« La parole politique fait l’objet d’une médiatisation croissante, en particulier dans les phases critiques, ou lors de « passages obligés », comme les vœux du Président au début de chaque année civile, le débat de l’entre-deux tours lors des élections présidentielles, les diverses conférences de presse en cours de mandat ou divers évènements qui appellent une réaction des politiques. Ces prises de parole s’accompagnent d’un foisonnement de commentaires et d’analyses a posteriori, qui jouent un rôle décisif dans la réussite ou l’échec de l’objectif communicatif poursuivi par le politique. Les analyses se concentrent souvent sur les enjeux d’image ; elles s’appuient parfois sur des comptages de mots ; elles reposent moins souvent sur l’examen minutieux des configurations argumentatives. En regardant « à la loupe » de petits moments de débats d’entredeux tours lors d’élections présidentielles, ou de soirées électorales, nous verrons comment on peut faire apparaître les enjeux derrière les mots et les procédés argumentatifs. »
Présentation de Marianne DOURY, issue du cycle de conférences "La communication, un enjeu citoyen", donnée à Yvetot le mardi 11 février 2014
L’opinion des Français suite à l’intervention télévisée de François Hollande ...
Les élections : un temps fort de la communication politique
1. LES ÉLECTIONS : UN TEMPS FORT DE LA
COMMUNICATION POLITIQUE
Marianne Doury, CNRS
marianne.doury@cnrs.fr
2. Discours politique, type 1
Anonyme : Ah mais moi j’suis pas contre l’immigré ; mais je,
j’arrive pas à admettre que dans l’vingtième y a QUAT’ foyers ;
et puis que dans dans dans certains quartiers, y en a pas un.
Et encore, comme Sarkozy, l’maire de Neuilly ; i’ devrait même
pas parler c’mec-là ! Mais i’ devrait pas parler de… j’ai vu
Sarkozy, i’ discutait d’vant Hue moi le… gars du Parti
Communis’ ; mais Hue il avait pas d’couilles au cul ! Moi j’y
aurais dit, pas « qu’est-ce que tu m’emmerdes, toi ! Toi t’es à
Neuilly, toi ! T’as pas d’difficulté ! Et viens dans l’coin ! Et tu les
prendras… ». Alors forcément, alors i’ z’ont toujours la
prétention d’vous dire « ben vous savez, j’paye des taxes ».
Non ! Tu GArdes ton pognon ; et tu LES prends ! et c’est tout…
4. Deux études de cas
• Les commentaires de scores : soirée électorale du
premier tour des élections présidentielles 2012 (TF1,
France 2)
• Les débats d’entre-deux tours : le débat BayrouRoyal (2007)
6. Oswald Ducrot et les opérateurs argumentatifs
“peu” et “un peu”
« Si, sur une île déserte, j’avais le droit d’emporter deux mots
français, ce seraient sans doute « peu » et « un peu » ».
(O. Ducrot 2002, Cahiers de Linguistique française)
• niveau informationnel : « peu » et « un peu » = petite quantité
• niveau argumentatif : orientations différentes
–« j’ai bu peu de vin ce soir » « je peux prendre le volant »
– « j’ai bu un peu de vin ce soir » « il vaut mieux que je te laisse
conduire ».
7. Qualification des scores et jeux de miroirs
• Score de François Hollande pour ses partisans :
« c’est un excellent résultat »,« un résultat EXceptionnel »
(Ségolène Royal) / « il réalise un score important », « le score
exceptionnel de François Hollande » (Manuel Valls)
• Score de Nicolas Sarkozy pour ses partisans :
« un TRES bon résultat pour Nicolas Sarkozy »,« c’est assez
exceptionnel » (Alain Juppé) / « le score est un score qui est
SOlide » (Xavier Bertrand)
8. Désignation des scores
• Sur le score de Nicolas Sarkozy :
« une sanction SEvère » (Ségolène Royal) / « la
SANction »,« le DESaveu de Nicolas Sarkozy MAssif », « un
désaveu TERRible » (Manuel Valls) / « vous pensiez pas qu’la
sanction ça s’rait dur aussi dur »,« c’est un désaveu incroyable
du président sortant », « vous avez été DESavoués » (JeanMarc Ayrault) / « un vote de SANCtion » (Pierre Moscovici) /
« les Français vous ont sanctionnés »,« un désaveu évident »
(Laurent Fabius) / « un président sortant sanctionné/ et très
lourdement » (Arnaud Montebourg) / « tous ceux qui […] ont
voulu SANCtionner euh Nicolas Sarkozy et sa politique », « un
terrible désaveu » (Martine Aubry), « une SANCtion du
quinquennat qui s’achève et un désaveu [huées,
acclamations] du candidat sortant » (François Hollande)
9. Opérateurs argumentatifs : “ne…que…”
Ségolène Royal : monsieur Sarkozy qui ne recueille que 25% des
voix
• NS recueille 25% des voix [25,5%]
• 25% des voix, c’est peu.
10. Opérateurs argumentatifs : “ne…que…”
J: monsieur Mélenchon vous faites MOINS de 12% [11,7% à ce
moment de la soirée] est-ce que vous êtes déçu ?
• « moins de » : oriente vers le moins [versus « presque 12% »]
• déception
J: Marine Le Pen fait un score proche de 20% [18,6% à ce
moment-là de la soirée] est-ce qu’on peut considérer qu’vous
avez PERdu votre bras d’fer avec elle ?
• « proche de » : oriente vers le plus [versus « même pas 20% »]
• « vous avez perdu votre bras de fer avec elle »
11. Passage des pourcentages aux valeurs absolues
Eva Joly : Je tiens à remercier avec chaleur le million de
Françaises et de Français qui m’ont apporté leurs suffrages et
ce faisant, ont défendu par leur vote l’écologie l’Europe et la
République exemplaire.
• Marielle de Sarnez : J’pense quand même plusieurs millions
qui ont voté pour nous et je les en remercie évidemment.
• François Bayrou : Je pense ce soir en premier lieu aux
TROIS millions de Français qui m’ont apporté leur suffrage.
12. Focalisation sur le score / sur son
complémentaire
• Ségolène Royal: Finalement, 75% des Français ont dit « non »
euh à monsieur Sarkozy, qui ne recueille que 25% des voix.
• Martine Aubry : 3 Français sur 4, 3 Français sur 4 ont voté ce
soir contre Nicolas Sarkozy.
• Michel Sapin : Chacun voit bien, et les Français le jugent ainsi,
en tous les cas tous sauf 26 ou 27 % : il a échoué ; c’est
d’abord un échec.
13. “La gauche” / “La droite”
Pierre Moscovici : Je note aussi que le TOTAL des voix d’gauche est à
44%, et donc il est de 6 à 8 points plus él’vé qu’en 2007 ; et donc,
moi je dis que cette première manche est une première manche
d’espoir, d’optimisme.
Jean-François Copé : Et ils nous ont expliqué qu’le rapport droitegauche, y avait une poussée d’la gauche, formidable. Si on fait
l’calcul, 42% pour la gauche, 48% pour la pour la droite, hein, pris
au sens large ; et je je sors naturellement monsieur Bayrou qui est
au milieu.
Claire Chazal : Ben faut… i(l) faut nous expliquer un peu votre calcul ;
comment vous arrivez à trouver ces… ces chiffres ? Voilà i(l) faudrait
p’t’être les… les confronter
JFC : ben écoutez faites … faites le calcul : vous enl’vez monsieur
Bayrou au milieu, vous avez 42 / 48
14. Présentation ordinale / cardinale
• Focalisation sur celui qui est devant :
« c’est le candidat socialiste qui arrive euh en tête […] il est en
tête de ce premier tour » (Ségolène Royal) / « ils ont placé
François Hollande en tête » (Lionel Jospin) / « ils ont mis
François Hollande en tête » (Jean-Marc Ayrault) / « François
Hollande EST en tête » (Manuel Valls) / « François Hollande
qui est le mieux placé » (Laurent Fabius)
• Focalisation sur celui qui est derrière :
« le président sortant est derrière un autre candidat »
(Manuel Valls) / [NS] « est devancé au premier tour » (Pierre
Moscovici)
15. Présentation ordinale / cardinale
• Derrière l’un, mais devant un autre :
Valérie Pécresse : Nicolas Sarkozy a REussi sa qualification pour
le second tour ; il a réussi à devancer le Front National.
16. Présentation ordinale / cardinale
François Hollande: Plusieurs faits majeurs sortent de ce scrutin et
ils sont incontournables. Le premier, c’est que je suis ce soir
en TETE du premier tour [acclamations]. Je veux remercier
chaleureusement les électrices et les électeurs qui par LEURS
suffrages m’ont placé dans cette position qui m’honore et
m’oblige, la plus FORTE pour l’emporter.
17. Présentation ordinale / cardinale
François Hollande: Plusieurs faits majeurs sortent de ce scrutin et
ils sont incontournables. Le premier, c’est que je suis ce soir
en TETE du premier tour [acclamations]. Je veux remercier
chaleureusement les électrices et les électeurs qui par LEURS
suffrages m’ont placé dans cette position qui m’honore et
m’oblige, la plus FORTE pour l’emporter.
Alain Juppé: D’abord c’est pas parce qu’on est en tête au
premier tour qu’on gagne au deuxième, hein. En soixantequatorze, en quatre-vingt-un, en en soixante-quatorze, en
soixante-quatorze, en quatre-vingt-un et en quatre-vingtquinze, le candidat arrivé en tête n’a pas été élu au deuxième
tour.
18. Les comparaisons de scores
• Fonctionnement général :
– « S1 est un bon score » si « S1> S2 »
– « S1 est un mauvais score » si « S1 < S2 »
• Réserves :
– Si S2 est un score reconnu comme déplorable, « S1 > S2 »
ne suffit pas à faire de S1 un bon score
– Si S1 < (de peu) à S2 et que S2 est reconnu comme
exceptionnel, S1 peut être considéré comme un bon score,
sous réserve de formulations adaptées (« X a fait un
presque aussi bon score que Y »).
19. Versatilité argumentative de la comparaison
• Raymond Domenec (juin 2010) [sur William Gallas]
« Il va très bien.
Nettement mieux que s’il allait plus mal,
mais nettement moins bien que s’il allait mieux».
20. Entre les scores des différents candidats
Nadine Morano : Ils sont arrivés dans un mouchoir de
poche.
Henri Guaino : Il [NS] arrive pas loin, hein.
Jean-Marc Ayrault : Là c’est la PREmière fois qu’il arrive
en deuxième position en plaçant nettement François
Hollande en en première place parce qu’il inCARne le
chang’ment et le redress’ment d’la France.
21. Par rapport à des élections antérieures
Ségolène Royal : Ce score est exceptionnel [conclusion]
puisqu’il dépasse en effet le score de 2007 [argument]
Pierre Laurent: C’est à la fois un très bon résultat
[conclusion] parce que je rappelle que pour la gauche
que nous représentons c’est le meilleur résultat ET de
loin depuis 30 ans [argument] […] c’est un très beau
résultat [conclusion]
Arnaud Montebourg: Euh d’abord un président sortant
sanctionné et très lourdement [conclusion] euh cinq à
six points en moins qu’il y a cinq ans [argument]
22. Par rapport à d’autres élections à l’étranger
Jean-François Copé : Vous savez, moi j’vais vous dire une chose.
Euh c’est dans cette période de CRIse, j’ai vu dans TOUS les
grands pays où y a eu des élections, euh i- les… les
responsables sortants ont été balayés . Rapp’lez-vous en
Espagne monsieur Zapatero, monsieur Gordon Brown en
Angleterre ; balayés ! Là y a quoi ? Un point et d’mi
d’différence entre les deux !
Nadine Morano : Et aujourd’hui Nicolas Sarkozy qui est le
président SORtant ; dans un contexte de CRIse où tous les
autres exécutifs ont été balayés lorsqu’il y a eu des élections,
Nicolas Sarkoz- Nicolas Sarkozy a MIEUX tenu, et a tenu parce
qu’il a réussi aussi à TEnir la France beaucoup mieux qu’en
période… pendant cette période de crise, beaucoup mieux
que les autres pays de l’Union Européenne.
23. Par rapport à ce que prévoyaient les sondages
Alain Juppé : Moi je dirais que […] l’élection ne ressemble pas à ce qu’on
nous avait annoncé […] le score mirifique annoncé à monsieur
Mélenchon n’a pas été au rendez-vous.
Xavier Bertrand: [sur NS] Le score est un score qui est SOlide et et
d’ailleurs on l’voit bien, beaucoup pensaient que c’était déjà joué ;
rapp’lez-vous voilà quelques s’maines, i(l) s’rait même pas qualifié
au s’cond tour paraît-il, i(l) s’rait MEME pas dans le duo de tête. Et là
aujourd’hui, j’ai juste de la mémoire…
Alain Juppé: enfin il faut quand même se souv’nir que il y a trois mois,
Nicolas Sarkozy était donné absent du deuxième tour ; on le mettait
à 20%. Et il a fait une campagne qui lui a permis de progresser
d’façon très significative ; c’est assez exceptionnel pour un chef d’Etat
dans une période de crise.
24. Par rapport à ce que prévoyaient les sondages
Rachida Dati: Tout d’abord moi j’trouve que aujourd’hui il faut
rendre hommage aux Français qui euh qui se sont mobilisés
avec GRAvité, responsabilité ; ils ont déjoué tous les pronostics
des sondeurs mais aussi des médias. […] D’abord on passe
pour monsieur Hollande de 38% à 28%, euh monsieur
Teinturier, dans les sondages, depuis l’mois d’novembre
Hollande n’é- n’était pas v- à 28% il y a quelque temps
25. Par rapport à ce que prévoyaient les sondages
Contre la self-fulfilling prophecy (prophétie auto-réalisatrice) :
Henri Guaino : La vérité c’est que personne n’avait prévu ce qui ce
qui s’est passé, ce qui s’est passé aujourd’hui ; et et donc
j’pense que vos vos travaux et vos prévisions sur les reports
de voix ne se vérifieront pas NON plus.
26. Evocation de circonstances contraires
• 9 contre 1
• La tonalité de la campagne
• La crise
Alain Juppé: Et je crois que dans la situation de crise
où nous sommes aujourd’hui, après une campagne
de premier tour où c’était neuf contre un, avec une
agressivité très très forte, c’est je crois un TRES bon
résultat pour Nicolas Sarkozy d’avoir résisté à ce
point.
27. Evocation de circonstances contraires
David Pujadas : En quelques mots, Eva Joly était vraiment la
bonne candidate pour vous ?
Cécile Duflot: Eva Joly a fait une campagne extrêmement digne,
extrêmement courageuse […] elle a été tellement insultée,
tellement caricaturée […] elle a été attaquée comme PEU de
can- de de personnalités politiques ont été attaquées ; elle a
fait preuve d’une GRANDE ténacité.
28. Evocation de circonstances contraires
Gilbert Collard: Malgré le le le le VERRouillage le les chaînes qu’on a
mises partout, on est arrivé jusqu’ici […] Et on est là maint’nant
maint’nant malgré TOUT c’qui a été fait : pas de prêt, le prêt, on a
obtenu notre prêt y a quarante-huit heures, la difficulté pour les
parrainages, on est arrivé à c’résultat.
Marine Le Pen: Ce soir le résultat qu’nous avons fait enVERS et contre
TOUS, contre les SONdages, contre les Elites, contre le SYStème,
démontre que nous sommes encore une fois au DEBut d’un
iMMENse rassemblement qui va porter ses fruits d’abord aux
législatives, et puis euh plus tard, pour retrouver la maîtrise de
notre destin.
29. L’argument de la première fois
Martine Aubry : Et moi j’m’adresse surtout évidemment à tous ceux
qui, à gauche, tous les démocrates, tous les républicains qui ont
voulu SANCtionner euh Nicolas Sarkozy et sa politique, et qui ont
PLAcé François Hollande pour la PREmière fois, c’est la PREmière
fois qu’un candidat passe devant le président sortant à une
élection présidentielle.
Pierre Moscovici : […] un président sortant qui pour la PREmière fois
dans l’histoire de la cinquième République, c’est la première, est
devancé au premier tour
Marie-George Buffet : c’est la première fois
Najat Vallaud-Belkacem : C’est quand même la PREmière fois pardon
de l’REDire à nouveau, qu’un président sortant n’est pas… n’est pas
premier au PREmier tour.
30. “Sans faire allégeance” :
l’expression de l’accord
dans un débat politique d’entre-deux tours
31. François Bayrou : emphatisation des désaccords,
atténuation des accords
Non non non, non pas du tout ; pas du tout, ça n’est pas le pays qui
paye, ça n’est pas l’endettement du pays, ça n’est pas l’Etat qui paye
les retraites. Vous avez une confusion entre les deux.
C’est une très mauvaise idée à mes yeux ; c’est une très mauvaise
idée.
C’est un des chapitres sur lesquels nous sommes en désaccord
profond
On est en désaccord sur ce point
Moi j’étais en désaccord avec ces déclarations
Alors là Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont plutôt sur la même
ligne et moi sur une autre ligne.
32. Bilan du débat par François Bayrou
Ils [les téléspectateurs] ont pu vérifier qu’on pouvait
dialoguer, qu’on pouvait débattre, qu’on pouvait être en
accord ou en désaccord sans que les uns deviennent… soient
obligés euh de faire allégeance aux autres.
33. Ségolène Royal : emphatisation des accords, minimisation
des désaccords
François Bayrou : C’est un des chapitres sur lesquels nous
sommes en désaccord profond
Journaliste : Ségolène Royal ?
Ségolène Royal : [inspiration] D’abord je je constate avec euh
satisfaction que nous venons d’acter déjà des convergences
sur la réforme des institutions, sur l’Etat impartial, sur une
certaine vision de l’Europe, et en particulier sur le dernier
point qui a été évoqué
[suit une tentative de Ségolène Royal de montrer que sur un des
points évoqués par F. Bayrou, il n’y a pas réellement désaccord]
34. Ségolène Royal : emphatisation des accords, minimisation
des désaccords
François Bayrou : On est en désaccord sur ce point.
Ségolène Royal : Non non, non non non [rire] on n’est pas en
désaccord sur ce point, je suis, je suis au contraire très
satisfaite que vous puissiez enfin reconnaître qu’il y a des
dépenses qui sont absolument NEcessaires.
35. Bilan du débat par Ségolène Royal
Moi je me réjouis d’avoir eu cette…ce dialogue en t- en toute
liberté et en toute intelligence ; je crois qu’c’est un moment de
modernisation de la vie politique que nous venons de vivre, à la fois
sans détour, sans fard, et en même temps, avec aussi un certain
nombre euh d’affirmations de… de divergence, ou des visions euh
(petit haussement d’épaules) nuancées sur un certain nombre de
points, et un certain nombre de points communs, et en particulier
sur l’Etat impartial, sur euh la modernisation de la vie politique, la
rénovation de la vie politique, sur la nécessité de pa- de passer sur
certains sujets fondamentaux, en particulier sur la question des…
des quartiers des banlieues de la sécurité, de l’éducation, de sortir
de l’affrontement bloc contre bloc. Je crois que sur un certain
nombre de questions nous ferons un bout de chemin ensemble ;
sur d’autres nous continuerons à discuter, mais il n’s- ça n’est pas
des questions de parti politique, ici c’est une question de citoyens.
36. “Etre d’accord” : un prédicat délicat à manier
• « A est d’accord avec B » ≠ « B est d’accord avec A »
• « A est d’accord avec B » ≈ « A rejoint B », « A se rallie à B »
Préférence pour « nous sommes d’accord », « on a des
accords », « on a des convergences »
Possible « je suis en désaccord avec vous »
37. “Etre d’accord” : un prédicat délicat à manier
Journaliste : Etes-vous d’accord avec ce que vient de dire
Ségolène Royal, François Bayrou ?
François Bayrou : Si on voulait schématiser le débat, (1) [on a des
accords ou on a des convergences du point de vue
institutionnel, de l’évolution de la démocratie française] (2) [je
suis en désaccord avec l’orientation économique euh
défendue par Ségolène Royal et le parti socialiste, en
désaccord assez profond.]
38. “Etre d’accord” : un prédicat délicat à manier
Journaliste : François Bayrou, est-ce que vous regrettez comme
Ségolène Royal la disparition de la police de proximité ?
François Bayrou : Non j’veux dire euh simplement, je suis pour
l’essentiel d’accord avec cette vision ; ma vision est en tout
cas proche de celle-là.
39. “Ceci est vrai”
Ségolène Royal : Si y a plus de salariés au travail, à ce moment-là
y a des cotisations qui entrent dans les caisses donc je veux…
François Bayrou : Ceci est vrai.
Ségolène Royal : Ceci est vrai, donc ne ne raisonnons pas à
situation constante.
40. “J’approuve cette idée”
François Bayrou : J’approuve cette idée ; simplement là, moi je
vous proposerais, ou en tout cas je vous inciterais à aller plus
loin.
41. Procédés de désamorçage de “je suis d’accord avec vous”
François Bayrou : Alors pour les points d’accord et de désaccord, sur les
35 h il faudrait que je sache avec quelle Ségolène Royal je parle ;
parce qu’il y a eu une Ségolène Royal avec qui j’étais profondément
en accord, c’est quand elle est entrée dans sa campagne interne, y a
ici des experts, elle est entrée dans sa campagne interne, elle a dit les
trente-cinq heures, franchement, c’est pas un exemple, et euh ça s’est
mal fait ; puis après elle a eu des difficultés avec euh l’intérieur du
parti socialiste, ce que je… ce que j’comprends ça arrive, et euh et elle
a été euh elle a f- elle a transformé son propos en « je veux une
généralisation des trente-cinq heures » ; c’est une très mauvaise idée
à mes yeux. C’est une très mauvaise idée parce que les entreprises
qui vont être ainsi concernées par les 35 heures, c’est les petites
entreprises, les plus p’tites entreprises […] et je suis en en désaccord
sur ce point.
42. Procédés de désamorçage de “je suis d’accord avec vous”
Ségolène Royal : (1) [je suis d’accord, il faudrait donner plus, y
compris le smic pour aller plus vite, y compris les petites
retraites] (2) [mais nous devrons le faire en tenant compte de
l’endettement du pays]