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1. Regnabit. Revue universelle du Sacré-Coeur. 1921/10.
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2. 1" ANNÉE - N°S OCTOBRE1921
" "
La bienvenue à ï^egnabit
Je demande aux amis de Regnabit des actions de grâces au
Sacré-Coeur.
— « Mon cher Révérend Père, m'écrit un prêtre tout consacré
aux intérêts du Sacré-Coeur, l'impulsion donnée dès le début per-
met d'espérer une progression constante. On serait tenté de dire
que maintenant cela va marcher tout seul ».
— Tout seul ? Non. Mais : grâce aux dévouements qui me
sont assurés — le vôtre, ami, fut de la première heure — ; et plus
encore grâce aux bénédictions dont le Sacré-Coeur comble Regna-
bit et qui nous valent d'ardentes sympathies.
Lettre de S. G. Mgr Edouard MALDONADO CALVO,
Evêque de Tunja (Colombie)
Tunja, le 3 juillet 1921.
Monsieur l'Abbé Anizan
Paris.
MONSIEUR,
Je viens de recevoir le premier numéro de la Revue "Regnabit,,
dont le titre est tout un programme.
Elle est appelée à faire beaucoup de bien partout. Je ne puis
qu'applaudir de tout coeur à l'idée qui l'a inspirée et appeler les faveurs
du Ciel sur votre oeuvre que je me ferai Un devoir de recommander
à mon Clergé.
Volontiers je vous envoie, ainsi qu'à vos collaborateurs la béné-
diction demandée, et vous prie de croire, Monsieur, à mes sentiments
sincèrement dévoués.
t EDUARDO, bispo di Tunja.
O
3. ; — 3os — . ••-.
Lettre de Mgr S. G. Berlioz, évêque de Kakodate (Japon).
>
En nous envoyant une poésie que nos lecteurs trouveront
p. 322, et la photographie de sa cathédrale (détruite dans le
grand incendie du 14 avril 1921), Mgr Berlioz veut bien nous
écrire:
. Kakodate, le 18 juillet 1921.
LE
MONSIEUR SECRÉTAIRE ÉNÉRAL,
G
En vous remerciant de votre gracieux envoi du 1erN° du Regnabit
je suis heureux et honoré tout à la fois, de joindre mon humble témoi-
gnage à celui de Son Éminence, comme à celui de Mgr d'Autun et
de tant d'autres personnages compétents. — Oh oui ! que le Sacré-
Coeur règne a solis ortu, où II nous a placés malgré notre indignité, —
usque ad occasum! Là du moins, il est connu et adoré par l'élite de
l'humanité, et, combien n'allez-vous pas le glorifier encore par cette
Revue universelle ! Qu'il daigne vous bénir et accorder à votre si belle
initiative tout le succès qu'elle mérite !
-j- A. BERLIOZ, vêque de Kakodate
é
Lettre de S. G. Mgr l'Évêque de Corumba.
Corumba, le 19 juillet 1921.
MONSIEUR,
J'ai reçu le premier numéro de votre revue Regnabit, dont le
but est propager le règne du Sacré-Coeur, universellement.
Je vous remercie de l'hommage que vous m'avez rendu, et je la
bénis de tout coeur, en lui souhaitant toutes les prospérités.
Sa victoire sera certaine, parce que la belle cause qu'elle défend
et son splendide programme l'assurent absolument. Je trouve digne
d'une mention spéciale le supplément sacerdotal.
Très bien !
En avant sous le glorieux drapeau du Sacré-Coeur !
Agréez, Monsieur, mes dévoués sentiments.
t JOSEPH,évêque de Corumba (Brésil)
Lettre de S. G. Mgr Nicolas, Vie. Apost. des Iles Fidji.
Jussy, par Moulins-lès-Metz,Moselle,le 18 août 1921.
MON RÉVÉREND
PÈRE,
C'est de tout coeur que je vous remercie de votre bonne lettre
du 10 août, et de l'annonce que vous me faites d'un abonnement
gratuit à votre revue Regnabit.
Quand je reçus votre première lettre, je n'avais pas encore reçu
les deux premiers numéros. Je les aime infiniment.
Il y a déjà longtemps que le Vicariat de Fidji est consacré au
Sacré-Coeur. La Cathédrale et l'Église de l'ancienne capitale sont
4. sous le vocable du Sacré-Coeur ; Mgr Vidal/ dont je suis le Coadjuteur,
et moi-même, avons le Sacré-Coeur dans nos armes.
Le Sacré-Coeur est très en honneur à Fidji ; sa fête est solen-
nellement célébrée ; la communion du 1er Vendredi est à peu près
universelle dans toutes nos stations ; et nous faisons tout ce que nous
pouvons pour introduire l'Intronisation du Sacré-Coeur dans les fa-
milles. Il y a très longtemps, dès le commencement de la Mission,
on a établi l'Apostolat de la prière.
C'est vous dire que nous désirons vivement répandre cette belle
dévotion.
Je souhaite succès et prospérité à votre belle Revue Regnabit.
Veuillez agréer, Mon Révérend Père, l'expression de mes plus
religieux sentiments en N. S.
f CH. Jos. NICOLAS. . M.
S
Ev. tit. de Panopolis.
D'un ami :
J'ai reçu les numéros de Regnabit. Je suis de plus en plus cer-
tain du succès de votre Revue. Il suffit, je crois, de la lire pour l'aimer.
Le R. P. Th... en est enthousisate.
D'un artiste qui accepte avec joie d'"illustrer" Regnabit :
J'ai lu avec très grand intérêt le N° de Regnabit que vous avez
bien voulu m'adresser, et je vous en remercie vivement. Assurément
une telle publication doit réussir : non seulement parcequ'elle est
bonne et opportune, mais parceque servie avec beaucoup de talent,
elle reçoit premièrement de sa Direction un caractère propre à elle,
plus une méthode et un programme qui « la sortent » heureusement
du ton ordinaire des périodiques pieux.
D'une âme "point fanatique" et qui devient "enthousiaste" :
Monsieur l'Abbé,
Point trop ne suis fanatique des publications religieuses, les
trouvant trop « localisées » pour ainsi dire. Aussi m'étais-je res-
treinte aux Études, aux Recherches des Sciences Religieuses et à la Revue
de Philosophie de Louvain. En y joignant quelques publications sur
la si merveilleuse Liturgie, je pâturais paisiblement en bonheur très
certain. " Regnabit " vient de m'ouvrir un horizon qui me semble
réellement magique, enchanteur. Avec, je pourrai connaître ce Coeur
de Notre Seigneur sans me sentir encerclée par des doctrines et des
pratiques, que ma piètre raison répugne à s'assimiler, faute dé com-
préhension.
«Je suis bien hardie de vous écrire, Monsieur l'Abbé, mais un
cri de foi sincère est un merci qui monte vers Dieu ; avant d'expédier
le mien via-Paradis, je le fais passer par Paris, c'est stricte justice 1
«Amoureuse du vieil françois qui fut langue de mon enfance,
j'ai, en jouissances gourmandes, savouré avec délices le « mistère
de la Passion de Nostre Seigneur Jhesu Crist » ; et il reste « mondoute
ami ».
5. — 308 —
Catholic Mission, Santa Rosa, Brilish Guiana Moruca.
South-America, le 17 juillet 1921.
MON RÉVÉREND
PÈRE,
Recevez mes plus vifs remercîments pour votre charmante lettre
et le 1er Numéro du " Regnabit". La lettre arriva une semaine avant
la Revue, (nous avons un service postal par semaine) et dans l'inter-
valle je n'étais pas peu intrigué de voir le N° spécimen d'une Revue
traitant uniquement du S.-Coeur.
Elle est magnifique, mon Père, et sa lecture, intéressante et
instructive d'un bout à l'autre, m'a affamé pour les numéros à suivre.
Mais, hélas, je vis parmi les plus pauvres des pauvres ; N. S. doit se
contenter de bien peu, d'une pauvre Église, d'un pauvre Tabernacle,
et le pauvre missionnaire doit, mutatis mutandis, faire de même ;
par exemple s'il veut lire des Revues, livres ou journaux, il a à les
mendier d'abord.
Mes paroissiens sont des Aborigènes (dits Peaux-rouges) épar-
pillés le long des fleuves et « creeks » de ce vaste pays. Vous ne devez
donc pas vous attendre à des descriptions de grandes solennités célé-
brées en l'honneur du Sacré-Coeur. A défaut de propres images du
Sacré-Coeur, je n'ai pas encore été en état de procéder à l'introni-
sation du Sacré-Coeur dans les familles. Le mois passé (juin) je comp-
tais consacrer la Mission au Coeur de Jésus. Une bienfaitrice d'Irlande
nous avait envoyé une statue bien belle du S.-Coeur. Un accident
stupide a retardé la cérémonie. J'espère que bientôt elle sera possible.
Je ne sais si quelqu'autre missionnaire de cette colonie vous a
écrit promettant sa collaboration. Si personne ne l'a fait, je me ferais
un plaisir, en 1er lieu, de rédiger un petit article général sur la Guyane
Anglaise et le Sacré-Coeur,selon les lignes indiquées dans votre lettre.
Je me mets à votre service.
En conclusion je vous promets de faire chaque jour à la Sainte
Messe un mémento spécial pour votre noble entreprise et d'offrir le
St. Sacrifice une fois par mois pour le même but.
Tout à vous dans le Sacré-Coeur.
J-B. BIEZER,S. J.
— Mon Révérend Père, lés amis de Regnabit entendront, soyez-en-
përsuadé, l'appel discret que vous faites à leur charité. — Ils veulent
tout savoir du Sacré-Coeur ; ils apprendront avec bonheur l'origine,
les progrès, l'état actuel de la dévotion au Sacré-Coeuren Guyane. —
Et ils seront touchés — je l'ai bien été moi-même: vous ie savez
déjà — de ce don très pieux que vous faites à Regnabit... Une messe
par mois, quel trésor, mon Révérend Père ! Et que nous vous devons
dfe reconnaissance !
Or, quelques semaines avant la lettre du R. P. Biezer, j'en
recevais une autre, d'un de ses frères en religion, qui assure, lui,
cinq messes à Regnabit.
6. — 509 —
Je vous promets, m'écrivait ce Père Jésuite, de dire, dès que je le
pourrai, cinq messes à votre intention et à celle de la grande oeuvre
que vous avez entreprise avec une vaillance vraiment française;
à ces cinq messes j'ajouterai la récitation de plusieurs chapelets.
En m'élevant Vers Elle, je lui demanderai de vous béniret de vous
récompenser, maternellement et divinement.
N'y aurait-il pas|là une indication providentielle ?
Amis, vous savez que Regnabit ne veut être l'organe spécial
d'aucune oeuvre particulière, et cela précisément parce qu'il
veut les faire connaître toutes. Vous savez que Regnabit ne veut
être simplement ni une revue de piété, ni une Revue d'action, ni
une Revue â'êtude, bien assuré que la réalisation de son pro-
gramme favorise éminemment la science du Sacré-Coeur, la dévo-
tion au Sacré-Coeur, l'action pour le Sacré-Coeur. Vous savez que
Regnabit veut être Universel, absolument.
Ce programme est immense. Il nous faut beaucoup de grâces.
Constituons le trésor spirituel de Regnabit !
Je demande des prières.
Je demande des sacrifices.
Je demande des communions.
Je demande des messes.
Le Sacré-Coeur, qui nous a comblé de ses bénédictions nous
les donnera plus abondantes encore.
F. ANIZAN.
Secrétaire Général de Rédaction.
. 20 Septembre. — En corrigeant les épreuves de ce numéro
d'Octobre, je ne puis retenir le merci qui s'élance vers le Sacré-
Coeur et vers les amis de Regnabit.
J'ai là, dans mes cahiers, toutes prêtes pour le numéro de
Novembre où elles paraîtront, de nombreuses lettres qui m'ont
profondément ému. Avant de connaître mon appel, elles y ont
répondu par la promesse de communions, de sacrifices, de saintes
messes, de prières.
7. — 310 —
Oui, avant d'avoir appris que va se constituer le Trésor
spirituel de Regnabit, les amis de Regnabit demandent à
verser à pleines mains. y
Le Sacré-Coeur est délicatement bon !
F. A.
Boisgravéinéditde L.
Charbonneau-Lassay
8. — 311 —
/. LES IDÉES
Actes du Saint-Siège
Nouvelles Religieuses
Approbations
I. - Les Missionnaires-Zélatrices du Sacré-Coeur de Rome,
Un nouvel Institut de Religieuses, dénommées communé-
ment Les Missionnaires-Zélatrices du Sacré-Coeur (titre qui est à
lui seul une promesse et un programme) vient de recevoir de sa
Sainteté Benoit XV un décret de louange, par l'organe de la Sacrée
Congrégation des Religieux en date du 17 juillet 1921. Le siège
et la maison-mère du nouvel Institut sont à Rome même, centre
de la catholicité.
L'apostolat du Sacré-Coeur, de proche en proche, devient
universel. Aux nombreuses Congrégations déjà existantes, vouées
toutes entières à la dévotion au Sacré-Coeur, s'en adjoignent, on
le voit, de nouvelles, plus spécialement adonnées non seulement
à la pratique de ce culte béni mais à sa diffusion ardente, intime,
profonde. Dieu suscite, à cet effet, des vocations spéciales d'âmes-
japôtres, de religieuses Missionnaires-Zélatrices qui sous l'oeil
bienveillant du Souverain Pontife en personne, dans la ville
même dont il est l'évêque, et aux yeux de l'univers catholique
tout entier, pour ainsi dire, assument selon leurs moyens et dans
leurs cadres propres, un si noble et si attrayant apostolat, tout à
fait d'actualité. Le Saint-Siège, en leur octroyant ce Décret
canonique de Louange, a fait un geste significatif qui réjouit non
seulement les pieuses bénéficiaires mais toutes les âmes éprises de
l'amour du Sacré-Coeur. Par le nouvel Institut des Missionnaires-
Zélatrices du Sacré-Coeur, de Rome, le Sacré-Coeur bien certaine-
ment régnera davantage encore. Regnabit !
IL. - Les Flîs du SaGtB-Goeur
des Missions fifricaines ûe Vérons
En 1867 Mgr Daniel Comboni fondait à Vérone, ville épis-
. copale de la Vénétie, dans l'Italie septentrionale, — c'est un des
9 sièges épiscopaux suffragants du Patriarcat de Venise— un
Institut de Prêtres italiens pour l'évangélisation des Missions de
l'Afrique. Le jeune fondateur n'avait que 36 ans, puisqu'il naquit
le 15 mars 1831. La nouvelle société qui s'intitula des Missions
9. — 312 —
Africaines de Vérone, prospéra, sous la vigoureuse impulsion de
Mgr Comboni, évêque titulaire de Claudiopolis, lequel mourut à
la tâche, à peine âgé de 50 ans, le 11 octobre 1881.
En 1885, les membres de la société des Missions Africaines
de Vérone s'organisèrent en Congrégation religieuse qui prit le
nom de Congrégation des Fils du Sacré-Coeur de Jésus de Vérone.
En 1910, leurs Constitutions reçurent enfin leur approbation
définitive. Le nombre des sujets s'accrût. En 1920 il était de 150.
Les Missions que le Saint-Siège leur confia furent prospères.
L'Annuaire Pontifical de Mgr Battandier pour 1920 signale deux
membres de la Congrégation, revêtus du caractère épiscopal, et
remplissant les fonctions de Vicaires apostoliques en Afrique,
L'un, Mgr François-Xavier Geyer (né à Regën, diocèse de Passau,
le 3 décembre 1859) est vicaire apostolique de Karthoum au
Soudan et évêque titulaire de Trocmade ; il fut élu. en août 1903
et publié le 9 novembre suivant. L'autre, Mgr Antonio Stoppani
(né à Lecco, diocèse de Milan, le 6 janvier 1873) est vicaire apos-
tolique de Bahr-el-Gazal et évêque titulaire de Stratonice ; il fut
élu le 13 juin 1917 et publié le 10 mars 1919.
Le Supérieur Général est le R. P. Paolo Meroni, élu en 1919.
Il réside à Vérone. La Procure générale à Rome est via Modelli, 73,
à l'église des saints Vincent et Anastase. Le titulaire en est le
R. P. Giovanni Bendinelli.
Le 20 décembre 1920,1a Sacrée Congrégation de la Propa-
gande ayant procédé, en vertu des nouvelles dispositions du
Droit Canon concernant les Congrégations religieuses, à un nouvel
examen et à certaines modifications opportunes des Constitutions
déjà approuvées, les a confirmées par une deuxième approbation
canonique que le Saint Père a ratifiée le 21 décembre de la même
année. Le décret en.forme en a été rendu le jour de l'Epiphanie,
. fête de la Conversion des Gentils, le 6 janvier 1921 dernier. C'est
ce décret, — qui vient de paraître dans les Acta Apostolicae Sedis,
— qui est l'occasion des quelques notes que nous consacrons ici
à ces vaillants Fils du Sacré-Coeur de Jésus, des Missions Afri-
caines de Vérone.
E. H.
10. — 313 —
Essais d'Hymnographîe
(Suite)
Les Hymnes romaines au Sacré-Coeur
Parmi les Églises d'Orient unies au Siège de Rome, elles ne
sont pas nombreuses celles qui, à l'exemple des Ruthènes,(l) ont
adopté un office propre du Sacré-Coeur. Généralement ces offices
sont de simples transpositions d'anciennes prières à la Sainte
Croix ou d'offices votifs plus modernes « au doux Jésus ». (2) Mais
nous trouverions dans ces acclamations lyriques peu d'aperçus
nouveaux, vraiment spécifiques de notre dévotion occidentale.
Il faut donc revenir en Occident, pour y montrer la floraison
un peu touffue des hymnes dédiées au Coeur de Jésus dans les
derniers siècles. Ici, en effet, la poésie liturgique, écho de la pensée
chrétienne, est loin d'être fixée irrévocablement. « Dans notre
Église latine, disait le cardinal Pitra, (3) où la tradition orale
n'a subi aucune interruption, où la chaire des docteurs n'a jamais
eu de silence, où l'enseignement et la pratique de la foi ont tra-
versé dix-huit siècles, avec la succession continue de la hiérarchie,
du ministère pastoral, des écoles et des ordres religieux», on.
devra s'attendre à trouver des variantes considérables et des
progrès rapides dans la manière d'exprimer des sujets aussi neufs
et aussi vitaux que le Coeur de Jésus.
*
* *
Mais, avant d'interroger les docteurs particuliers, qui expri-
ment souvent leur pensée particulière, sinon particulariste, il sera
bon d'écouter l'Église, notre mère, et de demander à celle qui a
le secret de la prière, la manière de prier et de célébrer le Coeur
de son Divin Époux.
Nous verrons comme elle fait leur part à tous les éléments de
la dévotion, tout en insistant sur son objet spirituel et son fonde-
ment doctrinal scripturaire.
La Congrégation des Rites n'a approuvé, en somme, que
deux offices propres du Sacré-Coeur : le premier en 1765, à l'occa-
sion du Décret qui concédait la fête à la Pologne ; le second en
1778, qui fut adopté par le Portugal et une douzaine de diocèses
de France et d'Italie. Or, ce fut le premier de ces offices qui fut
prescrit par Pie IX, en 1856 quand il étendit la fête à tout l'uni-
vers catholique. C'est donc bien l'expression exacte de la pensée
de l'Église catholique. Les hymnes, comme le reste de l'office,
(1) Regnabit, . 1S et 82.
p
(2) C'estce quepensentfaire,prochainement évêquesde l'Églisemelchite
les
du Liban,qui ont îa liturgie des Grecs-Unis.
(3) D. PITRA. Hymnographie églisesgrecques, . 1.
des p
11. — 314 —
furent composés en trois mois, dans la période qui va du 6
février au 11 mai 1765.
Comme les pieux lecteurs de Regnabit connaissent fort bien
ces belles prières, pour les avoir souvent méditées aux pieds du
T. S. Sacrement, nous nous bornerons à analyser les plus belles
strophes de l'hymne des premières Vêpres, en les accompagnant
d'une traduction française (1).
Auctor béate saeculi Bienheureux Créateur du monde,
Christe Redemptor omnium, ô Christ Rédempteur de tous;
Lumen Patris de lumine, lumière issue de la lumière du Père,
Peusque verusdeDeo. vrai Dieu engendré du vrai Dieu.
Amor coegit te tuus Votre amour vous contraignit
Mortale corpus sumere, de prendre un corps mortel,
Ut novus Adam redderes pour nous rendre, nouvel Adam,
Quod vêtus Me dbstuberat ies dons que l'ancien nous avait enlevés.
Ces deux premières strophes nous transportent en plein ciel,
au sein de Dieu, pour y adorer le bonheur infini du Christ-Dieu
et son amour en travail de la Création et de la Rédemption. Joie
et amour : ce sont précisément les deux grandes affections du
coeur de Dieu, pour employer l'expression si chère au Père Eudes,
ce sont ces deux seuls sentiments que saint Thomas juge compa-
tibles avec sa souveraine perfection. Il ne craint même pas de
les appeler les « passions » de Dieu, en nous avertissant qu'il ne
peut.s'agir de mouvements de la.sensibilité, ayant leur retentis-
sement dans un organisme corporel, mais bien de mouvements
impétueux d'un pur esprit cherchant son objet et s'y reposant (2).
« La joie en Dieu, nous dit-il, est une quiétude de sa volonté dans
ses propres perfections et dans sa propre activité ». C'est ainsi
que les Pères grecs, et certains mystiques modernes, comme
Marie Lataste (3) et Jeanne de Matel, expliquent les relations
entre Personnes Divines : « Le Père se hâte, si l'on ose parler un
langage humain, de communiquer son essence au Fils ; le Père et
le Fils se hâtent, pour continuer nos balbutiements, se hâtent
avec toute l'impétuosité de leur volupté divine, de respirer leur
amour, de respirer le Saint-Esprit ; ils se hâtent de se reposer en
Lui comme dans le terme de leur action et le point immense où
s'arrondit le cercle de la divine immensité. Mouvement sacré qui
tend au repos et qui se fait dans le repos ! Repos ineffable qui
est dans le mouvement 1 Si j'appelle mouvement l'opération
divine, ce. n'est pas qu'elle apporte avec elle un changement ;
mais c'est qu'elle se fait, d'après notre manière de concevoir et
(1) Nous l'empruntons, avec quelques modifications, à l'Année liturgique
(Temps après la Pentecôte, t. 1, p. 517), en faisant remarquer que ces pages ont
été écrites, non par Dom Guéranger,à qui on les attribue souvent, mais par son
discipleDom Fromage, moinede Solesmes,qui tout au plus trouva quelques notes-
de Dom Guéranger, qu'il dut d'ailleurs renoncer bien vite à utiliser.
(2) S. Thomas, Contra Gentes,ch. 90 et 91. —
(3) OEuvres,t. I, p. 112.
12. — 315 —
de parler, avec impétuosité et précipitation ». (1) Ainsi saint
Thomas lui-même distingue-t-il en Dieu la félicité et l'amour
essentiel à la nature divine et un amour notiohnel principe des
relations personnelles. (2) -•
Les amis du Sacré-Coeur me pardonneront cette longue
citation au sujet de cet amour divin qu'on a appelé le « Coeur de
Dieu », bien que notre hymne ne lui donne pas ce nom ; car c'est,
à cette fournaise que s'est allumé le Coeur de notre bon Jésus. En
effet, la joie intime de Dieu le poussait à rester en lui-même ;
mais, pour avoir à se réjouir hors de lui en se faisant aimer, l'amour
« naturellement extatique », dit saint Denys, l'a porté à répandre
ses biens sur des créatures. C'est à ce drame de l'amour divin que
notre hymne nous fait assister.
*
* *
Jlle amor almus artijex Cet amour puissant qui créa
Terrae mariques et siderum, la terre, la mer, et les cieux
Errata patrum miserons, ému de compassionpour
la faute de nos premiersparents,
Et nosira rumpens vincula. se dévoua pour briser nos chaînes.
Il y a donc bien continuité entre l'amour créateur et l'amour
rédempteur : le Christ qui avait créé le monde et l'avait destiné'
à jouir des biens de Dieu, ne pouvait consentir à voirvson plan
d'amour traversé et ruiné. Sans doute, avant l'Incarnation, on
ne peut dire qu'il y ait eu en Lui ni tristesse ni pitié, de même que
nous, nous avons pitié d'un malheureux, et que nous le secourons ;
mais puisque, par pure bienveillance, Dieu vient aussi à notre
secours, ne peut-on pas dire que, Lui aussi, il a pitié ? (3) Et
cette pitié du Christ-Dieu date du premier péché ; elle s'est per-
pétuée tout au cours de l'histoire de l'ancien monde, égarée dans
ses sentiers de perdition ; finalement elle a mis en branle son
amour et sa puissance pour ramener à Lui ses enfants égarés.
Car « l'amour, dit Saint Thomas, est le principe de tous les sen-
timents généreux et de tous les dévouements ; mais, si désinté-
ressé qu'il soit dans son origine, il veut se consommer en s'unis-
sant aux êtres qu'il aime, brisant, s'il le faut, les liens qui les
retiennent ». Et nostra rumpens vincula.
La.Sainte Église ne craint pas de dire que « l'amour a con-
traint le Christ à prendre un corps mortel », et saint Thomas
explique que « si Dieu avait relevé l'homme par un seul acte de
sa volonté, l'ordre de la justice n'eut pas été gardé, qui exige
une satisfaction pour le péché », (4) mais qu'en nous donnant
son Fils, « en même temps qu'il garde les règles de la justice, il
fait envers nous un acte de sublime miséricorde ». (5)
DE
(1) JEANNE MATEL, trad. E. HELLO, XI, p. 81.
eh.
(2) S. THOMAS, Summàtheol. I. 9 ; LE DORÉ, es Saints Coeurs, . 126, 128..
L p
(3) S. THOMAS, Contra Gentes, ch. 91 circa jinem.
(4) S. THOMAS, Compendium thcologiae, ch. 207.
(5) S. THOMAS, Summa theolog.,IH q, 9. XLVI, a. 1 ad 2m.
13. — 316 —
Mais du jour où le Seigneur a pris notre nature, son amour
se présente à nous sous un jour nouveau : cet élan de bonté, qui
jusque là planait au-dessus du sensible, a désormais son écho
affaibli mais fidèle et continu, dans un coeur de chair, qui enre-
gistre à sa façon, « secundum constrictionem vel dilatationem cordis »
les mouvements de l'amour. (1) Et cet élan si continuel de ten-
dresse humaine, de dévouement ressenti pour ses frères, était un
motif nouveau pour l'Homme-Dieu de se souvenir de sa miséri-
corde. On dirait d'un régulateur qui, actionné par une puissante
machine, lui rend en régularité ce qu'il en reçoit d'élan. Dans les
battements de ce Coeur sacré, nous avons donc le meilleur gage
des bontés de Dieu. Aussi demandons-nous qu'il continue de
battre :'''
Non Corde discedat tuo Qu'elle demeure donc en votre Coeur
Vis illa amoris inclyti : cette puissance d'un si noble amour ;
Hoc fonte gentes hauriani qu'il soit toujours la fontaine où les âmes
Remissionis gratiam. aillent puiser la grâce du pardon.
Mais enfin, de quel Coeur s'agit-il dans notre hymne ? On
pourrait croire que l'Église ne parle que du Coeur métaphorique
tant elle se tient dans la contemplation de l'amour divin et de ses
manifestations rédemptrices. On a souvent fait remarquer le
caractère tout spirituel de cette hymne ;« ou que même les rédac-
teurs ont agi sous la préoccupation d'échapper au reproche fré-
quemment adressé à l'Église de préconiser un Coeur charnel » (2);
on a même supposé que « les Jansénistes qui avaient jusque dans
Rome leurs dévoués partisans, suscitèrent de telles oppositions
que le Siège apostolique ne crut pas le moment venu encore de
se prononcer ouvertement sur les points débattus ». (3) Ce qui
est vrai, c'est que les Jansénistes ont cherché à minimiser le sens
de certains passages de l'office romain, qui célèbrent sans aucun
doute le coeur physique du Sauveur ; telle la cinquième strophe
de notre hymne :
Percussum ad hoc est lancea, C'est pour cela que ce Coeur
fut percé de la lance,
Passumque ad hoc est vulnera, qu'il fut traversé par une blessure,
Ut nos lavaret sordibus afin que nous fussions lavés de nos
souillures
Unda jlùente et sanguine. par l'eau et le sang qui en jaillirent.
On ne saurait parler plus clairement du Coeur qui a battu de
tendresse pour nous dans la poitrine du Sauveur. Encore est-il
qu'on a attendu pour le nommer la dernière strophe de l'hymne
et que, même alors, on ne l'invoque pas séparément ni même
(1) Contra Gentes,ch. 89, 1° et 2°.
(2) GARRIGUET, Sacré-Coeur de Jésus, p. 239.
le
(3) Année liturgique, 1.c. p. 506.
14. — 317 —
directement, mais on le considère dans l'ensemble de l'humanité
de Jésus-Christ, et sous la mouvance de sa personne sacrée.
En ce sens, nous devons dire, avec saint Thomas, que«cequi termine,
à proprement parler, notre culte, ce n'est point le coeur du Christ
pris en lui-même, mais la Personne du Verbe fait chair dansxette
partie d'elle-même qu'est son coeur. C'est pour cela que l'Eglise
ne favorise pas les images où l'on offrirait à la dévotion des fidèles
le coeur du Christ isolé et sans rapport avec les autres parties de
son humanité ». (1)
Puisqu'il en est ainsi, puisque le Souverain Pontife Pie IX a
choisi cet office de préférence à tous les autres pour l'imposer à
l'Église universelle, il constitue pour tout catholique une règle
sûre, une forme de culte exempte de tout danger. Ceci mettra
à l'aise plus d'un pieux fidèle, qui affectionne, comme sainte
Gertrude, de converser avec la personne même du bon Maître, ou
comme le bienheureux Jean Eudes, de méditer les merveilles de
l'amour du Christ. A ces âmes, il suffira, à la suite de la sainte
liturgie, de ramener de temps à autre leur pensée sur le Coeur de
Jésus, foyer de toutes ses bontés, de recueillir, par mode de rappel
et de formule dernière, leurs sentiments de reconnaissance et de
réparation à l'adresse de ce divin Coeur.
*
* *
Amour et réparation, tels sont, en effet, les deux sentiments
suggérés dans les deux autres hymnes romaines, lesquelles font
ainsi leur part à la dévotion eudiste et à la dévotion parodienne.
La plus grande partie de ces hymnes, d'ailleurs, nous présente le
coeur de Jésus sous les symboles de l'Ancien Testament : c'est
l'arche de Noé, dont l'entrée est ouverte au genre humain par le
coup de lance ; c'est aussi l'arche d'alliance qui contient, non
non plus les tables de la loi de crainte, mais la loi d'amour et de
pardon ; c'est le temple nouveau, le Saint des Saints, dont le
voile a été déchiré pour notre salut. Sous ces figures, l'Église nous
dit que tout en elle est imprégné d'amour du fait du Sacré-Coeur :
la foi, la morale, le culte, les sacrements, etc.. Le sang de ce Coeur,
ce sont les eaux salutaires dont parle Isaïe, le fleuve mystérieux
d'Ezéchiel, qui répand la fécondité sous mille formes diverses, le
fleuve enfin de l'Apocalypse où les élus ont lavé leur vêtement.
Vraiment le Sacré-Coeur résume la Loi et les prophètes. L'Église
interprète ici pour nous d'une façon authentique tous les princi-
paux passages des Saintes-Écritures où les auteurs du Moyén-âge
ont entrevu les richesses du Coeur de Jésus, qui devaient être
révélées à sa servante Marguerite-Marie. Nul recours d'ailleurs
à l'autorité de ces révélations privées.
(1) R. P. PÈGUES, . P. Regnabit, juin 1921, p. 11.
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Mais qui n'en reconnaîtrait l'écho dans la première et la
dernière strophe de l'hymne des Matines :
En Ut supérba crifninum Dans leur orgueil nos crimes
Et soeva noslrorum cohors, et dans leur cruauté, se sont réunis ;
Cor sauciavii innocens ils ont blessé ce Coeur innocent,
Merentis haud taie Dei. digne d'un tout autre sort,
le Coeur d'un Dieu.
Bien loin, en effet, de cesser de battre, maintenant qu'il nous
possède par la rédemption, le Coeur du Sauveur n'en est que plus
sensible à nos marques d'amour. « L'amour, en effet, dit saint
Thomas, qui n'est qu'un cas de l'attraction universelle, s'accroît
en raison inverse des distances. C'est quand il possède son objet
qu'il est le plus violent. Une seule chose pourrait le contrarier :
c'est l'imperfection ou le manque de retour qu'il sentirait en nous.
...Quand nous nous éloignons de lui, nous ne le privons de rien,
et à proprement parler, Dieu ne s'attriste pas ; pourtant, sachant
son amour pour nous et que le péché lui déplaît, nous disons qu'il
s'en attriste de même qu'un ami s'attriste de ce que nous faisons
le contraire de ce qu'il approuve ». (1)
Quant à Jésus lui-même, en se faisant homme avec un coeur
comme le nôtre, c'est sans métaphore qu'il a pu dire que son âme
était triste jusqu'à la mort, et les déchirements de l'agonie sont
là pour le prouver.
N'êtes-vous pas encore, ô Jésus, cet ami qui s'afflige de nos
infidélités ? Si le sommet de votre âme reste toujours baigné de
la joyeuse lumière de Dieu, votre coeur, humain comme le nôtre
et plus sensible mille fois, n'a-t-il pas ressenti douloureusement
Te contre-coup des péchés des hommes? Et maintenant que toute
douleur a disparu, cette plaie du côté ne tressaille-t-elle point
quand Jésus voit le peu de succès de ses. souffrances : tentations
qui nous assaillent, péchés que nous commettons chaque jour,
châtiment éternel réservé à ceux qui jusqu'au bout ont méprisé
l'Amour d'un Dieu ? (2) Disons donc avec l'Église :
Turpe est redire ad crimina Quelle honte de retourner au péché
Quae Cor beatum,lacèrent : qui déchire ce noble Coeur!
Sed aemuleniur cordibus Allumons plutôt dans nos coeurs
Flammas amoris indices. la flamme d'amour qui le consume.
Oui, cette flamme consume le Coeur dé Jésus; saint Thomas
ne craint pas de. dire que l'amour poussé à l'extrême donne la
mort et le P. Eudes enseigne que pour nous le Coeur de chair de
Jésus s'est brisé. (3) ,
(1) Contra Gentes,ch;*91, 4° et fin.
(2) S. THOMAS, Çomp.théol. c. 240 : « Contingit aiitém ex amore, qui facit
duos hdmines quasi, unum, ut aliquis tristitiàm patiatur non solum exiis quae
per irnaginationem vei per inferiorem fationem apprehendit ut sibi nociva, sed
etiam ex Hs quae apprehendit ut noxia aliis quos amat : unde ex hoc tristitiàm
Christus patiebatur, sécundum quod aliis;quos ex caritate amabat, periculum
imminere cognoscebatculpae vel poenae». Cf. III q. XLVI a. 7 ad 2.
(3)~ Contra Gentes, c. 89. 3°; Coeuradmirable,I. XII, c. II.
16. — 319 —
La troisième hymne du Bréviaire, dont il nous reste à parler
brièvement, ne dit pas un.mot de la réparation (1). Elle ne fait
qu'une allusion générale à l'Eucharistie, ou plutôt à la Cène et à
la Passion, « double sacrifice mystique et sanglant que lé Christ
prêtre a voulu offrir, pour manifester l'amour de son Coeur ». C'est
en effet le Sacré-Coeur signe sensible de l'amour invisible qui est
célébré dans cette dernière hymne, inspiration tout à fait conforme
à celles du Bienheureux Eudes. On pourrait, pour la résumer,
faire une application spéciale de la Préface de la Nativité: « Ut dum
visibiliter Deum cognûscimus, per hune in invisibilium amorem
rapiamur ; maintenant que le Coeur de Dieu s'est manifesté à nous
par le Coeur deTHomme-Dieu, laissons-nous entraîner par ce
divin Coeur à l'amour des bontés invisibles de Dieu ». C'est ce que
nous fait dire l'Église :
Quis non amantem redamet? Qui n'aimerait celui qui nous aime ?
Quis non redemptusdiligat, Quel racheté n'aimerait son Sauveur ?
Et Cordéin isto seligat Qui refuserait d'établir dans ce coeur,
JEterna tabernacula? sa demeure pour l'éternité ?
L'amour, en effet, est l'attribut de Dieu le plus imitable :
« Si Dieu est irrité, dit Saint Bernard, m'irriterai-je contre Lui ?
Non, mais je demanderai pardon. Au contraire, si Dieu aime, il
ne veut pas autre chose qu'être aimé », et « il faudrait avoir le
coeur trop dur, dit à son tour Saint Augustin, si, hésitant à donner,
notre amour, nous refusions de rendre amour pour amour ».
Qu'ils écoutent ! s'écrie là-dessus le pieux Contenson à l'adresse
des Jansénistes de son temps, « ceux qui poussent l'audace jus-
qu'à dire que l'amour de Dieu n'est pas nécessaire au salut, alors
que ce n'est pas pour autre chose que le Christ est venu, qu'il a
prêché, qu'il est mort, qu'il a envoyé le Saint-Esprit, sinon pour
allumer ce feu sur la terre. Oui, nous pouvons par notre amour
mériter Dieu, blesser le coeur de Dieu, appeler sur nous ses dons,
acquérir un poids immense de gloire, et nous en faisons bon
marché ! ». (2)
Telles sont ces belles hymnes que la sainte Église met sur
les lèvres de ses prêtres en la fête du Sacré-Coeur. Quoi que l'on
puisse dire du talent du versificateur qui évidemment a composé
ses strophes d'après les règles de la prosodie classique, sans avoir
le temps (dans les trois mois qui lui étaient donnés) d'apercevoir
la cacophonie que produiraient dans le chant ses nombreuses
élisions, il faut bien reconnaître que l'esprit et le coeur y trouvent
Pleine satisfaction.
(1) Imitons cette discrétion de l'Église et souvenons-nousdes graves paroles
de M. Garriguet : «Des catholiques instruits en arrivent à faire à des pratiqués
purement secondairesune place qu'elles ne méritent pas ». Le Sacré-Coeur, 10.
p
Voir Regnabit, Août p, 181.
(2) CONTENSON, Théologiamentis et cordis. t. I, p. 178 et 181.;
17. Elles sont certainement supérieures aux laborieuses compo-
sitions du cardinal Boschi, approuvées elles aussi en 1778 par la
Congrégation des Rites en faveur du Portugal, et étendues à la
République de Venise et à une dizaine de diocèses français. Cet
office avait pourtant le mérite de s'adresser plus directement au
Coeur au sens propre du mot (1).
A plus forte raison faut-il les préférer aux sèches productions
du Bréviaire parisien de 1778. Composé quelques années aupa-
ravant par des Jansénistes avérés, il fut revu par deux Sulpiciens,
Joubert et Dancourt, qui eurent le courage de faire admettre un
office du Sacré-Coeur, «solennelle réclamation, contre l'esprit
janséniste qui avait inspiré l'oeuvre de Vigier et de Mésenguy » (2).
Mais c'était à peu près leur seul mérite ; car ils ne firent que
transcrire le propre de S. Sulpice de l'année 1561 (3), c'est-à-dire
une hymne de Santeuil, employée à Laudes, pièce assez élégante
' à
laquelle on pourrait trouver une certaine saveur janséniste, et
qui ne nomme point le Sacré-Coeur :
Sic amas, ut quos amasti
Christe, nunquam aléseras,
que nos pieux auteurs paraphrasaient de la sorte :
« Votre amour, ô Jésus, est aussi constant que tendre et
généreux : vous ne pouvez vous résoudre à abandonner les hommes
que vous aimez ».
De même l'hymne des Matines : Hoc unde Patris unice se
trouve avec quelques variantes dans les Bréviaires de Toul de 1748
L'hymne des premières Vêpres est de leur composition mais n'a
pas grande valeur littéraire ou doctrinale :
Christi triumphos, dignaque numine
Statis diebus, gesta fuvet coli.
Nunc Cor Sacratum, caritatis
Perpetuae, veneremur aram.
Hûeç nempe carnis pars melior sacrae
Haec arca magni conscia foederis,
Quam Numen implet, quam trementi
Angelicum tegit agmen ala.
Et voici la traduction des auteurs : « Que chaque année, à
certains jours; on solennise chacun des mystères de la vie de Jésus,
notre Rédempteur, rien de plus convenable et de plus juste.
Aujourd'hui nos hommages et tous nos cantiques seront pour
son Coeur adorable, Autel où brûle continuellement le beau feu
de la plus pure charité. — Ce coeur est, en effet, la plus noble et
la plus précieuse partie de la chair dont le Verbe de Dieu s'est
revêtu pour nous... »
(1) NILLES. ratione festorum SS. Ç. J., p. 510 — 511. L'hymne Quicumque
De
certurnquaeritis est une adaptation d'une pièce du Bréviaire franciscainde 1757.
(2) Dom GUÉRANGER, Institutions liturgiques, II, p. 515.
(3) Nous l'avons trouvé dans un:livre à l'usage de S. Sulpicede l'année 1561
(B. Nat. B. 41986)et dans un autre de 1768à l'usage de la Sàlpétrière (B. 42058)
18. • —321;—"
Je fais grâce du resté de l'a pièce. La meilleure de toutes est
certainement l'hymne des deuxièmes Vêpres, empruntée à
l'office sulpicien de la Vie intérieure de N.-S., de 1738. Mais M.
Garriguet a expliqué suffisamment cette belle prière et il a dit
comment l'objet de cette dévotion à la Vie intérieure est le même
au fond que celui du Sacré-Coeur, à savoir : « les diverses! dispo-
sitions de l'âme du Sauveur, sa religion envers son Père, son
oubli de soi-même, son amour et son dévouement pour nous ». (1)
En fait, chacune des strophes de cette hymne considère les sen-
iments de Jésus envers chacune des Personnes de la Sainte
tTrinité et ses fonctions à notre égard ; mais sauf une brève men-
tion du coeur blessé, il faut constater avec le docte Sulpicien
auquel nous renvoyons, que la dévotion de la Vie intérieure « ne
fait aucune part au coeur de chair ; elle est exclusivement spiri-
tuelle », et sous ce rapport, elle a orienté les coeurs vers l'amour
de Jésus et préparé les voies à la dévotion du P. Eudes. Sur les
hymnes du bienheureux, il y aurait beaucoup à dire, si tout
n'avait pas été bien dit par le R. P. Le Doré et par le R. P. Lebrun.(2)
Aussi nous nous arrêterons là, pour donner à' notre savant con-
frère l'occasion de continuer à Regnabit sa précieuse collaboration.
En somme, il faut admirer la sagesse de l'Église romaine,
qui, passant tranquille entre ces divers courants de dévotion
qu'elle encourage, a su nous donner de si belles formules de prière,
si pleines de sens et si adéquates à l'objet intégral du culte du
Sacré-Coeur.
DOM P. SÉJOURNÉ, O. S. B.
-
Bois gravéinédit de L. Charbonneau Laasay.
(1) GARRIGUET, Sacré-Coeur,p. 91. A la liste qu'il donne des diocèses
Le
ayant adopté cette hymne pour le Sacré-Coeur,il faudrait ajouter, sur la foi d'U.
Chevalier, celui de Viviers dès 1737.
(2) LE DORÉ.Le Sacré-Coeurde Jésus, p. 185, 333, et suiv. — LEBRUN. Le
Bx Eudes et le culte public du Sacré-Coeur.
19. — 322 —
des Laudes
Hymne
Cor, arca legem continens
Non se.rvitutis veteris
Sed gratise, sed venise
Sed et misericordiae !
Cor, Sanctuarium novi
Intemeratum Foederis
Templum vetusto sanctius
Velumque scisso utilius
Te vulneratum caritas
Ictu patenti voluit
Amoris invisibilis
Ut veneremur vulnera
Hoc sub amoris symbolo
Passus cruenta et mystica
Utrumque sacrificium
Christus sacerdos obtulit
Quis non amantem redamet ?
Quis non redemptus diligat ?
Et corde in isto seligat
jEterna tabernacula ?
Decus Parenti et Filio
Sanctoque sit Spiritui
Quibus potestas, gîoria
Regnumque in omne sseculum !
Cette belle traduction d'une belle « Hymne romaine » nous
vient de S. G. Mgr Berlioz, évêque de Katodate, Japon. Il est
20. — 323-
de l'Office du Sacré-Coeur
Coeur sacré de Jésus, Arche gardant la loi,
Non plus la loi de crainte et de servile aloi ;
Mais celle du pardon, — Qu'en ses profonds abîmes
Tient ta miséricorde — et que la grâce, anime !
O coeur ! 0 Saint des Saints, tu nous parais vraiment
Sanctuaire béni du Nouveau Testament,
Temple vivant plus saint que celui d'Israël,
Et mieux que l'ancien voile, es-tu le seuil du Ciel !
Ce fut ta charité qui voulut que le fer
Qui blessa ton côté, montrât ton coeur ouvert,
Pour que de ton amour les invisibles flammes
Jaillissent au dehors et consument nos âmes.
C'est ce coeur palpitant, vrai symbole d'amour
Qui le fit sur la croix s'immoler au grand jour,
Et qui sans cesse encore, à l'instar du Calvaire,
Produit des Saints Autels l'ineffable mystère.
A tel amour, comment refuser notre amour ?
Sauvés par Lui, qu'il ait notre coeur en retour !
Que dans son tabernacle, et vivant de sa vie,.
Nous voguions tournés vers l'éternelle patrie !
Au Père tout-puissant, à son Fils Rédempteur,
Puissance, règne, honneur et gloire !
Et de leur Esprit-Saint, notre Consolateur,
Dans les siècles toujours qu'on chante la Mémoire.
Fête
du Sacre-Coeur, 1921. 3 Juin
Monastère des Trappistines.
En attendant l'heure de la Sainte Messe
donc vrai que le Sacré-Coeur est dignement célébré a solis ortu...
et que partout Regnabit trouve .des sympathies, dont il restera
digne.
21. — 324 —
La Théologie du Sacré-Coeur et le Protestantisme
l. - Les premiers Réformateurs. - Lutter
« Regnabit » veut scruter à fond, de tous les points de vue,
toute la question du Sacré-Coeur. De celte question immense il nous
faut donc étudier aussi tout le rayonnement.
Bientôt, des écrivains avertis nous la présenterons dans ses
rapports avec la conversion d'Israël ; dans ses rapports avec le
Paganisme lui-même.
Aujourd'hui, regardons-la dans ses rapports avec le Protes-
tantisme. Et prions le Sacré-Coeur d'éclairer, pour les rapprocher de
Lui, nos frères séparés.
Lorsque d'aventure il arrive aux écrivains protestants de
parler de notre dévotion au Sacré-Coeur, il est rare qu'ils ne
s'expriment pas sur un ton d'ironie plus ou moins méprisante. Ce
culte si cher aux vrais catholiques, ils le rangent volontiers et
d'office parmi les «superstitions» de l'Église romaine. S'illeur
vient à l'esprit que cette dévotion s'est propagée principalement
à la fin du XVIIe siècle, au temps le plus chaud de la lutte entre
le Jansénisme et la Compagnie de Jésus, ils ne manqueront pas
de redire ,avec Harnack, que « pour satisfaire les besoins indes-
tructibles d'intimité, de contemplation et d'indépendance chez
les chrétiens, le catholicisme des Jésuites leur a offert des moyens
sensibles de toutes sortes : des jouets et des miracles, ainsi que
des. confréries, des exercices et des prières — et il les a ainsi
maintenus attachés à la corde de l'Église ». (1)
Pour beaucoup d'entre eux, la dévotion au Sacré-Coeur est
une invention de Marguerite-Marie Alacoquè, «que l'Église
catholique appelle aujourd'hui sainte Marguerite-Marie ». A partir
de 1672, dit YEncyclopédie des sciences religieuses, — recueil
protestant, comme on sait, — « les hallucinations auxquelles elle
était en proie devinrent de plus en plus fréquentes ; elle avait
des entretiens presque continuels avec Jésus ; elle le voyait, le
touchait, portait sa croix et sa couronne d'épines, éprouvait les
souffrances de sa passion. Ce fut en 1675 qu'elle s'imagina (2)
entendre le Seigneur lui demandant que lé premier Vendredi
. après l'octave du Saint Sacrement fût consacré à une fête parti-
culière en l'honneur de son coeur. La première fête du Sacré-Coeur
eut lieu dix ans après, en 1685, au couvent de Paray ».
Je ne m'arrêterai point à relever ni à discuter les erreurs
innombrables qui circulent chez nos « frères séparés » au sujet de
l'origine, de la nature, des fondements théologiques de la dévo-
(1) Harnack, Précis de l'Histoire des dogmes,trad. Choisy,p. 415.
(2) C'est moi qui souligne.
22. V
— 325 — -
tion au Sacré-Coeur. Les pages qui suivent ont simplement pour
but de leur montrer que s'il est un point de doctrine où ils pour-
raient et devraient sympathiser avec nous, c'est bien dans cette
théologie de l'Amour infini, dont le Coeur de Jésus est le résumé
et l'emblème adorable. Ce qui les sépare de nous c'est le grave
problème de la soumission de l'esprit. Quel beau-rêvé de penser
que toutes les âmes sincères, en dépit des préjugés qui retiennent,
quelques unes d'entre elles dans les liens de l'hérésie et du schisme,
pourraient se rapprocher, se sentir soeurs, se réconcilier, dans la-
foi pleinement conservée ou pleinement reconquise, auprès du
Coeur Sacré où palpita l'Amour, l'Amour ineffable de Dieu pour
ses enfants de la Terre. Parcourons donc rapidement l'histoire de
la Christologie protestante. Nous y trouverons presque à chaque
page le désir inquiet et malheureusement peu ordonné d'aller tout
droit à ce qui vit dans la religion, c'est à dire de substituer la théo-
logie du coeur à celle de l'esprit.
L'un des caractères incontestables de la révolution théolo-
gique opérée par Luther, c'est d'avoir été une réaction violente
contre l'excès des spéculations dans la scolastique décadente du
XVe siècle. Une lassitude générale se manifestait, à cet égard,
au sein de l'Église. Déjà l'Imitation de Jésus-Christ avait dit :
« A quoi te servent les profondes disputes sur la Sainte-Trinité,
si tu manques d'humilité et par là déplais à la Trinité ?.. Quand -
tu saurais extérieurement toute la Bible, et les propos de tous
les philosophes, à quoi te servirait tout cela, sans la charité envers
Dieu et la grâce ?»
Au fond de son cloître, à Erfurt, puis à Wittemberg, le jeune
Luther s'était senti porté vers les problèmes pratiques de l'âme.
Le dédain de la spéculation oiseuse provenait chez lui des expé-
riences précoces d'une âme ardente, d'un tempérament excessif,
d'un coeur tourmenté. Poursuivi de tentations, de désirs, de
besoins vagues et puissants, il s'était battu désespérément avec
le péché, pour arriver à se tenir debout devant Dieu, à se sentir
justifié et tranquille. Mais c'était là une entreprise impossible.
Sa foi catholique avait sombré dans cette recherche obstinée
d'une certitude que rien ne pourra jamais lui fournir. Tous les
dogmes traditionnels subissaient dans son coeur la pression
d'exigences purement subjectives. Au lieu de plier son âme à la
règle commune de là foi et de la morale chrétiennes, il interprétait
la parole de Dieu d'après ses vues et ses tendances personnelles
et s'insurgeait contre l'enseignement de l'Église. C'est lui qui
inventa de toutes pièces l'opposition entre l'Évangile et l'Église,
qui est demeurée l'objection essentielle du protestantisme contre
nous.
23. — 326 —
Dans une théologie de cette nature, il était inévitable que le
sentiment prît le dessus. Luther n'est jamais plus heureux que
quand il jette un défi à la logique humaine. Il raille la scolastique,
l'accable de sarcasmes, la poursuit de ses injures, parce qu'elle
raisonne et qu'il ne veut point de raisonnement dans la foi.
« Luther, dit Harnak, n'était pas un esprit systématique, mais
il se comportait dans l'Eglise comme un enfant qui à la maison fait
selon ses caprices... » (1). On ne saurait mieux définir l'attitude
doctrinale du Réformateur. Il ne faut donc pas lui demander
d'être cohérent avec lui-même. Il écrivait suivant l'impression du
moment et il était le premier à rire, à plaisanter des contradic-
tions qu'on lui reprochait. En 1535, il réimprime son ouvrage
intitulé Tessaradecas consolatoria, composé en 1519 et il l'accom-
pagne de cette petite note : « Je n'ai voulu ni changer ni déve-
lopper ce livre, comme j'aurais pu le faire, car je veux y mettre
au jour un témoignage de mon évolution intime et rendre service
à ceux qui font collection de mes contradictions, pour qu'ils aient
de quoi exercer leur malice ».
Malgré cette inconsistance, on peut cependant ramener la
théologie de Luther à l'opposition fondamentale entre la Loi et
: la Promesse, la Loi qui désespère, par son aspect rude, farouche,
intransigeant, et la Promesse qui console, qui guérit, qui sauve
ceux qui y croient.
Or, la Promesse, c'est Jésus qui l'apporte. L'humanité de
Jésus, voilà ce qui nous arrache au découragement, au désespoir.
L'humanité de Jésus,voilà le visage souriant de Dieu présenté à nos
'âmes. Ne nous perdons point en subtilités spéculatives. Les mots
de trinité et à'unité sont des mots glacés, des mots mathématiques.
Mais le Jésus de l'Évangile, le Jésus qui guérit, qui aime, qui
meurt pour nous racheter, c'est lui qui nous révèle la bonté de
Dieu. Luther trouve même une expression ravissante pour expri-
mer sa pensée. Il dit quelque part que le Christ est « le miroir du
Coeur paternel ». Il est donc bien vrai qu'il y a chez lui une théo-
logie du Coeur, une théologie de l'Amour. Sans doute, en « enfant
capricieux», il prend ce qui lui plaît, il tranche, il condamne, il
approuve, il traduit et il trahit l'Écriture, il déforme la doctrine,
mais il rencontre parfois d'heureuses pensées, des sentiments
assez justes, auprès d'erreurs évidentes et de grossières trivialités.
Un luthérien, M. Gustave Pfanmuller a réuni quelques textes
intéressants du célèbre Réformateur sur la personne de Jésus (2).
En voici quelques uns :
«Les Sophistes (les théologiens scolastiques) ont décrit le
Christ, sa nature humaine et sa nature divine, ses bras et ses
jambes ; ils.ont mélangé prodigieusement ses deux natures. Mais
(1) Lococitato,p. 442.
(2) Dans «Jésus im Urteilder Jahrhunderte Leipzig,Teubner, 1908,p.216,
»,
224.
24. — 327 —
tout cela ne donne qu'une connaissance sophistique du Seigneur-
Christ. Car le Christ ne s'appelle pas Christ parce qu'il a deux
natures. Que m'importe cela ? Mais il porte ce nom royal et
consolateur à cause de la fonction et de l'oeuvre qu'il a assumée.
C'est cela qui lui donne son nom. Qu'il soit Dieu et homme par
nature, cela est pour lui. Mais qu'il ait assumé cette fonction et
déployé son amour, qu'il soit devenu mon Sauveur et Rédempteur,
c'est cela qui est pour moi bienfait et consolation ; il vaut à mes
yeux parce qu'il veut délivrer son peuple des péchés ». (édition
d'Erlangen, tome 35, p. 207)
Ainsi s'accuse, dès le principe, le caractère subjectif, indivi-
duel de la religion protestante. Luther ne recule pas devant l'égo-
ïsme spirituel le plus naïvement exprimé. Il ne demande pas au
Christ, ce qu'il est en lui-même et pour lui-même, encore qu'il
croie fermement à sa divinité et à son humanité dans l'unité de
personne, mais il considère ce qu'est le Christ pour Luther, ce
qu'il apporte à Luther, ce qu'il lui promet et lui donne, tout le
reste est indifférent.
Nous n'avons pas besoin de souligner la distance énorme
qui sépare cette théologie de l'Amour, de notre théologie du Sacré-
Coeur. Cette dernière nous arrache à nos petits points de vue
personnels, nous fait considérer la splendeur de l'amour divin en
lui-même, nous pousse à rendre à Jésus amour pour amour et à
réparer, de notre mieux, les injures ou les ingratitudes dont il
est la victime, de la part des hommes. D'autre part, notre théo-
logie du Sacré-Coeur, loin de contredire à l'ensemble de la théo-
. logie spéculative, s'y rattache de la manière la plus intime et la
plus heureuse. Elle en est le complément nécessaire et le fruit le
plus savoureux. Sans expliquer le comment des réalités théolo-
giques, elle en donne le dernier pourquoi. Quand on se demande
en effet pourquoi ces réalités : pourquoi l'Église, pourquoi l'Eucha-
ristie, pourquoi la Rédemption, pourquoi l'Incarnation, pourquoi
la Création elle-même, il faut bien en venir à la sublime définition
de saint Jean : Deus caritas est, ou bien au texte émouvant du
même évangéliste : Sic enim Deus dilexit mundum ut filium suum
unigenitum dafet, prolongé dans la mystérieuse parole : Jésus,
cum dilexisset suos, in finem dilexit eos (1). C'est une des grandes
fautes et des grandes erreurs de Luther d'avoir voulu non seule-
ment séparer la théologie mystique de la théologie spéculative,
mais d'avoir prétendu même opposer radicalement l'une à l'autre.
Voici une seconde citation qui précisera son point de vue :
« LesDoctores Sententiarum sont bien éloignés dé l'unique manière
de connaître Dieu, de même que ceux qui se sont jetés dans d'infi-
nies spéculations sur la divinité et ont laissé de côté l'humanité
du Christ. Aucune âme en effet ne peut se tenir debout en face
(1) Joan., III, 16 ; XIII, 1 ; et I Joan., IV, 9, 10,-16.
25. . . <— —
328
dé la grandeur de sa puissance, de sa majesté, de sa sagesse. Moi
aussi, après beaucoup d'autres, je me suis misérablement marty-
risé avec des spéculations de cette espèce, et je suis tombé dans
le plus grand péril. C'est pourquoi je répète ceci et veux le rappeler
avec soin : Quiconque veut penser salutairement à Dieu ou spéculer
sur lui, qu'il laisse tout de côté hormis l'humanité du Christ. Qu'il
la place devant ses yeux, qu'il la voie nous allaitant de sa poitrine,
souffrant pour nous, jusqu'à ce qu'il sente la douceur de sa bonté.
Mais qu'il n'en reste pas là, et qu'il se dise : « Vois, ceci et cela,
Jésus ne l'a pas fait d'après sa volonté, mais d'après la volonté
de son père ». Alors la volonté du Père, en tant qu'elle se manifeste
par l'humanité du Christ, commencera à te plaire comme infiniment
aimable. A travers cette volonté, Dieu le Père peut être embrassé,
avec consolation et sécurité. Mais si l'on abandonne cette voie,
il n'y a plus qu'à choir dans l'abîme éternel. Car il ne veut pas
que l'on vienne à lui, pour le connaître et l'aimer par une autre
voie que celle-là » (1).
On pourrait multiplier ces citations. Un tel langage, familier
à Luther, ne semble-t-il pas, par instants, atteindre les touchantes
intuitions du culte du Sacré-Coeur. Oui, c'est dans le coeur de
Jésus, transpercé par amour pour nous, qu'il faut chercher le
remède à nos craintes, à nos tentations, aux objections qui nous
viennent des épreuves d'ici-bas. C'est là que nous apparaît l'amour
infini de Dieu le Père, du Verbe, du Saint-Esprit, pour les pauvres
créatures que nous sommes.
« Qui veut connaître Dieu, dirons-nous avec Luther, et qui
veut spéculer sans péril sur Dieu, qu'il contemple la Crèche, qu'il
s'incline et apprenne à connaître d'abord le Fils de la Vierge Marie,
né à Bethléem, reposant sur le sein de sa mère, allaité par elle ou
encore suspendu à la Croix. C'est là qu'il apprendra ce que Dieu
est. Un tel spectacle n'a rien de terrifiant, mais c'est tout ce qu'il
y a de plus aimable et de plus consolant. Gardez-vous donc de
ces pensées de haut vol, qui vous porteraient à grimper au ciel
sans cette échelle, je veux dire : le Seigneur Christ dans son huma-
nité... Restez en lui et ne laissez pas votre esprit s'en écarter,
c'est ainsi que vous connaîtrez Dieu comme il est » (édit. d'Erlan-
gen, tome 57, p. 208).
On a remarqué, dans ces diverses citations, l'insistance de
Luther à chercher dans la religion chrétienne, avant tout, une
consolation pour l'âme troublée. :
Nous trouverons le même désir et la même tendance chez
Mélanchthon, son plus cher disciple, et chez Calvin, son plus
brillant épigone.
(à suivre)
L. CRISTIANÎ.
(r) Cité par Pfanmùller,op. cit. p.222.
26. - — 329—
Le Père de la Colombière
. I. - LE DIRECTEUR. - L'APOTRE
Les fêtes religieuses qui viennent d'avoir lieu à Paray-le-
Monial, en l'honneur de Sainte Marguerite-Marie,, .ramènent
l'attention sur la grande figure du religieux qui eut un rôle provi-
dentiel dans rétablissement de la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus,
le Père de la Colombière. II est bon de rappeler ces précieux
souvenirs.
Le célèbre Jésuite qui compte parmi les grands réformateurs
de la chaire au XVIIe siècle, avant Bossuet et Bourdaloue, naquit
le 2 février 1641 à Saint-Symphorien d'Ozon (Isère) d'une famille
considérable.
Il avait dix-huit ans lorsqu'il se présenta au Noviciat de la
Compagnie de Jésus. Son père qui avait manifesté un grand
déplaisir à le voir entrer dans l'Institut, finit par céder à ses
instances. Il lui dit en le quittant : « J'espère, mon fils, que vous
vous conduirez toujours de manière à faire honneur au nom que
vous portez. — Oui, mon père, répondit Claude de la Colombière,
je vous le promets, et puisque l'honneur d'un religieux consiste
à être Saint, je tâcherai de le devenir ». Il tint parole.
Tout jeune, il professa la Rhétorique au collège de Lyon.
Quand il eut achevé le cours des études complètes et des épreuves
de la Compagnie, il fut appelé à l'âge de trente-trois ans à la
résidence de Paray-le-Monial. C'est là, dans cette obscure petite
ville, que la Providence lui destinait une mission qui devait le
rendre aussi célèbre dans les annales de l'Église que précieux
à la piété catholique.
Paray-le-Monial est une jolie petite ville, assise au bord de
la Bourbince, dans le département de Saône-et-Loire, au milieu
d'une gracieuse et fertile vallée, surnommée autrefois la vallée
d'or, en raison de ses avantages et de sa fécondité. Il y avait eu
autrefois un prieuré de Bénédictins, fondé en 973, dont la belle
église gothique subsiste encore, et de là était venu à la ville le .
surnom de Monial qu'elle a porté depuis. En 1617, à la suite d'une
retraite donnée à la ville par des religieux de la Compagnie de
Jésus, les bons habitants du lieu avaient obtenu l'établissement
d'un Couvent de filles de la Visitation, Ce Couvent allait toujours
en prospérant, lorsqu'un jour du printemps de 1671, une jeune
fille de vingt-trois ans, partie de Verosvre, venait frapper à la
porte du Monastère et, en y entrant, apportait la bénédiction, la
gloire, et la sainteté. En mettant le. pied sur le seuil du monastère,
elle éprouve un terrible assaut et comme un frémissement de
tout son être : « il me semblait, dit-elle, que mon esprit allait se
séparer de mon corps ». Méprisant ces vaines terreurs, elle entre
27. — 330 —
et, sur le champ, elle sentit son âme apaisée et inondée d'une
douceur céleste. Elle s'en allait répétant avec le prophète : « Le
Seigneur a rompu le roc de ma captivité : il m'a revêtue du man-
teau de Joie. C'est ici où il me veut, et le lieu de mon repos pour
l'Éternité ». Le 25 Août 1671, Marguerite-Marie prenait l'habit
et commençait le temps de son noviciat.
Nous ne pouvons que parler incidemment de cette vie exquise
dont l'étude et des plus attachantes, et nous n'avons pas à suivre
le vol de cette âme que l'amour de Dieu a blessée ; mais comme
la vie de Marguerite-Marie est inséparable de celle du Père de la
Colombière, nous lui devons quelques instants d'attention. Mar-
guerite, après un noviciat exemplaire, fit profession le 6 novembre
1672. A partir de ce moment, Notre Seigneur honora sa jeune et
sainte épouse de communications exceptionnelles, il la destinait
à être l'apôtre de son Divin Coeur et lui en fit connaître toutes
les beautés, toutes les profondeurs, toutes les amabilités infinies.
De là, ces manifestations extraordinaires dont elle allait être
privilégiée. Ces mystères de l'amour divin échappent sans doute
au contrôle de notre infirme et pauvre raison, mais ils entraînent
l'assentiment, quand ils sont revêtus de l'approbation de l'Église.
Voici donc comment Marguerite-Marie raconte la manifestation
Divine qui enchaîna pour jamais son affection, sa vie entière :
« Etant un jour devant le Saint Sacrement, je me trouvai investie
de cette Divine présence, mais si fortement que je m'oubliais de
moi-même et du lieu où j'étais, et je m'abandonnais à ce divin
Esprit, livrant mon coeur à*la force de son amour. Le Sauveur me
fit reposer longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit
les merveilles de son amour et les secrets impénétrables de son
Sacré-Coeur qu'il m'avait toujours tenus cachés jusqu'alors. Il
me l'ouvrit pour la première fois, mais d'une manière si effective
et si sensible, qu'il ne me laissa aucun lieu d'en douter, par les
effets que cette grâce produisit en moi, qui crains pourtant de
me tromper en tout ce que je dis. « Mon divin Coeur, dit le Sauveur,
est si passionné d'amour pour les hommes que ne pouvant plus
contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut
qu'il les répande par ton moyen, et qu'il se manifeste à eux pour
les enrichir de ces précieux trésors que je te découvre et qui
contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires, nécessaires
pour les retirer de l'abîme de perdition. Je t'ai choisie comme un
abîme d'indignité et d'ignorance pour l'accomplissement de ce
grand dessein, afin que tout soit fait.par moi ».
Depuis ce moment, les révélations et les faveurs mystérieuses
furent comme multipliées à l'humble fille de Paray-le-Monial.
Cependant la Supérieure du monastère qui voyait l'état extra-
ordinaire de Marguerite la força de tout raconter, n'approuva pas
et ne comprit même pas ces révélations, qu'elle traita de rêveries
et de pures imaginations. Elle voulut qu'elle consultât plusieurs
28. — 331 —
directeurs lesquels furent unanimes à la désapprouver. Ils con-
damnèrent le grand attrait qu'elle avait pour l'oraison, la
•traitèrent de visionnaire et lui défendirent de s'arrêter à ses
inspirations. . .".
On peut juger du supplice de cette sainte jeune fille, qui
avait assez de discernement pour voir qu'on se trompait à son
égard et qui avait trop de vertu pour ne pas obéir. « Je fis, dit-
elle, tous mes efforts pour résister à ces attraits, croyant assu-
rément que j'étais dans l'erreur. Mais n'en pouvant venir à bout,
je ne doutais plus que je fusse abandonnée, puisqu'on me disait
que ce n'était pas l'esprit de Dieu qui me gouvernait, et que
cependant il m'était impossible de résister à cet esprit ».
Marguerite-Marie, en butte à la contradiction et aux sévé-
rités de ses Supérieurs dut boire largement à la coupe de la souf-
france. Dieu la fit passer par toutes les amertumes, tous les
crucifiements, tous les délaissements qui peuvent éprouver une
pauvre âme, abandonnée de tous. Parfois elle cherchait à récréer
. sa douleur par des cantiques qu'elle composait elle-même. Elle
chantait, la pauvre enfant :
Je suis une biche harassée,
Qui cherche l'onde avec ardeur.
La main du chasseur m'a blessée
Son dard a percé jusqu'au Coeur.
Marguerite-Marie, incomprise de ses Soeurs, traitée durement
par la Supérieure, désavouée par ses directeurs, était brisée par
tant d'épreuves, quand le Sauveur lui annonça qu'il lui donnerait
enfin un guide et un directeur digne d'elle.
On était en 1674. Le Père de la Colombière était envoyé
comme Supérieur de la petite résidence de la Compagnie à Paray-
le-Monial. Religieux plein de zèle et de piété, dont la réputation
naissante, à cause de ses premiers sermons, n'était pas sans éclat,
on se demandait pourquoi un mérite si rare était condamné à
l'obscurité d'une petite bourgade.
Le Père Daniel, reproduisant plusieurs passages de la préface
des Sermons de l'édition de Lyon, de la retraite spirituelle elle-
même de notre religieux, et du nécrologe de la Compagnie de Jésus ;
a tracé du Père de la Colombière le portrait suivant : « Jeune
encore, doué d'un heureux génie et de beaucoup de distinction
personnelle, le Père de la Colombière avait débuté dans la chaire
avec applaudissement. Il "possédait en outre, à un degré remar-
quable, tous les dons qui charment et qui attachent dans l'usage
ordinaire de la vie : un esprit vif et naturellement fort poli, un
jugement solide, fin et pénétrant, une âme noble, les inclinations
honnêtes, de l'adresse même et de la. grâce en toutes choses. Son
langage était exquis aussi bien que ses manières, et l'on assure
même que Patru faisait si grand cas de la délicatesse de son goût,
29. ' '
-, ."_-' —332—
qu'il entretint avec lui, pendant plusieurs années, un commerce
de lettres où il lui marquait beaucoup d'estime. On sentait en lui
ce je ne sais quoi d'achevé qui dénote l'homme supérieur. L'hon-
nêteté et la douceur accompagnaient tous ses mouvements et elles
avaient quelque chose de si noble, qu'elles relevaient toutes ses
actions. On se laissait volontiers persuader qu'il avait de grands
sentiments, lors même qu'il s'acquittait des devoirs ordinaires
dans le commerce des hommes ». En un mot, disent ceux qui
l'ont connu et pratiqué : « Son silence, son entretien, son main-
tien, tout son extérieur était si peu gêné et si concerté qu'en
toute rencontre il paraissait un honnête homme et un parfait
religieux ». Naturellement il avait aimé la gloire, mais depuis
qu'il s'était convaincu du néant de tout ce qui passe, il ne se
glorifiait plus qu'en Jésus-Christ et en Jésus-Christ Crucifié ».
Il venait de prendre tout récemment une de ces graves
déterminations qui font époque dans la vie spirituelle, et renou-
vellent tout l'homme intérieur. Il s'était engagé par voeu à obser-
ver fidèlement les règles et constitutions de son institut, toutes
sans exception. Or,' parmi ces règles, outre celles qui assujet-
tissent le religieux à la vie commune, non sans beaucoup de gêne
pour la nature, il en est d'autres plus relevées qui ne vont à rien
moins qu'à séparer l'âme d'elle-même pour la vouer, sans ména-
gement et sans réserve, à la sainte folie de la Croix ; but sublime
où tous n'atteignent pas, mais que tous doivent poursuivre,
s'efforçant d'en approcher le plus possible.
« Quelles qu'elles soient d'ailleurs, d'après la déclaration
expresse du saint Fondateur, les règles de la compagnie de Jésus
n'obligent pas sous peine de péché. C'eut été trop exiger de la
fragilité humaine et demander la perfection même, une perfection
consommée, à ceux qui n'ont embrassé ce genre de vie que comme
un moyen de l'acquérir. Saint Ignace avait sagement jugé qu'on
n'impose pas à un corps entier la pratique des vertus les plus
héroïques, et que c'est assez d'y tendre avec la grâce de Dieu.
L'expérience a montré qu'il ne s'était pas trompé. Toutes ces
règles donc, les plus grandes comme les moindres, le Père de la
Colombière les avait souvent lues et méditées et il s'appliquait,
depuis quinze ans, à y conformer sa vie, lorsque, pendant la
grande retraite de sa troisième Probation, mû par une grâce
extraordinaire et voulant, comme il le dit lui-même, « rompre
tout d'un coup toutes les chaînes de l'amour-propre», il demanda
et obtint de son directeur la permission d'en vouer à Dieu l'obser-
vation pleine et entière ; résolution des plus généreuses et, comme
parle un pieux contemporain, capable d'effrayer les plus spiri-
tuels ».
«Je voue à Dieu,avait-il dit, de souhaiter d'être outragé,
accablé de calomnies et d'injures, de passer pour un insensé».
C'est ce que Saint Ignace appelait « se revêtir de la robe et des
30. — 333 —
livrées de Jésus-Christ » : noble ambition de tous les Saints, de
toutes les grandes âmes chrétiennes. Et à l'instant même où, il
allait mettre le dernier sceau à cette résolution, le Père de la
Colombière pouvait ajouter : « il me semble que pour cela je n'ai
qu'à demander à Dieu qu'il me conserve les sentiments qu'il m'a
déjà donnés par sa miséricorde infinie ». Par où l'on voit quelles
victoires signalées il avait déjà remportées sur l'amour-propre
avant de s'engager dans cette voie de sublime perfection. II
avait voué «la plus grande abnégation de soi-même et une morti-
fication continuelle ». Il avait voué enfin « de tout faire pour la
gloire de Dieu, rien par respect humain ». Ce dernier point, disait-
il encore, me plaît fort ; il me semble qu'il m'établira dans une
grande paix intérieure ». Il ne se trompait pas, et lié si étroitement
à l'exercice de toutes les vertus les plus contraires à la nature, il
n'éprouva dans la suite ni gêne ni scrupule, tant il resta cons-
tamment fidèle à cet engagement sacré. « Ceux qui ont demeuré
avec lui et qui ont appris, depuis sa mort ce qu'il avait voué,
portent aussi témoignage, qu'ils ne l'ont jamais vu se démentir
de sa promesse dans la moindre chose ».
Par là s'explique la haute édification que l'on éprouvait
partout, rien qu'à le voir. « Pénétré de la grandeur de Dieu et du
néant des créatures, il ne pouvait cacher l'esprit qui le gouvernait. .
On était touché en le voyant et quand on l'entendait parler, on-
n'eût plus osé concevoir des pensées indignes de sa sainteté et un
désir médiocre de l'acquérir. Sa seule présence inspirait des sen-
timents relevés à l'égard de Dieu et du Salut ».
Tel était, ajoute le Père Daniel, qui vient de reproduire
diverses appréciations fondues ensemble, tel était, au témoignage
des contemporains, cet homme éminent, ce saint religieux, que
Notre Seigneur lui-même, en le désignant à la sainte, avait
appelé son serviteur. Éloge devant lequel pâlissent tous les
autres, et qui suffit, pour rendre à jamais précieuse la mémoire
du Père de la Colombière...
II
La première fois que le Père de la Colombière parut à la
Communauté, soeur Marguerite entendit intérieurement, ces
paroles : « Voilà celui que je t'envoie ».
Depuis ce moment se nouèrent entre ces deux âmes des
relations saintes et élevées qui étaient dans les desseins de Dieu
et qui ne contribuèrent pas peu à en assurer la réalisation.
Le Père dé la Colombière bien différent, dans son action sur
la bienheureuse, des Directeurs qui l'avaient précédé, comprit
les opérations extraordinaires
que la grâce accomplissait dans
cette âme d'élite, et, éclairé lui-même sans doute par une lumière
31. — 334 — ' '
surnaturelle, entra dans l'intelligence des volontés du divin
maître sur la mission de la sainte religieuse.
Cette mission, c'était de répandre dans le monde la dévotion
au Sacré-Coeur et d'instituer, le premier vendredi après l'octave
du Saint-Sacrement, une fête particulière en son honneur.
Voici comment sur l'ordre du Père de la Colombière, Mar-
guerite-Marie écrivit cette importante révélation, que l'Église
a sanctionnée.
« Etant, dit cette sainte âme, devant le Saint Sacrement, un
jour de son octave, je reçus de mon Dieu des grâces excessives
de son amour. Le Sauveur me découvrant son divin Coeur : « Voilà
ce coeur, dit-il, qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné,
jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ;
et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingra-
titudes par les mépris, irrévérences, sacrilèges et froideurs qu'ils
ont pour moi dans ce Sacrement d'amour. Mais ce qui m'est encore
plus sensible, c'est que ce sont des coeurs qui me sont consacrés
qui en usent ainsi. C'est pour cela que je demande que le premier
vendredi d'après l'octave du Saint Sacrement soit dédié à une
fête particulière pour honorer mon coeur, en communiant ce jour
là et en lui faisant réparation d'honneur par une amende hono-
rable, pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps
qu'il a été exposé sur les autels. Je te promets aussi que mon
coeur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de
son Divin Amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et qui
procureront qu'il lui soit rendu ».
L'humble fille tout effrayée de la responsabilité que cette
mission divine faisait peser sur elle, qui n'était rien dans l'Église
qu'une pauvre religieuse inconnue, se permit de répliquer :
« Donnez-moi donc le moyen de faire ce que vous me commandez».
Le Sauveur ajouta : «Adresse-toi à mon Serviteur le Père
de la Colombière Jésuite, et dis-lui de ma part de faire son possible
pour établir cette dévotion et donner ce plaisir à mon divin Coeur.
Qu'il ne se décourage pas, pour toutes les difficultés qu'il rencon-
trera,, car il n'en manquera pas ; mais il doit savoir que celui-là
est tout puissant qui se défie de lui-même, pour se confier entière-
ment en moi ».
Le Père de la Colombière, qui avait le discernement fort
juste, n'était pas homme à croire légèrement qui que ce soit ;
mais il avait des preuves trop éclatantes de ,1a vertu solide de la
personne qui lui parlait, pour craindre en ceci la moindre illusion.
C'est pourquoi il s'appliqua aussitôt au. ministère que Dieu venait
de lui confier; et pour s'en acquitter solidement et parfaitement
il voulut commencer par lui-même. H se consacra donc entièrement
au Sacré-Coeur de Jésus, et lui offrit tout ce qu'il crut en lui
capable de l'honorer et de lui plaire.
Cette consécration eut lieu le vendredi 21 juin 1675. Ce jour
32. - 335 —
suivait l'octave du Saint Sacrement.
Les grâces extraordinaires que le saint Jésuite reçut de cette
pratique le confirmèrent bientôt dans l'idée qu'il avait déjà eue
de l'importance et de la solidité de cette dévotion.
Il la communiqua d'abord autour de lui et la porta ensuite
dans ses discours où, —sans être annoncée officiellement, le
Saint-Siège n'ayant pas encore parlé — elle perce à travers les
élans de son amour et de sa foi.
Notre orateur prit souvent pour sujet la Sainte Eucharistie,
et la traitant, de prédilection, au point de vue de l'amour que
Jésus-Christ nous y témoigne, il a su rencontrer les plus nobles
et les plus pathétiques accents.
Prenons par exemple le premier de ces sermons, prononcé
à l'occasion de la Fête Dieu.
Le texte annonce l'idée mère du discours. Cum dilexisset
suos qui erant in mundo, in finem dilexit eos.
Il exprime d'abord cette pensée que, si au sujet du grand
mystère qu'il va célébrer, sa foi pouvait jamais être ébranlée, ce
ne serait pas par les arguments qui touchent le plus les hérétiques,
comme le changement des substances, la multiplication et la
réduction du corps du Sauveur, parce que après tout le pouvoir
de Dieu est infini, mais ce qui la rendrait chancelante, ce serait ..
plutôt l'amour extrême qu'il nous y témoigne.
Comment ce qui est pain devient-il chair, sans cesser de
paraître pain ? Comment le corps d'un homme se trouve-t-il en
même temps dans plusieurs lieux ? Comment peut-il être enfermé
dans un espace presqu'indivisible ? A tout cela il donne une
réponse invincible. Dieu qui peut tout, peut opérer ces prodiges.
Mais si l'on me demande comment il se peut faire que Dieu aime
une créature aussi faible que l'homme, aussi imparfaite, aussi
peu digne de son amour, et que néanmoins son amour pour cette
faible créature aille jusqu'à une sorte de passion, de transport,
d'empressement tels qu'on n'en vit jamais entre les hommes :
J'avoue, dit-il, que je n'ai pas de réponse, et que je ne comprends
pas même cette vérité... Le Sacrement de l'autel est l'amour des
amours, selon cette parole de Saint Bernard : Sacramentum Altaris
es? amor amorum, c'est à dire l'effet du plus grand de tous les
amours. L'amour de Jésus le fait sortir hors de lui-même pour
ne plus vivre que dans nous ; son amour fait qu'il s'oublie soi-
même en quelque sorte pour ne plus vivre que pour nous.
Dans quel temps Jésus-Christ vient-il à nous par le sacrement
de l'Eucharistie ? Lorsque tous les motifs qui l'avaient porté à
se revêtir de notre chair n'existent plus — lorsqu'il a réparé tous
nos malheurs — lorsque l'ouvrage de notre rédemption est accom-
pli — que nos chaînes sont brisées — nos ennemis vaincus — les
portes de l'enfer fermées — les portes du Ciel ouvertes. Jésus est
33. ,-^,'33G-—
remonté à la droite de son Père. Pourquoi donc revient-il, tous
les jours, invisiblement sur la terre, si ce n'est parce qu'il ne peut
se séparer des hommes, et que ses délices sont d'être avec eux ?
Quel temps choisit-il encore ? Le temps où il est élevé au plus
haut de la gloire. C'est du séjour éternel qu'il pense à conserver
une demeure auprès de nous, une demeure dans nos coeurs. Comme
s'il manquait quelque chose à son bonheur tandis qu'il est éloigné
de nous; rien n'arrête, rien ne refroidit l'ardeur qu'il a de s'unir
à nous, et pour cela il affronte tous les périls. L'orateur ne met
pas au rang des périls, cette indigence, cette humilité des lieux
où il s'engage d'entrer et de reposer. Il ne dira pas que si, le plus
souvent, il attend son épouse sous des lambris dorés, dans des
temples superbes, il la va aussi chercher dans les plus viles cabanes ;
que ni la fange, ni la pauvreté ne le rebutent. Il considérera plutôt
les mépris, les insultes qu'il endure de la part de tant de mauvais
chrétiens, d'infidèles et d'hérétiques qui le méconnaissent et le
blasphèment ; comment en cherchant une âme sainte, il tombe
tous les jours entre les mains de ses ennemis, et y souffre une
seconde passion plus cruelle qu'au Calvaire. A ce moment, l'ora-
teur, par un mouvement qui lui est habituel, s'adresse au Divin
maître et trouve des accents de la plus pathétique et de la plus
saisissante vérité. « 0 mon aimable maître, que venez-vous
chercher dans cette terre maudite ? Ne savez-vous pas que vos
ennemis y régnent, qu'ils conservent contre vous tout leur venin,
qu'ils sont altérés de votre sang ? Ne vous rappelez-vous plus
les mauvais traitements que vous avez reçus parmi nous? N'y
avez-vous pas été rassasié d'opprobres ? Il est vrai que vous vous
unissez étroitement avec vos élus, mais combien de fois serez-
vous contraint d'avoir pour des rebelles, pour des réprouvés, les
complaisances qui ne sont dues qu'aux âmes saintes ? Le Coeur
d'une personne chaste et fervente est pour vous un séjour agré-
able : mais combien en trouverez-vôus de ces âmes ferventes
parmi cette foule de chrétiens qui communieront aux fêtes les
plus célèbres ? Pourrez-vous supporter la froideur, le peu de foi,
l'épouvantable corruption de ces hommes qui ne vous recevront
que par contrainte ? Pourrez-vous vous souffrir dans la bouche,
sur la langue de ce médisant, de ce blasphémateur, dans le corps
de cet impudique ? Dieu d'amour, et de pureté, vous qui nous
assurez que rien de souillé n'entrera dans votre royaume, vous
qui ne versez vos dons que dans les âmes pures et innocentes,
vous-même vous vous livrerez à toutes ces horreurs ? »
Dans le second point de son discours, le Père de la Colom-
bière achève sa démonstration 1en prouvant que le Fils de Dieu
ne pouvait nous marquer d'une manière plus sensible qu'il ne
veut vivre que pour nous dans l'Eucharistie, qu'en nous y sacri-
fiant en premier lieu sa vie, en second lieu sa gloire. Et quand il
a établi ces deux pensées, il se laisse aller aux élans de son coeur
34. — 337 —
et trouve encore d'entraînantes et de douces paroles que nous
aimons à recueillir. « Vous seul, s'écrie-t-il, ô aimable Sauveur,
étiez capable de porter l'amour jusqu'à cet excès, capable de nous
aimer jusqu'à vous consumer entièrement pour vos créatures.
Vous avez voulu être tout à nous, nous tenir lieu de tous lès biens,
être tout à la fois notre Dieu, notre roi, .notre maître, notre père,
notre trésor, notre caution, notre victoire, en un mot notre res-
source dans notre faim, dans notre soif ; et cela pour nous persu-
ader que vous aviez pour nous le zèle, l'empressement d'un véri-
table amour. O Jésus, le plus parfait, le plus tendre de tous les
amants ! O amour, divin amour ! Amour excessif ! Amour inef-
fable ! Amour incompréhensible !
Pardonnez-nous, mon admirable rédempteur, si nous hésitons
quelquefois à croire le mystère de l'Eucharistie : ce n'est point
un défaut de soumission qui nous rend indociles à cette créance ;
notre peu de foi est une suite nécessaire de votre excessive bonté ».
Disons, en passant, combien cette manière d'interrompre la
suite de ces démonstrations pour s'adresser directement, par une
invocation pathétique, à Dieu, donne de vie à la parole du prédi-
cateur.
« Que ferez-vous donc, Seigneur, s'écrie le Père de la Colom-
bière, après avoir montré les glaces et l'indifférence des chrétiens
vis-à-vis de la Sainte Communion, pour vaincre une insensibilité
si opiniâtre ? Vous vous êtes épuisé dans ce mystère d'amour,
vous êtes allé, disent les Pères, aussi loin que votre pouvoir a pu
s'étendre. Si l'action sacrée de votre corps ne peut détruire le
charme infernal qui nous séduit, il ne faut pas espérer qu'un autre
remède puisse avoir plus de vertu. Je ne vois dans un si grand
mal qu'une seule ressource : il faut, ô mon Dieu, il faut que vous.
nous donniez un autre Coeur, un coeur tendre, un coeur sensible,
un coeur qui ne soit ni de marbre ni de bronze ; il vous faut donner
un coeur tout semblable au vôtre, il vous faut donner votre Coeur
même. Venez, aimable Coeur de Jésus, venez vous placer dans mon
sein, venez y allumer un amour qui réponde, s'il est possible, aux
obligations que j'ai d'aimer mon Sauveur. Coeur adorable, aimez-
le en moi ce divin Sauveur, autant que vous vous m'avez aimé
en lui ; faites que je ne vive plus qu'en lui, que je ne vive plus
que pour lui, afin qu'éternellement je puisse vivre avec lui dans
les Cieux ».
Ces paroles qui sont passées aujourd'hui dans le langage
habituel de la chaire, paraissaient alors nouvelles dans leur forme.
Ce sera l'une des gloires du Père de la Colombière d'avoir
contribué grandement à les accréditer.
(A suivre) . G. LOTH.
35. — 338 —
LA SOCIÉTÉ
du Règne Social de Jésus-Christ
III. - COLLABORATEURS
ET VIE DE LA SOCIÉTÉ*
Une pleïade d'hommes remarquables attirés à la Société par
la franchise de ses déclarations et l'utilité du but poursuivi en
devenaient les collaborateurs et les soutiens. Presque tous ont
disparu avant Mr de Sarachaga. Pas un ne s'est éteint sans avoir
jeté un rayon dans sa sphère d'action. Ainsi le voulait le soleil
eucharistique autour duquel ils gravitaient. C'étaient, entre autres
le Cte Grimouard de Saint-Laurent, de Vendée, et Mgr Barbier
de Môntault, de Poitiers, bien connus par leurs travaux archéo-
logiques, le Père Ladislas, Capucin, qui a fourni à la société une
documentation de premier ordre sur l'iconographie eucharistique
à toutes les époques et dans les différents rites, l'abbé Garnier
qui devait plus tard fonder le Peuple français et la Ligue de
l'Evangile, Louis de Farcy, d'Angers, qui à l'heure actuelle fait
encore bénéficier nos églises, même pauvres, de son goût pour
l'ornementation antique, Léon Harmel, du Val des Bois, Jules
de Magallon, d'Aix, le Cte Léon de Maricourt, de Blois, M. de la
Morlière d'Ainval, de Périgueux, dont les oeuvres sociales avaient
toujours comme base et centre la personne royale de Jésus-Christ,
les R.R. P.P. de Lachau, Fristot et Zelle (1), S.J. dont les écrits et
les prédications jetèrent tant d'éclat sur les hommages à cette
royauté d'amour, enfin Mgr Gauthey, futur Archevêque de
Besançon. Celui-ci innovait alors sa belle carrière littéraire en
photographiant à traits superbes et inédits le musée et. la bibli-
othèque du Hiéron, les temples historiques et artistiques' du
Sacré-Coeur. Il devait la terminer en publiant sa magistrale et
* Errata du précédentarticle (Septembre), . 259.4 §. 1873au lieu de 1875.
p
— p. 262. 4. § 1898au lieu de 1888- Note 1. MT, u lieude MgrCaseaux.
a
(1) Le P. Zelledonna pendant 30 années à Paray l'exempled'un zèle inlas-
sable, surtout dans la direction. Il fut le successeurdu Père Drevon pour l'As-
sociationdé la Communionréparatrice et l'auteur apprécié de plusieurs articles
sur Paray, sur le Règne socialde J; C. et sur la société qu'il aimait et estimait.
Vice postulateur de la cause du P. de la Colombière,l avait obtenu du Hiéron
i
la permission de photographier un précieux authentique que nous possédons,
par lequel Marguerite-Marienvoque son Confesseur
i commeun Bienheureuxdu
ciel, des 1683; il le répandit dans le monde entier à'des milliersd'exemplaires.
Soldat rigoureux et intrépide il tomba pendant une mission, sur le champ de
bataille de l'apostolat, frappé en pleine chairele mercredisaint de l'année 1921,
après avoir prononcé la veilleces paroles: «Pour sauver l'âme d'un seui
d'entre, vous, je donnerai volontiersma vie >, La population entière se porta à
. ses funérailles.
Il eut l'heureuseidée d'inspirer,la créationd'une Maisonde famille, la pen-
sion de Naïareth sur l'avenue de Charolles,à prix très réduits pour faciliter les
retraites et les pèlerinagesaux prêtres et personnespeu aisées.