2. Une posture en action
Lecture et écriture phénoménologique expérientielle
ALICE MAYEUX
Le 28 Octobre 2014
Chercheure invitée par Louis-Claude Paquin
FCM 7000,Études en communication: approches épistémologiques méthodologiques et critiques
Licence CC : Attribution-NonCommercial-Share Alike (CC BY-NC-SA)
4. - Weick et le principe de la communication
constituante versus la constitution de l’organisation
par la communication.
Ashcraft, Kuhn et Coreen, 2009; Coreen, Taylor et Van Every,
2006; Putnam et Nicotera, 2009; 2011
1- Construction de l’objet
5. Mieux comprendre comment la communication est
susceptible d’organiser et structurer le monde que
nous appréhendons par notre expérience immédiate.
Objectif:
6. Un monde en transition ou en transformation.
La conscience humaine.
Quel est notre rapport au monde?
Expérience immédiate?
7. Une interaction réciproque entre une structure
cognitive et l’expérience de la cognition.
Qui produit à son tour une structure de la cognition.
Qui produit à son tour des croyances, pratiques
biologiques.
Qui produit à son tour une culture.
Varela, Thompson et Rosch, 1993
Cercle réflexif
8. Étudier le rapport au monde repose sur «la nécessité
de voir dans nos activités les effets d’une structure de
la cognition sans perdre de vue l’immédiateté de
notre expérience».
Varela, Thompson et Rosch, 1993
Pour Varela
9. Méthode de l’attention/vigilante pour examiner cette
expérience.
Varela, Thompson et Rosch, 1993
Attention/vigilante
11. Deux temps dans le cycle minimal de l’acte
réfléchissant:
L’époché,
Évidence intuitive.
Depraz, Varela, Vermesch, 2011
2- Dynamique structurelle de la prise
de conscience
12. Trois phases:
1- Suspension
2- Conversion de l’attention
3- Lâcher-prise ou accueil de l’expérience
Il y a une redirection de la perception ordinaire vers
l’acte perceptif lui-même.
Depraz, Varela, Vermesch, 2011
Époché
13. L’acte réflexif est à la fois un concept et une
méthode.
C’est une réduction phénoménologique en soi, donc
une phase de base dans le processus d’analyse
phénoménologique expérientielle.
L’acte réflexif
14. Deux aspects:
1- Mouvement passif
Qui repose sur l’accueil.
2- Mouvement actif
Qui soutient un maintenir en prise
(suffisamment discret pour ne pas altérer
l’ouverture issue du geste Épochal).
Depraz, Varela, Vermesch, 2011
Évidence intuitive
15. De l’évidence intuitive découle le remplissement
intuitif.
Depraz, Varela, Vermesch, 2011
Remplissement intuitif
16. Le remplissement intuitif est le passage d’un vide
cognitif à une donation en chair et en os.
La donation étant un processus par lequel un
objet ou un vécu advient à ma conscience, qui lui
donne alors sens. La donation conjugue passivité
et activité : l’objet m’est donné en lui-même.
Depraz, 1999
Remplissement intuitif
17. Trois degrés
1- Une échelle de l’ordre de la seconde ou de la minute
2- Une échelle d’une organisation d’une activité
3- Une échelle de l’ordre d’un projet de recherche
Depraz, Varela, Vermesch, 2011
Dimensions temporelles du
remplissement intuitif
18. Session d’introspection guidée : L’entretien
d’explicitation de Vermersch
Session de pratique Shamata-Vipashyana
Session de vision stéréoscopique
Session de prière du cœur
Atelier d’écriture
Session de psychanalyse
Exemples concrets
20. Méthodes qualitatives reposent sur des compétences
génériques de l’esprit cherchant à faire du sens.
Paillé et Mucchelli, 2012
3- Analyse en mode écriture
phénoménologique
21. « La phénoménologie, avant d’être la lecture et
l’interprétation d’un texte, est d’abord une épreuve
expérientielle puis un compte rendu descriptif par un
sujet singulier ».
Depraz, 2006
Une phénoménologie expérientielle
22. Une expérience: l’époché
Un compte rendu descriptif: à partir du
remplissement intuitif
Depraz, Varela, Vermesch,2011
Analyse phénoménologique
23. La triple gestuelle de l’époché
Suspension- redirection- l’accueil.
Le triple geste de variation
Variations dans le remplissement intuitif.
Depraz, Varela, Vermesch,2011
Deux procédures
phénoménologiques
24. La procédure éidétique consiste à varier les traits
caractéristiques du phénomène ou de l’objet qu’on
étudie pour en extraire des invariants en tant que
caractéristiques essentielles du phénomène.
Elle est aussi une réduction phénoménologique et est
utile pour tisser expérience et langage.
Depraz, 2009
Procédure éidétique
25. 1- Variation
Action de faire varier les traits caractéristiques à
partir du remplissement intuitif.
2- Extraction
Action d’isoler les traits essentiels, les exclure les
uns par rapport aux autres.
3- Identification idéatrice
Action de former l’idée à partir de l’essence.
Depraz, 2009
Le triple geste de variation
27. Méthodes qualitatives reposent sur des compétences
génériques de l’esprit cherchant à faire du sens.
Trois stratégies pour la création de sens
- L’écriture
- Le questionnement
- L’annotation
Paillé et Mucchelli, 2012
4- Une écriture phénoménologique
28. L’analyse phénoménologique s’effectue au travers
d’un acte de lecture des traces laissées par le
phénomène. Cet acte de lecture de l’analyse est le
résultat d’un ensemble de processus intellectuels qui
aboutissent à attribuer du sens à ce « phénomène ».
Paillé et Mucchelli, 2012
Lecture d’un phénomène
29. 1- L’attentionnalité
L’attention en tant que praxis incarnée de
l’intentionnalité
2- Le triple geste épochal
Suspension, redirection, accueil de l’attention.
3- Le triple geste de la procédure éidétique
Variation, extraction, identification de l’essence
4- L’évidence intuitive
Comme donation du remplissement intuitif
Depraz, 2009
Quatre méthodes expérientielles
30. Texte descriptif et non explicatif comme moyen
privilégié de l’analyse phénoménologique.
Établissement d’un mode de relation entre le lecteur
et l’auteur écrivant.
Trois modes discursifs pour tisser expérience et
langage à partir des invariants extraits dans la
procédure éidétique.
Depraz, 2009
Reconstitution des données
31. 1- Le témoignage
est un langage expérientiel en première
personne qu’Husserl aurait utiliser comme façon
d’alerter le lecteur sur les difficultés qu’il pouvait
rencontrer.
Concrètement, j’ai choisi de témoigner de mon expérience
en tant que facilitatrice.
Depraz, 2009
Le témoignage
32. Cadrages servant à donner corps au groupe (Extrait)
Prendre conscience du principe organisateur
Du point de vue du groupe, P.5 a posé la question : « Qu’est-ce
qu’on met au centre ?» (D-20, 06.34) « Je suis curieux de savoir ce
que chacun de nous met dans son centre » (D-20, 07.55), et ce, en
résonnance à la discussion que nous avions eue la veille, sur une
citation de Marguerite Yourcenar nommée par P.3 : « Là où je suis,
je suis au centre du monde » (D-15). À postériori, je peux constater
que j’en ai conclu que le groupe pouvait éventuellement
s’organiser autour d’un centre et j’ai plus ou moins directement
déposé cette interrogation dans le cercle.
Exemple
33. 2- L’ostentation
Il s’agit d’un mode discursif qui suppose une
continuité entre le langage expressif et une
expérience corporelle en vue de décrire des
actes de conscience.
Concrètement, j’ai choisi de montrer une période de
dialogue où j’avais l’impression que le groupe était
sur le bord d’expérimenter une intuition commune.
Depraz, 2009
L’ostentation
34. Analyse en terrain inconnu (extrait)
Se croire aux Indes et être en Amériques
Pour Peck, l’étape du vide, la quatrième dans le processus du
développement de l’« esprit communautaire » (cf. 1.2.2) est
sacrificielle et fait le pont entre le chaos et la communauté. Elle
nécessite une phase permettant de faire tomber les barrières qui
représentent un obstacle à une communication authentique (Peck,
1993, p. 113 ; cf. 4.1.1.1). Et c’est principalement pour cette raison
que j’ai cadré cette section de l’expérimentation autour de la
question : D-78 : « Qu’est-ce que je lâche, qu’est-ce que j’ai besoin
de lâcher ? ».
Exemple
35. 3- L’expression
Pratique langagière «interexpressive» de l’affect.
C’est une manière, selon Michel Henry de rendre
visible, l’invisible.
Concrètement, j’ai choisi de rendre compte des
dimensions «énergétiques» du processus de la
connaissance de l’objet au moment où elle avait lieu.
Depraz, 2009
L’expression
36. Analyse des dimensions invisibles (Extrait)
« Not knowing exactly where it comes from, where it
goes »
Ici (D-1, photo IMG 1712), le début n’est ni un verbe, ni une
vibration, mais l’espace qui réside entre les choses. Au début, il
y a eu une flamme, des masques qui étaient appelés à tomber,
quelques pierres comme des gouttes d’eau et des vases pleins
de graines. Au début, nous nous sommes assis à côté, pas très
loin, et cette image que j’avais préparée qui n’avait d’autres
fonctions que d’être là. Juste commencer à créer un espace
entre des objets non visibles.
Exemple
38. ASHCRAFT, Karen-Lee, KUHN, Thomas et François, COREEN, (2009), Constitutionnal Amendments : «Materializing»
Organizationnal Communication. The academy of management Annals, 3 (1), p.1 à 64, dans COREEN, François
et Daniel, ROBICHAUD (2011), « Les approches constitutives», La communication organisationnelle, sous la
dir. de GROSJEAN, Sylvie et Luc BONNEVILLE, édition : Chenelière éducation, Montréal, Canada.
DEPRAZ, Natalie, VARELA, Francisco et Pierre, VERMESCH (2011), À l’épreuve de l’expérience : Pour une pratique
phénoménologique. Bucarest : Zeta book.
DEPRAZ (2009), Plus sur Husserl : Une phénoménologie expérientiel, Collections : Clefs concours. Philosophie. Éditeur: Atlande,
Neuilly, France.
DEPRAZ (2006), Comprendre la phénoménologie : Une pratique concrète, collection Cursus : Philosophie, Paris : Armand Colin.
DEPRAZ, (1999), Husserl, Coll. Synthèse, Série philosophie, sous la dir. Jacqueline RUSS, Éditeur: Paris A. Colin
PAILLÉ, Pierre et Alex MUCCHIELLI (2012), L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales, roisième édition, Collections :
Collection U., Sciences humaines & sociales, Éditeur, Armand Colin, Paris.
VARELA, Francisco, Evan, THOMPSON et Eleanor ROSCH (1993), L'inscription corporelle de l'esprit, Trad. de
Véronique HAVELANGE, Collections : Couleur des idées, éditeur: Paris, Éditions du Seuil.
Bibliographie