Similar a Elections législatives : Les principaux enseignements de l'étude sur le nouveau rapport à la politique du citoyen connecté à l’heure du numérique
Similar a Elections législatives : Les principaux enseignements de l'étude sur le nouveau rapport à la politique du citoyen connecté à l’heure du numérique (20)
Étude économique 2020 | Les Télécoms : premiers acteurs du numérique
Elections législatives : Les principaux enseignements de l'étude sur le nouveau rapport à la politique du citoyen connecté à l’heure du numérique
1. Etre un citoyen connecté pendant les élections législatives
Une enquête ethnographique
2. Notre terrain d’enquête
2
enquêteurs :
Laurence Allard, maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la
Communication à l’Université de Lille 3 – Paris 3/IRCAV
Joëlle Menrath, directrice de Discours & Pratiques
En temps réel pendant la durée de la campagne
Ethnographie digitale : •
•
•
•
Observations sur les réseaux sociaux, forums, blogs, sites de
presse
Analyses de SMS, MMS et photos mobiles
Analyse d’une centaine de mails (associés à des diaporamas)
transférés quotidiennement par nos interviewés
Collecte de tweets, de statuts Facebook et autres contenus
postés sur les réseaux sociaux ( Foursquare, Instagram)
Observations ethnographiques dans les bureaux de vote, les espaces publics
15
entretiens de longue durée auprès de personnes de milieux sociaux contrastés,
8
entretiens avec des personnes déjà rencontrées lors de l’enquête sur les
dont
présidentielles
Une 30aine
3
d’ entretiens à la volée
secteurs géographiques investigués :
Paris et région parisienne, Lisieux et villages alentours, Strasbourg et villages alentours
2
3. 1.
Chez nos interviewés, les pratiques numériques d’expression, de partage et de
recherche d’informations autour des élections se sont raréfiées pendant les
législatives.
Cette baisse d’activité s’explique en premier lieu par le faible intérêt suscité par
ces élections.
En deuxième lieu, elle s’explique par l’idée communément exprimée qu’Internet
et les législatives s’ajustent mal : l’échelon local ne semble pas être représenté
sur l’échelle d’Internet dans l’imaginaire des usagers, qui en oublieraient
presque la richesse de ressources qu’offre cet outil équipant d’ordinaire si
naturellement leur curiosité.
3
4. Chez nos interviewés, les pratiques numériques d’expression,
de partage et de recherche d’informations autour des élections se
sont raréfiées pendant les législatives.
« Les législatives sur Internet, c’est mort. Qu’est ce que tu veux
tweeter sur Claire Morel ? Qui connait Claire Morel ? C’est pas
drôle. C’est juste une élection locale », Traducteur, 40 ans, Paris.
« Je passais mon temps sur mon ordi et mon mobile pour voir des
trucs pendant les présidentielles, je ne fais plus rien pour les
législatives », Corinne, 38 ans, assistante, Lisieux.
« Pour les législatives, il n’y a rien à se mettre sous la dent sur
Internet », Georges, électricien, 57 ans, Souffelweyersheim (67)
« Je ne sais pas si c'est du fait des applications qui existent, mais
je ne fais rien avec ma tablette qui concerne les législatives.
Pourtant mon choix de vote s'était formé sur Internet pour les
présidentielles … », Lucien, diplomate, 51 ans, Paris.
4
5. Deux raisons expliquent cette baisse d’activités numériques
1.
Les élections législatives ont suscité un intérêt
moindre parmi nos interviewés
•
« Les jeux sont faits ! »
Une implication moindre : l’opinion est déjà formée, les
choix déjà faits.
•
« Pour la présidentielle, j’ai regardé jusqu’au
bout, j’ai pas beaucoup dormi cette nuit là. Avec
les législatives, on est un peu fatigué »
« C’était super intense, et là on n’a plus envie »
« Ils devraient faire les deux élections en même
temps »
« Il n’y a rien à se mettre sous la dent »
Une campagne médiatique jugée atone
•
« C’est le contre-coup »
Une lassitude exprimée, après le rythme haletant des
présidentielles
2.
Le périmètre de ces élections se combine mal avec
la vocation prêtée à Internet
•
Internet n’est pas envisagé comme un moyen d’accès au
sujet « législatives ».
•
Cette inadéquation est due à un décalage d’échelle :
l’échelon local semble absent à l’échelle d’Internet.
•
Sur les réseaux sociaux, le sujet « législatives » se prête
mal à des conversations ( par échanges de contenus, par
exemple), en raison de l’hétérogénéité géographique des
contacts.
« C’était déjà plié »
« Le jeu est fait, alors que pour la présidentielle, il
y avait des applis qui nous permettaient de faire
des paris sur les votes »
« C’est pas du ressort d’Internet »
« Je vais pas aller sur Internet pour de l’info
locale »
« Je ne saurai même pas où chercher sur
Internet… »
« Je vais pas aller poster des choses sur mon
député de Schiltigheim sur Facebook ! Ça
intéresse qui ? »
5
6. Comment se traduisent dans les usages ce faible intérêt et cette
perception d’ inadéquation d’échelle ?
6
7. 2.
Les législatives ne donnent pas lieu à des recherches d’informations
exploratoires : ce sont les réseaux d’interconnaissance, ainsi que les
médias locaux, qui véhiculent l’information que l’on juge utile ; c’est la
connaissance générale que l’on a des enjeux nationaux qui rend
acceptable un certain seuil d’ignorance sur les députés locaux.
Si les internautes ne surfent pas sur le sujet « législatives », ils peuvent
se livrer à des requêtes ciblées et ponctuelles, concernant surtout les
résultats et privilégiant alors le format cartographique. Ces pratiques
cartographiques donnent à revisiter les attaches multiples à des
territoires locaux.
7
8. En matière de recherche d’information sur les législatives, …
1.
Les législatives ne se prêtent à la
recherche exploratoire sur Internet
Les informations jugées utiles sont
fournies par les réseaux d’interconnaissance et par
les médias locaux ( journaux papier, panneaux
d’affichages papier, ou numériques, …)
•Les présidentielles avaient donné lieu à des pratiques
d’interconnexion entre les outils numériques,
•…les législatives elles se prêtent plus traditionnellement à
l’échange d’informations fondées sur l’interconnaissance
qui puise à la source conversationnelle
qui est liée à l’historicité du vote
8
9. En matière de recherche d’information sur les législatives, …
1.
Les législatives ne se prêtent à la
recherche exploratoire sur Internet
Les informations jugées utiles sont
fournies par les réseaux d’interconnaissance et par
les médias locaux ( journaux papier, panneaux
d’affichages papier, ou numériques, …)
•Les présidentielles avaient donné lieu à des pratiques
d’interconnexion entre les outils numériques,
•…les législatives elles se prêtent plus traditionnellement à
l’échange d’informations fondées sur l’interconnaissance
qui puise à la source conversationnelle
qui est liée à l’historicité du vote
« Mon député, c’est quelqu’un de bien,
j’en ai entendu parler par mon cousin qui
a travaillé avec lui », Claudine, secrétaire,
45 ans, Lisieux.
« Le député sortant, on le connaît dans le
coin depuis toujours»
« Je le connais en tant que maire donc je
vote pour lui en tant que député »
« Je vote à Lyon et je vis à Paris. A Lyon,
dans tous les cafés, il y a le Progrès qui
traîne. Les législatives sont là partout,
dans l’environnement général. Maintenant
que je suis à Paris, je dois aller chercher
l’info , je ne sais pas quoi chercher ni où
chercher », Charlotte, consultante, 25
ans, Paris.
« C’est pas sur Internet que ça se joue :
c’est autour de moi dans les
conversations, dans les journaux locaux,
et puis nos députés on les connait depuis
10 ans. », Yves, cadre supérieur de santé
dans un hôpital psychiatrique, 42 ans,
Hoerdt (67)
9
10. En matière de recherche d’information sur les législatives, …
1.
Les législatives ne se prêtent à la
recherche exploratoire sur Internet
Les informations jugées utiles sont
fournies par les réseaux d’interconnaissance et par
les médias locaux ( journaux papier, panneaux
d’affichages papier, ou numériques, …)
•Les présidentielles avaient donné lieu à des pratiques
d’interconnexion entre les outils numériques,
•…les législatives elles se prêtent plus traditionnellement à
l’échange d’informations fondées sur l’interconnaissance
qui puise à la source conversationnelle
qui est liée à l’historicité du vote
L’ignorance sur les élections locales
apparaît acceptable, car elle est remédiée par une
connaissance des enjeux nationaux
« Je connais les partis, ça me suffit pour voter »
2. … mais à des requêtes très ponctuelles
et ciblées
Quand elle a lieu, la recherche
d’informations sur les législatives est une
recherche ciblée, où on rentre sur Google un mot
clé : le nom d’un député, le nom de sa ville, le
taux de participation, …
•Le praticien de l’information est alors particulièrement sélectif, et
ne recherche pas l’effet de décryptage des second temps de
l’information.
•Il cherche moins à se faire une opinion qu’à trouver une réponse.
La recherche d’informations se
focalise tout particulièrement sur les résultats, au
lendemain dans des tours, et privilégie alors le
format cartographique.
•Les usages cartographiques d’Internet sont les usages dominants
pendant les législatives.
•C’est le signe que ces élections sont principalement affaire
d’ancrage spatial : ils sont l’occasion d’éprouver ses ancrages
multiples, à travers des pratiques cartographiques.
10
11. Du territoire à la carte :
Dans leurs parcours cartographiques, les internautes peuvent
adopter successivement différentes postures, et éprouver leurs
ancrages multiples
11
13. 2. Le visiteur qui va s’informer sur des régions où il a des
« attaches » ( familiales, amicales, professionnelles, touristiques …)
13
14. 3. Le spectateur des médias : « Mais c’est où, Hénin Beaumont ? »
« Sur les législatives, il y a pas grand-chose à voir
sur Internet : il y a les têtes d’affiche, comme
Hénin Beaumont, par exemple », Jean-Claude,
retraité SNCF, 6 ans, Souffelweyersheim (67)
« Les résultats J’ai regardé ma circonscription,
et les circonscriptions médiatiques, comme
Hénin Beaumont, ça s’arrête là »,
pharmacienne, 52 ans, Paris.
14
15. 4. L’observateur en surplomb qui regarde la France comme un
paysage politique
15
16. 5. Le pédagogue qui transmet un savoir géographique
à travers des récits situés
« Les résultats des législatives, c’était
l’occasion de montrer des choses sur la carte
de France à mon fils : là où je suis né, je suis
allé voir les résultats, par exemple … »,
Bernard, 49 ans, chef d’entreprise, Paris.
16
17. 3.
Les deux campagnes successives des présidentielles ne se sont pas
prêtées aux mêmes modes de réception de l’information.
17
18. Cette nouvelle enquête a élargi et affiné la gamme des rapports à
l’information que nous avions mis en évidence dans le volet
« présidentielle »
En être le
spectateur
Etre un praticien
de l’information
« Quand je regarde un discours en entier à la
télé, pour moi, c’est comme regarder un film,
c’est du spectacle, j’y crois pas une seconde. »
18
19. Cette nouvelle enquête a élargi et affiné la gamme des rapports à
l’information que nous avions mis en évidence dans le volet
« présidentielle »
En être le
spectateur
Etre un praticien
de l’information
« La télé, il faut rester devant »
« Je préfère regarder à ma façon des extraits sur Youtube,
et aller voir les différents liens qui sont proposés sur la page »
19
20. Les législatives et les présidentielles ont donné lieu à des modes de
réception de l’information différents
Recevoir
l’information
•
En être le
spectateur
Rechercher une
information ciblée
et unique
Etre un praticien
de l’information
La télé de flux
« J’ai manqué d’intérêt pour les législatives. Je me suis contenté de ce qui vient à moi depuis la télé …», Gendarme, 35 ans, Paris.
•
La télé de hasard
« L’autre jour au café, je suis tombée sur un débat sur France 3 région », Pharmacienne, 42 ans, Strasbourg.
•
L’appli qu’on fait défiler
« Je regarde l’appli Figaro tous les matins dans le bus. Pour les législatives, je regardais juste les toutes petites brèves qui défilait, alors
que pour les présidentielles, je cliquais dessus », Céline, styliste, Paris
•
Le journal qui traîne
« Les législatives, je les ai suivi sur L’Eveil, le journal qui est au café », Eric, électricien, 33 ans, Cormeilles (27)
•
L’environnement conversationnel
« Les députés, j’en entend parler tous les jours au boulot, ou au tennis », Jean-Paul, enseignant, 55 ans, Reichstett (67)
« C’est pas sur Internet que ça se passe : c’est dans le coin, on en parle », Chauffeur de taxi, 38 ans, Bernay (27)
20
21. Les législatives et les présidentielles ont donné lieu à des modes de
réception de l’information différents
Recevoir
l’information
En être le
spectateur
Rechercher une
information ciblée
et unique
Etre un praticien
de l’information
« La seule chose que j’ai faite : aller rechercher le numéro de ma circonscription sur Google », Géraldine, 25 ans,
attachée de presse, Paris
« J’ai tapé le nom du député PS pour voir deux trois choses sur elle mais je ne suis pas allée plus loin », Brian, 33
ans, instituteur, Strasbourg
« Je suis juste allé voir les résultats », étudiant école de commerce, 22 ans, Paris
21
22. 4.
Par contraste avec les présidentielles qui favorisait l’exploration de son
opinion sur Internet, le mode d’implication emblématique des internautes à
l’égard législatives est celui du méta-discours.
22
23. Jouer le jeu des présidentielles
Les outils numériques pouvaient être au
service de l’exploration du choix
Statuer sur les enjeux des législatives
L’opinion est déjà formée au plan partisan : les
choix sont faits.
Quand les électeurs jugent bon de s’exprimer, ils
émettent une opinion sur le statut de ces
élections et son calendrier.
« On est un peu fatigué, c’est dommage car les
législatives c’est important, il faudrait faire tout en
même temps, les présidentielles et les législatives »,
Pharmacienne, 50 ans, Melun, 77.
« Ces élections elles n’intéressent pas grand monde :
les gens n’ont pas compris que c’était important ce
que vont faire les députés à l’assemblée », Jean- Marie,
retraité électricien, 68 ans, Reichstett, 67
« C’est pas parce que c’est pas intéressant que c’est
pas important », Consultant financier, 42 ans, Paris.
23
24. 5.
Dans ce contexte d’expressions très sporadiques, le sujet « législatives » est
traité par les contributeurs avec plus de familiarité que celui des
présidentielles.
La thématique politique ambiante installée par les élections précédentes a
pu favoriser cette expression d’un « ressenti » politique.
24
25. Au cours de cette double période électorale, la thématique politique
s’est installée dans le quotidien.
Cette vernacularisation du politique se traduit par
•
des rituels qui se sont installés pendant les
présidentielles
•
des nouvelles formes de commentaires politiques,
fondés sur
–
–
« Pour les présidentielles on était allé voter tous
ensemble, avec nos deux fils et mes belles filles,
j’ai trouvé que c’était sympa. Là ils ont pas pu
revenir pour les législatives, et mon mari ne
pouvait pas : j’y suis allé quand même toute
seule »
le ressenti, qui s’exprime dans une familiarité de ton
volontairement éloigné du commentaire journalistique
la chronique ordinaire du vote
25
26. Sur fond de thématique politique ambiante installée par les
présidentielles, les internautes qui s’expriment s’autorisent à faire
place à leur « ressenti » politique sur les réseaux sociaux
26
27. 6.
Si l’activité numérique liée aux élections a été moindre pendant les
législatives, certaines pratiques, définies par leur caractère local, se
sont intensifiées ou ont fait leur apparition.
27
28. Par delà les législatives, les contenus locaux représentent une
attente des internautes à l’égard des réseaux sociaux
Etude Harris Interactive, Juin 2012
28
29. L’échelon local sur Internet : quand il est appréhendé, il l’est avec les
outils et les dispositifs de la mobilité
•
Avec les législatives, géographie et
cartographie électorale sont associées
temporairement dans les esprits, comme le
montre l’observation de conversations
ordinaires
•
Les législatives confrontent les électeurs,
moins à un tempo collectif comme les
présidentielles, qu’à un espace commun
redécrit par la carte électorale.
•
« Tu déménages dans le 6ème ? C’est bien
comme quartier, près du Luxembourg ;
mais t’as vu comme ils ont voté ? »
« - Elle habite dans le 77.
- Ah, c’est pas Meaux, la ville de Copé. »
« - Je passe le week end à Carpentras
- Tu ne salueras pas Marion pour moi ! »
Les élections législatives sont ancrées dans
l’environnement local, que l’on explore et que
l’on documente avec les outils de la mobilité.
Illustration : une application mobile qui alerte sur les tendances de vote des communes visitées
29
30. L’échelon local sur Internet : quand il est appréhendé, il l’est avec les
outils et les dispositifs de la mobilité
Faire de la politique le portable à la main :
les photos postées sur les réseaux sociaux
depuis son mobile
30
31. Faire de la politique le portable à la main :
les photos postées sur les réseaux sociaux
depuis son mobile
http://lolgislatives2012.tumblr.com/
31
32. L’échelon local sur Internet : quand il est appréhendé, il l’est avec les
outils et les dispositifs de la mobilité
La naissance d’un genre :
la chronique électorale sur Twitter,
à l’échelon local institutionnel de l’élection
32
33. 7.
Pour les militants de terrain en revanche, le numérique a continué
d’outiller les actions, dans le prolongement des présidentielles : ils se
sont notamment appropriés des services numériques créés dans le
cadre de ces élections locales (#circo).
Quant à la militance digitale, qui était principalement une militance
d’opinion pendant les présidentielles, elle s’est d’avantage exprimée en
une militance de mobilisation pendant les législatives.
33
34. #circo : le découpage du territoire électoral par les tweets
L’usage des réseaux sociaux a été avant
tout le fait des militants, notamment sur
Twitter avec un hashtag spécialisé mis en
place par l’AFP
34
35. #circo : le découpage du territoire électoral par les tweets
•
•
Le soir du premier tour, la troisième circo la
plus active en nombre de tweets a été la
circonscription de l’agglomération de
Strasbourg.
Les auteurs des 2700 tweets, au nombre de 9,
étaient exclusivement des candidats et des
militants du premier cercle.
35
36. Les élections présidentielles et législatives ont donné lieu à des
formes de militance digitales qui leur sont propres.
La militance d’opinion :
la militance de la parole
La militance de mobilisation civique :
Les leçons de civisme
Facebook et Twitter ont joué
le rôle de réserves de paroles
et de chambres d’écho
de la parole militante
36
37. 8.
Pendant les présidentielles, la campagne transmédiatique avait nourri
en continu les conversations sur les réseaux sociaux et les pratiques
numériques.
Les législatives, elles, ont donné lieu à une activité peu soutenue et
discontinue, à l’exception notable des trois moments où le sujet a pris
une dimension nationale : le premier et le second tours et l’épisode du
tweet de Valérie Trierweiler.
37
38. Jour J
10 Juin
1
Jour J
17 Juin
2
3
Trois pics d’activité dans les partages et les conversations sur les
législatives : trois moments de cadrage national.
38
40. Jour J
10 Juin
17 Juin
Les législatives, les jour J :
un « programme » comme un autre dans les conversations sur les
réseaux sociaux
40
41. Jour J
10 Juin
1
Jour J
17 Juin
2
3
Trois pics d’activité dans les partages et les conversations sur les
législatives : trois moments de cadrage national.
41
42. 9.
Le tweet du Valérie Trierweiler est devenue une ressource conversationnelle
pour parler des législatives sur Facebook, Twitter, comme dans les interactions
directes.
Il a fait l’objet de différents recodages sociologiques et culturels, qui a élargi le
cercles des contributeurs à ceux que les législatives désintéressaient en tant
que sujet strictement politique.
Ce tweet, en opérant un recadrage national du débat, a réactivé des usages
politiques d’Internet qui étaient propres à la période présidentielle :
- l’usage d’Internet comme observatoire transnational
- le recours à la fonction d’archive d’Internet comme salle d’archive politique
- le LOL, toujours contrebalancé par un discours moral sur le politique
42
43. Valérie Tweetweiler, ou comment les législatives ont fait parler d’elles
Dans nos entretiens
•
Le Tweetweiler a délié les langues : chacun
avait sa devise toute prête pour épingler
l’affaire.
«Trierweiler, c’est du réseau social »
«Trierweiler, c’est l’arbre qui cache la forêt »
«Trierweiler, c’est une histoire de couple, c’est pas une histoire politique »
« Le micro combat avec Ségolène Royal, il y a que ça à se mettre sous la dent »
•
Les blagues par SMS alimentent les
conversations
Sur les réseaux sociaux
En se prêtant à divers types de recodages
sociologiques et culturels, le tweet de la
compagne de François Hollande a pu devenir
une ressource conversationnelle commune,
qui a élargi le cercle des interlocuteurs à tous
ceux qui éprouvaient jusqu’alors du
désintérêt pour les élections législatives.
43
44. Tweetweiler ou la consécration de Twitter
dans la vie politique
Quand un tweet devient SMS public
•
Ce message de la compagne de François Hollande
a occasionné l’irruption fracassante de Twitter
dans une campagne peu généreuse en contenus.
•
Le tweet de Valérie Trierweiler est emblématique
du rôle joué par ce service dans la vie politique
française avec l’ambivalence communicationnelle
qui lui est propre :
– à la fois, proche d’un SMS dans son
intentionnalité expressive
– et message politique dans sa publication
Une chambre à soi digitale surpeuplée
•
La revendication assumée par Valérie Trierweiler
de son usage de Twitter se rapproche de la
« chambre à soi » de Virginia Woolf, espace
d’autonomie conquis par les femmes.
•
Or, Valérie Trierweiler partage de fait cette
« chambre à soi » digitale avec des centaines de
followers en droit de lire cette publication, de
l’interpréter et de la partager avec leur entourage.
44
45. Valérie Tweetweiler : l’ événement médiatique national d’une
campagne locale
•
Au tweet de Valérie Trierweiler,
répondent les tweets des
praticiens transmédiatiques que
sont devenus les spectateurs et
internautes d’aujourd’hui.
•
Ils évoquent leurs pratiques de
rattrapage d’une dramatisation
politique saluée comme telle.
45
46. Valérie Tweetweiler : 3 formes de réappropriation conversationnelle
sur les réseaux sociaux
1.
La traduction selon des grands genres culturels
(1/2)
•
La gamme convoquée des genres culturels
venant recoder un énoncé stratégiquement
politique va de la culture populaire aux grandes
tragédies de l’histoire de France.
•
Le tweet est réinterprété comme un épisode de
série US, une pièce de théâtre de boulevard, une
tragédie des premiers francs, le conte de Blanche
Neige ou une comédie ciné sentimentale
46
48. Valérie Tweetweiler : 3 formes de réappropriation conversationnelle
sur les réseaux sociaux
2.
Le recodage en drame contemporain de la
recomposition familiale
•
Une autre herméneutique populaire a été mise en
œuvre au sujet du tweet à travers le recodage du
tweet de Trierweler comme un drame
emblématique des nouvelles conjugalités.
•
L’expérience commune convoquée est plus large
encore au plan des interlocuteurs potentiellement
concernés puisqu’elle fait appel aux ressorts de la
vie conjugale contemporaine, marquée par des
recompositions familiales.
48
49. Valérie Tweetweiler : 3 formes de réappropriation conversationnelle
sur les réseaux sociaux
3.
La focalisation sur les technologie qui outillent
les nouvelles conjugalités
•
Dans le cadre de cette réinterprétation usant du
‘pattern’ contemporain de l’amour recomposé,
la mention des outils de communication
ponctuant ces nouvelles relations conjugales
offre un troisième niveau de réappropriation de
cet épisode d’abord politique.
•
Sont notamment évoqués :
–
–
–
–
La liste de contacts sur le téléphone mobile
Les SMS
Les standards amoureux que proposent les sites de
réseaux sociaux
Le rôle de Twitter
49
50. Valérie Tweetweiler : 3 formes de réappropriation conversationnelle
sur les réseaux sociaux
•
L’une des qualités d’Internet saluées
lors de la présidentielles était sa
dimension d’observatoire
transnational de la politique
française.
•
Pour certains, via des applications de
presse étrangère, la vision
internationale de la politique
étrangère est un élément significatif
dans la formation de son opinion.
•
La presse internationale s’est saisie
de cette épisode et la lecture
transnationale de cette péripétie
politique français a été également
pratiquée.
50
51. Internet comme salle d’archive : la mémoire de l’histoire politique
française réactivée par Valérie Tweetweiler
A un degré moindre dans les publications,
le tweet a été recodé en prenant en compte
la mémoire de la vie politique française et
ces différents personnages ou différentes
formules qui sont exhumées pour
l’occasion.
51
52. Valérie Tweetweiler : le LOL, porte d’entrée de la morale en politique.
•
Cet événement médiatique national
et recodable à plusieurs niveaux a
redonné de la vigueur à la
conversation par partage d’images
détournées que la campagne des
législatives avait pu laisser en
suspens.
•
De la même façon que sous la
présidentielle, les pratiques
numériques placées sous le signe
du « LOL » semblent devoir être
contrebalancées par un rapport
éthique au politique
52
54. 1.
Chez nos interviewés, les pratiques numériques d’expression, de partage et de recherche d’informations
autour des élections se sont raréfiées pendant les législatives.
Cette baisse d’activité s’explique en premier lieu par le faible intérêt suscité par ces élections.
En deuxième lieu, elle s’explique par l’idée communément exprimée qu’Internet et les législatives
s’ajustent mal : l’échelon local ne semble pas être représenté sur l’échelle d’Internet dans l’imaginaire
des usagers, qui en oublieraient presque la richesse de ressources qu’offre cet outil équipant d’ordinaire
si naturellement leur curiosité.
2.
Les législatives ne donnent pas lieu à des recherches d’informations exploratoires : ce sont les réseaux
d’interconnaissance, ainsi que les médias locaux, qui véhiculent l’information que l’on juge utile ; c’est
la connaissance générale que l’on a des enjeux nationaux qui rend acceptable un certain seuil
d’ignorance sur les députés locaux.
Si les internautes ne surfent pas sur le sujet « législatives », ils peuvent se livrer à des requêtes ciblées
et ponctuelles, concernant surtout les résultats et privilégiant alors le format cartographique. Ces
pratiques cartographiques donnent à revisiter les attaches multiples à des territoires locaux.
3.
Les deux campagnes successives des présidentielles ne se sont pas prêtées aux mêmes modes de
réception de l’information.
4.
Par contraste avec les présidentielles qui favorisait l’exploration de son opinion sur Internet, le mode
d’implication emblématique des internautes à l’égard des législatives est celui du méta-discours, qui
statue sur la nature de ces élections.
5.
Dans ce contexte d’expressions très sporadiques, le sujet « législatives », quand on l’aborde, est traité
sur les réseaux sociaux avec plus de familiarité que celui des présidentielles. La thématique politique
ambiante installée par les élections précédentes a pu favoriser cette expression débridée d’un
« sentiment » politique.
54
55. 6.
Si l’activité numérique liée aux élections a été moindre pendant les législatives, certaines pratiques,
définies par leur caractère local, se sont intensifiées ou ont fait leur apparition : les photos postées
depuis un mobile, leur collection en ligne sur Tumblr, ou la chronique électorale locale sur Twitter.
7.
Pour les militants de terrain en revanche, le numérique a continué d’outiller les actions, dans le
prolongement des présidentielles : ils se sont notamment approprié des services numériques, créées
dans le cadre de ces élections locales (#circo). Quant à la militance digitale, qui était principalement une
militance d’opinion pendant les présidentielles, elle s’est d’avantage exprimée en une militance de
mobilisation pendant les législatives.
8.
Pendant les présidentielles, la campagne transmédiatique avait nourri en continu les conversations sur
les réseaux sociaux et les pratiques numériques. Les législatives, elles, ont donné lieu à une activité peu
soutenue et discontinue, à l’exception notable des trois moments où le sujet a pris une dimension
nationale : le premier et le second tours et l’épisode du tweet de Valérie Trierweiler.
9.
Le tweet du Valérie Trierweiler est devenue une ressource conversationnelle pour parler des législatives
sur Facebook, Twitter, par SMS comme dans les interactions directes. Il a fait l’objet de différents
recodages sociologiques et culturels, qui a élargi le cercles des contributeurs à ceux que les législatives
désintéressaient en tant que sujet strictement politique.
Ce tweet, en opérant un recadrage national du débat, a réactivé des usages politiques d’Internet qui
étaient propres à la période présidentielle :
- l’usage d’Internet comme observatoire transnational
- le recours à la fonction d’archive d’Internet
- la double valeur du LOL, toujours porteur d’attentes morales à l’égard du politique.
55