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Chaire d'histoire antique
Prof. M. Piérart
Proséminaire
L'histoire par les textes
Marathon :
La victoire d'une idée
Mottiez Paul-Emile
Rte Cantonale 45D
1964 Conthey
Semestre de Printemps 2011
L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
1. La bataille de Marathon p.3
Prélude à la première guerre médique p.3
La confrontation p.6
2. Une victoire et un symbole p.11
Le sens de la lutte p.11
La postérité p.13
3. Conclusion p.15
4. Bibliographie p.16
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
1. La bataille de Marathon
La bataille de Marathon, qui eut sans doute lieu entre août et septembre 4901
avant notre ère, se
termina par la victoire d'Athènes contre le grand Empire Perse et sonna la fin de ce que les
historiens modernes appelle "la première guerre médique".
Cependant, à des fins de compréhension et comme Hérodote l'a fait, il serait tout à fait malvenu
d'aborder cette bataille sans en établir le contexte historique qui devait déboucher sur cette
confrontation.
Afin de comprendre au mieux ce qui poussa le Grand Roi Darius Ier
à vouloir envahir les cités
grecques de l'ouest de la mer Egée, il faut bien entendu avoir un regard le plus grand possible sur
l'ensemble de la documentation de l'époque. Se contenter d'Hérodote, bien qu'il soit aujourd'hui
considéré comme l'auteur le plus fidèle aux événements qui se sont déroulés, ou d'autres auteurs
grecs, comme Eschyle, serait mal venu. Il faut considérer que ces auteurs aient volontairement peint
un tableau plus ou moins faussé de leur ennemi que les grecs avaient si brillamment vaincu.
Heureusement pour nous autres modernes, nous ne disposons pas uniquement de la vision grecque.
Les recherches sur l'empire perse, dont les sources sont tout aussi teintées de mépris envers les
grecs que ces derniers en avaient pour eux2
, ont permis une meilleure compréhension des
aspirations du monde oriental.
Prélude à la première guerre médique
Dans ces Histoires, Hérodote nous décrit la Perse, la Grèce et leurs événements historiques, dans
l'esprit du chercheur le plus ouvert et sérieux.3
Selon ses dires, la confrontation de la Perse avec le
monde grec fut la conséquence directe de l'aide qu'avait fournie Athènes à Aristagoras de Milet lors
de la révolte des cités grecques de Ionie au printemps 4984
. Les Athéniens ont fini par brûler Sardes
1 La date exacte étant sujette à caution parmi les spécialistes, je ne m'avancerais pas à en donner une. Selon Peter
Green, l'affrontement aurait eu lieu le 12 août (Green, 2008, 76.). Alors que Patrice Brun la place le 17 septembre de
la même année (Brun, 2009, 23.)
2 Green, 2008, 42.
3 Green, 2008, 42-43.
4 Hérodote V, 99-105.
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
et, comme les événements commençaient à mal tourner, ils ne se privèrent pas de rentrer chez eux,
laissant les Ioniens seuls devant l'armée de Darius. Hérodote dit qu'on lui a rapporté que, alors qu'on
lui apprenait la prise de Sardes par Aristagoras et les Ioniens, le Grand Roi n'en fit pas cas mais que
ses pensées étaient tournées vers les Athéniens :
« Mais la première chose qu'il fit fut de demander qui étaient ces Athéniens. Ayant été informé, il se fit
apporter son arc, le prit en mains, posa une flèche sur la corde et la décocha vers le ciel en criant :
"Accorde, ô Dieu, que je puisse punir les Athéniens !" Puis il ordonna à l'un de ses serviteurs de lui
répéter désormais trois fois avant chaque repas : "Maître, souvenez-vous des Athéniens !"5
»
Il n'est pas difficile de comprendre la colère que le souverain pouvait avoir. Sardes était une cité
gouvernante de la satrapie de Lydie.6
L'affront était grand et Darius se devait de le laver.
Cependant, il serait naïf de considérer cet élément comme l'unique raison d'une invasion. C'est
pourquoi les motifs qui débouchèrent sur cette confrontation se doivent d'être mis en lumière.
Bien entendu, les Athéniens7
se sont sentis, par la suite, les premiers à être visés par les assauts que
les Perses entreprirent ultérieurement. Sans doute que l'esprit de revanche à la limite de l'obsession
du Grand Roi qu'Hérodote nous présente, devait animer encore plus ce sentiment dans le coeur
populaire d'Athènes. Mais faire passer la préoccupation de Darius envers Athènes, avant même que
ce dernier n'ait pris des mesures pour reprendre les terres qu'il avait perdues, comme véridique
serait, de nos jours, une profonde erreur. La priorité était d'étouffer la révolte ionienne. Et il semble
bien plus vraisemblable que Darius fut, par la suite, motivé par un objectif de conquête bien plus
vaste qui englobait l'ensemble du bassin égéen, plutôt que par l'esprit de vengeance.8
D'ailleurs cet esprit de vouloir prendre le contrôle de toute la Grèce est bien plus réaliste. L'Ionie
était déjà en mains perses, tout comme le Bosphore et les Dardanelles. En 513, Darius fit passer une
armée de l'autre côté du Bosphore. Celle-ci marcha jusqu'au Danube qui fut traversé pour envahir la
Scythie, montrant bien les vues que l'Empire avait sur l'Europe.9
En plus de quoi, en 491, juste
5 Hérodote V, 105.
6 Une satrapie correspond à une province. Le terme de satrapie est un mot moderne dérivé du terme grec satrapès, qui
désigne la fonction des gouverneurs régionaux perses. La satrapie de Lydie, incluait toute l'Ionie. (Green, 2008, 40.)
7 Il est très souvent fait mention des Athéniens, mais il ne faudrait pas oublier que la cité d'Erétrie avait elle aussi
participé à l'aide de la révolte ionienne à hauteur de cinq trières.
8 Brun, 2009, 26-27.
9 Green, 2008, 46.
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
avant les hostilités qui débouchèrent sur la bataille de Marathon, Athènes et Spartes10
ne furent pas
les seules cités qui reçurent des émissaires du Grand Roi leur demandant d'offrir "la terre et l'eau"
en signe de vassalité. La seule différence est que, au contraire de ce que firent de nombreuses cités,
Athènes et Spartes, tout comme Erétrie, refusèrent catégoriquement.11
La confrontation devenait
donc inévitable.
Mais d'autres éléments se doivent d'être portées à notre attention. Depuis la prise des détroits au
nord-ouest de l'Asie-Mineure, la Perse pouvait, pour la première fois de l'histoire, contrôler le trafic
maritime venant de la Mer Noire. En plus de cela, Darius avait reconquis l'Egypte. Cette nouvelle
configuration géographique mit en très mauvaise posture les cités grecques encore libres qui ne
pouvaient dès lors plus s'approvisionner en blé ni depuis le sud de la Russie, ni depuis les contrées
fertiles de l'Egypte. Dès la fin du VIe
siècle, la consommation d'Athènes dépassait la production que
la cité pouvait obtenir de ses terres. Darius pouvait aisément payer des prix élevés dont la hausse
était due à la forte concurrence. Tandis que la forte augmentation démographique de la cité grecque
dès 594 n'arrangeait en rien la situation. Avec ce contexte géo-économique, l'ombre menaçante du
Grand Roi avait tendance à s'étendre au delà de ses frontières.
On ne peut écarter ce danger bien réel. Les Athéniens auraient dû trouver une solution pour
s'approvisionner. En plus de cela, la politique de Darius ne semblait pas peindre un avenir très
positif. Comme nous venons de le voir plus haut, le Grand Roi avait bien des vues sur l'Europe.
Hérodote évoque même des missions de reconnaissance que ce dernier lança en Grèce continentale
et en Italie du Sud.12
Finalement, l'aide des grecs d'occident lors de la révolte de l'Ionie prend les airs d'un prétexte qui
précipita certainement la Perse à déclarer la guerre. Toutefois, je doute que l'autorité d'un souverain
tel que Darius ne se soit préoccupée d'en trouver un. C'était une question de temps, mais la
confrontation aurait eu lieu tôt ou tard.
Bien qu'il fut indispensable d'entrevoir la situation du côté perse, il ne faudrait pas oublier de parler
10 Par ailleurs, cette volonté de vengeance ne colle pas avec l'envoi d'un émissaire à Sparte car celle-ci, dans sa
traditionnelle politique isolationniste, n'avait daigné aider les Ioniens.
11 Tout du moins à Athènes, ce refus se doit d'être nuancé par un désaccord interne que nous verrons par la suite.
12 Green, 2008, 46-47.
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
du contexte historique des grecs. Patrice Brun en fait un bon résumé.13
Les grecs qui se sont
installés en Asie-Mineure avaient déjà été confrontés à de grandes puissances extérieures.
Premièrement soumises aux Lydiens, les cités finissaient par tolérer un pouvoir extérieur tant que ce
pouvoir reconnaissait leur identité.14
Après la chute de Crésus et l'apparition des Perses sur leur
terres, la situation n'était guère nouvelle car les cités demeurèrent simplement sous l'égide d'un autre
pouvoir étranger. Peut-être que ce nouvel arrivant soutenait une politique de tributs plus pesante que
les anciens dirigeants. Mais finalement, il semble que ce fut bien plus la situation politique des
régimes qui posèrent problème vers la fin du VIe
.15
Lorsque la Perse instaure une politique de
vassalité par l'établissement de tyrannies16
dans les villes grecques sous leur contrôle. Ce type de
régime disparaît en Grèce Continentale. En 510, le tyran Hippias, fils de Pisistrate, fut chassé
d'Athènes et il devient assez facile de comprendre le mouvement de mécontentement qui pouvait se
dégager des cités ioniennes lorsqu'un pouvoir, étranger en plus de cela, tentait de placer des
hommes à leurs têtes.
Tous ces éléments réunis composaient une véritable poudrière qui permettait à un conflit d'éclater à
tout moment. Que la révolte de l'Ionie fut un déclencheur importe peu. D'une manière ou d'une
autre, que ce fut au début du Ve
siècle ou plus tard, la confrontation entre La Perse et les grecs était
inévitable.
La confrontation
Malgré le manque évident de description qu'Hérodote17
nous fournit sur la bataille en elle-même, ce
dernier est toutefois considéré comme l'auteur le plus fidèle des événements réels qui se sont
déroulés.
13 Brun, 2009, 24-26.
14 Crésus, le dernier roi lydien, fit d'ailleurs des cadeaux somptueux au sanctuaire de Delphes.
15 Brun, 2009, 24.
16 La signification du terme de tyrannie ou de tyran n'a pas le sens péjoratif qu'il possède aujourd'hui. Les tyrans, au
contraire d'être des individus cruels et sanguinaires, demeuraient des gens acceptables. Pisistrate qui fut tyran
d'Athènes de 561 à 524, avait laissé derrière lui un bon règne qui se classa par la suite comme un âge d'or de la cité
(Brun, 2009, 24-25). Nous pouvons dans ce cas comprendre pourquoi certaines personnes n'étaient pas défavorables
au retour de ce système, en lieux et place de se faire massacrer par l'armée perse.
17 Hérodote VI, 111-115.
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
Juste avant de parler du déroulement de la bataille, une clarification de la situation plus centrée sur
Athènes doit être faite. La personnalité la plus importante qui contribua à la victoire des Athéniens à
Marathon est sans nul doute celle de Miltiade. En 493, celui-ci arrivait à Athènes avec la ferme
intention de combattre les perses. C'était un ancien aristocrate Athénien, dont l'oncle avait été
étroitement lié à Pisistrate. Miltiade connaissait personnellement Darius et Hippias. Il était devenu
un chef de guerre expérimenté, ayant vécu pendant vingt ans en Chersonèse ou dans les environs, ce
qui manquait véritablement aux Athéniens. Les anciennes charges retenues contre lui ont été du
coup effacées18
et il fut élu stratège de sa tribu.
L'autre précision importante à souligner est le caractère politique de la cité. Celle-ci n'était pas du
tout unie. Comme nous l'avons vu, Athènes s'était affranchie de la tyrannie en 510 avec l'aide de
Sparte, pour passer à un système politique donnant le pouvoir à de riches familles aristocrates.19
Mais le souvenir de cette tyrannie n'était pas si lointain que cela. Athènes se divisait donc en deux.
D'un côté, un groupe de citoyens20
étaient tout à fait disposés à traiter avec le Grand Roi de Perse.
Animés d'un esprit de réalisme sur le long terme, ils estimaient que s'opposer aux forces de l'Empire
n'était qu'une pure folie. Si l'armée de Darius avait la réputation d'être invincible, ce n'était pas pour
rien. Sans doute que ces Athéniens-là espéraient, par l'acceptation d'Hippias à la tête de la cité,
éviter une occupation Perse trop écrasante. Contre eux, se tenaient des hommes simples, honnêtes et
sans doute trop stupides à leurs yeux. Il s'agissait d'artisans, fermiers et marins qui ne comprenaient
pas que l'issue du combat ne faisait aucun mystère. Leur honneur, aussi grand fut-il, ne les sauverait
pas. Mieux valait établir un accord calculé.
Telle était donc la situation d'Athènes avant que les Perses ne posent le pied en Attique. Et nous
verrons que cette situation ne se résorbera qu'une fois les hoplites athéniens revenus victorieux de
Marathon.
Dès que l'intention de soumettre par la force les cités qui avaient refusé d'offrir "la terre et l'eau" fut
18 Peut-être par Thémistocle qui, comme lui, voulait combattre et non se soumettre comme certain pro-perse de la cité
(Green, 2008, 65.).
19 Pouvait-on déjà parler de démocratie ? Certes, les réformes misent en place, petit à petit, après avoir écarter
Isagoras, personnage représentant le nouveau régime que les Spartiates avait placé après avoir chassé Hippias, un
système permettant à tous les citoyens d'avoir le même pouvoir politique que les grandes familles aristocratiques. La
démocratie est une question de définition dont le degré d'appréciation est très personnel. Mais cependant, les
historiens modernes s'accordent à dire que la démocratie d'Athènes n'arrive pas avant la seconde moitié du Ve
siècle,
sans pour autant penser que les réformes de la fin du VIe
ne soient étrangères à la marche qui donna naissance à la
démocratie athénienne (Brun, 2009, 76.)
20 Dont est inclus des opportunistes comme la famille des Alcméonides. (Green, 2008, 64.)
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
prise, Darius désigna son neveux Artaphernès et Datis, un noble Mède, comme chefs de
l'expédition. Selon Hérodote, leur mission était de réduire Athènes et Erétrie en esclavage. Hippias,
fit partie du voyage. Il voyait en cela un moyen de reprendre le contrôle de son ancienne cité et de
l'administrer sous les ordres de Darius.
Les Perses attendent que la faction pro-perse des habitants d'Athènes trouve l'opportunité d'ouvrir
les portes de la ville. Dans ce but, et à la suggestion d'Hippias, ils établissent alors un campement
sur la plaine de Marathon.
Les Athéniens, quant à eux, sont très rapidement avertis du débarquement perse. Ils envoient un
hémérodrome21
du nom de Philippidès à Sparte pour leur demander soutient. Mais ces derniers
répondent qu'ils ne peuvent envoyer de renforts avant la fin de la pleine lune. S'ils le faisaient cela
reviendrait à enfreindre un tabou religieux.22
Dès qu'Erétrie tombe23
, de violents débats remuent Athènes. L'assemblée est partagée entre se
préparer à tenir un siège alors que d'autres, comme Miltiade, insistent pour que l'armée se porte à la
rencontre de l'ennemi pour les combattre. Cela dit, les Athéniens n'hésitèrent pas longtemps avant
d'envoyer des troupes à la rencontre de l'armée perse. Cette décision se base sur plusieurs éléments.
Le premier est que, traditionnellement, les grecs n'étaient pas enclins à attendre que l'ennemi
marche sur leur terre, détruisant infrastructures et récoltes tout en leur faisant l'affront de poser le
pied sur la terre de leurs ancêtres.24
Deuxièmement, un siège d'Athènes couperait la cité des renforts
Spartiates qui devaient arriver. De plus, le "Long Mur" proposé par Thémistocle afin de protéger la
cité tout en la reliant au port du Pirée n'était pas encore construit. Et finalement, comme ce fut le cas
pour Erétrie, un siège augmenterait le risque de trahison interne venant de la faction de citoyens qui,
comme nous l'avons vu, pensait que livrer la cité aux Perses était l'action la plus raisonnable.
21 Un hémérodrome était capable de courir durant toute une journée. Philippidès aurait parcouru deux cent quarante
kilomètres en l'espace d'environ trente-six heures. Certains historiens modernes ont mis en doute la véracité de cet
élément. Cependant, il semble tout à fait acceptable de prendre cet épisode pour véridique (Brun, 2009, 37-39.).
22 Probablement une fête liée à Apollon Kameios. Il n'y a pas lieu de croire que les Spartiates eurent joué sur leur piété,
qui était bien réelle, pour pratiquer envers Athènes une hypocrisie religieuse qui pouvait arranger leur dessein
politique (Green, 2008, 70-71.). De plus, il ne faut pas oublier qu'à cette époque Sparte et Athènes n'étaient pas les
ennemies qu'elles deviendraient par la suite. Les deux cités étaient alliées et les Spartiates avaient largement soutenu
les Athéniens pour permettre à ces derniers de chasser la tyrannie de leur ville en 510 (Brun, 2009, 36.).
23 Au contraire du sort d'Athènes, pour laquelle la présence d'Hippias aux côtés des perses montrait que ces derniers
cherchaient à replacer le tyran dans la cité, une fois Erétrie aux mains des Perses, les habitants furent déportés en
Orient pour y servir l'Empire.
24 Brun, 2009, 35.
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
Lorsque le débarquement perse fut confirmé, la mesure soutenue par Miltiade fut approuvée.
L'infanterie lourde constituée d'environ dix mille25
hoplites se met alors en route sous les ordres de
l'archonte-polémarque Callimaque, du dème d'Aphidna. Miltiade, quant à lui, se trouvait parmi neuf
autres stratèges de cette armée.
Arrivés sur place, les Athéniens établirent leur camp renforcé par un rempart de fortune, de bois,
tourné vers l'ennemi, à l'entrée sud de la plaine, proche d'un petit sanctuaire d'Héraklès, bloquant ici
toute manœuvre perse vers Athènes. Ils furent aussi rejoints par des Platéens.26
Pendant quelques jours, rien ne se passa. Les Athéniens ne voulaient pas passer à l'action car ils
étaient dépourvus d'archers et de cavaliers. Avancer ainsi à découvert aurait conduit au massacre.
De plus, ils attendaient les renforts spartiates qui devaient arriver prochainement pour mettre toutes
les chances de leur côté. Les Perses, quant à eux, n'avait aucunement envie de lancer leur infanterie
contre les guerriers lourds hoplites qui occupaient une solide position. De plus, par l'intermédiaire
d'Hippias, ils étaient en contact avec un groupe d'Athéniens qui avait promis de leur livrer la ville.
Ils attendaient donc un signal.
On ne peut savoir si Datis fut au courant que les Spartiates devaient venir renforcer les rangs des
Athéniens. Toutefois ce dernier décida d'agir. Utilisant la nuit et employant une partie des navires, il
prit avec lui, pour se rendre à Phalère, le gros de la cavalerie, laissant une petite partie sur place
pour couvrir les troupes d'Artaphernès. On estime à environ quinze mille le nombre de soldats
laissés à Marathon.27
Quand les Grecs apprirent le départ de Datis,28
Miltiade comprit qu'il s'agissait
là d'une magnifique occasion d'arracher une victoire.
Le matin qui suivit, les troupes grecques se sont mis en ordre de bataille. La connaissance de
Miltiade des habitudes militaires perses se révéla efficace. Il savait que l'ennemi placerait ses
meilleures troupes au centre et que les jeunes recrues et troupes inexpérimentées seraient placées
dans les extrémités. Si Callimaque et les Platéens pouvaient battre rapidement les ailes
d'Artaphernès et venir par la suite au secours des troupes centrales, la bataille était quasiment
25 Le nombre exact d'Athéniens, tout comme celui des hommes de l'armée perse, reste une sujet débattu (Brun, 2009,
41-48.).
26 Selon Green, mille six cents Platéens seraient arrivés à l'improviste pour aider les Athéniens (Green, 2008, 72).
Toutefois, Brun affirme que de l'aide avait également été demandée à Platée, et que comme Athènes les avait
soutenu contre les ambitions de Thèbes, les Platéens leur avaient envoyé six cent hoplites (Brun, 2009, 40-41.).
27 Brun, 2009, 52-57.
28 Sans doute par des espions ioniens au service d'Artaphernès (Green, 2008, 75).
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Marathon
gagnée. C'est ce qui se passa. Au lieu de poursuivre les fuyards, les troupes grecques se
concentrèrent sur le centre qui était beaucoup plus malmené.
La victoire fut complète. Les Grecs n'eurent que cent nonante-deux morts contre environ six mille
quatre cents du côté adverse. La plupart des morts perses sont des fuyards qui se sont enfoncés dans
les marais et se sont noyés. Callimaque fit partie du nombre des pertes, ainsi que l'un des dix
stratèges, dont le nom n'est pas donné.
Une fois la bataille terminée, les Athéniens repartirent aussi vite qu'ils le purent en direction
d'Athènes, laissant toutefois un petit contingent garder les prisonniers perses. Artaphernès, quand à
lui, réussit à s'enfuir en navire avec quelques rescapés et se mit en route pour rejoindre Datis. Mais
les Athéniens furent plus rapides. Ils arrivèrent à Phalère avant Datis lui-même et se mirent en
position défensive. Avant le retour des hoplites, les pro-perses avaient finalement envoyé le signal
que Datis attendait. Cependant, voyant les Athéniens de retour, victorieux, la plupart des membres
de cette faction qui tenait manifestement à offrir la cité aux Perses dut sans doute changer de camp à
la dernière minute. Datis, de son côté, resta à bort de son navire. Et lorsqu'Artaphernès le rejoignit,
tous deux mirent ensemble les voiles pour retourner en Asie.
La première guerre médique prenait fin.
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
2. Une victoire et un symbole
Le sens de la lutte
Nous ne pouvons pas reprocher à Hérodote le fait d'avoir stigmatiser quelque peu la lutte entre
Perses et Grecs. Finalement, ce dernier nous a retranscrit de manière très fidèle et convaincante
l'état d'esprit des vainqueurs. De ce fait, il devient plus facile pour nous de comprendre le sens
caché derrière ce triomphe.
La bataille de Marathon n'eut de loin pas la même importance que d'autres batailles antiques telle
que celle d'Actium qui marqua le début de l'Empire Romain. La hisser au même rang ne serait pas
convenable. Et pourtant, pour le large public, Marathon est sans nul doute la plus célèbre des
batailles de l'histoire grecque.29
Bien entendu les Athéniens ont su faire fructifier le talent militaire et la force hoplitique qu'ils
avaient alors acquis en combattant et en vainquant, tout du moins pour le moment, un adversaire
jugé invincible aux yeux de tous. Mais cette mémoire d'une bataille, somme toute banale30
, n'aurait
certainement jamais atteint la dimension presque mythique qu'elle a obtenue, si derrière elle ne
s'étaient pas glissés des enjeux politiques. En effet, il existe un bon moyen d'ancrer un régime
politique dans l'histoire et cela en tout temps : Par une guerre victorieuse.31
Certes, nous savons aujourd'hui qu'historiquement la bataille de Marathon et sa victoire ne furent
pas celles qui mirent le point final à l'affrontement que se livrèrent les Grecs et les Perses, mais une
simple parenthèse, un moment de répit avant le retour en force de l'Empire orientale. Mais au
moment de cette victoire, le cœur des hommes était au réjouissance. Hérodote ainsi qu'Eschyle
avaient très bien vu que ce combat était un conflit d'ordre idéologique.32
Elle démontra que la
puissance d'une armée de citoyens fiers de leur indépendance pouvait rivaliser contre toutes
29 Cette célébrité est encore d'actualité, tout du moins en Grèce où, à la mi-septembre 2010, ce 2500ème anniversaire
de la bataille s'est vu célébré par une reconstitution historique ainsi que par la frappe de pièces commémoratives de
deux euros.
30 Bien que cette victoire ait mis un terme à la première guerre médique, cette conception historique reste moderne et
cette victoire n'empêcha pas l'Empire Perse, sous l'autorité de Xerxès Ier
de revenir à la charge en 480.
31 Brun, 2009, 77.
32 Green, 2008, 33.
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
puissances écrasantes incarnées par de grands hommes autoritaires. Et c'était bien en cela que la
victoire méritait que le peuple la chante pour les siècles à venir. Les Athéniens virent les choses de
la manière suivante : Le nouveau système politique avait réussi, par sa victoire, à liquider une fois
pour toutes les idées de l'ancien régime.
Bien sûr cette victoire, que les Athéniens n'oublièrent pas de mettre en valeur, montrait que la jeune
"démocratie" avait pu triomphé. Mais en dehors de cela, si cette victoire donnait une image
politique vue de l'extérieur, de l'intérieur, cette dernière était celle d'une classe sociale.
Bien qu'Athènes toute entière en bénéficia, la victoire était avant tout celle de ses soldats : Les
hoplites. Il ne s'agissait là que d'une minorité sociale, une classe comptant de petits propriétaires
terriens dont le revenu de leur terre leur suffisait pour vivre33
et pour acheter le lourd, et sans doute
relativement cher, matériel34
qui composait l'équipement du soldat d'infanterie.35
On admet que ces propriétaires fonciers sont ceux que l'on désigne dans la classe des zeugites36
.
Cependant, au vu du nombre de citoyens qu'on leur alloue, certains spécialistes préfèrent voir dans
l'étymologie de ce mot, que l'on lie aux bœufs, une origine plutôt militaire. Effectivement, plusieurs
textes antiques utilisent ce mot pour désigner les hoplites, alignés les uns aux autres comme des
bœufs à l'attelage.37
Cette victoire plaça donc les hoplites en grande estime.38
Ceux-ci étaient alors respectés à titre de
héros. Et loin d'être peu enclins à une forme d'égalitarisme39
, ils ne contrèrent politiquement pas le
33 Si nous voulions la comparer, nous pourrions parler d'une certaine équivalence avec la classe moyenne actuelle.
34 Ce matériel que le citoyen devait se procurer lui-même, montrant ainsi une condition sociale plutôt aisée, était
traditionnellement composé d'un casque à cimier, d'une armure de bronze, d'un baudrier de cuir recouvert de plaques
de bronze, de cnémides en bronze, d'un bouclier rond en bois et d'un diamètre d'environ un mètre, d'une pique de
deux mètres terminée aux deux extrémités par des pointes de bronze et d'une épée courte (Brun, 2009, 44-45.).
35 L'aristocratie, quant à elle, était bien plus représentée par la cavalerie. Etonnamment, Athènes n'affectionnait pas
spécifiquement ce type de troupe dans son armée.
36 Les citoyens de cette classe, qui pouvaient vivre de leur récolte, avaient tendance à voir leur nombre se réduire de
plus en plus au fil du temps, par le partage des terres entre les différents héritiers. Car des terres trop petites ne leur
permettaient plus de vivre de leur revenu.
Ce morcellement de leurs terres qui avait comme conséquence de creuser l'écart social entre les riches et les pauvres,
augmentant leur nombre des deux côtés, rendait critique le statut des zeugites qu'Hésiode (Hésiode, Les travaux et
les jours, 405, 376.) représentait comme ne possédant qu'"une maison, une femme et un boeuf de labour", et qui se
devaient de faire attention de n'avoir qu'un seul fils. S'ils en avaient plusieurs, ceux-ci ne pourraient alors
qu'augmenter le nombre des thètes, citoyens de la classe la plus basse, qui devaient louer leur bras pour subvenir à
leurs besoins (Glotz, 1938, 406.).
37 Les grecs aimaient ce genre de métaphore qu'ils utilisaient volontiers dans leur langue (Brun, 2009, 82.).
38 Cette estime fut si grande que, après la bataille de Marathon, selon les dires, Thémistocle dut faire des pieds et des
mains et manœuvrer intelligemment pour contrer l'opinion publique qui croyait en la force de la phalange hoplitique
et ne voyait pas l'intérêt de bâtir une puissante flotte de guerre.
39 Brun, 2009, 84.
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L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
progrès et les réformes qui menèrent à la démocratie. Nous pouvons aisément dire que l'armée de
hoplites était devenue l'armée de la démocratie et que, lorsque cette dernière fut abattue de temps à
autre, les coups venaient bel et bien d'une aristocratie jalouse du pouvoir attribué au dèmos.
Loin d'être la victoire contre les Perses, la bataille de Marathon fut la victoire de la démocratie.
La postérité
Revenons sur cette victoire. En était-elle vraiment une ? Après tout ce que nous venons d'aborder, la
réponse ne peut que pencher vers l'affirmatif. Toutefois, cette éclatante victoire se trouve entachée
d'éléments que nous devons également prendre en compte.
Si l'armée perse s'en ait retournée après la défaite contre Athènes, le bilan de l'expédition n'était pas
si désastreux. Nous pourrions même aller jusqu'à dire qu'elle avait gagné cette première guerre
médique.40
La Perse avait maintenant la main mise sur presque toutes les îles de la mer Egée, sans
oublier les cités qui leur donnèrent "la terre et l'eau". Qui plus est, beaucoup à l'époque ne le voyait
pas ainsi, mais la confrontation ne faisait que commencer.
Par cette victoire, Athènes passait à la postérité. Que cela soit pour sa politique ou pour ses
tactiques de combat, elle devenait un exemple pour toutes les cités du monde hellénique. Bien des
gens de l'époque considéraient que la bataille Marathon marquait la fin de la guerre contre l'Empire
perse.
Mais d'autres, comme Thémistocle, ne l'entendaient pas ainsi. Ils considéraient ce grand élan
d'enthousiasme comme étant très dangereux. Pour eux, la guerre était loin d'être terminée, et tout
ceci n'était qu'un prélude à une lutte bien plus terrible encore. Pour le grand malheur des Athéniens,
l'histoire donna raison à ces derniers. Il faudra attendre 479 pour que la victoire de la bataille de
Platée, pourtant bien moins connue que celle de Marathon ou encore que la défaite des
Thermopyles, impose la victoire totale et définitive des cités grecques contre l'Empire Perse.
Cela dit, malgré ces éléments négatifs, au vu de ce qui vient d'être soulevé, nous comprenons bien
mieux pourquoi la bataille de Marathon fut l'une de celles qui resta gravée dans les mémoires.
40 Brun, 2009, 65.
11/09/2013 13/16
L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
Après des luttes politiques incessantes au sein de la cité d'Athènes, l'horizon allait se dégager et
laisser la place à un certaine stabilité du nouveau régime politique qui, grâce à cette victoire, trouva
sa place dans l'histoire.
Mais c'est surtout l'héritage que laissa Marathon qui fut retenu dans les esprits.
Miltiade conduisit les Athéniens à la victoire et ce dernier fut alors considéré comme un héros.
Cette bataille montrait la supériorité de la Phalange hoplitique et nourrit alors la grandeur de l'armée
de terre au détriment de la marine.41
Partout, on célébra l'événement. Les Spartiates arrivant le jour même de la bataille, après la fuite
des Perses, félicitèrent les Athéniens. On dédicaça aux dieux des armes et des armures prises à
l'ennemi, ou même ses propres armes, comme c'est le cas du casque de Miltiade, retrouvé aux
temples de Zeus à Olympie42
et bien d'autres, retrouvés à Delphes.
Au milieu du Ve
, la bataille a aussi été représentée par Panaenus sur la Stoa Poikilè située sur le côté
nord de l'Agora d'Athènes.
Les légendes font aussi partie de cet héritage. Les gens se mettent à raconter que pour annoncer la
victoire de Marathon à Athènes, le soldat Phidippidès partit à la course et que, en arrivant, il
s'effondra raide mort en criant victoire.43
Alors que Phidippidès ne fut que l'estafette qui alla
chercher un soutien à la cité auprès de la cité de Sparte, bien avant la bataille elle-même.
41 Faisant partie de la classe des thètes, les martins avaient toujours été considérés socialement presque comme de la
vermine.
42 Aujourd'hui au musée d'Olympie.
43 Cette fausse histoire fut à l'origine de la création de la course du Marathon pour les jeux d'Athènes de 1896 et donc
la bataille elle-même donna son nom.
11/09/2013 14/16
L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
3. Conclusion
Comprendre l'importance de la victoire de Marathon, c'est avant tout comprendre le sens qu'elle
inspirait au peuple athénien. Le combat était certes peu banal. Mais il paraît difficile de reprocher à
la masse populaire de l'époque d'avoir gonfler le mythe, car la réputation de l'Empire Perse,
considéré comme invincible, semblait bien donner au départ raison à tout ceux qui voyaient toute
résistance comme une pure folie.
Ce bref aperçu, dédié à la fin du premier affrontement entre Perses et Grecs, mériterait une étude
plus approfondie qui malheureusement ne peut avoir lieu ici. Car, bien qu'il le fut relevé de manière
succincte, l'importance, le sens et l'impact qu'eurent cette confrontation et cette victoire ne peuvent
trouver leur place en demeurant isolés du reste de l'histoire d'Athènes. La cité avait lutté pour se
défaire de la tyrannie et instaurer un nouvel ordre. Ce nouveau vent de liberté ne devait pas plier le
genoux, même face à une puissance comme la Perse. Pire encore, entendre dire que la soumission à
l'Empire Achéménide signifiait un retour au pouvoir d'Hippias, le tyran que l'on avait chassé
auparavant, était une chose inacceptable. Ou dans tous les cas, inacceptable pour une majorité des
Athéniens.
Malgré les légendes post eventum qui entourèrent la bataille, l'image que la jeune démocratie se
devait de véhiculer était celle de David contre Goliath. La petite armée athénienne, les hoplites de la
démocratie, avait vaincu le géant perse, asseyant ainsi le message, bien que teinté d'un cliché
athénocentrisme, qu'il fallait crier avec fierté : La force et le courage d'une poignée d'hommes libres
avait combattu et défait l'immense armée sujette d'un souverain autoritaire.
11/09/2013 15/16
L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile
Marathon
4. Bibliographie
Hérodote, Histoires V, texte établi et traduit par Ph.-E. Legrand, Les Belles Lettres, 1946
Hérodote, Histoires VI, texte établi et traduit par Ph.-E. Legrand, Les Belles Lettres, 1948
P. Brun, La bataille de Marathon, Larousse, 2009
G. Glotz, Histoire grecque : Des origines aux guerres médiques, Presse Universitaire de France,
1938
P. Green, Les guerres médiques, Tallandier, 2008
P. Roussel, La Grèce et l'Orient : des guerres médiques à la conquête romaine, Paris, 1928
11/09/2013 16/16

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Marathon - La victoire d'une idée

  • 1. Chaire d'histoire antique Prof. M. Piérart Proséminaire L'histoire par les textes Marathon : La victoire d'une idée Mottiez Paul-Emile Rte Cantonale 45D 1964 Conthey Semestre de Printemps 2011
  • 2. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon 1. La bataille de Marathon p.3 Prélude à la première guerre médique p.3 La confrontation p.6 2. Une victoire et un symbole p.11 Le sens de la lutte p.11 La postérité p.13 3. Conclusion p.15 4. Bibliographie p.16 11/09/2013 2/16
  • 3. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon 1. La bataille de Marathon La bataille de Marathon, qui eut sans doute lieu entre août et septembre 4901 avant notre ère, se termina par la victoire d'Athènes contre le grand Empire Perse et sonna la fin de ce que les historiens modernes appelle "la première guerre médique". Cependant, à des fins de compréhension et comme Hérodote l'a fait, il serait tout à fait malvenu d'aborder cette bataille sans en établir le contexte historique qui devait déboucher sur cette confrontation. Afin de comprendre au mieux ce qui poussa le Grand Roi Darius Ier à vouloir envahir les cités grecques de l'ouest de la mer Egée, il faut bien entendu avoir un regard le plus grand possible sur l'ensemble de la documentation de l'époque. Se contenter d'Hérodote, bien qu'il soit aujourd'hui considéré comme l'auteur le plus fidèle aux événements qui se sont déroulés, ou d'autres auteurs grecs, comme Eschyle, serait mal venu. Il faut considérer que ces auteurs aient volontairement peint un tableau plus ou moins faussé de leur ennemi que les grecs avaient si brillamment vaincu. Heureusement pour nous autres modernes, nous ne disposons pas uniquement de la vision grecque. Les recherches sur l'empire perse, dont les sources sont tout aussi teintées de mépris envers les grecs que ces derniers en avaient pour eux2 , ont permis une meilleure compréhension des aspirations du monde oriental. Prélude à la première guerre médique Dans ces Histoires, Hérodote nous décrit la Perse, la Grèce et leurs événements historiques, dans l'esprit du chercheur le plus ouvert et sérieux.3 Selon ses dires, la confrontation de la Perse avec le monde grec fut la conséquence directe de l'aide qu'avait fournie Athènes à Aristagoras de Milet lors de la révolte des cités grecques de Ionie au printemps 4984 . Les Athéniens ont fini par brûler Sardes 1 La date exacte étant sujette à caution parmi les spécialistes, je ne m'avancerais pas à en donner une. Selon Peter Green, l'affrontement aurait eu lieu le 12 août (Green, 2008, 76.). Alors que Patrice Brun la place le 17 septembre de la même année (Brun, 2009, 23.) 2 Green, 2008, 42. 3 Green, 2008, 42-43. 4 Hérodote V, 99-105. 11/09/2013 3/16
  • 4. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon et, comme les événements commençaient à mal tourner, ils ne se privèrent pas de rentrer chez eux, laissant les Ioniens seuls devant l'armée de Darius. Hérodote dit qu'on lui a rapporté que, alors qu'on lui apprenait la prise de Sardes par Aristagoras et les Ioniens, le Grand Roi n'en fit pas cas mais que ses pensées étaient tournées vers les Athéniens : « Mais la première chose qu'il fit fut de demander qui étaient ces Athéniens. Ayant été informé, il se fit apporter son arc, le prit en mains, posa une flèche sur la corde et la décocha vers le ciel en criant : "Accorde, ô Dieu, que je puisse punir les Athéniens !" Puis il ordonna à l'un de ses serviteurs de lui répéter désormais trois fois avant chaque repas : "Maître, souvenez-vous des Athéniens !"5 » Il n'est pas difficile de comprendre la colère que le souverain pouvait avoir. Sardes était une cité gouvernante de la satrapie de Lydie.6 L'affront était grand et Darius se devait de le laver. Cependant, il serait naïf de considérer cet élément comme l'unique raison d'une invasion. C'est pourquoi les motifs qui débouchèrent sur cette confrontation se doivent d'être mis en lumière. Bien entendu, les Athéniens7 se sont sentis, par la suite, les premiers à être visés par les assauts que les Perses entreprirent ultérieurement. Sans doute que l'esprit de revanche à la limite de l'obsession du Grand Roi qu'Hérodote nous présente, devait animer encore plus ce sentiment dans le coeur populaire d'Athènes. Mais faire passer la préoccupation de Darius envers Athènes, avant même que ce dernier n'ait pris des mesures pour reprendre les terres qu'il avait perdues, comme véridique serait, de nos jours, une profonde erreur. La priorité était d'étouffer la révolte ionienne. Et il semble bien plus vraisemblable que Darius fut, par la suite, motivé par un objectif de conquête bien plus vaste qui englobait l'ensemble du bassin égéen, plutôt que par l'esprit de vengeance.8 D'ailleurs cet esprit de vouloir prendre le contrôle de toute la Grèce est bien plus réaliste. L'Ionie était déjà en mains perses, tout comme le Bosphore et les Dardanelles. En 513, Darius fit passer une armée de l'autre côté du Bosphore. Celle-ci marcha jusqu'au Danube qui fut traversé pour envahir la Scythie, montrant bien les vues que l'Empire avait sur l'Europe.9 En plus de quoi, en 491, juste 5 Hérodote V, 105. 6 Une satrapie correspond à une province. Le terme de satrapie est un mot moderne dérivé du terme grec satrapès, qui désigne la fonction des gouverneurs régionaux perses. La satrapie de Lydie, incluait toute l'Ionie. (Green, 2008, 40.) 7 Il est très souvent fait mention des Athéniens, mais il ne faudrait pas oublier que la cité d'Erétrie avait elle aussi participé à l'aide de la révolte ionienne à hauteur de cinq trières. 8 Brun, 2009, 26-27. 9 Green, 2008, 46. 11/09/2013 4/16
  • 5. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon avant les hostilités qui débouchèrent sur la bataille de Marathon, Athènes et Spartes10 ne furent pas les seules cités qui reçurent des émissaires du Grand Roi leur demandant d'offrir "la terre et l'eau" en signe de vassalité. La seule différence est que, au contraire de ce que firent de nombreuses cités, Athènes et Spartes, tout comme Erétrie, refusèrent catégoriquement.11 La confrontation devenait donc inévitable. Mais d'autres éléments se doivent d'être portées à notre attention. Depuis la prise des détroits au nord-ouest de l'Asie-Mineure, la Perse pouvait, pour la première fois de l'histoire, contrôler le trafic maritime venant de la Mer Noire. En plus de cela, Darius avait reconquis l'Egypte. Cette nouvelle configuration géographique mit en très mauvaise posture les cités grecques encore libres qui ne pouvaient dès lors plus s'approvisionner en blé ni depuis le sud de la Russie, ni depuis les contrées fertiles de l'Egypte. Dès la fin du VIe siècle, la consommation d'Athènes dépassait la production que la cité pouvait obtenir de ses terres. Darius pouvait aisément payer des prix élevés dont la hausse était due à la forte concurrence. Tandis que la forte augmentation démographique de la cité grecque dès 594 n'arrangeait en rien la situation. Avec ce contexte géo-économique, l'ombre menaçante du Grand Roi avait tendance à s'étendre au delà de ses frontières. On ne peut écarter ce danger bien réel. Les Athéniens auraient dû trouver une solution pour s'approvisionner. En plus de cela, la politique de Darius ne semblait pas peindre un avenir très positif. Comme nous venons de le voir plus haut, le Grand Roi avait bien des vues sur l'Europe. Hérodote évoque même des missions de reconnaissance que ce dernier lança en Grèce continentale et en Italie du Sud.12 Finalement, l'aide des grecs d'occident lors de la révolte de l'Ionie prend les airs d'un prétexte qui précipita certainement la Perse à déclarer la guerre. Toutefois, je doute que l'autorité d'un souverain tel que Darius ne se soit préoccupée d'en trouver un. C'était une question de temps, mais la confrontation aurait eu lieu tôt ou tard. Bien qu'il fut indispensable d'entrevoir la situation du côté perse, il ne faudrait pas oublier de parler 10 Par ailleurs, cette volonté de vengeance ne colle pas avec l'envoi d'un émissaire à Sparte car celle-ci, dans sa traditionnelle politique isolationniste, n'avait daigné aider les Ioniens. 11 Tout du moins à Athènes, ce refus se doit d'être nuancé par un désaccord interne que nous verrons par la suite. 12 Green, 2008, 46-47. 11/09/2013 5/16
  • 6. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon du contexte historique des grecs. Patrice Brun en fait un bon résumé.13 Les grecs qui se sont installés en Asie-Mineure avaient déjà été confrontés à de grandes puissances extérieures. Premièrement soumises aux Lydiens, les cités finissaient par tolérer un pouvoir extérieur tant que ce pouvoir reconnaissait leur identité.14 Après la chute de Crésus et l'apparition des Perses sur leur terres, la situation n'était guère nouvelle car les cités demeurèrent simplement sous l'égide d'un autre pouvoir étranger. Peut-être que ce nouvel arrivant soutenait une politique de tributs plus pesante que les anciens dirigeants. Mais finalement, il semble que ce fut bien plus la situation politique des régimes qui posèrent problème vers la fin du VIe .15 Lorsque la Perse instaure une politique de vassalité par l'établissement de tyrannies16 dans les villes grecques sous leur contrôle. Ce type de régime disparaît en Grèce Continentale. En 510, le tyran Hippias, fils de Pisistrate, fut chassé d'Athènes et il devient assez facile de comprendre le mouvement de mécontentement qui pouvait se dégager des cités ioniennes lorsqu'un pouvoir, étranger en plus de cela, tentait de placer des hommes à leurs têtes. Tous ces éléments réunis composaient une véritable poudrière qui permettait à un conflit d'éclater à tout moment. Que la révolte de l'Ionie fut un déclencheur importe peu. D'une manière ou d'une autre, que ce fut au début du Ve siècle ou plus tard, la confrontation entre La Perse et les grecs était inévitable. La confrontation Malgré le manque évident de description qu'Hérodote17 nous fournit sur la bataille en elle-même, ce dernier est toutefois considéré comme l'auteur le plus fidèle des événements réels qui se sont déroulés. 13 Brun, 2009, 24-26. 14 Crésus, le dernier roi lydien, fit d'ailleurs des cadeaux somptueux au sanctuaire de Delphes. 15 Brun, 2009, 24. 16 La signification du terme de tyrannie ou de tyran n'a pas le sens péjoratif qu'il possède aujourd'hui. Les tyrans, au contraire d'être des individus cruels et sanguinaires, demeuraient des gens acceptables. Pisistrate qui fut tyran d'Athènes de 561 à 524, avait laissé derrière lui un bon règne qui se classa par la suite comme un âge d'or de la cité (Brun, 2009, 24-25). Nous pouvons dans ce cas comprendre pourquoi certaines personnes n'étaient pas défavorables au retour de ce système, en lieux et place de se faire massacrer par l'armée perse. 17 Hérodote VI, 111-115. 11/09/2013 6/16
  • 7. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon Juste avant de parler du déroulement de la bataille, une clarification de la situation plus centrée sur Athènes doit être faite. La personnalité la plus importante qui contribua à la victoire des Athéniens à Marathon est sans nul doute celle de Miltiade. En 493, celui-ci arrivait à Athènes avec la ferme intention de combattre les perses. C'était un ancien aristocrate Athénien, dont l'oncle avait été étroitement lié à Pisistrate. Miltiade connaissait personnellement Darius et Hippias. Il était devenu un chef de guerre expérimenté, ayant vécu pendant vingt ans en Chersonèse ou dans les environs, ce qui manquait véritablement aux Athéniens. Les anciennes charges retenues contre lui ont été du coup effacées18 et il fut élu stratège de sa tribu. L'autre précision importante à souligner est le caractère politique de la cité. Celle-ci n'était pas du tout unie. Comme nous l'avons vu, Athènes s'était affranchie de la tyrannie en 510 avec l'aide de Sparte, pour passer à un système politique donnant le pouvoir à de riches familles aristocrates.19 Mais le souvenir de cette tyrannie n'était pas si lointain que cela. Athènes se divisait donc en deux. D'un côté, un groupe de citoyens20 étaient tout à fait disposés à traiter avec le Grand Roi de Perse. Animés d'un esprit de réalisme sur le long terme, ils estimaient que s'opposer aux forces de l'Empire n'était qu'une pure folie. Si l'armée de Darius avait la réputation d'être invincible, ce n'était pas pour rien. Sans doute que ces Athéniens-là espéraient, par l'acceptation d'Hippias à la tête de la cité, éviter une occupation Perse trop écrasante. Contre eux, se tenaient des hommes simples, honnêtes et sans doute trop stupides à leurs yeux. Il s'agissait d'artisans, fermiers et marins qui ne comprenaient pas que l'issue du combat ne faisait aucun mystère. Leur honneur, aussi grand fut-il, ne les sauverait pas. Mieux valait établir un accord calculé. Telle était donc la situation d'Athènes avant que les Perses ne posent le pied en Attique. Et nous verrons que cette situation ne se résorbera qu'une fois les hoplites athéniens revenus victorieux de Marathon. Dès que l'intention de soumettre par la force les cités qui avaient refusé d'offrir "la terre et l'eau" fut 18 Peut-être par Thémistocle qui, comme lui, voulait combattre et non se soumettre comme certain pro-perse de la cité (Green, 2008, 65.). 19 Pouvait-on déjà parler de démocratie ? Certes, les réformes misent en place, petit à petit, après avoir écarter Isagoras, personnage représentant le nouveau régime que les Spartiates avait placé après avoir chassé Hippias, un système permettant à tous les citoyens d'avoir le même pouvoir politique que les grandes familles aristocratiques. La démocratie est une question de définition dont le degré d'appréciation est très personnel. Mais cependant, les historiens modernes s'accordent à dire que la démocratie d'Athènes n'arrive pas avant la seconde moitié du Ve siècle, sans pour autant penser que les réformes de la fin du VIe ne soient étrangères à la marche qui donna naissance à la démocratie athénienne (Brun, 2009, 76.) 20 Dont est inclus des opportunistes comme la famille des Alcméonides. (Green, 2008, 64.) 11/09/2013 7/16
  • 8. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon prise, Darius désigna son neveux Artaphernès et Datis, un noble Mède, comme chefs de l'expédition. Selon Hérodote, leur mission était de réduire Athènes et Erétrie en esclavage. Hippias, fit partie du voyage. Il voyait en cela un moyen de reprendre le contrôle de son ancienne cité et de l'administrer sous les ordres de Darius. Les Perses attendent que la faction pro-perse des habitants d'Athènes trouve l'opportunité d'ouvrir les portes de la ville. Dans ce but, et à la suggestion d'Hippias, ils établissent alors un campement sur la plaine de Marathon. Les Athéniens, quant à eux, sont très rapidement avertis du débarquement perse. Ils envoient un hémérodrome21 du nom de Philippidès à Sparte pour leur demander soutient. Mais ces derniers répondent qu'ils ne peuvent envoyer de renforts avant la fin de la pleine lune. S'ils le faisaient cela reviendrait à enfreindre un tabou religieux.22 Dès qu'Erétrie tombe23 , de violents débats remuent Athènes. L'assemblée est partagée entre se préparer à tenir un siège alors que d'autres, comme Miltiade, insistent pour que l'armée se porte à la rencontre de l'ennemi pour les combattre. Cela dit, les Athéniens n'hésitèrent pas longtemps avant d'envoyer des troupes à la rencontre de l'armée perse. Cette décision se base sur plusieurs éléments. Le premier est que, traditionnellement, les grecs n'étaient pas enclins à attendre que l'ennemi marche sur leur terre, détruisant infrastructures et récoltes tout en leur faisant l'affront de poser le pied sur la terre de leurs ancêtres.24 Deuxièmement, un siège d'Athènes couperait la cité des renforts Spartiates qui devaient arriver. De plus, le "Long Mur" proposé par Thémistocle afin de protéger la cité tout en la reliant au port du Pirée n'était pas encore construit. Et finalement, comme ce fut le cas pour Erétrie, un siège augmenterait le risque de trahison interne venant de la faction de citoyens qui, comme nous l'avons vu, pensait que livrer la cité aux Perses était l'action la plus raisonnable. 21 Un hémérodrome était capable de courir durant toute une journée. Philippidès aurait parcouru deux cent quarante kilomètres en l'espace d'environ trente-six heures. Certains historiens modernes ont mis en doute la véracité de cet élément. Cependant, il semble tout à fait acceptable de prendre cet épisode pour véridique (Brun, 2009, 37-39.). 22 Probablement une fête liée à Apollon Kameios. Il n'y a pas lieu de croire que les Spartiates eurent joué sur leur piété, qui était bien réelle, pour pratiquer envers Athènes une hypocrisie religieuse qui pouvait arranger leur dessein politique (Green, 2008, 70-71.). De plus, il ne faut pas oublier qu'à cette époque Sparte et Athènes n'étaient pas les ennemies qu'elles deviendraient par la suite. Les deux cités étaient alliées et les Spartiates avaient largement soutenu les Athéniens pour permettre à ces derniers de chasser la tyrannie de leur ville en 510 (Brun, 2009, 36.). 23 Au contraire du sort d'Athènes, pour laquelle la présence d'Hippias aux côtés des perses montrait que ces derniers cherchaient à replacer le tyran dans la cité, une fois Erétrie aux mains des Perses, les habitants furent déportés en Orient pour y servir l'Empire. 24 Brun, 2009, 35. 11/09/2013 8/16
  • 9. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon Lorsque le débarquement perse fut confirmé, la mesure soutenue par Miltiade fut approuvée. L'infanterie lourde constituée d'environ dix mille25 hoplites se met alors en route sous les ordres de l'archonte-polémarque Callimaque, du dème d'Aphidna. Miltiade, quant à lui, se trouvait parmi neuf autres stratèges de cette armée. Arrivés sur place, les Athéniens établirent leur camp renforcé par un rempart de fortune, de bois, tourné vers l'ennemi, à l'entrée sud de la plaine, proche d'un petit sanctuaire d'Héraklès, bloquant ici toute manœuvre perse vers Athènes. Ils furent aussi rejoints par des Platéens.26 Pendant quelques jours, rien ne se passa. Les Athéniens ne voulaient pas passer à l'action car ils étaient dépourvus d'archers et de cavaliers. Avancer ainsi à découvert aurait conduit au massacre. De plus, ils attendaient les renforts spartiates qui devaient arriver prochainement pour mettre toutes les chances de leur côté. Les Perses, quant à eux, n'avait aucunement envie de lancer leur infanterie contre les guerriers lourds hoplites qui occupaient une solide position. De plus, par l'intermédiaire d'Hippias, ils étaient en contact avec un groupe d'Athéniens qui avait promis de leur livrer la ville. Ils attendaient donc un signal. On ne peut savoir si Datis fut au courant que les Spartiates devaient venir renforcer les rangs des Athéniens. Toutefois ce dernier décida d'agir. Utilisant la nuit et employant une partie des navires, il prit avec lui, pour se rendre à Phalère, le gros de la cavalerie, laissant une petite partie sur place pour couvrir les troupes d'Artaphernès. On estime à environ quinze mille le nombre de soldats laissés à Marathon.27 Quand les Grecs apprirent le départ de Datis,28 Miltiade comprit qu'il s'agissait là d'une magnifique occasion d'arracher une victoire. Le matin qui suivit, les troupes grecques se sont mis en ordre de bataille. La connaissance de Miltiade des habitudes militaires perses se révéla efficace. Il savait que l'ennemi placerait ses meilleures troupes au centre et que les jeunes recrues et troupes inexpérimentées seraient placées dans les extrémités. Si Callimaque et les Platéens pouvaient battre rapidement les ailes d'Artaphernès et venir par la suite au secours des troupes centrales, la bataille était quasiment 25 Le nombre exact d'Athéniens, tout comme celui des hommes de l'armée perse, reste une sujet débattu (Brun, 2009, 41-48.). 26 Selon Green, mille six cents Platéens seraient arrivés à l'improviste pour aider les Athéniens (Green, 2008, 72). Toutefois, Brun affirme que de l'aide avait également été demandée à Platée, et que comme Athènes les avait soutenu contre les ambitions de Thèbes, les Platéens leur avaient envoyé six cent hoplites (Brun, 2009, 40-41.). 27 Brun, 2009, 52-57. 28 Sans doute par des espions ioniens au service d'Artaphernès (Green, 2008, 75). 11/09/2013 9/16
  • 10. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon gagnée. C'est ce qui se passa. Au lieu de poursuivre les fuyards, les troupes grecques se concentrèrent sur le centre qui était beaucoup plus malmené. La victoire fut complète. Les Grecs n'eurent que cent nonante-deux morts contre environ six mille quatre cents du côté adverse. La plupart des morts perses sont des fuyards qui se sont enfoncés dans les marais et se sont noyés. Callimaque fit partie du nombre des pertes, ainsi que l'un des dix stratèges, dont le nom n'est pas donné. Une fois la bataille terminée, les Athéniens repartirent aussi vite qu'ils le purent en direction d'Athènes, laissant toutefois un petit contingent garder les prisonniers perses. Artaphernès, quand à lui, réussit à s'enfuir en navire avec quelques rescapés et se mit en route pour rejoindre Datis. Mais les Athéniens furent plus rapides. Ils arrivèrent à Phalère avant Datis lui-même et se mirent en position défensive. Avant le retour des hoplites, les pro-perses avaient finalement envoyé le signal que Datis attendait. Cependant, voyant les Athéniens de retour, victorieux, la plupart des membres de cette faction qui tenait manifestement à offrir la cité aux Perses dut sans doute changer de camp à la dernière minute. Datis, de son côté, resta à bort de son navire. Et lorsqu'Artaphernès le rejoignit, tous deux mirent ensemble les voiles pour retourner en Asie. La première guerre médique prenait fin. 11/09/2013 10/16
  • 11. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon 2. Une victoire et un symbole Le sens de la lutte Nous ne pouvons pas reprocher à Hérodote le fait d'avoir stigmatiser quelque peu la lutte entre Perses et Grecs. Finalement, ce dernier nous a retranscrit de manière très fidèle et convaincante l'état d'esprit des vainqueurs. De ce fait, il devient plus facile pour nous de comprendre le sens caché derrière ce triomphe. La bataille de Marathon n'eut de loin pas la même importance que d'autres batailles antiques telle que celle d'Actium qui marqua le début de l'Empire Romain. La hisser au même rang ne serait pas convenable. Et pourtant, pour le large public, Marathon est sans nul doute la plus célèbre des batailles de l'histoire grecque.29 Bien entendu les Athéniens ont su faire fructifier le talent militaire et la force hoplitique qu'ils avaient alors acquis en combattant et en vainquant, tout du moins pour le moment, un adversaire jugé invincible aux yeux de tous. Mais cette mémoire d'une bataille, somme toute banale30 , n'aurait certainement jamais atteint la dimension presque mythique qu'elle a obtenue, si derrière elle ne s'étaient pas glissés des enjeux politiques. En effet, il existe un bon moyen d'ancrer un régime politique dans l'histoire et cela en tout temps : Par une guerre victorieuse.31 Certes, nous savons aujourd'hui qu'historiquement la bataille de Marathon et sa victoire ne furent pas celles qui mirent le point final à l'affrontement que se livrèrent les Grecs et les Perses, mais une simple parenthèse, un moment de répit avant le retour en force de l'Empire orientale. Mais au moment de cette victoire, le cœur des hommes était au réjouissance. Hérodote ainsi qu'Eschyle avaient très bien vu que ce combat était un conflit d'ordre idéologique.32 Elle démontra que la puissance d'une armée de citoyens fiers de leur indépendance pouvait rivaliser contre toutes 29 Cette célébrité est encore d'actualité, tout du moins en Grèce où, à la mi-septembre 2010, ce 2500ème anniversaire de la bataille s'est vu célébré par une reconstitution historique ainsi que par la frappe de pièces commémoratives de deux euros. 30 Bien que cette victoire ait mis un terme à la première guerre médique, cette conception historique reste moderne et cette victoire n'empêcha pas l'Empire Perse, sous l'autorité de Xerxès Ier de revenir à la charge en 480. 31 Brun, 2009, 77. 32 Green, 2008, 33. 11/09/2013 11/16
  • 12. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon puissances écrasantes incarnées par de grands hommes autoritaires. Et c'était bien en cela que la victoire méritait que le peuple la chante pour les siècles à venir. Les Athéniens virent les choses de la manière suivante : Le nouveau système politique avait réussi, par sa victoire, à liquider une fois pour toutes les idées de l'ancien régime. Bien sûr cette victoire, que les Athéniens n'oublièrent pas de mettre en valeur, montrait que la jeune "démocratie" avait pu triomphé. Mais en dehors de cela, si cette victoire donnait une image politique vue de l'extérieur, de l'intérieur, cette dernière était celle d'une classe sociale. Bien qu'Athènes toute entière en bénéficia, la victoire était avant tout celle de ses soldats : Les hoplites. Il ne s'agissait là que d'une minorité sociale, une classe comptant de petits propriétaires terriens dont le revenu de leur terre leur suffisait pour vivre33 et pour acheter le lourd, et sans doute relativement cher, matériel34 qui composait l'équipement du soldat d'infanterie.35 On admet que ces propriétaires fonciers sont ceux que l'on désigne dans la classe des zeugites36 . Cependant, au vu du nombre de citoyens qu'on leur alloue, certains spécialistes préfèrent voir dans l'étymologie de ce mot, que l'on lie aux bœufs, une origine plutôt militaire. Effectivement, plusieurs textes antiques utilisent ce mot pour désigner les hoplites, alignés les uns aux autres comme des bœufs à l'attelage.37 Cette victoire plaça donc les hoplites en grande estime.38 Ceux-ci étaient alors respectés à titre de héros. Et loin d'être peu enclins à une forme d'égalitarisme39 , ils ne contrèrent politiquement pas le 33 Si nous voulions la comparer, nous pourrions parler d'une certaine équivalence avec la classe moyenne actuelle. 34 Ce matériel que le citoyen devait se procurer lui-même, montrant ainsi une condition sociale plutôt aisée, était traditionnellement composé d'un casque à cimier, d'une armure de bronze, d'un baudrier de cuir recouvert de plaques de bronze, de cnémides en bronze, d'un bouclier rond en bois et d'un diamètre d'environ un mètre, d'une pique de deux mètres terminée aux deux extrémités par des pointes de bronze et d'une épée courte (Brun, 2009, 44-45.). 35 L'aristocratie, quant à elle, était bien plus représentée par la cavalerie. Etonnamment, Athènes n'affectionnait pas spécifiquement ce type de troupe dans son armée. 36 Les citoyens de cette classe, qui pouvaient vivre de leur récolte, avaient tendance à voir leur nombre se réduire de plus en plus au fil du temps, par le partage des terres entre les différents héritiers. Car des terres trop petites ne leur permettaient plus de vivre de leur revenu. Ce morcellement de leurs terres qui avait comme conséquence de creuser l'écart social entre les riches et les pauvres, augmentant leur nombre des deux côtés, rendait critique le statut des zeugites qu'Hésiode (Hésiode, Les travaux et les jours, 405, 376.) représentait comme ne possédant qu'"une maison, une femme et un boeuf de labour", et qui se devaient de faire attention de n'avoir qu'un seul fils. S'ils en avaient plusieurs, ceux-ci ne pourraient alors qu'augmenter le nombre des thètes, citoyens de la classe la plus basse, qui devaient louer leur bras pour subvenir à leurs besoins (Glotz, 1938, 406.). 37 Les grecs aimaient ce genre de métaphore qu'ils utilisaient volontiers dans leur langue (Brun, 2009, 82.). 38 Cette estime fut si grande que, après la bataille de Marathon, selon les dires, Thémistocle dut faire des pieds et des mains et manœuvrer intelligemment pour contrer l'opinion publique qui croyait en la force de la phalange hoplitique et ne voyait pas l'intérêt de bâtir une puissante flotte de guerre. 39 Brun, 2009, 84. 11/09/2013 12/16
  • 13. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon progrès et les réformes qui menèrent à la démocratie. Nous pouvons aisément dire que l'armée de hoplites était devenue l'armée de la démocratie et que, lorsque cette dernière fut abattue de temps à autre, les coups venaient bel et bien d'une aristocratie jalouse du pouvoir attribué au dèmos. Loin d'être la victoire contre les Perses, la bataille de Marathon fut la victoire de la démocratie. La postérité Revenons sur cette victoire. En était-elle vraiment une ? Après tout ce que nous venons d'aborder, la réponse ne peut que pencher vers l'affirmatif. Toutefois, cette éclatante victoire se trouve entachée d'éléments que nous devons également prendre en compte. Si l'armée perse s'en ait retournée après la défaite contre Athènes, le bilan de l'expédition n'était pas si désastreux. Nous pourrions même aller jusqu'à dire qu'elle avait gagné cette première guerre médique.40 La Perse avait maintenant la main mise sur presque toutes les îles de la mer Egée, sans oublier les cités qui leur donnèrent "la terre et l'eau". Qui plus est, beaucoup à l'époque ne le voyait pas ainsi, mais la confrontation ne faisait que commencer. Par cette victoire, Athènes passait à la postérité. Que cela soit pour sa politique ou pour ses tactiques de combat, elle devenait un exemple pour toutes les cités du monde hellénique. Bien des gens de l'époque considéraient que la bataille Marathon marquait la fin de la guerre contre l'Empire perse. Mais d'autres, comme Thémistocle, ne l'entendaient pas ainsi. Ils considéraient ce grand élan d'enthousiasme comme étant très dangereux. Pour eux, la guerre était loin d'être terminée, et tout ceci n'était qu'un prélude à une lutte bien plus terrible encore. Pour le grand malheur des Athéniens, l'histoire donna raison à ces derniers. Il faudra attendre 479 pour que la victoire de la bataille de Platée, pourtant bien moins connue que celle de Marathon ou encore que la défaite des Thermopyles, impose la victoire totale et définitive des cités grecques contre l'Empire Perse. Cela dit, malgré ces éléments négatifs, au vu de ce qui vient d'être soulevé, nous comprenons bien mieux pourquoi la bataille de Marathon fut l'une de celles qui resta gravée dans les mémoires. 40 Brun, 2009, 65. 11/09/2013 13/16
  • 14. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon Après des luttes politiques incessantes au sein de la cité d'Athènes, l'horizon allait se dégager et laisser la place à un certaine stabilité du nouveau régime politique qui, grâce à cette victoire, trouva sa place dans l'histoire. Mais c'est surtout l'héritage que laissa Marathon qui fut retenu dans les esprits. Miltiade conduisit les Athéniens à la victoire et ce dernier fut alors considéré comme un héros. Cette bataille montrait la supériorité de la Phalange hoplitique et nourrit alors la grandeur de l'armée de terre au détriment de la marine.41 Partout, on célébra l'événement. Les Spartiates arrivant le jour même de la bataille, après la fuite des Perses, félicitèrent les Athéniens. On dédicaça aux dieux des armes et des armures prises à l'ennemi, ou même ses propres armes, comme c'est le cas du casque de Miltiade, retrouvé aux temples de Zeus à Olympie42 et bien d'autres, retrouvés à Delphes. Au milieu du Ve , la bataille a aussi été représentée par Panaenus sur la Stoa Poikilè située sur le côté nord de l'Agora d'Athènes. Les légendes font aussi partie de cet héritage. Les gens se mettent à raconter que pour annoncer la victoire de Marathon à Athènes, le soldat Phidippidès partit à la course et que, en arrivant, il s'effondra raide mort en criant victoire.43 Alors que Phidippidès ne fut que l'estafette qui alla chercher un soutien à la cité auprès de la cité de Sparte, bien avant la bataille elle-même. 41 Faisant partie de la classe des thètes, les martins avaient toujours été considérés socialement presque comme de la vermine. 42 Aujourd'hui au musée d'Olympie. 43 Cette fausse histoire fut à l'origine de la création de la course du Marathon pour les jeux d'Athènes de 1896 et donc la bataille elle-même donna son nom. 11/09/2013 14/16
  • 15. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon 3. Conclusion Comprendre l'importance de la victoire de Marathon, c'est avant tout comprendre le sens qu'elle inspirait au peuple athénien. Le combat était certes peu banal. Mais il paraît difficile de reprocher à la masse populaire de l'époque d'avoir gonfler le mythe, car la réputation de l'Empire Perse, considéré comme invincible, semblait bien donner au départ raison à tout ceux qui voyaient toute résistance comme une pure folie. Ce bref aperçu, dédié à la fin du premier affrontement entre Perses et Grecs, mériterait une étude plus approfondie qui malheureusement ne peut avoir lieu ici. Car, bien qu'il le fut relevé de manière succincte, l'importance, le sens et l'impact qu'eurent cette confrontation et cette victoire ne peuvent trouver leur place en demeurant isolés du reste de l'histoire d'Athènes. La cité avait lutté pour se défaire de la tyrannie et instaurer un nouvel ordre. Ce nouveau vent de liberté ne devait pas plier le genoux, même face à une puissance comme la Perse. Pire encore, entendre dire que la soumission à l'Empire Achéménide signifiait un retour au pouvoir d'Hippias, le tyran que l'on avait chassé auparavant, était une chose inacceptable. Ou dans tous les cas, inacceptable pour une majorité des Athéniens. Malgré les légendes post eventum qui entourèrent la bataille, l'image que la jeune démocratie se devait de véhiculer était celle de David contre Goliath. La petite armée athénienne, les hoplites de la démocratie, avait vaincu le géant perse, asseyant ainsi le message, bien que teinté d'un cliché athénocentrisme, qu'il fallait crier avec fierté : La force et le courage d'une poignée d'hommes libres avait combattu et défait l'immense armée sujette d'un souverain autoritaire. 11/09/2013 15/16
  • 16. L'histoire par les textes Mottiez Paul-Emile Marathon 4. Bibliographie Hérodote, Histoires V, texte établi et traduit par Ph.-E. Legrand, Les Belles Lettres, 1946 Hérodote, Histoires VI, texte établi et traduit par Ph.-E. Legrand, Les Belles Lettres, 1948 P. Brun, La bataille de Marathon, Larousse, 2009 G. Glotz, Histoire grecque : Des origines aux guerres médiques, Presse Universitaire de France, 1938 P. Green, Les guerres médiques, Tallandier, 2008 P. Roussel, La Grèce et l'Orient : des guerres médiques à la conquête romaine, Paris, 1928 11/09/2013 16/16