13. « 1916. La défense de Verdun. La cote 304 »
« Le jour parut et je contemplai cette fameuse cote sans nom au pied de
laquelle se trouvait notre tranchée. Depuis plusieurs mois elle était disputée
comme si elle contenait dans ses flancs des mines de diamant.
« Hélas, elle ne contenait que des milliers de cadavres déchiquetés et
pulvérisés. »
15. « - J’en ai assez de vos réflexions ! Faites travailler ces deux hommes
tout de suite dans la tranchée !
« - Mon capitaine, vous ignorez sans doute le danger qu’il y a de se faire
voir dans cette partie de tranchée qui est en vue des Boches et prise d’envilade
par une mitrailleuse. Il y a eu des blessés à la compagnie précédente. Hier, le
soldat Delile même en marchant courbé a eu le casque traversé par une balle…
« - Assez ! Vous n’avez qu’à obéir ! coupa sèchement le capitaine.
« - J’ai aussi à obéir ma conscience, répliquai-je.
« Nous étions là tous les deux, à nous regarder dans les yeux, lui
exaspéré, moi le défiant. »
17. « It était minuit et demie. Il y avait huit heures que nous pataugions
dans l’eau, dans la boue, sous la tempête de cette nuit de décembre qui nous
avait trempés complètement.
« Transis de froid, que n’aurait-on pas donné pour se réchauffer autour
d’un bon feu, s’étendre sur un peu de paille, mais ces douces choses étaient pour
nous rêves irréalisables.
« On acheva de passer la nuit à nettoyer l’abri inondé par l’eau, à racler
la carapace de boue qui couvrait nos chaussures, nos pantalons, nos capotes. »
23. « Le lendemain 10 décembre en maints endroits de la première ligne
les soldats durent sortir des tranchées pour ne pas s’y noyer ; les Allemands
furent contraints d’en faire de même et l’on eut alors ce singulier spectacle ;
deux armées ennemies face à face sans se tirer un coup de fusil.
« La même communauté de souffrances rapproche les cœurs, fait
fondre les haines, naître la sympathie entre gens indifférents et même
adversaires. Ceux qui nient cela n’entendent rien à la psychologie humaine.
« Français et Allemands se regardèrent, virent qu’ils étaient des
hommes tous pareils. Ils se sourirent, des propos s’échangèrent, des mains se
tendirent et s’étreignirent, on se partagea le tabac, un quart de jus ou de pinard.
« Ah ! Si l’on avait parlé la même langue ! »
25. « Les poux. Un déluge. Abri qui s’effondre. Six heures dans l’eau. Enlisés. »
« Nous prîmes nos six jours de repos à Agniez-les-Duisans. De fortes
pluies journalières nous contraignant à rester dans les cantonnements, notre
principale occupation fut de nous livrer à la chasse aux poux ; nous en portions
des milliers sur nous, ils avaient élu domicile dans le moindre pli, le long des
coutures, dans les revers de nos habits, il y en avait de blancs, de noirs, de gris
avec une croix sur le dos comme des croisés, des minuscules et d’autres gros
comme des grains de blé et toute cette engeance croissait et se multiplait au
détriment de notre épiderme. »
28. Source: http://dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/paroles/quand_madelon.htm
Pour le repos, le plaisir du militaire,
Il est là-bas à deux pas de la forêt
Une maison aux murs tout couverts de lierre
Aux vrais poilu c'est le nom du cabaret
La servante est jeune et gentille,
Légère comme un papillon.
Comme son vin son œil pétille,
Nous l'appelons la Madelon
Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour,
Ce n'est que Madelon mais pour nous c'est l'amour.
Refrain
Quand Madelon vient nous servir à boire
Sous la tonnelle on frôle son jupon
Et chacun lui raconte une histoire
Une histoire à sa façon
La Madelon pour nous n'est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton
Elle rit, c'est tout le mal qu'elle sait faire
Madelon, Madelon, Madelon !
Nous avons tous au pays une payse
Qui nous attend et que l'on épousera
Mais elle est loin, bien trop loin pour qu'on lui dise
Ce qu'on fera quand la classe rentrera
En comptant les jours on soupire
Et quand le temps nous semble long
Tout ce qu'on ne peut pas lui dire
On va le dire à Madelon
On l'embrasse dans les coins. Elle dit : "Veux-tu finir..."
On s'figure que c'est l'autre, ça nous fait bien plaisir.
au Refrain
Un caporal en képi de fantaisie
S'en fut trouver Madelon un beau matin
Et, fou d'amour, lui dit qu'elle était jolie
Et qu'il venait pour lui demander sa main
La Madelon, pas bête, en somme,
Lui répondit en souriant :
"Et pourquoi prendrais-je un seul homme
Quand j'aime tout un régiment ?
Tes amis vont venir. Tu n'auras pas ma main
J'en ai bien trop besoin pour leur verser du vin."
au Refrain
30. « 1915. Secteur de Lorette. Les abris blindés d’Aix-Noulette. Visions
d’épouvante. Masssacre de la 21e compagnie. Mort du commandant
Nadaud. »
« Lorette ! Nom sinistre évoquant des lieux d’horreur et d’épouvante,
lugubres bois, chemins creux, plateaux et ravins pris et repris vingt fois et où
pendant des mois, nuit et jour, on s’égorgea, se massacra sans arrêt, faisant de ce
coin de terre un vrai charnier humain, et cela par l’obstination criminelle de
notre état-major qui savait bien qu’une décision ne pouvait sortir de cette guerre
en détail, ces attaques par petits paquets ; mais ils avaient imaginé cette guerre
d’usure croyant bêtement que les Allemands seraient à ce jeu cruel usés les
premiers. »
« « Je les grignote », dit cette vieille bedaine de (le Général Joseph)
Joffre … »
32. « Des soldats chantaient et divertissaient leurs camarades par leurs
chants ou facéties comiques mais un soir un caporal chanta des paroles de
révolte contre la triste vie de la tranchée, de plainte, d’adieu pour les êtres chers
qu’on ne reverrait peut-être plus, de colère contre les auteurs responsables de
cette guerre infâme, et les riches embusqués qui laissaient battre ceux qui
n’avaient rien à defendre.
« Au refrain, des centaines de bouches reprenaient en chœur et à la fin
des applaudissements frénétiques éclataient auxquels se mêlaient les cris de «
Paix ou Révolution ! A bas la guerre ! », etc., « Permission ! Permission ! ». »
33. http://www.youtube.com/watch?v=wGrdG85mmL0
Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.
Refrain
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés !
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes
au Refrain
C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
Monter sur l'plateau,
Car si vous voulez faire la guerre,
Payez-la de votre peau !
Source: http://dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/paroles/chanson_de_craonne.htm
Ma présentation est à propos de la Première Guerre mondial ou « La grande guerre ».
Le sujet spécial de la présentation est un « poilu » ou un fantassin de l’armée française.
Un « poilu » était équivalent à un « Tommy » d’Angleterre ou un « Doughboy » des États-Unis.
Le poilu qui est le sujet de ma présentation s’appelait Louis Barthas.
Louis Barthas est né le 14 juillet 1879 dans le département d’Aude, dans la région de Languedoc-Roussillon.
Il est né au village de Homps, mais il vivait la majorité de sa vie dans le village tout près de Peyriac-Minervois.
Quand la guerre a commencé, en août de 1914, Barthas avait 35 ans. Il était marié et père de deux garçons.
Barthas avait seulement un certificat d’études primaires, et il travaillait comme un tonnelier dans l’industrie du vin.
Il était aussi socialiste, syndicaliste, pacifiste, et anti militariste.
Aujourd’hui, personne ne connaîtrait le nom de Louis Barthas, excepté qu’il a rédigé un carnet de la grande guerre.
L’original du manuscrit est dans la forme de 19 cahiers d’écolier de 80 à 100 pages chacun, écrits à la plume et la plupart du temps à l’encre violette.
En totale, il y a 1.732 pages de manuscrit.
Les cahiers commencent le 2 août 1914 et terminent le 14 février 1919, 9 mois après la fin de la guerre.
Le carnet décrit les 4 ans et demi – ou 54 mois – dans lesquels Barthas a servi dans la guerre.
Les cahiers sont illustrés de cartes postales que Barthas a envoyées du front à sa famille.
Louis Barthas est mort le 4 mai 1952, à l’âge de 72 ans.
Ses carnets restaient inconnus jusqu’à 1978, quand ils ont été publiés par l’historien Rémy Cazals.
En 1998, les carnets ont été traduits à hollandais.
Puis, en 2014, les carnets ont été traduits à l’espagnol et à l’anglais.
Maintenant, comptant tous les éditions, plus de 100.000 exemplaires des carnets de Barthas ont été vendu.
Il y a beaucoup de mémoires écrit à propos de la grande guerre.
Les témoins étaient soldats de toute armée et de tout grade.
Mais, les mémoires de Louis Barthas sont spéciaux pour plusieurs raisons importantes.
La raison numéro 1 – Les mémoires de Barthas sont très bien rédigés, et il indique avec précision lieux et dates. Il a le talent de conteur et la capacité de réflexion.
Dans ce passage, il décrit la défense d’un cote inconnu dans la bataille célèbre de Verdun.
La raison numéro 2 – Les mémoires de Barthas sont écrits par un soldat commun, un caporal, un témoin ordinaire.
Ses cahiers réfléchissent à la vie quotidienne des soldats.
Et Barthas était un caporal de conviction sans peur de son capitaine.
Dans ce passage, Barthas refuse de faire ce que le capitaine ordonne et il perd – temporairement – son grade de caporal.
La raison numéro 3 pour laquelle les carnets de Louis Barthas sont spéciaux est que ces cahiers décrivent une partie de la grande guerre très importante – le front à l’Ouest, pendant les années 1915, 1916, et 1917.
Ces cahiers décrivent la misère, la peur, la fatigue, les maladies, les chagrins, et les deuils pendant 54 moins de la guerre des tranchées.
Dans ce passage, Barthas parle de la boue, le froid, et la pluie, trois inquiétudes des poilus.
La grande guerre à l’Ouest peut se diviser en trois périodes. Elles sont, en gros :
I. 1914,
II. 1915 à 1917, et
III. 1918.
La première période : 1914, était une guerre de mouvement initial.
Louis Barthas est arrivé en train au nord de France en novembre de 1914.
Pendant la deuxième période de la guerre, les français et les allemands ont construit et ont défendu des énormes systèmes de tranchées, barbelés, mines et pièges.
La guerre dans le front d’Ouest devenait « un guerre d’usure ».
Et Louis Barthas a participé dans presque toutes les batailles de cette période.
Barthas était dans Flandres, Artois, Picardie, La Somme, Chemin des Dames, Champagne, Argonne, et Verdun.
Dans ce passage, Barthas décrit un exemple d’une trêve non officielle et de la fraternisation avec l’ennemi.
Dans ses cahiers, Barthas a décrit comme les soldats faisaient pour le mieux afin d'avoir un semblant de vie normale.
Dans ce passage, Barthas décrit le problème des poux.
Il y avait aussi problèmes des puces, des mouches, des tiques, des vers, et des rats.
Barthas aussi a décrit comme les soldats faisaient pour manger.
Voici une boucherie en plein air.
Barthas mentionne plusieurs fois la chanson « Quand Madelon », qui était très populaire pendant la guerre.
Les paroles étaient écrites en 1914 par Louis Bousquet avec la musique de Camille Robert.
L’enregistrement que nous allons entendre est de 1919 par le chanteur Charles-Joseph Pasquier, dit « Bach », (1882-1953).
La deuxième période de la guerre dans le front à l’Ouest: 1915 à 1917, était une « guerre de position ».
Dans ce passage, Barthas décrit la « guerre d’usure », l’impasse et la création d’un charnier humain.
La troisième et finale période de la guerre sur le front à l’Ouest: 1918, était une guerre de mouvement final.
En avril, Louis Barthas, épuisé et malade, était évacué à un hôpital militaire dans le nord de France, et le 11 août 1918 il est arrivé chez lui à Peyriac-Minervois.
Avec les tanks et les renforts américains, la guerre ont été gagnée finalement pour les alliés, et l’armistice ont été signé le 11 novembre 1918.
Dans ce passage, Barthas mentionne – sans nom – « La chanson de Craonne », que était populaire pendant la guerre.
Craonne, un village près de Reims, était dévasté totalement dans le printemps de 1917 par l’artillerie française.
« La chanson de Craonne » était interdite par les autorités militaires jusqu’à 1974.
Les paroles de la chanson anonyme était écrite, entre 1914 et 1917, sur la musique de « Bonsoir m’amour » (Charles Sablon). La chanson est connue sous plusieurs autres noms : « Les sacrifiés », « Sur le plateau de Lorette », et « La chanson de Lorette ».
L’enregistrement que nous allons entendre est de 1974 par le chanteur Marc Ogeret (1932- ).
La grand guerre était désastreuse pour la France: 1, 4 million gens morts, 4, 3 million gens blessés, et des centaines de villes en ruine.
La Bibliothèque Nationale de France a une excellente « galerie virtuelle » sur « La guerre 14-18 », avec une section « Sur les pas de Louis Barthas ».
Les vins que nous buvons sont de la région de Languedoc-Roussillon, où Barthas travaillait dans l’industrie du vin.
Et le fromage que nous mangeons est similaire au fromage Pélardon des Cévennes, qui aussi est de Languedoc.
Le fromage Pélardon des Cévennes est doux et est fait du lait de chèvre.