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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Chers amis lecteurs,
Oh non ! Ce n’est pas le Montcalm qu’on voit derrière moi mais mes
chères montagnes sœurs, le Grand et le Petit Péric, dans le Massif
du Carlit (Pyrénées Orientales) à 80 km à l’Est du Montcalm. La
photo a été prise 3 jours après le Marathon, au sommet du Mont
Llaret, station des Angles, là où j’ai préparé cette course. Je n’avais
pas d’image me montrant avec le Montcalm derrière. Alors…
Voici mon 46eme récit de course en BD (*) fondé sur des photos que
je prends en course.
Depuis quelques années, en raison du poids des ans, l’objet de ces
récits, pour ce qui me concerne, pourrait se limiter à, surtout dans
les trails de montagne : va-t-il franchir à temps les barrières
horaires ? Heureusement, qu’il y a, dans la course, bien d’autres
sujets plus passionnants à montrer en image et en texte :
• les courageux compagnons de route qui luttent aussi pour terminer
la course,
• les formidables organisateurs qui ont sué sang et eau pour monter
la course et les merveilleux bénévoles serviables et encore
souriants au passage du dernier coureur,
• et bien entendu, les fabuleux paysages.
Atomic Abuel JF (pseudo « kikourou »).
Les Ulis (91), le 15 octobre 2013
(*) Les 45 autres récits de ce type sont accessibles sur le site de mon club :
http://www.jdmbures.fr/
Auzat, département de l’Ariège, est une jolie petite ville de la vallée du Vicdessos, torrent dévalant du
nord au sud depuis la barrière des hauts sommets pyrénéens jusqu’à la vallée de l’Ariège. La vallée du
Vicdessos souffre de la perte, il y a 10 ans, de l’industrie centenaire de l’aluminium. Mais comme disait
Napoléon, «l’Ariège produit du fer et des hommes». Le courage ne manque pas dans la vallée, ses habitants
sauront trouver d’autres ressources.
Photo Wikipédia.
Ceux d’Auzat ont maintenu, même dans ce temps de crise, leur superbe et terrible épreuve : le « Marathon
du Montcalm ».
Le parcours consiste à aller
d’Auzat (700 m) au sommet du
Montcalm (3077m)
puis
au
sommet voisin de la Pique d’Estats
(3143m) et de revenir, au fond de
la vallée, par le même chemin. Le
dénivelé positif est de 2580 m.
Les 10 premiers km (et les 10
derniers) se courent, en pente
douce, dans la vallée du Vicdessos
sur des petites routes, des
chemins pavés et des sentiers
d’herbe tendre au bord de la
rivière. En revanche, les 10 km qui
conduisent aux deux sommets et
qui en reviennent sont très
pentus et de plus en plus
« techniques » à mesure qu’on
s’approche des sommets. En bien
des passages, la piste disparait
dans les rochers, les moraines et
les névés. On choisit alors son
chemin entre 2 rangs de rubalise
distants d’une dizaine de mètres.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
La carte du parcours tracé par l’organisation.
J’ai déjà eu le plaisir de
courir le « Montcalm », il y
20 ans et il y a 10 ans.
En ces temps là, la course
ne faisait que 35 km, elle
partait du pied de la
montagne à la chapelle de
Marc, l’arrivée se faisait
néanmoins à Auzat.
J’étais bien plus rapide que
maintenant, j’avais mis,
• en 1992, 4h36, à un peu
plus d’une heure du
premier,
• en 2002, 5h37, à 2h15 du
premier.
J’avais, déjà, été stupéfait
de la vitesse des gens dans
les descentes au dessus du
refuge Pinet. Tout le monde
me doublait. Dans la vallée
sur mon terrain, j’avais
cependant repris beaucoup
de monde.
Atomic JF, pas encore
grand-père
(Abuel),
au
Montcalm en 2002.
Comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, je pratique depuis longtemps
(de moins en moins bien) le « Skyrunning » sans le savoir, découvrant lors de mon inscription
que le Marathon du Montcalm avait été dans cette discipline, le support du championnat de
France en 2011 et d’une des 9 épreuves du « Skyrunning World Series » en 2012.
L’Association Française de Skyrunning (AFS) a vu le jour le 16 juillet 2010. Elle est gérée
par Corine Favre et Marc Villa. Au temps où je courrais encore assez bien (1999) j’ai eu
l’honneur d’avoir accompagné Corine une bonne trentaine de minutes sur un chemin de
Maurienne (Fortiche de Maurienne) puis de l’avoir rappelée alors qu’elle s’était engagée sur
une fausse piste, le balisage du parcours ayant été déplacé par un malfaisant.
Entre autres choses l’AFS a défini les épreuves de course à pieds se pratiquant en montagne.
Une course de skyrunning doit à minima passer au moins une fois la barre des 2000 m d'altitude. La
difficulté de progression ne dépasse le grade II° de l’escalade et l'inclinaison ne dépasse pas 40%. Les
bâtons de ski et les mains peuvent être utilisés pour aider la progression.
Plusieurs disciplines dans le Skyrunning :
1/ Skymarathon ® - Courses avec un minimum de 2000 m de dénivelé total et entre 30 km & 42 km de
long. Le parcours peut être sur des chemins, sentiers, des moraines, rocher ou de la neige (asphalte dans
une proportion inférieure à 15% sur la totalité). Le parcours peut atteindre ou dépasser les 4.000 m
d'altitude.
2/ ULTRA Skymarathon ® - Courses qui dépassent les paramètres d'un Skymarathon de plus de 5%.
3/ SkyRace ® - Courses entre 2000 m et 4000 m d'altitude, un minimum de 20 km de long - maximum 30
km (5% de tolérance admis). Dans les pays où l'altitude ne parvient pas à un sommet de 2000 m, les
parcours qui dépassent 1300 m de montée verticale peut être considéré comme une SkyRace ®.
4/ Vertical Kilometer ® - Courses avec 1000 m de montée verticale sur un terrain, avec distance ne
dépassant pas cinq kilomètres de longueur.
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Chapitre 2
D’Auzat au parking de
Lartigue
Gymnase d’Auzat, le 17 août 2013 à 6h du matin. Peu de monde : juste
les gens de l’organisation et quelques coureurs. Je suis arrivé très tôt
parce que partant de loin (120 bornes de routes), je préférais avoir
une bonne marge.
Dénivelé positif : 463 m
Longueur : 10,2 km.
45 minutes plus tard, tous les coureurs étaient là pour entendre les conseils de l’organisation. Et des
conseils, il y en avait vu la difficulté du parcours.
Cette année, nous avons beaucoup de neige. Les passages les
plus délicats ont été sécurisés. Nous avons creusé des
tranchés et posés des mains courantes.
6h50, en route vers la ligne de départ, à quelques centaines de
pas du gymnase. Il faisait doux et humide. Le ciel était couvert.
De gauche à droite, Didier et Bruno, les bons V2 en rouge qui ont fait respectivement 6h02 et 6h50, et
Christophe (en vert) qui a bouclé le parcours en 8h53.
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
6h55, tout le monde était rassemblé derrière la ligne de départ. Comme à mon habitude, depuis 10 ans, je
me tenais respectueusement à quelques pas en retrait. Il ne s’agissait pas de gêner des gens avec ma
foulée lente.
7h00, le départ. Nous étions environ 360 coureurs. Aïe ! La lumière était trop faible, sous le ciel bas, pour
faire une bonne photo.
7h05, sortie d’Auzat. Trop tôt : la lumière 7h11, sur la route. Mon réglage ne fut pas terrible. De plus
était encore mauvaise. Il a fallu que je règle le temps de m’y employer m’a mis derrière le serre-file. Il
l’appareil photo.
ne n’a pas du aimer qu’un gars soit déjà derrière lui.
En effet ! Je suis quand même
responsable des gens de la course.
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
7h19, toujours sur la route. J’ai remonté doucement les
gens de l’arrière du peloton jusqu’à Gilbert de Limoux
(8h14). Chez lui, au moins, il y a de belles longues côtes
pour s’entraîner.
Gilbert m’a d’ailleurs lâché à l’entrée du
premier sentier, quelques instants plus tard.
Nous en étions alors au 3éme km de la course.
Coup d’œil en arrière avant de prendre le sentier. Me suivaient alors,
Bruno qui hélas n’a pas pu franchir à temps une barrière horaire et le
jeune Alain (8h26).
Nous attendait une jolie petite
montée raide de 400 m de
dénivelé.
L’Aqueduc : un joli passage de
près de 3 km de long !
Ravito de l’Aqueduc atteint après 48 minutes de course. Le sourire du
jeune Florent (9h18) a salué le papy photographe. Je le verrai souvent.
Mon passé de marathonien me
permettait de suivre, sans peine,
le train sur cette piste lisse et
horizontale.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Et même de doubler l’ami Alain, sympathique papy toulousain que je
devinais meilleur que moi en montée vue qu’il m’a, non seulement, parlé
de ses petits enfants mais aussi de ses entraînements dans les
montagnes basques et de ses courses de montagnes, un peu partout.
Alain m’a en effet lâché dès le
premier raidillon qu’on a trouvé à
la sortie de l’aqueduc, à Remoul
après 1h17 de course.
Le sprint, c’était pour la photo ?
Le toulousain a couru le marathon
en 8h26. Il a surtout creusé
l’écart en montée.
Parking de Lartigue, 8h29 (1h29 de course). J’avais une grosse marge de 23 minutes sur la barrière
horaire. Mais 463 m de montée en 10 km n’avaient pas été une redoutable épreuve physique.
Les jeunes Maxime (8h59) et
Sébastien
(9h14)
que
j’ai
longtemps vus et Alain souriant.
Vue sur la table de ravito et des gens avec lesquels j’ai partagé la
montée dont la jolie et originale Nathalie (8h34). On voit plus loin
pourquoi.
Encore le
paparazzi !
Deux verres d’eau, le plein d’eau dans mon bidon et 2 pâtes de fruits.
Pas pensé à mes habituelles bananes. Etrange !
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Chapitre 3
On débute la montée par de grandes dalles lissées par les glaciers..
Du parking de Lartigue au
refuge Pinet
Dénivelé positif : 1040 m,
Longueur : 5,6 km.
Jean, le catalan, n’a pas pu monter assez vite. Certain que quelques
ascensions de plus du Canigou, ma montagne d’enfance, tout près de
chez lui, devraient lui permettre de boucler le Marathon de 2014.
De mes 2 courses précédentes j’avais gardé le souvenir vif
du chemin de terre, tout en lacets et souvent pavé de
racines et de cailloux pointus qui escalade le bois de
hêtres de Fontanal.
Après 1h48 de course, dans la foulée de
Christophe. J’étais un peu revenu sur Alain.
Expérimenté ou audacieux ! Alain était parti
sans aucun sac à dos (pour vêtements de pluie
et de rechange et ravito), ni bidon !
Un papy au maillot bleu et sans dossard apparent montait
derrière moi suivi de Christophe (8h54) et de la jeune
Clarisse (9h02). Ce papy était acclamé par beaucoup de
bénévoles. C’était donc un local. Il est arrivé au Montcalm
3 min derrière moi. Un seul coureur est dans ce cas :
Gérard (8h48). J’ai donc nommé ainsi, le papy en haut bleu.
10 min plus tard, j’étais toujours
dans les pas de Christophe et
d’Alain. Mauvaise lumière, photo
pas nette. Dommage le bois est
magnifique !
Après encore 5 minutes de montée de plus, Gérard et Clarisse me
suivaient toujours de près.
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Il nous a fallu 40 minutes pour
traverser le bois en entrer dans
les alpages. Les sommets étaient
encore cachés par un épais
brouillard mais des taches de
soleil remontaient de la vallée
plus vite que nous.
Devant,
le
peloton
était
dorénavant très étiré sur le
sentier. Sébastien me précédait
alors de quelques pas.
Sur mes talons, il y avait à cet instant : Gérard et 2 filles, au fond, la
jeune corse Sandrine (8h34) et devant, Nathalie s’aidant à la montée
de deux mauvais bâtons ramassés dans le bois.
Mes bâtons ne me coutent rien.
Pas besoin à la descente. Je les
abandonne en haut.
Ravito du Pla Nouzeres (altitude : 1680 m) atteint à 9h24 en compagnie de mes 3 compagnons du moment.
Nous y avons retrouvé Alain, Florent et Christophe. A droite, les sympathiques Dominique et Loïc, unis dans
la vie et le trail.
Le sourire de la dame bénévole
abreuvant les coureurs. Elle est
aussi venue à pieds, elle !
Je me suis contenté de 2 verres d’eau et, encore, d’une pâte de fruit.
Clarisse atteignait le ravito quand je le quittais après 1 minute d’arrêt.
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L’arrêt au stand avait rebattu les cartes. Dans la sévère montée qui se
poursuivait, Gérard et Sandrine étaient maintenant à plus de 50 pas
devant moi. Je suivais Christophe de loin. Arrêté, Fabrice (8h42)
réglait un souci technique.
Coup d’œil en arrière, 8 minutes
plus haut, tout près, 2 nouveaux
venus, sur mes talons : Yves qui
s’est fait arrêter par la barrière
du col 2900 et Joël à la
casquette blanche (8h20).
2h26 de course ça grimpait toujours dur dans les alpages. En
contrebas, il y avait Nathalie s’aidant de ses branches et Clarisse,
autre style, les bras ballants.
Au même instant, devant, je
voyais
encore
Gérard
et
Sandrine.
4 minutes plus tard, il y avait encore 20 traileurs visibles devant moi,
les plus proches étant respectivement Gérard et Sandrine.
J’étais alors suivi d’Yves, bientôt
rattrapé par Joël et Nathalie.
Clarisse restait à distance.
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2h39 de course, l’étang Sourd (altitude 1937 m). Enfin un changement de paysage et de rythme. La course
à pieds convient mieux à l’ancien marathonien que je suis (50 marathons de route) : je rattrapais Gérard.
Derrière, Nathalie était seule
visible, avec puisque qu’on était
en plat, son fagot de branches à
la main.
Des bénévoles avaient planté
leurs tentes au bord de l’étang.
Le soir, à Auzat, ils ont raconté
combien l’orage avait été fort
dans cette montagne la nuit
d’avant la course.
10 minutes plus tard, la jolie
dame aux bâtons originaux était
maintenant toute proche du papy
photographe. Joël revenait sur
moi, lui aussi.
Au bout de l’étang, il y avait un
petit ravito en eau, non indiqué
sur ma feuille de route.
Qu’importe ! Un verre d’eau
fraiche était le bienvenu même
s’il ne faisait pas bien chaud.
L’une des personnes du ravito
était la photographe officielle qui
a fait le portrait de tous ceux qui
montaient et des plus rapides qui
descendaient.
Photo Hélène Dagues.
J’ai pris la photo 2 minutes avant d’atteindre un autre ravito en eau
non indiqué.
Petite chronique de la course de la fin du peloton : derrière moi, la
fille en noir (Clarisse) avait doublé le gars en blanc (Joël).
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Les gens du ravito « sauvage »
m’avaient indiqué qu’il y avait
juste une barre de 200 m de haut
à franchir pour rejoindre le
ravito officiel du refuge Pinet.
Pas que moi qui prend des photos
en course, le jeune Rémi montrait
la file clairsemée des traileurs
s’enfonçant
dans
la
brume
lumineuse des hauteurs.
J’ai fait toute la dernière
grimpette menant au refuge avec
Nathalie sur mes talons en
serrant les dents pour rester
devant.
Un gars équipé de superbes
bâtons en fibre de carbone
n’allait quand même pas laisser
passer une dame s’appuyant sur
de mauvaises branches…du moins
avant le ravito.
Pauvre Rémi, il a eu un coup de mou dans la seconde partie de la
montée qui l’a mis hors délai.
Un jeune « kikourou » comme toi saura relever vite et bien le défit du
Montcalm.
10h10, enfin, le refuge Pinet (altitude 2224 m) et sa drôle de
silhouette d’objet en papier plié. Que 20 min d’avance sur la barrière !
J’ai rejoint François l’Angevin dans la petite descente conduisant aux
tables du ravito. Pauvre François, il n’a pas pu franchir à temps, d’une
poignée de minutes, la barrière horaire du Montcalm.
J’avoue avoir attendu un peu que
Nathalie quitte le ravito pour
partir derrière elle, afin qu’elle
ne me double pas en course.
Beaucoup de jeunesse pour servir les traileurs. Merci les enfants ! Il
vous a fallu non seulement monter à pieds jusque là mais aussi endurer
une nuit d’orage, effrayant à cette altitude.
Vieille attitude « macho ». J’avais
fait de même au marathon de
Paris en 1980 (le terrible
marathon des mairies) en laissant
filer la première dame, Gillan
Adams, au dernier ravito. Nous
allions plus vite qu’au Montcalm,
j’avais fait 2h50.
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Chapitre 4
Du refuge Pinet au sommet
de la Pique d’Estats.
Le refuge Pinet marque la fin des alpages, plus haut c’est un monde de
plus en plus minéral à mesure qu’on s’élève. La piste attaque d’abord de
gros rochers polis par les glaciers où elle se perd souvent. 2 rangs de
rubalise posés sur la roche montrent alors la zone de passage.
Dénivelé positif : 1080 m,
Dénivelé négatif : 177 m
Longueur : 6,4 km.
Dans les pas de Nathalie, j’ai vite rejoint le jeune Maxime perdu de vu
en quittant le ravito du parking de Lartigue, 1h40 plus tôt.
Sachant que le Pinet est à mi-montée et que les
premiers allaient deux fois plus vite que nous, je
pensais voir rapidement la tête de course après
avoir quitté le refuge.
Le deuxième, Bes, jeune espagnol de Giron comme le
premier, était à moins de 30 secondes. Il a mis 30
secondes de plus que Marc pour faire le grand aller
et retour. L’affaire s’est même réglée au sprint.
En effet, nous montions sur les rochers lisses
depuis 3 minutes à peine que le premier de la
course, Marc (4h19), a déboulé. Quelle vitesse !
Quelle aisance ! C’est donc ça le skyrunning !
Nouvel handicap pour notre progression que je
n’avais pas encore connu en course ! Ces jeunes gens
étaient si rapides et si déterminés qu’il fallait leur
laisser la piste étroite à l’avance et attendre qu’ils
soient passés pour reprendre notre course.
Le troisième, Maxime, un jeune gars du Tarn, nous a laissé grimper 7
minutes. Il a su conserver sa place jusqu’à Auzat (4h33).
Le quatrième, un jeune catalan au
prénom impossible, est passé 3
minutes plus tard (4h38).
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Ce n’est pas pour pousser mais
pour m’équilibrer.
Juste après, il y avait un faux
plat descendant. A plus de 2000
m d’altitude, je suis très mauvais
dans ce type de passage. Pierre
et Pascale (9h01), revenue aussi
de l’arrière m’y ont aussitôt
lâché.
Un peut follement, j’avais repris la tête du trio, et même rattrapé
Dominique et Loïc quand, au passage d’un ravito non répertorié, Pierre,
le papy souriant avec un seul bâton (8h58), a surgi du brouillard.
Ils ont atteint la zone des névés
20 pas devant mon petit groupe.
Oh que je regrette de n’avoir pas fait l’effort de les suivre !
Barrière de sécurité
Les pelles qui ont servi à
creuser la tranchée
Un contrôleur nous a arrêtés au
moment où je m’apprêtais à suivre
nos amis sur la neige.
L’attente m’a semblé bien longue, même si elle n’a pas excédé une
grosse minute.
Stop ! Les coureurs
montant laissent passer
les coureurs descendant.
Evidement ! Vu qu’ils descendaient
le mors aux dents, il ne fallait pas
risquer une collision dans ce
passage étroit.
Nathalie a profité du répit pour photographier la scène et Marc
(9h08) pour nous rattraper.
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Nous avons donc eu le temps de
voir venir (de loin) et passer
(vite), Dani Erena, le jeune
espagnol (5h01) et…..
Nil, le très jeune Catalan qui a terminé premier des « Espoirs » en
4h55.
J’ai repris l’ascension en tête d’un petit peloton.
Six minutes après le premier névé nous avons trouvé un agréable petit
ravito en eau. Merci aux courageux bénévoles préposés au poste pour
avoir aussi bravé le brouillard froid.
Je conduisais la dance devant mes
amis du moment.
Il fallait de temps à autres laissé
passer un cabri humain.
Comme le jeune Gilles (5h19).
Il m’arrivait même, folie, de leur prendre une dizaine de pas, comme
dans le raidillon qui est en aval de l’étang du Montcalm.
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Etang du Montcalm (2560 m), atteint à 10h57, en même temps que le soleil. Aïe ! Plus que 17 minutes
d’avance sur le coureur le plus lent. J’ai pris le temps de boire un verre d’eau mais pas celui de remplir mon
bidon. Quelle erreur !
Pas très loin devant, je voyais encore les amis Pierre, Pascale et Marc qui s’étaient arrêtés là encore moins
longtemps que moi.
Du ravito ont ne voyait pas le sommet du Montcalm mais un contrefort, la pointe du Montcalm. La piste
tourne à droite au bout du lac pour franchir une sévère barre rocheuse (on utilise des prises de mains).
Gros coup de mou dans ce canyon très pentu de neige et de roche, plus
de forces et les ischios-jambiers de ma jambe droite qui menaçaient
de se prendre en crampe, si je persistais dans mes exigences.
Il a fallu aussi recharger la
machine par deux bonbons mous à
la menthe et toute l’eau du bidon.
Il a donc fallu ralentir le rythme et l’allure. Tous les gens devant
lesquels je montais depuis le refuge Pinet m’ont laissé derrière eux.
Heureusement, la pente générale
moins forte et les fréquents
névés rendaient, ensuite, la
marche plus facile. Même s’il
fallait souvent quitter la trace
pour la laisser à un descendeur.
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Plus haut, je retrouvais le monde de neige et de rocher, des balades d’été qu’on trouvait dans les Pyrénées
Centrales dans les années 1970 dès qu’on franchissait l’altitude de 2500 m.
De la neige ! J’ai réalisé que j’avais de bons bâtons et que je ne suis encore pas trop mauvais en ski de rando
nordique. Pourquoi ne pas ne pas profiter de ces avantages !
A l’occasion de la traversée des nombreux névés, le papy est revenu en
15 min à la hauteur de ses compagnons de la montée dans les rochers.
Puis Nathalie, mais je pense
qu’elle m’a un peu attendu pour la
photo.
J’ai, d’abord, rejoint Dominique et Loïc.
11h37, le 1er sommet était en vue.
Sur la neige, j’ai aussi rejoint
Florent (9h01) qui m’avait passé
pendant mon coup de barre et sur
Joël.
Mais dès qu’on passait sur les cailloux, tout le monde me rattrapait à
nouveau. Ainsi Sébastien et Maxime.
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Heureusement
des
coureurs
descendant les arrêtaient, me
permettant de rester dans leurs
pas.
Passage du jeune local Philippe
(7h02).
Ravito du Col 2900 (en contrebas du col) atteint à 11h43.
J’ai juste pris le temps d’avaler un verre d’eau. Ce n’était pas assez.
Col 2900 atteint à 11h49 derrière Maxime et Pascale, tandis que Dominique et Loïc étaient déjà sur la
pente de cailloux conduisant au sommet. C’était une minute de retard sur le coureur le plus lent. Sans doute
une erreur du topo parce qu’il ne restait plus que 177 m à grimper pour atteindre le sommet et 29 minutes
pour les faire. Moins de 15 minutes, si je ne coinçais pas.
Dans l’autre sens, parmi les traileurs ayant déjà conquis le Montcalm, Alain passait tout juste le col. Avec
un chapeau. Il avait quand même emmené quelque chose avec lui.
Photo côté Catalan en souvenir de mon cher Beau-père, Pierre, disparu depuis peu et de son ami Henri.
Pierre, passionné des montagnes pyrénéennes les avait parcourues de 1938 à 2012. Les 2 amis sont montés
à la Pica par ce vallon en juillet 85. Pyrénéiste-Cartographe, Henri a vérifié l’altitude de tous les sommets
des Pyrénées susceptibles d’être supérieures à 3000 m (il en a trouvé 329). Pour le remercier de cet
énorme travail, les instances concernées ont donné le nom d’Henri à 2 pics de plus de 3000 m près du Mont
Perdu (dans le Parque nacional de Ordesa y Monte Perdido) : les pics Baudrimont.
Pierre
Henri
Ces 2 hommes m’ont transmis leur passion de ces montagnes qui m’a conduit à les parcourir autant que je
peux (en courant à l’occasion) sur des chemins et non par des voies d’escalades comme ils pouvaient le faire.
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Depuis le col, je voyais presque tous mes compagnons de la montée sur
le chemin du sommet: Pascale, Florent, Yves, Dominique, Loïc…
Sommet du Montcalm (3077 m)
atteint à 12h04 à 16 minutes
seulement de la fermeture de la
barrière.
Plus pris de photos avant le sommet, j’avais une barrière horaire à
passer en étant en limite de crampe et d’hypoglycémie. Je me
reprochais d’avoir négligé mon alimentation, tellement j’avais été
occupé par l’effort, le jeu de course et les photos.
Atomic (Abuel) JF photographié
par un bénévole (que je remercie).
Mes lunettes qui foncent toutes
seules au soleil, étaient tellement
noires que je devais regarder
par-dessus pour y voir.
Ces chers et courageux bénévoles contrôleurs nous ont fait part de
leur hâte de fermer la barrière pour rentrer au chaud dans la vallée.
Ils avaient passé 2 nuits et une journée dans la montagne à nous
attendre. Néanmoins encore serviables, ils nous ont donné leur
dernière part de fromage que j’ai partagée avec un traileur (peut-être
Yves).
J’ai aussi pris le temps de faire le
portrait de Nathalie, conquérante
de l’inutile avec des bâtons
rustiques.
Il était temps de repartir pour l’autre 3000 du Marathon, la Pique
d’Estats. Pascale et Florent étaient déjà en chemin, Emily et Damien
s’apprêtaient à les suivre avec le sourire.
Je laisserai
mes bâtons à
la Pique.
J’ai cru quitter le sommet le dernier de la course. Cette place me
convenait depuis qu’elle fut mienne lors du Tour des Glaciers de la
Vanoise de 2012. On s’habitue à tout ! Cependant, quatre amis sont
encore passés derrière moi avant la fermeture de la barrière dont
Gérard et Clarisse.
19. 19
Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
J’ai déjà mentionné combien je suis lent en course au dessus de 2000
m d’altitude. A 3000 m c’est, évidement, pire encore.
Avant même d’avoir quitté le plateau sommitale, tout le monde avait
largué le papy photographe, en dépit de ses efforts.
A 500 pas du sommet, j’ai croisé
le serre-file à 12h05. Il avait un
peu d’avance pour arriver à 12h20
au sommet.
Au bord du plateau, Gérard
finissait la montée. Il pouvait
encore franchir la barrière à
temps.
Il l’a fait.
Dommage que le jeu m’empêchait de m’arrêter pour admirer la vue.
Tu vois bien que
tu pouvais le
faire.
Il n’a pas oublié son petit mot
d’encouragement.
Merci
au
« Maillot Jaune ».
J’avais beau forcer l’allure en soufflant comme une vieille loco à
vapeur, les copains creusaient un écart de plus en plus grand.
J’ai seulement rattrapé Nathalie
quand elle a fait le plein de sa
poche à eau.
Telle des fourmis ayant trouvé du sucre sur la table allant le chercher
pour le ramener à la fourmilière, une file de traileurs montaient et
descendaient le chemin conduisant au sommet de la Pique. .
Que j’ai eu tord de ne pas en
faire autant ! 50 pas plus loin une
crampe aux ischios me clouaient
sur le chemin pendant 3 min.
La jambe droite douloureuse, je me trainais sur le chemin désert
menant à la piste des fourmis. Je pensais ne pas pouvoir monter à la
Pique si je ne trouvais pas de l’eau avant cette piste.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
A ma droite s’enfonçait le vallon de la descente. Il y avait toujours du
monde sur le chemin filant vers le bas.
Aller, le dernier
en course ! Il
faut y croire.
Mes sauveurs ! Ils m’ont donné un
verre d’eau agrémenté du contenu
d’un petit sachet de sel de
cuisine. Horrible, mais efficace.
Le sommet n’est
pas loin. Tu le
feras !
Merci à Bi Glai, le toulousain
(9h06)
ses
encouragements
furent vraiment les bienvenus.
C’est encore solitaire et dernier que j’ai entamé l’escalade les blocs
rocheux entre 2 rangs de rubalise montrant le chemin du sommet.
Attentif à ne pas forcer sur ma jambe abimée, je n’ai pas beaucoup
levé le nez pendant l’épisode. Pas vu les amis qui descendaient.
Atomic (Abuel) JF photographié par un aimable bénévole au sommet
de la Pique d’Estats (3143 m), à son arrivée à 12h33. 17 minutes
d’avance sur le temps du plus lent. Finalement, sa traversée entre les
deux sommets ne fut pas aussi mauvaise qu’il le pensait.
Ni même, ceux que je doublais
dont Fabrice et Sébastien.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Chapitre 5
Du sommet de la Pique
d’Estats au refuge Pinet
Comme au sommet du Montcalm, j’ai quitté, quasiment le dernier, (*) le
sommet de la Pique. Que m’importait, il suffisait maintenant de
trottiner jusqu’en bas pour terminer la course dans les temps. J’ai
pensé, à tord, que le serre-file me demandait d’accélérer pour rentrer
chez lui plus tôt. Je n’avais pas réalisé que les barrières horaires
étaient aussi sévères à la descente qu’à la montée.
Plus vite ! Il ne faut pas
maintenant s’endormir
dans la descente.
Dénivelé négatif : 903 m
Longueur : 4,9 km.
(*) En fait 5 coureurs étaient encore
derrière moi quand j’ai quitté le
sommet la Pique d’Estats.
Le chemin, beaucoup plus lisse que celui que nous avions suivi de l’autre côte du vallon pour monter, me
permis, sinon de courir, du moins de trottiner. J’ai même, ce qui m’a surpris, doublé et lâché, Sébastien,
l’homme au bandeau et quelques autres traileurs.
En revanche, Fabrice, a superbement avalé la pente. J’étais encore sur le chemin qu’il avait déjà descendu
les 2 premiers névés. Dans sa foulée, il y avait un homme au maillot bleu. Il est probable que c’était Gérard
le papy sans dossard visible.
J’avais conservé un souvenir
« frais » de ma descente des
névés en 1992 et 2002 en les
terminant sur le séant. En 2013,
plus lent et moins efficace, je
suis resté debout.
J’étais maintenant suivi de Sébastien et de 4 autres coureurs sur la
piste. Ouah ! Il n’était pas dernier le papy.
22. Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Plongée sur le ravito d’avant le col
par un éboulis de grosses pierres
instables et coupantes. Pas à
l’aise Abuel JF !
Le chemin du Montcalm était
barré par une rubalise et les gens
du ravito mettaient les reliquats
des repas dans de grands sacs
poubelles. On fermait !
Ca passe mieux à
gauche, il y a deux
marches.
Ecœuré par les sucreries de la montée et pensant avoir moins besoins
d’énergie, j’avais changé de régime alimentaire : plus que des trucs
salés dont du saucisson si il en restait.
Mauvais souvenirs de
dévissages.
Des passages délicats m’ont effrayé, comme celui qui fait longer de
grands névés pentus. J’ai beau aimé ces montagnes, je ne suis pas un
assez vrai pyrénéiste pour apprécier ces endroits.
C’est seulement après 20 minutes de descente depuis le ravito du col
2900 que j’ai enfin revu un traileur devant moi.
Merci à l’organisation pour avoir
mis des conseillers aux passages
les plus « techniques ».
Arrivé à 12h58 à un beau point de vue sur le vallon du refuge Pinet. Dommage que le brouillard empêchait de
voir plus bas. Sur la zone au soleil, la piste était encore ponctuée des silhouettes sautillantes de traileurs
descendants.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Et les silhouettes immobiles des
contrôleurs.
17 minutes après l’avoir vu pour la
première fois j’ai revu le traileur
de devant.
Trop pressé de le rejoindre, j’ai
coincé un bâton entre 2 gros
cailloux. Je l’ai lâché pour ne pas
le casser et déséquilibré me suis
assis brutalement.
Ca a fait mal et mon bâton libéré
a fait un grand bond en l’air avec
un bruit de corde d’arc lâchée.
Etang du Montcalm atteint à 13h20. Deux traileurs à nouveau derrière moi, dont Sébastien, engagés dans
un passage délicat de plusieurs pas d’escalade en descente.
J’aurais du jeter un œil sur mon tableau des temps de passage pour constater que je n’avais plus alors que 3
minutes d’avance sur le coureurs le plus lent.
La sympathique et rustique table du ravito. Savoureux le saucisson !
J’ai rattrapé un peu plus bas le
gars que je suivais depuis 40
minutes.
C’était Yves, celui qui montait
derrière moi au Pinet. Arrivé trop
tard au ravito du Col 2900, il a
été orienté vers la Pique d’Estats,
sans son dossard.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Le magnifique étang d’Estats qui était encore très enneigé la mi-août passée est en contrebas du chemin.
18 min après le ravito de l’étang
du Montcalm, j’ai retrouvé les 2
névés, où, lors de la montée, nous
avions du attendre pour les
traverser que les premiers
passent.
Pour moi, il n’y avait plus personne montant ou descendant, excepté
des bénévoles transis et un peu las.
4 minutes après la traversée du névé du bas je me suis retourné pour
voir mes amis poursuivant. Lâchés ! Marrant de constater combien
j’étais à l’aise sur la neige cette année alors que l’an dernier je fus
mauvais au possible dans le Tour des Glaciers de la Vanoise.
13h45, plein de monde sur le
replat qui domine l’étang et le
refuge du Pinet. Mais c’était des
randonneurs
étrangers
aux
épreuves du Montcalm.
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
13h47. Enfin le refuge du Pinet en vue. Il ne restait qu’à descendre sur les dalles lisses. Heureusement
qu’elles étaient sèches.
La silhouette d’un traileur vêtu de noir se découpait sur la vallée, Clarisse ?
Bas de la zone des rochers lisses, début, enfin des sentiers d’alpage. Le contrôleur était sur le point de
terminer son poste.
Ravito du refuge du Pinet, atteint à 13h51. Si j’avais regardé mon tableau des temps de passage j’aurais
constaté c’étais tout juste l’horaire du coureur le plus lent. Mais, ignorant cela, je ne m’inquiétais pas, dans
la mesure où le serre-file n’était pas en vue. 2 verres d’eau et rien d’autre, ils n’avaient plus de saucisson.
Vue des lieux au moment de mon départ. Un jeune coureur vêtu de rouge, Mehdi, attendait que s’estompe
ses douleurs aux cuisses. J’ai eu, plus tard, l’occasion de lui demander la raison de son arrêt. Arrivaient
alors, les parisiens, Xavier (haut rouge) qui a terminé en 9h14 et Pascal (en noir) qui n’a pas pu, quel
dommage, passer à temps la barrière de Lartigue.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Chapitre 6
Le bord du plat du Pinet offre une belle vue sur la presque totalité de
la descente dans les alpages. Pas un seul coureur n’était visible sur la
piste de terre.
Du refuge Pinet au parking
de Lartigue
Dénivelé négatif : 1040 m
Longueur : 5,6 km.
Enfin ! On pouvait vraiment courir sur ce chemin. Je n’avais pas fait
100 pas que j’aperçus 2 traileurs dont l’un peinait manifestement.
C’étaient les jeunes Emily et
Damien que j’avais vu au sommet
du Montcalm.
La pauvre Emily avait du mal à
avancer. Ils se sont arrêtés à
Lartigue.
Dans le troupeau, seules 2 vaches regardaient encore passer le coureur. Reconnaissons que cela doit être
lassant, à la longue, de voir, depuis le matin, passer près de 400 humains dans un sens puis dans l’autre.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
L’étang Sourd et un bénévole contrôleur assis contemplant la vallée. Las, lui aussi ?
Toujours pas inquiet du temps qui
me restait avant la prochaine
barrière, je rêvassais le long de
l’Etang Sourd.
Il m’a vite distancé dans la plongée vers Pla Nouzeres. Mais quelle
mouche l’avait donc piqué ? Lui qui m’avait suivi à distance pendant
toute la descente de la Pique au refuge Pinet.
Mais pourquoi estil soudain si
pressé.
Quand, Xavier, entrevu au ravito
du Pinet, m’a passé à grande
allure. Je ne l’avais ni entendu, ni
vu venir.
Je l’ai su 15 minutes plus tard.
14h20, ravito du Pla Nouzeres en vue, Xavier était déjà reparti.
On s’agitait autour du ravito. Un hélicoptère venait embarquer nos
déchets de course. Amusant et contrariant à la fois, le vent des pales
de la machine a aspiré les assiettes de la table en un superbe
tourbillon de soucoupes blanches qui sont allées ensuite voleter plus
bas dans la vallée.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Bientôt à
Lartigue.
Je descendais les lacets du chemin d’un petit trot tranquille en
songeant à m’arrêter pour faire une photo nette du bois, le feuillage
dense rendant la lumière mauvaise, quand on m’a interpelé de l’arrière.
Oh le photographe !
Je suis entré dans le bois de
Fontanal à 14h31.
C’était Florent et Sébastien qui, soudainement, revenaient vite sur
moi.
On a le serre-file aux fesses. Il a
dit qu’il nous arrêterait à Lartique
si on y passe après 15 h !
Florent et Sébastien portent le même nom, ils sont frères ou cousins
et courent ensemble. Partager en famille un même sport c’est sympa.
Bon sang mais c’est bien sûr !
Aurait dit le commissaire Bourel
au temps de la TV en noir et
blanc. C’est donc pour cette
raison que l’ami Xavier était si
pressé. Et moi qui n’avais pas
regardé le tableau des temps de
passage depuis la Pique d’Estats.
Quel Couillon ! Un coup d’œil !
Catastrophe la barrière était à
15h et il était 14h39 ! Mon GPS
indiquait qu’il restait un peu plus
de 2 km à faire. Sachant que ces
appareils sous-estiment souvent
la distance sur les chemins en
lacets serrés et que celui du bois
n’est pas du tout « roulant », il n’y
avait plus un instant à perdre.
Piqué à mon tour par la mouche de
Xavier, je suis parti comme un
fou dans la descente en hurlant
qu’on me suive. J’ai ainsi rattrapé
une demi-douzaine de traileurs
dont Dominique, Loïc et Bi Glaï.
14h55, parking de Lartigue. C’était juste pour moi et plus encore pour ceux que j’avais doublés en les
enjoignant à prendre ma foulée. Mais ils ont tous pu passer la barrière à temps. Ouf ! Pas pris de photos
pendant ma folle descente, évidement.
J’ai pareillement sprinté pour franchir de justesse une barrière horaire après avoir musardé, lors du Tour
des Glaciers de la Vanoise en 2012 et, récemment, au Trail des Aiguilles Rouges 2013. L’âge venu, il
semblerait que, naturellement, je n’accepte de plus de me « faire mal » en descente et en plat en montagne.
Néanmoins j’ai conservé, du moins pour un temps, l’aptitude à aller vite. Pas efficace n’est-ce pas !
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Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Chapitre 7
Du parking de Lartigue à
l’arrivée à Auzat
10 km en 1h25 sur des petites
routes et de chemins de vallée
pour être classé, devait être à ma
portée même s’il faisait chaud.
Juste après, je franchissais
l’Artigues devant mes 2 amis de
course.
Dénivelé négatif : 463 m
Distance : 10 km
Maintenant que je
suis qualifié pour le
dernier tronçon, je
fini tranquille.
J’ai osé un petit 11 km/h sur la
route en faux plat descendant. 10
min après le ravito, j’ai rejoint
Xavier, plus pressé du tout.
Derrière nous venait le catalan
Solanilla que je ne souvenais pas
avoir encore vu de près.
12 minutes après avoir quitté le parking de Lartigue, je rattrapai
Sébastien que je n’avais vu partir avant moi. Solanilla était toujours là.
C’est bon, maintenant, je finirai le
Montcalm dans les délais.
15h09, Chapelle de Marc. Ouah ! Le topo me donnait maintenant 13 min
d’avance sur le coureur le plus lent. 8 min gagnées en 2,7 km. Je suis
meilleur sur la route que dans les chemins. Ce n’est pas un mystère.
Mais je préfère les chemins, quand même. Pas un mystère non plus.
Souvenir ! C’est là où se donnait le départ au temps où la course ne
faisait que 35 km et que j’allais vite.
15h08. Mehdi m’a passé
trombe. Il revenait de loin.
en
Le maillot jaune m’a
rejoint dans les
alpages. Alors tant pis
pour mes cuisses en
bois. J’ai accéléré.
Mehdi a fait un ravitaillement de
marathon olympique : le verre
d’eau ramassé à la volé. J’ai pris à
peine moins de temps pour le
mien. N’empêche qu’à la sortie
l’écart s’était encore creusé.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Le parcours a quitté la petite route pour nous conduire sur un doux chemin d’herbe au bord du Vicdessos.
J’allais moins vite (ou moins lentement si on veut), mais c’était tellement plus confortable et plus frais.
15h15, ravito non répertorié (Ourre ?).
La route vers l’arrivée devint
moins facile.
Une petite route montante sous
le chaud soleil, nous a conduits à
un hameau fleuri (Ourre?). Mehdi
s’y est bloqué, je suis passé
devant.
J’ai rattrapé là, un Mehdi grimaçant.
15h23, ravito du pont de Gers. 15 minutes d’avance. Tout allait bien
sauf les cuisses de Mehdi.
Très mal aux
cuisses.
Le parcours a ensuite emprunté
un chemin ombragé bordé de
murets de pierre, très mal pavé
en bien des endroits.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Mon jeune compagnon était en
difficulté
sur
ces
mauvais
passages. Je suis passé devant.
Juste après, un panneau signalait qu’il ne restait
plus que 4 km à faire.
4 km, c’est l’affaire de
25 minutes au plus.
J’ai distancé Mehdi quand il a du
s’arrêter pour retirer une épine
de sa chaussette.
15h40 Ravito de Massada. Plus que 13 minutes d’avance, les pavés ne
m’avaient pas réussi.
Inquiet de ma perte de temps,
j’ai cherché à maintenir, ensuite,
une aussi bonne vitesse que
possible dans le joli chemin creux
qui nous était offert.
J’y ai rejoint Nathalie dont j’avais repéré le bandana aux couleurs de
la Catalogne dès le départ d’Auzat, ce matin.
Nathalie suivait. J’ai compris de
ses brèves explications que la
pauvre avait eu des mésaventures
dont une chute sur le dos qui la
gênait beaucoup pour courir.
Nathalie n’a pas été classée. Elle
était derrière moi à la barrière
du Pinet à la montée. A-t-elle
franchi trop tard la barrière du
Montcalm ?
15h59, Ravito de Capunta. 14 minutes d’avance. Ca s’arrangeait un peu
pour moi.
Merci à la joyeuse bande de mamies et de papys qui tenaient la
boutique pour leurs sourires et leurs encouragements.
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Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Retour sur la route d’Auzat.
Joie ! J’entendais la sono de
l’arrivée. Trop mal au dos,
Nathalie n’a pas tenu mon petit
12km/h.
Merci aux derniers contrôleurs et à tous ceux qui les ont précédés sur
la route du Montcalm.
Je dois résister au
retour du copain.
Derrière, noir de tenue et de
peau, l’ami Bi Glaï au grand
sourire revenait vite.
Ruelle d’Auzat, on m’indique qu’au
bout il faut tourner à droite.
J’ai osé me retourner pour voir
Mehdi et Bi Glaï, revenir vers moi
dans un sprint débridé.
Trop tard, j’ai conservé 4 petites
secondes d’avance sur mes amis.
Mon temps, pas terrible, fut de 9h 5 min et 54 sec mais je fais quand
même 17 minutes de mieux que le coureur le plus lent du tableau des
passages. J’ai donc gagné 12 minutes sur lui depuis Lartigue
274 coureurs ont été classés (je
suis 262eme) sur 365 inscrits, ce
qui fait 26 % d’abandon ou de
mise hors délai. C’est quand même
beaucoup pour une course de
spécialistes.
La vitesse minimale exigée pour la
montée, 540 m/h, entre Lartigue
et le sommet du Montcalm ne m’a
pas étonné En revanche, celui de
la descente m’a impressionné :
près de 900 m/h.
J’ai été très heureux de voir que
presque tous les gens avec
lesquels j’ai partagé la descente
ont été classés, Florent, Loïc,
Dominique, Xavier, Sébastien,
Solanilla, Marc, Bi Glaï et Mehdi.
Il n’y a que les jeunes Emily et
Damien ainsi que Pascal qui n’ont
pas fini.
Etonnant que je n’aie pas cessé
de naviguer dans ce groupe entre
la première et la dernière place.
Le meilleur moment de
la course. Je donne
tout ce qui reste.
33. 33
Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Chapitre 8
Conclusion
Félicitations
Et remerciements
Le Syrunning c’est super : à chaque instant dans les descentes, on risque la
fracture, ou l’entorse mais on court dans des paysage fabuleux, entouré de
compagnons de course amicaux et servis par des bénévoles attentifs, dévoués et
souriants. Alors on y retourne, tant qu’on peut encore.
On sait qu’une telle course se joue dans la descente. Le logo de l’AFS montre,
d’ailleurs, un coureur dévalant une pente. Il est aussi évident que descendre vite
demande des qualités physiques qui ne sont pas nécessaires à la course en plaine
comme le marathon de route : force des cuisses, légèreté, souplesse, précision
du pas, excellente coordination des mouvements, justesse de la vision, justesse
des jugements…. Ces qualités sont comme toujours en partie innées et en partie
acquises par l’entraînement.
Marc, le vainqueur nous a fait, quand il nous a croisés au Pinet, une
démonstration époustouflante de l’art en question. Il n’a mis que 26 minutes
pour aller du Montcalm au Pinet, en passant pas la Pique, ce qui fait une moyenne
de 2500 m/h en descente à 14 km/h. Invraisemblable pour les gens des plaines !
J’ai préparé la course sur des pistes de ski (rouges et noires), c’est bon pour la
montée, mais pas du tout pour la descente. Dans celles du Montcalm, j’avais donc
des choix hésitants, je n’osais pas sauter, je craignais constamment la glissade
ou la chute. Mes descentes d’entraînement avaient, évidement, manqué de
cailloux, de rochers et de barres rocheuses.
Chers amis coureurs des plaines, sachez, si vous ne le saviez pas encore, que la
« course dans le ciel », se prépare surtout en descendant. Il ne vous reste plus
qu’à dévaler, jusqu’à plus soif, les plus moches descentes de votre coin (avec
racines, boue, cailloux, pavés, etc.).
Après mon arrivée, je n’avais plus
le goût et la force de prendre des
photos supplémentaires (j’en avais
pris un peu plus de 200 en route).
Je n’ai donc pas fait de photos
d’ambiance, des vainqueurs et du
repas que j’ai partagé avec de
sympathiques
bénévoles
tout
juste revenus de la montagne. Il
aurait été pourtant de bon ton de
montrer quelque unes de ces
personnes dévouées.
Par bonheur, Gilles, un reporter
photographe local, a réalisé un
magnifique et complet reportage
les courses du Montcalm et leur
préparation et les a montré « en
partage » sur « Google ».
Je me suis donc permis de lui en
emprunter quelques unes pour
illustrer la suite de mon propos.
Merci Gilles.
Je me permets de présenter mes
chaleureuses félicitations à tous
les participants.
En commençant, bien sûr par les
fabuleux premiers de la course
que mes compagnons et moi avons
eu le plaisir et l’honneur de voir
passer dans la descente pendant
que nous montions encore. Quelle
technique ! Quelle classe !
Et puis aux belles et talentueuses
premières dans la pratique du
skyrunning.
Photo Gilles Denjean.
Et aussi aux jeunes.
Photo Gilles Denjean.
Mais c’est Mehdi !
Et aux moins jeunes comme l’ami
Pierre.
Ma seule image du repas : une
bouteille de la nouvelle très bonne
«eau» du Montcalm à base de
raisin fermenté que j’ai apprécié.
34. 34
Le Marathon du Montcalm d’Atomic Abuel JF
Couru dans la vallée du Vicdessos et la montagne d’Auzat, le 17 août 2013
Photo Gilles Denjean.
Merci aux pilotes de l’hélicoptère qui, entre autre choses, a amené le ravitaillement en montagne et a
évacué les déchets.
Merci aux gens qui ont passés au
moins 2 nuits dans la montagne
pour tenir les ravitos, baliser….
Photo
Gilles
Denjean.
Photo Gilles Denjean.
..sécuriser les passages dangereux, contrôler les coureurs, les nourrir
etc.
Merci au maillot jaune, le serre-file de la course, qui a su aussi
encourager et « secouer » les derniers quand il le fallait.
Mille mercis aux réalisateurs et
aux acteurs de la fête que j’ai vus
et à tous ceux que je n’ai pas vus.
Mille mercis à la fabuleuse
organisation de tout cela et à ses
maîtres d’œuvre.
Mille mercis à mes compagnons de
route, à la trentaine que j’ai
montrés et nommés, et aux
autres que j’ai oubliés de montrer
ou que je n’ai pas pu montrer.
Longue vie au Marathon
du Montcalm.
Photo Gilles Denjean.
Comme Florent, rattrapé au Montcalm (lieu de la présente photo) et
au refuge Pinet (il me l’a raconté 1700 m plus bas pendant la course).