2. Derrière chaque visage, chaque tableau, chaque pan de tissu enroulé, déroulé par
les méandres de la couleur, il y a une histoire. Une, ou plusieurs : celle du peintre d’abord,
celle de la personne figée à jamais ensuite, une même expression incrédule sur son visage
d’éternité. Et, bien sûr, il y a l’écho de nos propres histoires qui vagabondent, résonnent, les
songes de tous les gens qui ont scruté les détails de la toile, une main, une croix, laissant
leur imagination bondir d’une espérance à l’autre. La craquelure de la peinture, un reflet de
lumière, une ombre qui passe sur la trame, sont autant de portes qui nous permettent de
passer de l’autre côté du miroir.
Car derrière la toile s’étend mon musée du silence. Dans cet espace imaginaire, dans ces
paysages brumeux revêtus de leur parure parfois cauchemardesque, rôdent des fantômes
effacés. Depuis la barque de Charon, les eaux du lac nous semblent noires et froides. Une
lumière diffuse émane seulement des silhouettes d’autrefois, qui sans un mot, nous regardent
passer, car ce monde-là est au-delà de la parole. Une musique naît de la matière et nous
entraîne, toujours plus loin, vers une autre porte, un autre passage, un abîme sans fin où
l’eau rejoint le ciel, où le tissu se change en ruban de serpent émeraude, où les yeux du sage
paraissent renfermer une clé vers un ailleurs toujours plus mystérieux.
Les reliefs, les reflets en appellent inexorablement d’autres, finissant par élaborer un monde
sous nos yeux, une forêt de brouillard et de rêves dont les branchages sont à ré-assembler.
Pour sortir de ce lieu inquiétant et pourtant envoûtant, suffit-il de fermer les yeux ? Voyager
dans l’espace pictural laisse sur la langue un goût étrange et derrière les paupières, des
éclairs confus d’un songe, dont, à l’aube, on essaie vainement de rattraper les images fuga-
ces. Ceux avec qui l’on chemine ne seront plus jamais et nous laissons derrière nous ceux dont
la vie s’est pour toujours fânée...
Et pourtant, «la peinture n’a besoin que de nos yeux et de notre silence. Une fois terminée,
elle n’en finit pas de commencer pour qui la regarde» (Bernard Noël).
Il y a de ces rêves qu’on vit tout éveillé.
3. Le phénicien, 2010 Les âmes, 2009
100 X 125 cm 100 X 125 cm
Tirage sur papier Hahnemühle contrecollé sur dibond Tirage sur papier Hahnemühle contrecollé sur dibond
4. Le phénicien / Série Nevermore Nevermore / Série Nevermore Le miroir des limbes # 1, # 2, # 3 / Série Nevermore
100 X 125 cm 95 X 230 cm 78 X 100 cm
Musée d’art de Timisoara Estampa Galerie Espace Evolution Pierre Cardin
Roumanie Madrid, Espagne Paris, France
2010 2010 2009
5. Le banquet, 2010
100 X 125 cm
Tirage sur papier Hahnemühle
contrecollé sur dibond
6. Le miroir des limbes # 1, # 4, # 3
78 X 100 cm
Tirage sur papier Hahnemühle contrecollé sur dibond
7. Nevermore
95 X 230 cm
Tirage sur papier Hahnemühle contrecollé sur dibond
8. L’aigle noir Le miroir des limbes # 5
100 X 125 cm 100 X 125 cm
Tirage sur papier Hahnemühle contrecollé sur dibond Tirage sur papier Hahnemühle contrecollé sur dibond