Vincent Polveche (GIP Pulvés) présente les verrous et les freins, les pistes d'innovations dans le cadre de la problématique de la pulvérisation en arboriculture
Réglementation phytopharmaceutique risque ou opportunité pour l'innovation ?
Traitement phyto en arboriculture fruitière
1. Traitements phyto en
arboriculture fruitière
Gérard Chapuis (BayerCropScience) – Xavier
Crété (CEHM)
Présentation: Vincent POLVECHE (GIP Pulvés)
2. Le parc matériel (1)
Une très grande majorité d’appareils à
jet porté (> 85% du parc):
La bouillie sort de l’appareil par des buses, le plus souvent par un jet
conique, à une pression de 10 à 15 bars et est pulsée dans la
végétation par un ventilateur qui brasse l’air à moins de 150 km/h.
3. Le parc matériel (2)
Quelques appareils pneumatiques:
La bouillie est amenée, à basse pression jusqu’à diffuseurs ou un
vent de plus de 300 km/h génère de très fines gouttelettes. Les
gouttes généralement plus fines qu’en « jet porté » permettent
théoriquement des volumes plus bas.
4. Les pratiques (1)
Volume par hectare
En général adapté au parcellaire et à la capacité
des cuves pour simplifier le travail, des tendances
géographiques sont néanmoins sensibles
(habitudes locales et arguments des vendeurs de
matériel…)
Val de Loire : 300 à 500 litres
Sud-ouest : 200 à 1000 litres
Sud-est : 500 à 1200 litres
5. Les pratiques (2)
Réglages
Bonne maîtrise du respect des volumes
désirés et une vitesse moyenne de l’ordre
de 6 km/h dans presque tous les cas.
- Les « contrôles volontaires » réalisés
dans le cadre des organisations de
producteurs depuis près de 10 ans ont
souvent optimisé les réglages
6. Les contraintes liées à la culture
Le mode de conduite :Grandes variations du
mode de conduite des arbres en fonction des
espèces et des habitudes…
Beaucoup d’arbres à pépins conduits en haie
fruitière
Les pommiers des Alpes mesurent parfois 5 à 6
mètres de haut, dans d’autres régions ils sont 2 fois
moins hauts…
Les noyers sont des arbres énormes et la bouillie
doit monter à 12 mètres de haut;
Les abricotiers sont conduits en gobelet, la
végétation forme une voute sous le tracteur.
8. Les contraintes liées à la culture
Le volume de végétation varie beaucoup
Grandes variations du volume de végétation en fonction de
l’âge du verger et de l’époque de l’année (présence de
feuilles ou pas…).
Les parties à « protéger » sont constituées par les feuilles et
les fruits, mais la surface développée à traiter n’est pas la
même à chaque application.
9. Les problèmes rencontrés
La dérive de pulvérisation
Des buses à turbulence « classiques » équipent la quasi-
totalité des appareils à jet porté. Ces buses sont disposées
selon une couronne et produisent de très fines gouttelettes. Il
y a donc inévitablement des gouttes avec une trajectoire
verticale et des embruns susceptibles de sortir de la parcelle
en cas de vent latéral..
10. Les problèmes rencontrés
La dérive de pulvérisation
Un arrêté publié en septembre 2006 règlemente l’emploi des
produits en fonction des risques environnementaux, en
particulier pour protéger les cours d’eau. Une zone tampon
« non traitée » doit être respectée variable en fonction du
degré de toxicité du produit.
Pour lutter contre certains insectes, il n’existe pas de produits
de substitution et le respect de « zones non traitées » parfois
étendues (50m) est impératif. Pour la limiter à 5m
l’arboriculteur doit mettre en œuvre un moyen réduisant la
dérive par un facteur 3 (mais aucun moyen n’est à ce jour
homologué)
11. Des pistes de solutions ?
Des buses à limitation de dérive
Des buses à turbulence à injection d’air sont en cours de développement.
Leur usage se généralise en grandes cultures. En arboriculture, elles ne sont
pratiquement pas utilisées, mais il a été prouvé qu’elles réduisaient la dérive
en dehors de la parcelle par un facteur 2 à 2,5. Cela constitue déjà un
progrès notable pour l’environnement. D’autre part, certains travaux du CTIFL
tendent à indiquer qu’elles augmentent les quantités déposées sur la
végétation (ce qui ne tomberait plus au sol ou sortirait de la parcelle arriverait
sur la cible…)
12. Des pistes de solutions ?
Des architectures de matériel adaptées
Au lieu de travailler avec des buses éloignées de plusieurs mètres
de la végétation à traiter, avec un ventilateur qui génère un flux d’air
à grande vitesse, et génére un brouillard qui se disperse, il est
possible de construire une sorte de rampe qui les rapproche de leur
cible et canaliser un flux d’air important à faible vitesse. Des
appareils ainsi conçus existent déjà. Leur usage est plus adapté aux
vergers en haie fruitière qu’aux gobelets. Evolution des modes de
conduite à prévoir ??? …
13. Des pistes de solutions ?
Des aménagements parcellaires
Les filets paragrêle semblent limiter la diffusion des gouttelettes en
dehors de la parcelle. Des mesures précises de cet effet sont en
cours. On peut espérer qu’un filet halt-carpo fonctionne de la même
façon, en piégeant ainsi la bouillie dans la parcelle on peut espérer
optimiser la dose utile et diminuer d’autant les embruns de dérive.
Ce type de filet ne constitue pas un moyen efficace à 100% sur les
insectes, mais associé à une lutte chimique mesurée il permet de
combiner intelligemment des moyens « alternatifs », si en plus on
optimise l’application on gagne sur les 2 tableaux…
14. Des pistes de solutions ?
Des matériels hi-tech ?
Une expérimentation réalisée en Espagne avec un prototype
capable de moduler les doses et la trajectoire de la bouillie en
fonction du volume de végétation (détecté par des capteurs
laser et à ultrason) a permis de démontrer qu’on pouvait
réduire les doses /ha de 50 % tout en continuant d’appliquer
la même dose /cm² sur chaque feuille. On est donc tenté de
conclure que 50 % du produit appliqué dans une parcelle
arrive finalement au sol, sur les branches, le tronc ou sort de
la parcelle…
Cela montre la marge de progrès qu’on est en droit d’espérer à
travers les techniques d’application pour réduire les doses
appliquées à l’ha tout en conservant une bonne efficacité biologique
15. Des questions subsistent
Les filets sont-ils réellement efficaces ?
Il existe encore des zones d’ombre à préciser :
la quantification de l’effet anti dérive d’un filet paragrêle
est soumis à des tests complémentaires fastidieux (en
cours)…
Les effets du filet alt’carpo sur l’application d’un fongicide
n’ont pas encore été mesurés…
16. Des questions subsistent
Le coût des investissements ?
Le prix qu’un arboriculteur est prêt à
consacrer à un pulvérisateur « intelligent »
ou à des aménagements est une inconnue
lourde de conséquence pour qu’un
constructeur de machines agricoles passe
du stade « recherche » au
« développement. En pleine crise de la
filière avec des pommes à 0,14 € /kg, la
question mérite d’être évoquée…
17. Des questions subsistent
Les buses anti-dérive restent-elles
efficaces ?
Les arboriculteurs ne passent que très difficilement aux buses à
injection d’air. Ils craignent un baisse d’efficacité des traitements et
reprochent à ces buses de devoir travailler « en aveugle » (plus
d’embruns, on ne voit plus si une buse se bouche…)
C’est en définissant clairement les limites d’emploi des buses à injection d’air
(probablement lié au volume/ha et au produit concerné…) qu’on rassurera les
arboriculteurs pour généraliser leur emploi
18. Des débuts de réponse
Essai d’efficacité des buse à réduction de dérive
sur la tavelure du pommier réalisé au CEHM en
2008
2 types de buses x 2 solutions chimiques x 2 modes d’application
ATR orange TVI jaunes ATR orange ATR orange
10 bars 9 bars 12 bars 12 bars
Modalités 1 seule 1 seule
face traitée face traitée X2
540 l/ha 540 l/ha 290 l/ha 580 l/ha
captane T1 T3 T5 T7
captane +
T2 T4 T6 T8
trifloxystrobine
19. Des débuts de réponse
Des techniques différentes en
situation réelle
20. Des débuts de réponse
Fruits tavelés par arbre au 05 juin 08
Les résultats 150
Fréquence sur feuilles au 20 mai 2008
Nombre de fruits tachés par arbre
120
15%
87 84
Nb feuilles avec tache / Nb feuilles total
90
10%
60
9,0%
38 39
7,5%
30
5%
3,8% 3,7% 0
captane capt+strobi captane capt+strobi
ATR TVI
0%
captane capt+strobi captane capt+strobi
ATR TVI
Pas de différences !!!
21. Conclusions
Concilier les exigences environnementales, la
protection sanitaire du verger et les impératifs
économiques peut sembler parfois une
gageure…
Mais des solutions réalistes semblent
apparaître, et des validations sont encore à
produire
Il convient dans tous les cas de prendre en
compte les spécificités de chaque système
cultural car la « solution universelle » n’existe
pas !