1. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
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N e w s l e t t e r M A I A 23 Mai 2 0 1 4
Édition spéciale JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ
Mot de la Présidente :
Je suis extrêmement fière et émue d’avoir pu ouvrir cette grande journée nationale de l'infertilité le 23 mai
2014 à l’Institut Pasteur. J’espère que ce n'est que la première d'une longue série de journées de cette nature.
Nous étions tous réunis, personnes infertiles, amis, familles, soignants, enfants, formidables parrains Olivier
POIVRE D'ARVOR et Inès DE LA FRESSANGE (par vidéo) car un jour, l'on nous a appris qu'il serait certes possible
de devenir parent, mais autrement. Via la procréation médicalement assistée, la fameuse PMA, quelle qu'elle
soit : insémination, fécondation in vitro, don d'ovocytes, don de sperme, gestation pour autrui, ou via
l'adoption. Qu'il ne serait alors possible, qu'à certaines conditions, de transmettre à un enfant ce qui nous
fonde, et donc de pouvoir donner un jour à cet enfant la possibilité, les moyens, les soutiens afin de continuer
à créer sa vie par lui même...
Ce fut un coup de poing, qui a amené des femmes et quelques hommes il y a 13 ans à créer MAIA, première
association nationale de patients infertiles, représentant toutes les infertilités.
Laure CAMBORIEUX en a été la première présidente qui a porté, avec force et détermination, la farouche
volonté de faire entendre la voix, les préoccupations et les combats de celles et ceux qui n'étaient pas conviés
dans ce débat sur l'infertilité et ses conséquences médicales, psychologiques, sociales et sociétales.
2. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
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Depuis ces personnes ont appris à se faire entendre, à revendiquer un accès équitable et éthique à la
procréation médicale assistée et à l'adoption, à se représenter elles-mêmes et à interpeller les pouvoirs
publics.
Cependant les manifestations de ces derniers mois qui ont mobilisé en France autour des questions familiales,
n'ont fait entendre qu'un son de voix, bien monotone et monocorde.
Nous, personnes infertiles, souhaitons en faire entendre un autre, celle de la diversité des parcours pour
devenir parents, la voix également de nos enfants nés différemment, mais encore trop petits pour la plupart
pour se faire entendre : mais cela ne va pas tarder, bientôt ils seront là aussi à la tribune - s'ils le désirent bien
entendu !
A la création de MAIA il y a 13 ans, il y avait 4 constats, toujours d'une brûlante actualité :
1) Celui que l'infertilité était encore une souffrance le plus souvent tue et vécue comme un tabou en France par
des centaines de milliers de personnes, hommes et femmes.
2) Celui que le parcours du combattant des personnes infertiles reste invisible à celles et ceux qui les côtoient
sur leurs lieux de travail, en famille, parmi leurs amis
3) Celui qu'être parent autrement aujourd'hui en France est un choix mûrement réfléchi et respectueux des
droits des enfants à venir
4) Celui que la maladie reproductive (90 % des cas d'infertilité) est une réalité qui touche aujourd'hui 1
personne sur 6 en France et en Europe
A cela, MAIA a répondu par 3 missions :
1) Celle d'informer les personnes infertiles pour qu'elles fassent des choix informés, afin que leur parcours soit
facilité et pour leur donner le pouvoir d'agir auprès des professionnels de santé et des pouvoirs publics en vue
de trouver la meilleure voie pour devenir parents.
Les activités de MAIA s’inscrivent ainsi dans l’engagement des associations de personnes et de patients
soucieuses de transmettre une information fiable et des connaissances de toute nature : médicales,
scientifiques, administratives...
2) Celle d'accompagner ces mêmes personnes infertiles en mettant à leur disposition tous les outils d'échanges
et de soutien sur le net via un forum privé, via des rencontres « dans la vraie vie », à l'occasion de groupes de
parole, de sessions de soutien par un psychologue ou via la ligne d'appel "Infertilité Info Service".
Accompagner et soutenir en mettant à disposition des livres pour enfants sur la parentalité par le don, sur la
parentalité suite à une gestation pour autrui, l'adoption, des témoignages de personnes infertiles.
3) Celle de militer et sensibiliser le grand public et les politiques à l’infertilité.
Enjeu de taille car en dépit de son importante prévalence en France comme en Europe, le sujet reste tabou.
Pour délier les langues et amener ce problème de santé publique au rang des préoccupations des pouvoirs
publics, nous nous mobilisons.
La possibilité de levée d’anonymat ou du non-anonymat définitif du don, gestation pour autrui éthique, il y a
bien des années que nous formulons nos demandes auprès des pouvoirs publics.
Et bien entendu nous nous sommes mobilisés grâce à nos partenaires FAMILI et l'Institut PASTEUR pour
organiser cette 1ère Journée Nationale de l'infertilité qui réunit et fait se rencontrer familles, patients,
spécialistes médicaux, thérapeutes, psychologues et associations du secteur.
Je tiens tout particulièrement à remercier les nombreux professionnels de santé présents ce 23 mai qui ont
choisi de prendre cette journée hors de leur cabinet pour venir aujourd'hui à la rencontre des personnes et
couples infertiles.
Merci à toutes les associations, aux bénévoles et à vous qui avez répondu présents afin que cette 1ère journée
de l’infertilité soit une réussite. Merci Déborah d’être venue à ma rencontre afin de me parler de ton projet de
journée de l’infertilité, Merci Cédrine de FAMILI d’avoir répondu à notre appel.
3. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
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MAIA est là plus que jamais pour vous soutenir dans votre désir d'être parent. Tel est notre combat auprès et
avec vous. A MAIA vous trouvez : solidarité, respect, diversité des parcours et éthique. Des valeurs qui fondent
depuis toujours nos actions.
Laëtitia POISSON-DELÉGLISE
Présidente de l’Association MAIA
Retour sur la Première Journée Nationale de l'Infertilité 2014
Vous avez été nombreux à avoir répondu présents lors la Première Journée Nationale de l'Infertilité,
organisée le 23 mai 2014 par FAMILI et l'association MAIA.
Retour sur cette journée riche en informations et émotions.
380 visiteurs
40 intervenants
1485 tweets
170 bodys vendus
52 articles dans les médias
1 couple sur 6 rencontre des difficultés
pour concevoir un bébé : il était temps d'en parler
et de lever le tabou de l'infertilité. Pour la
première fois en France, FAMILI et l'association
MAIA, qui vient en aide aux couples et femmes
infertiles, ont organisé la Journée Nationale de
l'Infertilité, le 23 mai 2014 à l'Institut Pasteur.
Un événement parrainé par deux personnalités :
Inès DE LA FRESSANGE, Fille DES, icône de mode,
et Olivier POIVRE-D'ARVOR, papa adoptant,
écrivain et directeur de France Culture, qui ont
tous deux mené un vrai combat pour devenir
parents à leur tour.
Cette journée, qui rassemblait experts, médecins,
spécialistes de la PMA, fut l'occasion d'aborder
divers sujets : les différentes causes de l'infertilité,
l'infertilité masculine, devenir mère après 40 ans,
être parents autrement, les différentes techniques
de PMA.
Une façon d'informer et de sensibiliser le grand
public, touché de près ou de loin par ce fléau.
Pour ceux qui n'étaient pas présents, voici un
retour en images sur cette journée du 23 mai
2014, riche en informations, débats et émotions.
http://www.dailymotion.com/video/x1yhq27_reto
ur-sur-la-premiere-journee-nationale-de-l-
infertilite-2014_lifestyle?start=8
4. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
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Les différents visages de l'infertilité :
1ere Table ronde : Les différents visages de l'infertilité animée par Patricia LOISON, journaliste.
Intervenants présents :
Pr Renato FANCHIN : responsable médical du
centre de médecine de reproduction de l’Hôpital
Antoine-Béclère à Paris,
Dr Jean-Marc MAYENGA : praticien au centre
hospitalier des quatre villes à Paris,
Déborah SCHOUHMANN-ANTONIO : initiatrice
de cette journée, responsable de l’antenne de
Paris, thérapeute en périnatalité,
Dr Christophe SIFER : responsable du service de
médecine de reproduction au centre d'AMP de
Jean-Verdier à Paris,
Dr Chadi YAZBECK : spécialiste en gynécologie
obstétrique - infertilité à l’hôpital Bichat à Paris.
L’infertilité touche environ un couple sur six. Un
chiffre important qui fait froid dans le dos ! C'est
face à ce constat saisissant que l'association MAIA
et FAMILI se sont associés pour lancer la première
Journée Nationale de l'Infertilité, organisée le 23
mai 2014 à l'Institut Pasteur à Paris. La première
table ronde de la journée était consacrée aux
différents visages de l'infertilité. L'occasion d'en
apprendre un peu plus sur les causes et les
différentes sortes d'infertilité.
Infertilité et vieillissement ovarien :
Selon le professeur Renato FANCHIN, l'une des
principales causes de l'infertilité serait liée à la
réorientation de la vie des femmes. En effet, le
désir d’enfant chez les femmes arrive aujourd’hui
plus tard, à un âge où la qualité et la quantité
des ovocytes sont moindres. "La femme de 35 ans
peut avoir plus de difficultés à concevoir qu’une
femme de 25 ans du fait de la diminution de ses
ovocytes".
Le vieillissement ovarien entraîne une insuffisance
ovarienne, qui serait l’une des causes importante
de l’infertilité aujourd’hui. Pour illustrer ces dires,
le professeur FANCHIN explique que les follicules
ovariens sont en déclins durant toute la vie d’une
femme.
"Une petite fille naît avec environ 440 000 follicules
dans l’ovaire, à 30 ans il lui en restera environ 33
000 et à 40 ans environ 7000".
La stimulation ovarienne peut être utilisée comme
traitement pour augmenter la quantité, mais le
professeur rappelle toutefois qu’il est difficile de
corriger la qualité ovocytaire. A l’heure actuelle,
une solution permet de conserver la qualité de ces
ovocytes, en les congelant. Un procédé pour le
moment interdit en France.
"Il n’y a pas le feu au lac mais il est conseillé
d’avoir des enfants avant l’âge de 35 ans" conclut
le professeur Renato FANCHIN.
Les patients, des personnes avec un projet
parental avant tout :
Le docteur Jean-Marc MAYENGA reste positif: "Au
XXème siècle est arrivé quelque chose
d'extraordinaire pour l'humanité : la PMA". Selon
lui, il est très important de s’intéresser aux
patients et à leur projet de vie et de les informer
surtout, parce que "tout le monde ne sortira pas
avec un bébé d'une Procréation Médicalement
Assistée".
On estime que 20% des couples arrêtent la PMA
dès la première tentative car c’est trop dur. Il ne
faut pas prendre à la légère ce genre
de traitements extrêmement lourds
physiquement et psychologiquement. Au bout de
quatre tentatives de PMA, 40% réalisent leur
projet parental. Selon le Dr MAYENGA, les taux de
réussite en France actuellement ne sont pas à la
hauteur même si la PMA a fait preuve de son
efficacité.
Les grandes pathologies de l'infertilité :
Mais dans quels cas peut-on avoir recours à la
PMA ? Le Dr Chadi YAZBECK explique que les
pathologies qui impliquent un recours à la
Procréation Médicalement Assistée sont
notamment l’endométriose, les problèmes de
trompes, la qualité du sperme et l’infertilité
inexpliquée. "La femme est "plus importante" que
5. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
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l’homme dans le processus de
procréation. L’ovocyte est plus important que le
spermatozoïde".
L’occasion pour le Dr YAZBECK de rappeler
l’importance du don d’ovocytes, encore très
marginal en France. On estime 500 dons
d’ovocytes pour 2000 demandes.
Les techniques proposées en France :
Le Dr Christophe SIFER répertorie trois types de
FIV actuellement : La Fécondation In Vivo, une
technique qui permet de féconder l'embryon
directement dans le ventre de la mère,
la Fécondation In Vitro, qui consiste à féconder
l'embryon dans un incubateur avant de le
transférer dans le corps de la femme, et enfin la
Fécondation In Vitro « ICSI » qui consiste à
inséminer chaque ovocyte au moyen de la micro-
injection d'un spermatozoïde à l'intérieur de celui-
ci.
Ne pas négliger l'impact psychologique :
Pour terminer, Déborah SCHOUHMANN -
ANTONIO rappelle que l'infertilité n'est pas
qu'une affaire de femme mais de couple ! L'esprit
et le corps des deux parents doivent fonctionner
ensemble pour préparer le projet parental. Il est
important d'être unis car la PMA c'est beaucoup
d'espoir, mais c'est aussi accepter l'idée de ne plus
être le maître du jeu, que l'on forme désormais un
couple à 3 avec le médecin. C'est un
véritable bouleversement du quotidien : "entrer
dans un parcours de PMA, c'est entrer dans un
lourd silence".
http://www.dailymotion.com/video/x1zr6dd_jour
nee-nationale-de-l-infertilite-2014-les-differents-
visages-de-l-infertilite_lifestyle?start=40
Être parent autrement :
En plus du parcours PMA, d'autres choix s’offrent aux couples pour devenir parents. Mais lesquels ?
Comment devenir parent autrement ? C'est le sujet de cette 2éme table ronde.
Table ronde : Être parent autrement animée par Cédrine MEIER, rédactrice en chef de FAMILI
Intervenants présents :
Laëtitia POISSON-DELÉGLISE, présidente de
l’association MAIA,
Isabelle CHÉRUBIN, membre de l’association
MAIA,
Martine GROSS, ingénieure de recherches en
sciences sociales au CNRS et chercheure à
l'EHESS,
Dr Thierry HARVEY, gynécologue et chef de
service de la maternité des Diaconesses, Paris
6. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
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Pr Jean Philippe WOLF, chef de l’unité de
biologie de la reproduction et directeur du
Cecos de l’hôpital Cochin, Paris.
Être parent autrement : Entre parentalité et
filiation ?
Martine GROSS fait bien remarquer qu’il existe une
confusion dans les esprits entre parenté et
filiation. En effet, la procréation et la parenté sont
deux choses bien distinctes. Il faut se mettre en
tête que ce n’est pas parce que l’on donne du
sperme qu’on est un père, même "un père avec
l’adjectif biologique derrière". Dans ce cas, on est
donneur ou géniteur. Le terme "père" peut être
employé lorsqu’on s’engage dans la paternité, et
seulement dans ce cas là, selon elle.
Être parent autrement : La GPA
La gestation pour autrui (GPA) est une méthode de
procréation qu’on pratique lorsqu’il y a infertilité
féminine liée à l’absence d’un utérus ou bien
même à sa déformation. C’est en tout cas ce que
nous dit le Dr Thierry HARVEY : "les femmes
n’ayant pas les moyens physiques de porter un
enfant procèdent à la GPA". Ce principe fait donc
appel à des mères porteuses qui reçoivent les
embryons du couple dit infertile. A la naissance de
l’enfant, le bébé est remis aux parents.
La pratique de la GPA soulève des questions
d’éthique comme la marchandisation ou encore
l’anonymat. On en vient alors à parler de la loi de
bioéthique. En effet, cette loi pourrait être
prolongée par la GPA, c’est en tout cas ce
qu’aimerait Thierry HARVEY. Il aimerait modifier
certains interdits, tout en les encadrant
sérieusement, sous la surveillance du législateur.
Être parent autrement : Les dons
Les deux principales questions éthiques qui se
posent par rapport au don sont celle de
l’anonymat et celle de la gratuité. C’est ce que
nous a expliqué Martine GROSS lors de sa prise de
parole. Le don d’ovocytes est basé sur un principe
de gratuité. Mais pourquoi une femme donnerait
gratuitement ? Dans ce cas, pourquoi ne
donnerait-elle pas pour un proche ?
Nous avons d’un côté le principe de gratuité qui
surgit puisque la loi bioéthique interdit la
commercialisation du corps humain. Cependant,
certains centres dédommagent les donneuses de
leurs éventuels frais. Oui, il n’est pas question que
les donneuses perdent de l’argent quand elles font
une bonne action. D’autre part, nous avons le
principe d’anonymat qui fait débat. Certains
affirmeront que l’anonymat empêche "le côté
relationnel du don" quand d’autres sont favorables
à cette pratique puisque qu'elle permet d’éviter
qu’on puisse, par la suite, interroger la paternité
du père (qui n'est pas le géniteur, certes) qui a
atteint ce statut car il a eu le projet d'être papa. Ou
bien encore, que les personnes dites infertiles
soient démises de leur parentalité. Il faut noter
que le principe d’anonymat a été instauré a priori
pour protéger à la fois les enfants, les donneurs et
les parents.
Être parent autrement : A l’étranger ?
Laetitia POISSON-DELÉGLISE revient sur le
« tourisme procréatif », terme qui la fait bondir car
ce n’est pas un choix mais une obligation pour
certains couples partant à l’étranger pour
un parcours PMA. Pourquoi ? Ce n’est pas par
simple choix mais plutôt par dépit. Chacun
préfèrerait être soigné dans son pays mais il faut
dire que la France n’a pas beaucoup de donneurs,
ni de donneuses. En effet, malgré le fait que
certaines personnes veuillent donner d’eux-
mêmes, ce n’est pas le cas de tout le monde.
D’autre part, si vous voulez les ovocytes d’un des
membres de votre famille, ce n’est pas possible
non plus dans l’Hexagone. Enfin, la plupart des
Cecos vous refuseront l’accès à un parcours PMA,
en fonction de votre âge. Si vous avez 40 ans, ils
vous feront comprendre que vos chances de
procréer sont moindres et qu’ils ne peuvent "rien
faire pour vous". Phénomène inquiétant mais réel,
de plus en plus de couples ont recours à ce qu’on
appelle le « tourisme procréatif ».
Être parent autrement : L'adoption
La parentalité adoptive est un moyen unique de
filiation. C’est en tout cas ce que nous dit Isabelle
CHERUBIN. Ayant suivi un parcours PMA, elle et
son époux ont choisi de construire leur famille par
l’adoption. Elle nous parle de ce parcours : Lors
d’une adoption, il s’agit de "faire famille" avec un
enfant qu’on n’a pas porté, qui a déjà un vécu, un
7. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
7
certain âge, parfois une origine différente… Ce
n’est pas un choix résigné ou une solution de repli,
c’est un réel engagement, "un engagement à vie" !
C’est pourquoi, la réflexion portant sur l’adoption
doit être faite en amont du projet de parentalité,
en même temps que le parcours PMA. Évitez la
brève réflexion et la décision hâtive !
Isabelle CHERUBIN rajoutera qu’en tant que parent
adoptif, il est essentiel de faire preuve d'une
capacité d’adaptation et de prendre conscience de
ses propres limites face à un enfant adopté. En
effet, il faudra assumer à 100% votre choix (et
votre chance) face à des gens qui poseront parfois
des questions… bienveillantes ou non !
Être parent autrement : Et l’intérêt de
l’enfant alors ?
Il est essentiel de penser à l’intérêt du potentiel
futur enfant avant de penser à son propre intérêt.
La question à se poser selon le Pr. Jean-Philippe
WOLF est : Est-ce que tout doit être fait pour avoir
un bébé ? Il se permet d’y répondre en disant qu’il
ne faut pas s’acharner sur les solutions immédiates
et médicales sans prendre en compte les
conséquences pour l’enfant futur.
D’autre part, lorsque l’enfant naîtra, il faudra lui
expliquer la façon dont il a été créé. Le plus tôt est
le mieux puisque ça évitera qu’il se pose un grand
nombre de questions qui puissent à terme le
perturber.
Enfin, il expose même la possibilité d’un donneur
semi-anonyme. En effet, si on fait bien la
différence entre parent et géniteur, on pourrait
donner aux enfants l’accès aux informations
concernant les donneurs, aujourd’hui gardées
secrètement par l’organisme.
A travers cette table ronde, on a pu s’apercevoir
que les avis divergent au sujet de la GPA et de la
bioéthique. Cependant, la GPA reste un recours
en cas d'infertilité tout comme l'adoption.
http://www.dailymotion.com/video/x1zwwy1_jou
rnee-nationale-de-l-infertilite-etre-parent-
autrement_lifestyle?start=1
Reportage : Un enfant si je peux… quand je veux
Ce documentaire, réalisé par Marie HALOPEAU, est consacré à l'infertilité. Il pose le problème de la
préservation de la fertilité des femmes malades, et de celles qui ne sont pas malades, mais qui souhaitent
retarder le moment de leur grossesse, un nouveau défi médical et social rendu possible par la vitrification
ovocytaire. Nous apprenons également beaucoup sur les techniques de PMA proposées en France, et sur le
parcours du Dr. GALLO. Grâce aux témoignages de couples hétérosexuels (dans le cadre de la législation
française), nous vivons, à travers eux, le combat contre l'infertilité féminine, conséquence d'une insuffisance
ovarienne ou d'une maladie. Un fléau vécu au quotidien par un couple sur 6... Des confessions touchantes et
émouvantes. Bon visionnage.
Durée : 95 minutes.
https://www.youtube.com/watch?v=v03-i0dlbwE
8. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
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Zoom sur l’infertilité masculine
Au cours de la Journée Nationale de l'Infertilité organisée par FAMILI et l'association MAIA, une attention
particulière a été portée sur l'infertilité masculine. Zoom sur un tabou encore très présent dans notre société...
Table ronde :
Zoom sur l'infertilité masculine animée par Hélène CARDIN, journaliste.
Intervenants présents :
Marie-Charlotte DUMARGNE, chercheuse à
l'Institut Pasteur,
Valérie GRUMELIN-HALIMI, thérapeute
psychologue,
Dr Kenneth MCELREAVEY, directeur du
département de génétique humaine du
développement à l'Institut Pasteur,
Pr François OLIVENNES, spécialiste des
traitements de l'infertilité et professeur agrégé à
l'université, Paris,
Pr Célia RAVEL, chef du service de biologie de la
reproduction du Cecos du CHU de Rennes,
Pr Jean-Pierre SIFFROI, généticien à l’hôpital
Trousseau de Paris.
Au sein de la société actuelle, l’infertilité masculine
est un tabou bien présent et pourtant, il faut en
parler. On note qu’elle représente 40% de
l’infertilité des couples et 40% des indications
des fécondations in vitro (FIV). C'est en tout cas ce
que nous apprend le Pr. François OLIVENNES. Des
chiffres non négligeables qui témoignent des
problèmes de fertilité concernant les potentiels
papas. Eh non ! L’infertilité n’est pas uniquement
une affaire de femmes…
Les différents types d’infertilité masculine :
D’après le Pr. Jean-Pierre SIFFROI, généticien à
l’hôpital Trousseau, il existe deux grandes
catégories d’infertilité masculine.
La première comprend les pathologies obstructives
: les spermatozoïdes sont produits en quantité
normale par les testicules mais leur parcours est
interrompu, ils n’arriveront donc jamais dans
l’urètre ou au niveau de l'éjaculat. Cela peut se
produire si le tractus génital masculin (long de
plusieurs mètres) est mal formé ou bien même
bouché.
La seconde catégorie, quant à elle, comprend les
pathologies non-obstructives, également appelées
sécrétoires. Le testicule ne produit pas assez, voire
pas du tout de spermatozoïdes. D'ailleurs, il est
difficile de savoir si l’homme produit peu ou pas du
tout de spermatozoïdes. Par exemple, un homme
souffrant d’azoospermie (ce qui signifie l'absence
totale de spermatozoïdes dans le sperme) est tout
à fait capable de produire des spermatozoïdes,
mais ces derniers peuvent simplement se perdre
lors de leur long parcours à travers les canaux
déférents. La solution est donc d’aller chercher les
spermatozoïdes directement dans le testicule et de
procéder à une insémination.
Ces deux types d’infertilité masculine peuvent être
décelés par analyse génétique. Pour le second cas,
l’examen le plus fréquent est l’examen des
chromosomes. En effet, il peut y avoir quelques
anomalies dans le caryotype du patient qui influent
sur la fertilité de ce dernier. Il faut noter que les
anomalies chromosomiques touchent 1/500 de la
population française. Ce chiffre peut être multiplié
par 8 chez les hommes infertiles.
Mais toutes ces procédures surviennent après
avoir diagnostiqué une infertilité… Alors comment
fait-on pour savoir si son homme est infertile ?
L’examen du spermogramme est fait pour ça.
Comment diagnostiquer l’infertilité masculine ?
Le spermogramme est un examen primordial pour
le diagnostic de l’infertilité masculine. Le
Professeur Célia RAVEL, du CHU de Rennes, nous
renseigne sur la question. C’est un examen médical
au cours duquel est analysé le sperme d’un
homme afin de calculer le nombre de
spermatozoïdes normaux ou anormaux, d'étudier
leur mouvement et leur morphologie entre autres.
Il est très important de noter qu’un diagnostic ne
peut être réalisé sur un seul spermogramme,
puisque les résultats de l’examen peuvent varier
selon l’état physique ou mental de la personne.
Attention donc aux événements intercurrents
importants ! Il n’est donc pas nécessaire de
9. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
9
s’inquiéter et de rentrer dans un état de stress dès
le premier spermogramme. Le mieux étant de
réaliser un second examen 3 mois après le premier
(eh oui, car il faut 3 mois pour fabriquer un
spermatozoïde).
En ce qui concerne le délai d’abstinence, il ne faut
pas qu’il excède 5 jours. Sinon les spermatozoïdes
restent stockés au niveau de l’épididyme et se
détériorent en développant des toxines nocives
pour les jeunes spermatozoïdes.
Et si jamais, il y a un rapport sexuel moins de 5
jours avant l’examen, pas de panique ! Il ne faut
pas que cela devienne un facteur anxiogène.
Rappelez-vous toujours, c’est comme ça qu'on fait
les bébés !
Mais à quoi est due l’infertilité masculine ?
Outre les facteurs génétiques, l’infertilité
masculine peut être liée à l’environnement dans
lequel évolue l’homme. En effet, il existe
divers facteurs environnementaux :
Les substances chimiques, comme des toxines,
qu'on retrouve dans l’air en raison de la pollution
ou des pesticides par exemple. Il existe aussi les
facteurs dits physiques liés à nos nouveaux modes
de vie : l’utilisation quasi-permanente des
nouvelles technologies avec les ondes de
téléphones portables entre autres. Et puis
viennent les facteurs tels que le tabac, l’alcool ou
encore la drogue qui influent fortement sur le
développement des spermatozoïdes des hommes.
Certes, l’environnement dans lequel nous vivons
n’est pas toujours très bon pour notre santé, mais
à moins que l’on s’expatrie dans un coin retranché
du monde, coupé de toute communication et de
vie humaine, on ne pourra pas tout changer.
Il faut simplement retenir : optez pour un style de
vie correct, sans que cela ne devienne
obsessionnel.
Et pour cause ! L’infertilité masculine peut aussi
être liée à l’état psychologique du patient. C’est ce
qu’affirme, par ailleurs, la psychologue Valérie
GRUMELIN-HALIMI. En effet, il peut y avoir des
"nœuds psychologiques", soit des blocages dans le
cerveau reptilien (un aspect du cerveau qu'on ne
peut pas contrôler). L’infertilité peut être pour
certains hommes un réflexe signe de protection ou
de rejet d’une peur, d’une angoisse enregistrée
dans le passé… Inconsciemment, vous ne voulez
pas avoir de bébés !
Génétique, environnement, état psychologique...
sont autant de facteurs liés à l'infertilité
masculine. Mais sachez que ce n'est pas une
fatalité, les traitements existent. Ne perdez pas
confiance. Et surtout parlez-en ! L'infertilité ne
devrait plus être un tabou !
http://www.dailymotion.com/video/x1z1cjq_journ
ee-nationale-de-l-infertilite-2014-zoom-sur-l-
infertilite-masculine_lifestyle?start=2
Le couple face à l’infertilité :
L’infertilité n’est pas qu’une affaire de femmes…
Table ronde : Le couple face à l’infertilité animée par Hélène CARDIN, journaliste.
Intervenants présents :
Dr Silvia ALVAREZ, gynécologue et chercheuse
spécialisée dans l’infertilité, Paris,
Geneviève DELAISI DE PARSEVAL, psychanalyste
et chercheuse en sciences humaines, spécialiste de
bioéthique,
Dr Laurence LEVY DUTEL, endocrinologue et
gynécologue, hôpital Tenon, Paris,
Déborah SCHOUMANN ANTONIO, thérapeute
et coach périnatalité,
Irène THERY, sociologue spécialisée dans la
sociologie du droit, de la famille et de la vie privée,
directrice d'étude à l'EHESS.
L’infertilité est un problème majeur de la société
actuelle. Encore sujet tabou pour les hommes,
l’infertilité est très souvent considérée comme
féminine. A tort... C’est un sujet qu’il faut traiter à
deux, en couple, quel qu’en soit le facteur.
10. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
10
Asymétries liées aux genres :
En effet, il est plus difficile de considérer
l’infertilité comme un problème de couple puisqu’il
existe quelques asymétries entre homme et
femme par rapport au processus. La femme
engendre en elle alors que l’homme engendre hors
de lui. On remarque, par ailleurs, que le dossier
médical est au nom de la femme car c’est elle qui
subit l’essentiel du traitement. Mais ce n’est pas
pour autant qu’il faut exclure l’homme du parcours
PMA (Procréation Médicalement Assistée), insiste
Irène THERY. Il faut l’impliquer, lui donner un rôle,
même si le facteur infertilité ne vient pas de lui.
C’est une étape à vivre à deux !
Comment optimiser la fertilité du couple ?
Lorsque le couple éprouve des difficultés à
concevoir un enfant, il est, dans un premier temps,
important de procéder à un dépistage des facteurs
toxiques, qui peuvent mener à l’infertilité, et
d'analyser le mode de vie du couple. C’est en tout
cas ce que nous apprend le Dr Silvia ALVAREZ.
Avant de commencer le parcours PMA, elle
instaure une communication entre elle et ses
patients. Elle place le couple au centre de la prise
en charge. On peut parler de lien humain avant de
parler de lien thérapeutique. Dès la première
visite, Silvia ALVAREZ établit avec eux une liste
"des facteurs modifiables" susceptibles de nuire à
leur fertilité. Elle leur montre comment s’en
débarrasser mais n’impose rien. Il faut que le
déclic vienne des patients eux-mêmes. Le but
étant d’améliorer leur mode de vie afin d’optimiser
leurs chances d'avoir un enfant par fécondation in
vitro (FIV). Il n’est pas rare qu’après avoir changé
quelques habitudes, certains couples voient arriver
une grossesse spontanée. En effet, il est important
de rester dans une "vie amoureuse" et de ne pas
rentrer dans "une vie d’infertile" ! Ce qui serait
délétère pour un couple.
D’ailleurs, il faut noter que la fréquence des
rapports sexuels est très importante, il semblerait
que certains couples oublient que c’est ainsi qu'on
fait un bébé ! Dès lors que le couple n’arrive pas à
concevoir un enfant, les rapports sexuels peuvent
devenir dirigés par la date d’ovulation par
exemple. Ce qui peut très vite entraîner une perte
de la libido aussi bien pour les hommes que pour
les femmes. On note, d’ailleurs, une abstinence
plus prononcée chez les couples dits infertiles que
chez les autres.
"Facteurs modifiables" pour contourner
l’infertilité :
Parmi les autres facteurs modifiables, on trouve la
consommation d’alcool, de cigarettes, de
stupéfiants mais aussi la nourriture, le stress au
travail ou encore, comme le souligne Dr Laurence
LEVY-DUTEL, le poids de l’individu.
En effet, il est important de rappeler que le
surpoids et le sous-poids jouent sur la fertilité des
couples, aussi bien chez les hommes que chez les
femmes. Les troubles même antérieurs comme
l’anorexie peuvent gêner une grossesse. Mais il est
important d’en parler, même à sa gynécologue, un
sentiment de soulagement s’en échappera. Parfois,
c’est l’effet inverse, une trop grosse prise de poids
influence la fertilité de certaines personnes. Dr
Laurence LEVY-DUTEL donne même l’exemple d’un
de ses patients : l'homme a effectué un
spermogramme avant et après sa perte de poids,
le résultat a été sans attente. Six mois plus tard, le
couple vivait une grossesse spontanée. Il faut
prendre le temps de la discussion et du déclic.
Parfois les grossesses arrivent sans aide médicale.
Prévenir le couple d'un potentiel échec :
La vie n’est pas toute rose et l’infertilité ne s’efface
pas toujours aussi facilement. C’est pourquoi, il est
important que le couple soit accompagné pendant
un parcours PMA, comme le souligne Geneviève
DELAISI DE PARSEVAL.
Parfois, des couples sortiront du parcours PMA
sans enfant. Et c’est un cas plutôt fréquent
puisqu'il concerne 1 couple sur 2. Sortir de ce long
et dur parcours sans enfants est un passage
difficile à vivre pour le couple. C’est pourquoi, il est
essentiel de préparer le couple à ce genre de
situation avant même de savoir si la FIV prendra. Et
c’est, aussi, le rôle du médecin.
Si vous apprenez que la FIV a échoué, il faut savoir
que le parcours ne s’arrête pas là. Il faut préparer
votre vie future. C’est un dur travail personnel
mais essentiel à la survie du couple. Il ne faut pas
culpabiliser (c’est plus facile à dire qu’à faire, mais
c’est important) et surtout, il faut rester soudé
entre mari et femme en évitant tout reproche.
Avant toute démarche, notez bien que l'infertilité
est synonyme de couple. Mettre le couple au
centre de la prise en charge est essentiel lors d'un
parcours PMA. Et puis, que cela fonctionne ou
11. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
11
non, rien n'est mieux que de se sentir soutenu par
l'être aimé.
http://www.dailymotion.com/video/x1zs45q_jour
nee-nationale-de-l-infertilite-2014-le-couple-face-
a-l-infertilite_lifestyle?start=55
Être mère après 40 ans :
Cette table ronde portait sur les grossesses tardives et sur les femmes qui deviennent mères passé l'âge de
40 ans.
Table ronde : Être mère après 40 ans animée par
Hélène CARDIN, journaliste.
Intervenants présents :
Dr Charles BRAMI, gynécologue obstétricien à
l'Hôpital Américain de Paris,
Dr Sylvie EPELBOIN, gynécologue obstétricienne
au sein du Groupe Hospitalier Bichat-Claude
Bernard à Paris,
Dr Laurence FRANÇOIS, psychiatre et membre
de l'Association MAIA (Kranikou),
Dr Thierry HARVEY, gynécologue obstétricien à
l'Hôpital des Diaconesses à Paris,
Dominique MEHL, sociologue.
On observe dans la société actuelle une
réorganisation de la vie des femmes qui les pousse
à avoir des enfants de plus en plus tardivement.
Mais avoir un enfant après 40 ans entraîne
différents risques, dangers et incidences pour la
future maman. Quels sont les taux de réussite ?
Quelles sont les différences de risques entre une
grossesse spontanée et une grossesse suite à un
parcours en PMA ? Comment ces femmes vivent-
elles une maternité tardive ? Des questions
abordées par les spécialistes présents lors de
cette première Journée Nationale de
l'Infertilité organisée par FAMILI et l'Association
MAIA.
Les indications médico-sociétales de la
préservation de la fertilité :
La préservation de la fertilité par congélation
ovocytaire est une méthode qui peut paraître
évidente comme alternative au don d'ovules. Elle
n'est actuellement autorisée sur un plan médical
que dans certains cas : maladie ou traitement
altérant la fertilité, explique Dr Sylvie EPELBOIN.
Malheureusement, la loi ne prend pas en compte
les indications sociétales telles que la
réorganisation de la vie des femmes en parallèle à
la baisse constante et précoce de la réserve
folliculaire. Selon Dr Sylvie
EPELBOIN, l'allongement de l'espérance de
vie (environ 83 ans pour les femmes) devrait ouvrir
le droit à la congélation ovocytaire dans des
indications personnelles, à condition qu'on
définisse bien dans quels cas et jusqu'à quel âge.
Ouvrir ce droit permettrait qui plus est de faire des
économies puisqu'on estime que 20% des FIV sont
réalisées pour des femmes de 40 ans et plus et
que le taux de réussite ne va pas au-delà de 7% ce
qui entraîne une perte d'argent et engendre
beaucoup de souffrance. A contrario, la
congélation ovocytaire est "une méthode qui a fait
ses preuves."
Présentation des résultats des grossesses après
40 ans :
L'autre facteur qui intervient dans ces grossesses
est la fréquence des deuxièmes unions. Le taux
élevé de divorces en France (30 à 40%) amplifie ce
phénomène, ainsi que l'augmentation des
grossesses célibataires. "Sauf que qui dit AMP dit
problèmes médicaux, mais il n'y a PAS de
pathologie, ce sont des problèmes liés à l'âge"
explique le Dr. Charles BRAMI. Si la tendance
serait d'aller vers la FIV, le Dr BRAMI rappelle que
lorsque le seul problème de fécondité est l'âge, le
taux de réussite des FIV reste le même que pour
une grossesse spontanée soit environ 5%. Mais
malgré ce faible pourcentage ajouté à des risques
élevés, les femmes veulent essayer. Le Dr BRAMI
rappelle également "qu'on ne connaît pas vraiment
les effets à long terme des traitements hormonaux
sur les femmes de plus de 40 ans".
12. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
12
Le suivi obstétrical et les risques :
Les risques d'une grossesse spontanée après 40
ans sont plus importants que pour les autres
femmes. Fausse couche, phlébite,
diabète, hypertension ou encore anomalie
chromosomique (environ 1 bébé sur 100 est
atteint de trisomie 21 lors d'une grossesse
tardive)... "les risques sont réels malgré les progrès
de la science" rappelle le Dr Thierry HARVEY.
Aussi, les risques d'une grossesse suite à un don
d'ovocyte ne sont pas les mêmes les risques ne
sont pas les mêmes s’il s’agit du sperme du
conjoint ou de celui d’un donneur. Dans le cas
d'un double don, le fait d'être exposée au sperme
d'un inconnu augmente les risques et pathologies.
On estime qu'une femme âgée de plus de 45 ans a
1 chance sur 3 de faire une pré-éclampsie grave
lors d'un double don. "Au-delà de 44 ans, il est plus
raisonnable d'aller dans des maternités disposant
d’un soutien technique en terme de réanimation
adulte" explique le Dr HARVEY.
Il est important de rappeler que les hommes aussi
sont victimes du temps qui passe, les risques de
schizophrénie et de trisomie sont augmentés
lorsque le père est plus âgé, mais on ne sait pas
exactement à partir de quel âge.
Les aspects psychologiques de la grossesse après
PMA et don d'ovocytes :
La grossesse est une phase intense et la PMA
rajoute un degré de complexité supplémentaire,
celui de la transition entre infertilité et
parentalité. Le Dr. Laurence FRANÇOIS explique
que les femmes ayant eu recours à une PMA
passent par plusieurs phases durant leur grossesse.
D'abord un rejet, une difficulté à se réjouir de peur
d'être déçue. "Il faut apprendre à se réapproprier
son corps comme un espace sûr et protecteur et ne
plus voir son utérus comme un cimetière
d'embryons". Le deuxième trimestre est
généralement signe d'apaisement pour la future
maman. Le troisième trimestre est quant à lui
synonyme de peurs et questionnements au sujet
de l'accouchement et de la naissance d'une part, et
sur le don de gamète qui inquiète. La future mère
a tendance à voir la donneuse comme une rivale.
http://www.dailymotion.com/video/x20abmj_jour
nee-nationale-de-l-infertilite-2014-etre-mere-
apres-40-ans_lifestyle?start=1
Intervention en détail de Dr Laurence FRANÇOIS (Kranikou) :
La grossesse après 40 ans, un parcours de PMA, un don d'ovocytes
23/05/2014, 1ère journée de l'infertilité Institut Pasteur
Je voudrais partager avec vous le vécu de nos adhérentes (concernant leur grossesse après 40 ans, un parcours
de PMA et souvent un don d'ovocyte) vécu exprimé sur notre forum internet, au téléphone durant les heures
d'écoute et durant nos groupes de parole.
Pour une femme, la grossesse est une phase de maturation aussi intense que la crise d'adolescence. Des
souvenirs, des émotions remontant à sa petite enfance, à la relation à sa mère, à des grossesses antérieures
deviennent accessibles. Ce n'est pas toujours simple. Mais avoir derrière soi un parcours de PMA, ajoute un
degré de complexité, celui de la transition entre infertilité et parentalité.
1er trimestre :
Le 1er dosage des ß-HCG, celui qui signe le début de la grossesse physique procure un sentiment d'euphorie
totale. Puis très vite la peur revient, concernant l'évolution du taux, les résultats de la 1ère échographie...
La survenue de saignements ou des antécédents de fausses couches aggrave l'inquiétude et amènent à prendre
des mesures de précaution radicales. Difficile de lâcher prise, quand on a passé des années en position active,
multipliant les protocoles, les injections, les prises médicamenteuses à heure fixe, les échographies, les prises de
sang et j'en passe... Toute la vie quotidienne, le travail, les vacances ont été rythmées par les tentatives. On a
parfois fait le vide autour de soi, que la famille et les amis soient au courant ou pas. Le début de grossesse peut
entraîner un sentiment de passivité, de perte de contrôle, de solitude voire de rejet (souvent on ne voit plus son
équipe de PMA). L'entourage ne comprend pas toujours : «ça y est tu es enceinte, tout va bien maintenant».
Mais certaines femmes ne parviennent pas à se réjouir, à y croire, à caresser leur ventre, à parler à leur bébé, à
13. JOURNÉE DE L’INFERTILITÉ 2014
13
le sentir bouger et ce parfois jusqu'à la naissance, elles se protègent en investissant un minimum leur grossesse,
au cas où elle tourne mal. D'autres au contraire restent dans une auto observation permanente ou demandent
à multiplier les examens. A la fin du 1er trimestre l'arrêt des hormones, lorsque le placenta prend le relais ravive
beaucoup de peurs. Parce qu'il faut retrouver confiance dans ce corps qui a fait défaut.
Certaines femmes ont eu un vécu dépressif de leur utérus comme étant avant tout soit une source de douleurs
chroniques (endométriose) ou un cimetière peuplé de cellules tueuses et de cadavres d'embryons ou encore un
organe alien (lorsqu'il est malformé suite à une exposition au distilbène par exemple).
Il faut donc se réapproprier ce ventre qui a été chosifié par les traitements, le percevoir comme vivant,
contenant, clos et non pas béant, comme un espace sûr et protecteur et c'est une véritable reconstruction.
On le voit bien sur le forum, il y a une grande demande de soutien au groupe de la part des jeunes mères au
début de la grossesse.
Le second trimestre lui, procure un certain apaisement.
En dehors des peurs habituelles liées au tri-test et à l'échographie morphologique, une menace peut persister
chez certaines au terrain fragile, alors chaque jour qui passe est gagné jusqu'au terme où le fœtus sera viable.
Pour d'autres femmes c'est presque comme un temps de convalescence, un aboutissement miraculeux après des
années de galère, après avoir même parfois renoncé à l'idée d'avoir un enfant.
Cette quasi lune de miel est donc le moment idéal pour penser plus sereinement son infertilité, en couple, en
groupe avec ou sans l'aide d'un psychothérapeute.
Surtout si ça n'a pas été fait avant parce que le désir d'enfant était si douloureux que le recours à la PMA a eu
lieu quasiment dans l'urgence. Mais trop souvent la grossesse vient masquer ces vieilles blessures, elle permet
de sortir de l'exclusion en réintégrant le monde des femmes fertiles, les fantasmes gênants autour de la PMA ou
du rôle de la donneuse sont refoulés. Cette situation peut devenir une vraie bombe à retardement qui explosera
à la naissance...
On le voit bien sur le forum de Maia, les adhérentes qui disent vouloir «tourner la page»...Et reviennent plus
tard !
Quand on dit penser son infertilité on parle de quoi? Du désir d'enfant qui a été attaqué, du sentiment de n'être
ni femme ni adulte, on revisite sa relation à sa propre mère, on parle de son impuissance, de sa culpabilité, de la
peur de perdre l'amour de son conjoint, de la honte, de l'injustice, de la colère...
Des traumatismes liés aux traitements et à leurs échecs, de l'intrusion du tiers médecin dans sa vie intime, de la
blessure liée aux solutions, le recours au don et la rupture de la filiation génétique....
Intégrer tout cela à son histoire personnelle, afin de se réparer, se rapprocher émotionnellement dans son
couple, donner du sens aux épreuves, reconstruire son projet d'enfant, prendre conscience qu'une bataille est en
passe d'être gagnée à 2.
On peut aussi explorer les nombreux fantasmes liés à la PMA: Celui d'avoir transgressé un ordre naturel ou un
interdit religieux, voir les 2, et de devoir en subir la punition à travers son enfant, croyance qui peut se voir
corroborée par le moindre incident durant la grossesse ou la période périnatale.
Certaines femmes se sentent dépossédées de leur enfant, qui est avant tout un «enfant de la science» avant
d'être le leur, voire même une créature à la Frankenstein.
Pour d'autres encore, qui dit procréation artificielle, dit parent artificiel et difficulté à se sentir le «vrai parent» :
mon enfant va-t-il m'aimer? Vais-je l'aimer? Ne me dira-t-il pas à l'adolescence «tu n'es pas ma vraie mère»?
Au 3ème trimestre, en dehors des peurs liées à la prématurité et à l'accouchement, la rencontre approche, les
rêveries maternelles et la réflexion autour du don de gamète s'accentuent:
La partie génétique inconnue chez son enfant fait peur :
Et si le bébé avait une maladie cachée, une tare ?
Et si les gamètes ou les embryons avaient été mélangés?
Vais-je reconnaître cet enfant comme le mien?
Qui est vraiment cette donneuse, quelles sont ses motivations?
Les fantasmes où la donneuse est une femme ou une mère rivale, fantasme d'adultère, de revendication de
l'enfant, d'avoir volé l'enfant d'une autre femme sont courants.
L'angoisse de perte de l'amour de l'enfant également.
Il peut y avoir réactivation de rivalités fraternelles vis à vis de sœurs qui sont déjà mères naturellement.
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Tout enfant même biologique est déjà un petit étranger que l'on accueille en soi.
Mais un enfant issu du don véhicule un degré d'étrangeté supplémentaire, qui ne sera pas apaisé par le jeu des
ressemblances à la naissance.
Le regard et le soutien des grands-parents maternels en particulier sont importants, ils facilitent l'inscription de
l'enfant dans leur lignée.
Même bien assumé, le don d'ovocytes reste un palliatif de l'infécondité, une réparation partielle, une adoption
psychique du bébé reste nécessaire.
Il est bon d'avoir réfléchi à tout cela avant de devoir à répondre à la fameuse question que posera l'enfant
«comment on fait les bébés?».
Parce qu’à ce moment-là, qu'on ait décidé de lui expliquer son mode de conception ou non, on transmet malgré
soi des émotions brutes...
Cette journée étant un succès, le rendez-vous est déjà fixé
pour 2015 au 29 mai !
A noter dans vos agendas …
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