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30.10.2015
UN NOUVEAU DÉPART POUR LE RUGBY DE FRANCE
Chronique des temps difficiles dans la maison Rugby
RÉSUMÉ DE LA NOUVELLE
La coupe du Monde de rugby 2015 restera à jamais le souvenir d’une blessure morale infligée
au rugby français, naguère universellement reconnu pour son talent, sa créativité et ses
exploits.
Comment en sommes-nous arrivés là, alors que l’alerte était donnée depuis longtemps ?
Comment maintenant redonner à la France sa place parmi les grandes nations du rugby ?
Comment de petites nations au nombre de licenciés bien inférieur sont-elles restées
(Nouvelle-Zélande), ou ont-elles atteint en quelques années le plus haut niveau mondial
(Irlande, Argentine) ? Comment expliquer l’échec français, la surprise du Japon, l’héroisme
de l’Ecosse dans la coupe du monde 2015 ?
Inexplicable si l’on s’en tient à la photographie éloquente des chiffres:
France : 66 millons d’habitants ; 438.000 joueurs de rugby licenciés;
Australie : 23,7 millions d’habitants ; 190.000 joueurs licenciés ;
Nouvelle-Zélande : 4,6 millions d’habitants ; 142.000 joueurs licenciés ;
Irlande : 4,8 millions d’habitants ; 86.500 joueurs licenciés ;
Argentine : 43 millions d’habitants ; 80.000 joueurs licenciés ;
Pays de Galle : 3 millions d’habitants ; 42.000 joueurs licenciés ;
Ecosse : 5,3 millions d’habitants ; 25.000 joueurs licenciés ;
Pour partager le regard que je porte sur le rugby francais du moment, mon récit puise sa
source dans la petite crise estivale passée presqu’inaperçue, et dont on pouvait déjà tirer des
leçons sur les dysfonctionnements plus profonds du rugby national.
Après le Tsunami sportif du 17 octobre, je reviens sur ces évènements. Je suggère que
l’immobilisme du rugby français est collectif. Et nous y avons tous notre part,
confortablement installés devant les écrans et les paillettes du Top 14, vitrine mondiale du
vedettariat du rugby. Le changement sera douloureux mais le système doit se réformer avant
qu’il soit utile de changer les hommes et de couper les têtes, vieux jeu à la française. J’aborde
donc la question de la méthode de travail pour changer la gouvernance, l’organisation et la
stratégie du rugby national. La méthode comprend une évaluation indépendante (audit) de 6
mois, un voyage d’étude dans les pays performants, un Panel des sages composé de 10
personnalités du rugby de générations, pays et régions différents. Pierre Albaladejo, Jean-
Pierre Rives, Thomas Lombard, Johnny Wilkinson et Vern Cotter… pourraient y figurer.
La société civile doit être consultée, s’exprimer, donner son regard, comme le demande Pierre
Camou. J’exprime donc aussi ma ferme conviction qu’avec la volonté de changer nous
pouvons espérer très vite le rebond favorable du beau rugby de France et des provinces. La
France a les moyens, les talents et la culture pour reconquérir le Tournoi des 6 nations d’ici
2018, puis nourrir l‘ambition de s’emparer enfin de la coupe du monde en 2019 ou 2023
CHRONIQUE DES TEMPS DIFFICILES DANS LA MAISON RUGBY
…Petite crise estivale au royaume d'ovalie…
A la fin de la saison 2015, toute la chaine de commandement des compétitions
professionnelles a été perturbée par le psychodrame de la décente en ProD2 de Bayonne et de
Biarritz, puis de leur tentative de fusion avortée, suivie par l’épisode malheureux du refus
tardif de la FFR (DNACG) à la montée de Lille (LMR) en ProD2 et les recours successifs du
LMR devant les instances du rugby et du sport… On a pu voir quelles conséquences
malheureuses en ont découlé pour les clubs de ProD2 et de Fédérale 1 ne sachant pas, comme
Dax, sur quelle hypothèse de préparation sportive et financière tabler. De même, l’incertitude
sportive et financière régnant à l’intersaison eut pour conséquence de voir certains clubs dotés
des garanties requises sur leur avenir sportif, venir faire leur marché dans les effectifs de
joueurs des clubs pénalisés par le report de la décision de leur inscription à l’une des
compétitions nationales. On assista, alors que tout le rugby français se préparait à la Coupe du
monde, à un chasser-croisé de responsables fédéraux, Présidents ou Vice-Présidents de la FFR,
Manager du XV de France, occupés à intervenir dans les débats sur la fusion des clubs de
Biarritz et Bayonne, ou pour le Président de la Ligue Nationale (LNR) à interférer
médiatiquement entre les décisions successives des instances compétentes dans le dossier peu
transparent du Lille Métropole Rugby.
Lille ternit son image
Lille avait annoncé que le Comité National Olympique (CNOSF) et lui seul, était une instance
indépendante et acceptait donc implicitement par avance l'avis de conciliation de ce "tribunal
du sport". Trois avis allant sans ambiguité dans le même sens auraient dû faire entendre raison
à ce club prétendant à l'excellence rugbystique et professionnelle. Le Président du LMR avait
aussi indiqué qu'un avis défavorable du CNOSF ne serait pas propice à la poursuite de
l'affaire par la voie judiciaire du Tribunal administratif.
Contre vents et marées le LMR persista dans le déni au risque, sans vergogne, d'entrainer dans
sa descente aux enfers le reste des acteurs du système.
Crise et dysfonctionnement
Sauf sifflement audible de la fin de la récré. par les instances du rugby, on pouvait encore
avoir à déplorer pas mal de dommages collatéraux. Le LMR et ses dirigeants aggravaient
ainsi la suspicion de mauvaise gouvernance chronique qui pèse sur eux depuis plusieurs
années. Le parcours du LMR est tel le vol de la compagnie allemande Germanwings dont le
co-pilote suicidaire s'est enfermé dans sa cabine entrainant dans sa chute tous les passagers.
Luciani - Lubitz : même combat !
En y regardant bien, on vit même l'équipe dirigeante Lilloise commencer à se déchirer
publiquement sur l'historique du trou financier accumulé depuis 2008. Dans les 800 millions
manquants en 2015, quelques 300 millions seraient probablement imputables aux dernières
opérations de la direction en place. Le mal est donc endémique et loin d'être jugulé.
Ceci devrait nous faire réflêchir à la situation de dysfonctionnement des institutions du rugby
qui ont laissé passer ce délinquant récidiviste entre les mailles du filet de surveillance et qui
l'ont laissé perturber l'organisation de la compétition jusqu'à la veille du coup d'envoi de la
saison.
Dax redresse la tête
Cette crise devait aussi donner à Dax beaucoup de raisons de redresser la tête. Tant de
conditions adverses ont perturbé la saison passée et l'intersaison de l'USD...mais aussi, tant de
tricherie de certains sur toute la chaine du rugby professionnel a faussé à la fois les conditions
économiques et sportives des compétitions de Pro-D2 et de Fédérale 1.
Rugby et "pays de droit"
Depuis quelques semaines on nous martelait comme un slogan que le principe actif supérieur
du championnat de rugby professionnel est celui qui prévaut dans un "pays de droit". Certes,
la bonne gouvernance, en rugby, comme dans le reste du paysage national, est un principe
louable et non négociable.
Encore faut-il que les institutions et leurs représentants soient à même de faire appliquer le
droit sans mettre en péril les autres garants de la viabilité de la compétition, à savoir: la
dimension sportive et la dimension économique.

 Or en 2015, tout se passe comme si une dérive institutionnelle ou un dysfonctionnement
majeur des championnats professionnels avait laissé s'installer une vision moniste du rugby
axée, entre les périodes de championnat, sur le seul paramètre financier de l'équilibre
comptable...Et pendant que la FFR joue son rôle de "gendarme financier", la LNR lui savonne
la planche par des déclarations intempestives de son Président au secours d'un club
visiblement "hors jeu".
La double peine infligée à Dax

 Peut-on pour autant hypothéquer les dimensions économiques et sportives du nouveau
rugby sur l'autel de la gouvernance ? Les résultats sportifs sont-ils valides s'ils ont été acquis
dans l'opacité, voire l'illégalité financière ? La compétition sportive est-elle régulière si elle
est entâchée d'un détournement des règles ? Non dans les deux cas, mais le rôle des
institutions est de faire respecter la règle de manière compatible avec le déroulement
chronologique et sportif de la compétition et à ne pas faire courir un risque majeur à la
prévisibilité économique des entités en compétition. Dax en a fait les frais, aujourd'hui,
quelles que soient les raisons de son échec sportif in extremis la saison passée. Dax a subi la
double peine sportive et économique alors que sa gestion financière restait en
équilibre. L’amende honorable publiquement faite le 21 octobre par les nouveaux dirigeants
Lillois sur la mauvaise gestion passée du club restaure la vérité sur la situation mais ne répare
pas le dommage collectif infligé. Dans l'imbroglio où se sont mis les acteurs du rugby
professionnels de l'inter-saison 2015-2016, la règle de droit et son application lente et
bureaucratique ont conduit à la mise au second plan des dimensions économiques et sportives.
Le rugby professionnel (qu'on le veuille ou non) ne peut fonctionner efficacement sans une
application pluralistes de ses principes. Cette application concommitante de la règle de droit,
de la bonne marche de la compétition sportive et des conditions économiques équitables est la
responsabilité des institutions et acteurs du monde du rugby et des autorités publiques.
Lorsque ces instances ne garantissent plus le bon fonctionnement du système, on assiste au
blocage actuel.
…Grande déroute automnale au Royaume-Uni…
De la chaotique intersaison estivale à la coupe du monde automnale, la cacophonie ambiante
était-elle propice à une préparation sereine d’un XV de France tributaire depuis longtemps
déjà des décisions, agissements et structures du rugby national et de ses dérives illustrées plus
haut ? Le fracas assourdissant de l’équipe de France n’était-il pas prévisible sinon annoncé ?
L’euphorie issue de la coupe du monde 2011 en Nouvelle Zélande était trompeuse et
malvenue. Une courte défaite française d’un point en finale contre l’équipe championne du
monde avait occulté un parcours accidenté fait de deux graves échecs contre les mêmes All
Blacks néo-zélandais au début de la compétition et surtout contre la minuscule nation
insulaire de Tonga. Fallait-il aussi sombrer dans le ridicule de se satisfaire du contenu d’un
match contre l’Angleterre, dans le dernier tournoi des 6 nations, au cours duquel l’équipe de
France avait été humiliée, mais avait déployé un jeu tellement plus offensif qu’on lui
pardonnait d’avoir pris ce jour là un cinglant 55-35 et concédé 7 essais ? Fallait-il enfin rester
optimiste pour les chances françaises à la coupe du monde en Angleterre alors le pays hôte,
lui même éliminé prématurément avant la phase finale, avait dans les 6 derniers mois battu la
France deux fois sur trois et surtout traversé victorieusement 12 fois en trois rencontres les
lignes de défense françaises. Et que dire de la médiocre victoire in extremis contre la petite
Ecosse à Paris en septembre ?
Petites causes, grands effets ? Toujours est-il que le rugby de France, gravement affaibli, est
maintenant au pied du mûr, sinon au pied de son Everest dont il n’est plus possible de reporter
l’ascencion hivernale.
…Un nouveau départ pour le rugby de France…
Le rugby national, depuis l'avènement du professionnalisme, n'a pas introduit dans sa pratique
les réformes institutionnelles suffisantes propres à assurer le bon fonctionnement des
nouvelles conditions de la compétition. Il est nécessaire d'y pourvoir sans délai et en tenant
compte des meilleures pratiques internationales dans ce domaine. Mais ce n'est pas en se
concentrant sur la seule élite, le top 14, que le candidat Bernard Laporte veut réduire à 12 et le
lier principalement aux besoins du XV de France, que l'on va régler la crise de fond. Le
prochain responsable du rugby français devra porter un vrai projet structurel traitant la
question des rapports entre les instances du rugby (FFR, LNR), l'une devant être plus
clairement subordonnée à l'autre, le bon fonctionnement des championnats professionnels et
la question vitale de l'éducation aux pratiques du jeu à travers le renforcement des écoles de
rugby et de leurs structures au sein des grands clubs régionaux et en devenir. La question de
la jeunesse rugbystique française doit être posée et prise à bras le corps sur toute la chaine
amateur-professionnelle afin d'entretenir la pérennité du rugby des régions et de l'aspiration
des jeunes nationaux aux équipes professionnelles jusqu'à la consécration internationale.
Meilleures pratiques
Aller voir ailleurs ce qui marche n'est pas interdit ni frappé d'indignité arrogante à la
française... Se poser la question de savoir pourquoi la France n'est pas encore championne du
monde (!) alors que son Top 14 est au sommet encore pour quelque temps, est légitime.
Examiner les raisons du hiatus grandissant entre le rugby d'élite et le rugby des régions et des
villages est une obligation. Se poser la question du manque de jeunes pousses ayant une
chance de jouer dans l'élite, est un devoir des futurs responsables. Traiter le problème de la
crise de croissance des clubs traditionnels et professionnels, c'est aussi proposer une nouvelle
formule de l'organisation de notre sport "roi" dans l'hexagone en regardant les modèles qui
marchent dans les pays qui comptent dans le rugby européen et mondial.
Elargissement & approfondissement
Le labeur auquel vont devoir s'atteler tous les clubs et notamment les clubs en souffrance
comme Dax, Bayonne et Biarritz, est celui d'une contribution active à la nouvelle vision de
l'espace hexagonal de notre nouveau rugby. Le débat n'est même plus entre les anciens et les
modernes, entre le rugby des villages et celui des bassins économiques, ou entre l'élite et la
base. Ni nostalgie, ni avant-gardisme: il s'agit d'affermir les bases d'un nouveau rugby durable,
équitablement réparti sur l'espace territorial économique et culturel national et ancré autant
sur les valeurs acquises qui ont exporté le génie régional et national que sur les nouvelles
techniques de promotion, d'organisation et d'éducation au rugby. Par analogie avec la
construction européenne, on pourrait penser à l'élargissement du cadre géographique à
condition de veiller à l'approfondissement de son ancrage régional et sociétal.
Maintenant ou jamais
La France, sans délai ni report aux calendes gréco-électorales, doit s’atteler à la tâche
d’évaluation en profondeur de l’échec historique du XV de France à la coupe du monde 2015.
Elle devra aussi revenir sur les mini-crises successives qui ont conduit au chaos de
l’intersaison 2015 dans le championnat de ProD2 et de Fédérale 1.
L’ensemble de l’ovalie devra présenter une vraie stratégie opérationnelle couvrant toute la
chaine de développement de la pratique du jeu, de l’école de rugby à la compétition
internationale, en passant par les clubs amateurs et professionnels et les structures de
gouvernance nationales.
Le monde du rugby amateur et professionnel doit relancer une dynamique porteuse d'un rugby
nouveau des provinces et des villes qui redonne un espoir de rebond aux grands clubs comme
Dax, Biarritz, Bayonne, Perpignan, Agen, Mont de Marsan, Bourgoin, Perpignan, Narbonne,
Béziers, La Rochelle, Tarbes, Lourdes, Bagnères ... qui souffrent, comme à ceux, moins en
vue, qui doivent dissimuler leurs comptes pour devenir grands...
Le changement de système d’abord, le choix des hommes ensuite
Le changement structurel était écrit sous peine d’aller dans le mur sur lequel s’est fracassé le
XV de France. Il y a plus de quinze ans déjà, Jean Fabre, éminent universitaire, scientifique,
ancien capitaine du XV de France et Président du Stade Toulousain écrivait cet
avertissement : « Si la France est championne du monde, il faudra en profiter pour réfléchir à
une autre organisation. Les Blacks jouent des matchs de haut niveau en petite quantité. Nos
rugbymen jouent quasi onze mois… Il faut créer une élite, reposant sur un professionnalisme
de proximité, avec des entreprises du cru pour sponsors. Il faut en effet garder le rugby des
provinces. Les Basques sont basques. Les Catalans sont catalans. »
Le prochain président de la FFR devra être issu, fin 2016, d’un processus systématique
d’évaluation, de réflexion et de refonte stratégique du rugby national. Il ne pourra plus être,
comme par le passé, le produit médiatico-électoral d’une campagne clientéliste verrouillée par
les oligarchies institutionnelles de la FFR, de la Ligue des Clubs professionnels, des Comités
territoriaux et des patrons du Top 14. Le rugby français ne pourra pas survivre à un simple
replâtrage et à la réédition des échecs des tentatives de réforme précédentes.
Voyage au centre de la terre promise : sonder les cœurs des provinces d’ovalie
Comment procéder ?
 Avec un regard neuf, indépendant, sans concession et en prenant pour référence les
pays de rugby performants. En retrouvant les fondements culturels et les
caractéristiques techniques et stratégiques propres d’un rugby à la française modernisé.
 En procédant à une modernisation institutionnelle, organisationnelle fondée sur les
valeurs et réalités culturelles et humaines du pays et des régions.
 Un audit externe indépendant doit être le point de départ, conduit par des experts
indépendants reconnus et de nationalités différentes. L’audit comprendra un voyage
d’étude en Nouvelle-Zélande, en Australie, au Japon, en Irlande et en Argentine pour
tirer les leçons des évolutions récentes.
 L’audit sera supervisé par un Panel des Sages composé d’une dizaine de personnalités
indépendantes du rugby, du Sport et de l’Université reconnues et représentatives des
grandes régions françaises de rugby. L’audit réalisé sur une période de 6 mois, sera
complété par une période de validation de 3 mois à l’issue de laquelle sera remis un
rapport formulant les recommandations-clés de la réforme du rugby français.
 Il sera ensuite attendu du Panel des Sages qu’il soumettre les recommandations
retenues, avec l’assistance des autorités publiques et régionales compétentes, à
l’opinion publique par le biais d’une vaste consultation publique nationale sur le
modèle des votations hevétiques.
La suite incombera aux responsables du rugby francais qui auront été choisis fin 2016 pour
leur adhésion à la réforme qui émergera de ce processus de modernisation.
La France doit retrouver sa place parmi les grandes nations de rugby et peut très bien nourrir
l’ambition parallelle de voir fleurir un nouveau rugby des provinces modernisé, dédié à
l’éducation, au sport et à la jeunesse. Ce faisant elle pourra retrouver la confiance qui la
conduira progressivement et avec humilité, d’abord à la reconquête du Tournoi des 6 nations
d’ici 2018, puis au titre jamais conquis de championne du monde en 2019 ou 2023.
Il est urgent de ne plus attendre.
Philippe Darmuzey
Ancien du Bordeaux Etudiants Club (Rugby)
Ancien International Universitaire et Sélection Française de Deuxième division de rugby

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Un nouveau projet pour le rugby français 17 10 2015

  • 1. 30.10.2015 UN NOUVEAU DÉPART POUR LE RUGBY DE FRANCE Chronique des temps difficiles dans la maison Rugby RÉSUMÉ DE LA NOUVELLE La coupe du Monde de rugby 2015 restera à jamais le souvenir d’une blessure morale infligée au rugby français, naguère universellement reconnu pour son talent, sa créativité et ses exploits. Comment en sommes-nous arrivés là, alors que l’alerte était donnée depuis longtemps ? Comment maintenant redonner à la France sa place parmi les grandes nations du rugby ? Comment de petites nations au nombre de licenciés bien inférieur sont-elles restées (Nouvelle-Zélande), ou ont-elles atteint en quelques années le plus haut niveau mondial (Irlande, Argentine) ? Comment expliquer l’échec français, la surprise du Japon, l’héroisme de l’Ecosse dans la coupe du monde 2015 ? Inexplicable si l’on s’en tient à la photographie éloquente des chiffres: France : 66 millons d’habitants ; 438.000 joueurs de rugby licenciés; Australie : 23,7 millions d’habitants ; 190.000 joueurs licenciés ; Nouvelle-Zélande : 4,6 millions d’habitants ; 142.000 joueurs licenciés ; Irlande : 4,8 millions d’habitants ; 86.500 joueurs licenciés ; Argentine : 43 millions d’habitants ; 80.000 joueurs licenciés ; Pays de Galle : 3 millions d’habitants ; 42.000 joueurs licenciés ; Ecosse : 5,3 millions d’habitants ; 25.000 joueurs licenciés ; Pour partager le regard que je porte sur le rugby francais du moment, mon récit puise sa source dans la petite crise estivale passée presqu’inaperçue, et dont on pouvait déjà tirer des leçons sur les dysfonctionnements plus profonds du rugby national. Après le Tsunami sportif du 17 octobre, je reviens sur ces évènements. Je suggère que l’immobilisme du rugby français est collectif. Et nous y avons tous notre part, confortablement installés devant les écrans et les paillettes du Top 14, vitrine mondiale du vedettariat du rugby. Le changement sera douloureux mais le système doit se réformer avant qu’il soit utile de changer les hommes et de couper les têtes, vieux jeu à la française. J’aborde donc la question de la méthode de travail pour changer la gouvernance, l’organisation et la stratégie du rugby national. La méthode comprend une évaluation indépendante (audit) de 6 mois, un voyage d’étude dans les pays performants, un Panel des sages composé de 10 personnalités du rugby de générations, pays et régions différents. Pierre Albaladejo, Jean- Pierre Rives, Thomas Lombard, Johnny Wilkinson et Vern Cotter… pourraient y figurer. La société civile doit être consultée, s’exprimer, donner son regard, comme le demande Pierre Camou. J’exprime donc aussi ma ferme conviction qu’avec la volonté de changer nous pouvons espérer très vite le rebond favorable du beau rugby de France et des provinces. La France a les moyens, les talents et la culture pour reconquérir le Tournoi des 6 nations d’ici 2018, puis nourrir l‘ambition de s’emparer enfin de la coupe du monde en 2019 ou 2023
  • 2. CHRONIQUE DES TEMPS DIFFICILES DANS LA MAISON RUGBY …Petite crise estivale au royaume d'ovalie… A la fin de la saison 2015, toute la chaine de commandement des compétitions professionnelles a été perturbée par le psychodrame de la décente en ProD2 de Bayonne et de Biarritz, puis de leur tentative de fusion avortée, suivie par l’épisode malheureux du refus tardif de la FFR (DNACG) à la montée de Lille (LMR) en ProD2 et les recours successifs du LMR devant les instances du rugby et du sport… On a pu voir quelles conséquences malheureuses en ont découlé pour les clubs de ProD2 et de Fédérale 1 ne sachant pas, comme Dax, sur quelle hypothèse de préparation sportive et financière tabler. De même, l’incertitude sportive et financière régnant à l’intersaison eut pour conséquence de voir certains clubs dotés des garanties requises sur leur avenir sportif, venir faire leur marché dans les effectifs de joueurs des clubs pénalisés par le report de la décision de leur inscription à l’une des compétitions nationales. On assista, alors que tout le rugby français se préparait à la Coupe du monde, à un chasser-croisé de responsables fédéraux, Présidents ou Vice-Présidents de la FFR, Manager du XV de France, occupés à intervenir dans les débats sur la fusion des clubs de Biarritz et Bayonne, ou pour le Président de la Ligue Nationale (LNR) à interférer médiatiquement entre les décisions successives des instances compétentes dans le dossier peu transparent du Lille Métropole Rugby. Lille ternit son image Lille avait annoncé que le Comité National Olympique (CNOSF) et lui seul, était une instance indépendante et acceptait donc implicitement par avance l'avis de conciliation de ce "tribunal du sport". Trois avis allant sans ambiguité dans le même sens auraient dû faire entendre raison à ce club prétendant à l'excellence rugbystique et professionnelle. Le Président du LMR avait aussi indiqué qu'un avis défavorable du CNOSF ne serait pas propice à la poursuite de l'affaire par la voie judiciaire du Tribunal administratif. Contre vents et marées le LMR persista dans le déni au risque, sans vergogne, d'entrainer dans sa descente aux enfers le reste des acteurs du système. Crise et dysfonctionnement Sauf sifflement audible de la fin de la récré. par les instances du rugby, on pouvait encore avoir à déplorer pas mal de dommages collatéraux. Le LMR et ses dirigeants aggravaient ainsi la suspicion de mauvaise gouvernance chronique qui pèse sur eux depuis plusieurs années. Le parcours du LMR est tel le vol de la compagnie allemande Germanwings dont le co-pilote suicidaire s'est enfermé dans sa cabine entrainant dans sa chute tous les passagers. Luciani - Lubitz : même combat ! En y regardant bien, on vit même l'équipe dirigeante Lilloise commencer à se déchirer publiquement sur l'historique du trou financier accumulé depuis 2008. Dans les 800 millions manquants en 2015, quelques 300 millions seraient probablement imputables aux dernières opérations de la direction en place. Le mal est donc endémique et loin d'être jugulé. Ceci devrait nous faire réflêchir à la situation de dysfonctionnement des institutions du rugby qui ont laissé passer ce délinquant récidiviste entre les mailles du filet de surveillance et qui l'ont laissé perturber l'organisation de la compétition jusqu'à la veille du coup d'envoi de la
  • 3. saison. Dax redresse la tête Cette crise devait aussi donner à Dax beaucoup de raisons de redresser la tête. Tant de conditions adverses ont perturbé la saison passée et l'intersaison de l'USD...mais aussi, tant de tricherie de certains sur toute la chaine du rugby professionnel a faussé à la fois les conditions économiques et sportives des compétitions de Pro-D2 et de Fédérale 1. Rugby et "pays de droit" Depuis quelques semaines on nous martelait comme un slogan que le principe actif supérieur du championnat de rugby professionnel est celui qui prévaut dans un "pays de droit". Certes, la bonne gouvernance, en rugby, comme dans le reste du paysage national, est un principe louable et non négociable. Encore faut-il que les institutions et leurs représentants soient à même de faire appliquer le droit sans mettre en péril les autres garants de la viabilité de la compétition, à savoir: la dimension sportive et la dimension économique. 
 Or en 2015, tout se passe comme si une dérive institutionnelle ou un dysfonctionnement majeur des championnats professionnels avait laissé s'installer une vision moniste du rugby axée, entre les périodes de championnat, sur le seul paramètre financier de l'équilibre comptable...Et pendant que la FFR joue son rôle de "gendarme financier", la LNR lui savonne la planche par des déclarations intempestives de son Président au secours d'un club visiblement "hors jeu". La double peine infligée à Dax 
 Peut-on pour autant hypothéquer les dimensions économiques et sportives du nouveau rugby sur l'autel de la gouvernance ? Les résultats sportifs sont-ils valides s'ils ont été acquis dans l'opacité, voire l'illégalité financière ? La compétition sportive est-elle régulière si elle est entâchée d'un détournement des règles ? Non dans les deux cas, mais le rôle des institutions est de faire respecter la règle de manière compatible avec le déroulement chronologique et sportif de la compétition et à ne pas faire courir un risque majeur à la prévisibilité économique des entités en compétition. Dax en a fait les frais, aujourd'hui, quelles que soient les raisons de son échec sportif in extremis la saison passée. Dax a subi la double peine sportive et économique alors que sa gestion financière restait en équilibre. L’amende honorable publiquement faite le 21 octobre par les nouveaux dirigeants Lillois sur la mauvaise gestion passée du club restaure la vérité sur la situation mais ne répare pas le dommage collectif infligé. Dans l'imbroglio où se sont mis les acteurs du rugby professionnels de l'inter-saison 2015-2016, la règle de droit et son application lente et bureaucratique ont conduit à la mise au second plan des dimensions économiques et sportives. Le rugby professionnel (qu'on le veuille ou non) ne peut fonctionner efficacement sans une application pluralistes de ses principes. Cette application concommitante de la règle de droit, de la bonne marche de la compétition sportive et des conditions économiques équitables est la responsabilité des institutions et acteurs du monde du rugby et des autorités publiques. Lorsque ces instances ne garantissent plus le bon fonctionnement du système, on assiste au blocage actuel.
  • 4. …Grande déroute automnale au Royaume-Uni… De la chaotique intersaison estivale à la coupe du monde automnale, la cacophonie ambiante était-elle propice à une préparation sereine d’un XV de France tributaire depuis longtemps déjà des décisions, agissements et structures du rugby national et de ses dérives illustrées plus haut ? Le fracas assourdissant de l’équipe de France n’était-il pas prévisible sinon annoncé ? L’euphorie issue de la coupe du monde 2011 en Nouvelle Zélande était trompeuse et malvenue. Une courte défaite française d’un point en finale contre l’équipe championne du monde avait occulté un parcours accidenté fait de deux graves échecs contre les mêmes All Blacks néo-zélandais au début de la compétition et surtout contre la minuscule nation insulaire de Tonga. Fallait-il aussi sombrer dans le ridicule de se satisfaire du contenu d’un match contre l’Angleterre, dans le dernier tournoi des 6 nations, au cours duquel l’équipe de France avait été humiliée, mais avait déployé un jeu tellement plus offensif qu’on lui pardonnait d’avoir pris ce jour là un cinglant 55-35 et concédé 7 essais ? Fallait-il enfin rester optimiste pour les chances françaises à la coupe du monde en Angleterre alors le pays hôte, lui même éliminé prématurément avant la phase finale, avait dans les 6 derniers mois battu la France deux fois sur trois et surtout traversé victorieusement 12 fois en trois rencontres les lignes de défense françaises. Et que dire de la médiocre victoire in extremis contre la petite Ecosse à Paris en septembre ? Petites causes, grands effets ? Toujours est-il que le rugby de France, gravement affaibli, est maintenant au pied du mûr, sinon au pied de son Everest dont il n’est plus possible de reporter l’ascencion hivernale. …Un nouveau départ pour le rugby de France… Le rugby national, depuis l'avènement du professionnalisme, n'a pas introduit dans sa pratique les réformes institutionnelles suffisantes propres à assurer le bon fonctionnement des nouvelles conditions de la compétition. Il est nécessaire d'y pourvoir sans délai et en tenant compte des meilleures pratiques internationales dans ce domaine. Mais ce n'est pas en se concentrant sur la seule élite, le top 14, que le candidat Bernard Laporte veut réduire à 12 et le lier principalement aux besoins du XV de France, que l'on va régler la crise de fond. Le prochain responsable du rugby français devra porter un vrai projet structurel traitant la question des rapports entre les instances du rugby (FFR, LNR), l'une devant être plus clairement subordonnée à l'autre, le bon fonctionnement des championnats professionnels et la question vitale de l'éducation aux pratiques du jeu à travers le renforcement des écoles de rugby et de leurs structures au sein des grands clubs régionaux et en devenir. La question de la jeunesse rugbystique française doit être posée et prise à bras le corps sur toute la chaine amateur-professionnelle afin d'entretenir la pérennité du rugby des régions et de l'aspiration des jeunes nationaux aux équipes professionnelles jusqu'à la consécration internationale. Meilleures pratiques Aller voir ailleurs ce qui marche n'est pas interdit ni frappé d'indignité arrogante à la française... Se poser la question de savoir pourquoi la France n'est pas encore championne du monde (!) alors que son Top 14 est au sommet encore pour quelque temps, est légitime. Examiner les raisons du hiatus grandissant entre le rugby d'élite et le rugby des régions et des
  • 5. villages est une obligation. Se poser la question du manque de jeunes pousses ayant une chance de jouer dans l'élite, est un devoir des futurs responsables. Traiter le problème de la crise de croissance des clubs traditionnels et professionnels, c'est aussi proposer une nouvelle formule de l'organisation de notre sport "roi" dans l'hexagone en regardant les modèles qui marchent dans les pays qui comptent dans le rugby européen et mondial. Elargissement & approfondissement Le labeur auquel vont devoir s'atteler tous les clubs et notamment les clubs en souffrance comme Dax, Bayonne et Biarritz, est celui d'une contribution active à la nouvelle vision de l'espace hexagonal de notre nouveau rugby. Le débat n'est même plus entre les anciens et les modernes, entre le rugby des villages et celui des bassins économiques, ou entre l'élite et la base. Ni nostalgie, ni avant-gardisme: il s'agit d'affermir les bases d'un nouveau rugby durable, équitablement réparti sur l'espace territorial économique et culturel national et ancré autant sur les valeurs acquises qui ont exporté le génie régional et national que sur les nouvelles techniques de promotion, d'organisation et d'éducation au rugby. Par analogie avec la construction européenne, on pourrait penser à l'élargissement du cadre géographique à condition de veiller à l'approfondissement de son ancrage régional et sociétal. Maintenant ou jamais La France, sans délai ni report aux calendes gréco-électorales, doit s’atteler à la tâche d’évaluation en profondeur de l’échec historique du XV de France à la coupe du monde 2015. Elle devra aussi revenir sur les mini-crises successives qui ont conduit au chaos de l’intersaison 2015 dans le championnat de ProD2 et de Fédérale 1. L’ensemble de l’ovalie devra présenter une vraie stratégie opérationnelle couvrant toute la chaine de développement de la pratique du jeu, de l’école de rugby à la compétition internationale, en passant par les clubs amateurs et professionnels et les structures de gouvernance nationales. Le monde du rugby amateur et professionnel doit relancer une dynamique porteuse d'un rugby nouveau des provinces et des villes qui redonne un espoir de rebond aux grands clubs comme Dax, Biarritz, Bayonne, Perpignan, Agen, Mont de Marsan, Bourgoin, Perpignan, Narbonne, Béziers, La Rochelle, Tarbes, Lourdes, Bagnères ... qui souffrent, comme à ceux, moins en vue, qui doivent dissimuler leurs comptes pour devenir grands... Le changement de système d’abord, le choix des hommes ensuite Le changement structurel était écrit sous peine d’aller dans le mur sur lequel s’est fracassé le XV de France. Il y a plus de quinze ans déjà, Jean Fabre, éminent universitaire, scientifique, ancien capitaine du XV de France et Président du Stade Toulousain écrivait cet avertissement : « Si la France est championne du monde, il faudra en profiter pour réfléchir à une autre organisation. Les Blacks jouent des matchs de haut niveau en petite quantité. Nos rugbymen jouent quasi onze mois… Il faut créer une élite, reposant sur un professionnalisme de proximité, avec des entreprises du cru pour sponsors. Il faut en effet garder le rugby des provinces. Les Basques sont basques. Les Catalans sont catalans. » Le prochain président de la FFR devra être issu, fin 2016, d’un processus systématique d’évaluation, de réflexion et de refonte stratégique du rugby national. Il ne pourra plus être,
  • 6. comme par le passé, le produit médiatico-électoral d’une campagne clientéliste verrouillée par les oligarchies institutionnelles de la FFR, de la Ligue des Clubs professionnels, des Comités territoriaux et des patrons du Top 14. Le rugby français ne pourra pas survivre à un simple replâtrage et à la réédition des échecs des tentatives de réforme précédentes. Voyage au centre de la terre promise : sonder les cœurs des provinces d’ovalie Comment procéder ?  Avec un regard neuf, indépendant, sans concession et en prenant pour référence les pays de rugby performants. En retrouvant les fondements culturels et les caractéristiques techniques et stratégiques propres d’un rugby à la française modernisé.  En procédant à une modernisation institutionnelle, organisationnelle fondée sur les valeurs et réalités culturelles et humaines du pays et des régions.  Un audit externe indépendant doit être le point de départ, conduit par des experts indépendants reconnus et de nationalités différentes. L’audit comprendra un voyage d’étude en Nouvelle-Zélande, en Australie, au Japon, en Irlande et en Argentine pour tirer les leçons des évolutions récentes.  L’audit sera supervisé par un Panel des Sages composé d’une dizaine de personnalités indépendantes du rugby, du Sport et de l’Université reconnues et représentatives des grandes régions françaises de rugby. L’audit réalisé sur une période de 6 mois, sera complété par une période de validation de 3 mois à l’issue de laquelle sera remis un rapport formulant les recommandations-clés de la réforme du rugby français.  Il sera ensuite attendu du Panel des Sages qu’il soumettre les recommandations retenues, avec l’assistance des autorités publiques et régionales compétentes, à l’opinion publique par le biais d’une vaste consultation publique nationale sur le modèle des votations hevétiques. La suite incombera aux responsables du rugby francais qui auront été choisis fin 2016 pour leur adhésion à la réforme qui émergera de ce processus de modernisation. La France doit retrouver sa place parmi les grandes nations de rugby et peut très bien nourrir l’ambition parallelle de voir fleurir un nouveau rugby des provinces modernisé, dédié à l’éducation, au sport et à la jeunesse. Ce faisant elle pourra retrouver la confiance qui la conduira progressivement et avec humilité, d’abord à la reconquête du Tournoi des 6 nations d’ici 2018, puis au titre jamais conquis de championne du monde en 2019 ou 2023. Il est urgent de ne plus attendre. Philippe Darmuzey Ancien du Bordeaux Etudiants Club (Rugby) Ancien International Universitaire et Sélection Française de Deuxième division de rugby