2. Histoire
Le Mouvement moderne ou encore l’Architecture moderne est un courant de
l’architecture apparu dans la première moitié du XXe
siècle avec le mouvement du Bauhaus,
caractérisé par un retour au décor minimal, aux lignes géométriques et fonctionnelles et la
subordination des formes à l'emploi de techniques nouvelles.
Il s'est développé notamment par les architectes Walter Gropius, Adolf Loos, Auguste
Perret, Ludwig Mies van der Rohe, Oscar Niemeyer et Le Corbusier.
Ce mouvement influença durablement la pensée architecturale et marqua l’ensemble du siècle.
3. Le BAUHAUS
Fondé en 1919 par Walter GROPIUS à Weimar, le Bauhaus « maison du bâtiment » étendit ses
recherches à tous les arts majeurs et appliqués, en vue de les intégrer à l'architecture.
Selon le dessein de son fondateur, tous ceux qui participaient à l'édification du bâtiment
devaient être pénétrés des principes du maître d'oeuvre et créer en harmonie avec lui, la partie
complétant le tout.
Appelés par Walter GROPIUS, les plus grands artistes du moment y enseignèrent.
Le Bauhaus suscita un vif intérêt dans le monde, mais provoqua de fortes réactions dans les
milieux politiques allemands.
Transféré à Dessau en 1925, puis à Berlin en 1932, il fut définitivement fermé sous l'oppression
des nazis arrivés au pouvoir en 1933.
4. Walter Gropius
(Berlin, 1883 - Boston, 1969)
Architecte, designer et urbaniste allemand, plus tard naturalisé américain.
Fondateur du Bauhaus, mouvement clé de l'art européen de l'entre-deux-guerres et
porteur des bases du style international.
5. Walter Gropius: Parcours
Issu d'une famille d'importants architectes allemands (père et grand-oncle), il étudie
l'architecture à Munich (1903/1904), puis à Berlin (1905/1907), puis travaille dans l'agence Peter
Behrens jusqu'en 1910.
C'est à cette date qu'il commence à travailler en indépendant.
Les premiers maîtres d'ouvrages avec lesquels il peut exprimer sa créativité sont issus du monde
de l'industrie, avec notamment la construction de l'usine Fagus en 1911, aux toits plats, à la
structure métallique et aux façades entièrement vitrées, caractérisée par des lignes
orthogonales.
Même s'il est souvent plus reconnu comme figure du fonctionnalisme, son monument aux morts
de mars, dessiné en 1919 et érigé en 1920 montre l'influence de l'expressionnisme sur son
travail.
En 1937, il décide d'émigrer aux États-Unis où il dirige la Graduate School of Design de Harvard. Il
est l'associé de Marcel Breuer jusqu'en 1941. Il mène plusieurs expérimentations d'habitat
standardisant en cherchant à éviter la monotonie. En 1946, il fonde l'agence The Architects
Collaborative (TAC). Philip Johnson, Paul Rudolf, John Johansen et Edward Barnes sont ses
étudiants à Harvard.
7. Une influence: Peter Behrens
L’usine des turbines AEG (1910), Peter Behrens, 1869-1940
8. Walter Gropius: Principes
L’art monumental et la forme artistique de la construction industrielle
Avec Adolf Meyer, son collaborateur à partir de 1910, Gropius est considéré comme un
spécialiste de l’architecture industrielle. Il postule ainsi qu’il faut construire des « palais » pour
que les ouvriers sentent la dignité du « Tout » qu’ils servent.
Le bagage esthétique de l’architecture moderne se situe dans la forme consacrée, ne laissant rien
au hasard, les contrastes clairs, l’agencement des structures, l’emboîtement des éléments
semblables, l’unité de forme et de couleur.
Gropius s’inspire des monuments égyptiens comme du vernaculaire industriel américain, de leur
sens naturel de la forme grande, sobre et stricte.
En utilisant le fer et le verre pour l’usine Fagus, il met en évidence son attachement aux
nouvelles techniques ainsi qu’à la lumière. Il évide l’angle par vérité constructive et pour
souligner la légèreté et la transparence. La façade de verre est verticale alors que les piliers de
briques sont légèrement inclinés, donnant l’impression que la façade est suspendue au niveau du
toit.
La façade d’entrée est asymétrique par l’introduction d’un pan de maçonnerie excentré
contenant l’entrée.
15. Le BAUHAUS
Henry Van de Velde, souhaitant quitter l'école des arts et métiers de Weimar (remercié en 1915
à cause de sa nationalité belge) fondée par lui en 1906 et dont il était le directeur, pressentit
Walter Gropius pour lui succéder.
En 1915, Gropius accepta, à la condition de pouvoir réorganiser à sa guise l'enseignement des
beaux-arts à Weimar.
Au printemps de 1919, il réunit l'école des arts et métiers de Weimar et l'académie des beauxarts
de Weimar en une école supérieur du design sous le nom de Bauhaus Weimar, qu'il installa dans
les bâtiments construits par Van de Velde.
Le Bauhaus était donc né, avec pour principes fondateurs ceux de William Morris, poète,
dessinateur et réformateur britannique du 19è siècle, et du mouvement Arts and Crafts : l'art se
devait de répondre aux besoins de la société et la distinction entre les beaux-arts et la
production artisanale était désormais jugée caduque.
Appelés par Walter Gropius, furent professeurs au Bauhaus, dès 1919, Johannes Itten, Lyonel
Feininger, Gerhard Marcks, Adolf Meyer, Georg Muche les suivit en 1920, puis Paul Klee et Oskar
Schlemmer en 1921 ; Wassily Kandinsky vint en 1922 et Làszlô Moholy-Nagy en 1923.
26. Le BAUHAUS: Architecture
La plan centrifuge – le Bauhaus et la nouvelle architecture
L’école du Bauhaus est, en plus d’un édifice, un manifeste.
De par son programme inédit mais également de par son implantation urbanistique
irrégulière et son langage architectural particulier : une école qui s’apparente à une
usine, dont les façades sont en verre et dont les volumes sont différenciés, reliés par
des passerelles.
La figure en double L ou en aile-de-moulin suggère la rotation idéale, un système de
forces. C’est parlà une nécessité d’étendre les limites de l’espace (relativité) du monde
des concepts à celui des phénomènes (fonctions, mouvements, possibilités).
En relation avec Klee et Kandisky, Gropius considère que c’est la forme qui exerce une
force.
31. Le BAUHAUS: Architecture
L’espace-temps et la transparence réelle et virtuelle
Le bâtiment du Bauhaus n’est perceptible qu’à vue d’avion. La complexité formelle du
Bauhaus déconcerte la perception et dégage une simultanéité conforme à la
conception de l’espace-temps.
La transparence, pouvoir de dématérialisation du verre, est le manifeste de
l’interprétation de l’intérieur-extérieur, comme dans l’Arlésienne de Picasso (visage de
face et de profil simultanément).
L’arlésienne (1937), Pablo Picasso, 1881-1973
32. Les CIAM et le fonctionnalisme
Les congrès internationaux d'architecture moderne ou Ciam, sont nés du besoin de promouvoir
une architecture et un urbanisme fonctionnels.
Le Ier
CIAM de 1928 ne réunit en suisse (La Sarraz) que des architectes européens, à l'exception
des britanniques. Organisé par Le Corbusier , ce dernier y participe de manière très influente.
Le IIe
CIAM, consacré à « l'habitat à loyer modéré », se tient à Stuttgart en 1930 ; y participent
pour la première fois des architectes aussi importants que Walter Gropius.
Le IIIe
CIAM a pour thème : « Méthodes rationnelles pour la construction des groupements
d'habitation ». Il se tient à Bruxelles en 1930, avec Richard Neutra comme représentant des
Etats–Unis. De nouvelles discussions s'engagent alors entre les différentes parties quant à savoir
s'il vaut mieux privilégier les habitations à niveau unique ou à plusieurs étages.
Cependant, aucun CIAM ne sera aussi ambitieux et n'aura autant de répercussion que le IVe
CIAM, à l'issue duquel sera diffusée La Charte d'Athènes.
Le Xe
et dernier congrès des CIAM, a lieu à Dubrovnik en 1956. Mais c'est en 1959, à Otterlo,
aux Pays-Bas, que certains membres décidèrent de mettre fin à ces congrès.
Certains d'entre eux ont poursuivi les réunions sous la dénomination Team 10.
34. La chartes d’Athènes
Réunies en 1943 dans la Chartres d'Athènes, toutes les théories défendues par les
architectes progressistes visent vers l'universel par la recherche d'un "type idéal de
l'établissement humain" (Gropius) qui ne sera en fait que l'expression d'une liberté
de la raison mise au service de l'efficacité et de l'esthétique.
Walter Gropius a recherché une définition du terme "rationnel" applicable à
l'architecture du groupe CIAM, terme que, selon lui, on doit opposer à la
signification qu'on lui donne trop fréquemment de synonyme d’"économique".
A son avis, "rationnel" signifie "selon la raison" et comporte, à part les exigences
économiques, des exigences surtout psychologiques et sociales.
En séparant les quatre grandes fonctions de la ville (habiter, travailler, circuler, se
cultiver), la Chartres d'Athènes instaure le système de zonage qui divise la cité en
ville-outil, ville-dortoir et ville-spectacle et l'ordre rigoureux, propre à faciliter toute
activité productrice est régi par une géométrie simple, une logique mathématique
où l' "orthogonisme" règle toute la composition.
35. La chartes d’Athènes
Grâce à (ou pour mieux dire à cause de) une architecture de bulldozer, l'urbanisme
devient indépendant du site, mais la construction en hauteur d'unités d'habitation
autonomes construites sur pilotis permet de dégager le sol et de multiplier les
espaces verts en dédensifiant la ville.
Malheureusement, cette atomisation des unités a pour conséquence de ne pas
créer un climat véritablement urbain mais d'établir des lieux de contraintes, un
cadre de vie dont la rigide détermination est due avant tout à la recherche de
l'efficacité.
Le plan Voisin de Le Corbusier pour le centre
de Paris, inspiré des principes de la Charte
d'Athènes.
36. La chartes d’Athènes
Le groupe CIAM prenait donc déjà conscience que les conditions de logements
sains "air-son-lumière" devaient dépasser cette formule qui ne pouvait, à elle
seule, suffire à la satisfaction des besoins du logement.
Cependant on peut lui reprocher de n'avoir pas étudié ce problème plus
profondément et d'avoir négligé certains aspects de l'urbanisme qui nous sont
aujourd'hui familiers: le poids de l'économie sur l'urbanisme y est manifestement
sous-estimé, l'aspect biologique de la concentration urbaine n'y est mentionné que
pour mémoire, la recherche sociologique n'apparaît que très fragmentairement
dans les analyses, et les exigences de conclusions ne mentionnent guère la part de
la sociologie en tant que telle dans l'urbanisme.
Malgré tout, l'intérêt de la Chartres d'Athènes réside avant tout dans l'indéniable
coup de fouet dans le renouveau qu'elle a apporté aux études du deuxième tiers
du XXe siècle. Elle a été, dans une mesure qu'il est encore difficile d'évaluer, le
ferment qui a permis l'éclosion de certaines théories, le banc d'essai de la
discussion de ces théories et le relais qui a facilité leur diffusion et leur acceptation.
37. La chartes d’Athènes: extraits
La plupart des villes étudiées offrent aujourd'hui l'image du chaos : ces villes ne
répondent aucunement à leur destinée qui serait de satisfaire aux besoins
primordiaux biologiques et psychologiques de leur population.
(...)
L'avènement de l'ère machiniste a provoqué d'immenses perturbations dans le
comportement des hommes, dans leur répartition sur la terre, dans leurs
entreprises ; mouvement réfréné de concentration dans les villes à la faveur des
vitesses mécaniques, évolution brutale et universelle sans précédent dans
l'histoire. Le chaos est entré dans les villes.
(...)
Le dimensionnement de toutes choses dans le dispositif urbain ne peut être régi
que par l'échelle humaine.
(...)
L'intérêt privé sera subordonné à l'intérêt collectif.
38. La chartes d’Athènes: extraits
Des tracés d'ordre somptuaire, poursuivant des buts représentatifs, ont pu ou
peuvent constituer de lourdes entraves à la circulation.
(...)
Ce qui était admissible et même admirable au temps des piétons et des carrosses
peut être devenu actuellement une source de troubles constants. Certaines
avenues conçues pour assurer une perspective monumentale couronnée d'un
monument ou d'un édifice sont, à l'heure actuelle, une cause d'embouteillage, de
retard et parfois de danger.
(...)
L'alignement traditionnel des habitations sur le bord des rues n'assure d'insolation
qu'à une partie minime des logis.
(...)
Un nombre minimum d'heures d'ensoleillement doit être fixé pour chaque logis.
(...)
L'alignement des habitations au long des voies de communication doit être
interdit.
(...)
39. La chartes d’Athènes: extraits
Les valeurs architecturales doivent être sauvegardées (édifices isolés ou ensembles
urbains).
(...)
La destruction de taudis à l'entour des monuments historiques fournira l'occasion
de créer des surfaces vertes.
(...)
L'emploi de styles du passé, sous prétexte d'esthétique, dans les constructions
neuves érigées dans les zones historiques, a des conséquences néfastes. Le
maintien de tels usages ou l'introduction de telles initiatives ne sera toléré sous
aucune forme.
(...)
Les clefs de l'urbanisme sont dans les quatre fonctions : habiter, travailler, se
recréer (dans les heures libres), circuler.
(...)
Les plans détermineront la structure de chacun des secteurs attribués aux quatre
fonctions clefs et ils fixeront leur emplacement respectif dans l'ensemble.
(...)
40. La chartes d’Athènes: extraits
Les nouvelles surfaces vertes doivent servir à des buts nettement définis : contenir
les jardins d'enfants, les écoles, les centres de jeunesse ou tous bâtiments d'usage
communautaire, rattachés intimement à l'habitation.
(...)
L'urbanisme est une science à trois dimensions et non pas à deux dimensions. C'est
en faisant intervenir l'élément de hauteur que solution sera donnée aux
circulations modernes ainsi qu'aux loisirs, par l'exploitation des espaces libres ainsi
créés.
(...)
Il doit être tenu compte des ressources des techniques modernes pour élever des
constructions hautes.
(...)
Les constructions hautes implantées à grande distance l'une de l'autre, doivent
libérer le sol en faveur de larges surfaces vertes.
(...)
Les croisements à fort débit seront aménagés en circulation continue par
changements de niveaux.
(...)
41. La chartes d’Athènes: extraits
Les rues doivent être différenciées selon leurs destinations : rues d'habitation, rues
de promenade, rues de transit, voies maîtresses.
(...)
Le piéton doit pouvoir suivre d'autres chemins que l'automobile.