3. La carte - territoire
Robert Smithson
Untitled , 1967
Spiral Jetty, Utah, 1970
http://www.robertsmithson.c
om/drawings/draw.htm
http://www.youtube.com/
watch?v=A1M3HoZpXBc
« A Nonsite Franklin, New Jersey », 1968
5. La carte - territoire
Robert Smithson, Map of Broken Glass (Atlantis), 1969.
Dia Art Foundation; Partial Gift, LannanFoundation, 2013. Photo: Bill Jacobson.
Hypothetical Continent in Shells: Lemuria
April, 1969
6. THE HYPOTHETICAL
CONTINENT OF LEMURIA
1969
Brown ink, crayon, graphite,
and collage on paper
H: 22 1/4” W: 17 1/4”
Collection of the
Weatherspoon Art Museum,
Greensboro, North Carolina
RELATED WORK:
PHOTOWORK:
Hypothetical Continent in
Shells: Lemuria April, 1969
8. ASPHALT ON ERODED CLIFF
1969
Ink and coloredchalk on paper
H: 18" W: 24"
Fred Jones Jr. Museum of Art,
University of Oklahoma
RELATED WORKS:
EARTHWORK:
Asphalt RundownOctober,
1969
FILM:
Rundown, 1969
9. Entre cartes et textes : lieux et non-lieux
de l’art chez Robert Smithson
- Laurence Corbel
http://www.revue-textimage.com/03_cartes_plans/corbel1.htm
Du TheatrumOrbisTerrarum d’Ortelius (1570) aux cartes couvertes de « peinture »
de Jaspers Johns, la carte a exercé une fascination sur l’esprit des artistes. Une
cartographie des endroits inhabitables semble en voie de développement, pleine
de pseudo-diagrammes, de systèmes de quadrillage abstraits faits de pierre et
d’adhésifs (Carl Andre et Sol LeWitt), de mosaïques électroniques d’imagessatellites en provenance de la NASA. Le sol des galeries est transformé en
collections de parallèles et de méridiens [1].
[1] « Un Musée du langage au voisinage de l’art », dans Robert Smithson : Une
rétrospective, Le paysage entropique, 1960-1973, trad. Claude Gintz, Marseille, M.A.C.,
1994, pp. 190-191.
10. Fig. 1. Robert
Smithson, Untitled
Fig. 2. Robert Smithson, Untitled (Antartica),
1967, carte circulaire découpée
Fig. 3. Robert Smithson, Aerialmap, 1967,
projet pour l'aéroport régional de Dallas-Forth, miroirs
Fig. 4. Robert Smithson,Untitled, 1967,
carte sur miroir, Passaic, New Jersey
11. Entre cartes et textes : lieux et non-lieux
de l’art chez Robert Smithson
La carte participe donc à la promotion
d’un art qui se donne comme artifice et
qui va à rebours de l’activité créatrice :
plutôt que de créer, il s’agit, en effet,
pour Smithson de « dé-créer », « dénaturaliser », « dé-différencier » ou
« décomposer ». « Les cartes sont très
importantes, dit l’artiste, parce que les
travaux artistiques les plus abstraits
proviennent d’une sorte de
cartographie abstraite. Une carte est un
système mental fait de grilles, de
latitudes et de longitudes »
Fig. 7. Lewis Caroll, carte
12. Une poïétique cartographique
Fig. 10. Robert Smithson, Non-site, Pine Barrens,
1968, boites en aluminium, sable.
Fig. 8. Robert Smithson, Terminal Airport
13. Fig. 11. Robert Smithson,
BrokenCircle, 1971,
eau verte, bancs de sable blanc et
jaune, Emmen, Pays-Bas
Fig. 12. Robert Smithson, Spiral Jetty, 1970,
roches noires, cristaux de sel, terre, eau
rouge (algues)
Grand Lac Salé, Utah
14. Lectures et écritures cartographiques
Dans un texte inédit intitulé « HiddenTrails in Art » (« Sentiers cachés dans
l’art »), Smithson propose une lecture allégorique d’une page du magazine
Artforum :
Une lecture suffisamment longue permet de voir que ce magazine de
format carré repose sur le principe d’une circularité qui se dissémine sur une
carte qui ne mène nulle part, mais où alternent des blocs typographiques qui
sont les pays (appelés critiques) et de petits océans aux angles droits (appelés
photographies). Allez à n’importe quelle page entre ces hémisphères et,
comme Gulliver et Ulysse, vous serez transportés dans un monde de pièges et
de merveilles. (...) Regardez n’importe laquelle de ces photographies en noir
et blanc sur ces pages en faisant abstraction du titre et de la légende et elle
deviendra une carte avec des longitudes emmêlées et des latitudes
disloquées. Les profondeurs océaniques de ces cartes submergent des
continents de prose [39].
15. Une cartographie hétérotopique
Contrairement aux cartes des Non-sites qui permettent au spectateur de localiser
le site où il peut se rendre, les sites sont présentés ici comme des lieux où il n’y a
rien à voir que l’absence :
Si vous visitez les sites (une probabilité douteuse), vous ne trouverez rien que
des traces de mémoire, car les déplacements furent démontés juste après avoir
été photographiés. (...) Les souvenirs ne sont plus que des chiffres sur une carte,
des mémoires vides constellant des terrains intangibles en proximités effacées.
C’est la dimension de l’absence qui reste à découvrir **].
[*]« Incidents au cours de déplacement de miroirs dans le Yucatan », dans Robert
Smithson : Une rétrospective, Le paysage entropique, 1960-1973, op. cit., p. 203.
16. Entre cartes et textes : lieux et non-lieux
de l’art chez Robert Smithson
Fig. 13. Robert Smithson, The
Hypothetical Continent
of Lemuria, 1969, encre, crayon,
carte
Fig. 14. Robert Smithson, The Hypothetical
Continent
in Shells : Lemuria, coquillage et sable.
Photographie de Robert Smithson
18. Entre cartes et textes : lieux et non-lieux
de l’art chez Robert Smithson
En définitive, Smithson ne dresse qu’une impossible cartographie de l’art : comme la
carte vierge de La Chasse au Snark, elle laisse carte blanche à ses lecteurs, les invite à
un voyage dont le but se dérobe. L’artiste a bien compris le conseil de la divinité
aztèque Tezcatlipoca qui fait entendre sa voix dans les fabuleuses contrées du
Yucatan : il faut aller à l’aventure et risquer de se perdre, « c’est le seul moyen de faire
œuvre d’art » [63].
19. Cyprien Gaillard
Site de la galerie Bugada/Cargnel à Paris
Centre Pompidou Virtuel
http://bugadacargnel.com/fr/pages/artistes.php?name=6564
http://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_Reb841d3fd322f77a2d4ba885584b6c96¶m.idSource=FR_Eadc3b2a0634c494cd6fbde2da79a9ca2
Entretien avec Cyprien Gaillard, Propos recueillis pour le magazine programme « Code Couleur » #11
Votre travail tisse architecture et nature, souvent « urbaine », à travers des sites rasés ou enfouis, comme
dans le film distingué en 2010 par le Prix Marcel Duchamp. Un travail d'archéologue ?
CYPRIEN GAILLARD - Je m'intéresse à l'archéologie pour son potentiel sculptural et en tant que pratique,
avec l'idée que l'excavation, la découverte d'un site va souvent de pair avec sa destruction : plus on fouille,
plus on détruit, et mieux vaudrait parfois tout laisser intact sous la terre. Se pose la question des choix de
préservation - pourquoi protéger un site tandis qu'un autre est démoli par les pelleteuses ? Tout est
archéologie dans une ville, tout est ruine. Une partie de mon travail vise à briser cette hiérarchie en traitant
un bunker de la Seconde Guerre mondiale comme un archéologue découvre un temple enfoui sous le sable
du désert (Dunepark, La Haye, 2009). Je reviens d'Irak, de Babylone : je voulais voir à quoi ressemble ce site
devenu un camp de l'armée américaine : un site archéologique désormais militaire ; en somme, l'inverse du
changement opéré avec Dunepark.