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“Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. Ne peut être vendu séparément
Watwan Eco .L hebdomadaire de l Øconomie comorienne -Page II
L
’octroi d’exonérations fiscales
s’est généralisé ces dernières
années. Ces avantages fis-
caux supposés attirer, en parti-
culier, les investissements
étrangers pour développer
l’activité économique et l’emploi entraînent
des pertes de recettes fiscales majeures
pour les pays, créent des distorsions dans
la concurrence, et favorisent le développe-
ment de la fraude, avec l’inclusion des
biens de consommation sur la liste des
produits exonérés dans la plupart des
conventions avec les sociétés étrangères.
Quand certaines multinationales auraient
fait appel à des cabinets spécialisés pour
cacher leurs magots dans les paradis fis-
caux, d’autres sociétés présentes dans les
pays en développement abusent de l’in-
crédulité ou profitent de la complicité de
certains politiques pour signer des conven-
tions opaques, toujours dans le but de faire
de l’optimisation fiscale en échappant aux
lois locales en vigueur. Une sorte d’éva-
sion fiscale qui ne dit pas son nom.
Aujourd’hui, une véritable culture d’exoné-
rations fiscales s’est installée aux
Comores. Ces exonérations se sont éten-
dues à presque tous les secteurs d’activité
et sont accordées de façon discrétionnaire
dans le cadre de conventions d’établisse-
ments signées entre l’Etat et les entrepri-
ses étrangères.
En effet, les grands projets sur finance-
ment extérieur (bailleurs, Ong) et groupes
étrangers préfèrent passer par ces
conventions, dont les conditions sont plus
favorables que celles du Code des inves-
tissements. Ils sont exonérés de tous
droits et taxes sur les équipements, matiè-
res premières ou produits intermédiaires,
mais aussi sur les biens de consommation.
Pendant ce temps, les demandes d’agré-
ment, dans le circuit normal, d’opérateurs
étrangers sont restées marginales. Elles
«représentent moins de 5% du total»
déplore le patron de l’Agence nationale
pour la promotion des investissements
(Anpi), Daoud Saïdali Toihir. On préfère
passer des accords qui assurent le secret
et un lot d’exonérations discrétionnaires.
ENTRE MALADIE ET «REMÈDE»
A ce jour, il est impossible de connaitre le
nombre de conventions signées. Selon l’a-
veu même d’un rapport du Fonds monétai-
re international (Fmi) intitulé «Réforme du
système fiscal : Les étapes à franchir», en
date de mai 2015. L’opacité qui règne au
niveau des gros investissements étrangers
régis par les lois spéciales reste le princi-
pal défi à relever.
Le directeur général de l’Anpi affirme que
mille entreprises auraient été enregistrées
et deux cent quatre-vingt projets auraient
bénéficié de ces fameux agréments neuf
ans après la mise en application, en 2007,
du nouveau code, censé booster les inves-
tissements dans le pays. A l’en croire, «le
code a permis seulement la multiplication
des hôtels-restaurants, des boulangeries,
des fabriques des vedettes de pêche et
des entreprises de bâtiments et de travaux
publics, surtout à Anjouan». En un mot
comme en mille, l’exonération fiscale est à
l’investissement «la maladie dont elle pré-
tend être le traitement».
Dans le rapport cité ci-dessus, ses
auteurs, Gérard Chambas et Jean
François Brun, demandent, ni plus ni
moins, «un coup d’arrêt» aux exonéra-
tions. Ils exhortent les autorités à une
réforme en profondeur de la législation fis-
cale et à un renforcement de l’administra-
tion des impôts. Ils constatent l’hémorragie
financière provoquée par «l’octroi intensif
d’exonérations fiscales sur une base large-
ment discrétionnaire».
Conclusion : Les conventions sont respon-
sables des pertes de recettes. «Les
Comores sont un des rares pays qui off-
rent de manière totalement discrétionnaire
des exonérations fiscales à tous les
niveaux (le ministère des Finances
publiques joue un rôle ambigüe dans cette
histoire, Ndlr). L’Etat les accorde aussi
bien dans le droit commun, le code des
investissements, au niveau des conven-
tions particulières et dans le cadre des
opérations de développement sur finance-
ment extérieurs», lit-on dans ce rapport.
De manière générale, le manque-à gagner
du aux exonérations sur la période 2012-
14 représente 1,4% du PIB et 11,1% des
recettes fiscales(les exonérations au titre
de la convention de Vienne exclues). Ces
pertes de recettes sont amplifiées par les
exonérations de biens de consommation
incluses dans les conventions.
VOUS AVEZ DIT EFFICACE ?
Au cours de consultations menées en
mars 2016, en vue d’une révision du code
des investissements voté en 2007, le
représentant du Groupement des entre-
preneurs comoriens s’est demandé s’il ne
valait pas mieux «substituer l’exonération
à long terme accordée par le code aux
investisseurs par une réduction des taxes
douanières à un taux raisonnable» (voir Al-
watwan n°2891 du 24 mars 2016).
10 MILLIARDS D’ÉCART ET… DE BAISSE
Hamidou Mhoma, vice-président du
Mouvement des entreprises comoriennes
(Modec), lui aussi, ne croit pas en l’effica-
cité de ces exonérations à tout va. «Nous
avons un environnement juridique des plus
complets. Un code d’investissement
attrayant, un code de passation de mar-
ché, une loi sur la concurrence, des garan-
ties aux investissements (Miga et Siace),
tout un arsenal de nature à favoriser les
investissements. Mais tout cela ne suffit
pas. L’investissement direct étranger n’est
pas attiré forcément par des exonérations
fiscales et douanières. Nous avons ten-
dance à oublier le déficit criant que nous
enregistrons dans l’ensemble de nos
infrastructures, énergie, port, aéroport,
routes, télécommunications», soutient-il.
Exonérations fiscales
La face cachée des conventions d’établissement
L’assiette exonérée s’élevait, entre 2012 et 2014, à 7,5% du Pib, soit une perte de
recettes de 1,7% sur cet indice, représentant 13,6% des recettes fiscales.
L’efficacité de l’octroi intensif d’exonérations, sur une base largement discrétion-
naire, est sujette à caution. Selon le vice-président du Mouvement des entreprises
comoriennes, l’investissement direct étranger « n’est pas attiré forcément par des
exonérations fiscales et douanières et le pays a tendance à oublier le déficit criant
que nous enregistrons dans l’ensemble de nos infrastructures en matière d’éner-
gie, de port, d’aéroport, de routes et de télécommunications.»
«L’assiette exonérée s’élè-
ve, sur la période 2012-14,
à 7,5% du Pib, soit une
perte de recettes de 1,7%
du Pib, représentant 13,6%
des recettes fiscales. Une
seule opération en matière
d’investissement, orches-
trée en septembre 2014,
aurait engendré 54%
d’exonérations de l’assiette
de l’exercice. Le manque à
gagner atteint 2,5% du Pib,
soit quasiment 20 % des
recettes fiscales»
(Rapport Chambas)
Lire page IV
PAR KAMARDINE SOULÉ
Port de Moroni
Mep watwaneco_MEP 1557 1-DER.qxd 14/10/2016 11:46 Page 2
Autant dire que ce n’est pas l’érosion des
recettes publiques qui va faciliter le finan-
cement des infrastructures publiques.
Selon l’Outil diagnostic d’évaluation de
l’administration fiscale de janvier 2016, au
second semestre de 2015, indique que les
recettes intérieures se sont contractées en
liaison avec les faibles perceptions des
recettes fiscales : -23,4% par rapport au
niveau du 1er semestre de 2014 et des
recettes non fiscales (-35,7%).»
La loi des finances 2016 confirme la ten-
dance baissière: «Projetées à 23,5
milliards de francs pour le 1er semestre
2015, les recettes intérieures n’ont atteint
que 13,7 milliards, soit un écart de près de
10 milliards de francs, portant le taux de
réalisation à 58,2%. En particulier, les
recettes fiscales se sont élevées à 11,3
milliards de francs contre une prévision de
17 milliards. Cette baisse est encore plus
marquée, le montant recouvré étant de 2,4
milliards de francs contre une prévision de
6,5 milliards et d’une réalisation de 3,8
milliards fin juin 2014.
La mobilisation quasi-nulle des recettes
fiscales et les exonérations accordées à
outrance risquent de ramener le pays à un
retour au cycle infernal des arriérés de
salaires, source de vives tensions sociales
(en trois ans, la masse salariale est pas-
sée d’un milliard cinq cent millions de
francs à deux milliards 200 millions, soit
une augmentation de près de 30%).
PAS DE RECETTE MIRACLE
Il faut dire que les recettes exceptionnelles
issues du programme de la citoyenneté
économique (programme de vente de pas-
seports comoriens à des étrangers) a joué
le rôle de «drogue dure» à laquelle les
gouvernements successifs ont eu recours
au point de ne plus s’occuper de l’urgence
de renforcer l’administration fiscale. Mais
cette catégorie de revenus s’est vite avé-
rée être quelque chose d’artificiel en ter-
mes de viabilité. Et l’Etat se retrouve
aujourd’hui dans l’obligation de recourir à
la générosité de certains pays amis pour
pouvoir honorer le paiement de salaires
des fonctionnaires. C’est ainsi que fin
2015, l’Arabie Saoudite a apporté une aide
budgétaire de 40 millions d’euros, soit
environ 20 milliards de francs comoriens,
dont une partie a servi au paiement des
salaires.
Mais, le problème ne se résume pas qu’au
seul paiement du solde des agents
publics. Loin s’en faut. Il y a ce besoin
urgent pour l’Etat de pouvoir financer ne
serait-ce qu’une partie de son programme
d’investissement public. Aujourd’hui, le
pays a besoin d’un investissement total
d’environ 675 millions de dollars, soit un
peu plus de 293 milliards de francs, pour
honorer ses engagements en matière de
réduction d’émissions de gaz à effet de
serre à l’horizon 2030 (Une proportion
d’environ 10% de ce financement devra
provenir du budget national). Autres
besoins urgent et à venir de finance-
ments : un plan directeur national des
transports routiers pour la période 2015-
2025, qui nécessite un peu plus de 209
milliards de francs à mobiliser sur dix ans,
dont 98% d’investissements. Autre plan
ambitieux, le schéma directeur des ports.
Ce plan d’action intégral a pour objectif de
porter le secteur portuaire de l’Union des
Comores vers un niveau de conformité
aux normes internationales.105 millions
d’euros, soit plus de 51 milliards de francs,
rien que pour les coûts d’investissements
des travaux urgents. «La dette extérieure
de l’Union des Comores a considérable-
ment diminué au cours de l’année 2013.
Elle est passée de 95 milliards de francs
en 2009 à un peu plus de 41 milliards en
décembre 2013. La logique voudrait que
nous maîtrisions nos dépenses et amélio-
rions nos recettes internes, au risque de
nous retrouver dans le cycle infernal de la
dette», prévient le directeur de la dette
publique, Saandi Mouignidaho.
En 2015, la croissance des Comores était
située à 0.7 au lieu des 3% prévus, consé-
quence de la crise endémique dans le sec-
teur énergétique et la réduction significative
des recettes fiscales et douanières. Il est
instamment recommandé à l’Etat de créer
un espace budgétaire pour l’investissement
dans les infrastructures et les dépenses
sociales. Mais, pour y parvenir, l’Etat n’a
pas de recettes miracles ; il doit améliorer
considérablement les recettes, en renfor-
çant ses administrations de recouvrement.
Kamardine Soulé
Exonérations fiscales : La face cachée....
Ali Hamissi, directeur général
des Douanes entre 2011-2015
«Les exonéra-
tions sont
accordées
pour accompa-
gner les
investisse-
ments, mais
les résultats
attendus ne
sont pas au
rendez-vous.
Aucune étude
approfondie
n’a jamais été
faite jusqu’à aujourd’hui pour savoir s’il
s’agit d’une mauvaise gestion des entre-
prises ou bien si c’est le climat même
des affaires qui est défavorable. (…)
Nous assistons à un détournement des
objectifs. Prenons l’exemple des exoné-
rations accordées dans le secteur des
Bâtiments et travaux publics (Btp). La
presque totalité des camions qui circu-
lent aux Comores ont bénéficié d’exoné-
rations durant leur dédouanement. Mais
ces camions sont détournés de leurs
objectifs pour servir dans le transport de
marchandises au port. Ou tout simple-
ment, ils sont loués pour transporter du
sable ou du gravillon. Alors que ces
camions devraient être utilisés dans les
chantiers ou le site des dites sociétés. Il
nous faut en urgence la mise en place
d’un instrument de suivi de l’exécution
de l’investissement, une fois l’agrément
délivré.
Pour ce qui est des conventions d’éta-
blissement signées entre les autorités et
les ‘investisseurs’ étrangers, le plus sou-
vent les techniciens ne sont pas impli-
qués. Le Cas de la convention Hss-Kulak
dans le secteur des travaux publics, au
delà des matériaux destinés au travaux
dans leur chantier, les exonérations
allaient jusqu’à la viande qu’ils impor-
taient destinée à leurs employés expa-
triés. Comment dans ces conditions
assurer un contrôle pour savoir si ces
produits alimentaires sont bel et bien
pour que ces produits ne soient écoulés
sur le marché local.»
Hamada Moussa, directeur géné-
ral de la Directions générale des
impôts entre 2011-2015
«Beaucoup de
tricheries se
font, surtout
au niveau de la
négoce.
Beaucoup sont
ceux qui
créent des
sociétés juste
pour avoir des
agréments,
lesquelles
sociétés
disparaitront
ensuite après que leurs propriétaires
aient dédouané leurs marchandises exo-
nérées de taxes. Et quelques mois ou
années après, ces mêmes personnes
peuvent revenir avec de nouveaux statuts
de sociétés pour demander le précieux
sésame. La réalité est qu’il n’y pas de
suivi sur l’octroi de ces agrément. D’où la
nécessité aujourd’hui, de mettre en place
une direction spéciale de suivi et évalua-
tion de la dépense fiscale, voir le manque
à gagner par rapport au budget de l’État.
Mais ces contournements s’explique-
raient, peut-être, par le fait que le taux de
l’impôt sur les sociétés aux Comores est
jugé très élevé par rapport à la moyenne
régionale.»
Propos recueillis
Ks
Suite de la page 2
ILS ONT DIT...
La semaine prochaine
Exonérations : Un manque-à-
gagner pour le financement des
secteurs vitaux
Le siège de l’Agence nationa-
le pour l’investissement
“Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. l’économie comorienne - Page IV
“Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. Ne peut être vendu séparément
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“Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. Ne peut être vendu séparément
Watwan Eco .L hebdomadaire de l Øconomie comorienne -Page II
L
e budget alloué au secteur
de la santé se réduit
chaque année comme
peau de chagrin. Ces cinq
dernières années, il a
oscillé entre 800 et 100
millions de francs. Pendant ce temps,
l’État continue de perdre d’énormes
sommes d’argent à travers des exoné-
rations fiscales, accordées de façon
discrétionnaire. Le manque à gagner
se chiffre en milliards.
Selon les statistiques, entre 2011 et
2015, les exonérations douanières
sont estimées à plus de 12 milliards de
francs, rien que pour quatre entrepri-
ses du Bâtiment et travaux publics
(Btp). Ce même chiffre équivaut, en
moyenne, aux dépenses nationales
dans le domaine de la santé. Un sec-
teur dont le principal financeur reste…
les ménages, le gouvernement n’arri-
vant qu’en deuxième position.
Il faut dire qu’aux Comores les règles
«douces» sur les imports profitent
davantage aux entrepreneurs qu’à la
population, alors que d’autre pays
mettent à contribution ces recettes fis-
cales des imports pour soutenir les
secteurs sociaux vitaux. Les morts à
répétition, souvent par manque d’oxy-
gène, survenues ces derniers temps
au Centre hospitalier national El-
Maarouf, montrent, s’il en est besoin,
combien ce charcutage du budget
réservé à la santé est désastreuse.
Cela fait longtemps que les gouverne-
ments comoriens successifs ont cessé
de mettre la main à la poche pour
construire des infrastructures sanitai-
res. Les centres de soins construits
ces dix dernières années l’ont été
grâce aux Ong, ou sous forme de
dons de pays amis. Les exemples
sont nombreux : de l’hôpital de
Samba-nkuni à celui de Bambao-
mtsanga en passant par le nouveau
bloc opératoire de l’hôpital El-Maarouf.
Btp : 37% du total des agréments
L’entreprise turque Kulak est celle qui
a le plus bénéficié de la générosité fis-
cale et douanière des Comores. En
2011, entre mai et octobre, elle a
importé des marchandises d’une
valeur de près de 10 milliards de
francs.
Toutes ces marchandises, composées
de gros engins, d’eau minérale ou
encore de récepteurs de télévision,
ont été exonérés de tout droits et
taxes. Ces exonérations n’étaient
pourtant pas accordées dans le cadre
d’un agrément délivré par l’Agence
nationale pour la promotion des inves-
tissements (Anpi). Et pour causes :
Kulak sous-traitait avec le Holding
Hss, signataire, la même année, avec
le gouvernement comorien d’une
convention (voir extraits) lui accordant
plusieurs largesses, applicables à
toute société ayant conclu un accord
de sous-traitance. Kulak, qui devait
assurer la construction d’un port.
Exonérations fiscales. Enorme manque-à-gagner
pour le financement des secteurs vitaux
Une comparaison entre les
exonérations en douane
accordées pendant quatre
ans à quatre sociétés opé-
rant dans le Btp et les dépen-
ses publiques dans le sec-
teur de la santé permet de
comprendre l’impact négatif
que représentent ces avan-
tages.
directeur général de Cbe
(Concassage-Bétonnage-
Enrobage)
Jugez-vous aujourd’hui l’environnement
des affaires aux Comores propice à l’in-
vestissement?
Peut-être, mais pas un investissement dura-
ble. L’environnement n’est propice qu’aux
investissements non pérennes. Seules les
sociétés étrangères en chasse d’un environ-
nement délétère avec des complicités locales
peuvent prospérer. Nous ne savons pas atti-
rer l’investissement. Le développement dura-
ble dépend aussi de la qualité de l’investisse-
ment.
Depuis le jour où on en parle, il n’y a pas eu
d’effets positifs au regard de notre dévelop-
pement alors que cet investissement aurait
dû doper l’emploi, les transferts de technolo-
gie, la compétitivité et la croissance des
entreprises nationales.
Si les capacités réglementaires et juridiques
pour gérer les investissements sont là, la pro-
motion du «bon» investissement est à faire
comme le resserrement des liens entre inves-
tissement et échanges et surtout l’encoura-
gement des grandes entreprises multinatio-
nales à adopter une conduite responsable.
Combien, en moyenne, votre entreprise
paie-t-elle en termes de taxes fiscales par
an?
Environ 60 millions de Tc, 16 millions d’Igr et
35% du bénéfice fiscal par an. Chez Cbe, le
salaire minimal est de l’ordre de 47.500 fc par
mois. Nous avons six employés d’origine
étrangère et cent cinquante salariés au total.
Votre société a-t-elle déjà bénéficié d’exo-
nérations douanières et fiscales dans le
cadre d’une convention avec l’Etat?
En 2005, à la création de Cbe, nous avons
bénéficié d’exonérations sur le matériel
investi et ce, pendant cinq années. En 2007,
nous avions négocié de façon tripartite une
exonération de taxe sur nos approvisionne-
ments de gasoil afin de diminuer le prix des
granulats. L’Etat y a mis fin six mois plus tard.
La nature des taxes exonérées va des droits
de douane à l’impôt sur les bénéfices divers.
Propos recueillis par
Ks
3 questions à Mahamoudou Ali Mohamed,
Années 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Montants
(en Kmf)
853 800
000
839 579
500
126 542
3230
149 1037
901
143 0325
940
163 766
5473
Evolution des Prévisions budgétaires du Ministère de la Santé (2011 -2016)
Source : Données compilées en provenance du Ministère comorien des Finances Lire la suite en page IV
Avec 37% du total des agréments, le
secteur des Btp est le plus exonéré
Mep watwaneco21-10_MEP 1557 1-DER.qxd 22/10/2016 08:25 Page 2
L
e projet est à l’abandon depuis
(Lire l’enquête «Sur les traces de
l’argent de la fondation Fatma »
parue dans Al-watwan). En effet,
une mise en parallèle des chiffres (voir
tableaux ci-dessous) entre les exonéra-
tions en douane accordées pendant quat-
re ans, entre 2011 et 2015, à quatre socié-
tés opérant dans le Btp (Colas, Kulak-Hss,
Egt et Cbe) et les dépenses publiques
dans le secteur de la santé permet de
comprendre l’impact négatif, surtout sur le
plan social, que représentent ces avan-
tages.
Le Btp est le secteur le plus exonéré ces
huit dernières années avec 37% du total
des agréments. «Nous n’avons jamais
bénéficié d’exonérations dans le cadre
d’une convention avec l’Etat. Seules les
entreprises étrangères y ont droit. Nous
avons été exonérés des droits de douanes
et taxes dans le cadre d’un agrément du
code des investissements de l’époque, à la
création de l’entreprise en 1984, puis en
1999 quand nous avons étendu notre acti-
vité. Nous espérons continuer à investir,
car notre matériel devrait être renouvelé et
pouvoir bénéficier d’agrément prévu dans
la loi», déclarait, à ce propos, la patronne
de l’entreprise Egt, Faharate Houssein,
dans une série de questions envoyées aux
responsables des sociétés citées dans le
cadre de cette enquête. Un exercice
auquel le directeur général de Colas
Comores n’a pas «souhaité» se plier, évo-
quant la nécessité d’avoir l’«accord de la
maison-mère».
Il est aujourd’hui difficile d’évaluer la
dépense fiscale de l’État. Pour chaque
mesure d’exonération, il convient d’évaluer
le manque à gagner budgétaire (impact
budgétaire), les bénéficiaires (impact
social), mais également le coût et l’efficaci-
té par rapport aux objectifs initiaux (effica-
cité de la «dépense»).
Un constat est sans appel
Ce suivi n’a jamais été effectué, de l’avis
de la plupart des principaux protagonistes
que nous avons rencontrés.
Reste que le constat est sans appel. Il
apparait désormais urgent que le nouveau
pouvoir donne un coup d’arrêt aux exoné-
rations tous azimuts s’il veut pouvoir espé-
rer financer son Plan d’investissement
quinquennal 2016-2021. Ce plan qui fait la
synthèse des investissements sectoriels à
réaliser durant les cinq prochaines années
de mandat du président Azali Assoumani
parle d’un besoin de financement d’envi-
ron… 65 milliards de francs pour le secteur
de la santé et de la solidarité.
Kamardine Soulé
Exonérations fiscales : Important manque-à-gagner
pour le financement des secteurs vitaux (suite)
Watwan’Eco*- Bp 984 -
Magudjuu, Moroni Union des
Comores -
Tl : 773.44.48
Directeur de la publication:
Ahmed Ali Amir -
Rédacteur en chef général:
Mohamed Inoussa -
Rédacteur en chef adjoint :
Kamardine Soulé -
Secrétariat de rédaction,
maquette et réalisation :
Hassane Mondjié
(Madjuwani hasani) -
Correction sur épreuve :
Mohamed Soilih Ahmed -
Ont participé à la rédaction
de cette édition : Ahmed Ali
Amir, Kamardine Soulé,
Abouhairiat Said Abdallah
*Watwan’Eco est un complé-
ment du quotidien de Al-wat-
wan presse édition du vend-
redi 21 octobre 2016
ANNÉES VALEUR CAF* (KMF) TAXES NON PERCUES (KMF)
2011 114 825 869 53 968 158
2012 56 489 533 26 550 246
2013 8 147 520 3 829 334
2014 10 221 480 4 804 095
2015 22 355 100 10 506 897
Total 212 039 502 99 658 730
Valeur marchandises importées et exonérations accordées
Situation CBE par année
ANNÉES VALEUR CAF* (KMF) TAXES NON PERCUES (KMF)
2012 205 199 091 96 443 572
2013 1 394 820 655 565
2014 16 467 869 7 739 898
Total 223 061 780 104 839 035
Valeur marchandises importées et exonérations accordées
Situation Colas par année
ANNÉES VALEUR CAF* (KMF) TAXES NON PERCUES (KMF)
2012 710 177 392 163 253 953
2013 1 168 253 526 503 993 204
2014 418 612 134 195 450 223
2015 746 861 027 267 315 603
Total 3 043 904 079 1 130 012 983
Valeur marchandises importées et exonérations accordées
Situation Kulak (HSS HOLDING) par année
Valeur marchandises importées et exonérations accordées
Situation EGT par année
ANNÉES VALEUR CAF* (KMF) TAXES NON PERCUES (KMF)
2011 9 982 653 692 9 982 653 692
2012 51 175 032 51 175 032
2013
889 214 890 889 214 890
2015 13 292 576 6 247 510
Total 10 936 336 190 10 929 291 124
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Exonérations fiscales : La face cachée des conventions d’établissements aux Comores

  • 1. “Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. Ne peut être vendu séparément Watwan Eco .L hebdomadaire de l Øconomie comorienne -Page II L ’octroi d’exonérations fiscales s’est généralisé ces dernières années. Ces avantages fis- caux supposés attirer, en parti- culier, les investissements étrangers pour développer l’activité économique et l’emploi entraînent des pertes de recettes fiscales majeures pour les pays, créent des distorsions dans la concurrence, et favorisent le développe- ment de la fraude, avec l’inclusion des biens de consommation sur la liste des produits exonérés dans la plupart des conventions avec les sociétés étrangères. Quand certaines multinationales auraient fait appel à des cabinets spécialisés pour cacher leurs magots dans les paradis fis- caux, d’autres sociétés présentes dans les pays en développement abusent de l’in- crédulité ou profitent de la complicité de certains politiques pour signer des conven- tions opaques, toujours dans le but de faire de l’optimisation fiscale en échappant aux lois locales en vigueur. Une sorte d’éva- sion fiscale qui ne dit pas son nom. Aujourd’hui, une véritable culture d’exoné- rations fiscales s’est installée aux Comores. Ces exonérations se sont éten- dues à presque tous les secteurs d’activité et sont accordées de façon discrétionnaire dans le cadre de conventions d’établisse- ments signées entre l’Etat et les entrepri- ses étrangères. En effet, les grands projets sur finance- ment extérieur (bailleurs, Ong) et groupes étrangers préfèrent passer par ces conventions, dont les conditions sont plus favorables que celles du Code des inves- tissements. Ils sont exonérés de tous droits et taxes sur les équipements, matiè- res premières ou produits intermédiaires, mais aussi sur les biens de consommation. Pendant ce temps, les demandes d’agré- ment, dans le circuit normal, d’opérateurs étrangers sont restées marginales. Elles «représentent moins de 5% du total» déplore le patron de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anpi), Daoud Saïdali Toihir. On préfère passer des accords qui assurent le secret et un lot d’exonérations discrétionnaires. ENTRE MALADIE ET «REMÈDE» A ce jour, il est impossible de connaitre le nombre de conventions signées. Selon l’a- veu même d’un rapport du Fonds monétai- re international (Fmi) intitulé «Réforme du système fiscal : Les étapes à franchir», en date de mai 2015. L’opacité qui règne au niveau des gros investissements étrangers régis par les lois spéciales reste le princi- pal défi à relever. Le directeur général de l’Anpi affirme que mille entreprises auraient été enregistrées et deux cent quatre-vingt projets auraient bénéficié de ces fameux agréments neuf ans après la mise en application, en 2007, du nouveau code, censé booster les inves- tissements dans le pays. A l’en croire, «le code a permis seulement la multiplication des hôtels-restaurants, des boulangeries, des fabriques des vedettes de pêche et des entreprises de bâtiments et de travaux publics, surtout à Anjouan». En un mot comme en mille, l’exonération fiscale est à l’investissement «la maladie dont elle pré- tend être le traitement». Dans le rapport cité ci-dessus, ses auteurs, Gérard Chambas et Jean François Brun, demandent, ni plus ni moins, «un coup d’arrêt» aux exonéra- tions. Ils exhortent les autorités à une réforme en profondeur de la législation fis- cale et à un renforcement de l’administra- tion des impôts. Ils constatent l’hémorragie financière provoquée par «l’octroi intensif d’exonérations fiscales sur une base large- ment discrétionnaire». Conclusion : Les conventions sont respon- sables des pertes de recettes. «Les Comores sont un des rares pays qui off- rent de manière totalement discrétionnaire des exonérations fiscales à tous les niveaux (le ministère des Finances publiques joue un rôle ambigüe dans cette histoire, Ndlr). L’Etat les accorde aussi bien dans le droit commun, le code des investissements, au niveau des conven- tions particulières et dans le cadre des opérations de développement sur finance- ment extérieurs», lit-on dans ce rapport. De manière générale, le manque-à gagner du aux exonérations sur la période 2012- 14 représente 1,4% du PIB et 11,1% des recettes fiscales(les exonérations au titre de la convention de Vienne exclues). Ces pertes de recettes sont amplifiées par les exonérations de biens de consommation incluses dans les conventions. VOUS AVEZ DIT EFFICACE ? Au cours de consultations menées en mars 2016, en vue d’une révision du code des investissements voté en 2007, le représentant du Groupement des entre- preneurs comoriens s’est demandé s’il ne valait pas mieux «substituer l’exonération à long terme accordée par le code aux investisseurs par une réduction des taxes douanières à un taux raisonnable» (voir Al- watwan n°2891 du 24 mars 2016). 10 MILLIARDS D’ÉCART ET… DE BAISSE Hamidou Mhoma, vice-président du Mouvement des entreprises comoriennes (Modec), lui aussi, ne croit pas en l’effica- cité de ces exonérations à tout va. «Nous avons un environnement juridique des plus complets. Un code d’investissement attrayant, un code de passation de mar- ché, une loi sur la concurrence, des garan- ties aux investissements (Miga et Siace), tout un arsenal de nature à favoriser les investissements. Mais tout cela ne suffit pas. L’investissement direct étranger n’est pas attiré forcément par des exonérations fiscales et douanières. Nous avons ten- dance à oublier le déficit criant que nous enregistrons dans l’ensemble de nos infrastructures, énergie, port, aéroport, routes, télécommunications», soutient-il. Exonérations fiscales La face cachée des conventions d’établissement L’assiette exonérée s’élevait, entre 2012 et 2014, à 7,5% du Pib, soit une perte de recettes de 1,7% sur cet indice, représentant 13,6% des recettes fiscales. L’efficacité de l’octroi intensif d’exonérations, sur une base largement discrétion- naire, est sujette à caution. Selon le vice-président du Mouvement des entreprises comoriennes, l’investissement direct étranger « n’est pas attiré forcément par des exonérations fiscales et douanières et le pays a tendance à oublier le déficit criant que nous enregistrons dans l’ensemble de nos infrastructures en matière d’éner- gie, de port, d’aéroport, de routes et de télécommunications.» «L’assiette exonérée s’élè- ve, sur la période 2012-14, à 7,5% du Pib, soit une perte de recettes de 1,7% du Pib, représentant 13,6% des recettes fiscales. Une seule opération en matière d’investissement, orches- trée en septembre 2014, aurait engendré 54% d’exonérations de l’assiette de l’exercice. Le manque à gagner atteint 2,5% du Pib, soit quasiment 20 % des recettes fiscales» (Rapport Chambas) Lire page IV PAR KAMARDINE SOULÉ Port de Moroni Mep watwaneco_MEP 1557 1-DER.qxd 14/10/2016 11:46 Page 2
  • 2. Autant dire que ce n’est pas l’érosion des recettes publiques qui va faciliter le finan- cement des infrastructures publiques. Selon l’Outil diagnostic d’évaluation de l’administration fiscale de janvier 2016, au second semestre de 2015, indique que les recettes intérieures se sont contractées en liaison avec les faibles perceptions des recettes fiscales : -23,4% par rapport au niveau du 1er semestre de 2014 et des recettes non fiscales (-35,7%).» La loi des finances 2016 confirme la ten- dance baissière: «Projetées à 23,5 milliards de francs pour le 1er semestre 2015, les recettes intérieures n’ont atteint que 13,7 milliards, soit un écart de près de 10 milliards de francs, portant le taux de réalisation à 58,2%. En particulier, les recettes fiscales se sont élevées à 11,3 milliards de francs contre une prévision de 17 milliards. Cette baisse est encore plus marquée, le montant recouvré étant de 2,4 milliards de francs contre une prévision de 6,5 milliards et d’une réalisation de 3,8 milliards fin juin 2014. La mobilisation quasi-nulle des recettes fiscales et les exonérations accordées à outrance risquent de ramener le pays à un retour au cycle infernal des arriérés de salaires, source de vives tensions sociales (en trois ans, la masse salariale est pas- sée d’un milliard cinq cent millions de francs à deux milliards 200 millions, soit une augmentation de près de 30%). PAS DE RECETTE MIRACLE Il faut dire que les recettes exceptionnelles issues du programme de la citoyenneté économique (programme de vente de pas- seports comoriens à des étrangers) a joué le rôle de «drogue dure» à laquelle les gouvernements successifs ont eu recours au point de ne plus s’occuper de l’urgence de renforcer l’administration fiscale. Mais cette catégorie de revenus s’est vite avé- rée être quelque chose d’artificiel en ter- mes de viabilité. Et l’Etat se retrouve aujourd’hui dans l’obligation de recourir à la générosité de certains pays amis pour pouvoir honorer le paiement de salaires des fonctionnaires. C’est ainsi que fin 2015, l’Arabie Saoudite a apporté une aide budgétaire de 40 millions d’euros, soit environ 20 milliards de francs comoriens, dont une partie a servi au paiement des salaires. Mais, le problème ne se résume pas qu’au seul paiement du solde des agents publics. Loin s’en faut. Il y a ce besoin urgent pour l’Etat de pouvoir financer ne serait-ce qu’une partie de son programme d’investissement public. Aujourd’hui, le pays a besoin d’un investissement total d’environ 675 millions de dollars, soit un peu plus de 293 milliards de francs, pour honorer ses engagements en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 (Une proportion d’environ 10% de ce financement devra provenir du budget national). Autres besoins urgent et à venir de finance- ments : un plan directeur national des transports routiers pour la période 2015- 2025, qui nécessite un peu plus de 209 milliards de francs à mobiliser sur dix ans, dont 98% d’investissements. Autre plan ambitieux, le schéma directeur des ports. Ce plan d’action intégral a pour objectif de porter le secteur portuaire de l’Union des Comores vers un niveau de conformité aux normes internationales.105 millions d’euros, soit plus de 51 milliards de francs, rien que pour les coûts d’investissements des travaux urgents. «La dette extérieure de l’Union des Comores a considérable- ment diminué au cours de l’année 2013. Elle est passée de 95 milliards de francs en 2009 à un peu plus de 41 milliards en décembre 2013. La logique voudrait que nous maîtrisions nos dépenses et amélio- rions nos recettes internes, au risque de nous retrouver dans le cycle infernal de la dette», prévient le directeur de la dette publique, Saandi Mouignidaho. En 2015, la croissance des Comores était située à 0.7 au lieu des 3% prévus, consé- quence de la crise endémique dans le sec- teur énergétique et la réduction significative des recettes fiscales et douanières. Il est instamment recommandé à l’Etat de créer un espace budgétaire pour l’investissement dans les infrastructures et les dépenses sociales. Mais, pour y parvenir, l’Etat n’a pas de recettes miracles ; il doit améliorer considérablement les recettes, en renfor- çant ses administrations de recouvrement. Kamardine Soulé Exonérations fiscales : La face cachée.... Ali Hamissi, directeur général des Douanes entre 2011-2015 «Les exonéra- tions sont accordées pour accompa- gner les investisse- ments, mais les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous. Aucune étude approfondie n’a jamais été faite jusqu’à aujourd’hui pour savoir s’il s’agit d’une mauvaise gestion des entre- prises ou bien si c’est le climat même des affaires qui est défavorable. (…) Nous assistons à un détournement des objectifs. Prenons l’exemple des exoné- rations accordées dans le secteur des Bâtiments et travaux publics (Btp). La presque totalité des camions qui circu- lent aux Comores ont bénéficié d’exoné- rations durant leur dédouanement. Mais ces camions sont détournés de leurs objectifs pour servir dans le transport de marchandises au port. Ou tout simple- ment, ils sont loués pour transporter du sable ou du gravillon. Alors que ces camions devraient être utilisés dans les chantiers ou le site des dites sociétés. Il nous faut en urgence la mise en place d’un instrument de suivi de l’exécution de l’investissement, une fois l’agrément délivré. Pour ce qui est des conventions d’éta- blissement signées entre les autorités et les ‘investisseurs’ étrangers, le plus sou- vent les techniciens ne sont pas impli- qués. Le Cas de la convention Hss-Kulak dans le secteur des travaux publics, au delà des matériaux destinés au travaux dans leur chantier, les exonérations allaient jusqu’à la viande qu’ils impor- taient destinée à leurs employés expa- triés. Comment dans ces conditions assurer un contrôle pour savoir si ces produits alimentaires sont bel et bien pour que ces produits ne soient écoulés sur le marché local.» Hamada Moussa, directeur géné- ral de la Directions générale des impôts entre 2011-2015 «Beaucoup de tricheries se font, surtout au niveau de la négoce. Beaucoup sont ceux qui créent des sociétés juste pour avoir des agréments, lesquelles sociétés disparaitront ensuite après que leurs propriétaires aient dédouané leurs marchandises exo- nérées de taxes. Et quelques mois ou années après, ces mêmes personnes peuvent revenir avec de nouveaux statuts de sociétés pour demander le précieux sésame. La réalité est qu’il n’y pas de suivi sur l’octroi de ces agrément. D’où la nécessité aujourd’hui, de mettre en place une direction spéciale de suivi et évalua- tion de la dépense fiscale, voir le manque à gagner par rapport au budget de l’État. Mais ces contournements s’explique- raient, peut-être, par le fait que le taux de l’impôt sur les sociétés aux Comores est jugé très élevé par rapport à la moyenne régionale.» Propos recueillis Ks Suite de la page 2 ILS ONT DIT... La semaine prochaine Exonérations : Un manque-à- gagner pour le financement des secteurs vitaux Le siège de l’Agence nationa- le pour l’investissement “Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. l’économie comorienne - Page IV “Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. Ne peut être vendu séparément Mep watwaneco_MEP 1557 1-DER.qxd 14/10/2016 11:46 Page 4
  • 3. “Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. Ne peut être vendu séparément Watwan Eco .L hebdomadaire de l Øconomie comorienne -Page II L e budget alloué au secteur de la santé se réduit chaque année comme peau de chagrin. Ces cinq dernières années, il a oscillé entre 800 et 100 millions de francs. Pendant ce temps, l’État continue de perdre d’énormes sommes d’argent à travers des exoné- rations fiscales, accordées de façon discrétionnaire. Le manque à gagner se chiffre en milliards. Selon les statistiques, entre 2011 et 2015, les exonérations douanières sont estimées à plus de 12 milliards de francs, rien que pour quatre entrepri- ses du Bâtiment et travaux publics (Btp). Ce même chiffre équivaut, en moyenne, aux dépenses nationales dans le domaine de la santé. Un sec- teur dont le principal financeur reste… les ménages, le gouvernement n’arri- vant qu’en deuxième position. Il faut dire qu’aux Comores les règles «douces» sur les imports profitent davantage aux entrepreneurs qu’à la population, alors que d’autre pays mettent à contribution ces recettes fis- cales des imports pour soutenir les secteurs sociaux vitaux. Les morts à répétition, souvent par manque d’oxy- gène, survenues ces derniers temps au Centre hospitalier national El- Maarouf, montrent, s’il en est besoin, combien ce charcutage du budget réservé à la santé est désastreuse. Cela fait longtemps que les gouverne- ments comoriens successifs ont cessé de mettre la main à la poche pour construire des infrastructures sanitai- res. Les centres de soins construits ces dix dernières années l’ont été grâce aux Ong, ou sous forme de dons de pays amis. Les exemples sont nombreux : de l’hôpital de Samba-nkuni à celui de Bambao- mtsanga en passant par le nouveau bloc opératoire de l’hôpital El-Maarouf. Btp : 37% du total des agréments L’entreprise turque Kulak est celle qui a le plus bénéficié de la générosité fis- cale et douanière des Comores. En 2011, entre mai et octobre, elle a importé des marchandises d’une valeur de près de 10 milliards de francs. Toutes ces marchandises, composées de gros engins, d’eau minérale ou encore de récepteurs de télévision, ont été exonérés de tout droits et taxes. Ces exonérations n’étaient pourtant pas accordées dans le cadre d’un agrément délivré par l’Agence nationale pour la promotion des inves- tissements (Anpi). Et pour causes : Kulak sous-traitait avec le Holding Hss, signataire, la même année, avec le gouvernement comorien d’une convention (voir extraits) lui accordant plusieurs largesses, applicables à toute société ayant conclu un accord de sous-traitance. Kulak, qui devait assurer la construction d’un port. Exonérations fiscales. Enorme manque-à-gagner pour le financement des secteurs vitaux Une comparaison entre les exonérations en douane accordées pendant quatre ans à quatre sociétés opé- rant dans le Btp et les dépen- ses publiques dans le sec- teur de la santé permet de comprendre l’impact négatif que représentent ces avan- tages. directeur général de Cbe (Concassage-Bétonnage- Enrobage) Jugez-vous aujourd’hui l’environnement des affaires aux Comores propice à l’in- vestissement? Peut-être, mais pas un investissement dura- ble. L’environnement n’est propice qu’aux investissements non pérennes. Seules les sociétés étrangères en chasse d’un environ- nement délétère avec des complicités locales peuvent prospérer. Nous ne savons pas atti- rer l’investissement. Le développement dura- ble dépend aussi de la qualité de l’investisse- ment. Depuis le jour où on en parle, il n’y a pas eu d’effets positifs au regard de notre dévelop- pement alors que cet investissement aurait dû doper l’emploi, les transferts de technolo- gie, la compétitivité et la croissance des entreprises nationales. Si les capacités réglementaires et juridiques pour gérer les investissements sont là, la pro- motion du «bon» investissement est à faire comme le resserrement des liens entre inves- tissement et échanges et surtout l’encoura- gement des grandes entreprises multinatio- nales à adopter une conduite responsable. Combien, en moyenne, votre entreprise paie-t-elle en termes de taxes fiscales par an? Environ 60 millions de Tc, 16 millions d’Igr et 35% du bénéfice fiscal par an. Chez Cbe, le salaire minimal est de l’ordre de 47.500 fc par mois. Nous avons six employés d’origine étrangère et cent cinquante salariés au total. Votre société a-t-elle déjà bénéficié d’exo- nérations douanières et fiscales dans le cadre d’une convention avec l’Etat? En 2005, à la création de Cbe, nous avons bénéficié d’exonérations sur le matériel investi et ce, pendant cinq années. En 2007, nous avions négocié de façon tripartite une exonération de taxe sur nos approvisionne- ments de gasoil afin de diminuer le prix des granulats. L’Etat y a mis fin six mois plus tard. La nature des taxes exonérées va des droits de douane à l’impôt sur les bénéfices divers. Propos recueillis par Ks 3 questions à Mahamoudou Ali Mohamed, Années 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Montants (en Kmf) 853 800 000 839 579 500 126 542 3230 149 1037 901 143 0325 940 163 766 5473 Evolution des Prévisions budgétaires du Ministère de la Santé (2011 -2016) Source : Données compilées en provenance du Ministère comorien des Finances Lire la suite en page IV Avec 37% du total des agréments, le secteur des Btp est le plus exonéré Mep watwaneco21-10_MEP 1557 1-DER.qxd 22/10/2016 08:25 Page 2
  • 4. L e projet est à l’abandon depuis (Lire l’enquête «Sur les traces de l’argent de la fondation Fatma » parue dans Al-watwan). En effet, une mise en parallèle des chiffres (voir tableaux ci-dessous) entre les exonéra- tions en douane accordées pendant quat- re ans, entre 2011 et 2015, à quatre socié- tés opérant dans le Btp (Colas, Kulak-Hss, Egt et Cbe) et les dépenses publiques dans le secteur de la santé permet de comprendre l’impact négatif, surtout sur le plan social, que représentent ces avan- tages. Le Btp est le secteur le plus exonéré ces huit dernières années avec 37% du total des agréments. «Nous n’avons jamais bénéficié d’exonérations dans le cadre d’une convention avec l’Etat. Seules les entreprises étrangères y ont droit. Nous avons été exonérés des droits de douanes et taxes dans le cadre d’un agrément du code des investissements de l’époque, à la création de l’entreprise en 1984, puis en 1999 quand nous avons étendu notre acti- vité. Nous espérons continuer à investir, car notre matériel devrait être renouvelé et pouvoir bénéficier d’agrément prévu dans la loi», déclarait, à ce propos, la patronne de l’entreprise Egt, Faharate Houssein, dans une série de questions envoyées aux responsables des sociétés citées dans le cadre de cette enquête. Un exercice auquel le directeur général de Colas Comores n’a pas «souhaité» se plier, évo- quant la nécessité d’avoir l’«accord de la maison-mère». Il est aujourd’hui difficile d’évaluer la dépense fiscale de l’État. Pour chaque mesure d’exonération, il convient d’évaluer le manque à gagner budgétaire (impact budgétaire), les bénéficiaires (impact social), mais également le coût et l’efficaci- té par rapport aux objectifs initiaux (effica- cité de la «dépense»). Un constat est sans appel Ce suivi n’a jamais été effectué, de l’avis de la plupart des principaux protagonistes que nous avons rencontrés. Reste que le constat est sans appel. Il apparait désormais urgent que le nouveau pouvoir donne un coup d’arrêt aux exoné- rations tous azimuts s’il veut pouvoir espé- rer financer son Plan d’investissement quinquennal 2016-2021. Ce plan qui fait la synthèse des investissements sectoriels à réaliser durant les cinq prochaines années de mandat du président Azali Assoumani parle d’un besoin de financement d’envi- ron… 65 milliards de francs pour le secteur de la santé et de la solidarité. Kamardine Soulé Exonérations fiscales : Important manque-à-gagner pour le financement des secteurs vitaux (suite) Watwan’Eco*- Bp 984 - Magudjuu, Moroni Union des Comores - Tl : 773.44.48 Directeur de la publication: Ahmed Ali Amir - Rédacteur en chef général: Mohamed Inoussa - Rédacteur en chef adjoint : Kamardine Soulé - Secrétariat de rédaction, maquette et réalisation : Hassane Mondjié (Madjuwani hasani) - Correction sur épreuve : Mohamed Soilih Ahmed - Ont participé à la rédaction de cette édition : Ahmed Ali Amir, Kamardine Soulé, Abouhairiat Said Abdallah *Watwan’Eco est un complé- ment du quotidien de Al-wat- wan presse édition du vend- redi 21 octobre 2016 ANNÉES VALEUR CAF* (KMF) TAXES NON PERCUES (KMF) 2011 114 825 869 53 968 158 2012 56 489 533 26 550 246 2013 8 147 520 3 829 334 2014 10 221 480 4 804 095 2015 22 355 100 10 506 897 Total 212 039 502 99 658 730 Valeur marchandises importées et exonérations accordées Situation CBE par année ANNÉES VALEUR CAF* (KMF) TAXES NON PERCUES (KMF) 2012 205 199 091 96 443 572 2013 1 394 820 655 565 2014 16 467 869 7 739 898 Total 223 061 780 104 839 035 Valeur marchandises importées et exonérations accordées Situation Colas par année ANNÉES VALEUR CAF* (KMF) TAXES NON PERCUES (KMF) 2012 710 177 392 163 253 953 2013 1 168 253 526 503 993 204 2014 418 612 134 195 450 223 2015 746 861 027 267 315 603 Total 3 043 904 079 1 130 012 983 Valeur marchandises importées et exonérations accordées Situation Kulak (HSS HOLDING) par année Valeur marchandises importées et exonérations accordées Situation EGT par année ANNÉES VALEUR CAF* (KMF) TAXES NON PERCUES (KMF) 2011 9 982 653 692 9 982 653 692 2012 51 175 032 51 175 032 2013 889 214 890 889 214 890 2015 13 292 576 6 247 510 Total 10 936 336 190 10 929 291 124 Watwan Eco .L hebdomadaire de l Øconomie comorienne -Page IV “Watwan’ Eco’” est un suppplément hebdomadaire du quotidien Al-watwan. Ne peut être vendu séparément “Watwan’ Eco’” L’hebdomadaire l Øconomie comorienne -Page IV Mep watwaneco21-10_MEP 1557 1-DER.qxd 22/10/2016 08:25 Page 4