1. 11
£Pétrole L’entreprise Vallourec Umbilicals, à Venarey-Les Laumes, monte en puissance
sur l’offshore, avec une première commande pour le Royaume-Uni. À lire en page 14 Dossier
£ Le
coworking
se développe
en région
et de multiples
façons.
Pages 11 à 13
ÉCONOMIE
BOURGOGNE
TENDANCE.Covoiturage, puis colocation et maintenantcoworking :commentmutualiser les coûts ?
Liés par le sens du partage
Définition.Lecoworkingimplique, plusquedanslecasdecentres
d’affairesoud’incubateurs,deséchangesentreentreprises.
ses compétences, ses con-naissances,
ses passions, ses
loisirs… Les transactions fi-nancières
sur les platefor-mes
de crowdfunding fonc-tionnent
et se généralisent.
BGE, le réseau d’accompa-gnement
à la création d’en-treprise,
et MyMajorCom-pany,
leader national du
crowdfunding (finance-ment
participatif), ont mê-me
lancé fin 2013 une plate-forme
web entièrement
dédiée aux projets entrepre-neuriaux
: www.notrepeti-
Et si une économie
pouvait être basée
sur l’échange, le par-tage
et l’entraide ? C’est un
peu le résumé – l’utopie ? –
de l’économie collaborati-ve.
D’après une étude TNS-Sofres
datant de 2013, près
d’un Français sur deux en
serait déjà adepte.
Du covoiturage
au coworking
Le préfixe co- du latin
cum, dit le Larousse, indi-que
l’association, la partici-pation,
la simultanéité. Co-voiturage,
colocation,
coworking… L’un des pre-miers
modèles de partage a
été le covoiturage. Des pro-fessionnels
se sont très vite
engouffrés dans la brèche.
Oncompte plus de cinq mil-lions
d’Européens sur les
deux principales platefor-mes
de covoiturage Blabla-car
et Carpooling.
Au fil des années, des sites
collaboratifs ont vu le jour
sur à peu près tous les su-jets
: la colocation des étu-diants,
puis des jeunes adul-tes
; la mise en partage de
Petitlexiquedel’économiecollaborative
Co-working : plutôtquedetravailler seulschezeux, certains
travailleursindépendantsfontlechoixdepartagerunespacede
co-working.Unbureautiers quirépondàplusieursbesoinsba-siquescommele
wifi et lecafépourles clients,unloyermutuali-séet
d’autresbesoinsmoinsmatérielscommebénéficierd’un
environnementcréatif,développerdesprojetscommuns…
Crowdfunding :unnouveaumodedefinancementquisedé-veloppeàgrandevitessesur
internet.Ledemandeurprésente
sonprojet, chiffresesbesoins, le tout estenligne suruneplate-formedecollectedefonds,
commeKisskissbankbank…
Naissance.Lecoworkingestdansl’airavecdenombreuses
organisations informelles.Maispeuseconcrétisent vraiment.
teentreprise.com. Ce parte-nariat
était alors annoncé
comme une grande premiè-re
en France.
Un tiers lieu
Aujourd’hui, l’heure est au
coworking, cet espace de
travail partagé où l’on mu-tualise
les ressources et les
compétences. Il existait dé-jà
les centres d’affaires, où
chacun peut louer son bu-reau
dans des locaux com-muns,
mais le coworking va
au-delà en s’apparentant
presque à une philosophie.
« Plus qu’un simple lieu de
travail, explique Florian Re-cole,
c’est surtout un lieu
d’échange et de mise en re-lation
de professionnels, en
open-space », maintient le
fondateur de l’espace Tra-v’Ailleurs
à Mâcon, en Saô-ne-
et-Loire,mêmesi celui-ci
va fermer, faute de rentabili-té.
Les Docks numériques à
Dijon, qui sont plutôt sur
l’économie numérique ou la
Coursive Boutaric, inscrite
dans le réseau culturel, dé-veloppent
les mêmes théo-ries
: partager, rencontrer,
échanger… « Ce qui fait la
différence », dit Silvère De-nis
des Docks, « ce n’est pas
le nombre de mètres carrés,
c’est le service. Le vrai plus,
c’est la communauté qui se
crée, se développe autour
toute une économie. »
NICOLAS DESROCHES
ET JOCELYNE REMY
Un bureau à soi dans une
pièce que l’on partage avec
d’autres entreprises, des
services mutualisés et des
rencontres. Le coworking
se développe.
Bruno-Louis Seguin et Silvère Denis, les deux cogérants des Docks numériques sur leur futur
plateau, à Dijon Photo J. Rémy
L’EXPERT
YVES JACQUOT
Chargé de mission TIC
Pays Auxois-Morvan
Une vraie
demande
«Danslemonderural,sur
le territoire demonres-sort,
onn’apasd’endroitde
coworking(sionmetàpartle
CraneàMilleryquiaunevo-cation
culturelle).Lescho-sessefontdefaçoninformel-le.
Ilyaunevraiedemande.Il
yaénormémentdegensqui
travaillententélétravail,ou
autourdel’e-commerceou
dunumérique.Desgensqui
pourraientenprofiter quel-ques
heures ou quelques
jours.Onestéquipéd’espa-ces
publics numériques
(EPN),leplussouventlabel-lisés
Sati21. Mais les Sati
n’ont pas vocation profes-sionnelle.
Ilssontàvocation
scolaireoupourles seniors.
Iln’yapasd’espaceprivatisé
etledébitesttrèsmoyen.Les
Satidoiventévoluer.Leplan
d’aménagementdudéparte-mentest
plutôtbienfait : ila
prévudanslemonderural50
TICprioritairesquidoivent
être fibrés.Parcontreauni-veaustratégiededévelop-pement,
unefoisquecettefi-bre
va être posée, ça va
poser la questiondudéve-loppementdunumérique
:
avecl’implantationdedata
center,quivonts’implanter,
etconstruiredesespacesde
réunionenfonctiondesbe-soins.
»
“On fait les choses différemment.
On a besoin d’outils. On n’attend pas
les aides, on fait. Et on travaille les uns
avec les autres.”
Bruno-Louis Seguin, cogérant les Docks numériques
2. 12 ÉCONOMIE BOURGOGNE LE BIEN PUBLIC
Lundi 20
octobre 2014
L’économie dite “collaborative” vue de Saône-et-Loire
£ Exemples. En Bourgogne, des entreprises saône-et-loiriennes se distinguent en la matière.
COIFFURE. Bernard Jannin a inventé un concept qui pourrait sortir la coiffure de son marasme.
Des fauteuils en location
“Autant avoir
un salon qui
marche bien
avec plusieurs
professionnels
à l’intérieur, que
plusieurs salons en
panne de clients. ”
Bernard Jannin
tout en rendant service à
une autre personne. De la
garde d’enfant au soutien
scolaire, à l’aide pour ar-roser
vos plantes ou s’oc-cuper
de vos animaux do-mestiques
pendant vos
vacances, vous trouverez
forcément quelqu’un pour
vous aider sur Zelpus.
« Notre site est ouvert aux
particuliers et aux profes-sionnels,
insiste-t-il. C’est
aussi un moyen de les
aider à trouver des mar-chés.
» Opérationnel le
1er janvier 2015, Zelpus
n’attend plus que vous !
N.D.
ser internet pour créer du
lien et promouvoir la soli-darité.
» Il est accessible à
tous et les inscriptions
sont déjà ouvertes.
Ouver t aux par ticu-liers…
et aux professionnels
Alors, si vous avez be-soin
d’un coup de main
pour le jardin, bouger un
meuble ou que vous avez
envie de partager avec
une autre personne vos
passions pour le sport, la
couture ou autre, n’hési-tez
pas. Vous proposez
votre aide à quelqu’un,
que-t-il. Notre site ne vend
rien, il se contente d’utili-tre
en relation les gens les
uns avec les autres, expli-
Bernard Jannin aurait
pu profiter de sa re-traite
pour se la cou-ler
douce. Mais quelques
mois avant de revendre ses
salons de coiffure, il a eu
l’idée novatrice de louer ses
fauteuils à d’autres coif-feurs.
Une réponse
aux difficultés
« Les salons traditionnels
souffrent de plus en plus,
explique-t-il. Les clients
n’accepteraient pas une
augmentation des prix. Il
est plus facile de donner
150 euros à son garagiste
que 50 euros à un coiffeur
pour une coupe. Pourtant,
l e s charges ne cessent
d’être revues à la haus-se.
80 % des salons sont en
difficulté et la moitié d’en-tre-
eux en grande difficul-té.
»
La solution, il l’a trouvé
en mettant des fauteuils de
ses salons en location. Un
moyen de partager les frais
En dehors de ses heures
de travail, le Chalonnais
Xavier Bélissent a eu une
idée alors qu’il cherchait
« un coup de main pour
faire des petits travaux de
peinture ». « Je n’y arri-vais
pas tout seul, se sou-vient-
il, et je ne trouvais
personne dans mon en-tourage
pour m’aider… Et
aucun artisan n’aurait été
intéressé pour se déplacer
et les faire. » Du coup, Xa-vier
Bélissent a donc déci-dé
de mettre en place le si-te
www.zelpus.com, aidé
par des amis et de la fa-mille.
« L’idée est de met-
fixes (loyers, charges cou-rantes…),
tout en restant
indépendant. « Les grands
salons sont moins nom-breux,
les multi-salons vi-vent
leurs dernières heures
et les réseaux de franchise
perdent leurs effectifs, les
fermetures se multiplient,
et les salaires ne permet-tent
plus à une coiffeuse de
vivre de son savoir-faire. Le
marché est saturé. Autant
avoir un salon qui marche
bien avec plusieurs profes-sionnels
à l’intérieur, que
plusieurs salons en panne
de clients. La profession a
besoin d’être restructurée
plutôt qu’éparpillée. »
Dans son système de loca-tion
de fauteuil, chacun y
retrouve son compte : le
propriétaire, en se faisant
un complément pour payer
les charges et un petit béné-fice,
ainsi que le sous-loca-taire
y trouvant du confort,
financier et dans le travail.
De Dijon à Lyon
Après avoir revendu ses
salons (à Chalon, Chagny,
le Creusot, Gueugnon ou
Châtenoy-le-Royal) et cessé
son activité, Bernard Jan-nin
n’a pas tout à fait rac-croché.
Il envisage de lan-c
e r s o n a c t i v i t é d e
consultant afin d’aider les
professionnels désireux de
louer leurs fauteuils, aussi
bien sur le plan administra-tif,
juridique… « J’avais dé-jà
aidé des salons à Dijon et
à Lyon à franchir le pas »,
ajoute-t-il. Il a mis en place
un site Internet (www.lhai-runique.
com) qui, au dé-part,
n’avait que peu de vi-sites.
« Si nous avions des
demandes tous les trois ou
quatre mois, c’était bien.
Aujourd’hui, j’ai plusieurs
appels par semaine. »
Bref, ce concept, qui
n’avait pas pris à sa créa-tion,
en 2010, est en train
de faire des émules. La cri-se
dans le secteur de la coif-fure
n’y est sans doute pas
étrangère.
NICOLAS DESROCHES
Quelques années avant de
prendre sa retraite, Bernard
Jannin a eu l’idée de louer
les fauteuils de ses salons à
des coiffeurs n’ayant pas
les moyens d’en ouvrir un.
Bernard Jannin envisage de lancer son activité de consultant afin d’aider les professionnels
désireux de louer leurs fauteuils, aussi bien sur le plan administratif que juridique… Photo N.D.
INITIATIVE
Zelpus.com,unsitecollaboratifquiveutcréerdulienetpromouvoirlasolidarité
Avec son site, Xavier Bélissent souhaite mettre en relation les
gens pour qu’ils s’échangent des services. Photo DR
3. LE BIEN PUBLIC
Lundi 20
octobre 2014 ÉCONOMIE BOURGOGNE 13
L’économie dite “collaborative” vue de Côte-d’Or
£ Exemples. En Bourgogne, des entreprises côte-d’oriennes se distinguent en la matière.
ASSOCIATIONSCULTURELLES
LaCoursive Boutaric,uncoworking qui défend des valeurs de solidarité
publiée n’était pas contrac-tuelle.
« Un bureau » dans
une pièce de 40m². Une sal-le
de réunion équipée d’un
vidéoprojecteur est égale-ment
prévue. Vincent Ro-dier
a déjà six réservations.
« À Paris, ça tourne tout
seul ! Il n’y a pas de raison
que ça ne marche pas à Di-jon
! » Ont réservé un pho-tographe,
un graphiste,
trois restaurateurs… et lui !
J. R.
Ils sont tous les deux béné-voles.
Et tous les deux per-suadés
de l’excellence à
long terme de la formule
qu’ils gèrent depuis quatre
ans. Bruno-Louis Seguin et
Silvère Denis animent les
Docks numériques, une coo-pérative
qui fonctionne, et
même très bien. Ils ont démé-nagé
il y a six mois sur 200m²
quai Nicolas-Rolin, à Dijon,
et ils envisagent aujourd’hui
PARTICULIER
Le coworking conçu d’un point de vue purement immobilier
Chaudronnerie à Dijon
(comme il avait déjà acheté
25 m² du côté de Boulogne
et 22 au Trocadéro, à Paris).
Il est en train de faire réha-biliter
cet appartement de
plein centre-ville : « Ça sera
assez joli : parquet au sol,
cheminée en pierre, vieilles
armoires et bureaux en ver-re
», explique-t-il. Quelque
chose qui ressemble à la pe-tite
annonce passée sur le
Boncoin, même si la photo
d’origine dijonnaise, vient
d’acheter un local , rue
maine. En termes clairs,
Vincent Rodier, qui est
« Je mène déjà un projet
similaire à Paris depuis
deux ou trois ans ».Vincent
Rodier, 30 ans, s’est mis en
disponibilité – après des
études à l’IAE Grenoble et
à l’université de Shanghai,
il travaillait à la BPI – pour
gérer son auto-entreprise. Il
développe le coworking sur
Dijon. Selon un principe
simple : le droit d’utiliser
un bureau quelques heures
ou quelques jours par se-
encore de s’agrandir jusqu’à
900 m². « Les locaux sont
pleins et les demandes conti-nuent
à affluer », expliquent-ils,
« mais ce ne sont pas seu-lement
les locaux que les gens
cherchent ». D’un point de
vue pratique, ici pas de bail
commercial contraignant de
trois, six ou neuf ans. « Onne
loue pas desm² mais un servi-ce.
Cela permet de s’étendre
ou de rétrécir du jour au len-demain
ou presque ». Les
Docks accueillent et organi-sent
toutes sortes d’événe-ments
:barcamps,workshop,
“apéros docks”. Le principe
du coworking est aussi de re-chercher
le lien social. « Tra-vailler
les uns avec les autres
prend un peu plus de temps,
mais cela rapporte autre cho-se
: c’est toute l’éthique de
l’économie collaborative »,
affirment-ils encore. Les en-vies
sont là, suivies d’échecs
parfois : « Oui, il y a beau-coup
de casse. Mais celui qui
se plante, ce n’est pas grave : il
a quelque chose à transmet-tre
pour éviter des erreurs aux
autres. » Aujourd’hui, les
Docks s’intéressent au
French Digital Tour et tra-vaillent
surunprojetd’accélé-rateur
qui permettraitunvéri-table
accompagnement. « Le
talent il faut l’encourager, pas
le dissuader ! » Tout est dit.
J. R.
COOPÉRATIVE. Les Docks Numériques acteurs de l’économie collaborative.
Le coworking des start-up
Ils ne sont pas les seuls en
Côte-d’Or, mais les Docks
Numériques sont certaine-ment
les plus emblémati-ques
du développement du
coworking.
Bruno-Louis Seguin et Silvère Denis, cogérants des Docks. Photo J. R.
C’est un projet collectif, un
pôle où des entreprises se
réunissent, réfléchissent en-semble
à ce qu’il faudrait dé-velopper.
C’est aussi la vo-lonté
affirmée de s’intégrer
au quartier, en fin de réno-vation
urbaine, et de tra-vailler
avec ses habitants.
On n’est pas à la Coursive
par hasard. 18 entreprises
« culturelles et créatives »
en sont membres, dix dans
l’immeuble, huit connec-tées.
J. R.
de nouvelles sources de
financement, et de les ac-compagner
vers l’entrepre-neuriat
culturel pour faire
face à une baisse assez dras-tique
des subventions.
C’est aussi une offre de ser-vices
mutualisés, comme
une veille sur les appels des
marchés publics ou un site
internet. C’est encore des es-paces
de coworking dispo-nibles
Mais pas seulement.
Cela va au-delà, expliquent
Marion Godey et Aurélie
Miller, les deux animatrices.
Des logements vacants
dans un immeuble d’habitat
social. L’idée de revivifier et
de dynamiser un quartier
déshérité. Une association
Zutique Productions qui
donne dans la musique, vite
rejointe par deux ou trois
autres…
L’ idé e de l a Cour s i v e
Boutaric était née, qui se
structure et se développe à
partir de 2010. Il s’agit dès
lors d’accueillir et de déve-lopper
des structures cultu-relles,
de les aider à trouver-
Marion Godey (animation) et Aurélie Miller (chargée de
développement) sur la coursive… Photo Jocelyne Remy
“En catalysant
les énergies et en
mutualisant les
moyens.”
Bruno-Louis Seguin, cogérant
des Docks numériques