1. De Rosée à Compas
Analyse et réflexion sur la rénovation
urbaine à Cureghem
2. Bombay Wala Sumeyra
Année académique : 2013 - 2014
ULB - Faculté d’architecture Horta-Lacambre
Directeur de mémoire: M. Jean-Luc Quoistiaux
De Rosée à Compas
Analyse et réflexion sur la rénovation
urbaine à Cureghem
3. / Remerciements
Avant d’ entamer la lecture, je souhaite remercier toutes les personnes
qui ont contribué de façon directe ou indirecte à l’écriture de ce mémoire. Pour
commencer, je remercie mon promoteur M. Jean-Luc Quoistiaux pour sa patience,
son aide et sa présence tout au long de ce mémoire. Ensuite, je tiens à remercier les
divers acteurs rencontrés, tels que M. Karim Boulmahis et M. Dirk De Caluwe, qui
m’ ont permis d’avancer dans ce travail par la mise à disposition de documents.
Ce mémoire n’aurait pu voir le jour sans la motivation de mes proches.
Un grand merci va en premier lieu à ma famille ainsi qu’ à ma belle-famille pour
avoir toujours été là pour moi. Je remercie mon mari, Faraz Hussain Sunghra, sans
qui je n’ aurais trouvé le soutien et la motivation pour terminer ce travail ainsi que
mes études. Merci notamment à ma chère et tendre maman, Mehrun Nisa Anand,
pour avoir toujours été à mes côtés ainsi que pour m’avoir donné le courage d’aller
jusqu’au bout. Pour terminer, je souhaite remercier mes amies (Yman, Ana, Har-
riet, Guilaine, Khatia, Miriam et Victoria) avec qui j’ai passé cinq années d’ études
formidables. Elles m’ ont été d’ une grande aide tout au long de ce parcours et no-
tamment lors de la finalité de ce mémoire.
Un grand merci à tous...
4. / Table des matières
/ Préambule
1. Introduction
2. Cureghem et son histoire
2.1. «Curo-inga-heim»: Domaine de la famille du Seigneur Curo
2.1.2. Période de l’industrialisation
2.1.2. Différentes vagues d’immigration
2.1.3. Période d’exclusion sociale
2.1.4 Emeute de 1997
2.1.5. Conclusion
3. Naissance de la politique de rénovation urbaine à Cureghem
3.1. Naissance de la politique des contrats de quartier
3.1.1. Introduction
3.1.2. Rénovation «bulldozer» ou Bruxellisation
3.1.3. Rénovation timide
3.1.4. Création de la Région de Bruxelles-Capitale
3.1.4.1. Politique de revitalisation urbaine
3.1.4.2. Contrats de quartier comme outil
de rénovation urbaine
4. Contrats de quartier à Cureghem
4.1. Dix contrats de quartier à Cureghem
4.1.1. Dix contrats de quartier à Cureghem
4.1.2. Zone ciblée
4.2. De Rosée à Compas
5. 4.2.1. Introduction
4.2.1.1. Rosée
4.2.1.2. Chimiste
4.2.1.3. Lemmens
4.2.1.4. Compas
4.2.2. Rénovation des espaces publics
4.2.2.1. Parc de la Rosée
4.2.2.2. Place Lemmens
4.2.2.3. Parc de Liverpool
4.2.2.4. Projet de la «Sennette»
4.2.3. Bilan et conclusion
5. Conclusion
6. Bibliographie
6. / Préambule
«Le bas de Saint-Gilles c’ est le Tiers-Monde». Voici la phrase que j’ai en-
tendu lors de mon stage au service d’urbanisme de la commune de Saint-Gilles.
Cette parole affirmée par un des fonctionnaires de l’ équipe ne m’ a pas laissée in-
différente. Mon enfance passée à Anneessens et ma jeunesse vécue dans le quartier
de la Barrière à Saint-Gilles (considéré comme le «bas») m’ ont permis d’ avoir un
regard personnel de ce qui est souvent appelé un quartier «fragilisé». Ce mémoire
n’est pas juste un travail de fin d’études, mais surtout une réflexion sur un de ces
quartiers et sur les réponses qui y sont apportées au travers d’un regard avant tout
citoyen.
7. Danslecadredecemémoire,larevitalisationurbaineauseindeCureghem
est analysée. À travers son histoire, ce quartier a connu différentes phases assez
controversées. Effectivement, ce dernier a connu une période de gloire lors de
l’industrialisation, lui conférant ainsi la dénomination de «noyau économique d’
Anderlecht»1
. Mais la désindustrialisation marque le début de son déclin. L’arrivée
de nouvelles populations issues de l’immigration et le déménagement de population
à revenus moyens en périphérie ne feront qu’ aggraver la situation. Le quartier, qui
traîne son passé industriel, est pendant longtemps livré à lui-même. Une longue
période sombre de l’histoire commence alors pour Cureghem.
Lors de la création de la Région de Bruxelles-Capitale, les autorités
politiques conscientes des erreurs du passé décident de s’attaquer à la source du
problème. Une nouvelle phase de «redynamisation» voit alors le jour dans ces
«quartiers fragilisés» situés dans la zone appelée le «croissant pauvre». L’ outil
principal de cette «rénovation» ou plutôt de cette «revitalisation» est le contrat de
quartier.
Le choix de cette thématique est né suite à l’envie de s’interroger sur les
nouvelles politiques de revitalisation urbaine mises en place, ainsi qu’ aux diverses
réponses qu’ elles apportent au sein des «quartiers fragilisés» tels que Cureghem. La
question principale de ce travail est « Comment s’ effectue la rénovation urbaine à
Cureghem au travers de l’ outil des contrats de quartier ? Un quartier qui a souffert
de l’ exclusion sociale et de son lourd passé industriel. »
1. HAENEN,Jean-Claude et
Josse. «Anderlecht - un regard
ves le passé, vol 4 : Cureghem,
Scheut». pg5
1. Introduction
13
Fig.1 Localisation aérienne de
Cureghem
Source : http://www.brugis.
irisnet.be/MyBruGIS/brugis/
Fig.1
8. 1414
A travers ce mémoire, quatre contrats de quartier ont été analysés en
raison de leur superposition sur un périmètre quasi identique. Sur ces quatre
contrats de quartier, l’ interrogation est portée sur quatre cas d’ étude d’ espaces
publics. Quel a été l’ impact de la rénovation de ces espaces publics sur le quartier?
Quel a été le rôle des politiques des contrats de quartier au sein de Cureghem? Quel
type d’ évolution possible pour les contrats de quartiers ?
Ce travail se divise en trois grandes parties,
- L’histoire de Cureghem,
- La naissance de la politique de rénovation urbaine à Cureghem,
- L’ analyse des contrats de quartier sur un périmètre défini par les quatre
cas d’études.
Fig.2 Délimitation de Cure-
ghem
Source : http://www.brugis.
irisnet.be/MyBruGIS/brugis/ Fig.2
9. 2.1. Introduction
Cureghem est un quartier qui s’ étend principalement sur la commune
d’Anderlecht dont des fragments sur les communes de Molenbeek-Saint-Jean et
de Saint-Gilles. Souvent désigné comme étant la «partie orientale2
»d’Anderlecht,
celui-ci est clairement délimité par la ligne de chemin de fer reliant la gare du Midi
à la gare de l’Ouest (marquant la séparation avec Saint-Gilles), le boulevard Poin-
caré (désignant la limite avec le pentagone bruxellois) et la rive droite du canal de
Bruxelles/Charleroi (délimitant la commune de Molenbeek-Saint-Jean).
Cureghem occupe une surface de 2 km² (194ha) et accueille 22 741 habi-
tants en 20093
. Le quartier est sectionné en trois «sous-quartiers» (subdivisés eux-
mêmes en secteurs statistiques):
- Cureghem Rosée au Nord
- Cureghem Bara au Sud-Est
- Cureghem Vétérinaire au Sud-Ouest.
D’un point de vue historique et architectural, Cureghem cache de grands
trésors historiques datant du 19ième
et 20ième
siècle.
2. Maison du tourisme d’An-
derlecht.»Anderlecht-Bal-
lade au fil des quartiers».
Bruxelles.pg 7
3. DE CALUWE, Dirk.2013.
Cureghem:Partie1-Contexte
historique». Bruxelles. pg 8
2. Cureghem et
son histoire
17
Fig.3 Enclavement de Cure-
ghem
Fig.3
10. 2.2. Histoire
2.2.1. «Curo-inga-heim»: domaine (heim) de la famille (inga) du
Seigneur Curo4
Au 12ième
siècle, Cureghem fût une vaste prairie marécageuse victime
d’inondations. Cet hameau fût traversé par deux affluents de la Senne, la Senne de
la Blanchisserie au sud-est et la Senne de Ransfort à l’ouest et au nord, reliées entre
eux par la Senne du Milieu.
Au 16ième
siècle, suite aux divers problèmes d’inondations, un autre
bras de liaison fût creusé à proximité des douves de remparts. Ce nouveau bras
nommé «petit canal de Senne»5
permit d’une part la liaison entre la Senne de la
Blanchisserie et la Senne de Ransfort et d’autre part l’évacuation du trop-plein,
grâce à sa continuité vers le Nord. La présence de deux écluses à la limite de la
ville permit de contrôler le débit de la Senne de la blanchisserie (Grande écluse) et
la Senne de Ransfort (Petite écluse). Cette bonne gestion de l’eau rendit le terrain
habitable. Les premières maisons virent alors le jour dans la zone de rencontre
entre la Senne de Ransfort et la chaussée de Mons, non loin du moulin Stockmans.
La chaussée de Mons qui fût «l’épine dorsale»6
de ce faubourg marqua dès lors
l’entrée à la ville par la Porte d’Anderlecht.
2.2.2. L’industrialisation
Au début du 19ième
siècle, la présence de l’eau dans cette zone permit le
développement de brasseries, des filatures de laine ainsi que d’ateliers de tissage.
L’eau de Senne fût utilisée pour la teinture et le rinçage des tissus et les prairies
avoisinantes pour le sèchement des étoffes ainsi que leur blanchissement.
Au cours de la période hollandaise (1815-1830), période marquée par
4. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Partie
1 - Contexte historique».
Bruxelles. pg 8
6. HAENEN,Jean-Claude et
Josse. «Anderlecht - un regard
ves le passé, vol 4 : Cureghem,
Scheut». pg519
5. Idem
Fig. 4. Cureghem entre 1819-
1821
Source : DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Partie
1 - Contexte historique».
Bruxelles. pg 9
Fig.4
11. 2120
7. http://www.reflexcity.net/
bruxelles/amenagements-flu-
viaux/senne
le progrès économique, Bruxelles fût avec La Haye la capitale du Royaume Uni
des Pays-Bas. Deux importants chantiers, dirigés par l’ingénieur Jean-Baptiste
Vifquain, virent le jour. Le premier concerna la démolition de l’ancienne enceinte
qui donna lieu à un boulevard périphérique. Ce dernier fût embelli par des
plantations d’arbres, ainsi qu’une clôture pour marquer l’ancien centre et ses
entrées. Le deuxième concerna la construction du canal Bruxelles-Charleroi (de
1827 à 1832) dans le but de développer les activités industrielles et commerciales
de la zone. Ce canal permit l’importation du charbon à bas prix afin d’alimenter
les usines. Celui-ci ne fût qu’un prolongement du canal Willebroek (conçu en
1561) créant une liaison entre Anvers et Charleroi, en passant par Bruxelles. Sur
les terrains vierges, de petites et grandes entreprises virent le jour, se localisant
tout d’abord au sud-est de la commune pour ensuite se prolonger le long des axes
de circulation nécessaires à son fonctionnement. Ces entreprises prenaient en
charge les différentes étapes permettant à la matière première d’être transformée
en produit fini.
Les deux raisons principales du développement de l’industrialisation à
Bruxelles furent d’une part la présence de l’eau - la Senne et le canal Bruxelles-
Charleroi - et d’autre part la création d’une ligne de chemin de fer.
Pour la continuité du développement de l’activité, la Gare de Bogards fût
érigée sur l’actuelle place Roupe, mais causant de nombreux accidents dû à son
emplacement elle se vit déplacée à la gare du Midi. Ensuite, la gare de Cureghem
fut réalisée au croisement de la voie ferrée avec le canal et la chaussée de Mons.
Entre 1870 et 1910 de nombreux bâtiment importants virent le jour tels que l’hôtel
de ville,(1879), les abattoirs (1890) et l’école de médecine vétérinaire (1910).
Pour ce qui est de la Senne, des travaux de voûtement virent le jour
durant les années 1867 à 1871 dû aux problèmes d’hygiène causés par la rivière
(inondations et choléras)7
.
Fig. 5. Plan de Victor Besme
1866
Source: BERTRAND terlin-
den. 2011. «Analyse urbaine»
pg. 209 - 211
Fig.5
12. 22
L’industrialisation connut un essor important et Cureghem devint alors
le centre économique d’Anderlecht. Cet ancien hameau tenta à deux reprises
de prendre son autonomie (en 1868 et 1886)8
, mais celles-ci se soldèrent par des
échecs.
En ce qui concerne le logement, de nouvelles maisons bourgeoises à deux
et trois étages virent le jour entre 1872 et 1880 sur l’avenue de Clemenceau et la
rue de Rossini. Elles sont essentiellement dédiées aux propriétaires des usines.
Le logement ouvrier quant à lui prit place entre les usines au nord et à l’ouest de
Cureghem. Celui-ci se caractérisait par un confort minimum; le rez de chaussée
ne contenait qu’une pièce servant à la fois de chambre, de cuisine et de salon. Les
maisons dotées d’un étage supplémentaire étaient desservies par une échelle.9
Cureghem a donc été marqué depuis sa genèse par ce fossé entre «riches»
et «pauvres», dû au lien de subordination existant durant cette période et retenant
ainsi l’attention de l’économiste allemand Karl Marx (ce dernier ayant séjourné
à Bruxelles peu avant la publication de son Manifeste du parti communiste en
184810
).
La famine qui toucha la Flandre entre 1845 et 1850, provoqua la fuite d’un
nombre important d’habitants vers Bruxelles. Ces premiers immigrés serviront de
mains-d’œuvre durant la période de l’industrialisation. Durant le 20ième
siècle, de
nombreux maroquiniers furent partie de la vague d’immigration et parmi eux, de
nombreux juifs. Ces derniers fuyaient les pogroms en Russie et en Pologne ainsi
que le nazisme en Allemagne et en Autriche. En 1929, trois quart des artisans de
cuir étaient juifs11
. Cureghem fût connu pour sa résistance active au début de la
Deuxième Guerre Mondiale.
Le développement de l’industrialisation à la deuxième moitié du 20ième
siècle fût possible grâce à l’arrivée de la main-d’œuvre étrangère.
8. HAENEN,Jean-Claude et
Josse. «Anderlecht - un regard
ves le passé, vol 4 : Cureghem,
Scheut». pg5
9. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Partie
1 - Contexte historique».
Bruxelles. pg 12
23
10. Idem
11. Idem
Fig. 6. Cureghem 1869
Source: BERTRAND terlin-
den.2011. «Analyse urbaine»
pg. 224
Fig.6
13. 24
13. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Par-
tie 1 - Contexte histo-
rique». Bruxelles. pg 14
14. PICARD, Laurent. 2006.
«Outils, acteurs et projet de re-
vitalisation urbaine: l’exemple
de Cureghem en Région de
Bruxelles-Capitale». pg 8 et 39
12. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Par-
tie 1 - Contexte histo-
rique». Bruxelles. pg 12
Les premiers ouvriers étrangers étaient des prisonniers de guerre
allemands, mais cet essai se résuma en échec en 1947. En 1946, la Belgique conclut
unaccordavecl’Italiequiconsistaàfournirdestravailleursimmigrésenprovenance
principalement du sud de l’Italie. Pour l’Italie, cet accord était en quelque sorte une
solution pour se débarrasser de ses travailleurs pauvres qui avaient appris durant
la résistance à utiliser des armes. En échange, la Belgique fournissait du charbon à
l’Italie. Suite à la catastrophe minière de Marcelline de 1956 (qui a coûté la vie à 262
personnes dont 136 étaient italiens)12
ainsi qu’aux conditions de la classe ouvrière,
les pouvoirs politiques belges décidèrent de se tourner vers des pays qui n’étaient
pas regardants des conditions de travail. En ce qui concerne les anciens travailleurs
miniers, ils ont été redirigés vers Bruxelles notamment pour les travaux de l’expo
58.
2.2.3. Différentes vagues d’immigration
Les autorités établirent une convention d’immigration avec le Maroc
et la Turquie en 1964, ensuite avec la Tunisie en 1969, ainsi que l’Algérie et la
Yougoslavie en 1970. Se rajoutent à tous ces nouveaux arrivants, les immigrés
venus d’Espagne et de Grèce13
. Ces nouveaux habitants s’installèrent dans les
grandes villes et plus précisément dans des quartiers dépeuplés tel que Cureghem.
En effet, dû à l’avènement de l’automobile, les habitants de Cureghem quittèrent
cette zone industrielle pour les quartiers verts de la périphérie. L’ automobile
n’étant toutefois pas le seul facteur de ce déménagement en masse. Différents
facteurs expliquent ce phénomène, parmi eux les avantages fiscaux qu’ offrent
la périphérie, la volonté des habitants de se rapprocher de la nature, la vétusté
des bâtiments dans le quartier de Cureghem ainsi que les pollutions, le manque
d’hygiène et l’amélioration du niveau de vie des habitants.
Les activités économiques suivent cette nouvelle tendance de
délocalisation vers la périphérie, soutenues par les nouveaux moyens de
déplacement. Petit à petit, un désintérêt se crée pour le centre mêlant l’activité
économique et résidentielle.14
La proximité de la Gare du Midi fait de Cureghem une zone de transit
qui permet aux nouveaux arrivants de s’y installer soit de façon permanente soit
de façon temporaire, en attendant l’amélioration de leurs conditions économiques
et sociales.
Avec le temps, ces vagues d’immigration continuent. Cureghem voit ainsi
apparaître d’abord des immigrés d’Amérique latine et du Liban (‘70), ensuite des
réfugiés africains (‘80) et enfin suite à la chute du mur du Berlin des immigrés de
l’Europe de l’est, de la Bulgarie et de la Roumanie (‘90)15
. L’augmentation du taux
d’immigration peut s’expliquer par les conditions politiques dans les pays d’origine,
la démocratisation des prix des transports et par la fuite de la pauvreté. Il est à
noter qu’actuellement encore 20%16
de la population est en situation illégale. Cette
situation peut s’expliquer par la limitation des possibilités légales de séjourner sur
le territoire belge.
2.2.4. Période d’exclusion sociale
Durant les années 70, l’économie va mal. Plusieurs entreprises se ferment
causant la perte de nombreux emplois. En 1973, la crise pétrolière accélère ce
phénomène et provoque le ralentissement de l’activité économique. Aux alentours
des années 1974-1988, environ la moitié des emplois industriels disparaissent17
. La
Gare de Cureghem est petit à petit délaissée à partir des années ‘80.
L’arrivée continue des immigrés devient un problème car le besoin de
main-d’œuvre n’ est plus aussi important. Anderlecht refuse d’inscrire les nouveaux
arrivants à quelques exception près18
. Entre 1985 - 1995, le gouvernement érige une
loi permettant d’encourager les communes dans cette démarche. Six communes
15. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Par-
tie 1 - Contexte histo-
rique». Bruxelles. pg 14
25
16. Idem
17. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Par-
tie 1 - Contexte histo-
rique». Bruxelles. pg 16
18. Excepté pour les cas de re-
groupement famille, deman-
deur d’asile ou pour les ressor-
tissantsdel’UnionEuropéenne
14. 26
19. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Par-
tie 1 - Contexte histo-
rique». Bruxelles. pg 20
se voient concernées dont Anderlecht. De plus, au cours des années 1970-1990,
Cureghem se vide d’un quart de sa population. Parmi eux de nombreux Belges,
Italiens, Espagnols et Grecs, qui quittent le quartier pour des habitations en
périphérie, laissant ainsi place aux populations marocaines et turques.
Dès lors, Cureghem est stigmatisé en tant que «quartier d’immigrés» et
désigné par les médias comme étant un quartier ghetto, où règnent les conflits, la
drogue et l’insécurité.
Cesnouveauxarrivants,ayantsubisdessituationsetproblèmesidentiques,
ont un besoin de se retrouver entre eux. La proximité à la ville est quant à elle, un
moyen facile de se déplacer. La présence des populations étrangères nécessite la
création d’infrastructures répondant à leurs besoins culturels et cultuels. C’est ainsi
qu’apparaissent des mosquées, boucheries halal et magasins permettant la vente de
produits importés.
Les problèmes principaux du quartier sont liés aux revenus qui limitent
le pourvoir d’achat des habitants mais aussi à l’insalubrité des logements, à
la négligence par rapport aux espaces et équipements publiques ainsi qu’au
désinvestissement de la part des autorités.
Les étrangers, qui n’ ont pas le droit de vote, ne portent au final aucun
intérêt pour les pouvoirs publics. Durant les années ‘80, les accords prennent place
entre partis pour s’ occuper le moins possible de Cureghem. Durant un quart
de siècle, aucune initiative n’ est mise en place. Cette ignorance va jusqu’ à un
point où Cureghem n’ est plus considérée comme faisant partie de la commune.
Une banderole est installée à l’entrée de la rue Wayez, excluant Cureghem de la
commune. Une réponse clandestine voit alors le jour sur la place Bara et la porte
d’Anderlecht. Cette anecdote montre clairement le fossé énorme qui s’est créée au
sein même de la commune. Cette méfiance à l’ égard de l’autre atteint son apogée
avec la création de mini «mur de Berlin»19
, représenté part des panneaux d’acier
hauts de 4,5 m. Ces fameux murs prennent place sur des friches vides et sont
souvent dédoublés d’un système de caméra de surveillance. La surveillance et la
répression étant mis à l’ordre.
2.2.5. Emeutes de ‘97
En ‘97, une opération de contrôle policier renforcé, nommée
«Secureghem»20
est mis en place durant deux semaines. Au cours de cette
intervention des émeutes sont déclenchées suite au decès d’un jeune marocain
de 24 ans, Saïd Charki. Ce jeune homme, soupçonné d’être un grand dealer de
drogue, est abattu à coup de feu en bas de chez lui vraisemblablement sans tentative
réelle d’arrestation. Cet événement entraîne la colère de jeunes qui s’en prennent
directement aux autorités et aux forces publiques. Cet incident est l’occasion pour
les jeunes d’ exprimer leur malaise par rapport à la situation, à l’ ignorance des
pouvoirs publics et à la répression continue qu’ils subissent.
Cette partie de l’histoire a été un passage obligatoire pour conscientiser
les dirigeants communaux face à l’urgence de la situation. Ce quartier a été livré
à lui-même durant plus de 25 ans. Les autorités décident finalement de chercher
la source du problème et de s’y attaquer. Une longue route s’engage alors vers «la
revitalisation de ce quartier».
2.2.6. Conclusion
Cureghem, contrairement à d’ autre quartiers, a pris du retard dans le
processus de rénovation. Celui-ci s’est manifesté par la perte de la qualité des
espace bâtis ainsi des espaces publics. La diminution de confort et la dégradation
de l’habitat entraînent la perte de valeur mais aussi un coût financier important
20. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Par-
tie 1 - Contexte histo-
rique». Bruxelles. pg 2127
15. 28
21. PICARD, Laurent. 2006.
«Outils, acteurs et projet de re-
vitalisation urbaine: l’exemple
de Cureghem en Région de
Bruxelles-Capitale». pg 8 et 9
22. Les nouveaux pro-
grammes de revitalisations
sont communs à tous les «fra-
gilisés» de Bruxelles ayant
une histoire assez similaire
avec l’industrialisation, la
délocalisation des entre-
prises et classes moyennes.
pour la remise en état. Cette ancienne zone industrielle garde encore des marques
du passé au travers d’ entrepôts, fabriques et ateliers. Pour certains de ces lieux le
développementdetroisactivitéstouchantausecteurdelaviandeetdel’alimentation
particulièrement sur le site de l’abattoir, du textile dans la zone nommé triangle
et la rue Brogniez, et de la vente d’automobile concentrée essentiellement sur la
chaussée de Mons et la rue Heyvaert permet de poursuivre leur occupation21
.
Même si ces nouvelles occupations des lieux ne sont pas aussi intenses que dans le
passé, une certaine activité économique persiste dans le quartier.
Les émeutes de ‘97 sont un «élément déclencheur» qui permettent
le réinvestissement du quartier. De nouvelles politiques régionales, fédérales et
européennes voient le jour. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ces changements.
Le chapitre suivant aborde les différentes phases urbanistiques de la ville qui ont
suiviw l’industrialisation ainsi que la création de ces nouvelles politiques donnant
ainsi une idée générale du contexte et du contenu22
. 3.1. Naissance de la politique des contrats de quartier
3.1.1. Introduction
Comme mentionné dans le chapitre précédent, le départ de la classe
moyenne engendre un appauvrissement des quartiers centraux tel que Cureghem.
Cet appauvrissement se marque par la dégradation des infrastructures et du bâti,
ainsi que par l’arrivée de populations issues des différentes vagues de l’immigration
ayant des revenus faibles. Les quartiers centraux n’enrichissent plus les caisses des
communes. La délocalisation des industries, durant les années ‘60 en périphérie,
entraîne la fermeture d’entrepôts, de fabriques et d’ateliers. La dégradation se fait
de façon progressive et empêche au final la remise en état dû aux coûts importants
qu’elle engendre. De plus, le désinvestissement des autorités n’ arrange en rien la
situation et ne fait que prolonger le fossé qui sépare «pauvre/riche» (auparavant
marqué par le binôme bourgeoisie/classe ouvrière).
3. La naissance des politiques de
rénovation urbaine à Cureghem
29
16. 30
23. 40% des biens immobi-
liers de la place Lemmens
appartiennent à la commune.
3.1.2. Rénovation «bulldozer» ou Bruxellisation
A cette époque, les autorités politiques s’intéressent surtout au réinves-
tissent du centre car Bruxelles perd de son attractivité dû à la délocalisation des
pôles économiques en périphérie. Depuis les préparatifs de l’Expo 58, l’image de
Bruxelles en tant que capitale de Belgique est remodelisée.
Les années d’après-guerre sont consacrées à de grands travaux tels que la
reconstruction du quartier Nord en zone d’affaires ainsi que dans celui de Léopold
II et de la jonction Nord-Midi. La création de ces zones de bureaux se fait au détri-
ment de logements, donnant place à des ensembles incohérents dans le tissu exis-
tant. Ces nouveaux travaux de villes marquent le passage de la «ville industrielle»
à la «ville tertiaire». La nouvelle fonction de la ville entraîne une reconversion des
boulevards et avenues périphériques en autoroutes urbaines. La ville est pensée
en fonction de l’automobile et non en fonction de ses habitants. Au passage de ces
travaux, de nombreux quartiers centraux sont supprimés, considérés en général
comme étant miséreux, et sources de divers problèmes. Ces nouvelles transforma-
tions du centre ne font que prolonger l’isolement des anciens quartiers fragilisés.
Durant les années ‘60, la commune d’Anderlecht établit un plan pour
la destruction d’une partie de Cureghem et la construction de «cités modèles».
Certains de ces projets voient le jour, parmi eux les tours de logements du square
Albert Ier. Un grand nombre d’ anciennes industries et maisons ouvrières sont dé-
truites pour la réalisation de ces tours. Un autre projet accompagne ce plan, celui
d’une autoroute urbaine à Cureghem. Mais la crise pétrolière, le déménagement
de l’industrie ainsi que l’état des finances communales freinent la continuité de ces
projets qui ne seront au final pas réalisés. Ce ralentissement des travaux a donné
lieu à de nombreux achats de biens immobiliers23
et à la destruction de plusieurs
d’entre eux. La reconstruction n’étant plus possible durant les années qui suivent,
les chantiers restent inertes durant parfois plus de 10 ans.
La rénovation «bulldozer» provoque la réaction de plusieurs comités d’ha-
bitants et d’associations qui désapprouvent la spéculation immobilière, l’expropria-
tion et la démolition. Ceux-ci revendiquent le rénovation du quartier, la création
de logements neufs et le respect du patrimoine ainsi que la participation des habi-
tants. Aux alentours des années ‘75, les autorités prennent conscience et freinent la
prolifération des activités administratives ainsi que la présence de la voiture en ville
et se concentrent dès lors vers un urbanisme transparent et accessible24
.
3.1.3. Rénovation timide
Conscients d’un manque d’initiative dans le passé en ce qui concerne la
question du logement et des ses conditions, les autorités publiques décident entre
1978 - 1998 de passer à des opérations de réhabilition. Ces dernières se concentrent
autour d’opérations de rénovation d’îlots et si nécessaire de démolition et recons-
truction. L’objectif est la remise en norme d’un point de vue «confort et hygiène»
de 20 000 logements jugés «insalubre et améliorables25
.
Au départ, l’association de la communes et des Centres publics d’aide so-
ciale (CPAS) permettent la mise en place du projet de réhabilitation de logement
appartenant aux pouvoirs publics dans les quartiers centraux. Mais très vites, la
démotivation des communes face à la situation financière et l’ampleur des travaux
entrainent l’Exécutif bruxellois à lancer un nouveau dispositif de «rénovation d’im-
meubles isolés». Cette nouvelle opération est subsidiée par l’Exécutif et profite aux
communes et CPAS, leur permettant ainsi de rénover le patrimoine dégradé et de
créer du logement.
En 1983, un système de primes à la rénovation des logements privés voit
le jour dans le but d’accélérer la rénovation. Cinq ans plus tard, une zone nommée
«Zone à protéger et à Rénover» (ZPR) est délimitée géographiquement. Cette der-
nière permet de cibler la partie qui comprend le plus grand nombre d’immeubles
24. «Le Projet de Plan de
Secteur (1976) et le Plan de
Secteur (1979) instaurent
ainsi plus de transparence
dans la délivrance des permis
de bâtir en mettant en place
les mesures particulières de
publicité (enquête publique)
pour tout projet d’une cer-
taine ampleur et la possibilité
pour tout un chacun defaire
valoir ses observations et ré-
clamations devant une “Com-
mission de concertation”.»
Extraitde«Bruxelleschange...!
10 ans de politique de la ville
en Région de Bruxelles-Ca-
pital (1995/2005)». pg 10.
25. Région de Bruxelles-Capi-
tal, Service régional au déve-
loppement urbain. Novembre
2007.»Bruxelles change...! 10
ans de politique de la ville
en Région de Bruxelles-Ca-
pital (1995/2005)».
Bruxelles. pg 10.31
17. 32
26. Région de Bruxelles-Capi-
tal, Service régional au déve-
loppement urbain. Novembre
2007.»Bruxelles change...! 10
ans de politique de la ville en
Région de Bruxelles-Capital
(1995/2005)». Bruxelles. pg 11
anciens et sous-équipés. Cette limitation permet l’octroi d’une majoration de
primes.
Cette nouvelle volonté de rénovation permit l’amélioration du cadre de vie
de plusieurs quartiers centraux grâce au déblocage de fonds importants. Contraire-
ment au passé, la réhabilitation est cohérente et plus «douce». Elle tente d’intégrer
la participation des habitants ainsi que les dimensions patrimoniales. Mais le bi-
lan de logement rénovés datant de 1989 est en dessous des attentes car seul 2 850
logements sur 20 000 ont été rénovés. Et en ce qui concerne les primes, elles n’ont
en général profité qu’à la classe moyenne et donc aux logements les moins néces-
siteux26
. La rénovation est au final très timide. Elle atteint facilement ses limites
dans certains projets dû aux travaux imprévues ou supplémentaire et ne se focalise
en soi que sur la question du logement. De plus, les travaux effectués étant assez
dispersés ne forment pas un ensemble clairement visible ayant un impact sur le
quartier entier.
3.1.4. Création de la Région de Bruxelles-Capital
En 1989, la Région de Bruxelles-Capitale prend son autonomie. Celle-ci
se marque par l’acquisition de larges compétences notamment en matière d’amé-
nagement du territoire et d’urbanisme. La Région prend l’initiative de remédier au
divers problèmes qui la touchent.
Cette nouvelle institution se lance deux objectifs majeurs. Premièrement,
elle se lance le défi de rehausser l’économie. Depuis le départ de la population à
revenus moyens en périphérie, les finances publiques souffrent dû à la crise bud-
gétaire et aux revenus bas des ménages. Ces déplacements de populations et no-
tamment d’ entreprises ont causé la dévitalisation du centre ville. Les problèmes
financiers restent notamment un obstacle à l’échelle communale car ils limitent les
opérations de rénovation ou de revitalisation. Deuxièmement, la Région tente de
rééquilibrer le territoire de façon à ce que le fossé entre «commune riche» et «com-
mune pauvre» disparaisse27
. Celle-ci imagine que l’arrivée de population moyenne
dans le centre peut entraîner un effet positif et déclencheur de changement chez les
populations à revenus faibles et pourrait permettre de «diversifier» les quartiers.
3.1.4.1. Politique de revitalisation urbaine
En 1995, la Région crée en ce sens «le plan régional de développement»
(PRD I). Ce document, à valeur indicative, fixe les priorités et les moyens à mettre
en œuvre pour répondre aux enjeux du développement économique, social, cultu-
rel, environnemental et de l’évolution de la ville. Le PRD prévoit un «Espace de
développement renforcé du logement» (EDRL) concentrant une action renforcée
de la part des pouvoirs publics en matière de logements. Le rééquilibre socio-éco-
nomique se limite dès lors à l’EDRL. Cette zone d’intervention géographique est
définie sur base de données statistiques regroupant l’état du bâti ainsi que les carac-
téristiques socio-économiques de ses résidents. L’EDRL devient l’espace prioritaire
d’intervention pour différents opérateurs publics donnant naissance à diverses
politiques de revitalisation. Cinq ans après le premier, un nouveau plan régional
de développement (PRD II) est mis en place. Ce plan, sur base du premier, définit
d’une part des grandes zones d’interventions prioritaires tels que les zones leviers
(ZL) et zones d’intérêts régionales (ZIR) et confirme «l’espace de développement
renforcé du logement» qui devient «l’espace de développement renforcé du loge-
ment et de la rénovation» (EDRLR). La revitalisation urbaine sera concentré dans
l’ EDLRL.
27. La division sociale se
perpétue dans la ville. L’axe
auparavant considéré comme
ouvrier (sud-ouest/nord-est)
est réappropriée par les po-
pulations à revenus faibles
et issus de l’immigration.
Alors que l’axe sud/sud-est
connait l’investissent de po-
pulation aisé, parmi eux les
fonctionnaires européens33
18. Fig. 8. Périmétre des contrats
de quartier 1994-2014
Source : http://alexan-
drusenciuc.com/2011/02/15/
bruxelles-voyage-detudes-
study-trip/
Fig. 7. Espace de développe-
ment renforcé du logemet et
de rénovation
Source : http://www.adt-ato.
irisnet.be/fr/enjeux-urbains/
coh%C3%A9sion-so-
cio-%C3%A9conomique/p%
C3%Aim%C3%A8tre-d%E
2%80%99intervention-prio-
ritaire
35Fig.7 Fig.834
19. 36
28. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Par-
tie 1 - Contexte histo-
rique». Bruxelles. pg 26
30. Bruxelles Santé. Dé-
cembre 2009. «les contrats
de quartier... 16 ans après».
pg 15. N° 56. Bruxelles
31. PICARD, Laurent. 2006.
«Outils, acteurs et projet de re-
vitalisation urbaine: l’exemple
de Cureghem en Région de
Bruxelles-Capitale». pg 27-33
29. PICARD, Laurent. 2006.
«Outils, acteurs et projet de re-
vitalisation urbaine: l’exemple
de Cureghem en Région de
Bruxelles-Capitale». pg 17
La revitalisation peut être considérée comme étant un mélange d’an-
ciennes opérations tels que la réhabilitation, la rénovation lourde, la réaffectation
de bâtiments, la démolition, la reconstruction selon les besoins et les moyens ainsi
que les nécessités. Elle a souvent pour synonyme des termes comme la rénova-
tion urbaine, la revalorisation urbaine ainsi que la redynamisation. Actuellement,
les termes officiels de cette politique sont désignés par «la revalorisation urbaine
d’un périmètre28
». Le but général de la revalorisation urbaine est de concentrer les
actions et de les limiter dans le temps, de façon à ce qu’elle soit visible et qu’ elle
provoque une envie de rénovation chez les propriétaires privés.
Contrairement aux opérations précédentes, la revitalisation tente de
comprendre les causes globales du déclin d’un quartier. Ce qui permet d’élargir
les zones d’interventions et de ne pas se focaliser que sur la question du logement
(mêlant ainsi plusieurs domaines d’interventions : économique, commercial, sécu-
ritaire et culturel,...). Une autre particularité de cette nouvelle politique est le travail
en partenariat avec divers acteurs allant d’acteurs associatifs aux privés en passant
par des acteurs parapublics.
La revitalisation est marquée par la mise en place d’un nouvel outil d’aide
à la conception des programmes : «la participation» (relation entre le «producteur»
et les «acteurs»). Cette collaboration se fait sur différents niveaux avec différentes
institutions, différents intervenants publics ou privés qui pourrait être résumé «au
fruit de la coproduction entre tous les acteurs29
». Toutes les responsabilités sont
partagés, les communes ont le rôle principal car elles cordonnent l’ensemble des
étapes (programmation, la mise en place des projets, le suivie, la finalité). La Ré-
gion, quant à elle, joue le rôle de «subventionneur» avec une aide financière qui
couvre 75% à 90% du budget total des opérations totales30
. Ce partenariat est lié par
la condition strict du respect du programme fixé.
Au travers de la rénovation urbaine, divers dispositifs voient le jour coor-
donnés par différentes institutions à divers échelle dont31
:
Des dispositifs publics
- Régional : les quartiers d’initiatives, les contrats de quartiers
- Européen : les fonds «Objectif « et le programme «Urban»
- Fédéral: la politique des grandes villes
Les agences publiques
- La société de développement de la Région Bruxelloise (SDRB) : mission
de rénovation urbaine et de développement économique
- L’institut Bruxellois de Gestion de l’environnement (IBGE): aménage-
ment de parc de proximité dans les quartiers déprimés
- Les noyaux de revitalisation commerciale : Les ASBL Atrium
La société civile et les habitants
- le réseau habitat: les associations comme relais local de la politique ré-
gionale du logement
- les associations de quartier et les habitants
Dans le cadre de ce mémoire, l’ intérêt est essentiellement porté sur les
contrats de quartiers.
1.4.2. Les contrats de quartiers comme outils de rénovation
urbaine
«Les contrats de quartiers sont des programmes de revitalisation initiés
par la Région de Bruxelles-Capitale en 1994, menés dans différents quartiers fra-
gilisés en partenariat avec les communes32-33
». Ces derniers tentent d’amener des
réponses assez globales et cohérentes aux problèmes que rencontrent ces quartiers.
Chaque année en fonction des moyens financiers disponibles, le gouvernement de
33. Ordonnance organique
du 7 octobre 1993 sur la re-
vitalisation des quartiers,
révisée à deux reprises par
l’ordonnance de 20 juillet
2000 et celle du 27 juillet 2002
32. Région de Bruxelles-Ca-
pitale, Le centre urbain asbl.
«Contrat de quartier: mode
d’emploi». Bruxelles. pg 4
37
20. 38
35. Région de Bruxelles-Ca-
pitale, Le centre urbain asbl.
«Contrat de quartier: mode
d’emploi». Bruxelles. pg 4
36. Région de Bruxelles-Ca-
pitale, Le centre urbain asbl.
«Contrat de quartier: mode
d’emploi».Bruxelles.pg11à14
34. Auparavant, la Région
définissait une certaine
«zone» et la commune fai-
sait une étude préalable et
tracait le périmètre dans la
zone concernée. A présent,
les communes proposent
un périmètre à la Région.
la Région de Bruxelles-Capitale dresse la liste des quartiers qui peuvent bénéficier
d’un contrat de quartier sur base de l’état de délabrement des immeubles et des
espaces publics, de la présence d’immeubles et de friches inoccupées, du nombre
de logements mal équipés ainsi que sur une série d’indicateurs sociaux comme
par exemple le nombre de chômeurs et de minimexés (revenu minimum). Parmi
cette liste, la Région choisit quatre quartiers de communes diverses dans la zone de
l’EDRLR. Ces derniers bénéficient de finances de la part de la Région sur base d’un
programme clairement défini. Le programme, qui est établi par la commune ou par
un bureau d’études, énumère un ensemble d’opérations à réaliser sur un périmètre34
délimité au préalable, choisit dans le quartier concerné pour une durée de 4 ans
(avec un supplément de 2 ans pour la fin des derniers chantiers) et sur base d’une
étude préalable des lieux(d’une durée de 9 mois).
Ce nouveau dispositif marque le début du décentralisation de l’action pu-
blique basé sur le concept du «contrat». Les autorités publiques supérieures (Ré-
gion) subsidient les pouvoirs publics locaux (les communes) en échange de la dé-
finition du programme et de son suivi. Les communes sont jugées être beaucoup
plus aptes et proches de la population et de ses besoins.
Les objectifs principaux de cette nouvelle politique sont:
- la remédiation à la dégradation de certains quartiers,
- la concentration de plusieurs opérations dans un même quartier pour
renforcer leur impact et créer de nouvelles dynamiques,
- l’ intervention sur les différentes composantes du quartier tels que le
bâti, les espaces publics, les infrastructures et les équipements de quartier, les ini-
tiatives économiques et sociales,
- l’ association active dès le départ des habitants et usagers du quartier
(participation) pour mettre en évidence les besoins et dégager les priorités35.
Les différents types d’opérations se repartissent sur 5 volets touchant à
divers domaines36
.
- Les volets 1, 2 et 3 - le logement
Le volet 1 - les logements dont la commune est propriétaire ou le devient:
celui-ci concerne la rénovation, la construction ou la reconstruction de logements
menées exclusivement par la commune et le CPAS sur des immeubles dont elle de-
vient propriétaire (éventuellement par une procédure d’expropriation pour cause
d’utilité publique). Les logements ainsi réalisés sont des logements assimilés au
logement social.
Le volet 2 - les logements réalisés en partenariat avec le privé : Ce volet
concerne des acquisitions ou la prise d’emphytéose de terrains et d’immeubles par
la commune, afin de les assainir (si nécessaire) comme terrain à bâtir. Le but est
de les mettre à disposition d’investisseurs publics ou privés à un prix inférieur à
leur valeur réelle. Ils peuvent être cédés par vente publique ou par gré à gré, après
publicité par affichage durant un mois minimum. Les logements réalisés sont des
logements conventionnés.
Le volet 3 - les logements réalisés en partenariat avec le privé : Ce dernier
désigne la prise d’emphytéose d’immeubles ou de parties d’immeubles par des in-
vestisseurs privés pour la réalisation de logements. Les logements ainsi réalisés sont
des logements assimilés au logement social. (les investisseurs gardent au moins la
gestion d’un quart des logements réalisés et les conditions d’accès s’appliquent aux
autres).
- Le volet 4 - Les espaces publics
Le volet 4 - les espaces publics: Ce volet concerne toutes les opérations
liées à la création et au réaménagement des espaces publics: verduration d’inté-39
21. 40
38. L’ ordonnance orga-
niquedu 28 janvier 2010
de la revitalisation urbaine
37. Région de Bruxelles-Ca-
pitale, Le centre urbain asbl.
«Contrat de quartier: mode
d’emploi». Bruxelles. pg 15
rieurs d’îlots, réaffectation ou création de voiries et de trottoirs, réaménagement
de places, de carrefours, d’abords d’école, d’accès aux logements, amélioration de
l’éclairage public,...
- Le volet 5 - les infrastructures, équipements, initiatives économiques et
sociales.
Le volet 5 - Première partie: les infrastructures et les équipements de
quartier : cette partie concerne la création ou le renforcement d’infrastructures
et d’équipements de quartier mis à la disposition du public et de la vie collective
du quartier: salle polyvalente servant de lieu de rencontre, de salle de fêtes ou de
sports ; équipement de cette salle ou encore espaces jeux adaptés aux enfants ou
aux adolescents,...
Le volet 5 - Deuxième partie: les initiatives économiques et sociales : cette
partie concerne la réalisation d’actions contribuant à une revitalisation sociale et
économique du quartier, par le soutien d’initiatives sociales. Des projets très variés
peuvent être menés, dépassant le cadre de l’aménagement du quartier pour aborder
par exemple la formation professionnelle ou certains aspect de la santé en lien avec
la qualité de l’habitat.
«Un contrat de quartier n’est qu’une première étape vers la revitalisation
d’un quartier. Il doit tenter de résoudre, non seulement les problèmes les plus urgents
qui entraînent sa dégradation, mais également les problèmes plus «stratégiques» qui
se rattachent à l’image, à l’identification au quartier, à sa cohésion sociale. C’est un
«contrat de confiance» entre les pouvoirs publics et les habitants et usagers d’un quar-
tier qui doit encourager tout un chacun à investir, en fonction de ses moyens, dans
l’amélioration de ce quartier37
».
En 2010, une nouvelle ordonnance38
de la Région transforme les contrats
de quartier en «Contrats de Quartiers Durables» (CQD). Ce changement implique
la prise en compte dans les projets et actions menés de la dimension environne-
mentale (bâtiments à haute efficacité énergétique, des jardins collectifs, la gestion
des déchets, l’assainissement des sols). Les CQD recadrent les différents volets des
CQ, les 5 volets (nommés «section») touchent les domaines suivants:
la section39
1: les opérations immobilières (construction, reconstruction
ou rénovation de logements, d’infrastructures de quartier, de commerces et d’es-
paces productifs).
la section 2: la revalorisation des espaces publics (amélioration de la quali-
té de vie, de la qualité environnementale, de la mobilité des piétons et des cyclistes
ainsi que de l’aménagement des espaces verts et de plaines de jeu).
la section 3: la revalorisation économique et sociale (formations pour les
demandeurs d’emploi, réintégration sociale, information des habitants à propos du
développement durable, encouragement à la rénovation des habitations et partici-
pation aux équipements communautaires dans leurs quartiers ainsi que le reloge-
ment des habitants qui ont été obligés de déménager suite à des travaux entrepris
dans leur logement.)
la section 4: l’amélioration environnementale (limitation des nuisances
sonores, traitement des problèmes d’infiltration d’eau de pluie, assainissement des
sols, création de jardins, gestion des déchets,...
la section 5: la participation des organisations et des habitants (la coordi-
nation et le soutien des activités participatives)
En ce qui concerne le financement, la Région subsidie jusqu’à 90% maxi-
mum (dans le passé, 60-70%) du coût total des opérations limitées dans la durée
des 4 ans. 5% minimum doivent être mis à disposition de la part de la commune.
D’autres sources financières participent à la concrétisation des opérations telles que
l’aide des organismes régionaux ou para-régionaux (SDRB, Bruxelles Envionnne-
ment, Belirirs,...), des opérateurs privés, l’état fédéral (depuis 2001) et l’ aide euro-
péenne.
39. DE CALUWE, Dirk.
2013.»Cureghem : Par-
tie 1 - Contexte histo-
rique». Bruxelles. pg 2741
22. 4.1. Dix contrats de quartiers à Cureghem
4.1.1. Introduction
Cureghem connait en 2013, 10 séries de contrats de quartiers dont 8 sur
le territoire de la commune d’Anderlecht et 2 sur celui de Molenbeek-Saint-Jean. A
l’heure actuelle, six d’ entre eux sont achevés et 4 autres encore en cours.
Contrats de quartiers :
1997 - 2001 Rosée (Anderlecht)
1999 - 2003 Goujons - Révision (Anderlecht)
2000 - 2004 Péqueur - Aviation (Anderlecht)
2001 - 2005 Chimiste (Anderlecht)
2002 - 2006 Heyvaert (Molenbeek-Saint-Jean)
2004 - 2008 Conseil (Anderlecht)
2007 - 2011 Lemmens (Anderlecht)
2008 - 2012 Écluse -Saint Lazare (Molenbeek-Saint-Jean)
Contrats de quartiers durables :
2010 - 2014 Canal - Midi (Anderlecht)
2013 - 2017 Compas (Anderlecht)
4. Les contrats de
quartiers à Cureghem
4342
40. http://www.quar-
t i e r s . i r i s n e t . b e / f r /
contrats-de-quartiers-du-
rables/fonc tionnement
La participation, étant l’outil d’aide à la réalisation des projets, se concré-
tise au travers d’assemblées générales (minimum 3), de commissions locales de
développement intégré (minimum 4; composée de délégués de la commune, d’ha-
bitants et de représentants de différents secteurs (associations, écoles, économie
locale) et des pouvoirs publics (cpas, région, vlaamse gemeenschapscommissie,
cocof,...)), de promende «diagnostic» à travers le quartier ainsi que des journées
participatives40
.
23. - la chaussée de Mons joue le rôle de liant entre les différents sous-quar-
tiers grâce aux multiples fonctions qu’elle abrite (commerces, hôtels,..). Cet axe
marque aussi la liaison entre la commune d’Anderlecht et de Bruxelles.
- et le tracé de la petit Senne, qui lui n’est pas aussi facilement visible que
les deux autres, mais qui est lisible au travers du parcellaire et de la limite adminis-
trative entre la commune de Molenbeek-Saint-Jean et Anderlecht.
Cette zone peut être sous-divisée en trois entités sur base des critères
morphologique et économiques (activités qui s’y exercent) :
- L’ entité post-industrielle : elle se caractérise par de grands îlots compo-
sés de vastes parcelles qui sont occupées par des ateliers et entrepôts d’origine in-
dustrielle situés autour de la rue Heyvaert et dans le prolongement du territoire de
Molenbeek-Saint-Jean et du Canal. Actuellement, cette entité garde sont caractère
économique par la présence d’une série d’activités formelles et informelles articu-
lées dans le secteur de l’automobile.
- L’ entité résidentielle : elle se compose de parcelles plus petites essentiel-
lement résidentielles localisées autour de la place Lemmens et de la chaussée de
Mons. De nombreux équipements à l’échelle du quartier y sont insérés tel que le
parc de la Rosée.
- L’ entité mixte (friche/résidences) en présence de friche: elle se situe
au sud de la chaussée de Mons et s’inscrit dans un tissus homogène qui continue
jusqu’à la gare du Midi et interrompu régulièrement par des friches.
4544
4.1.2. Zone ciblée
Ce mémoire ne traitera que de quatre d’entre eux: Rosée, Chimiste, Lem-
mens, et Compas. Ces derniers ont la particularité d’avoir opéré sur une même
zone à quelques détails près. Ils se localisent à l’est de Cureghem (sous-quartiers
Cureghem Rosée et Cureghem Bara).
Avant d’entamer une analyse de ces différentes opérations de rénovation
successives, il est important de comprendre le contexte dans lequel elles ont opé-
rées.
La zone d’étude choisie est limitée par la commune de Molen-
beek-Saint-Jean et de Bruxelles, et est notamment marquée par des infrastructures
importantes tel que le Canal au nord, la boulevard de la petite ceinture à l’est, le
site des Arts et Métiers et le site de l’abattoir à l’ouest. L’enclavement du quartier est
d’autant plus perceptible en raisons de ces grandes infrastructures :
- le boulevard dû à la typologie du bâti, à son importance et à sa dimen-
sion marque une frontière claire avec le centre ville
- alors que le canal, lui n’est pas visuellement perceptible sur cette partie
de la commune, est un obstacle par son utilisation dans le cadre de l’exportation
de voitures
- le site des abattoirs qui a un impact au sein du quartier dû l’activité éco-
nomique dans le domaine alimentaire qu’il génère
- et le site des Arts et Métiers qui lui interagit avec le boulevard tout en
tournant le dos au quartier
La zone d’étude choisie est structurée par 3 axes importants:
- la rue Ropsy Chaudron marque la transition entre les abattoirs et le reste
du quartier. Elle est bordée de nombreux commerces.
24. 4.2. De Rosée à Compas
4.2.1. Introduction
Une fiche identitaire est dressée pour chaque contrat de quartier afin de
permettre d’avoir un aperçu général des opérations prévues et effectuées. Comme
signalé précédemment, les quatre contrats de quartiers étudiées ont opérés sur une
même zone à quelques détails près (le périmètre s’élargit sur des voiries différentes
d’un contrat à un autre pour permettre la prise en compte de ces voies dans le pro-
cessus de rénovations).
Fig .9. Affectation du sol
Source: http://www.brugis.
irisnet.be/MyBruGIS/brugis/
Fig .10. Différentes zones
économiques péristantes.47
0 50 200
23
Fig.9
Fig.10
46
secteur de la
viande
secteur du
textile
secteur de
l’automobile
25. 4.2.1.1. Rosée41
• Année : 1997 - 2001
• Etat d’avancement : Terminé
• Source du nom : la rue de la Rosée
• Bureau d’étude : Cooparch
• Logements réalisés :1/3 des 60 logements programmés (volet 1 et 2)
• Équipements/infrastructures :
- Aménagement du parc de la Rosée (projet associé avec
Bruxelles-Environnement)
- Construction d’un équipement (crèche) associé à du logments
(Place Lemmens, 1-21)
- Aménagement du parc de Liverpool (Rue de Liverpool, 65-67)
- Construction de la salle de sport (Rue du Chimiste, 39)
- Maison de quartier (Rue du Chimiste, 37)
• Projets non réalisés42
:
- Construction d’une crèche avec des logements aux étages supé
rieurs à l’entrée du parc de la Rosée (Chaussée de Mons, 11)
- Réaménagement de l’îlot Bosch avec la démolition des an-
ciennes usines Bosch et la reconstruction d’immeubles mixtes
(Chaussée de Mons, 114 - 140)
• Volet socio-économique :
65 % du budget de ce volet a été affecté à l’information, à l’ani-
mation sociale, à la mise en place du personnel de gestion pour la salle de sport,
à la maison de quartier, au guichet du centre d’entreprise de l’Euclides ainsi qu’à
l’incitation à la rénovation et l’accompagnement des actions de relogement (5% du
budget total)
42. Les projets non ré-
alisés sont dû soit:
- à l’impossibilité et la diffi-
culté de mettre en oeuvre les
procédures d’expropriation,
- à une perte du bud-
get suite au délai depassé,
- décalage entre le budget es-
timé dans le dossier de base
et le coût réel de l’opération
-auxlitigesentrepropriétaires,
- mauvaise gestion du temps,
- divers problèmes avec les
entrepreneurs en charge de la
réalisation du chantier (inter-
ruption du chantier, vices de
procédureoudeconception,...)
- au manque d’initia-
tives la part des privés49Fig.11
Fig .11. Carte du contrats de
quartier Rosée
41. Cooparch. 1997. Rapport
«programme du contrat de
quartier Rosée»
Projets
réalisés
Projets
prévus
26. 50
• Budget : /
• Remarques générales :
Ce premier contrat de quartier pour Cureghem ainsi que la
commune a été assez mitigé en général. Ces opérations, qui au départ étaient très
ambitieuses, concernent essentiellement la rénovation de bâtiments résidentiels,
la création d’équipements et d’espaces publics. Cette première tentative a permis
l’ élimination de quatre friches qui ont été affectées à des équipements (Parc de la
Rosée, salle de sports de la rue du Chimiste, plaine de Liverpool, équipement et
logement place Lemmens). Par contre, les travaux entrepris se sont souvent avérés
comme étant des échec car nombreux de ces équipements ont dû être revus dans
les contrats qui ont suivi. En ce qui concerne le logement, le résultat est assez chao-
tique, seulement 1/3 de ce qui était prévu à réellement été réalisé. 25% du budget
prévu est perdu suite à un retard accumulé.
• Périmètre : cfr. carte
27. 4.2.1.2. Chimiste43
• Année : 2001 - 2005
• Etat d’avancement : Terminé
• Source du nom : la rue du chimiste
• Bureau d’étude : Agora
• Logements réalisés : 39 des 42 logements prévus
• Équipements :
- Rénovation de la cour du Curo-Hall (Rue Ropsy Chaudron, 7)
- Aménagement d’un espace public en intérieur d’îlot interasant
avec le CuroHall (rue du Compas, 10-14) (associé à un projet
de logements)
• Projets non réalisés :
- Aménagement d’un espace public en intérieur d’îlot (Rue du
Compas 13-19) (associé à un projet de logement)
- Acquisition de la parcelle voisine à la plaine de Liverpool
(n°63) de façon à ce qu’elle interagisse avec la plaine elle-même
- Tracé de la petite Senne par l’acquisition d’une série parcelles
pour la création d’un espace public piétonnier.(ancien tracé de
la Senne)
• Volet socio-économique:
90 % du budget de ce volet a été affecté à l’information, à l’anima-
tion sociale ainsi qu’au projet d’insertion socioprofessionnelle. 10% de ce budget a
été prévu pour l’incitation à la rénovation
• Budget : /
• Remarques générales :
Ce contrat de quartier voit le jour directement après celui de la53
Fig .12. Carte du contrats de
quartier Chimiste
Fig.12
43. Agora. 2001. Rapport
«programme du contrat de
quartier Chimiste»
28. 54
Rosée. Il a la particularité d’avoir un taux de réalisation important en terme de
logements. Cette deuxième tentative reprend en considération 8 opérations du
contrat de la Rosée. Dans l’ensemble, Chimiste ne permettra d’éradiquer qu’une
friche reconvertie en un espace semi-public (rue du compas, 10-14). Le projet de la
«Sennette» voit le jour sous la forme d’une opération de réserve au sein du contrat
Chimiste.
• Périmètre : cfr. carte
29. 4.2.1.3. Lemmens44
• Année : 2007 - 2011
• Etat d’avancement : En cours de finalisation
• Source du nom : la place Lemmens
• Bureau d’étude : Sum Research
• Logements réalisés : 29 logements rénovés, dont 25 pour les ménages à
revenus faibles
• Équipements :
- Réaménagement de la Plaine de Liverpool avec un pôle d’arrêt
(Rue de Liverpool, 65-67)
- Aménagement d’une nouvelle entrée pour le Parc de la Rosée
sur l’ancien lit de la Petit Senne (Chaussée de Mons, 35)
- Réaménagement du parvis Notre-Dame en zone piéton (Rue
Docteur de Meersman)
• Projets non réalisés :
- Intervention sur les ateliers de voiture de l’îlot Liverpool pour
réaménagement d’une série de logement ainsi qu’un espace inte
reagissant avec la nouvelle plaine de Liverpool (Rue Liverpool,
61-67)
- Insertion d’une crèche dans les logements (Chaussée de Mons,
11)
• Volet socio-économique :
Ce volet est marqué par une diversification du soutien à dif-
férents domaines(d’agriculture urbaine, projet artistique avec les jeunes de l’asbl
Avicenne, projet de sensibilisation à la propreté des espaces publics) ainsi qu’au
processus participatif renforcé par l’atelier de travail ATU (asbl périféria).57Fig.13
Fig .13. Carte du contrats de
quartier Lemmens
44. Sum Research. 2007.
Rapport «programme du
contrat de quartier Lem-
mens»
30. 58
• Budget : /
• Remarques générales :
Le contrat de quartier Lemmens marque d’une part le départ
des nouveaux contrats de quartiers durables mais aussi le commencement de la
concrétisation du projet piéton du tracé de la petite Senne par la nouvelle entrée
du parc de la Rosée (Chaussée de Mons, 35). En termes d’espaces publics, les ef-
forts se sont concentrés sur la plaine de Liverpool qui a droit à un réaménagement
global. Lemmens traite d’opérations déjà énoncées dans le passé. Le fil directeur
de ce contrat est de renforcer la structure locale pour renforcer la liaison avec les
axes principaux (Plaine de Liverpool, parvis de l’eglise Notre-Dame, éclairage de
la place Lemmens ainsi que des voiries qui lient ces différents pôles). Lemmens
permet de réduire le nombre de friches le long de la Chaussée de Mons ainsi que du
boulevard Poincaré. Cette troisième tentative nait d’une réelle volonté de ne plus
refaire les erreurs du passé notamment en les corrigeant.
• Périmètre : cfr. carte
31. 4.2.1.4. Compas45
• Année : 2013 - 2017
• Etat d’avancement : Commencement
• Source du nom : la rue du Compas
• Bureau d’ étude : Collectif IPE
• Logements réalisés : /
• Projets non réalisés : /
• Équipements prévus :
- Réaffectation de l’imprimerie en équipement communal: acti
vités artistiques, salle polyvalente, logements (Rue de Liverpool,
66-70)
- Aménagement du parc de la Sennette (projet associé à la Ré
gion allant de la porte de Ninove au site des abattoirs)
- Construction de la Maison de la Cohésion Sociale (Rue du
Chimiste, 28-34)
- Aménagement du parc de la linéaire sur le tracé de la «Sen
nette» (projet de a SDBR)
- Rénovation légère et aménagement d’une crèche (Rue de la Po
terie, 20)
- Projet d’une crèche avec les logements (Chaussée de Mons, 11)
- Aménagement d’un petit parc à containers dans le parc de la
Rosée
• Volet socio-économique: /
• Budget : /
• Remarques générales :
Le fil conducteur de ce projet est le parc de la «Sennette» (projet61
RU
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LEMMENS
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LE
RO
I
limite communale
0 50 200
Fig .14. Carte du contrats de
quartier Compas
Fig.14
45. Collectif IPE. 2013. Rap-
port «programme du contrat
de quartier Compas»
32. 4.2.2. La rénovation des espaces publics
L’ analyse de ces contrats de quartier va se faire au travers de 4 cas d’études
de rénovation d’espaces publics (ainsi que des équipements associés à ces espaces):
- le parc de la Rosée
- la place Lemmens
- la plaine de Liverpool
- le parc linéaire de la Sennette
Ces espaces ont en général été abordès à plusieurs reprises dans les quatre
contrats de quartiers. La rénovation de ces espaces a/ou risque d’ avoir un impact
sur le périmètre d’ intervention dû à leur échelle, importance et localisation.
Le choix de cibler l’étude à l’espace public permet d’englober différents as-
pects de la rénovation urbaine tels que la participation, la création d’infrastructure
et d’équipements qui ont un impact direct sur les usagers.
L’ espace public est avant tout définit comme étant le reste de l’ espace pri-
vé. Il est à la fois l’espace de déambulation, de passage, de rencontre, de convivialité
et d’intégration. Dans le cadre des politiques urbaines de rénovation, ces espaces
sont considérés comme de réels leviers ayant un impact direct sur le cadre de vie
et sur ses habitants.
6362
associé à la région). Ce dernier est valorisé par 3 pôles géographiques d’interven-
tion importants (pôle Liverpool-Chimiste, axe Ropsy- Chaudron, pôle Lemmens)
qui permettront de connecter le quartier aux grands axes structurants. Dans le
cadre de Compas, le nombre d’interventions va être réduit dans un but de renforcer
la visibilité et l’impact.
• Périmètre : cfr. carte
33. 4.2.2.1. Parc de la Rosée
Le parc de la Rosée a été inauguré en 2000 à l’occasion du premier contrat
de quartier Rosée par Bruxelles Environnement. Ce parc, qui s’établit sur un ancien
chancre d’environ 7000 m² 46
, poursuit deux objectifs; d’une part aménager un es-
pace vert dans un quartier déficitaire en parc, squares et plantations et d’autre part
mettre à disposition des usagers un espace de jeux, de rencontre et de promenade
Ce parc se subdivise en zones délimités par le type d’activités:
- un terrain de sport
- deux zones de jeux et une piste de pétanque
- un kiosque
- une butte gazonnée, un jardin de rencontre à l’aspect plus végétal (parse-
més de divers d’arbres: érables, poiriers, cerisiers, bouleaux, noisetier de Byzance,
chêne pédonculé, sorbiers des oiseleurs et tilleuls ).
Il est desservi par 3 entrées actuellement sur :
- le boulevard Poincaré (10-14) le connectant à la ville
- la Chaussée de Mons (11) qui est actuellement en deplacement vers le
numéro 35 de la même rue.
- le bâtiment qui forme le coin donnant accès à la place Lemmens (21-1).
Celle-ci, contrairement aux deux autres, est assez dissimulée car elle est souvent
fermée par une grille et qu’elle se situe sous un bâtiment. La mauvaise réputation
de la place Lemmens a aussi un impact indirect sur cette entrée.
En ce qui concerne l’entrée Chaussée de Mons 35, elle avait été choisie
pour être l’entrée principale car elle se situe sur l’ancien lit de la Senne. Mais dû
au temps perdu pour l’acquisition du terrain qui était auparavant un parking loué
par hôtel voisin Van Belle, elle a été postposée au numéro 35. Suite au contrat de
quartier Lemmens, l’ entrée au n°35 a été replanifiée, laissant place au n°11 à un65Fig.15
Fig.15. Cas d’études
46. «Dans le passé, un ter-
rain de sport en terre battue
y avait été sommairement
installé, mais l’endroit, occupé
jadis et encore partiellement
par des bâtiments industriels,
reste glauque et peu ave-
nant.» Extrait de Bruxelles
Environnement. 2007. In-
fos fiches - espaces verts.
«Le parc de la Rosée». pg1.
34. d’équipements et d’espaces non négligeables qui soit y prennent petit à petit place,
soit qui y étaient déjà la depuis le début. Parmi eux:
- l’Institut de la Providence (rue Haberman n°29),
- la projet agriculture urbain qui voit le jour durant le contrat de quartier
Lemmens initative de l’asbl Eco-Innovation. Cette pépinière intègre un projet d’in-
sertion socioprofessionnelle et prévoit des activités avec les habitants du quartier.
Ce jardin a pour seul inconvénient de ne pas être ouvert souvent malgré qu’il soit
apprécié des habitants. Cette espace s’inscrit en continuité du parc et du tracé de
l’ancienne Senne.
- La créche « l’arbre à papillons»(place Lemmens 21-1)
48. Idem
47. Bruxelles Environnement.
2007. Infos fiches - espaces
verts. «Le parc de la Rosée».
pg1.
6766
bâtiment passif avec une crèche condamnant l’entrée actuelle.
Ce parc pourrait être identifié comme « un espace vert à vocation sociale47
»qui répond aux besoins des habitants. Ce dernier a la particularité d’avoir intégré
dès le départ «la démarche participative». Cette stratégie prend place au travers
de consultations, d’enquêtes, de débats et de rencontres organisées avec les habi-
tants et les acteurs-clefs du quartier (écoles, habitants, commerçants, occupants
d’immeubles voisins, maisons de quartier, associations,...) pour que le parc puisse
répondre de façon adéquate aux besoins du quartier. «En intéressant la population
au projet, les pouvoirs publics lui permettent de s’impliquer dans sa conception et
de se l’approprier durablement48
.»
La participation se prolonge tout au long de l’aménagement du parc d’un
point de vue différent à chaque fois.
Au moment des travaux, des sociétés coopératives à finalité sociale ont
engagé de la main d’œuvre locale au chômage pour certains types et certains phases
des travaux. Les enfants eux, ont participé au dessin et à la réalisation d’un segment
de la fresque (en collaboration avec des artistes locaux) et à l’imagination de l’es-
pace. Cette démarche se poursuit actuellement avec la gestion de l’ espace par des
gardiens animateurs qui ont pour mission la prévention, la sécurité, la propreté
mais surtout l’animation des lieux (organisation de mini-tournoi,matchs ou d’ac-
tivités selon la demande). La présence de ces gardiens permet d’avoir un contact
constant avec les jeunes, et une cohabitation paisible avec les différents publics.
Cette présence constante est un des facteurs de réussite de ce parc avec le
processus de participation. Ces derniers ont la particularité de permettre au parc
de la Rosée de ne pas être la proie de vandalisme, d’être propre et entretenue, et
surtout d’être un point de rencontre important du quartier (notamment pour la
fête de quartier). Le parc est fermé le soir.
Le parc de la Rosée se situe dans un îlot qui est entouré d’infrastructures,
35. 69
Fig. 16. Améngement du parc
de la rosée
Source: Bruxelles Environ-
nement. 2007. Infos fiches
- espaces verts. «Le parc de la
Rosée». pg. 4 Fig.16
36. 70
Fig. 17. Connection entre
la place Lemnnes et le parc
4.2.2.2. Place Lemmens
La place Lemmens, qui a été réaménagée en 1994, se compose de zones
de repos ainsi que d’un terrain de pétanque. Elle offre une respiration dans le tissu
dense qui l’entoure. La proximité du parc de la Rosée est une opportunité à la conti-
nuité de l’espace public qui est assez contrasté avec le parc qui est un espace vert et
ouvert alors que la place est un espace urbain et intime.
La place Lemmens est un lieu important à l’échelle du quartier mais le
trafic de drogue qui y règne l’empêche de jouer son rôle social pleinement dû
au manque de convivialité, de sécurité et d’animation. Malgré les interventions
constantes pour maintenir le sécurité, la place a gardée sa mauvaise réputation.
L’aménagement de la crèche au n°1-21 a été imaginé comme étant source d’ani-
mation et de contrôle social sur la place mais cet essai n’a pas été suffisant pour
changer la pratique et l’image du lieu.
Le nouveau contrat de quartier Compas s’intéresse à cette espace en es-
sayant de voir les potentiels de «dynamisation» de celui-ci. Pour une place de cette
échelle, l’aménagement n’est pas remis en question et même au contraire. C’est l’uti-
lisation qui est faite de son potentiel qui dérange. Les rez-de-chaussée vides ont un
impact négatifs et affaiblissent le potentiel du lieu. Le contrat de quartier imagine
plusieurs opérations permettant de renforcer le contrôle social :
- aménagement des rez-de-chaussée en commerce et en équipement qui
auraient un impact sur la place même (lavoir «social» au n° 7)
- valorisation de la crèche «l’arbre à papillons» en l’utilisant comme char-
nière entre la place et le parc
- réappropriation de l’espace public au travers d’ évènement (par exemple,
un fête de quartier)
Fig.17
37. 4.2.2.3. Parc Liverpool
La parc de Liverpool qui se situe dans l’îlot limité par la chaussée de Mons,
la rue de Liverpool, la rue Heyvaert et la rue du Compas a souvent été soumis
à divers tentatives de rénovation urbaine. Cet îlot subit la pression (nuissances,
bruits, fuites des habitants, circulation intense, pollution, dégradations du bâti,...)
du commerce de voiture qui l’entoure et le compose. De nombreux contrats de
quartier ont tenté d’apporter des réponses à cet îlot dense mais ces tentatives ont
souvent été ralenties par la perte de temps dans l’acquisition des biens permettant
leur réalisation.
Dans le premier contrat de quartier Rosée, un chancre situé à la rue Li-
verpool 65-67 est éliminé et donne place à un terrain de sport assez vague. L’encla-
vement du parc dans un îlot assez dense ainsi que les murs aveugles rehaussés par
des fils barbelés qui l’entourent lui donne un aspect assez dur qui nuit à la réussite
du projet qui est source de divers problèmes d’insécurité. La parc est ouvert en per-
manence malgré la présence de grille. Ce dernier souffre d’un manque d’entretien
ainsi que d’une mauvaise gestion.
Une restructuration globale de cette espace et des bâtiments qui l’entourent
est revue dans le contrat de quartier Lemmens. Le projet propose cette fois-ci de
transformer l’ancien terrain de sport en équipement qui s’intègre dans le quartier
tant dans la programmation que dans le temps. Le programme est développé avec
la participation des jeunes à l’occasion d’atelier. Le projet de base propose un espace
de jeux (terrains de foot, tennis), une mini place de repos, la création d’une crèche
et de locaux générateurs d’activité pour l’animation de cet espace public (espace
jeunes, locaux pour gardiens, buvette,...). Le projet de base a été imaginé de façon à
rendre l’îlot traversant via la connexion de divers projets au sein même de celui-ci
(ensemble de logements associés à des espaces semi-publics, tracé du parc linéaire
de la Senette). L’ impossibilité d’ acquérir les biens aux alentours a remis le projet73 Fig. 18. Parc de LiverpoolFig.18
38. Fig. 19. Parc de Liver-
pool proposé au départ
Source: Cooparch. 1997.
Rapport «programme du
contrat de quartier Rosée»
Fig.20.Parcde Liverpool final
Source: http://www.arter.be/
townplanning/item/liverpoolFig.19 Fig.20
39. 76
en question. Un nouvel aménagement offrant une promenade dans le parc avec
différents points d’arrêt (plan d’eau, terrain de sport, buvette, zone de jeux pour
enfants) a été prévu.
L’îlot entouré par la rue Liverpool, la rue du Chimiste, la rue des Mégis-
siers et la rue Heyvaert offre plusieurs opportunités foncières intéressantes per-
mettant d’y tracer le parc linéaire de la Sennette (projet associé), de construire des
équipements complémentaires (antenne de quartier) répondant aux besoins ainsi
que des logements. L’aménagement de cette îlot est assez stratégique car il fait par-
tie des îlots qui marquent la transition entre le quartier résidentiel (autour de la
place Lemmens) et le quartier post-industriel (centré sur la rue Heyvaert dont le
parc Liverpool fait partie). L’aménagement de cet îlot permettra de renforcer les
pôles d’équipements qui se concentrent déjà dans cette partie du quartier (centre
d’entreprise Euclidides, pôle chimiste avec la salle de sport, la salle polyvalent et
accueil extrascolaire de KIK en intérieur d’îlot) et de dynamiser et valoriser cet
nouvel espace qui se crée au sein de l’îlot Liverpool.
4.2.2.4. Le tracé de la Senne au travers d’un parc linéaire
Le quartier est traversé par plusieurs bras de la Senne qui ne sont visible
visibles qu’à travers de les limite communale et le parcellaire. La présence de cette
rivière offre l’opportunité de redonner vie au quartier grâce à un parc verduré li-
néaire suivant son tracé, lui redonnant ainsi une identité.
Ce projet permet de rendre les grands îlots post-industriels plus poreux.
Actuellement, tout le tracé de l’ancienne senne est privatisé mais perceptible dans
la structure parcellaire. Ce projet est souvent abordé dans les contrats de quartiers
tels que chimiste et Lemmens (opération de réserve). Mais le contrat de quartier
Compas fait de ce parc linéaire un fil conducteur sur lequel s’insère divers projets
en collaboration.
Ce projet à l’échelle régionale a le potentiel d’offrir aux habitants:
- un espace vert dans un quartier densément peuplé où très peu de loge-
ments bénéficient d’un jardin
- la biodiversité et la perméabilisation du sol dans un quartier très minéral
- une liaison paysagère assez douce permettant de tisser des liens avec les
différents équipements, sous-quartiers et communes
- une certaine porosité aux grands îlots post-industriels
77
40. 79
Fig. 20. Parcours de la Senne
4.2.3. Bilan et conclusion
Ce sous-point permettra d’avoir une idée générale sur les facteurs condui-
sant à une réussite ou un échec du projet sur base des analyses précédentes.
Tout d’abord, la mise en place de la politique des contrats de quartiers à
Cureghem est assez mitigée car la réussite ou l’échec n’est pas déterminé par un
facteur clair. Divers éléments permettent d’y répondre, parmi eux :
- La complexité de la réalisation des projets ainsi que des espaces rencon-
trés :
Certains projets ne voient jamais le jour et cela est dû /
- à l ‘impossibilité et à la difficulté de mettre en œuvre des procédures
d’expropriation
- à une perte du budget suite au délai dépassé
- à un décalage entre le budget estimé dans le dossier de base et le coût
réel de l’opération
- aux litiges entre propriétaires
- à une mauvaise gestion du temps
- à des litiges avec les entrepreneurs en charge de la réalisation du chan-
tier (interruption de chantier, vices de procédures)
- aux manques d’initiatives de la part des privés
- à la présence d’une activité économique nuisible
- La participation
La participation est souvent utilisée comme un «régime d’opinion49» au
sein des processus de revitalisation de la ville. Le parc de la Rosée est un très belle
exemple de la réussite dans le domaine de la participation. Cette «espace vert à
vocation sociale» exprime que la réussite d’un projet est liée à la participation ac-
tive de ces usagers. La participation active qui va au-delà de l’écoute et de la simple
49. Berger Mathieu. 2013.
«La participation ci-
toyenne au-delà d’une
«compétence d’avis». pg 11Fig.20
41. 8080 81
opinion, aboutit à des actes concrets (fresque, fête du quartier, animation, gestion)
- La limite de la durée:
Les contrats de quartiers sont limités pour une durée de 4 ans (+ 2 ans
pour la finalité des travaux). La limite de la durée est intéressante pour les proces-
sus de participation. Elle permet de donner une limite de réalisation à l’habitant
tout en le gardant motivé et présent dans le cadre des commissions et assemblés. La
limite du temps permet d’avoir un pression supplémentaire pour la réalisation des
projets qui est limitée dans la durée mais aussi dans le budget. Effectivement, une
des conditions de l’octroi des subsides régionaux est le respect de la durée sinon
les fonds sont perdus. Si un projet dépasse la durée prévue, les fonds sont perdus
et peu importe l’état d’avancement de celui-ci. Une fois les fonds perdus, c’est à la
commune d’en trouver pour terminer le projet. Cette condition devient dès lors un
frein à la réalisation des projets si d’autres fonds ne sont pas trouvés à temps.
Ce laps de temps est souvent considéré comme une période miracle où
toute ira bien pour le quartier. Il est faux de croire que 4 ans permettent d’effacer
un retard accumulé durant 20 ans et d’avoir un impact significatif sur la population
et sur son niveau de vie.
- La morphologie des îlots post-indutriels :
Les îlots post-indutriels sont difficilement perméables. En dehors des pro-
blèmes d’acquisition des biens, Cureghem rencontre un vrai problème à la réaffec-
tion de son patrimoine industriel d»une part par la présence du secteur automobile
qui est un frein à l’évolution du quartier et d’autre part par rapport à l’échelle des
friches et entrepôts. Les divers tentatives précédentes n’ont pas permis d’interve-
nir fortement dans ces îlots. La reconversion s’y fait de façon progressive et lente.
L’échelle des îlots étant assez importantes, les projets ponctuels effectués au cours
des contrats de quartiers n’ ont pas servi à perforer ces espaces. Des projets comme 8181
le tracé linéaire de la Senne sont intéressants car ils permettent de façon douce de
pénétrer dans ces îlots.
Un des aspects souvent négligé de la rénovation est que les projets de
grandes envergure réalisés, ont souvent permis d’éliminer des friches: parc de Li-
verpool, salle de sport de la rue des Chimiste, parc de la Rosée, logements et es-
paces semi-publics de la rue du Compas (10-14)
- l’espace public comme levier
La comparaison des espaces publics tels que le parc de Liverpool et la parc
de la Rosée montre l’impact sur la population, le vandalisme, la propreté. La pre-
mière rénovation du parc de Liverpool a été remise en question au cours du contrat
de quartier Lemmens car cette espace n’a pas été le travail d’une vraie recherche des
besoins ainsi que des attentes. Le nouvel aménagement, lui, au contraire a utilisé
l’outil participatif comme opportunité de réussite du projet. Le parc de la Rosée est
notamment l’exemple parfait «d’un espace vert à vocation sociale»
- l’impact et la coordination des projets
Les contrats réalisés n’ont pas eu un impact significatif sur l’image géné-
rale du quartier. Lorsque Cureghem est abordé dans les médias, les échecs sont
avant tout dénoncés cachant les bons projets tels que le parc de la Rosée, la salle de
sport de la rue du Chimiste, la cour semi-public sur la rue du Compas (10-14) as-
sociée à du logement. Cette stigmatisation des projets «ratés» influe sur les contrats
de quartiers à venir car une méfiance se crée remettant en question l’utilité et la
nécessité des nouveaux contrats de quartiers.
Le manque de connections dans l’espace entre les différentes entités du
périmètre (zone résidentielles/post-industrielle) ainsi que les projets ont induit un
effet nuisible qui isole les projets au sein même du quartier . Comme signalé précé-
demment, le tracé du parc de la Sennette serait une opportunité de jouer le rôle du
liant qui manque au quartier et aux diverses entités.
42. 82
Les contrats de quartiers ne sont au final qu’un «chapitre du livre». Par
consèquent induit que tout ne se résume pas à ce seul chapitre et sans lui il n’ y a
pas de continuité. La persistance de ces derniers sur un même périmètre permet de
rattraper les erreurs du passé et de continuer la rénovation dans le temps au-delà
de 4 ans ( essentiellement pour les projets qui ont dû être freinés par des facteurs
imprévus). Cette répétition successive de la rénovation donne l’idée de la nécessité
des interventions de cette zone du croissant pauvre et permet de comprendre que
la rénovation urbaine est fortement liée à ses habitants et son histoire.
43. Ce travail s’est dévoué à l’analyse et à la compréhension de la rénovation
urbaine au sein d’un quartier fragilisé par le déclin industriel. La question posée
se résume , à comment s’effectue la rénovation urbaine à Cureghem au travers de
l’outil des contrats de quartiers.
Pour aborder cette question, il a été nécessaire de revenir sur l’histoire
florissante de l’industrialisation de Cureghem et d’en comprendre les retombées
aprèsladésindustrialisationdelazone.Cettedernièrephaseaétéaccompagnéed’un
abandon de la part des autorités publics laissant tout un quartier proche du centre
livré à lui-même, d’autant plus que cet isolement s’est amplifié par la rénovation
«bulldozer» dans les années ‘60. Depuis la régionalisation et une agitation sociale
dû aux manques d’initiatives, de nouveaux outils de redynamisation sont institués
dont les contrats de quartiers.
A Cureghem, le premier contrat de quartier Rosée a été lancé en 1997 et
le dernier Compas se terminera en 2017. Dix contrats de quartiers se succèdent sur
l’ensemble de Cureghem dont quatre se concentrent sur une même zone. C’est la
superposition de ces quatre contrats de quartier qui a suscités l’intérêt de ce travail
pour comprendre l’évolution de cette outil. Concrètement, le travail se focalise sur
l’analyse de quatre espaces publics traités durant ces contrats de quartiers. Ceci
permettant de comprendre l’importance accordée au travail de l’espace public et de
ses impacts sur le cadre de vie et l’outil de la rénovation urbaine.
Ce mémoire n’a pas pour but de remettre en question la politique de
contrats de quartiers, mais l’analyse par l’intermédiaire de cas ciblés permet d’avoir
un aperçu des facteurs de réussite ou d’échec des interventions.
S’ étant basé essentiellement sur des rapports écrits, ce travail manque
d’une enquête approfondie sur le terrains ainsi que de rencontres avec les
associations et les habitants. Une analyse approfondie de l’évolution de la mise en
place des contrats de quartiers pourraient être le sujet d’un prochain travail.
5. Conclusion
85
44. Ouvrages et articles
- Maison du tourisme d’Anderlecht. «Anderlecht-Ballade au fil des quar-
tiers».Bruxelles.
- DE CALUWE, Dirk. 2013. «Cureghem : Partie1 - Contexte historique».
Bruxelles.
- SPAPENS, Christian. Edition Racine 1997. «Ensembles architecuraux -
en région bruxelloise». Bruxelles
- HAENEN,Jean-Claude et Josse. «Anderlecht - un regard ves le passé, vol
4 : Cureghem, Scheut».
- Direction des Monuments et des Sites, Ministère de la Région de
Bruxelles-Capitale. «Anderlecht - à la carte»
- DEMEY, Thierry. Guide badeaux- histoire patrimoine. «Un canal dans
Bruxelles - Bassin de vie et d’emploi, (Anderlecht, Molenbeek-saint-jean, Bruxelles,
Laeken, Neder-over-heembeek)»
- PICARD Laurent. 2006. «Outils, acteurs et projet de revitalisation ur-
baine: l’exemple de Cureghem en Région de Bruxelles-Capitale».
- Région de Bruxelles-Capitale, Le centre urbain asbl. «Contrat de quar-
tier: mode d’emploi». Bruxelles.
- Région de Bruxelles-Capital, Service régional au développement urbain.
Novembre 2007.»Bruxelles change...! 10 ans de politique de la ville en Région de
Bruxelles-Capital (1995/2005)». Bruxelles.
6. Bibliographie
87
45. - Bruxelles Santé. Décembre 2009. «les contrats de quartier... 16 ans
après». N° 56. Bruxelles
- Cooparch. 1997. Rapport «programme du contrat de quartier Rosée»
- Agora. 2001. Rapport «programme du contrat de quartier Chimiste»
- Sum Research. 2007. Rapport «programme du contrat de quartier Lem-
mens»
- Collectif IPE. 2013. Rapport «programme du contrat de quartier Com-
pas»
- MURIEL, Sacco. 2010. «Cureghem, de la démolition à la revitalisation».
Brussels studies n°43.
Sites internet
- http://www.bruxel.org
- http://www.coordinationsenne.be
- http://bertrandterlindeninarchitecture.files.wordpress.com
- http://www.curohall.be
- http://www.reflexcity.net
- http://www.quartiers.irisnet.be/
- http://www.brugis.irisnet.be
- http://www.adt-ato.irisnet.be
- http://www.villedurable.be/espaces-verts/le-parc-de-la-rosee
Documentaires
- Inter-Environnement Bruxelles. 2011. «La bataille du canal»
Interviews
- Dirk de Caluwe, auteur de «Cureghem : Partie1 - Contexte historique».
Bruxelles.»
- Karim Boulmahis, fonctionnaire adminitratif au sercive de la rénovation
urbain de la commune d’ Anderlecht
Iconographie
- http://www.brugis.irisnet.be/MyBruGIS/brugis/
- DE CALUWE, Dirk. 2013. «Cureghem : Partie1 - Contexte historique».
Bruxelles. (Carte ancienne de Guillaume de Wautier ca. 1819-1821.)
- BERTRAND terlinden.2011. «Analyse urbaine».