Mairies communes du Pays de Fouesnant -php a-hujem
100 ans à Fouesnant
1. ANNICK LE DOUGET
IL Y A CENT ANS…AU PAYS FOUESNANTAIS
1898... L'affaire Dreyfus aura fait les gros titres de tous les journaux cette année 1898. Mais,
dans le canton, quelles sont les préoccupations quotidiennes, quels sont les sujets de
conversation de nos aïeux ? Archives municipales et articles de presse permettent de s'en faire
une idée.
TRES GROSSE TEMPETE DU SAMEDI 29 DECEMBRE 1898
AU 1 ER JANVIER 1899
Une forte tempête sévit sur le Pays fouesnantais en cette fin d'année 1898, causant de
nombreux dégâts. Un aspect inattendu: des animaux happés sur le pont d'un navire viennent
s'échouer sur la côte.
La tempête
Bénodet: animaux-épaves venus à la côte
« Par suite de la tempête affreuse qui règne depuis plusieurs jours, des épaves se
composant de bestiaux ont été jetées à la côte de Mousterlin et à celle de Bénodet. Il a été
recueilli notamment, sur le littoral de cette dernière localité, cinq moutons et deux bceufs.
Des mesures ont été prises pour que la chair provenant de ces animaux soit enfouie; les
sauveteurs pourront néanmoins, paraît-il, en détacher la peau et la conserver.
Ces bestiaux ont dû être enlevés de la pontée d'un grand navire passant au large. »
Union Agricole et maritime du Il janvier 1899
Permettez-moi de déborder un peu sur l'année 1899. . . Nous évoquons dans cette
revue le triste épisode révolutionnaire marquant 1 'histoire du Moulin-du-Pont à Pleuven en
1797. Le 2 janvier 1899, le moulin était le théâtre d'un incendie accidentel: mais les dégâts se
limiteront heureusement à la destruction de l' écurie.
2 janvier 1899 : Incendie accidentel au Moulin du Pont
« Le 2 courant, vers quatre heures et demi du soir, la femme Béhannic, ménagère au
Moulin du Pont, allait rentrer sa vache dans son écurie, lorsqu'elle aperçut que le feu était
dans des débris de paille, ainsi que du foin, placés sur les poutres de ce bâtiment.
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2. Cette femme donna aussitôt l’alerte: les voisins accoururent au plus vite, mais avant
qu'on eut pu organiser les secours, l'écurie s'embrasa complètement et il fut impossible d'y
pénétrer pour chercher à rien sauver. Un petit porc seulement qui se trouvait près de la porte
put être soustrait aux flammes.
Les efforts des personnes venues pour combattre l'incendie ont consisté à empêcher le
feu de se communiquer à la toiture de la maison d'habitation des époux Béhannic, qui était
contiguë à l’écurie.
Du bâtiment, il ne reste plus que les murailles; à 5 heures, la toiture s'effondrait et tout
danger était conjuré.
Le sieur Le Carre, cultivateur à Prédaré, propriétaire de l'immeuble estime sa perte à
environ cinquante francs, il est assuré.
Les époux Béhannic supportent un préjudice de 32 francs 50 consistant en pailles et
objets divers; ils sont également assurés.
L'incendie est attribué à une étincelle provenant à la cheminée d'une voisine dont le
foyer est situé au rez-de-chaussée, dans le pignon qui sépare sa maison de l’écurie. Plusieurs
fois, en effet, il a été constaté que le mur était chaud et que la fumée pénétrait dans l’écurie. »
Union agricole et maritime du 8 janvier 1899
Le Moulin du Pont. (Le timbre a été oblitéré en 1905) - C'est le bâtiment de gauche qui
fut endommagé par l'incendie de 1899. C'est également ce moulin qui fut le théâtre de la
dramatique agression relatée en page 30.
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3. Il y a cent ans au prétoire de Fouesnant…
L'audience du Tribunal de simple police du canton de
Fouesnant, tenue par le Juge de paix assisté de
son
greffier, se tenait tous les deux mois environ, un jeudi,
au, prétoire dit «ordinaire» de Fouesnant. En 1898 et1899
siégeaient ainsi Valéry Ambroise Cormier, juge du canton et
Maître Jean-François Clorennec, greffier.
Quel était le type d'affaires dont était saisi le Juge de paix en matière pénale ? Il n'était
compétent que pour juger des contraventions. Reviennent souvent les rixes ou les voies de
fait, les ivresses publiques et manifestes, les divagations de chiens sans collier, les coupes de
bois interdites et les infractions routières commises en voiture à cheval. En voici un panel
sélectionné en 1899. Après hésitation, s'agissant d'affaires anecdotiques plutôt sympathiques
qui ne jettent nullement l'opprobre sur leurs auteurs, j'ai choisi de laisser les noms des
contrevenants.
Le 19 janvier 1899, est jugé Piton Jean-Louis, 36 ans, raccommodeur de parapluies,
demeurant au bourg de Kerfeunteun., suite à un procès-verbal dressé à son encontre à
Gouesnac'h par les gendarmes de Fouesnant le 25 septembre 1898.
L'intéressé a contrevenu à l'article 9 de l'arrêté de Monsieur le Préfet du Finistère en date du
15 mars 1874 pour avoir attelé un chien pour l'aider à traîner sa voiture et va être condamné
à 2 francs d'amende (auxquels se rajoutent 9 francs 63 de frais de justice...).
Passe ensuite à l'audience Caoudal Pierre, 26 ans, débitant au lieu de Ty ar Véret à
Bénodet qui a été verbalisé le 5 décembre 1898 par des gendarmes zélés pour avoir négligé
de placer une enseigne sur la porte principale de son établissement (un cabaret). L'intéressé
écopera d'une amende de 1 franc, mais à laquelle se rajouteront là aussi 6 francs 18 de dépens.
Ce même jour, Jan Noël, 54 ans, cultivateur au Quinquis à Fouesnant, se voit
reprocher d'avoir fait circuler le 5 novembre 1898 une voiture non pourvue d'une lanterne
allumée dans le chemin de grande communication no 44, territoire de la commune de
Fouesnant. Il est condamné également à 1 franc d'amende (et toujours aux 6 francs 18 de
frais).
Le 23 mars 1899, Simon Jean-Marie, domestique demeurant à Motreff, a été convoqué
à la suite d'un procès-verbal dressé à La Forêt-Fouesnant le 1 er février 1899 pour avoir été
trouvé conduisant un attelage sans être pourvu de guides nécessaires pour diriger cet attelage
sur le chemin de grande communication no 44. Il devra s'acquitter d'une amende de 1 franc,
majorée des 6 francs 18 habituels.
Le 15 juin suivant, Le Gall Louis, 40 ans, charretier demeurant à Concarneau, est jugé
pour avoir le 18 avril 1899 abandonné son attelage sur la voie publique à Fouesnant. Il est
condamné à la peine de 1 franc d'amende (assortie bien entendu des 6 francs 18 de dépens).
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4. Une affaire exemplaire: l'aménagement de l'étang du moulin de
Penalen décidé devant le Juge de Paix
L'un des rôles essentiels du Juge de paix était celui de
conciliation, de médiation pour reprendre un terme à la
mode. Les parties se présentaient spontanément devant lui
ou l'appelaient sur le terrain pour trancher un litige les
opposant. Le juge écoutait, disait le droit et tentait, avant
tout jugement, de régler l'affaire en conciliation. Sa
compétence devait être vaste, puisque lui étaient soumis des
conflits de domaines très différents.
Le dossier qui suit est à ce titre
exemplaire de modération et de souci de
dialogue entre deux parties de bonne
composition. Il est en outre intéressant
pour comprendre les difficultés de
l'aménagement d'une zone humide de
Fouesnant, à savoir le lieu de Penalen.
Le 23 mars 1899, se présentent
volontairement au greffe de la Justice de
Paix de Fouesnant, Yves Nézet de
Keranguel, ainsi que Guillaume Le Carre
qui tient la ferme de Rosembars
(Rozambarz aujourd'hui), sise également à
Fouesnant, non loin de Penfoulic. Face à
eux se tient Charles de Poulpiquet qui agit
au nom de son frère Louis, retenu à
Lannilis où il est domicilié: la famille de
Poulpiquet, on le sait, détient le domaine
de Penfoulic à Fouesnant depuis le début
du 19 ème siècle. Ils y rencontrent le Juge
de Paix Valéry Ambroise Cormier.
Quel est le motif de cette visite ?
On expose au Juge que Louis de
Poulpiquet est propriétaire à Penalen d'un
moulin et de son étang et que les eaux de
l'étang de ce moulin inondent assez
fréquemment les prairies de Messieurs
Nézet et Le Carre, propriétaires des
villages de Keranguel et de Rosembars,
leur causant un préjudice certain. Avant
d'intenter un procès, que l'on sait long et
coûteux, l'aide du Juge est sollicitée afin de
trouver une solution amiable.
Aussitôt ce même jour, à quatre
heures de l’après-midi, un transport sur les
lieux est décidé et tous se rendent au lieu
de Penalen sur la route de La F orêt.
Monsieur
Cormier
fait
les
constatations suivantes. Le trop-plein des
eaux de l'étang de Penalen, qui est alimenté
par le ruisseau, assez fort, passant près de
la chapelle Sainte-Anne, s'écoule sur une
vanne de décharge faisant déversoir,
établie vers l'extrémité ouest de la chaussée
de retenue. Cette vanne n'offre, pour
l'écoulement des eaux, qu'une largeur utile
d'un mètre environ: il s'ensuit qu'après les
pluies, quand le moulin ne fonctionne pas,
le niveau des eaux de l'étang se trouve
subitement et sensiblement surélevé audessus de son niveau normal, de façon à
inonder certaines portions des prairies de
Keranguel et de Rosembars. Selon les
voisins, les inondations pourraient être
évitées, soit par la mise en marche du
moulin, soit par l'ouverture de la vanne :
mais ces opérations exigeraient une
surveillance incessante du meunier, et
seraient à peu près impossibles pendant la
nuit.
Le Juge examine les lieux et remarque qu'il
serait facile de remédier aux inconvénients
évoqués ci-dessus par « l'établissement
d'un déversoir fixe, dont l'emplacement
semble tout désigné au côté Est de l'étang à
neuf ou dix mètres au nord de la chaussée.
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5. Ce déversoir, pour remplir le but proposé,
devrait présenter un développement triple
ou quadruple de la vanne de décharge
actuelle, de telle sorte que, bien que ne
donnant passage qu'à une lame d’eau trois
fois moins épaisse que celle qui passe
parfois sur la vanne de décharge, il
assurerait le libre écoulement des eaux de
l’étang de Penalen, sans en surélever le
niveau d'une façon dommageable aux
propriétés voisines. »
Monsieur de Poulpiquet s'en remet
à l'avis du Juge et consent à l'établissement
- et à ses frais - d'un tel déversoir; quant à
Messieurs Nézet et Le Carre, ils ne
peuvent que se féliciter d'un arrangement si
rapide. Le greffier Jean-François Clorennec
fixe alors par écrit les conditions
d'aménagement des lieux ainsi que les
engagements réciproques.
Il est donc décidé que la vanne
actuelle de décharge sera maintenue en
l'état pour servir à la vidange de l'étang et à
l’évacuation des eaux dans les cas
extraordinaires. On donne par ailleurs un
délai de quatre mois à Monsieur de
Poulpiquet pour faire construire « un
déversoir en maçonnerie de trois mètres
cinquante de développement, dont la crête
sera arrosée à un centimètre au-dessous du
niveau de la partie supérieure la plus
élevée de la vanne de décharge actuelle
(côté ouest), point pris comme repère; le
sommet de ce déversoir sera formé de
platines posées suivant un plan légèrement
incliné du dedans au dehors de façon à
faciliter le rapide écoulement des eaux.
Par ailleurs, du mois de mai au
mois de décembre de chaque année, quand
il n 'y aura pas du foin coupé sur les
prairies voisines, le meunier de Penalen
pourra, quand les eaux sont faibles,
surélever avec une planchette mobile de
deux centimètres le niveau de la vanne.
Yves Nézet s'engage de son côté à
contribuer au charroi des pierres
nécessaires à la construction du déversoir.
Voilà donc rédigé le procès-verbal
de conciliation, dont les frais, très
modiques seront partagés entre les parties.
Sources : archives départementales
du Finistère
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