4. LE MARXISME: toute évolution politique et sociale dépend de l’évolution économique.
Alfred Krupp 1870
Punch. 1843. Capital/travail
Karl Marx 1818-1883
MARX constate, vers le milieu du XIXe siècle,
Le creusement des écarts entre deux classes:
Henri Schneider
la bourgeoisie
monopole de la
propriété des moyens
de production.
→classe exploiteuse
→ accumule le capital
→remplace l’homme
par la machine
→est à l’origine d’une
constitution d’une
armée industrielle de
réserve
→qui assure une
exploitation toujours
plus poussée
Les ouvriers ou prolétaires:
Il les explique par la plus-value que réalisent
→à l’origine constituent une
les propriétaires sur la seule vraie richesse:
classe en soi (une classe
la force de travail de leurs salariés.
Lutte des classes
Révolution
Inéluctable, prise
en charge par
un parti au nom du
prolétariat
Dictature du prolétariat
pour parvenir à une
société communiste
sans classes
non mobilisée)
→qui subit une exploitation
croissante
→donc elle entre en lutte
contre la bourgeoisie
→elle développe une
conscience de classe pour
soi
→les luttes se multiplient
une contre culture se
développe
→et des partis et syndicats
sont créés
5. Conclusion
Donc selon Marx :
1- l’existence des classes n’est liée qu’à des phases
historiques déterminées du développement de la production
2- la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du
prolétariat
3- cette dictature ne représente qu’une transition vers
l’abolition de toutes les classes et vers une société sans
classe. (1852)
6. II – Syndicalisation et conflits dans les
sociétés industrielles
Quelques années après la guerre, en 1949,
plus d’un salarié sur quatre était syndiqué.
Le syndicalisme, à dominante ouvrière,
regroupait alors plus de trois millions
d’adhérents.
La France n’a certes jamais été un pays de
syndicalisme de masse : pour des raisons
qui tiennent à l’histoire plus lente de son
industrialisation et à l’émergence
d’une classe ouvrière moins urbanisée, elle
n’a pas connu les grandes concentrations
ouvrières
de
l’Angleterre
et
de
l’Allemagne du XIXe siècle ; par ailleurs,
elle n’a pas opté pour un syndicalisme de
service comme en Europe du Nord.
Toutefois, les organisations syndicales ont
longtemps pu se prévaloir d’une
base militante étendue dans les entreprises
et les administrations.
Evolution du taux de syndicalisation entre 1945
et 1975 en France
Source : La transformation du paysage syndical depuis 1945 ;Thomas Amossé, Maria-Teresa Pignoni
7. III- Explication
On peut représenter horizontalement
l’intensité des inégalités
et verticalement
celle des identités
collectives, c’est-àdire de la
conscience de
classe.
Source : Diapos
7
à
14:
Présentation
réalisée
par
Pascal Binet à
partir
de
la
conclusion
de
l’article de Louis
Chauvel
“Le
retour des classes
sociales”,Revue
de
l’OFCE
n°79,Octobre
2001
8. +
La situation de classes en
lutte (1) est conflictuelle et
confronte au risque d’une
conflagration sociale,
Conscience
de
classe
_
_
Inégalités
+
9. +
sauf à trouver une autre
issue négociée avec la
diminution des inégalités
économiques (2).
Conscience
de
classe
_
_
Inégalités
+
10. A partir de la position (1), l’issue (4) par
la perte de la conscience de classe ne
paraît pas très vraisemblable, puisque,
face à des inégalités intolérables, les
identités de classe doivent en toute
logique se
reconstituer — mais la question est bien
celle-ci : comment les sociétés
inégalitaires arrivent-elles à tolérer leurs
inégalités ?
+
Conscience
de
classe
_
_
Inégalités
+
11. +
Conscience
de
classe
Il est possible de partir du cas de la France
préindustrielle de 1830, marquée par des
inégalités économiques très fortes, mais où
l’identité du prolétariat est encore loin d’être
constituée.
1830
_
_
Inégalités
+
12. +
La suite du siècle fut bien la montée en
puissance de cette identité ouvrière et
l’entrée dans le jeu politique du
1890
marxisme.
Conscience
de
classe
_
1830
_
Inégalités
+
13. 1950
+
A partir des Trente glorieuses et
de l’édification d’un système
Conscience social-démocrate,
de
classe
1890
_
1830
_
Inégalités
+
14. 1970
1950
+
…les inégalités ont été
fortement régulées, sans
que la conscience de
classe ne se soit dissoute
pour autant.
Conscience
de
classe
1890
_
1830
_
Inégalités
+
22. 1- les effets de l’évolution des
inégalitésur la conscience de classes
+
1970
1950
Comme Ulysse et les siens
repris par la tempête
devant Ithaque, c’est là
que s’éloigne le rêve de la
société sans classes,
parce que le discours
égalitariste perd de ses
soutiens,
Conscience
de
classe
1982
_
_
1890
et le discours inverse
marque des points dans
le débat public. La
reconstitution
d’inégalités plus fortes
est alors en route.
1830
2000
Inégalités
24
+
25. Une approche individualiste de
l’action collective
Rappel : l’individualisme
méthodologique
C’est une démarche
théorique, à distinguer de
l’individualisme au sens
courant
Les faits sociaux se
comprennent à partir des
logiques de l’action
individuelle
Les individus sont
supposés rationnels sur
le modèle de l’homo
oeconomicus
27. Le « paradoxe de l’ action collective »
Pourquoi l’action collective peut-elle
être qualifiée de paradoxe ?
L’action Les coû
n
timise so
ind col ts de
idu op
l
n
i
L’indiv
uel par u collective vidue ective l’acti
vid
o
térêt indi
in
son ls ma sont n
vantage
t/ a
n’aura jamais t col is les
alcul coû
c
l ec
tifs gains
S’il en est ai
lieu !si le
n
comporteme
nt le plus
rationnel est
la passivité
28. Le paradoxe de Mancur Olson
Un individu « rationnel » (qui ne recherche que son intérêt
individuel et la maximisation de ses gains) n’a pas intérêt
à s’associer pour l’obtention ou la production d’un bien
collectif. Pourquoi ? Cela a un coût : faire grève, c’est se
priver de salaire, se faire mal voir de son chef...
Puisque le bien créé est collectif, c’est-à-dire accessible
sans condition (l’augmentation de salaire est versée à
tous, grévistes ou non), le comportement « rationnel » est
de laisser les autres l’obtenir ou le produire, sans payer
sa quote-part.
Comme ce raisonnement peut être fait par chacun, il se
peut alors qu’aucune action collective ne tente
d’obtenir ou produire ce bien...
29. Comment expliquer alors l’action
collective ?
Olson évoque les « incitations sélectives »
Eric Neveu, sociologie des mouvements sociaux, La Découverte 2005
Donnez des exemples d’ « incitations sélectives » dans les
conflits du travail contemporains
30. Les « incitations sélectives »
Défense individuelle des
salariés par les organisations
syndicales (en cas de
contentieux, de mutation, de
sanction...).
Perspectives d’obtenir des
avantages : considération des
collègues, heures de
«délégation», carrières
syndicales.
mes
avantages
32. Introduction- La notion de
« mouvement social »
Deux acceptions :
- la première, d’usage courant, synonyme de
« conflit social, grève » ;
- la seconde, acception est un concept
sociologique (Alain Touraine, Le mouvement
ouvrier, 1984) :
« Un mouvement social est la combinaison d’un
principe d’identité, d’un principe d’opposition et d’un
principe de totalité »
33. Introduction- La notion de
« mouvement social »
Principe d’identité = définition d’un acteur social par
lui-même (« Qui suis-je ? » : des métallos en colère ; des
paysans pauvres du Chiapas ; des cheminots défenseurs du service
public ; des écologistes amoureux des oiseaux, etc.)
Principe d’opposition = définition par cet acteur de son
adversaire, avec lequel il est en conflit (« Contre qui ? » :
contre l’employeur, les patrons ; contre le gouvernement ; contre
les chasseurs, etc.)
Principe de totalité = définition de son projet (ce qu’il
veut, ce qu’il espère : « Pour quoi lutte-il ? » : pour une meilleure
société, pour une nature accueillante, pour le service public, pour
des retraites décentes...
34. I. Une catégorie aux contours flous
Maîtrise de l’historicité
Un sociologue
comme Alain
Touraine pense
cette question au
travers de la notion
d’« historicité »
Une= contrôler peut
thèse que l’on le sens
inscrire dans le
(orientation
prolongement de celle de
/signification) du
la moyennisation, de la fin
mouvementetc.
des classes, historique,
enjeu central des
conflits sociaux
Contexte
Problématique
Recul de la conflictualité ouvrière classique / avec poids
Y a-t-il des « Nouveaux Mouvements Sociaux
croissant sur la scène politique nationale et internationale
» qui hériteraient du rôle central des conflits
de mouvements comme : les sans (papiers, emplois, logis),
du travail et de la classe ouvrière dans la
les altermondialistes, les féministes (NPNS), les antisociété industrielle ?
guerre…
35. II . Les caractéristiques des NMS
ne sont plus centrés sur le salariat
On peut parler
de l’émergence
de nouveaux «
lieux »
(abstraits) de
conflit
Par exemple les
thèmes de
l’environnement,
les modes de
vie…
36. L’importance des valeurs
les valeurs, la dimension symbolique ont une
importance accrue
Gay pride
Mobilisations
antiracistes
Des
exemples ?
Conflits autour
de l’école
publique / école
privée
Conflits sur le
voile islamique
à l’école
Article de loi sur
le rôle positif de
la colonisation
37. Cela reflète
De nouveaux acteurs
l’affaiblissement
S’appuyer sur le D1 p 168
Le terrain
des sentiments
Les liens sociaux, les
professionnel n’est
Même si des travailleurs y participent, les mouvements sont
identités
alors plus celui où les d’appartenance aux
choisies et
identités se forgent et
sociaux ne sont plus centrés sur l’identité professionnelle.
classes sociales
revendiquées plutôt
s’expriment de façon
privilégiée.
D’autres
caractéristique
s sociales sont
mises en avant
:
de nouvelles catégories : femmes
, jeunes , classes moyennes
que subies.
Plus larges :
citoyenneté
Plus étroites :
orientation sexuelle,
minorité ethniques
38. De nouveaux enjeux
Mouvements
Mouvements
contre le nucléaire
contre
l’extension des sur les Docs 1 et2 p.168-169
S’appuyer
aéroports
La question des modes de vie prend le pas sur les («
Anti-pub
thématiques du niveau de vie, des contions de travail. à
résistance
l’agression
publicitaire »
Inglehart parle
de
revendications
«post
matérialistes »
Rejet du
productivisme
Contestation du
consumérisme
(journée sans
achats)
39. Un changement d’échelle
Les NMS peuvent se dérouler à une échelle plus grande
(internationale) ou au contraire plus petite (locale) que les
luttes ouvrières classiques
Mobilisations
altermondialistes
Des
exemples ?
Mouvements «
Nimby » = not
in my back
yards
40. Le rapport aux médias
Les NMS comportent souvent des actions d’éclat
dont la répercussion visée est médiatique.
NMS = attitude
active envers les
médias
Opposition
Mouvements
syndicaux :
rapport
routinier,
institutionnalisé
aux médias
41. De nouveaux adversaires / interlocuteurs
Dahrendorf, 1957 : « Classes et conflits de classes
dans la société industrielle »
NMS =
l’adversaire se
caractérise par
le pouvoir,
l’autorité
(technocratie)
Exemple : la
direction d’EDF,
l’UNEDIC…
Opposition
Lutte de
classes :
l’adversaire se
caractérise par
la propriété
42. Une nouvelle structuration
structurés horizontalement, en réseaux
Refus de la délégation de pouvoir à des
organisations permanentes dotés d’une idéologie
complète.
Développement
des coordinations
(lycéens,
intermittents…)
Importance
d’Internet qui
se caractérise
par l’absence
d’un « centre »
43. Nouveau rapport au politique
crise ou renouveau de la vie démocratique ?
Crise de la
démocratie
représentative
(partis
institutionnalisés)
Essor d’une
démocratie
participative ?
(société civile)
Mais les NMS s’inscrivent plus dans une logique
de recherche d’autonomie que de conquête du
pouvoir
44. Recours à l’expertise / aux
personnalités reconnues
Les NMS sont souvent animées par des associations qui
proposent une expertise dans un domaine précis : sécurité
alimentaire, emploi…
Les antisOGM, les
écologistes
Exemple :
(réchauffement
ATTAC qui
de la planète)
produit une
littérature
d’analyse
économique et
sociale.
Le Réseau
d’Alerte sur les
Inégalités (BIP
40)
46. Une catégorie unifiée ?
Les NMS
ne
reflètent-ils pas
autre chose que
l’absence de
L’altermondialisme
perspective
ne s’inscrit-il pas
unificatrice des
dansluttes contexte de
ce sociales ?
recherche d’une
nouvelle perspective
Perspective
Perspective
réformiste :unificatrice (projet
révolutionnaire
déception liée à de société)
l’alternance
(Mitterrand, Blair,
Schröder…)
:
effondrement de
l’URSS
47. Les NMS en voie
d’institutionnalisation ?
exemple du mouvement écologiste
Forme radicale à
l’origine
De même les
organisations de sanslogis peuvent devenir
les interlocuteurs des
pouvoirs publics en
matière de logement
Réintégration dans
la vie politique
institutionnelle
Rappel : pour les
sociologues, le conflit a
aussi une fonction de
régulation…
48. Partie 3 – Les formes traditionnelles de
mobilisation et de conflictualité n’ont pas
disparu
49. I – Les déterminants de la
mobilisation ont peu évolué
50. A – Les préoccupations des français
Évolution des
principales
préoccupations
depuis mars
2004
Etude réalisée par la Sofres pour la croix, mars 2009
51. Temps de rattrapage ___________et la
_________ des salaires _________
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
1998
Rapport du
salaire
cadres /
ouvriers
3,9
3,9
4,0
3,8
3,4
2,9
2,7
2,8
2,6
2,5
Croissance annuelle
moyenne depuis 5 ans du
pouvoir d’achat du salaire
ouvrier (%)
4,8
2,8
3,5
3,7
3,5
1,6
0,3
0,3
0,3
0,6
temps de
rattrapage
(années)
29,1
49,7
40,0
36,8
35,7
65,1
371,9
353,0
316,2
150,6
Source: Séries longues sur les salaires, France, INSEE 1950-1999
Note : en 1955, le salaire moyen des cadres est 3,9 fois plus élevé que celui des ouvriers ; de 1950 à 1955, le taux de
croissance annuelle du pouvoir d’achat du salaire ouvrier était de 4,8 % par an ; en 1955, à ce rythme, le temps
nécessaire pour rattraper le pouvoir d’achat du salaire des cadres de 1955 est de 29,1 ans.
52. B- sont en adéquation avec les
motivation des conflits
53. C – Et expliquent la compréhension des
grèves par les français
http://www.ifop.com/europe/docs/greve190309.pdf
54. D- Une relativisation de la disparition
de la conscience de classe
“la théorie de la fin des classes sociales s’est le plus souvent
fondée sur le constat de l’effondrement de la conscience de
classes (ou de leur identité collective) pour en inférer la
disparition des inégalités objectives qui la sous-tend, alors que
ces deux dimensions sont sinon indépendantes l’une de l’autre,
en tout cas liées d’une façon non mécanique. Une autre erreur
manifeste de la théorie de la fin des classes est de croire en la
linéarité de l’histoire sociale : parce qu’une tendance a été vraie
lors des Trente glorieuses, beaucoup pensent qu’elle doit se
prolonger encore 30 ans après, au même rythme. Il s’agit là d’une
des plus grandes sources d’erreurs dans les diagnostics
sociologiques. L’histoire du XXe siècle est celle des fluctuations
respectives de la facette objective (les inégalités structurées) et
subjective (les identités collectives) des classes sociales.”
Louis Chauvel, page 39
Source : Diapos Présentation réalisée par Pascal Binet à partir de la conclusion de
l’article de Louis Chauvel “Le retour des classes sociales”,Revue de l’OFCE
55. D- Une relativisation de la disparition de
la conscience de classe
Autrement dit, ce n’est pas parce que la
conscience de classe disparaît que les inégalités
objectives qui la faisaient exister ont elles aussi
disparu.
Ce n’est pas non plus parce que la conscience de
classe s’est amoindrie au cours des trente glorieuses
qu’elle va finir par disparaître.
Louis Chauvel voit plutôt les évolutions conjointes
des inégalités et de la conscience de classe comme
une spirale :
“L’histoire du XXe siècle est celle des fluctuations
respectives de la facette objective (les inégalités
structurées) et subjective (les identités collectives)
des classes sociales.”
3
56. D- Une relativisation de la disparition de la
conscience de classe
+
Conscience
de
classe
1982
_
_
Louis Chauvel ne donne pas d’explication concernant
les “esses” situées entre la situation de 1982 et celle de
2000. On peut cependant penser qu’il s’agit des
évolutions des inégalités liées aux alternances
politiques de 1986, 1988, 1993, 1997 ayant entraîné
des modifications fiscales (CSG, CRDS, impôt sur la
fortune, baisse de l’impôt sur le revenu, prime à
l’emploi…), dans un contexte d’accroissement de la
précarité de l’emploi, et d’un “tassement” continu de la
conscience de classe.
Source
:
Diapos
Présentation réalisée par
Pascal Binet à partir de la
conclusion de l’article de
Louis Chauvel “Le retour
2000
des
classes
sociales”,Revue
de
Inégalités
l’OFCE
n°79,Octobre
2001
+
57. D- Une relativisation de la disparition de la
conscience de classe
Intensité des
identités
« Victoire du prolétariat »
« Classes en soi et pour soi »
F 1970
F 1950
EU 1960
F 1890
EU 1940
F 1982
EU 1890
EU 1920
F 1830
EU 1980
F 2000
« Société sans classes »
EU 2000
« Aliénation »
Intensité des inégalités
Note : les points représentent la France et les Etats-Unis à différentes dates. Les positions sont relatives et restituent
l’idée de dynamiques générales de différentes périodes.
60. A- Une chute de la syndicalisation très
inégale
1. Opérez une typologie
des pays en fonction du taux
de syndicalisation
2. Quels sont les modèles
que vous pouvez faire
Apparaître ?
3. Pouvez-vous en conclure
À l’existence d’une crise
Globale du syndicalisme?
62. 1- Constat
Le taux de
syndicalisation
Est-il
Le seul à
Prendre en
Compte pour
Analyser la
Crise du
Syndicalisme ?
Comment
expliquez vous les
Différences
de classements de
La France entre
Les deux
Graphiques ?
64. 1- Constat
1. A partir de l’analyse du tableau montrez que la syndicalisation est très
différente de celle que l’on présente généralement .
2. A priori quelle est la catégorie sociale dont le taux de syndicalisation
est le plus fort ?
65. 2 - Explications
Le rôle des syndicats, en tant qu'organismes de gestion et de régulation, ne peut que s'accroître.
Dès aujourd'hui, les tâches de représentation dans l'entreprise, mais surtout dans une multitude
d'institutions économiques et sociales, absorbent d'ailleurs l'essentiel du temps des militants et des
permanents, dans le secteur privé comme dans le secteur public. [...] On recense ainsi près de 12000
administrateurs syndicaux dans les caisses primaires d'assurance maladie et dans les caisses
d'allocations familiales ; 10000 conseillers prud'hommes; des milliers de représentants syndicaux dans
les organismes chargés de l'emploi, de la formation, du logement, des retraites. [...]
La représentation dans l'entreprise est d'un autre ordre. [...] Les syndicats sont considérés, dans ce
cadre, comme des acteurs sociaux en interaction avec d'autres acteurs (les directions d'entreprise), ils
s'insèrent dans un système de relations professionnelles construit autour de conflits et de négociation.
[...]
Dans un cas, le syndicat est un acteur propre autonome, participant à la régulation des rapports sociaux.
[...]
Dans l'autre, il joue le rôle d'une sorte de « fonctionnaire du social », exerçant des tâches d'intérêt
général.
Source : Pierre ROSANVALLON, La question syndicale Hachette Littératures, collection Pluriel, 1998.
Comment P Rosanvallon explique t’il les mutations que
connaît le syndicalisme français ?
66. Le syndicalisme d’aujourd’hui : un
régulateur social ?
C’est un régulateur social :
Il permet de signaler à l’employeur l’ampleur du mécontentement donc
d’anticiper les grèves (en particulier en Allemagne)
Il encadre les grèves et « sait les terminer »...
Il n’est pas un maximisateur de gains à CT : il sait que la relation sociale doit
durer…et que l’intérêt de tous est que l’entreprise soit compétitive
Il évite les situations d’anomie en précisant, comme le soulignaient les
sociologues anglais Allan Flanders et Alan Fox (1965), « ce qui est juste et ce
qui est injuste, quelles sont les revendications et les espérances légitimes,
quelles sont celles qui passent la mesure »
Mais surtout il est un gestionnaire qui participe à la gestion de la sécurité
sociale : la cogestion avec les organisations patronales
67. :
Mais aussi… C’est un co-décideur
Il participe à la fixation des règles du travail
Il fait respecter les engagements
C’est un contre-pouvoir :
il l’oblige l’employeur à affiner ses décisions, mieux les instruire
Il introduit des valeurs (citoyenneté, droit au travail, dignité, respect de la
personne humaine),
oblige l’employeur à respecter ses engagements
Il oblige l’employeur à rechercher des solutions techniques,
organisationnelles ou commerciales, de façon à maintenir un haut degré de
productivité et de compétitivité.
68. IV –Une critique de l’analyse d’Olson
Il n’y a pas seulement une rationalité économique du gréviste : il peut
vouloir affirmer sa dignité, sa solidarité de métier, sa sympathie envers un
collègue, il peut agir par colère, etc.
Il existe aussi une rationalité en valeurs : prendre le risque de perdre, ou
sacrifier un bien, au nom d’une morale, d’un projet, d’une idéologie
D’où une rationalité d’ensemble : le gréviste sait que sa grève sert à
maintenir une pression sur l’employeur, donc sur les autres employeurs ; et
que les grèves des autres salariés servent également à maintenir la pression,
etc.
69. Il existe donc une rationalité de l’action collective,
au-delà des rationalités individuelles. De quoi
procède-t-elle ?
1) L’intérêt individuel. L’action collective produit des biens
individuels : le syndicat offre à ses adhérents et à eux seuls des
conseils juridiques, des services sociaux et de loisir. L’individu a
donc intérêt à adhérer pour bénéficier de ces avantages.
2) L’interdépendance des décisions. Tout le monde sait que s’il
n’y a pas assez de grévistes le jour dit, personne n’obtiendra rien...
3) La visibilité des actions individuelles. Ne pas faire grève et
rester travailler dans l’atelier, c’est s’exposer. Une « roulante » se
chargera de « faire débrayer » (= d’obliger les salariés à quitter de
gré ou de force leur poste de travail...)
70. Mais aussi…
4) La solidarité, la communauté. Le groupe social est soudé (« les copains
d’abord ! ») et chacun veille à maintenir cette solidarité...
5) L’adhésion à un projet, une idée. Dans la conception anarchosyndicaliste cela correspond au mythe du grand soir de la grève générale
6) La contrainte, la pression morale. Les individus pensent « ne pas
pouvoir se défiler » et anticipent la fin de la grève, quand il s’agira de
retourner travailler dans l’atelier...
Conclusion : l’action collective est plus qu’une alliance d’intérêts, elle
repose sur des liens sociaux, une contrainte morale, non réductibles au
calcul...