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SCÈNE 4 - LOUISE ET JULIEN DANS LE JARDIN
Julien prend la main de Louise
(Julien est en train de contempler un portrait sur un médaillon quand
Louise le rejoint dans le jardin. Il referme vivement le médaillon et le
met dans sa poche. Louise entraîne Julien dans une promenade pour
faire la conversation.)
Louise de Rênal : Julien, je vous cherchais. Faisons quelques pas vou-
lez vous... Quel beau temps n’est ce pas... Est-ce que les enfants ont
été sages ce matin ?
Julien : Oui Madame.
Louise de Rênal : Bien. Vous ne les grondez pas trop n’est ce pas?
Julien : Non Madame.
Louise de Rênal : Tant mieux. Vous avez l’art avec les
enfants. Tout à l’heure je disais à Elisa (regard furtif
pour voir comment il réagit à son nom, mais il n’a
pas de réaction) que vous feriez un excellent père...
Elle était d’accord... Elle aussi d’ailleurs... Elle sait
y faire avec les enfants, Elisa (elle lance un nou-
veau regard, pas de réaction) Ah cette Elisa...
Elle en a des talents. Elle cuisine à merveille.
C’est une excellente couturière. C’est elle
qui m’a cousu cette robe… Elisa... Il en aura de
la chance celui qui l’épousera... (devant
son manque de réaction, elle ne sait plus quoi
dire) Elisa… Savez vous qu’elle vous
estime. Ah Elisa. Je l’aime bien. Et vous ? Qu’en
Louise de Rênal (Haylen) - Julien Sorel (Côme) - Mr de Rênal (Philippe Escande)
pensez vous?
Julien : J’en pense que nous ferions
un très beau couple… N’eût été ma
vocation.
Louise de Rênal : Votre vocation ?
Julien : Je désire devenir prêtre.
Louise de Rênal : Vous voulez deve-
nir prêtre ??
Julien : Oui Madame.
Louise de Rênal : Ah... Bon. C’est
bien ! (à la fois admirative et déçue)
Je comprends... C’est tout à votre
honneur. Pauvre Elisa. Elle va être
déçue. Mais c’est bien. Vous avez rai-
son, je veux dire, si telle est votre vocation, c’est merveilleux. Et avec
vos connaissances, votre mémoire, vous avez tout pour devenir un très
bon…
(Julien prend soudain les mains de Louise entre les siennes. Elle s’inter-
rompt, troublée. Après quelques secondes il lâche ses mains, confus.)
Julien : Pardon... Pardonnez moi. Permettez moi de me retirer.
(Louise, cachant son trouble, acquiesce d’un signe de tête. Il va pour
sortir.)
Louise de Rênal : Julien.
Julien (s’arrête): Oui Madame.
Louise de Rênal : Quel portrait cachez vous sur ce médaillon ?
Julien : ... Madame, je vous prie d’accepter que j’en garde le secret.
(Louise acquiesce, il sort, alors qu’entre Mr de Rênal.)
Monsieur :
IL FAUT AVOIR UN MANOIR UN DOMAINE
ET DES GENS
DRAPS ET MOUCHOIRS DANS L’ARMOIRE BRODÉS ÉLÉGAMMENT
PAYER COMPTANT, C’EST CE QUI COMPTE VRAIMENT
IL FAUT LA TERRE, LE NOTAIRE, LES CUILLÈRES EN ARGENT
CAR SOYONS CLAIRS, PLUS C’EST CHER PLUS L’HOMME EST IMPORTANT
C’EST ÉVIDENT, C’EST CE QUI COMPTE VRAIMENT
Madame :
IL NE FAUT PAS QUE L’ON SOIT TROUBLÉ PAR LES REGARDS
À CHAQUE PAS ON SE DOIT D’ACCOMPLIR SON DEVOIR
C’EST ESSENTIEL, C’EST BEAU D’ÊTRE FIDÈLE
IL NE FAUT PLUS À L’INSU DE NOS ENGAGEMENTS
ÊTRE VAINCU ET PERDUE PAR DE VAINS SENTIMENTS
AU NOM DU CIEL, C’EST BEAU D’ÊTRE FIDÈLE
Ensemble :
ON A DIT OUI SANS RÉFLÉCHIR
POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
FAIRE TANT D’EFFORT
POUR ÊTRE ENCORE D’ACCORD
IL PARAÎT QUE ÇA VAUT LA PEINE
QUITTE ( DE) À SE MENTIR À SOI MÊME
Monsieur :
IL FAUT AVOIR DU POUVOIR, DE L’OR ET DES DIAMANTS
Chanson : Ce qui compte
vraiment
Livret : Alexandre Bonstein
Mise en scène : François Chouquet/Laurent Seroussi
Auteurs chansons : Zazie/Vincent Baguian
Musiques : William Rousseau/SorelLivret de l’Opéra Rock Le Rouge et le Noir - Au Palace dès le 29 septembre 2016
M. de Rênal : Ah vous voilà ! Vous êtes
bien pâle. Vous pourriez être une jolie
femme, si vous preniez un peu plus soin de
votre apparence. Un peu de rouge rehaus-
serait agréablement vos pommettes. Et sur
vos yeux, un peu de bleu... de brillant...
enfin... Savez vous que ça jase en ville. J’ai
ouï dire que l’on vous décrivait comme une
femme… comment vous dire sans vous
froisser… comme une femme commune.
On dit que l’épouse du Maire devrait être
un modèle d’élégance, de sophistication.
Vous savez que je n’accorde aucune importance aux ragots et que je
vous estime telle que vous êtes, mais enfin, on va finir par dire que je
n’ai pas les moyens de vous offrir de nouvelles robes.
Vous portez toujours ce même style désuet…très années 10... Nous
somme en 1828 tout de même ! Je sais bien que Verrière est une petite
ville de province, mais justement, il nous faut briller. Regardez Ma-
dame Valenod. Ah, quand je pense que Valenod vient de s’offrir deux
normands... deux grands chevaux normands pour tirer sa petite voi-
ture. Quel vantard celui-là ! C’est par dépit ! Par jalousie. Il m’envie. Il
m’envie m’envie mes titres, Il m’envie Julien… Ah ce petit Sorel. Quelle
belle acquisition ! Mais alors il me coûte cher pour un paysan (il part
dans des comptes et des chiffres alors que Louise s’évade dans ses pen-
sées).
Monologue de Rênal et le complexe Valenod
BIEN RECEVOIR ET SAVOIR APPÂTER LES PUISSANTS
DES HABITS, DES GANTS BLANCS
DES AMIS DE SON RANG
DES ACTIONS À LA BANQUE
VEILLONS QUE RIEN NE MANQUE
Madame :
IL NE FAUT PAS S’ÉLOIGNER DE CE QUI NOUS EST CHER
TOUJOURS PRIER POUR RESTER AUJOURD’HUI COMME HIER
ATTENTIFS ET SERVIABLES
COMME DES ALLIÉS RESPECTABLES
NE JAMAIS TRAHIR SES SERMENTS
SE CONSACRER AUX ENFANTS
GARDONS L’ESPOIR
QUE RIEN NE NOUS SÉPARE
ON A DIT OUI SANS RÉFLÉCHIR
POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
FAIRE TANT D’EFFORT
POUR ÊTRE ENCORE D’ACCORD
IL PARAÎT QUE ÇA VAUT LA PEINE
QUITTE À SE MENTIR À SOI MÊME
TÂCHONS D’ÊTRE SINCÈRES
EN MARIAGE, EN AFFAIRES
TENIR LE CAP ET SOURIRE
SANS FAILLIR, SANS FLÉCHIR
LA RIGUEUR, L’ENVERGURE
LA PUDEUR, LA DROITURE
BON SOLDAT, BON APÔTRE
UN SOUTIEN L’UN POUR L’AUTRE
TOUJOURS ÊTRE CONSCIENT
DE CE QUI COMPTE VRAIMENT
ON A DIT OUI SANS RÉFLÉCHIR
POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
FAIRE TANT D’EFFORT
POUR ÊTRE ENCORE D’ACCORD
QUITTE À SE MENTIR À SOI MÊME
IL PARAÎT QUE ÇA VAUT LA PEINE
Julien croise le couple de Rênal
(À la fin de la chanson, M. de Rênal se rend compte que sa femme est
perdue dans ses pensées.)
M. de Rênal : Louise ?… Louise ?
Louise de Rênal : Oui mon ami.
M. de Rênal : ...Vous êtes décidément bien pâle.
Louise de Rênal: Un léger mal de tête. Le soleil sans doute.
M. de Rênal : Voilà ce que c’est que les femmes il y a toujours quelque
chose de dérangé à ces machines compliquées… Allons boire un thé
à l’ombre sous la tonnelle. .
(Ils vont pour sortir, alors que passe Julien. Il les salue, et semble
nerveux et pressé.)
M. de Rênal : Eh bien Julien, où allez vous comme ça ?
Julien : Je profite d’avoir mon après-midi pour aller prendre l’air,
Monsieur.
M. de Rênal : Eh bien allez prendre l’air mon garçon, allez prendre
l’air. (Malicieusement à Louise) Il y a une femme là-dessous je vous
le dis. J’ai toujours du nez pour ces choses-là.
(Ils sortent, laissant Julien seul sur scène.)
Livret : Alexandre Bonstein
Mise en scène : François Chouquet/Laurent Seroussi
Auteurs chansons : Zazie/Vincent Baguian
Musiques : William Rousseau/Sorel

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  • 1. SCÈNE 4 - LOUISE ET JULIEN DANS LE JARDIN Julien prend la main de Louise (Julien est en train de contempler un portrait sur un médaillon quand Louise le rejoint dans le jardin. Il referme vivement le médaillon et le met dans sa poche. Louise entraîne Julien dans une promenade pour faire la conversation.) Louise de Rênal : Julien, je vous cherchais. Faisons quelques pas vou- lez vous... Quel beau temps n’est ce pas... Est-ce que les enfants ont été sages ce matin ? Julien : Oui Madame. Louise de Rênal : Bien. Vous ne les grondez pas trop n’est ce pas? Julien : Non Madame. Louise de Rênal : Tant mieux. Vous avez l’art avec les enfants. Tout à l’heure je disais à Elisa (regard furtif pour voir comment il réagit à son nom, mais il n’a pas de réaction) que vous feriez un excellent père... Elle était d’accord... Elle aussi d’ailleurs... Elle sait y faire avec les enfants, Elisa (elle lance un nou- veau regard, pas de réaction) Ah cette Elisa... Elle en a des talents. Elle cuisine à merveille. C’est une excellente couturière. C’est elle qui m’a cousu cette robe… Elisa... Il en aura de la chance celui qui l’épousera... (devant son manque de réaction, elle ne sait plus quoi dire) Elisa… Savez vous qu’elle vous estime. Ah Elisa. Je l’aime bien. Et vous ? Qu’en Louise de Rênal (Haylen) - Julien Sorel (Côme) - Mr de Rênal (Philippe Escande) pensez vous? Julien : J’en pense que nous ferions un très beau couple… N’eût été ma vocation. Louise de Rênal : Votre vocation ? Julien : Je désire devenir prêtre. Louise de Rênal : Vous voulez deve- nir prêtre ?? Julien : Oui Madame. Louise de Rênal : Ah... Bon. C’est bien ! (à la fois admirative et déçue) Je comprends... C’est tout à votre honneur. Pauvre Elisa. Elle va être déçue. Mais c’est bien. Vous avez rai- son, je veux dire, si telle est votre vocation, c’est merveilleux. Et avec vos connaissances, votre mémoire, vous avez tout pour devenir un très bon… (Julien prend soudain les mains de Louise entre les siennes. Elle s’inter- rompt, troublée. Après quelques secondes il lâche ses mains, confus.) Julien : Pardon... Pardonnez moi. Permettez moi de me retirer. (Louise, cachant son trouble, acquiesce d’un signe de tête. Il va pour sortir.) Louise de Rênal : Julien. Julien (s’arrête): Oui Madame. Louise de Rênal : Quel portrait cachez vous sur ce médaillon ? Julien : ... Madame, je vous prie d’accepter que j’en garde le secret. (Louise acquiesce, il sort, alors qu’entre Mr de Rênal.)
  • 2. Monsieur : IL FAUT AVOIR UN MANOIR UN DOMAINE ET DES GENS DRAPS ET MOUCHOIRS DANS L’ARMOIRE BRODÉS ÉLÉGAMMENT PAYER COMPTANT, C’EST CE QUI COMPTE VRAIMENT IL FAUT LA TERRE, LE NOTAIRE, LES CUILLÈRES EN ARGENT CAR SOYONS CLAIRS, PLUS C’EST CHER PLUS L’HOMME EST IMPORTANT C’EST ÉVIDENT, C’EST CE QUI COMPTE VRAIMENT Madame : IL NE FAUT PAS QUE L’ON SOIT TROUBLÉ PAR LES REGARDS À CHAQUE PAS ON SE DOIT D’ACCOMPLIR SON DEVOIR C’EST ESSENTIEL, C’EST BEAU D’ÊTRE FIDÈLE IL NE FAUT PLUS À L’INSU DE NOS ENGAGEMENTS ÊTRE VAINCU ET PERDUE PAR DE VAINS SENTIMENTS AU NOM DU CIEL, C’EST BEAU D’ÊTRE FIDÈLE Ensemble : ON A DIT OUI SANS RÉFLÉCHIR POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE FAIRE TANT D’EFFORT POUR ÊTRE ENCORE D’ACCORD IL PARAÎT QUE ÇA VAUT LA PEINE QUITTE ( DE) À SE MENTIR À SOI MÊME Monsieur : IL FAUT AVOIR DU POUVOIR, DE L’OR ET DES DIAMANTS Chanson : Ce qui compte vraiment Livret : Alexandre Bonstein Mise en scène : François Chouquet/Laurent Seroussi Auteurs chansons : Zazie/Vincent Baguian Musiques : William Rousseau/SorelLivret de l’Opéra Rock Le Rouge et le Noir - Au Palace dès le 29 septembre 2016 M. de Rênal : Ah vous voilà ! Vous êtes bien pâle. Vous pourriez être une jolie femme, si vous preniez un peu plus soin de votre apparence. Un peu de rouge rehaus- serait agréablement vos pommettes. Et sur vos yeux, un peu de bleu... de brillant... enfin... Savez vous que ça jase en ville. J’ai ouï dire que l’on vous décrivait comme une femme… comment vous dire sans vous froisser… comme une femme commune. On dit que l’épouse du Maire devrait être un modèle d’élégance, de sophistication. Vous savez que je n’accorde aucune importance aux ragots et que je vous estime telle que vous êtes, mais enfin, on va finir par dire que je n’ai pas les moyens de vous offrir de nouvelles robes. Vous portez toujours ce même style désuet…très années 10... Nous somme en 1828 tout de même ! Je sais bien que Verrière est une petite ville de province, mais justement, il nous faut briller. Regardez Ma- dame Valenod. Ah, quand je pense que Valenod vient de s’offrir deux normands... deux grands chevaux normands pour tirer sa petite voi- ture. Quel vantard celui-là ! C’est par dépit ! Par jalousie. Il m’envie. Il m’envie m’envie mes titres, Il m’envie Julien… Ah ce petit Sorel. Quelle belle acquisition ! Mais alors il me coûte cher pour un paysan (il part dans des comptes et des chiffres alors que Louise s’évade dans ses pen- sées). Monologue de Rênal et le complexe Valenod
  • 3. BIEN RECEVOIR ET SAVOIR APPÂTER LES PUISSANTS DES HABITS, DES GANTS BLANCS DES AMIS DE SON RANG DES ACTIONS À LA BANQUE VEILLONS QUE RIEN NE MANQUE Madame : IL NE FAUT PAS S’ÉLOIGNER DE CE QUI NOUS EST CHER TOUJOURS PRIER POUR RESTER AUJOURD’HUI COMME HIER ATTENTIFS ET SERVIABLES COMME DES ALLIÉS RESPECTABLES NE JAMAIS TRAHIR SES SERMENTS SE CONSACRER AUX ENFANTS GARDONS L’ESPOIR QUE RIEN NE NOUS SÉPARE ON A DIT OUI SANS RÉFLÉCHIR POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE FAIRE TANT D’EFFORT POUR ÊTRE ENCORE D’ACCORD IL PARAÎT QUE ÇA VAUT LA PEINE QUITTE À SE MENTIR À SOI MÊME TÂCHONS D’ÊTRE SINCÈRES EN MARIAGE, EN AFFAIRES TENIR LE CAP ET SOURIRE SANS FAILLIR, SANS FLÉCHIR LA RIGUEUR, L’ENVERGURE LA PUDEUR, LA DROITURE BON SOLDAT, BON APÔTRE UN SOUTIEN L’UN POUR L’AUTRE TOUJOURS ÊTRE CONSCIENT DE CE QUI COMPTE VRAIMENT ON A DIT OUI SANS RÉFLÉCHIR POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE FAIRE TANT D’EFFORT POUR ÊTRE ENCORE D’ACCORD QUITTE À SE MENTIR À SOI MÊME IL PARAÎT QUE ÇA VAUT LA PEINE Julien croise le couple de Rênal (À la fin de la chanson, M. de Rênal se rend compte que sa femme est perdue dans ses pensées.) M. de Rênal : Louise ?… Louise ? Louise de Rênal : Oui mon ami. M. de Rênal : ...Vous êtes décidément bien pâle. Louise de Rênal: Un léger mal de tête. Le soleil sans doute. M. de Rênal : Voilà ce que c’est que les femmes il y a toujours quelque chose de dérangé à ces machines compliquées… Allons boire un thé à l’ombre sous la tonnelle. . (Ils vont pour sortir, alors que passe Julien. Il les salue, et semble nerveux et pressé.) M. de Rênal : Eh bien Julien, où allez vous comme ça ? Julien : Je profite d’avoir mon après-midi pour aller prendre l’air, Monsieur. M. de Rênal : Eh bien allez prendre l’air mon garçon, allez prendre l’air. (Malicieusement à Louise) Il y a une femme là-dessous je vous le dis. J’ai toujours du nez pour ces choses-là. (Ils sortent, laissant Julien seul sur scène.) Livret : Alexandre Bonstein Mise en scène : François Chouquet/Laurent Seroussi Auteurs chansons : Zazie/Vincent Baguian Musiques : William Rousseau/Sorel