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Qstp pcs correction rédigée
1. QSTP 1er ES, DS du 23 janvier, Proposition de correction
Sujet :
Après avoir rappelé l’intérêt des Professions et Catégories Socioprofessionnelles (PCS) pour rendre
compte des inégalités économiques et sociales, vous montrerez les limites de cet instrument pour
l’étude des inégalités.
NB1. Dans une copie de bac, le plan ne doit pas apparaître (ni les mots « introduction » et
« conclusion »). Le plan est ici apparent à titre pédagogique. Dans la même idée, les notions en
italiques ne sont inscrites qu’à titre indicatif.
NB2. Cette proposition de correction est une forme de but à atteindre dans la perspective du bac (et
qui d’ailleurs dépasse nettement les 3 pages requises…)
Rassurez-vous, il vous reste encore du temps…
Introduction
Pour étudier la réalité économique et sociale, les sociologues, les économistes mais aussi les hommes
politiques et les citoyens ont besoin d’outils de mesure fiables et efficaces. Elaborée pour la première
fois en 1954 par l’INSEE puis modernisée en 1982, la nomenclature des Professions et Catégories
socioprofessionnelles (PCS) est couramment utilisée pour mesurer les inégalités économiques et
sociales aujourd’hui en France (accroche).
La nomenclature des PCS est un outil de classification de l’ensemble de la population en un nombre
restreint de groupes présentant chacun une certaine homogénéité sociale. Pour atteindre cet objectif
d’« homogénéité sociale », la nomenclature des PCS se base sur de nombreux critères : profession
individuelle, statut de l’emploi, niveau de qualification, secteur d’activité, etc. Cette grille est donc
« multidimensionnelle ». Les PCS ont deux utilités principales : la mesure de la structure sociale et de
son évolution d’une part et la mesure des inégalités économiques, sociales et culturelles d’autre part
(définition des termes forts du sujet).
Pour rendre compte des inégalités économiques et sociales en France aujourd’hui, quels sont les
intérêts et les limites de la nomenclature des PCS ? (problématique avec reprise des termes du sujet +
cadre spatio-temporel)
Pour répondre à cette question, nous nous pencherons d’abord sur les intérêts de la nomenclature des
PCS pour rendre compte des inégalités. Puis, dans un second temps, nous étudierons les limites que les
PCS peuvent présenter pour appréhender les inégalités de toute nature (annonce du plan).
1. Les intérêts de la nomenclature des PCS pour rendre compte des inégalités économiques et
sociales (Quels sont les intérêts (les avantages) de la nomenclature des PCS pour rendre
compte des inégalités économiques et sociales ?)
La nomenclature des PCS permet de rendre compte les inégalités de toute nature. Nous verrons dans
cette première partie que cet instrument permet une mesure des inégalités économiques d’une part
(1.1) et des inégalités sociales et culturelles d’autre part (1.2) (introduction partielle, chapô).
1.1] La nomenclature des PCS permet de mesurer les inégalités économiques (Document 1)
1.1.1] La nomenclature des PCS permet de mettre en évidence les inégalités en termes de niveau de
vie, c’est-à-dire en termes de revenu disponible
La nomenclature des PCS nous permet de mesurer de manière précise les inégalités économiques entre
les différents groupes socioprofessionnels. Par exemple, selon l’INSEE en 2004, un cadre a un revenu
moyen presque 2 fois plus élevé qu’un ouvrier (document 1, Q2).
1.1.2] La nomenclature des PCS permet également de rendre compte des inégalités entre GSP en
termes de pauvreté
Grace aux PCS, on constate par exemple que seulement 2,1 % des cadres vivent en dessous du seuil de
pauvreté (Q1) contre 12,6 % des ouvriers, 15,6 % des ACCE (GSP 2) et presque 1 agriculteur
exploitant sur 3. Rappelons que le seuil de pauvreté correspond à 60% du revenu médian (c’est-à-dire
1
2. le revenu tel que 50% de la population étudiée dispose d’un revenu disponible supérieur et 50%
dispose d’un revenu inférieur).
Les chiffres cités plus haut nous permettent de constater l’importance de l’emploi pour échapper à la
pauvreté. En effet, une personne faisant partie du GSP n°3 a peu de chances de tomber dans la
pauvreté tandis qu’un membre du GSP n°1 a une probabilité de 1 sur 3 de se trouver dans cette
situation (document 1). L’appartenance à tel ou tel groupe permet donc de « se protéger » contre la
pauvreté monétaire.
1.1.3] La nomenclature des PCS permet de mesurer les conséquences sociales de ces inégalités de
revenus avec le taux de départ en vacances
Les départs en vacances semblent largement conditionnés par le revenu des ménages. Un ménage
« pauvre » ne partira pas en vacances tandis qu’un ménage favorisé partira en vacances.
En effet, on constate que moins de la moitié des ouvriers (48%) sont partis en vacances en 2004,
contre 90% des CPIS. (document 1). Le revenu semble donc avoir une importance significative pour
expliquer le taux de départ en vacances de chaque GSP.
1.2] La nomenclature des PCS permet de mesurer les inégalités sociales et culturelles (Document 1)
1.2.1] L’existence et la persistance d’inégalités sociales et culturelles ne s’expliquent pas uniquement
par les inégalités économiques
Le sociologue français Pierre Bourdieu a mis notamment en évidence le fait qu’il existe des « cultures
de classes ». Par exemple, les CPIS vont davantage au cinéma que les ouvriers ou les agriculteurs
exploitants par ce qu’ils ont les moyens de se payer ces sorties mais également parce que c’est dans la
« culture du groupe cadre » (transmis lors du processus de socialisation). On constate donc qu’en
2006, 82 % des cadres sont allées au moins une fois au cinéma contre seulement 46% des ouvriers et
39 % des agriculteurs exploitants (document 1). La nomenclature des PCS nous permet également de
voir que les inégalités de niveau de vie n’expliquent pas nécessairement les inégalités sociales (Q3).
Par exemple alors que les employés (16 594€) et les ouvriers (15 062€) ont un niveau de vie proche,
leurs taux de départ en vacances respectifs sont assez différents : 63% pour les employés et 48% pour
les ouvriers (soit un écart de 15 points de %) (document 2, Q3).
Toujours selon P.Bourdieu, les inégalités scolaires entre fils de cadres et fils d’ouvriers ne s’expliquent
pas seulement par les inégalités de revenus mais aussi et surtout par une adéquation ou, au contraire,
un écart entre la culture scolaire et la culture familiale. Selon Bourdieu, il semble donc que le fait de
disposer d’un capital culturel élevé favorise la réussite scolaire (le capital économique étant ici
secondaire).
1.2.2] La nomenclature des PCS mesure les inégalités sociales
En France, la Sécurité Sociale permet de réduire largement les inégalités économiques pour les
dépenses de santé. Or, on constate qu’en moyenne, à 35 ans, il reste 39 ans à vivre pour les ouvriers
contre 43,5 ans pour les agriculteurs exploitants alors même que ces derniers disposent du niveau de
vie moyen le plus faible de tous les GSP (document 1). Les PCS permettent donc de mettre en
évidence ces inégalités devant la mort qui s’expliquent notamment par la pénibilité du travail et le
mode de vie des groupes socioprofessionnels (on retrouve ici, une nouvelle fois, l’idée de la « culture
de classe »).
Ainsi, la nomenclature des PCS permet de rendre compte des inégalités qu’elles soient économiques
(inégalités de niveau de vie, de taux de pauvreté etc.) ou sociales et culturelles (espérance de vie,
accès à l’Internet etc.). Cet outil produit par l’INSEE permet également de mettre en évidence le fait
que les inégalités sociales et culturelles ne sont pas toutes déterminées par des inégalités en termes de
niveau de vie. Nous pouvons prendre l’exemple des sorties au cinéma (conclusion partielle).
La nomenclature des PCS constitue un outil multidimensionnel qui permet de mettre en évidence de
nombreuses inégalités qu’elles soient économiques, sociales ou culturelles (1). Toutefois, les PCS ont
tendance aujourd’hui en France à « cacher » certaines inégalités (2 ; transition).
2
3. 2. Les limites de la nomenclature des PCS pour rendre compte des inégalités économiques et
sociales (Quels sont les limites de la nomenclature des PCS pour rendre compte des inégalités
économiques et sociales ?)
Dans cette deuxième partie, nous verrons que la nomenclature des PCS présente un certain nombre de
limites pour rendre compte des inégalités économiques et sociales. Elle n’intègre pas les évolutions
récentes du marché du travail et de la population active (2.1). De plus, la nomenclature des PCS
mesure mal les inégalités qui résultent de différences sociodémographiques (2.2) (introduction
partielle, chapô).
2.1] La nomenclature des PCS n’intègre pas les évolutions récentes du marché du travail et de la
population active (Document 2)
2.1.1] La nomenclature des PCS ne mesure pas la stabilité (ou l’instabilité) des emplois
La nomenclature des PCS qui fut inventé en 1954 et modernisée en 1982 semble de plus en plus
incapable de rendre compte des inégalités « récentes ». Il y a une vingtaine d’années le chômage et la
précarité de l’emploi étaient des phénomènes réels mais relativement rares. Or, aujourd’hui, la France
connaît un chômage de masse (plus ou moins 2,5 millions de chômeurs pour un taux de chômage qui
peine à descendre en dessous de 9 % de la population active) et un processus de précarisation des
emplois (augmentation de la part des emplois précaires dans l’emploi total, Q4). On peut désormais
distinguer des actifs « stables » (ceux qui occupent un emploi-type, c’est-à-dire un contrat à durée
indéterminée à temps plein) et des actifs « vulnérables » (ceux qui occupent des emplois précaires,
c’est-à-dire « instables » comme les contrats à durée déterminée, les missions d’intérim, temps partiel
subi, etc.) (Document 2, Q5). Ces inégalités au niveau de la vulnérabilité face au chômage sont à la
source de nombreuses autres inégalités. Or, la nomenclature des PCS ne rend pas compte de cet état de
fait. Les GSP comptabilisent à la fois les actifs occupés et les chômeurs (qui sont classés dans la CSP
de leur emploi précédent). De plus, la grille ne nous donne aucune information sur la stabilité de
l’emploi (CDD ou CDI).
2.1.2] Les groupes socioprofessionnels semblent de plus en plus hétérogènes
Comme nous l’indiquions en introduction, l’objectif de la nomenclature des PCS est de former des
groupes « présentant une certaine homogénéité sociale ». Or, on constate de plus en plus que certains
groupes socioprofessionnels se caractérisent par leur… hétérogénéité. C’est, par exemple, le cas du
GSP n°5 des employés qui est défini par la négative : c’est un groupe d’actifs qui ne sont ni cadres, ni
ouvriers, ni professions intermédiaires (Paul Bouffartigue parle du groupe des « ni-ni »). A l’intérieur
de ce groupe, l’hétérogénéité est criante : quoi de commun entre un sous-officier de la gendarmerie et
une marchande de chaussures ? Autant de situations qui traduisent des réalités socio-économiques très
différentes. On parle parfois « d’îlots » qui forment l’ « archipel » des ouvriers.
2.1.3] Les différences en termes de qualification ne sont pas mesurées à l’intérieur de chaque GSP, le
cas des employés
De plus, la tertiarisation de l’économie fait que le GSP des employés englobe de plus en plus d’actifs
qualifiés ou non. C’est pourtant bien ce critère de la qualification qui explique les « discordances
grandissantes » (document 2) à l’intérieur du GSP n°5. La nomenclature des PCS est muette sur la
question des disparités de qualification à l’intérieur de chaque groupe (document 2).
2.2] La nomenclature des PCS ne mesure pas toutes les inégalités et notamment celles qui résultent de
critères sociodémographiques (Document 3)
Les inégalités en termes d’âge, d’origine, de genre (document 3) mais aussi de lieu de résidence ou
d’origine sociale ne sont pas prises en compte dans la construction même des PCS. Pourtant, ces
critères expliquent de nombreuses inégalités et discriminations. Par exemple, les hommes (quelque
soit leur âge ou leur origine) ont un taux de chômage de 8,1% contre 9,6 % pour les femmes, soit un
écart de 1,5 points de pourcentage (document 3). Les « non immigrés » ont un taux de chômage de
8,2% contre un taux de chômage de 15,5 % pour les « immigrés ». Les moins de 39 ans ont un taux de
3
4. chômage plus élevé (9%) que les tranches d’âges supérieures (6,4% pour les 40 à 49 ans ; 6,0% pour
les 50 ou plus) (document 3, Q6).
Par un croisement de données, il est néanmoins possible de mettre en évidence ces inégalités. Par
exemple, on sait que les taux de chômage des employés est plus important que pour le reste de la
population. Or, on sait que ¾ des membres de ce groupe socioprofessionnel sont des femmes.
Toutefois, une partie de ces inégalités s’expliquent par des discriminations (consciences ou
inconscientes) que ne peuvent pas mettre en exergue directement la nomenclature des PCS sans un
travail statistique supplémentaire et fastidieux. Finalement, les PCS peine à montrer la globalité du
caractère sélectif du chômage.
Ainsi, la nomenclature des PCS ne semble pas pouvoir rendre compte de toutes les inégalités
économiques et sociales. Elle peine notamment à mettre en lumière la précarisation des emplois qui
touche le marché du travail français depuis les années 80. De plus, son objectif affiché de former des
groupes homogènes semble peu rempli (c’est le cas du GSP des employés). Par exemple, les inégalités
en termes de qualification à l’intérieur de chaque groupe ne sont pas (ou mal) prises en compte. Enfin,
la nomenclature des PCS ne montre pas les inégalités consécutives à des différences
sociodémographiques comme l’âge, le genre ou l’origine (conclusion partielle).
Conclusion
Ainsi, pour rendre compte des inégalités économiques et sociales, la nomenclature des PCS présente
des intérêts évidents (1). La nomenclature permet de mesurer correctement les inégalités économiques
entre les différents groupes socioprofessionnels (en termes de niveau de vie par unité de
consommation, de taux de pauvreté, de départs en vacances etc. ; 1.1) mais aussi les inégalités sociales
et culturelles (espérance de vie à 35 ans, accès à l’Internet, sorties au cinéma etc. ; 1.2). Les PCS
permettent de voir notamment que les inégalités économiques n’expliquent pas toutes les inégalités
sociales et culturelles (Q3). Toutefois, les PCS présentent un certain nombre de limites (2). Par
exemple, elles n’intègrent pas les mutations récentes du marché du travail et de la population active
française (chômage de masse, hausse du niveau général de qualification, etc. 2.1). De plus, son objectif
de former des groupes « socialement homogènes » semble de moins en moins bien atteint (cas du GSP
des employés par exemple, 2.1.2). Enfin, la nomenclature des PCS ne permet pas d’appréhender toutes
les inégalités existantes aujourd’hui en France. Le genre, l’origine ou l’âge sont des critères
sociodémographiques qui ne sont pas (ou mal) pris en compte par les PCS alors que les taux de
chômage des femmes, des immigrés et des jeunes sont supérieurs à la moyenne… (2.2). La
nomenclature des PCS, outil de mesure aujourd’hui très utilisé en France, a donc des défauts
importants... (Bilan/résumé/réponse à la question).
Face aux limites que nous venons d’évoquer, nous pouvons nous demander si l’usage de la
nomenclature des PCS pour l’étude des inégalités ne doit pas être complété par d’autres outils de
mesure et si une harmonisation européenne (voire internationale) ne doit pas être envisagée…
(Ouverture)
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