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N°3 : Une nouvelle sœur… son parcours du (caméléon)
combattant DIA1 – 2 - 3

Il faut savoir qu’Alice s’est imposée dans une famille déjà constituée
et parfaitement harmonieuse hormis les psychodrames quotidiens
habituels. DIA4

On peut dire qu’elle a fait intrusion dans le tableau + ou - idyllique
d’une famille française de base (avec 2 grands-parents (au lieu de 4), 2
parents, 3 enfants, 1 chien Zéphirin et 1 souris Moïsie). Enfin notre
souris ne savait pas jouer de la guitare mais je n’avais pas de photos
d’elle.
Voici quelques clichés-témoins qui parlent d’eux mêmes.
DIA 5-6-7-8
Une famille moyenne donc qui ne l’attendait pas - c’est sûr - et qui ne
l’espérait même pas non plus.
Autrement dit, on s’en passait très bien et à l’époque, l’annonce de sa
naissance prochaine m’avait rendue quelque peu dubitative. Je m’étais
dit intérieurement « What the point ? » (même si je ne parlais pas
encore anglais à l’époque…) donc : « À quoi jouent les parents ? »
Est-ce qu’on a vraiment besoin de ça ?
Autant dire que l’intérêt de ce nouveau membre, de cette nouvelle
sœur, de cette nouvelle bouche à nourrir… n’a pas sauté aux yeux de
tous immédiatement.
D’ailleurs un sondage effectué en 1980 auprès d’un échantillon
représentatif de 100 % de la fratrie indiquait pour la question ouverte
« Qu’est-ce que tu dirais d’avoir un petit-frère ou une petite-sœur ? »
un désintérêt manifeste pour la chose.
En effet, qu’allait nous apporter cette nouvelle venue ? That was the
question.
Après un petit temps de maturation psychologique, nous (Delphine, G
et moi) nous sommes rendus à l’évidence : on ne pouvait ni
abandonner la petite à l’hôpital ni la faire adopter ; elle allait rester et
par ailleurs, elle pouvait compenser sa présence par de menus
services. Et nous l’avons donc plus ou moins tolérée (je n’emploierai
pas tout de suite le terme adoptée qui est un peu radical, non, pas si



                                                                           1
vite, elle allait tout de même devoir faire ses preuves pour être
acceptée comme membre à part entière de la fratrie).
Nous avons même constaté qu’elle avait une influence positive sur les
parents en les maintenant jeunes et à flots quant aux dernières
tendances en vogue dans les cours de récré et ailleurs. Parallèlement à
ce rajeunissement, dans une sorte de mouvement inverse, on peut dire
qu’Alice a été précoce car elle assistait à des conversations ou se
greffait sur des activités d’adultes, n’ayant pas d’enfant de son âge
pour bêtifier.
DIA 9 à 15 (doc exceptionnel de sa 1ere lettre à 2 ans)
Nous (ses sœurs et frère) avons essayé de lui faire comprendre que
quand on arrive sans crier gare, sur le tard et donc en retard, la
moindre des choses, c’est de ne pas la ramener, de se faire oublier,
profil bas, de se rendre utile et au minimum, de divertir la galerie. Il a
fallu la recadrer assez tôt car quand elle avait 4 ans et qu’on lui posait
la question « Qui es-tu ? » elle répondait avec un aplomb effronté ou
une effronterie aplombesque (je ne sais pas trop) « Je suis le rayon de
soleil de mes parents ». C’est dire que dans sa naïveté arrogante ou
son arrogance naïve (la encore je ne sais pas trop comment qualifier
son attitude), elle avait une haute opinion -tout à fait erronée
(surestimée pour être claire)- de l’importance de sa position dans la
cellule familiale…
Ce fruit tardif, élément perturbateur d’harmonie a donc provoqué un
réaménagement de l’espace familial et chacun a dû redéfinir sa
position dans cette nouvelle configuration bouleversée. Quelles
nouvelles alliances nouer, comment établir un modus vivendi et des
relations interpersonnelles avec des individus aux centres d’intérêts
aussi divers (les biberons pour Alice, les vêtements pour Delphine,
l’école pour moi, les Playmobiles pour Guillaume…
Il faut reconnaître qu’Alice a bien manœuvré et qu’elle a fait des
efforts pour s’intégrer. Elle a su au fil des années trouver sa place
jusqu'à devenir le ciment, la pierre angulaire nécessaire à l’équilibre
familial – pour rester dans les métaphores BTP/architecture…- tant et
si bien qu’après cette infiltration réussie, elle a même fini par
supplanter et éclipser d’autres membres de la famille. Well
done petite !
Pas plus tard que tout de suite-maintenant, où je vous prends à témoin,
parce la encore, c’est vraiment flagrant, elle a à nouveau trouvé le

                                                                         2
moyen de se mettre en avant en m’obligeant à parler d’elle sous
prétexte qu’elle se marie… Imbelivable…
Alice joue en effet sur tous les tableaux :
1- Elle a apprivoisé et amadoué Guillaume, qui la poursuivait pourtant
avec des allumettes pour la brûler quand elle était enfant, et elle est
même devenue fréquentable et crédible à ses yeux en adoptant les
mêmes coutumes de socialisation que lui, à savoir l’alcool et le tabac.
Oui, guillaume boit comme un sapeur et fume comme un trou.
Enfin un sujet de conversation commun quand Alice est devenue
adolescente : « Yo guillaume, je te décapsule une Kro Op la ? (oui,
Alice a été élevée 22 ans en Alsace, maintenant, elle a un peu perdu
son accent). Ou « yo guillaume, tu viens on va s’en griller une petite
sur le balcon, j’ai des light mentholées »… allez hop grosses bizzes le
bonsoir à tous
DIA 16 à 19

2- Elle a su intéresser Delphine, assez tardivement aussi il est vrai, en
jouant la carte de la groupie et en imitant notamment ses tenues
vestimentaires. DIA 20
3- Elle a su capter l’attention de son papa en embrassant la carrière
militaire, allant jusqu’à occuper 30 ans après lui les mêmes locaux de
Coëtquidan. Alice marque par ailleurs plusieurs points en affichant
ostensiblement la photo de papa dans son bureau, sur son clavier
d’ordinateur. DIA 21
Apparemment, elle n’a pas coupé le cordon et reste très attachée à ses
parents. Chez elle pas d’ingratitude génétiquement programmée,
même à l’adolescence… DIA 22
4 - Elle a toujours su attendrir sa maman d’autant qu’elle avait une
santé fragile, ce qui lui a par exemple permis d’avoir droit à un régime
spécial de petits gâteaux secs au chocolat qu’elle devait cacher dans
son tiroir de culottes pour ne pas qu’on les lui mange. Elle est
d’ailleurs restée chocolatomaniaque depuis. DIA 23
5 - Elle a tout de suite su me mettre dans sa poche en acceptant
pendant des années le rôle de ma « fille spirituelle »
6- Dernier fait d’armes, elle a su charmer Denis par sa qualité
d’écoute et son nez aquilin.

Ma relation (privilégiée) avec Alice

                                                                        3
J’ai donc connu Alice il y 30 ans, le jour de sa naissance, en
Martinique. Dorothée pensait d’ailleurs qu’elle serait noire et on a dû
lui expliquer que le climat et la géographie jouait moins que la
génétique dans le physique d’un nouveau-né. DIA 24 – 25. J’ai
environ 13 ans de vie commune avec elle. Au début, la différence de
taille trahissait un peu notre différence d’âge mais maintenant on fait
toutes les deux 1.68 m et c’est au niveau de la différence de poids que
ça se joue (en ma faveur de 20 kg pour l’excès pondéral).
À l’instar de la créature du Dr Frankenstein - la comparaison est un
peu osée et elle s’arrête là car Alice n’était pas disgraciée
physiquement et que je ne l’avais pas créée à partir de bouts de
cadavres -, non, c’était un joli petit bébé rose fourni clé en main par
les parents ; mais Alice a été un peu ma chose, modelable et malléable
jusqu'à ce que malheureusement, elle grandisse, s’émancipe,
m’échappe, se passe de mes conseils et de mon emprise et pense par
elle-même. Époque regrettable voire funeste où elle s’est permise
d’avoir un avis personnel.
Quand je suis partie de la maison pour faire mes études, nous nous
sommes écrit et j’ai pu suivre de loin ses activités.
Par exemple, elle me racontait « le lundi soir, j’ai des cours de
guitare, le samedi je suis une scout remarquable toujours présente et
en uniforme et en plus, je vais à la messe ». Une autre fois : « Je vais
te parler de mes activités pour que tu saches où j’en suis dans ma vie
(sociale, intérieure, etc.). La plupart du temps, je suis en cours (et oui
je continue les niaiserie) ; je joue de la guitare (je n’ai que ça pour
m’en sortir). J’ai décidé de ne pas passer mon brevet en fin d’année
mais d’aller vivre en Martinique où je vendrai du poisson. »
L’année du bac, j’ai eu droit à des lettres avec plan thèse antithèse
synthèse aussi connu sous le nom de plan « oui, non, Zut ». Voici un
extrait « Dans un premier temps, je ferai une étude liminaire de mes
dernières aventures strasbourgeoises, puis il est important dans une
deuxième partie que je prenne de tes nouvelles et enfin une troisième
partie sera consacrée à mettre tout ce que j’aurai oublié ainsi que
quelques considérations philosophiques pour nourrir ta réflexion. »
Au moment de choisir une voie professionnelle, j’ai senti un grand
flottement car elle n’avait aucune vocation. Voici ce qu’elle
m’écrivait : « Comment va le boulot ? Moi je suis un peu perplexe


                                                                         4
pour mon avenir alors si tu as une idée de carrière pour moi appelle
au 08 45 34 39 30. »
Puis a suivi une période de révolte/rébellion où le fruit des ses
réflexions était le suivant : « Le travail, c’est secondaire, voire
méprisable. Je suis la parfaite dilettante et je n’en reviens pas que
quelqu’un comme moi, qui suis tellement au dessus des contingences
matérielles soit obligée d’avoir un métier pour vivre. Ca me
dégoûte. » J’ai relevé dans son courrier d’autres propos très
inquiétants « Il me faut un peu de calme pour « composer ». Tu
comprends, je suis une artiste ! La musique, la sculpture, la peinture,
la soudure, l’écriture, se bousculent en moi, et je frémis à l’idée d’être
célèbre. »
Oh la la , stop, alerte ! Le gène Loison maudit de l’artiste s’était
réveillé en elle. Il a fallu tout de suite étouffer ces velléités et
j’imagine que les parents ont immédiatement confisqué sa guitare,
caché ses crayons, ses tubes de peinture et son fer à souder.
Alice a aussi eu un temps l’idée de s’engager dans la marine, - comme
simple troufion ou matelot, je ne suis pas spécialiste- ; la tentation
classique de l’échappatoire aventuriste avec ces bribes de légendes
exotiques s’accordant bien à son imaginaire rêveur et créatif.
Bon, elle a finalement intégré l’EMCTA École du Corps Technique et
Administratif qui comprend une année d’aguerrissement à Coëtquidan
avec les stages commando à Collioure où l’on apprend a tuer une
sardine et à avaler un lapin cru tout rond, enfin, c’est peut être
l’inverse. Voici un mél que j’ai retrouvé sur mon ordi et qu’elle avait
envoyé à ses amis :
Bonsoir les amis,
Je me rappelle à votre bon souvenir car je suis enfin revenue à la
civilisation après un an de rusticité à Coëtquidan. Là-bas, j'ai appris
plein de choses très très utiles (voir les photos mytho en pièce jointe):
Je sais faire mes lacets de rangers, repasser un treillis, j'ai mon
diplôme de mise en oeuvre d'explosifs, mon certificat de tir FAMAS, je
peux secourir un homme qui s'est pris un éclat d'obus dans la tête, je
peux mener un convois logistique de 4 véhicules pris à partie par une
bande de rebelles tchétchènes, je sais me servir du fusil mitrailleur
12,7, lancer des grenades, faire du rappel, infiltrer les lignes
ennemies de nuit après héliportage, me ramasser dans la boue et
surtout, je sais manger une sardine crue, des yeux à la queue. Bref me

                                                                         5
sortir de presque toute situation, « avec ma bite et mon couteau »,
c’est une nouvelle expression apprise ici.
Pour les anglophones, j’ai cherché ce que veux dire cette expréssion
sur Internet et j’ai trouvé, « It means with very few tools »

« Ainsi formée, je suis apte à prendre mes fonctions d'administrateur
dans le service de santé des armées. Je suis donc officier-élève à
l'école du Val-de-Grâce. Assise sur une chaise toute la journée, ma
vie a changé, mon uniforme aussi, je ne comprends plus rien. Mais je
revis: les gens normaux, la culture, les sorties... »

Puis pour son premier poste, Alice a atterri à Toulon comme chef du
bureau ressources humaines de l’École du Personnel Paramédical des
Armées, où elle a été entre autre porte drapeau, préposée aux agrafes,
assistante de photocopie, garante de la bonne tenue des parafeurs,
responsable des tampons…
Résumons en image DIA 26 à 28
Pour une Alsacienne, l’acclimatation a été rude mais comme Alice est
donc très douée pour se fondre tel un caméléon dans son
environnement, elle a pu maîtriser sans mal la gestuelle des lunettes
des gens du Sud. DIA 29-30
Elle travaille maintenant à Orléans au bureau engagement juridique du
Centre de Services Partagés – Dépenses de la Direction des
approvisionnements en produits de santé des armées.
Comme je le disais tout à l’heure son dernier exploit est cette
rencontre miraculeuse avec Denis. Après le parler alsacien, juridique,
militaire, administratif, elle se lance donc dans le langage
hypocoristique des petits mots affectueux avec denis.
Bref Alice, nous t’avons vu grandir, te muscler, embellir, prendre de
l’assurance et de la prestance et mon mot de la fin sera très simple
Bravo de ta part (private joke) d’avoir trouvé Denis et Vive les sœurs.
Vives les sœurs Mélard DIA 32, Loison 33, Berling 34, Dreyer 35
(Même si elles sont toutes les 3 au ciel) et toutes les autres.




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  • 1. N°3 : Une nouvelle sœur… son parcours du (caméléon) combattant DIA1 – 2 - 3 Il faut savoir qu’Alice s’est imposée dans une famille déjà constituée et parfaitement harmonieuse hormis les psychodrames quotidiens habituels. DIA4 On peut dire qu’elle a fait intrusion dans le tableau + ou - idyllique d’une famille française de base (avec 2 grands-parents (au lieu de 4), 2 parents, 3 enfants, 1 chien Zéphirin et 1 souris Moïsie). Enfin notre souris ne savait pas jouer de la guitare mais je n’avais pas de photos d’elle. Voici quelques clichés-témoins qui parlent d’eux mêmes. DIA 5-6-7-8 Une famille moyenne donc qui ne l’attendait pas - c’est sûr - et qui ne l’espérait même pas non plus. Autrement dit, on s’en passait très bien et à l’époque, l’annonce de sa naissance prochaine m’avait rendue quelque peu dubitative. Je m’étais dit intérieurement « What the point ? » (même si je ne parlais pas encore anglais à l’époque…) donc : « À quoi jouent les parents ? » Est-ce qu’on a vraiment besoin de ça ? Autant dire que l’intérêt de ce nouveau membre, de cette nouvelle sœur, de cette nouvelle bouche à nourrir… n’a pas sauté aux yeux de tous immédiatement. D’ailleurs un sondage effectué en 1980 auprès d’un échantillon représentatif de 100 % de la fratrie indiquait pour la question ouverte « Qu’est-ce que tu dirais d’avoir un petit-frère ou une petite-sœur ? » un désintérêt manifeste pour la chose. En effet, qu’allait nous apporter cette nouvelle venue ? That was the question. Après un petit temps de maturation psychologique, nous (Delphine, G et moi) nous sommes rendus à l’évidence : on ne pouvait ni abandonner la petite à l’hôpital ni la faire adopter ; elle allait rester et par ailleurs, elle pouvait compenser sa présence par de menus services. Et nous l’avons donc plus ou moins tolérée (je n’emploierai pas tout de suite le terme adoptée qui est un peu radical, non, pas si 1
  • 2. vite, elle allait tout de même devoir faire ses preuves pour être acceptée comme membre à part entière de la fratrie). Nous avons même constaté qu’elle avait une influence positive sur les parents en les maintenant jeunes et à flots quant aux dernières tendances en vogue dans les cours de récré et ailleurs. Parallèlement à ce rajeunissement, dans une sorte de mouvement inverse, on peut dire qu’Alice a été précoce car elle assistait à des conversations ou se greffait sur des activités d’adultes, n’ayant pas d’enfant de son âge pour bêtifier. DIA 9 à 15 (doc exceptionnel de sa 1ere lettre à 2 ans) Nous (ses sœurs et frère) avons essayé de lui faire comprendre que quand on arrive sans crier gare, sur le tard et donc en retard, la moindre des choses, c’est de ne pas la ramener, de se faire oublier, profil bas, de se rendre utile et au minimum, de divertir la galerie. Il a fallu la recadrer assez tôt car quand elle avait 4 ans et qu’on lui posait la question « Qui es-tu ? » elle répondait avec un aplomb effronté ou une effronterie aplombesque (je ne sais pas trop) « Je suis le rayon de soleil de mes parents ». C’est dire que dans sa naïveté arrogante ou son arrogance naïve (la encore je ne sais pas trop comment qualifier son attitude), elle avait une haute opinion -tout à fait erronée (surestimée pour être claire)- de l’importance de sa position dans la cellule familiale… Ce fruit tardif, élément perturbateur d’harmonie a donc provoqué un réaménagement de l’espace familial et chacun a dû redéfinir sa position dans cette nouvelle configuration bouleversée. Quelles nouvelles alliances nouer, comment établir un modus vivendi et des relations interpersonnelles avec des individus aux centres d’intérêts aussi divers (les biberons pour Alice, les vêtements pour Delphine, l’école pour moi, les Playmobiles pour Guillaume… Il faut reconnaître qu’Alice a bien manœuvré et qu’elle a fait des efforts pour s’intégrer. Elle a su au fil des années trouver sa place jusqu'à devenir le ciment, la pierre angulaire nécessaire à l’équilibre familial – pour rester dans les métaphores BTP/architecture…- tant et si bien qu’après cette infiltration réussie, elle a même fini par supplanter et éclipser d’autres membres de la famille. Well done petite ! Pas plus tard que tout de suite-maintenant, où je vous prends à témoin, parce la encore, c’est vraiment flagrant, elle a à nouveau trouvé le 2
  • 3. moyen de se mettre en avant en m’obligeant à parler d’elle sous prétexte qu’elle se marie… Imbelivable… Alice joue en effet sur tous les tableaux : 1- Elle a apprivoisé et amadoué Guillaume, qui la poursuivait pourtant avec des allumettes pour la brûler quand elle était enfant, et elle est même devenue fréquentable et crédible à ses yeux en adoptant les mêmes coutumes de socialisation que lui, à savoir l’alcool et le tabac. Oui, guillaume boit comme un sapeur et fume comme un trou. Enfin un sujet de conversation commun quand Alice est devenue adolescente : « Yo guillaume, je te décapsule une Kro Op la ? (oui, Alice a été élevée 22 ans en Alsace, maintenant, elle a un peu perdu son accent). Ou « yo guillaume, tu viens on va s’en griller une petite sur le balcon, j’ai des light mentholées »… allez hop grosses bizzes le bonsoir à tous DIA 16 à 19 2- Elle a su intéresser Delphine, assez tardivement aussi il est vrai, en jouant la carte de la groupie et en imitant notamment ses tenues vestimentaires. DIA 20 3- Elle a su capter l’attention de son papa en embrassant la carrière militaire, allant jusqu’à occuper 30 ans après lui les mêmes locaux de Coëtquidan. Alice marque par ailleurs plusieurs points en affichant ostensiblement la photo de papa dans son bureau, sur son clavier d’ordinateur. DIA 21 Apparemment, elle n’a pas coupé le cordon et reste très attachée à ses parents. Chez elle pas d’ingratitude génétiquement programmée, même à l’adolescence… DIA 22 4 - Elle a toujours su attendrir sa maman d’autant qu’elle avait une santé fragile, ce qui lui a par exemple permis d’avoir droit à un régime spécial de petits gâteaux secs au chocolat qu’elle devait cacher dans son tiroir de culottes pour ne pas qu’on les lui mange. Elle est d’ailleurs restée chocolatomaniaque depuis. DIA 23 5 - Elle a tout de suite su me mettre dans sa poche en acceptant pendant des années le rôle de ma « fille spirituelle » 6- Dernier fait d’armes, elle a su charmer Denis par sa qualité d’écoute et son nez aquilin. Ma relation (privilégiée) avec Alice 3
  • 4. J’ai donc connu Alice il y 30 ans, le jour de sa naissance, en Martinique. Dorothée pensait d’ailleurs qu’elle serait noire et on a dû lui expliquer que le climat et la géographie jouait moins que la génétique dans le physique d’un nouveau-né. DIA 24 – 25. J’ai environ 13 ans de vie commune avec elle. Au début, la différence de taille trahissait un peu notre différence d’âge mais maintenant on fait toutes les deux 1.68 m et c’est au niveau de la différence de poids que ça se joue (en ma faveur de 20 kg pour l’excès pondéral). À l’instar de la créature du Dr Frankenstein - la comparaison est un peu osée et elle s’arrête là car Alice n’était pas disgraciée physiquement et que je ne l’avais pas créée à partir de bouts de cadavres -, non, c’était un joli petit bébé rose fourni clé en main par les parents ; mais Alice a été un peu ma chose, modelable et malléable jusqu'à ce que malheureusement, elle grandisse, s’émancipe, m’échappe, se passe de mes conseils et de mon emprise et pense par elle-même. Époque regrettable voire funeste où elle s’est permise d’avoir un avis personnel. Quand je suis partie de la maison pour faire mes études, nous nous sommes écrit et j’ai pu suivre de loin ses activités. Par exemple, elle me racontait « le lundi soir, j’ai des cours de guitare, le samedi je suis une scout remarquable toujours présente et en uniforme et en plus, je vais à la messe ». Une autre fois : « Je vais te parler de mes activités pour que tu saches où j’en suis dans ma vie (sociale, intérieure, etc.). La plupart du temps, je suis en cours (et oui je continue les niaiserie) ; je joue de la guitare (je n’ai que ça pour m’en sortir). J’ai décidé de ne pas passer mon brevet en fin d’année mais d’aller vivre en Martinique où je vendrai du poisson. » L’année du bac, j’ai eu droit à des lettres avec plan thèse antithèse synthèse aussi connu sous le nom de plan « oui, non, Zut ». Voici un extrait « Dans un premier temps, je ferai une étude liminaire de mes dernières aventures strasbourgeoises, puis il est important dans une deuxième partie que je prenne de tes nouvelles et enfin une troisième partie sera consacrée à mettre tout ce que j’aurai oublié ainsi que quelques considérations philosophiques pour nourrir ta réflexion. » Au moment de choisir une voie professionnelle, j’ai senti un grand flottement car elle n’avait aucune vocation. Voici ce qu’elle m’écrivait : « Comment va le boulot ? Moi je suis un peu perplexe 4
  • 5. pour mon avenir alors si tu as une idée de carrière pour moi appelle au 08 45 34 39 30. » Puis a suivi une période de révolte/rébellion où le fruit des ses réflexions était le suivant : « Le travail, c’est secondaire, voire méprisable. Je suis la parfaite dilettante et je n’en reviens pas que quelqu’un comme moi, qui suis tellement au dessus des contingences matérielles soit obligée d’avoir un métier pour vivre. Ca me dégoûte. » J’ai relevé dans son courrier d’autres propos très inquiétants « Il me faut un peu de calme pour « composer ». Tu comprends, je suis une artiste ! La musique, la sculpture, la peinture, la soudure, l’écriture, se bousculent en moi, et je frémis à l’idée d’être célèbre. » Oh la la , stop, alerte ! Le gène Loison maudit de l’artiste s’était réveillé en elle. Il a fallu tout de suite étouffer ces velléités et j’imagine que les parents ont immédiatement confisqué sa guitare, caché ses crayons, ses tubes de peinture et son fer à souder. Alice a aussi eu un temps l’idée de s’engager dans la marine, - comme simple troufion ou matelot, je ne suis pas spécialiste- ; la tentation classique de l’échappatoire aventuriste avec ces bribes de légendes exotiques s’accordant bien à son imaginaire rêveur et créatif. Bon, elle a finalement intégré l’EMCTA École du Corps Technique et Administratif qui comprend une année d’aguerrissement à Coëtquidan avec les stages commando à Collioure où l’on apprend a tuer une sardine et à avaler un lapin cru tout rond, enfin, c’est peut être l’inverse. Voici un mél que j’ai retrouvé sur mon ordi et qu’elle avait envoyé à ses amis : Bonsoir les amis, Je me rappelle à votre bon souvenir car je suis enfin revenue à la civilisation après un an de rusticité à Coëtquidan. Là-bas, j'ai appris plein de choses très très utiles (voir les photos mytho en pièce jointe): Je sais faire mes lacets de rangers, repasser un treillis, j'ai mon diplôme de mise en oeuvre d'explosifs, mon certificat de tir FAMAS, je peux secourir un homme qui s'est pris un éclat d'obus dans la tête, je peux mener un convois logistique de 4 véhicules pris à partie par une bande de rebelles tchétchènes, je sais me servir du fusil mitrailleur 12,7, lancer des grenades, faire du rappel, infiltrer les lignes ennemies de nuit après héliportage, me ramasser dans la boue et surtout, je sais manger une sardine crue, des yeux à la queue. Bref me 5
  • 6. sortir de presque toute situation, « avec ma bite et mon couteau », c’est une nouvelle expression apprise ici. Pour les anglophones, j’ai cherché ce que veux dire cette expréssion sur Internet et j’ai trouvé, « It means with very few tools » « Ainsi formée, je suis apte à prendre mes fonctions d'administrateur dans le service de santé des armées. Je suis donc officier-élève à l'école du Val-de-Grâce. Assise sur une chaise toute la journée, ma vie a changé, mon uniforme aussi, je ne comprends plus rien. Mais je revis: les gens normaux, la culture, les sorties... » Puis pour son premier poste, Alice a atterri à Toulon comme chef du bureau ressources humaines de l’École du Personnel Paramédical des Armées, où elle a été entre autre porte drapeau, préposée aux agrafes, assistante de photocopie, garante de la bonne tenue des parafeurs, responsable des tampons… Résumons en image DIA 26 à 28 Pour une Alsacienne, l’acclimatation a été rude mais comme Alice est donc très douée pour se fondre tel un caméléon dans son environnement, elle a pu maîtriser sans mal la gestuelle des lunettes des gens du Sud. DIA 29-30 Elle travaille maintenant à Orléans au bureau engagement juridique du Centre de Services Partagés – Dépenses de la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées. Comme je le disais tout à l’heure son dernier exploit est cette rencontre miraculeuse avec Denis. Après le parler alsacien, juridique, militaire, administratif, elle se lance donc dans le langage hypocoristique des petits mots affectueux avec denis. Bref Alice, nous t’avons vu grandir, te muscler, embellir, prendre de l’assurance et de la prestance et mon mot de la fin sera très simple Bravo de ta part (private joke) d’avoir trouvé Denis et Vive les sœurs. Vives les sœurs Mélard DIA 32, Loison 33, Berling 34, Dreyer 35 (Même si elles sont toutes les 3 au ciel) et toutes les autres. 6