Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpcd5 ll5
Aux détours des paroisses - Pays de Fouesnant p5jxsb
1. Fouesnant
La dîme sur
Fouesnant à la
Veille de la
Révolution
La dîme ou dixième partie des récoltes représentait l'essentiel du revenu du Clergé
avant 1789. A Fouesnant, ainsi qu'on le constatera plus loin, elle n'était perçue que sur les
céréales et le lin.
Nous n'avons pas trouvé l'acte concernant la frérie de Ste Anne et de La Forêt; il est
probable que le recteur la percevait directement, Rospiec étant dans le secteur. Les autres
fréries de la paroisse étaient affermées en général pour 5 ans. Voici à titre d'exemple
l'affermage de la frérie du bourg :
" L'Anl 1782 le 30 juin après-midi, devant nous notaires " royaux soussignés, de
Conq, Fouesnant et Rosporden, " ont comparu en personne: Noble et discret Messire
Jacques Marie Hyroë Sieur recteur de Fouesnant, promoteur du diocèse, demeurant
en son manoir presbytéral de Rospiec, d'une part ;
Noble homme Pierre C6entin : le Prédour, Sieur du Minevain, notaire au siège royal
de Concarneau, demeurant en sa terre du Penker, en la paroisse de Fouesnant, "
d'autre part.
Lequel dit Sieur Hyroë a par le présent avec toutes les garanties à la Coutume,
affermé à titre de pure et simple ferme au dit Sieur Le Prédour acceptant, la dîme " du
Bourg du dit Fouesnant, autrement dit St Pierre, sur tous les grains décimables en la
dite frérie, suivant l'usage, excepté ce que ci-après réservé, et dont le Sieur
Le Prédour déclare avoir ample et suffisante connaissance.
Ce dernier lèvera et fera la dîme en la dite frérie " sous vingt quatre heures après en
avoir été averti, " parce qu'à défaut et selon plaintes qui viendraient à moi dit Sieur
recteur et qui seraient constatées par deux personnes dignes de foi, la présente ferme
sera résiliée de droit.
La dite ferme, faite et accordée entre les parties pour le temps de six ans entiers et
consécutifs, qui commenceront à prendre leur cours dès à présent, pour la récolte de
la présente année 1782 ...
Pour de la part du di t Sieur Le Prédour, payer et faire "rendre au dit Sieur recteur,
son grenier de Rospiec, 5 minots de froment, II minots 1/2 de seigle, II minots 1/2
d'avoine , la moitié de la d te avoine foulée, faire lequel grain sec, bon, loyal et
marchand, bien conditionné, le tout en la demeure de. .,
1/6
2. de Rospiec, payable à
chaque terme de la St
Michel pendant le cours des
dits 6 ans. Lesquels grains
ont été évalués entre parties,
à la somme de 120 livres.
Le dit Sieur recteur s'est
réservé la dîme entière du
lieu de Kervransel, et du lin
dans toute la frérie, à lever
par lui-même, bien que ses
prédécesseurs en aient été
en possession et sans que le
Sieur Le Prédour en puisse
rien prétendre.
ROSPIEC
L'acte se termine par la formule habituelle des actes de ferme et les signatures: Le Prédour
du Minevain, Hyroë, Longchamp notaire royal, Le Paige notaire royal.
Frérie de Kerbader
Le 23 juin 1782, on avait procédé à l'affermaGe de la Dîme sur le secteur de Kerbader.
Les preneurs sont ici Jean Sourin de Lestrézivit, et Vincent Le Guen de Kermoulac Braz.
Les conditions du fermage sont toujours les mêmes que celles énumérées dans l'acte
concernant la frérie du bourg. Les preneurs devront ici livrer à Rospiec 27 boisseaux de
froment, 26 boisseaux de seigle, 27 boisseaux d'avoine, la moitié en avoine foulée, toujours à
la mesure comble de Rospiec. La valeur de ces grains est évaluée à 190 livres. Le recteur se
réserve ici aussi la dîme du lin, à lever par lui-même.
Signent: Hyroë, Longchamp et Le Guernalec, notaires royaux
Pierre Delmas pour Jean Sourin ,
Nicolas Pedel pour Vincent Le Guen.
Frérie de Lanroz
On avait procédé ce même 23 juin à l'affermage de la dîme de la frérie de Lanroz.
Celle-ci était baillée à Charles Golhen demeurant au manoir de Kergaradec, et à Jean
Youennou, demeurant au lieu de Kervéguen, de moitié entre eux " de la même façon et
manière que l'a fait ou su faire le dit Golhen, ci-devant fermier "
Les fermiers doivent livrer par an à la St Michel: 30 minots de froment, 20 minots de
seigle 24 minots d'avoine, la moitié; de la dite avoine foulée. Le recteur s'est réservé " la dîme
de lin à lever par lui-même ; les preneurs ne pourront y prétendre, bien que les fermiers
précédents en aient bénéficié "
Mêmes signatures que pour Kerbader.
2/6
3. Frérie de Douar ar Coat
Un peu plus tard, le 26 juin, on
baillait la dîme dans la frérie de la Terre du
Bois,
ou Douar ar Coat, à Urbane Le Tollec du
village du Vot.
Elle devra livrer à Rospiec, chaque année, 6
minots combles de froment, 5 minots
combles de seigle, 5 minots combles
d'avoine, la moitié en avoine foulée, avec une
charretée de paille de froment lesquels grains
et paille évalués à 90 livres.
Alors que les autres contrats étaient établis en
l'étude du notaire, celui-ci l'a été au Vot.
Signent : Hyroë, Longchamp et Le Guernalec
; Delmas pour'Urbane le Tollec.
Porte ancienne au VOT
Frérie du Henvez
Le 21 juin 1782, le Sieur Hyroë seul gros décimateur de la paroisse de Fouesnant,
affermait la dîme de la frérie du Henvez à Germain Le Dars, meunier, demeurant au moulin
du Henvez de la même manière qu'il en a joui l'an dernier, avec les mêmes réserves.
Il devra livrer au manoir de Rospiec 31 minots combles de froment, 22 minots
combles de seigle, 20 minots combles d'avoine et 1 minot 1/2 de blé noir, le tout évalué 190
livres. Le recteur se réserve la dîme à lever sur toutes les surfaces de blé que sèmeront Jean
Gléonec de Kermaout et jean Le Gall pour les terres appartenant autrefois à feu François
Guillou de Kerneing, en quelqu'endroit qu'il pourra ensemencer. Le recteur se réserve
également la dîme de lin sur toute la frérie.
Germain Le Dars devra livrer les grains au grenier de Rospiec au fur et à mesure qu'il
les battra; à défaut d~exécuter cette dernière condition, la ferme sera résiliée de droit. Il est de
plus convenu que, si le preneur était amené à quitter le moulin du Henvez: la présente ferme,
passée 3 ans, sera résiliée de droit, sans dédommagement.
Le Dars sera tenu de prévenir le bailleur, au moins au début de juin avant l'expiration des trois
premi.ères années.
Ces précisions s'avèrèrent utiles car, pour des raisons inconnues, Germ.ain Le Dars dut
quitter le Henvez en 1786, pour aller s'établir au moulin de Bodinio. Il était resté dû au recteur
pour les dîmes la somme de 222 livres, soit plus d'une année de fermage ; Jean Le Guen de
Leurbrat prit la suite, et dut prendre l'engagement de régler cette somme, et cela en deux
versements égaux, l'un à la St Michel, l'autre à pâques.
3/6
4. La Dîme
Sur
LOCAMAN
En I782, au moment de l'affermage, Locamand était une paroisse indépendante, ancien
prieuré de l'abbaye, de Quimperlé et, à cette date, rattachée au Collège de Quimper.
C'est Messire Claude Le Coz, principal du Collège et de ce fait Prieur de Locamand,
qui signe l'acte, agissant au nom du bureau d'administration du Collège. C'est ce même Le
Coz qui sera plus tard évêque de Rennes, puis archevêque de Besançon.
Le preneur était Messire Joseph Toussaint Yves Marie Ansquer de Kernilis, demeurant
en son manoir de Lesbourg en la trêve de La Forêt. La dite ferme " pour le temps et l'espace
de 9 années, qui commenceront leur cours à la récolte de la présente année, concerne la dîme
de la paroisse de Locamand et de Quilligadec, appartenant au dit prieuré, sans exception; au
Sieur preneur de percevoir les dites dîmes à la manière jusqu'ici usitée...la dite ferme accordée
en faveur de la somme de 750 livres par an, payab]es en deux paiements de 375 l. chaque, l'un
le I er novembre de cette année, l'autre aux fêtes de Noël, et ainsi continuer à parei1s jours et
termes des années suivantes."
Nous ne savons guère ce que Messire Hyroë faisait du blé livré; peut-être d'ailleurs se
faisait-il régler en argent... mais une correspondance laissée par l'un de ses prédécesseurs nous
renseigne sur la destination des céréales récoltées par le recteur au milieu du I8è siècle.
Ces blés étaient livrés par charretées au port de La Forêt et embarqués sur la " St Jean
" d'Audierne, commandée par le Capitaine Coquet, en cargaison de 20 tonneaux pour le
compte du Sieur Simonnet, commerçant à Quimper. La valeur du chargement s'établissait en
général aux environs de 3000 livres.
Quelques litiges s'élevaient parfois entre les intéressés, et il s'ensuivait une petite
correspondance, telle cette lettre de Simonnet au recteur Perrot :
" Le Capitaine Coquet m'a rendu I9 tonneaux 8 boisseaux d'avoine au lieu de 20
tonneaux qu'il devait me remettre, suivant ce que vous lui avez remis. . .
4/6
5. " De la façon qu'on a mesuré à bord, il devait me rendre quelques boisseaux de plus,
pour la raison qu'il en tombe toujours en mesurant à la barque. Il faut qu'on se soit trompé
d'une charretée en les livrant. Je me retourne vers vous afin de savoir s’il n'y avait pas eu
erreur d'une charretée; il n'est pas possible qu'il y ait cette différence, et il n'est pas juste que je
supporte les conséquences. Je vous prie de vouloir bien vérifier d'où peut provenir ce
déchet..."
Le 1er décembre 1756, une autre lettre du Sieur Simonnet, qui est devenu méfiant :
" Le Capitaine Coquet nous est venu trouver, nous disant qu’il n'a pu aller chez vous
prendre un chargement pour la Tunisie ; la défense de passer des blés à l'étranger est cause
qu'il n'a pas pu aller prendre son chargement.
Nous nous sommes accommodés avec lui pour le transport des avoines que vous
m'avez vendues. J'envoie demain les hommes mesurer avec la mesure du Roy du pays .avec
laquelle vous m'avez vendu, quoique j'ai pris les froments avec votre mesure, sur ce que vous
m'aviez dit qu'elle était conforme à celle du pays, ce que je crois encore. Cela n'empêche que
je vous prie de mesurer les dites avoines avec la mesure que ces hommes portent avec eux.
Je vous prie aussi de donner au dit Capitaine les deux barriques de cidre que vous m'avez
promis, et de les choisir à votre goût, et de les mettre dans le milieu de la cargaison, ainsi
qu'ils n'en pourront point boire.
Comme j'ai procédé à des emplettes à la vente de Lorient, je ne puis pour le moment
vous payer le montant de vos avoines ; je sais que la chose ne vous gênera pas, ce sera dans le
commencement du mois prochain..."
Au bas de la lettre, on a ajouté :
" J'ai reçu à bord de ma barque la " St Jean " d'Audierne, des greniers de Mr le Recteur de
Fouesnant, 20 tonneaux d'avoine pour compte et risque de Mr Simonnet, au désir de la lettre
ci-dessus. "
à La Forêt le 6 décembre 1756
Jean Coquet
Si Jean Coquet a signé très maladroitement, après s'être repris à deux fois, l'écriture semble
être celle de Mr Perrot, recteur, qui a sans doute voulu se mettre à couvert en cas d'une
nouvelle contestation.
5/6
6. Nous ne savons pas ce qu'il advenait du seigle et du lin collectés, mais froment et
avoine représentaient à eux seuls une valeur appréciable: Le 14 octobre 1756, il avait été livré
20 tonneaux de froment pour 3060 livres et le 6 décembre 20 tonneaux d'avoine, prix non
indiqué.
Le règlement ne s'effectuait pas toujours dans les délais fixés par les contrats; le 7
décembre, Mme Simonnet adressait une lettre d'excuses au recteur, le terme accordé étant
dépassé; elle explique que le chargement avait été vendu aux Dragons, qui devaient le payer
SoUS quinze jours mais qu'ils n'en avaient rien fait.
Le 16 avril 1757, c'était le recteur qui s'inquiétait de ne pas avoir été réglé. Mme
Simonnet donne comme excuse l'absence continuelle de son mari ( "il est actuellement à Pont
l'Abbé" ) ; sa situation ne lui permet pas de se rendre à cheval à Fouesnant, mais "soyez sans
inquiétude, dans le courant de la semaine, je vous ferai parvenir 600 livres". Le reste sera
payé par son mari, à son retour de Pont-l'Abbé.
Nous ne pouvons s8.voir si ces quantités vendues provenaient toutes de la recette de la
dîme, le recteur exploitant lui-même quelques terres, mais, compte tenu de la récolte du seigle
et du lin, le montant total s'élevait nettement au-dessus de la déclaration du recteur Hyroë en
1790, soit 2971 livres.
J. Le Foll
6/6