunesse et les quartiers populaires généralement moins sensibilisés par ces questions de sciences et d’environnement. Les principes et axes de travail de l’association se retrouvent dans la Charte commune des Petits Débrouillards (Annexe1). A travers des questions de sciences, l’actualité environnementale fait aussi partie des sujets traités. Par exemple l’année de la biodiversité 2010 déclarée par les Nations Unies a permis de décliner au sein de l’association différents outils de sensibilisation. Tout d’abord un
  • 12. 12 livret pédagogique La biodiversité : comprendre pour mieux agir a été conçu avec la collaboration du CNRS et une « mallette biodiversité » qui contient 45 fiches d’activités pour un public de 8 à 14 ans7 . A l’échelle régionale, l’Association des Petits Débrouillards de Poitou Charentes (APDPC, fondée en 2006) a entre autres co-organisé le premier festival de la Biodiversité à Montendre (au sud de la Charente Maritime) et proposé des animations sur ce thème dans les écoles de l’agglomération rochelaise (APDPC, 2011). Ainsi l’émergence des conférences internationales donne à l’association un double challenge : (i) dans un premier temps, celui d’expliquer et de faire comprendre à la société civile les problèmes environnementaux traités, (ii) puis dans un second temps de la faire participer aux déroulements de ces conférences internationales. Pour ce second objectif il s’agit de créer des liaisons internet entre l’évènement et la région. Les outils utilisés seront présentés dans la méthodologie pour le cas de Rio+20. Le premier essai de mobilisation et sensibilisation sur les thématiques environnementales a été lancé par l’APDPC à l’occasion de la conférence sur les changements climatiques de Copenhague en 2009 (APDPC, 2009). L’an dernier dans un tout autre thème, celui de la solidarité, l’association régionale participe au Forum Social Mondial (FSM) de Dakar8 . C’est en partie suite à la réussite de la portée régionale de cette rencontre FSM que l’APDPC a décidé de renouveler ce processus de mobilisation cette année avec Rio+20. L’APDPC a donc pour objectif de sensibiliser et impliquer la population régionale à ces enjeux environnementaux de Rio+20, à travers la mise en place d’activités diverses. La mission du stage est donc de contribuer à l’élaboration de la mobilisation pour permettre aux habitants de la région Poitou-Charentes de participer à cet évènement. Il s’agit aussi d’une analyse sur le terrain, à Rio de Janeiro, de l’implication de la société civile lors de ces rencontres officielles et alternatives pour comprendre la possibilité de chacun à construire les décisions environnementales de demain. 7 Pour plus d’information sur ces deux outils, divulgation faite sur le site de l’APDPC : http://lespetitsdebrouillardspc.org/Livret-pedagogique-La-biodiversite.html et http://lespetitsdebrouillardspc.org/La-mallette-Biodiversite.html 8 Restitution de l’expérience dans http://lespetitsdebrouillardspc.org/Sortie-du-livret-du-forum-social.html
  • 13. 13 Méthodologie Le stage s’est déroulé en plusieurs étapes : une préparation en amont du Sommet Rio+20, suivi d’un travail sur le terrain et enfin d’une analyse des résultats observés. Il y a deux axes de travail selon la répartition géographique : Région du Poitou-Charentes et Rio de Janeiro. En France il s’agit d’une part la mise en place d’une programmation d’activités pour sensibiliser et impliquer la société civile locale et d’autre part, la préparation pour la participation à Rio+20. Pendant la période de la conférence, il s’agit d’avoir comme résultat : i) la participation, qualitative et quantitative, à la programmation pour le Poitou- Charentes, et ii) la mobilisation de la société civile observée dans les deux sommets. Les résultats approfondis avec la littérature permettront en discussion d’avoir une vision globale de l’implication de la société civile, qu’elle soit présente ou non à l’événement en lui-même, car les enjeux des décisions environnementales sont de résonnance territoriale. Rio de Janeiro : de la préparation à l’observation sur le terrain L’expérience scientifique, en laboratoire ou sur le terrain, dépend de la minutie du protocole mis en place. La fiabilité des résultats et les conclusions possibles dépendent en effet des paramètres pris en compte pour l’analyse. Ainsi pour la participation à Rio+20, une bonne préparation est aussi nécessaire, afin de répondre le plus justement possible à la problématique. La préparation s’est faite grâce à l’expérience acquise au cours d’évènements antérieurs, mais aussi par l’élaboration d’un protocole qui permettrait ainsi une grille de lecture, c'est-à-dire définir des critères pour observer et comparer les deux forums présents. Préparation en amont Tout d’abord, comme il a été cité en introduction, l’association les Petits Débrouillards était déjà habituée à participer à ce genre de rencontre mondiale avec les FSM, dont le plus récent à Dakar l’an dernier (APDPC, 2011). Les retours de cette expérience ont conduit à une meilleure préparation à l’organisation de ces forums alternatifs. Il s’agirait généralement d’ateliers autogérés par les ONG ou groupe de la société civile dont ils sont les initiateurs. Ainsi la coordination de l’ensemble des évènements peut être plus complexe dans ces rencontres alternatives. A l’inverse, l’organisation des conférences internationales initiées par les Nations Unies semblait plus protocolaire et stricte. La flexibilité due aux changements de
  • 14. 14 dernière minute est un paramètre important à prendre en compte dans la préparation. Afin de pallier cette difficulté d’organisation, il a été choisi d’être sur le terrain 10 jours avant le début du Sommet. L’arrivée un peu avant le commencement facilite l’organisation pour le repérage des différents sites dévolus aux nombreuses activités prévues et de pouvoir s’informer directement sur place avec ceux qui sont à l’initiative des projets. De plus le Brésil ayant des coutumes et un mode de vie différent du notre il peut-être préférable un temps d’adaptation. De même, si le voyage se faisait à la dernière minute, le décalage horaire de 5 heures aurait été un paramètre à prendre en compte. L’objectif est ensuite d’avoir une compréhension des enjeux qui se dérouleront lors de la conférence afin de se préparer au mieux. L’état de l’art est en effet nécessaire avant d’aller sur le terrain. Les problématiques officielles se regroupaient en trois axes de travail : la définition de l’économie verte, la création d’une gouvernance mondiale pour l’environnement et l’aboutissement à un accord sur les différents aspects du développement durable (Barreau, 2012). Ces rencontres internationales sont cependant le fruit d’une construction collective. Il est donc primordial de se tenir informé de l’évolution de ces processus et ainsi obtenir des renseignements complémentaires. Cette actualité a été suivie de manière régulière (2-3fois par semaine) sur leur site internet officiel respectif9 . L’ensemble des informations ont permis d’établir un calendrier des activités et de participation pour le mois de juin à Rio de Janeiro (Tableau 1). Dates (juin) Evénements Lieux Du 7 au 12 Youth Blast, conférence pour la jeunesse Centre de Convention SulAmerica Du 13 au 19 3ème réunion du comité préparatoire à CNUSD, Et espace ouvert à la société civile Riocentro, Et Pavillon des athlètes Du 15 au 23 Sommet des Peuples Aterro de Flamengo Le 16 et 17 Toxico Tour Différentes zones de la ville Le 20 Journée Mondiale de Mobilisation Manifestation dans les rues de Rio Du 20 au 22 Conférence des Nations Unies sur le développement durable Riocentro Une représentation géographique a aussi été construite à partir des informations re- cueillies afin de mieux localiser les différentes activités présentes (figure 2). 9 Pour le sommet officiel : http://www.uncsd2012.org/rio20/index.html. Le sommet des peuples: http://cupuladospovos.org.br/. Un 3 ème site regroupé les diverses informations : http://rio20.net/fr/ Tableau 1 : Tableau récapitulatif des évènements à Rio de Janeiro pour Rio+20
  • 15. 15 Figure 2 : Répartition géographique des différentes activités de Rio+20 Riocentro Sommet Officiel des Nations Unies Parc Alterro Flamengo Sommet des Peuples Fort de Copacabana : « Humanidade 2012 » Toxico Tour Rencontre avec les pêcheurs (et mangroves détruites) Cinelândia : « Terre vue du Ciel » Face au parc Alterro - SOS Mata Atlantica « Notre vert dépend aussi du bleu » Expositions Sommets Autres Légende : Pavillon des Athlètes (au Nord) et en face Riocentro (au Sud sur l’image). Centre de Convention SulAmerica Youth Blast, conférence pour la jeunesse
  • 16. 16 La première constatation est l’éloignement de la conférence officielle avec le reste des activités proposées : 40 km séparent en effet les deux sommets (figure 2). Cette distance et leurs déroulements simultanés impliquent un choix de participation plus privilégié dans l’un d’entre eux. Pour l’APDPC l’enjeu était surtout d’être présent au Sommet des Peuples. Ainsi il n’a pas été demandé d’accréditation, indispensable pour l’accès à Riocentro et à la confé- rence officielle sur le développement durable. Celles-ci faisaient l’objet d’une demande sur internet, possible d'effectuer jusqu’à fin février seulement, afin que les Nations Unies puissent examiner chaque dossier de candidature et déterminer si le demandeur est autorisé dans l’enceinte des négociations. Cette démarche et la séparation spatiale de la CNUSD témoignent d’une stratégie qui ne favorise pas l’accès à la société civile pour les décisions environnemen- tales. La délégation partie sur le terrain à Rio était constituée de cinq personnes travaillant pour l’association AFPD. Trois autres personnes se sont rattachées à notre travail au sein des Petits Débrouillards et ont collaboré. De plus en amont de l’évènement, il a été possible de prendre contact avec des personnes déjà sur place qui ont facilité la logistique et apporté des informations complémentaires. Première expérience sur le terrain : le Forum Mondial de l’Eau (FME) Le 6ème Forum Mondial de l’Eau s’est déroulé à Marseille du 12 au 17 mars 2012. Il a ainsi permis une première analyse sur le terrain. En parallèle du FME était mis en place par la société civile et les ONG le FAME (forum alternatif mondial de l’eau). La participation à ces forums avait pour but d’établir un lien avec la région Poitou-Charentes mais a aussi permis l’élaboration d’une grille de lecture pour comprendre les différences entre les deux forums. A partir de l’observation de cette première rencontre internationale, il s’agissait d’établir des critères qui constitueront par la suite la méthodologie de comparaison des deux sommets à Rio. L’objectif étant de répondre à la problématique de la place de la société civile dans les décisions environnementale. Ainsi la liste des critères suivant correspond à des outils pour l’analyse de l’implication de la société civile lors de Rio+20 : - Les différentes activités mises en place pour sensibiliser, informer et impliquer la société civile. Tout comme les Petits Débrouillards qui utilisent des méthodes variées selon le public visé (ateliers, animations…cité en introduction), il s’agit dans un premier temps d’analyser le contenu des différentes activités et leur impact
  • 17. 17 sur l’implication des individus à Rio+20. Ces activités en marge des deux sommets sont représentées sur la carte précédente (figure 3). - L’accessibilité à la société civile dans les deux sommets. La facilité est un paramètre qui peut influencer la participation de chacun dans ce type de processus de décisions environnementales. Il en a été un peu discuté lors de la préparation, mais qu’en est-il réellement sur le terrain ? - Les possibilités d’interactions et de constructions participatives des solutions : si la préparation et la finalité (documents aboutis de la conférence) ont été antérieures à la participation du citoyen, quel est le rôle de sa présence ? - Le contenu scientifique : Savoir d’une part quels ont été les sujets les plus débattus sur les deux sommets, tout comme dans les activités secondaires, ainsi que dans les textes finaux. - L’approche choisie aussi pour présenter ces problèmes environnementaux constitue un élément majeur. La compréhension des enjeux par la société civile est primordiale afin que celle-ci comprenne, puisse s’impliquer et discerner les solutions proposées qui seraient les plus adaptées à un développement durable. L’observation et l’analyse sur le terrain à Rio de Janeiro se définira donc de manière générale en deux axes : l’approche scientifique et l’implication de la société civile possible lors des deux sommets. Pour l’approche scientifique, au regard de ma formation à l’université de la Rochelle (la licence spécialisée en biologie marine et le Master sur les écosystèmes littoraux), l’exemple du savoir sur les océans et sur la pêche m'a semblé approprié pour comparer ces deux sommets. Dans l’implication de la société civile, le groupe spécifique des jeunes sera le plus évoqué. Il s’agit d’un groupe souvent moins sensibilisé et pour l’association les Petits Débrouillards l’objectif est que tout un chacun soit impliqué. Ainsi l’APDPC souhaitait travailler plus avec la jeunesse. D’autant plus que celle-ci est fortement impliqué d’après la définition du développement durable de Brundtland, «un développement qui permet aux générations futures de répondre à leurs besoins » (Brundtland, 1987). De plus, lors de la clôture du sommet officiel de Rio en 1992 le discours de Severn Cullis-Suzuki, jeune fille de 12 ans, avait marqué les esprits et symbolisé l’importance et l’implication des jeunes10 . 10 Discours de Severn disponible http://severn-lefilm.com/downloads/severn-discours.pdf
  • 18. 18 En Poitou-Charentes : mise en place de la mobilisation régionale L’autre mission du stage était la mise en place de la mobilisation régionale, à l’aide de partenaires locaux, pour ensuite assurer les liaisons avec l’évènement sur place à Rio+20. L’APDPC, fondée en 2006, comprend aujourd’hui 4 antennes : Poitiers, Angoulême, Saintes et La Rochelle. La mobilisation régionale devait donc inclure des activités au sein de chaque antenne. Un sens accru de l’organisation a été primordial pour coordonner l’ensemble des démarches à mettre en place autour de chacune de ces villes. De plus la collaboration avec d’autres acteurs régionaux est indispensable mais nécessite aussi une capacité de prise de contacts. Ainsi ces deux compétences, d’organisation et de prise de contact, ont été acquises ou plus développées lors de ce stage. Dans un premier temps il a fallu prendre contact avec un ensemble de structures dans le secteur de l’environnement, de la solidarité ou de l’éducation. L’association des Petits Débrouillards en Poitou-Charentes a déjà un réseau d’associations et de partenaires avec lesquels ils ont construit des projets par le passé (comme pour le FSM de Dakar). Le stage a donc commencé après cette première phase de prise de contact, en février dernier, pour les premières réunions avec ceux qui ont répondu présents. La réponse favorable de participation des acteurs locaux est donnée sous forme de tableau dans les résultats. Savoir quels sont les partenaires présents pour préparer une mobilisation est un premier facteur d’implication de la société civile. De plus, une formation à Poitiers avec l'Ifrée (Institut de Formation et de Recherche en éducation à l'environnement) 11 m’a permis d’apprendre la préparation et les enjeux des rencontres participatives. L’objectif étant de construire une programmation qui tient compte de la volonté et des idées de chacun, ce type de réunion est donc le plus adapté. A Saintes, une réunion par mois avec les acteurs a suffi. A la Rochelle, un plus grand nombre de partenaires ont répondu présent et une à deux réunions par mois ont donc été nécessaires de février à mai. La Rochelle est aussi la principale antenne des Petits Débrouillards dans la région où se déroulait en majorité le stage. Poitiers et Angoulême avait déjà leurs projets en cours. Seulement deux réunions dans chacune de ces deux villes ont été organisées afin d’établir les éventuels besoins logistiques pour l’association. Les liaisons téléphoniques avec chaque antenne étaient aussi indispensables pour garder contact et suivre l’évolution de la préparation des activités entre chaque réunion. De plus une réunion à Bordeaux de l’AFPD a permis de 11 Formation ifrée : « animer des réunions selon une approche participative » du 27 au 30 mars.
  • 19. 19 savoir ce qui était mis en place dans les différentes régions de France au sein de l’association les Petits Débrouillards. Une seule rencontre et l’évolution différente de chaque territoire n’a pas permis de mettre en commun une programmation à niveau national pour l’association. Les réunions en Poitou-Charentes ont permis de mettre en place les idées. L’objectif était ensuite de regrouper l’ensemble des informations et les présenter de manière claire afin qu’un graphiste puisse les mettre en page. Le résultat obtenu est la programmation finale régionale telle qu’elle a été diffusée au grand public (Annexe 2). La diffusion de ce prospectus s’est ensuite faite par l’intermédiaire d’ONG partenaires ou lors de manifestations et d’activités antérieures où l’association était présente. De même elle est apparue dans l’agenda d’été 2012 du Comptoir du Développement Durable de la Rochelle. Une fois la programmation définie et diffusée, l’organisation et la logistique mises en place, il ne restait plus que la réalisation des activités qui se déroulaient principalement en juin. La présence sur le terrain à Rio de Janeiro ne me permettait donc pas d’être présente pour la plupart d’entre elles. Ainsi, en plus de Marc Gustave, le responsable du stage et coordinateur de l’APDPC, il y avait un correspondant et responsable des activités dans chaque antenne : Antenne La Rochelle Saintes Poitiers Angoulême Responsables Marine Ridoux Cindy Touré Pierre Toutan Yannick Delprat Le lien direct entre Poitou-Charentes et Rio de Janeiro a ensuite été possible grâce à plusieurs technologies multimédia utilisées : un blog12 pour le témoignage au quotidien, l’application de communication Skype pour les visioconférences et un scoop it13 qui consiste à regrouper l’ensemble des informations et sites relatifs à Rio+20. Les résultats de participation à l’ensemble de cette méthodologie permettront de savoir comment la société dans la région s’est sentie impliquée à Rio+20. L’objectif sera d’avoir une appréciation quantitative mais aussi qualitative de la mobilisation en Poitou-Charentes. Les commentaires des différents responsables d’antennes et des participants ont été rapportés de manière informelle, à la fin de chaque activité, mais n’ont pas été l’objet d’un questionnaire préétabli. L’observation personnelle n’était pas possible étant présente à Rio. L’objectif était donc d’avoir des retours aussi d’ordre qualitatif. 12 http://blog.debrouillonet.org/Rio+20/ 13 http://www.scoop.it/t/rio-20-etendu
  • 20. 20 Enfin la valorisation des évènements et de ses résultats est aussi un élément clef d’une mise en place réussie pour l’APDPC. Il a donc été choisi de restituer cette expérience sous forme d’un web-document. Il s’agit d’un support internet qui servira d’outil pédagogique accessible à tous pour sensibiliser et impliquer chacun sur Rio+20 et ses enjeux. Pour sa bonne réalisation il était donc important d'utiliser sur place, à Rio, un maximum d’outils de retransmission et de communication (vidéo, photos, sons, interviews) afin d'offrir la vision la plus complète possible de ce qui s’est passé. De plus dans la région Poitou-Charentes, les activités de la programmation ont été filmées par un stagiaire Pierre Yves Le Du. Cela permet de témoigner de la participation et de donner un exemple sur la manière dont la société civile peut être impliquée, même loin de la conférence. Cette restitution sous forme de web- document est actuellement en cours, ce dernier ne sera donc pas présenté dans les résultats. L’ensemble de ces outils permet la mise en œuvre d’un « Rio+20 étendu » dont l’objectif est de ramener cette conférence, physiquement éloignée, au plus près du public en Poitou-Charentes et la lier aux aspects concrets de la vie de tout le monde et aux enjeux environnementaux locaux. Résultats A Rio : deux sommets, deux visions L’observation dans un premier temps des différences globales entre la conférence des Nations Unies sur le développement durable et le Sommet des Peuples est importante afin de comprendre la vision de chacun de ces forums. Gilles Bœuf, président du Muséum national d’Histoire naturelle et présent à Rio+20, l’explique clairement « le contraste entre les deux visions du Monde à Rio, entre le forum des politiques et celui des peuples était saisissant, déjà 40 km de distance physique entre les deux » (Bœuf, 2012). La distance géographique n’est pas le seul clivage entre ces deux sommets. Leur présence en parallèle s’explique par une différence de volonté, d’approche des problèmes environnementaux et de l’implication accordée à la société civile dans le processus de décision. Les deux forums devraient en théorie avoir le même objectif, celui de définir un développement durable et viable pour l’homme et pour la planète. Pourtant au sommet officiel le principal sujet traité est l’économie verte. Pour beaucoup d’ONG et d’autres citoyens du monde, ce « remède » est un prétexte supplémentaire pour continuer à pousser nos sociétés
  • 21. 21 dans l’industrialisation et la nécessité des nouvelles technologies (Via Campesina, 2012). C’est dans la contestation des solutions apportées par les Nations Unies que certaines associations brésiliennes, avec la collaboration d’un grand nombre d’autres groupes, ont mis en place le Sommet des Peuples14 . Son objectif est de trouver de vraies alternatives de développement qui correspondent aux besoins de la Terre et aux attentes des peuples. Le site de L’observ’alter15 apporte une position et résume dans un article « l’objectif du Forum des peuples est de proposer des remèdes qui sortent de toute considération capitaliste et financière » (Raffin, 2012). La brève présentation de ces discordances, de visions et de solutions proposées, permet d’établir, de manière globale, quels sont les enjeux qui séparent ces deux évènements. Il est ainsi plus facile, une fois ce contexte présenté, de développer et comprendre le cœur de l’étude de ce rapport : la place accordée à chacun pour s’impliquer dans les décisions environnementales. Afin de répondre à cette problématique, les résultats présentent les observations faites sur le terrain à partir des critères d’analyse établis en méthodologie. Il s’agit dans un premier temps de présenter l’implication de la société civile, et plus particulièrement de la jeunesse, dans ces processus de décision. Puis, l’objectif sera d’approfondir les problématiques environnementales traitées, sous quelle forme et avec quelles interactions. L’implication de la société civile aux deux sommets Au Sommet Officiel Au sein de cette conférence des Nations Unies, il y a un clivage entre « les grands de ce monde » (gouvernements, grandes entreprises ou ONG, spécialistes scientifiques hauts placés) et le reste de la société civile. Ce constat est notamment visible par l’accessibilité restreinte, selon les accréditations, de Riocentro, le lieu officiel des décisions environnementales. De même l’espace réservé à la société civile pour la conférence officielle est clairement défini et séparé : le Pavillon des Athlètes en face de Riocentro (figure 3). Du 13 au 19 juin, les différents pays participants, les grandes entreprises ou ONG présentes, ainsi que les différentes régions du Brésil ont mis en avant leurs solutions et projets sur le développement durable. Il s’agissait principalement de conférences et d’expositions. Le 14 Liste des 33 ONG Brésiliennes organisatrices : http://cupuladospovos.org.br/quem-organiza-a-cupula/ 15 Site internet de « la voix des jeunes qui se mobilisent », l’observ’alter.
  • 22. 22 contenu et déroulé sera par la suite détaillé avec l’exemple de la journée des océans le 16 juin. Bien que n’ayant pas d’accréditation, observer l’accueil des participants à Riocentro le premier jour des préparations le 13 juin (figure 2) m’a semblé intéressant. La première constatation faite et entendu par un grand nombre de personnes, est la quantité remarquable de policiers et de différents corps des forces armées. Le Brésil a mis un point d’honneur sur la sécurité. Les contrôles de sécurité pour entrer par exemple étaient positionnés avant même l’accès aux bureaux d’enregistrements ou de validations d’accréditations. Il a été possible d’observer ce jour- là que certains ont passé le contrôle mais n’ont pas été autorisés à entrer. Les raisons claires de ces refus ne me sont pas connues. Toutefois l’hypothèse d’une accréditation refusée ou non présentée semble le plus plausible. Certains se sont présentés sans savoir qu’il était nécessaire de faire une demande auprès des Nations Unies quatre mois avant. Pendant les trois jours de conférence officielle en présence des représentants des nations, l’accès était devenu strictement privé et sous haute surveillance militaire à Riocentro. Le Pavillon des Athlètes n’était plus accessible. Pour des raisons de sécurité et afin de diminuer les problèmes de transports lors de ces trois jours de négociations officielles, l’état brésilien a déclaré ces dates comme fériées à Rio de Janeiro. Ainsi les écoles et tous les fonctionnaires de l’état ont eu un week-end prolongé afin de favoriser, si possible, leurs déplacements en dehors de la ville pendant ces quelques jours. Les cariocas (nom donné aux habitants de Rio) n’étaient donc pas invités à rester et saisir l’opportunité de cet événement dans leur ville mais au contraire ils étaient incités à se retirer pour faciliter l'accès aux représentants de ce monde. Les jeunes ont eux été favorablement intégrés au processus des Nations Unies, comme défini au principe 21 de la Déclaration de Rio 1992. En effet, il existe « le groupe de la jeunesse et des enfants » appelé MGCY (Major Group of Children and Youth) qui est un réseau international des représentants officiels de la société civile en dessous de 30 ans (« Overview of the MGCY », 2012)16 . Ce groupe a organisé avec l’aide des Nations Unies le Youth Blast (conférence pour la jeunesse) qui s’est déroulé à Rio de Janeiro du 7 au 12 juin 2012 en vue de Rio+20. La programmation des journées était claire17 : plénière le matin et des ateliers de discussions le reste de la journée sur les principaux thèmes et enjeux de Rio+20. Les premiers jours étaient réservés aux Brésiliens, puis à partir du 10 juin la participation était 16 Pour avoir plus d’informations sur leur fonctionnement, rôle, participation… se référencer à ce document. 17 Programmation disponible sur leur site internet http://uncsdchildrenyouth.org/pages/youthblast.html
  • 23. 23 ouverte à tous avec une unique demande d’enregistrement à l’entrée. La structure d’accueil était aussi facilement accessible. Il s’agissait du Centre de Convention SulAmerica non loin du cœur de la ville. Tout était mis en œuvre pour la réussite de cette conférence, pourtant elle fut une déception. L’observ’alter, site internet qui se dit « la voix des jeunes qui se mobilisent à Rio » titre un article sur cet évènement : le Youth Blast rate le coche, pour définir la désillusion concernant les 3 000 jeunes prévus à la participation mais dont les résultats sont de seulement 300 à 400 jeunes environ pendant les journées internationales du 10 au 12 juin (Benaidji, 2012b). La déception s’est aussi prolongée pendant le sommet officiel. Pierre Bonneau, un des jeunes délégués français, témoigne de sa désillusion sur Rio+20 et surtout sa finalité : « le texte adopté est celui de mardi 19 juin […] pendant trois jours, ils se sont réunis pour faire des discours » (Benaidji, 2012). Cette citation souligne bien la place de la société civile et des jeunes dans le processus des négociations. Ils étaient là pour écouter mais pas pour participer à la recherche de solutions puisque le document final est déjà adopté par les ministres. Cette désillusion et le statut quo des mesures prises conduisent une centaine de jeunes présents à la conférence officielle à quitter Riocentro 24h avant la fin de la conférence. Cette démarche avait pour objectif de manifester leur désaccord et déception. Ils ont été suivis par d’autres groupes de la société civile et représentants d’ONG18 . L’avenir que nous voulons qui est le titre du texte final ne leur ressemble pas et « en quittant le Sommet avant la fin, nous refusons de légitimer ce résultat » explique un jeune brésilien dans L’observ’alter (Raffin, 2012b). La société civile présente qui s’est retirée aurait demandé de faire retirer la mention « avec la participation pleine et entière de la société civile » dans le premier point du texte final. Ainsi dès la première phrase « Nous, chefs d’État et de gouvernement et représentants de haut niveau » sont les acteurs de L’avenir que ‘nous’ voulons. Mais la mention sur la participation de la société civile est encore maintenue dans le rapport final. En France, c’était pourtant la première fois que deux jeunes faisaient partie de la délégation officielle française disaient les deux heureux élus. Leur rôle était de faire le lien entre le collectif des jeunes français19 qui sont une vingtaine et la délégation officielle adulte 18 Une vidéo disponible dans cet article permet de mieux illustrer leurs motifs et le déroulement de leurs sorties http://adoptanegotiator.org/2012/06/26/and-then-rio20-is-over-what-to-do-now-keep-fighting/ 19 Un projet de la ligue de l’enseignement, site internet de ces jeunes : http://rio20jeunes.wordpress.com/
  • 24. 24 pour « porter les propositions et les préoccupations de la jeunesse sur le développement durable au plus haut niveau »20 . Au Sommet des Peuples Le nom de cette rencontre « Sommet des Peuples » marque déjà cette volonté de participation de la société civile. Bien que ce soit une trentaine d’ONG Brésiliennes21 qui soient à l’origine de ce forum alternatif, pour ce qui est de la logistique et de l’organisation, les activités proposées restent à l‘initiative de chacun. Il s’agit souvent d’ONG du monde entier qui apportent des conférences sur leurs sujets de préoccupation ou leurs projets de solution et voulent une discussion collective sur cette problématique. Le but étant toujours de partager et aboutir sur des propositions de solutions alternatives communes. La société civile est donc impliquée dans tout le processus. Il semblerait que 30 000 personnes en moyenne par jour ont participé, mais il n’existe aucune ressource qui valide ces chiffres. Dans ce sommet, une des premières observations des participants internationaux est la forte implication nationale brésilienne. La plupart des plénières le matin et des assemblées de convergence l’après-midi étaient en portugais. Il existait bien sûr des traducteurs audio en anglais et parfois en espagnol. Beaucoup de Français furent surpris par cette difficulté de ne pas avoir de traduction dans notre langue pour une rencontre internationale. De plus les brésiliens ne sont pas forcément tous éduqués à l’anglais ce qui rend le dialogue informel plus difficile lorsque le portugais n’est pas parlé. Les autres activités gérées par chaque ONG n’avaient pas la possibilité de fournir des traducteurs donc il s’agissait souvent du monopole de l’anglais ou portugais. La « barrière de la langue » a pu constituer un frein dans le dialogue mais pas une barrière grâce à l’entraide qui s’est s’organisée pour traduire à ceux qui en avaient besoin. Les jeunes étaient eux aussi très présents sur ce sommet. Le groupe des jeunes Européens EYES (Empowering Youth in a European Society) a fait partie du territoire des jeunes et a participé en mettant en place des activités pour sensibiliser et manifester leurs opinions. Il s’agissait de tables rondes pour permettre des conversations entre les jeunes venus du monde entier pour discuter des solutions possibles. Sur le site internet officiel du Sommet des Peuples, la jeunesse a même une page pour son groupe appelé « territoire des jeunes »22 . Au campus de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, plus d’une centaine de jeunes âgés jusqu’à 20 Information aussi sur http://www.conference-rio2012.gouv.fr/le-collectif-jeunes-francais-rio-a583.html 21 Liste des 33 ONG Brésiliennes organisatrices : http://cupuladospovos.org.br/quem-organiza-a-cupula/ 22 http://cupuladospovos.org.br/territorio-internacional-das-juventudes-da-cupula-dos-povos/ (en portugais)
  • 25. 25 30 ans se sont installés pour la durée du sommet (du 15 au 22 juin). Ils ont aussi créé un site internet appelé « riot20: a RIOt of colour, music, creativity and compassion » pour divulguer leurs idées et regrouper les informations et témoignages23 . Beaucoup d’écoles secondaires de Rio de Janeiro ont participé en faisant des sorties de classe au Sommet des peuples et dans d’autres activités de la ville, comme les expositions (tableau 1). Une manifestation globale a aussi été proposée et acceptée par l’ensemble des ONG. L’objectif était de sortir du parc où se tenait le Sommet des Peuples pour aller dans la ville exprimer leur mécontentement face aux fausses solutions de la conférence officielle. Cette manifestation a eu lieu le 20 juin pour la symbolique de la journée d’ouverture pour les chefs d’états à Riocentro. Pour en comprendre la portée, Via Campesina l’organisation internationale des paysans titre un article Rio+20 : 80 000 personnes battent le pavé pour la justice sociale et environnementale qui souligne « une mobilisation jamais vue depuis 1989 dans les rues du pays, l’espoir d’une nouvelle époque naît » (Via Campesina, 2012) 24 . Dans ce même article, cette volonté de la société civile présente au Sommet des Peuples de faire entendre sa désapprobation face aux fausses solutions apportées par le sommet officiel se résume par la phrase suivante : « les cris de toutes les communautés, de tous les mouvements et de tous les peuples en lutte ont résonné pendant la manifestation appelant à la fin de ce système d’exploitation du travail et des ressources naturelles jusqu’à leur épuisement ». Pour conclure sur la participation de la société civile et sur cette mobilisation, cette phrase de Gilles Bœuf dans son bilan de Rio+20 « La société civile (y compris la recherche scientifique) a pu s’exprimer mais n’a pratiquement pas été entendue » (Bœuf, 2012). « La recherche scientifique » justement, avec quelles thématiques et quels impacts, le contenu scientifique a-t-il été présent ? Figure3 : Différence de participation entre le Sommet officiel et le Sommet des peuples 23 Site officiel des jeunes : http://riot20blog.wordpress.com/ 24 Vidéos de l’ambiance de cette participation active de la société civile et dont les médias n’ont pas parlé : http://www.youtube.com/watch?v=5dQHJ8viLyw et http://www.positive-rio.tv/voir-video/la-marche-des- citoyens
  • 26. 26 Le contenu et l’approche scientifique à Rio L’objectif est de comparer les sujets traités et l’approche scientifique lors des deux rencontres. La quantité des problématiques environnementales traitées (réchauffement climatique, déforestation…) étant trop grande, il a été choisi en méthodologie de se focaliser sur les thèmes liés aux océans et à la pêche. Au Sommet Officiel Introduit un peu plus tôt, à la conférence officielle une journée a été dédiée à ces thématiques. La journée des océans, organisée par l’Ocean Global Forum25 le 16 juin, s’est déroulée au Pavillon des Athlètes, donc accessible à tout public. Le programme de la journée était assez chargé. Il s’agissait d’une succession de conférences, avec la participation de spécialistes hauts placés, mais dont les temps d’échanges et de discussions n’étaient pas inclus dans ces heures de conférences. La programmation était en effet chargée afin de traiter un grand nombre des thèmes liés aux océans et aux littoraux : l’acidification et l’augmentation de la température dans les océans ; la gestion des ressources halieutiques et sécurité alimentaire ; les problématiques des réfugiés climatiques pour les petites îles due à l’élévation du niveau de la mer26 . La présidente de L’Ocean Global Forum et organisatrice de cette journée, Biliana Cicin-Sain, s’était montrée disposée à me rencontrer suite à des échanges d’emails. Cependant il a été assez difficile de pouvoir dialoguer lors des pauses de manière informelle car l’espace réservé à ces moments était assez exigu et le temps entre chaque conférence était assez bref. Les principaux intervenants ont donc été vite accaparés par les journalistes ou pour les vidéos de communication sur le sommet. Cette journée au sommet officiel a donc été plutôt une présentation théorique des thématiques, faite par des scientifiques de grandes instances, mais avec malheureusement peu de moments d’échanges directs possibles. Dans le texte final, L’avenir que nous voulons, « océans et mers » constitue la thématique la plus discutée. En effet, la section « domaines thématiques et questions transversales » (p.23) regroupe l’ensemble des mesures prises dans les divers sujets de l’environnement : la biodiversité, le changement climatique, l’agriculture etc. Or avec 19 points sur plus de 4pages (pages 34 à 38), « océans et mers » reste la partie la plus détaillée des mesures prises par les Nations Unies (ONU, 2012). 25 Leurs objectifs est de promouvoir les questions sur les océans en organisant des rencontres mondiales entre acteurs des océans pour mettre en place des solutions sur ces thèmes : http://www.globaloceans.org/ 26 Programmation complète de la journée : http://www.globaloceans.org/sites/udel.edu.globaloceans/files/OceansDayAtRio20Program.pdf
  • 27. 27 Au Sommet des Peuples L’approche scientifique marque la principale différence au Sommet des Peuples. Il s’agissait de rencontres participatives. Une partie importante des conférences, généralement presque la moitié, était dédiée aux débats et aux questions. De plus, alors que les grands spécialistes scientifiques étaient plus difficiles d’accès à Riocentro de part leurs agendas qui laissaient peu de temps aux rencontres informelles avec le grand public, au Pavillon Bleu, lieu dédié aux thématiques des océans, il m’a été possible de rencontrer et discuter avec une diversité d’acteurs. Par exemple Tara expédition, un programme de recherches scientifiques qui travaille en partenariat avec un grand nombre de laboratoires à l’échelle internationale était très présent. Il m’a été possible de recueillir leurs témoignages et expériences concernant les différentes expéditions, celles qu’ils ont déjà réalisées et celles en projet comme le pôle Nord. Des scientifiques français tels que Pierre Mollo spécialisé dans le plancton s’est montré très disponible. Il s’agissait aussi d’un grand nombre de scientifiques brésiliens qui travaillent notamment dans les Aires Marines Protégées (AMP) ou dans d’autres projets de protection du littoral. Beaucoup de pêcheurs de divers horizons se sont aussi réunis pour partager leurs expériences et leurs difficultés. Ils étaient principalement issus de la pêche artisanale et concernés par la concurrence de la pêche industrielle et de la diminution des ressources halieutiques. La mutualisation des connaissances entre savoir scientifique et savoir profane s’est ensuite faite dans l’objectif de répondre à ces besoins concrets et construire des solutions possibles. Les principaux sujets discutés ont été les AMP et les questions liées à la pêche et à la gestion des ressources halieutiques27 . Cependant, il est intéressant de constater que dans le texte final, Déclaration finale du Sommet des Peuples de Rio+20 pour la Justice sociale et environnementale, la question des océans n’est pas traitée (Sommet des Peuples, 2012). Bien que l’eau soit mentionnée, aucune allusion au milieu marin n’est faite. Il s’agit surtout d’une défense de valeur éthique et solidaire plus que des mesures ou un contenu scientifique. 27 Programmation complète du Pavillon Bleu http://ierpe.eu/data/pdf/origine.php?lng=fr&pdfdocid=192 Version française partielle sur http://oceans.taraexpeditions.org/fr/en-direct-du-pavillon-bleu-a-rio- 20.php?id_page=1075
  • 28. 28 Dans les évènements extérieurs aux deux Sommets En dehors des deux sommets étaient présents de nombreux autres évènements dans la ville de Rio, comme présenté en méthodologie (figure 2). Rio+20 ne se limite donc pas seulement aux deux sommets et ces autres activités ont pour but de sensibiliser et informer la société civile sur les enjeux de cette conférence. Ainsi il semble important d’analyser aussi dans ces milieux comment l’information scientifique est passé et quels sont les sujets abordés. Tout d’abord une approche directe des problématiques environnementales a été pos- sible grâce à l’initiative d’un petit groupe d’ONG brésiliennes qui ont mis en place des « Toxico Tour ». Le principe est, aux travers de déplacements organisés dans différentes zones autour de Rio de Janeiro, de montrer des situations concrètes et réelles d’impacts envi- ronnementaux liés au développement humain. Lors de chacune de ces journées, une présenta- tion sur le terrain permet tout d’abord de comprendre la problématique, puis les habitants ou associations témoignent des impacts environnementaux qu’ils ont eux même subi. Les parti- cipants à ces Toxico tours sont des personnes issues de la société civile, des journalistes et ONG, venus du monde entier pour être sensibilisés sur ces cas concrets et pouvoir ensuite témoigner de retour dans leur pays pour que ces situations ne soient pas oubliées. Les injus- tices environnementales observées ici sont dues : aux décharges, aux pollutions chimiques liées aux pesticides ou aux impacts des raffineries pétrolières installées au bord de la baie de Rio. Ces Toxico Tour ont permis, grâce aux déplacements sur le terrain et aux travers des témoignages et dialogues avec les habitants, d’expliquer et d’impliquer la société civile parti- cipante à des problèmes environnementaux concrets. L’exemple de la pêche et des problèmes liés à la raffinerie sont présentés en annexe (annexe 3). Enfin, de multiples autres approches, moins théoriques, étaient mises en place pour sensibiliser un large public. La divulgation des sciences autour des deux sommets s’est principalement faite à travers des expositions ou des films. L’état Brésilien semble avoir participé dans la plupart de ces projets de sensibilisation avec déjà souvent la possibilité logistique de leur fournir un lieu. Par exemple en face du parc Alterro Flamengo s’est installé l’association SOS MATA Atlantica. Son objectif est de communiquer sur la destruction de cette forêt humide « Mata Atlantica » jadis répandue sur tout le littoral brésilien. Aujourd’hui seul 7% sont encore intacts. Pour toucher un large public ils utilisent une diversité d’approches. Grâce à leurs deux camions, ils organisent des animations et des jeux pour les enfants dans l’un et dans l’autre des conférences pour adultes. Enfin une exposition devant
  • 29. 29 « Notre vert dépend aussi du bleu » permettait de montrer à tous l’impact de cette destruction de la forêt humide sur les écosystèmes environnants tels que les îles, les plages, les récifs, et les mangroves présentes eux aussi le long du littoral brésilien. Un jeune diplômé travaillant pour cette organisation se tenait disponible et expliquait clairement l’interconnexion et le rôle prépondérant de chacun de ces milieux. Autre exemple de projet, au fort de Copacabana, l’exposition « Humanidade 2012 » traitait elle de manière plus globale sur le thème du développement durable, les solutions qui existent et le contraste avec le monde actuel. Cette exposition prenait la forme d’une ballade ludique à travers 10 salles qui la constituent. Elle était accessible jusqu’à 22h certains soirs. Ce fut un grand succès puisqu’il semblerait qu’il y ait eu plus de 110 000 visites, avec déjà 45 000 seulement dans la journée du samedi où les visiteurs ont patienté plus de deux heures pour y avoir accès (Tardaguila, 2012). Pour finir la dernière exposition observée, plus facile d’accès car à ciel ouvert sur la place de Cinelândia, dans le centre historique de la ville, « la Terre vue du ciel » de Yann Arthus-Bertrand a occupé les lieux un mois avant pour introduire le Sommet Rio+20 et ses enjeux. Autour de cette place se tenait aussi le vieux cinéma Odéon qui pendant 6 jours, du 16 au 21 juin, à diffusé plusieurs films sur les thématiques de l’eau, du développement durable, des forêts, des océans et du changement climatique28 . Ce projet mis en place par la fondation Good Planète semble avoir satisfait ses organisateurs pour qui : « l’affluence du public et l’intérêt manifesté pour ce Festival montrent ainsi une prise de conscience grandissante pour ces problématiques de développement durable » (Goodplanet, 2012). En effet 6000 visiteurs ont participé à ces séances gratuites et à ces débats. Figure 4 : Rencontre avec les pêcheurs lors du Toxico Tour et bus atelier de SOS Mata Atlantica 28 La programmation des films est disponible sur http://rio.goodplanet.org/daily-program-2/. Parmi les films, la diffusion de The End of the line, qui traite de la problématique des ressources halieutiques, avait été visionné à l’université de la Rochelle au cours du cursus Master Sciences pour l’environnement.
  • 30. 30 La mobilisation de la société civile en Poitou-Charentes La première étape dans les résultats de participation est de savoir quels sont les acteurs locaux et associations qui ont répondu présent. Les partenaires qui ont collaboré à la mise en place d’activités sont énumérés dans le tableau (Tableau 2). Tableau 2 : Présentation des partenaires par antennes Antennes Partenaires (par secteurs) Environnement Solidarité Education Autres La Rochelle Comptoir du Développement Durable (CdA), Défi Energie 17, Planète Urgence CCFD Terre Solidaire, Artisans du Monde, Peuples Solidaires, Avenir en Héritage, Secours Catholique, Centre social le Pertuis à Mireuil Faculté de droit de La Rochelle Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières Mairie d'Aytré Régie de Quartier de Mireuil et le Café social l’Azimut Radio Collège 95,9 Planète Sésame Déco event, Théo Bar Poitiers CASI Poitou-Charentes (coordination régionale des associations Solidarité International) Lycée Bois d'Amour Kurioz Cinéma Dietrich Bar Plan B Angoulême Maison des Peuples et de la Paix, Groupe "Espace solidarité" du festival Musique Métisse Saintes Maison de la Solidarité Collège de la Tremblade Café Sol à Saintes, Bar associatif La Bigaille à Marennes D’après ces premiers résultats, il est possible de constater une faible implication des partenaires issus de l’environnement et du développement durable. L’APDPC a invité les différents secteurs associatifs, mais les acteurs de ce secteur n’ont pas répondu présent. A l’inverse, comme toujours pour ces rendez-vous internationaux, les réseaux de solidarité se sont fortement mobilisés. Bien que la période de fin juin ne soit pas favorable pour travailler avec des écoles il a aussi été possible dans certains cas de mettre en place quelques activités. Ces partenaires ont ainsi permis la mise en place d’activités et la réalisation de la programmation régionale (annexe 2). Les résultats de la participation de la société civile à l’ensemble des actions proposées sont maintenant regroupés dans le tableau (tableau 3). La première constatation possible est une faible fréquentation de manière globale. Certains résultats sont à nuancer. Tout d’abord pour Radio Collège, il s’agit du nombre de personnes interviewées car il est difficile de connaitre le taux d’écoute intentionnel pour
  • 31. 31 Rio+20 lors de ces témoignages de 5-10 minutes qui étaient diffusés pendant deux semaines. Enfin le résultat approximatif pour le festival Musique Métisse à Angoulême s’explique par la difficulté de compter les gens de passage dans ce type d’évènement. Cette valeur chiffrée est aussi un total des trois jours du festival et avec des plages d’horaires larges (15h-23h). Les autres évènements sont eux de plus faible durée et à des horaires fixés. Il est donc peu révélateur de comparer ce résultat de 1000 personnes avec les autres résultats. Cependant, avec les autres données de ce tableau, il est possible de faire deux observations : - Le taux de participation ne semble pas être corrélé au type d’activité. Par exemple il y a eu 8 participants à la visioconférence de jeudi 14 à la Rochelle et 30 à celle qui s’est déroulée deux jours après à Aytré. - L’antenne où se déroule l’activité ne semble pas influencer le nombre de participants. Par exemple : 30 personnes à la conférence d’Angoulême du 30 mai, même nombre pour la visioconférence à La Rochelle Aytré le 16 juin ; 25 personnes pour celle à Poitiers le 19 juin, et même résultat à Saintes, aussi lors des visioconférences. Il s’agit de constatations car il n’est pas possible d’appliquer des tests mathématiques (du type ANOVA) avec si peu de valeur et sans avoir de réplica. L’objectif en discussion sera de remettre en question certains choix stratégiques qui ont pu influencer ces résultats et ce qui peut être mis en place pour améliorer la participation. Figure 5 : Mobilisation sur la Place de Verdun La Rochelle le 9 juin 2012
  • 32. 32 Tableau 3 : Tableau récapitulatif de la participation aux activités par antenne Antennes Activités Dates Résumé de l'activité Nbre de Participants Types de participants et intérêts, raison(s) de leurs présences La Rochelle Conférence « Mondialisation et accaparement des terres » Mardi 5 juin Avec l'intervention d'Yves-Roger Machart membre de l’ONG « Agronomes et Vétérinaires sans frontières » et rédacteur d’une étude sur les transactions foncières agricoles internationales. 50 Réseau de la solidarité internationale de La Rochelle qui programme régulièrement des actions Action de rue Samedi 9 juin Enjeux de Rio+20 présentés par différents acteurs locaux place de Verdun (animations, expositions, dégustations…) 40 (contacté juste par les Petits débrouillards) Personnes de passage, mixité mais peu de jeunes. Seul 2/40 savaient ce qu'était Rio+20. Certains en discutant avaient déjà entendu parler du sommet de 1992 Emission radio « un acteur, une action » Du 13 au 20 juin Sur Radio Collège 95.9 des témoignages sur les initiatives en termes de développement durable de plusieurs acteurs du territoire rochelaise 50 Entreprises, collectivités, associations, élus qui donnent leur témoignage. Film « Severn, la voix de nos enfants » Mercredi 13 juin A Mireuil, diffusion du film sur Severn, la jeune femme qui à l'âge de 12 ans s'était adressée aux gouvernements lors du Sommet de Rio 1992. 13 3 personnes extérieures de Mireuil, 2 de Mireuil, 3 du centre social et l'animatrice. 5 jeunes de 9-12 ans sont passés une partie du film. Visioconférence «les enjeux de Rio+20, fenêtre ouverte à l'université» Jeudi 14 juin Noémie Candiago, doctorante en droit public à l’Université de La Rochelle, est intervenu autour de la dette écologique. Echange avec Rio sur le Sommet des Peuples et de l'ambiance à Rio. Un quizz sur le développement durable était proposé pour ouvrir le débat. 8 Personnes de l'organisation principalement: 2 d'Avenir en Héritage, 2 des Petits Débrouillards et la doctorante. Deux personnes de l'extérieur et un professeur de l'université Hans Hartmann. Visioconférence «la place des villes dans le processus de développment durable» Samedi 16 juin Intervention d'Agnès Michelot, Maître de Conférences de droit public, et Patrick Angibaud élu à la ville d’Aytré. La visioconférence n'a pas eu lieux pour des raisons de connexion internet. 30 Personnes qui avaient vu l'invitation dans le programme de Prairiale (foire écologique d’Aytré) Visioconférence « les engagements possible et concret en matière de développement durable » Mercredi 20 juin A Mireuil, échange en direct sur ses questions d'engagement et de développement durable. 6 Les 2 même de Mireuil dont 1 jeune, 2 du Bar associatif et les 2 animatrices.
  • 33. 33 Poitiers Projection de films Mercredi 14 juin POM (Petits Objets Multimédia : diaporamas, vidéos, photomontages) réalisés par les élèves de 2nde du Lycée du Bois d’Amour. Puis la diffusion du film « Nous Resterons sur Terre » de Pierre Barougier et Olivier Bourgeois. 15 4 professeurs du lycée sont venus, une personne d'Europe Ecologie les Verts. Le reste une moitié venue par curiosité, l'autre issu du milieu associatif et des Petits Débrouillards. visioconférence « les monnaies alternatives, moyen de transition écologique? » Mardi 19 juin Rencontre avec des acteurs de l’économie alternative, le SEL (Système d’échange local) et des représentants du mouvement Colibrie. Discutions sur l'enjeu de ces nouvelles méthodes d’organisation puis visioconférence pour avoir un retour de comment se déroule Rio+20. 25 Il n'y avait personne d'autre dans le bar à part les gens qui ont participé à la visioconférence et au débat. Une dizaine de curieux et le reste issus d'associations (avec les 2 intervenants). Angoulême Conférence « les enjeux de Rio+20 et la place des élus de ville? » Vendredi 11 mai Michel Faucon, ancien directeur du CRID et coordinateur des ONG pour Rio 1992 a dressé un tableau des enjeux de Rio+20. Deux adjoint au développement durable, Jacky BONNET (pour la Couronne) et Françoise COUTANT (pour Angoulême) ont témoigné de leurs rôles dans les processus de développement durable dans les villes. 30 adhérents de la Maison des Peuples et de la Paix Espace des solidarités au Musiques Métisses Festival Du 25 au 27 Mai La thématique de cet espace est les enjeux de Rio+20 avec chaque organisation qui travaille concrètement, sur un plan local et international, à différents sujets traités lors de cette conférence internationale. ~1000 Personnes en continu avec une bonne mixité. Beaucoup ne savaient pas ce qu’été Rio+20. Visioconférence « En direct de Rio, ambiance suite au Sommet de la Terre» Lundi 25 juin Suite à la fin des deux sommets, un retour en direct afin de faire un premier bilan de ce qu'on peut en conclure. 4 3 du milieu associatif et une personne externe. Saintes Visioconférence « Alimentation et mode de vie ici et là- bas » Lundi 25 juin Suite à un atelier pédagogique dans le collège de la Tremblade, cette visioconférence a permis un échange en direct de Rio sur les questions liées à ce qu'ils avaient travaillé et les enjeux à Rio+20. 25 Seulement 4 jeunes sinon principalement des professeurs du collège et des parents. Visioconférence « les bonnes recettes de ma mer » Mardi 19 juin Au bar associatif à Marennes, les questions qui touchent les océans touchent beaucoup d'acteurs. Pierre Mollo spécialiste sur le plancton a témoigné sur le Sommet. entre 10 et 15 Agé entre 20 et 30 ans et issus du milieu associatif. Visioconférence « Finalement, peut-on faire l'économie de l'argent? » Mercredi 20 juin Due à la crise économique, ces sujets intéressent à la maison de la solidarité à Saintes. Discussion sur comment ces thèmes sont abordés au Sommet. 6 4 militants dont un jeune de 30 ans et deux membres des Petits Débrouillards. Personnes déjà engagées qui connaissent le sujet.
  • 34. 34 Pour les appréciations qualitatives maintenant, les avis des animateurs des Petits Débrouillards, des associations partenaires et des autres participants sont positifs. Au départ Rio+20 n’évoquait rien pour beaucoup de citoyens en Poitou-Charentes. Cependant ils ont été très vite intéressés et désireux d’en savoir plus sur les enjeux traités ou sur ce qui se passait sur place. En effet lors des visioconférences, la plupart des participants ont posé des questions et ce même s’ils n’avaient pas de connaissances particulières sur le thème. La curiosité a ainsi permis de bons échanges entre Rio et la région Poitou-Charentes. Certains, comme à Poitiers, ont même donné suite en proposant un Café des sciences à la rentrée 2012 pour un débat concernant les monnaies alternatives. Parmi les activités proposées, la diffusion des films amènent souvent à des avis tranchés, « on aime » ou « on aime pas ». Par exemple, pour certains le documentaire Nous resterons sur Terre de Pierre Barougier et Olivier Bourgeois était trop défaitiste car il dénonçait beaucoup sans clairement proposer des solutions. Pour d’autres la découverte de certains cas et problématiques environnementales les ont conduits à aimer ce film. La programmation a ainsi permis de toucher des citoyens très différents. Tout comme à Rio+20, il est possible de distinguer deux catégories dans la société civile : les curieux inexpérimentés sur ces enjeux et les engagés militants. Cependant l’échange d’idées entre ces deux groupes contribue à la prise de conscience pour les uns et à une évolution des pensées pour les autres. Les questions de développement durable et de gestion de l’environnement ont d’après les témoignages et retours intéressé tout le public présent et ce, quelque soit l’activité ou le degré de leurs connaissances. Pour conclure sur cette mobilisation en Poitou-Charentes, l’objectif était d’impliquer la société civile locale aux enjeux environnementaux de Rio+20. Les résultats observés définissent un décalage entre les avis positifs donnés sur la mobilisation et le peu de personnes qui ont participé. La question reste donc sur le manque d’implication spontanée de la société civile. L’analyse et la recherche d’outils ou de stratégie traitée en discussion pour pallier cette difficulté de mobilisation des citoyens est donc primordiale. L’objectif sera donc d’une manière plus globale de rechercher les solutions possibles afin que tous, qui sommes acteurs de notre environnement, nous nous sentions plus concernés avec ces enjeux et responsabilités.
  • 35. 35 Discussion « Les hommes de toutes conditions et organisations les plus diverses peuvent, par les valeurs qu’ils admettent et par l’ensemble de leurs actes, déterminer l’environnement de demain » (septième point de la Déclaration de Stockholm, 1972). Cette ambition se retrouvait encore dans les principes 10 et 20 à 22 de la Déclaration de Rio 1992. Pourtant, ces engagements n’ont pas tenu leurs promesses lors du Sommet de la Terre à Rio 2012. L’implication de la société dans ces processus de décisions environnementales s’est révélée très différente selon le côté de l’Atlantique d’après les observations faites lors du sommet et de son « étendue Rio+20 » en Poitou-Charentes. L’ensemble des résultats n’est donc pas analysé en une seule partie car les conclusions conduisent à des questionnements différents selon le lieu. Rio+20, deux sommets aux résultats variés « Le contraste entre les deux visions du Monde à Rio » donne lieu à une diversité de résultats aussi bien dans la séparation spatiale, dans les engagements et solutions présentées ou bien encore dans les résultats d’implication de la société civile et de la place accordée aux sciences entre les deux sommets (Boeuf, 2012). Tout d’abord en terme d’implication de la société civile, celle-ci n’a pas vraiment eu d’occasion de participer - ou le peu présent, de s’exprimer - lors de cette rencontre des Nations Unies. La demande d’accréditation, la sécurité renforcée lors des trois jours de conférences officielles et les trois jours fériés pour les cariocas témoignent de cette difficulté pour la société civile a être impliqué dans le processus de décision environnementale à la conférence des Nations Unies. « Avec la participation pleine et entière de la société civile » énoncée dans la première ligne du document final officiel L’avenir que nous voulons semble donc en opposition avec les faits observés. L’exemple le plus symbolique de la contestation et manifestation d’impuissance de la société civile à Riocentro est la sortie des jeunes et d’autres membres d’ONG vingt quatre heures avant la fin. Ces derniers partent rejoindre la majeure partie de la population dans le désir de s’impliquer et de rechercher des solutions alternatives à mettre en place. Bien loin de ce Sommet des Nations Unies, dans le grand parc Alterro Flamengo en centre ville, chaque citoyen devient alors pleinement acteur dans les problématiques environnementales. Différents groupes venus du monde entier forme ce
  • 36. 36 Sommet des Peuples qui a pour objectif de partager les connaissances et expériences, intégrant la notion de solidarité dans ces questions de choix environnementaux. La société civile a aussi manifesté sa désapprobation face aux propositions faites par les Nations Unies en étant présente dans les rue de Rio de Janeiro lors de la journée de mobilisation mondiale. Ces 80 000 personnes réclament un développement qui s’allie vraiment au respect de l’environnement et non à la marchandisation des ressources (Via Campesina, 2012). La société civile s’est donc fortement impliquée pour ce Rio+20, mais elle n’a pas été entendue (Bœuf, 2012). « La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés » comme l’affirme le principe 10 de la déclaration de Rio 1992 ne semble donc pas être reconnue à ce sommet officiel dans la même ville 20 ans après. En ce qui concerne le contenu scientifique, beaucoup de spécialistes et scientifiques sont présents à la conférence des Nations Unies. La mobilisation sur les problématiques des océans, avec notamment la journée du 16 juin au Pavillon des Athlètes, s’est répercutée dans le texte final. En effet celui-ci contient un grand nombre de points sur la thématique « océans et mers ». L’ensemble des enjeux actuels ont été traité lors de cette journée : acidification des océans, conséquence de l’augmentation de la température, les ressources halieutiques et la sécurité alimentaire, l’élévation du niveau de la mer et risques pour les populations insulaires. Cependant même si ce résultat témoigne d’un intérêt grandissant pour la question des océans, il ne s’agit pas d’une grande avancée en termes de conséquences et d’actions. « Nous sommes conscients », « Nous soulignons », « Nous réaffirmons » introduisent la plupart des points du texte final qui désignent ainsi un « consensus mou » et non une prise de mesures. Au sommet des Peuples les thématiques liées aux océans étaient principalement la pêche artisanale dont la profession est maintenant menacée. Beaucoup de peuples autochtones de ce secteur sont venus partager leurs inquiétudes avec les scientifiques présents afin de rechercher ensemble les meilleures mesures à prendre sur la gestion des ressources halieutiques et la pêche industrielle qui concurrence. Les AMP, le partage d’expérience sur la mise en place et les bénéfices ou problématiques rencontrés ont été aussi longuement abordés. Cependant dans la Déclaration finale du Sommet des Peuples de Rio+20 pour la Justice sociale et environnementale, la thématique des océans et ses enjeux n’est pas traitée. Ce texte résume surtout une prise de position sur des valeurs morales et éthiques dans l’aspect de développement durable.
  • 37. 37 La différence des deux textes, outre le contenu scientifique, est donc la volonté d’engagement. La déclaration du Sommet des Peuples présente les solutions apportées en commun lors des différentes assemblées de convergence alors que du côté de la conférence officielle, les négociations stagnent. Le président de Cuba Raul Castro présent donne son opinion sur ce qui freine les discussions : « les pays doivent laisser l’égoïsme de côté pour pouvoir chercher des solutions »29 . Ce terme « d’égoïsme » a souvent été entendu et aussi employé par Gilles Bœuf dans son analyse de Rio+20 « il faut, dès maintenant, décider dans un esprit de solidarité planétaire au-delà des égoïsmes nationaux » (Bœuf, 2012). Pierre Calame, ancien haut fonctionnaire et président de la FPH (Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'Homme) ajoute que lors de cette conférence officielle il ne s’agissait pas de trouver des solutions pour garantir la survie de la planète mais celles qui seront les moins contraignantes pour les états. L’égoïsme national se traduit selon lui dans : « la négociation finale a, pour les diplomates, visé à éliminer tout ce qui pourrait mettre en cause ou engager leur pays » (Calame, 2012). Les conséquences de ce manque d’engagement se retrouvent dans le document final. L’avenir que nous voulons est un simple texte, et non une déclaration, sans force juridique (ONU, 2012). De plus ce document est inscrit comme Résultats de la conférence mais est daté de la veille, le 19 juin. Cette constatation déjà formulée par le jeune délégué français, devient même le titre d’un article du journal le Monde publié aussi le 19 juin : à Rio+20 la déclaration finale est adoptée... avant l'ouverture du sommet (Van Kote, 2012). Sur le site internet officiel de la conférence, il est possible de remarquer que le « document final » présenté est un Projet de résolution déposé par le Président de l’Assemblée générale30 , daté du 24 juillet et dont l’annexe est le texte lui-même L’avenir que nous voulons. Cette constatation de mettre ce document postérieur à l’évènement comme document final interpelle. L’hypothèse possible pour expliquer ce choix est peut-être l’expression des remerciements au pays hôte le Brésil dans ce texte qui devient ainsi la version finale pour conclure Rio+20. Cependant sur cet aspect du rôle du Brésil dans les négociations, le journal Le Monde publie le jour de la clôture un article « Le Brésil gagnant, la planète perdante » pour exprimer que le Brésil « au prix d’une certaine brutalité, inhabituelle dans ce type de processus, [il] a débloqué en trois jours une négociation qui piétinait depuis six mois » (Editorial le Monde, 2012). 29 Un récapitulatif de phrases citées lors du Sommet officiel sont sur : http://www.greenetvert.fr/2012/07/04/les-petites-phrases-qui-ont-marque-le-rio20/61632 30 http://www.uncsd2012.org/rio20/thefuturewewant.html (texte disponible en français sur cette page).
  • 38. 38 Le Sommet officiel de Rio+20 peut se conclure par la phrase suivante : « le bilan est donc cruel : les lourds enjeux de la crise écologique sont esquivés » (Editorial le Monde, 2012). Cependant il peut être vrai que, malgré un regard critique apporté à l’ensemble des résultats, le manque de recul sur Rio+20 qui s’est clôturé en juin dernier peut biaiser l’interprétation et la conclusion. Ainsi la participation au 6ème Forum Mondial de l’Eau à Marseille, qui a permis de constituer une meilleure méthodologie pour Rio, peut aussi servir d’événement semblable antérieur de comparaison, bien qu’il soit de moindre échelle, afin de pallier des conclusions trop rapides et basées sur un seul exemple. Une prise de recul de Rio+20 en comparant au FME Tout d’abord la grande distance géographique qui sépare la partie officielle et celle alternative à Rio de Janeiro se retrouve aussi à une échelle réduite à Marseille. En effet les deux se sont déroulés à deux extrémités de la ville : alors que le FME se situe proche du stade vélodrome au Sud, le FAME s’est installé dans les docks de Marseille au Nord. On peut émettre l’hypothèse que maintenir les deux sommets éloignés permet peut-être une meilleure accessibilité à chacun ; ou alors il peut s’agir de prohiber l’échange mutuel des idées discutées et émanant des deux évènements. Pour l’organisation et l’approche des différents sommets, les résultats étaient les mêmes entre FME et FAME. En effet, il y a eu aussi plus de moments de dialogue possible au forum alternatif grâce à des conférences plus courtes. La déclaration des participants au Forum Alternatif Mondial de l’eau a ainsi été construite par l’ensemble des travaux fournis lors de chacune de ces sessions. Le document est bien daté du 17 mars 2012, date de clôture du forum et signé par plus de 140 ONG et des centaines de personnes à titre individuel. Il est même encore possible de la signer sur leur site internet pour manifester notre approbation et se sentir impliqué avec ce qui a été déclaré31 . De plus ce texte exprime une forte ambition de convergence et d’union : « En tant que membres du Mouvement pour l’Eau Bien Commun […] nous partageons une vision commune de l’eau » et le dernier paragraphe qui se conclut par « Nous saluons la détermination et la cohésion de notre mouvement ». Ainsi, toute personne peut s’inclure dans ce mouvement et cette déclaration alternative si elle le souhaite. A l’inverse « Nous, chefs de délégations et ministres » de la déclaration ministérielle officielle appelée Le temps des solutions ne peut se référer à la société civile. De même, tout comme le 31 Site du forum alternatif de l’eau : http://www.fame2012.org/fr/signature-declaration/
  • 39. 39 texte L’avenir que nous voulons, celui-ci à été rendu public le 13 mars, soit le jour suivant l’inauguration. Tout était donc planifié et écrit d’avance pour ce qui est de l’issue de ce forum puisque avant même d’avoir commencé ce texte du 13 mars se conclut par « Nous, ministres et chefs de délégations, saluons les résultats du 6ème Forum mondial de l'eau tenu à Marseille du 12 au 17 mars 2012 ». L’interrogation est donc la même : la participation au débat de la société civile à ces rencontres est-elle possible et pertinente? Si l’accord est prêt avant la conférence cela signifie certes qu’il y a eu une longue préparation en amont. Il semble en effet normal que pour arriver à finaliser de tels documents, L’avenir que nous voulons ou Le Temps des solutions, les trois jours de conférences ne sont pas suffisants. Cependant, ce travail d’élaboration est fait entre spécialistes. Il s’agit souvent de représentants d’ONG ou de la société civile, ainsi que des scientifiques et chercheurs présents lors de ces rencontres antérieures. La société civile, au sens large du terme c'est-à-dire tous les citoyens, n’est donc pas impliquée ou informée de toutes ces réunions préparatoires. Elle n’est donc pas invitée à participer tout au long du processus de décisions mais conviée à assister à la ratification du document par les hauts responsables. Le FME permet donc de confirmer et conclure par un autre exemple sur le déroulé de cette conférence internationale à Rio. L’existence des deux forums s’est expliquée dans les deux cas par une différence d’approche scientifique et de l’implication possible du citoyen. Lors des rencontres internationales officielles, les Nations Unies semblent généralement donner une place à la société civile mais dans un objectif de participation passive. Chaque citoyen peut assister aux conférences faites par les grands spécialistes, profiter d’expositions de projets internationaux, mais dans un objectif d’information et non de contribution à une recherche de solutions pour la construction d’un document final qui est déjà prêt. Aux rencontres alternatives, l’approche est tout autre : faire partager les sciences de chacun dans une dynamique de participation pour une évolution des idées qui conduit à l’élaboration du texte final. Ces questions d’approche scientifique et d’implication de la société amènent à une réflexion plus générale de la place des sciences dans la société pour construire des solutions participatives. Celle-ci fera l’objet de la conclusion.