La pierre de Volvic est une roche volcanique qui fut très utilisée dans les constructions notamment dans les environs de Clermont-Ferrand et de Riom (Puy-de-Dôme - France).
Elle a une couleur gris clair. Elle provient en très grande partie des mines et carrières proches de la commune de Volvic (Puy-de-Dôme).
2. Mon histoire commence au Puy de la Nugère, près de Volvic.
Il y a environ 12000 ans, je suis né après une éruption violente
de gaz, cendres et roches en fusion.
3. Mon berceau était là, dans le cratère du volcan
et j’y suis resté, oublié de tous
pendant des milliers d’années.
4. Mais en 1248, Dieu m’a pris « en sa sainte garde » puisque
Hugues de la Tour, évêque de Clermont, décide la
construction d’une cathédrale, inspirée de la Sainte Chapelle.
Il me choisit, moi, Pierre de Volvic, déjà réputé dans la région.
5. J’ai été très honoré de la visite de Saint Louis
qui est venu ici pour marier son fils !
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7. Les travaux ont duré des siècles puisque c’est seulement
Viollet le Duc qui apportera la touche finale…
à la fin du 19° siècle.
8. Depuis des siècles, je ne suis plus en repos: on me frappe,
on me casse, on m’arrache de mon berceau natal
dans des mines qui se visitent encore.
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10. Tout le monde me réclame, alors on m’exploite
désormais au grand jour.
Je suis entré dans la carrière…
12. En 1752, le naturaliste Guettard m’examine, me soupèse
et me baptise « Trachy Andésite » mais pour les Auvergnats,
je suis et je reste Pierre de Volvic.
13. A partir de 1812, un polytechnicien,
le comte de Chabrol, s’intéresse à moi et me fait
connaître Paris. On invente même des machines
pour répondre à la demande de plus en plus forte.
14. Désormais, on me réclame partout,
je me sens très « exploité »
mais pas au point d’ouvrir des mines à ciel ouvert !
15. Je suis sombre, il est vrai, mais aux âmes bien nées,
la valeur peut attendre le nombre des années !
Depuis le 19° siècle, j’ai été invité partout.
16. Toute la Basse-Auvergne me veut pour ses maisons,
ses immeubles, ses monuments aux morts,
ses fontaines. Je participe à tous les actes de la vie.
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19. Même là ! J’abrite les Auvergnats temporairement…
… ou définitivement.
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21. Et quand on ne peut pas m’inviter,
on fait quand même semblant !
22. Aujourd’hui, om me traite différemment, j’ai droit à la
mécanisation, ce qui n’a pas changé mon sort final !
23. Après avoir recherché les fissures naturelles, le carrier
me pose des clavettes pour m’extraire proprement,
presque en douceur puisqu’il n’y a pas d’explosif.
24. On me sort avec précaution, puis je passe entre
des mains (plutôt…un marteau ) qui me donne
une forme plus régulière.
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26. Je vivais en paix, en silence et me voilà violenté, scié
(avec des diamants synthétiques malgré tout !),
débité, calibré, et parfois même poli et tout cela
sous une bonne douche.
27. Les plaques fines sont destinées aux dallages,
aux revêtements, à l’émaillage et les épaisses sont
utilisées par l’industrie chimique car même les acides
ne me font pas peur.
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30. Je ne peux pas me plaindre de la douche,
c’est de l’eau de Volvic ! Remarquez que je devais être sale !
Pas de gaspillage, l’eau est décantée, nettoyée et réutilisée.
31. Et maintenant, que va-t-il m’arriver ? On m’invite toujours
car on me fait des compliments : je suis solide, je résiste à
plein de maux, on m’a même dit que je vieillissais bien…
mais est-ce un compliment ? Mon sort est devenu enviable
car je fréquente du beau monde: artistes, restaurateurs de
monuments, graveurs, émailleurs, sculpteurs. Oublié le
temps de la maçonnerie !
34. Les mains habiles des sculpteurs me
façonnent toujours avec les
outils traditionnels.
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36. N’insistez pas ! Vous ne saurez pas comment
des mains habiles arrivent même à me transformer
en dentelle; je deviens souplesse et légèreté…
un comble pour de la pierre !
37. Désormais, moi, pauvre Pierre de Volvic, qui restait dans mon
terroir depuis des siècles, je vais vivre un peu partout
dans le monde grâce au talent
de quelques sculpteurs.
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39. Par la grâce d’un « pierreux », je deviens élancé,
aérien; on vient souvent me saluer et j’en suis
tout ému car j’ai la preuve que l’on ne m’oublie pas.
40. « Rien n’est plus beau mais plus incertain
que l’art par le feu. »
41. J’en vois de toutes les couleurs à cause des terres
et des oxydes métalliques utilisés en émaillage.
42. Je reçois une première couche d’engobe qui bouche mes pores.
Puis je passe au four. Après refroidissement, je subis encore
le pistolet pour la couche d’émail et alors là, c’est le grand
coup de chaud: au moins 6 heures à 980 degrés !
Dire que je résiste à de tels traitements !
43. Non, je ne regrette rien ! Je ne me reconnais plus ainsi habillé.
44. Je reviens en pleine nature, à Chapdes-Beaufort,
à quelques kilomètres de mon lieu de naissance
sous forme de sculptures étranges et belles.
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46. De là, je veille sur ma Chaîne des Puys et pour très longtemps.
48. Mes remerciements à tous ceux qui m’ont aidé pour
cette présentation :
la Maison de la Pierre à Volvic,
l’entreprise Mallet,
Jacques Serre, émailleur sur lave
Thierry Courtadon, sculpteur.
Photos et texte: Jean Pierre Voilhes