On compte 3 milliards d’internautes dans le monde : soit seulement 42 % de la population mondiale! En Afrique, le taux de pénétration Internet s’élève à 26 %. Connecter l’ensemble de la planète à Internet d’ici moins de quinze ans s’avère être un véritable défi, en particulier dans les zones avec un net déficit en infrastructures. Défi ambitieux que de nombreux acteurs s’apprêtent à relever, notamment grâce au satellite.
L'internet par satellite pour éradiquer la fracture numérique - Diane Lawson pour Forbes Afrique Juillet/Aout 2015
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«CETTEINFOGRAPHIEESTISSUEDUSITEUSINE-DIGITALE.FR,LESERVICED’INFORMATIONDERÉFÉRENCEDELATRANSFORMATIONNUMÉRIQUEDESENTREPRISES»
L
’Internet satellitaire désigne
une méthode d’accès et un
mode de diffusion au réseau
Internet par une transmission
par satellite. Il est fourni soit
par un satellite géostationnaire à 35786 km
d’altitude, soit par un satellite à orbite basse.
Une station terrestre reliée aux réseaux de
télécommunication envoie un signal à un
satellite. Ce dernier émet ensuite un signal
qui est reçu par une antenne de réception
satellitaire (ex : antenne parabolique) puis
converti par un modem en signal lisible par
des supports comme les ordinateurs, les
smartphones et les tablettes.
DES AVANTAGES CERTAINS,
MAIS ENCORE LIMITÉS
L’Internet par satellite est utile dans les
régions reculées (ex : rase campagne, mer,
désert, etc.) ou dépourvues d’infrastructures.
L’Internetparsatellite
pour éradiquer
la fracture numérique
On compte 3 milliards d’internautes dans le monde : soit seulement
42 % de la population mondiale ! En Afrique, le taux de pénétration
Internet s’élève à 26 %. Connecter l’ensemble de la planète à Internet
d’ici moins de quinze ans s’avère être un véritable défi, en particulier
dans les zones avec un net déficit en infrastructures. Défi ambitieux que
de nombreux acteurs s’apprêtent à relever, notamment grâce au satellite.
PAR DIANE LAWSON
En effet, il fournit de l’Internet à haut débit
dans des régions ne possédant pas de fibre
optique. Or, les satellites géostationnaires
couvrent la majeure partie du globe.
Toutefois, ils ne résolvent pas le problème
d’accès à Internet à haut débit au niveau
mondial, car ils ne s’adressent qu’aux «clients
aisés». Dans les pays riches, l’Internet par
satellite est un peu redondant avec la fibre
ADSL, sauf dans les zones reculées où la fibre
optique n’est pas disponible. Par ailleurs, le
temps de latence est très long par rapport à la
fibre.
Dans les pays en voie de développement
avec des infrastructures défaillantes,
l’Internet satellitaire règle le problème
d’accès à Internet à haut débit des
entreprises – surtout des PME et des grandes
entreprises – ou des riches particuliers.
Toutefois, il ne règle pas le problème des 58 %
de la population planétaire non connectée à
Internet, cette dernière n’ayant pas d’antenne
réceptrice du signal ni de terminal permettant
de lire ce signal.
L’Internet par satellite et la logistique
partagent le même problème : celui du
«dernier kilomètre*». Ce qui coûte cher,
c’est équiper les zones d’antennes réceptrices
du signal Internet satellitaire. C’est ensuite
acquérir un terminal permettant de traduire
RÉVOLUTION DIGITALEDOSSIER
Vulesmilliardsdedollarsd’investissements
missurlatableparlesgéantsduNetpourrégler
leproblèmedudernierkimomètre,nuldoute
qu’unesolutionestenpassed’êtretrouvée.
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RÉVOLUTION DIGITALEDOSSIER
O3B NETWORKS
Le projet O3B fait référence aux «Other 3 billions» (O3B), soit les trois
milliards d’hommes n’ayant pas accès à Internet. 12 satellites sur les 16
prévus ont déjà été déployés. Ce projet, chiffré à 1,2 Md $, est notamment
financé par Google, l’opérateur satellitaire SES, le câblo-opérateur Liberty
Global et HSBC Principal Investments.
ONEWEB
Richard Branson, le milliardaire entrepreneur britannique à la tête du
groupe Virgin, et Greg Wyler, l’homme d’affaires spécialiste des satellites,
mettront sur orbite une flotte de 648 satellites d’ici 2018.
SPACEX
Ce projet est dirigé par Elon Musk, le fondateur de Paypal et de Tesla
Motors. Celui-ci s’est associé à Google pour lancer 4 000 satellites d’ici cinq
ans, au mieux! Le coût du projet s’élèverait à 10 Mds $ (dont 1 Md $ financé
par Google).
PROJET LOON
Il s’agit d’une initiative financée à 100 % par Google. Elle consiste à
envoyer à 20 km au-dessus de la Terre plusieurs ballons gonflés à l’hélium,
incluant un transmetteur fonctionnant à l’énergie solaire. Chaque ballon
fournit un accès à Internet sur un diamètre de 40 km au sol en utilisant
une technologie de communication sans fil appelée LTE. Il reste dans la
stratosphère pendant au moins 100 jours. Ces ballons présentent l’avantage
considérable suivant : les individus munis d’un téléphone compatible avec
cette technologie peuvent directement se connecter à Internet sans avoir
besoin d’un modem et d’une antenne satellitaire.
LES DRONES SOLAIRES DE FACEBOOK
Ces drones, longs de 28 mètres, voleront à une altitude de 20 km.
Fonctionnant à l’énergie solaire, ils pourront rester dans les airs pendant
plusieurs mois et redescendre sur Terre pour des opérations de
maintenance, de réparation ou de modernisation. Avantage de taille par
rapport aux satellites – qui, une fois lancés, restent dans l’espace!
Plusieurs projets
pour connecter la planète
dans les prochaines années
le signal émis par le récepteur. En d’autres
termes, à quoi sert de diffuser Internet
dans une zone, si on n’a pas les moyens de
se procurer un modem et un smartphone
permettant de lire ce signal?
DES LIMITES SUR LE POINT D’ÊTRE
LEVÉES
Plusieurs initiatives pour connecter
l’ensemble de la planète fleurissent, les
principales étant listées page précédente.
Elles sont financées par les grands acteurs
du Web comme Google, Facebook et Virgin.
Elles devraient être mises en place d’ici
cinq à dix ans. Les avantages procurés sont
considérables.
Parmi ceux-ci, le coût de la transmission
d’Internet du satellite vers une antenne
réceptrice du satellite se trouvera
considérablement réduit notamment grâce à
l’apparition de satellites «low costs». Ainsi
le prix d’un satellite dédié à Internet passera
de 200 M $ à 500000 $. Il convient de noter
toutefois qu’il ne s’agira pas du même type de
satellite : ceux à 200 M $ ont une portée bien
plus grande, sont situés à une altitude plus
haute et ont davantage d’applications.
Par ailleurs ces nouveaux satellites
auront une altitude plus basse (1 200 km vs
35 786 km), ce qui réduira considérablement
le temps de latence. Enfin, parce qu’un
microsatellite peut fournir Internet à une
vingtaine de villages, les opérateurs locaux
seront davantage à même de s’équiper
d’antennes de réception satellitaire.
Mais, ces initiatives ne résolvent que
très partiellement le problème du «dernier
kilomètre». Néanmoins, vu les milliards de
dollars d’investissements mis sur la table par
les géants du Net, nul doute qu’une solution à
ce problème est en passe d’être trouvée.
Le monde entier devrait d’ici quinze ans
avoir accès à Internet à haut débit. On peut
considérer que ces initiatives ne sont sans
doute pas rentables. Les acteurs comme
Google et Facebook investissent à coups de
milliards dans l’Internet par satellite, non
pas parce qu’ils comptent récupérer leur
mise directement en résolvant le problème
d’accès à Internet, mais parce qu’ils ont
absolument besoin d’avoir les meilleures
couvertures et accès à Internet possibles pour
tout l’écosystème de leurs services. En effet,
l’utilisation de Google et Facebook par les
individus du monde entier, les Clouds, Google
cars… nécessitent un bon accès à Internet.
Le but de ces acteurs étant d’exploiter les
données utilisateurs du monde entier, afin de
générer in fine des profits.
* Dernière partie du transport de marchandises entre
le départ du dernier centre de transit et la livraison à
la porte du client final. Le dernier kilomètre est le plus
complexe à gérer, vu le nombre et la dispersion des
points de livraison. Il est le plus onéreux : au fur et à
mesure que le produit se rapproche de son destinataire
final, le coût unitaire de transport augmente.