1. 22 février 2010
Le 75020.fr
Solène Boyer
Antenne relais rue Olivier Métra : Orange
et la mairie de Paris pas sur la même
longueur d’onde
Par Solène Boyer, le 22 février 2010, dans la rubrique France de Priartém : « Ce seuil maximal doit être revu
Vie locale ante à la baisse. On veut faire respecter une émission maxi-
male de 0,6V/m en situation normalisée. La mesure
actuelle sur 24h est une contrevérité puisqu’il s’agit
http://le75020.fr/paris-XXe-75020-20e-arrondissement/z/actualite/vie-locale-ante/8255-onde-antenne-relai-orange-mairie-paris.paris-75020-info
L’antenne sur l’immeuble de d’une moyenne, il pourrait très bien y avoir des pics
la rue Olivier Métra. Les per- à 4 ou 5 V/m, voire 10V/m ». Priartém (Pour une ré-
sonnes vivant directement sous
l’antenne ne sont pas les plus glementation des implantations des antennes relais
exposées, à l’inverse de celles de téléphonie mobile) est une association qui veille
qui vivent en face. au respect des conditions de santé potentiellement
mises en danger par les ondes électromagnétiques.
Malgré l’annonce
début 2009 de son Plus radical, Yves Breton estime que cette charte
retrait imminent, n’est « qu’une poudre aux yeux ». Il peut d’ailleurs
l’antenne relais de s’en rendre compte tous les jours depuis la fenêtre
téléphonie mobile de son appartement qui donne sur l’antenne. » La
de la rue Olivier charte permet aux politiques de donner l’impres-
Métra nargue en- sion d’une réglementation, mais dans les faits il n’y
core les habitants a pas d’obligation juridique pour les opérateurs »,
du quartier Jourdain dénonce-t-il.
depuis le toit où elle
est installée. Entre coup de gueule et résignation, Yves Breton affirme souffrir « d’acouphènes ». Son
riverains, associations et certains élus se battent appartement se situe à moins de 30 mètres de l’an-
depuis plusieurs années contre l’opérateur Orange tenne décriée. « Je ne suis pas le seul de l’immeuble
pour obtenir le démantèlement de cette antenne. à me plaindre de ce symptôme et il y en a d’autres. ».
Voilà plus de 3 ans que ce photographe, aidé par son
A quoi sert la Charte parisienne? voisin Nicolas Teichner et de nombreux autres ri-
verains, bataille contre Orange, relevés d’émissions
On pourrait se réjouir que Paris ait signé une Charte hors-charte à l’appui. Les frais que représenteraient
sur le contrôle des émissions des antennes relais une action en justice contre Orange sont tellement
avec les trois principaux opérateurs de téléphonie dissuasifs que, dans la rue Olivier Métra, le statu
mobile (Orange, SFR et Bouygues Télécom). Mais quo demeure.
cet accord brandi par la mairie de Paris comme la
solution à tous les problèmes ne semble pas faire
le poids face à la pression des lobbies. Aux grands maux les remèdes
de fortune, Yves Breton vit cal-
feutré derrière des couvertures
Signée en 2003, la charte fixe à 2 Volts par mètre de survie en attendant le re-
(V/m) sur 24h le seuil d’émission maximal. De l’aveu trait de l’antenne qui fait face à
même de Marc Arazi, coordinateur régional Ile-de- sa fenêtre. Photo : S. Boyer
Love this PDF? Add it to your Reading List! 4 joliprint.com/mag
Page 1
2. 22 février 2010
Le 75020.fr
Antenne relais rue Olivier Métra : Orange et la mairie de Paris pas sur la même
longueur d’onde
Système D cabinet de la première adjointe du maire de Paris
répond qu’un site de substitution a déjà été trouvé
Exaspéré par cette situation, Yves Breton avoue qu’il et que le démantèlement interviendra lorsque ce
« a un peu laissé tombé cette histoire et a pas mal site sera opérationnel. Pourtant les décisions prises
délégué l’action aux associations comme Priatém et lors de cette réunion, toujours d’après l’extrait du
Agir pour l’environnement ». Dans son appartement, PV, stipulent bien qu’« un site de substitution devra
les murs qui donnent sur l’antenne relais sont re- être proposé dans un délai de trois mois par l’opé-
couverts de couvertures de survie et les rideaux rateur Orange France en concertation avec la mai-
ont une trame métallique, une bien maigre protec- rie du 20e ». Pour Marc Arazi de Priartém, il était
http://le75020.fr/paris-XXe-75020-20e-arrondissement/z/actualite/vie-locale-ante/8255-onde-antenne-relai-orange-mairie-paris.paris-75020-info
tion contre les ondes. Il confesse alors à demi-mot : temps que quelqu’un prenne ses responsabilités :
« L’alternative la plus simple qui s’offre à nous, reste « On entend la préoccupation des élus, mais nous on
encore de déménager ». veut du concret. »
L’annonce du démantèlement Du concret, c’est aussi ce que réclame Yves Breton.
A ce jour, un courrier de la médiatrice de Paris est la
Pourtant, la Ville de Paris semble très concernée par seule réponse officielle qu’il a obtenue. La lettre fait
les nuisances causées par les antennes relais. Au état de la demande de démantèlement de l’antenne
nom du principe de précaution, une commission de auprès d’Orange et clôt le dossier. Elle est datée du
concertation présidée par Anne Hidalgo, première 7 mai 2009. Depuis, plus rien. Et l’antenne continue
adjointe au maire de Paris Bertrand Delanoë, a été d’émettre.
mise en place pour répondre aux inquiétudes des
riverains. « La réalité c’est que des gens souffrent »
Cette commission aura eu raison des opérateurs Mais les contradictions vont bien au-delà de la
puisque, le 13 janvier 2009, elle annonce le déman- question des délais comme l’explique Florence
tèlement prochain de l’antenne de la rue Olivier de Massol, adjointe à la maire du 20e chargée de
Métra. Janine Le Calvez, présidente de Priartém, l’Environnement : « Orange a accepté le déplacement
qui a assisté à cette réunion se souvient : « Anne de l’antenne. Ils ont les cartes en main. Selon eux,
Hidalgo a demandé le démontage total du site et les mesures prises chez les habitants sont contradic-
souhaité qu’une solution alternative soit proposée toires, en effet parfois elles dépassent le seuil mais
en collaboration avec la mairie du 20e. » pas tout le temps. Ils utilisent cet argument pour ra-
lentir le processus. Ces mesures sont réalisées par
Un an après, toujours rien deux laboratoires indépendants et, quelques en soient
les résultats, la réalité c’est que certaines personnes
Alors pourquoi, plus d’un an après, rien n’a été fait souffrent de cette situation. »
? Le cabinet d’Anne Hidalgo apporte son élément
de réponse : « Tout d’abord, nous n’avons pas an- Devant l’immobilisme des acteurs concernés, c’est
noncé le retrait catégorique de cette antenne, nous la mairie du 20e qui a trouvé un site de substitu-
avons annoncé l’engagement pris avec l’opérateur tion. Le 8 janvier 2010, l’autorisation d’installation
pour son retrait. » de l’antenne sur un nouveau site (au 15, rue des
Pavillons) est validée. Bien qu’il soit aberrant que
Nous y voilà, un engagement… Et lorsqu’on demande les élus travaillent pour les opérateurs, Florence
le délai imparti pour répondre à cet engagement, le
Love this PDF? Add it to your Reading List! 4 joliprint.com/mag
Page 2
3. 22 février 2010
Le 75020.fr
Antenne relais rue Olivier Métra : Orange et la mairie de Paris pas sur la même
longueur d’onde
de Massol défend la démarche : « Si l’on veut que la
situation se débloque, il n’y a pas d’autre solution. »
Difficile alors de comprendre comment, le 6 février
2010, Orange peut encore affirmer sans trembler
: « A ce jour aucun site ne permet d’envisager une
substitution. »
Schyzophrènes
http://le75020.fr/paris-XXe-75020-20e-arrondissement/z/actualite/vie-locale-ante/8255-onde-antenne-relai-orange-mairie-paris.paris-75020-info
Pour les associations qui militent contre les an-
tennes, il y aurait un vrai déni de la part de cer-
tains scientifiques à la botte des opérateurs. De
nombreuses études publiées par Piartém mettent
en relief les risques sanitaires liés à une trop forte
exposition aux ondes électro-magnétiques.
La mairie de Paris nuance largement ce danger. A
l’unisson de l’opérateur Orange qui affirme sur son
site que : « Parmi les études entreprises récemment,
aucune ne permet de conclure que l’exposition à des
champs de radiofréquences émis par les téléphones
mobiles ou leurs stations de base [antennes relais]
ait une incidence néfaste quelconque sur la santé. »
Si Orange affirme qu’il n’y a pas de risque, l’opéra-
teur n’en a pas moins signé une charte pour pré-
server les riverains d’un champ d’émissions trop
élevées. Pour les élus l’importance de la téléphonie
mobile et le bon fonctionnement du réseau sont
devenus une question d’intérêt général. Certaines
initiatives voient le jour comme celle des micro-
antennes lancée par Bertrand Delanoë lors de ses
vœux pour 2010. Une initiative qui résonne comme
un aveu de la mairie face aux risques que font pe-
ser les antennes sur la santé publique. Les effets
d’annonces ne remplaçant pas l’action concrète, les
opérateurs continuent à s’en tirer à bon compte et
les riverains à s’angoisser.
Love this PDF? Add it to your Reading List! 4 joliprint.com/mag
Page 3