3. • La comédie (du mot « cômodia », qui vient
des « kômoï », processions burlesques qui
font cortège à Dionysos) est définie par
Aristote comme « imitation d’hommes sans
grande vertu ».
• Le poème emploie la majuscule, laissant
entendre que le terme recouvre
génériquement tous les autres types d’œuvres
citées ou renvoie à l’activité poétique en elle
même
4. • L’idylle, genre créé par
Théocrite, poète grec du IIIe
siècle avant J.-C.
• est un petit tableau qui
évoque un univers
merveilleux, souvent
champêtre, mettant en scène
des bergers dans un cadre
charmant,
• très en vogue au XVIIIe
siècle, encore pratiqué au
XIXe siècle.
5. • Les mystères sont, au Moyen âge, des pièces
de théâtre traitant de sujets religieux,
• le plus souvent la Passion du Christ ;
• l’espace scénographique des mystères est
compartimenté en lieux différents : on saisit le
rapport avec la multiplicité des scènes du
poème.
6. • La féerie n’est pas un
genre, sauf à faire le
rapprochement avec les «
fairy-plays »,
• pièces élisabéthaines (par
exemple, Le Songe d’une
nuit d’été de
Shakespeare) qui relèvent
de la magie.
7. • L’opéra-comique, genre très prisé de
Rimbaud (voir « Fête d’hiver »), est
une forme d’opéra, apparue au début
du XVIIIe siècle, qui parodie l’opéra
sérieux
• il utilise les dialogues parlés, et non les
récitatifs, en alternance avec les
passages chantés.
9. • « scènes compartimentées » comme dans un
mystère), « ponton de maçonnerie », « scènes
», « réduits ménagés sous les plafonds », «
amphithéâtre », « scène », « dix cloisons
dressées de la galerie aux feux ».
10. • La mise en scène est évoquée à la fois comme
une machinerie vue en action (« poursuit », «
divise », « s’abattent », « mû », « s’inclinent », «
manœuvre », « s’agite et module », « se divise
») et comme un spectacle destiné à un public
inculte (« la foule barbare », « les Béotiens »).
11. • Les alinéas sont brefs, fermés par une ponctuation
forte qui les détache
– les alinéas 2 et 3 éclaircissent l’alinéa 1
– l’alinéa 4 se limite à un complément circonstanciel.
– En revanche, les quatre autres
alinéas sont autonomes, les deux derniers s’élargissant
au spectacle dans son processus (« La féerie
manoeuvre… », « L’opéra-comique se divise… »). Le
pluriel du titre devient un singulier (« une scène », l.
20), qui unifie les fragments superposés, dans l’alinéa
final, sorte de conclusion
12. • aucune continuité dramatique dans ce poème
• s’il évoque de nombreux genres théâtraux, ce n’est
pas pour les mettre en abyme.
• Les acteurs sont des abstractions (« L’ancienne
Comédie », « La féerie », « L’opéra-comique ») ou
des éléments du décor (« Des oiseaux », « Des scènes
lyriques ») présentés comme des automates.
• Les spectateurs sont mentionnés, en mouvement
tout d’abord, participant au spectacle (alinéas 3, 4 et
5) et comme récepteurs (alinéa 7)
13. • Le présent utilisé suggère la superposition des
scènes et non la progression dramatique.
• Enfin, l’étrangeté des évocations ne permet
pas une représentation de la scène pour
l’esprit : le complément de moyen « l’archipel
couvert… », à l’alinéa 10, ou le complément
circonstanciel « autour des salons… », à
l’alinéa 6, bien loin de décrire la
scénographie, rompent avec la vraisemblance
référentielle
14. • Le verbe se trouve à l’incipit (l. 1) et annonce le
mode de génération du texte, la scène se divisant
en plusieurs fragments.
• Le verbe revient dans le dernier alinéa, produisant
un mouvement de clôture cyclique, mais affecté
d’une transformation : il est devenu
pronominal, s’appliquant au principe agissant lui-
même (« L’opéra-comique » a remplacé «
L’ancienne
• Comédie »), ce qui lui permet de retrouver une
15. • Le poème aboutit à une sorte de division
éternisée qui ne donne plus rien à voir
(l’alinéa ne dit rien de ce qui se passe sur la
scène) que sa propre machinerie verbale
16. • L’Antiquité grecque est convoquée
avec
– « L’ancienne Comédie »
– les « Idylles »
– « l’amphithéâtre »
– et l’accompagnement « de flûte et de
tambour » (la flûte accompagnait les
passages lyriques).
17. • Le Moyen âge est suggéré avec
– les « mystères »
– « les tréteaux »
– du théâtre de foire.
– Shakespeare est discrètement évoqué : la
lanterne est un élément symbolique du décor et «
la féerie » rappelle Le Songe d’une nuit d’été ou
Comme il vous plaira
18. • L’opéra-comique est propre au XVIIIe siècle
français (opéras-comiques de Favart, « Fête
d’hiver »).
• « Les salons de clubs modernes » se réfèrent
peut-être à la vie londonienne
contemporaine.
• « L’Orient ancien » empêche toute
référentialité en renvoyant à l’univers
merveilleux des contes
19. • Cette diversité produit un syncrétisme culturel
(l’alinéa 6 mêle quatre références
incompatibles) qui fait écho à « l’arête des
cultures » de l’alinéa 7, ligne saillante
d’intersection entre les cultures.
20. • La nature a un aspect désolé dans l’alinéa 3;
• elle fait partie des accessoires dans l’alinéa 4;
elle revient dans l’alinéa 7, dotée de plus de
vitalité : « taillis », « futaies mouvantes » (voir «
la futaie violette, bourgeonnante » d’« Après le Déluge »)
• mais toujours subordonnée à la machinerie
scénique ; elle est l’auxiliaire de la féerie dont
elle épouse le mouvement.
• Le théâtre, lieu de la convention, tient à
distance le naturel et ses illusions.
21. • L’adjectif « ancienne » qui qualifie la «
Comédie » (allégorisée, elle devient une sorte
de théâtre du monde) évoque peut-être une
situation dont le poète ne veut plus, d’autant
que la succession des scènes empruntées à
une multiplicité de cultures fait une sorte de
répertoire de ce qui a été fait et vu.
22. • La scène finale pourrait être celle de l’écriture
qui donne sa propre formule lorsqu’ont été
dépassées les anciennes solutions.
Notas del editor
Nous connaissons onze comédies d’Aristophane (vers 405-386 avant J.-C.) dont Les Oiseaux (voir « Scènes », l. 9).