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Faits divers du Pays de Fouesnant - q7usl
1. Annick LE DOUGET
27 SEPTEMBRE 1761
TRAGIQUE PARDON DE SAINT CADOU
Dans les Archives de l' Amirauté de Cornouaille conservées à Brest, nous avons
découvert un curieux petit registre tenu dans la seconde moitié de XVIII e siècle par le
greffier de l' Amirauté, dans lequel sont inscrites par ordre chronologique « les
déclarations de cadavres trouvés noyés à la côte ». Noyades accidentelles, malheureux
naufrages, suicides, tout y est scrupuleusement consigné: le permis d'inhumer est délivré
immédiatement par l'autorité si les circonstances du décès ne paraissent pas suspectes.
L'un des événements les plus tragiques relevés se trouve être en 1761 le naufrage sur
l'Odet d'un bateau accostant Gouesnac'h avec une charge de pèlerins qui se rendaient
au pardon de Saint-Cadou. Au moins dix personnes furent noyées...
Le pardon de Saint-Cadou avait grande renommée dans toute la Cornouaille; il était
traditionnellement prétexte aux jeux de lutte bretonne dès le samedi après les vêpres et, bien
sûr, le jour même du pardon; les bons lutteurs de la région s'y mesuraient et les spectateurs
venaient très nombreux pour les soutenir. Foi et sport faisaient bon ménage! Certains pèlerins
passaient l'Odet pour débarquer au bas des terres de Kersinaou où se trouve bâtie la chapelle.
C'est dans ce contexte de fête populaire qu'a lieu le drame: nous sommes le dimanche 27
septembre 1761, et le bateau chargé d'opérer le passage coule avant d'arriver à destination.
Etait-il surchargé ou les eaux étaient-elles fortes ? On ne le sait.
Déclaration au greffe de l'Amirauté
Le lundi 28 septembre se présente au greffe de l'Amirauté à Quimper Jean Le Divanac
'h, laboureur de terre à Kersinaou en Gouesnac 'h. Il demeure dans la ferme proche de la
chapelle de Saint-Cadou et est porteur d'une lettre de son Recteur, le sieur Le Roux. Ce
dernier informe le greffier « que le Batteau du Messire de Lanros chargé de monde périt hier
dans le petit passage de Saint-Cadô ; que l'on a retiré de l'eau cinq hommes et une femme
noyés ». Au dos de la lettre le prêtre a rajouté un rapide post-scriptum «portant que l'on a
trouvé trois autres cadavres ».
Procédure judiciaire et permis d'inhumer
Le greffier Horellou, en l'absence du Procureur du Roy, communique aussitôt
l'information à Messire Jean-Hyacinthe Corbet, avocat, qui prend des conclusions aux fins
d'autorisation d'inhumer les victimes, « attendu la notoriété publique de l'accident arrivé à
l'endroit du petit passage pour se rendre à la chapelle de SaintCado le jour de hier, fête de
l'assemblée dudit Saint-Cado ».
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2. La chapelle de Saint Cadou, vue par Louis Le Guennec
(Feiz ar Breiz, 1931)
Le juge, ce même jour du 28 septembre, inscrit alors sa décision: « ...Avons permis au
Sieur Recteur ou Curé de Gouesnach d'inhumer tant les neuf cadavres mentionnés en sa lettre
que tout autre qui pourrait se trouver et être retiré sur les dépendances de sa paroisse
provenant du naufrage du Batteau nommé Le Messire de Lanros dans le petit passage de
Saint-Cado, arrivé le jour de hier, et ce attendu la notoriété publique dudit accident ».
Que donne la consultation des actes de sépulture de la paroisse de Gouesnac 'h en
1761 ? L'inhumation de neuf corps se fait au cimetière du bourg dès que le recteur en a reçu
l'autorisation du lieutenant particulier de l'Amirauté. Mais, dans sa précipitation, le prêtre a
oublié de mentionner la date de l'enterrement : « L'an mil sept cent soixante et un » écrit-il
seulement. . .
Un second acte lui fait suite, daté du « cinquième jour d'octobre mil sept cent soixante
et un ». Le recteur, visant encore l'ordonnance suscitée qui permet d'inhumer non seulement
neuf cadavres trouvés le 27 sur la côte de Saint-Cado ... mais aussi tous autres provenant du
même naufrage, procède ce jour-là à l'inhumation du corps d'une femelle trouvé le jour
précédent à Portaleguen dudit Gouesnach.
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3. L’acte de sépulture des neuf personnes noyées
Paroisse de Gouesnac’h
(Archives départementales du Finistère, microfilm)
Une mention sera rajoutée postérieurement après identification du corps: Certifie en
outre que ladite femelle est Marguerite Le Treut, fille de François Le Treut et de Marie
Guyon, et épouse de François Le Du du village de Penchoat, paroisse de Plomodiern, âgée
d'environ 17 ans. En foi de tout quoi j'ai signé ledit jour 4 de novembre l'année de 1761.
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