Un ulcère de jambe correspond à une perte de substance cutanée, entrainant une plaie chronique, secondaire à des phénomènes circulatoires pathologiques.
Les causes les plus fréquentes sont des maladies circulatoires veineuses ou artérielles des membres inférieurs.
2. Ulcère de jambe
Un ulcère de jambe correspond à une perte de substance cutanée, entrainant une plaie
chronique, secondaire à des phénomènes circulatoires pathologiques.
Les causes les plus fréquentes sont des maladies circulatoires veineuses ou artérielles
des membres inférieurs. Leurs caractéristiques sont schématisées:
Ulcère veineux Ulcère artériel
Antécédent de thrombose veineuse ou de varices Artériopathie des membres inférieurs ou patien t
diabétiqu e
Dermite ocre ou atrophie blanche.
Eczéma péri-ulcéreux fréquent
Peau lisse, luisante, dépilation .
Siège sus-malléolaire interne ou externe, volontier s
extensif
Siège distal sur les orteils ou les pieds.
Douleur supportable, aggravée par la station debout ,
soulagée par la surélévation de la jamb e
Douleur intense (sauf chez le diabétiqu e) soul ag ée
par station debout
Pouls artériels distaux présents Abolition des poul s di s taux
Evolutio
n
souv ent chronique et récidivante Evolution pl us ai guë
Aspect : superfic
i
el , bor ds découpés, bourgeonnant,
fond rouge
Aspect : bords à l’emporte-pièce, creusant, atone,
fond blanc
Echographie Doppler : bon flu
x
art ériels, reflux pop -
lité, incontine nce v alvulaire, séquelles pariétales de
thromboses veineuses
Echographie Doppler : sténoses et occlusions artéri-
elles. Pressions distales de cheville diminuées.
3. Dans certains cas, l’évolution défavorable d’un ulcère, étiqueté initialement veineux,
malgré des soins adaptés, est lié à une maladie artérielle associée qui ne permet pas la
cicatrisation. On parle d’ulcère mixte dont les caractéristiques sont intriquées.
Les autres causes rares vasculaires d’ulcères sont évoquées devant un ulcère
nécrotique, hyperalgique, entouré d’un halo rouge. Angiodermite nécrotique : sujet
âgé, hypertendu ou diabétique; déclenché par un traumatisme local; rapidement
extensif avec escarre noirâtre au début. Vascularite : altération de l’état général, perte
pondérale, fièvre, autres manifestations de maladie auto-immune; ulcères de petite
taille, multiples, bilatéraux, avec livedo. Embolies de cholestérol : chez un patient
présentant une athérosclérose sévère, une insuffisance rénale ; ulcères distaux, livedo,
et aspect « d’orteil bleu ».
Parfois il s’agit d’ulcères non-vasculaires. Mal perforant, chez le diabétique : ulcère
creusant, à l’emporte-pièce, non-douloureux, sur les points d’appui (plante des pieds
ou face plantaire des orteils). Pyoderma gangrenosum : bourrelet infiltré violine et
clapiers purulents au centre avec extension centrifuge, souvent associé à une maladie
de Crohn ou une rectocolite hémorragique (voire polyarthrite rhumatoïde, maladie de
Takayasu). Pathomimie : ulcère auto-entretenu par le patient, lésion propre et
bourgeonnante ne cicatrisant pas.
4. Les traitements
Les traitements généraux : vaccination anti-tétanique ; antalgiques puissants parfois
morphiniques ; antibiothérapie par voie générale, en cas de signes généraux ou
d’aspect local très inflammatoire ; chirurgie rapide en cas de cellulite, infection
profonde, ou collection.
Les traitements locaux : lutter contre la douleur par application locale de xylocaïne (gel
urétral à 2%) ou de pommade Emla, trente minutes avant la détersion ; détersion
soigneuse de la plaie au bistouri stérile puis avec une compresse et de la Bétadine
solution (en l’absence d’allergie à l’iode) ; appliquer uniquement sur la plaie en
respectant la peau saine autour une compresse vaselinée en double épaisseur ; sur la
peau péri-ulcéreuse, éviter l’application des compresses vaselinées (risque de
macération) ; traiter un eczéma péri-ulcéreux (corticoïdes faibles ou modérés avec
décroissance progressive) ; enfin, bonne épaisseur de compresses sèches stériles, puis
pansement par bandes fermées par sparadrap en n’appliquant jamais de produit
adhésif directement sur la peau.
Les compresses utilisant un absorbant ou des hydrocolloïdes peuvent être utiles. En cas
de surinfection par du pyocyanique, des compresses avec de l’acide borique peuvent
être utilisées. Les antibiotiques par voie locale sont proscrits. Lorsqu’un fond propre et
bourgeonnant est obtenu et en cas d’ulcère de taille importante, la cicatrisation est
accélérée par la réalisation d’une greffe de peau en pastille ou en résille.
5. Les Traitements de la cause
Ulcère veineux : au moins deux fois par jour le patient doit garder la jambe surélevée
pendant une heure à 45 degrés, à l’aide de coussins ou contre un mur ; surélévation
des pieds du lit afin d’obtenir un drainage postural durant le sommeil ; bande de
contention au-dessus des pansements ; en cas de varices très importantes, un
éveinage chirurgical doit être envisagé ; prévention des récidives grâce à une
contention veineuse par chaussettes, bas ou collants de contention ; entretien de la
peau après cicatrisation (bonne hydratation, traitement de la moindre lésion dès le
début).
Ulcère artériel : repos au lit en luttant contre la douleur afin d’éviter la position
« jambe pendante » ; corriger les facteurs qui peuvent aggraver l’ischémie tels que
anémie, hypotension, hyperthyroïdie, bas débit, hypoxémie ; évaluer rapidement la
sévérité de l’ischémie et les lésions artérielles associées (échographie-Doppler) avant
d’envisager une revascularisation, chirurgicale ou par angioplastie ; si pas de possibilité
de revascularisation et pas d’amélioration par les soins locaux, envisager une perfusion
par les analogues de la prostacycline.
6. Pr Patrice Cacoub, MD
Department of Internal Medicine and Clinical Immunology
Hopital La Pitié Salpêtrière
83 Boulevard de l'hopital
75013 Paris, FRANCE
Departement Hospitalo-Universitaire Inflammation-Immunopathologie-Biothérapies
UMR 7211 (UPMC/CNRS), UMR S-959 (INSERM)
Université Pierre Marie Curie, Paris 6.
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