Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpba qzou
Toponymie du Pays de Fouesnant - php4 mk8yn
1. Albert Deshayes
La microtoponymie de Clohars-Fouesnant
(Suite des articles parus dans les numéros 1, 2, et 3)
Rappel: Le précédent article consacré à
la Micro toponymie de CloharsFouesnant se terminait par l'étude de
"Microtoponymie et Histoire locale" :
1. Organisation civile.
2. Microtoponymie et religion
La microtoponymie est aussi la mémoire
de l'organisation religieuse ancienne; elle
garde trace de chapelles, églises, croix,...
qui parsemaient jadis la campagne
bretonne. Certes, il en subsiste encore
beaucoup, mais bien des chapelles portent
au répertoire la mention "Disparue".
Certaines, donc, sont toujours là pour
attester du passé religieux de la commune;
d'autres ne nous sont connues que par la
dénomination d'une parcelle. Si la
microtoponymie apparaît parfois comme le
livre vivant de la vie religieuse passée de la
paroisse, ceci semble peu évident à
Clohars.
Sur son territoire s'élevaient, outre
l'église paroissiale et la chapelle du
Drennec,
trois
chapelles
dédiées
respectivement à Saint Jean-Baptiste, à
Saint Gwénolé et à Saint Tudy. Toutes
trois sont à présent détruites, mais deux
d'entre elles ont donné leur nom aux
villages sur lesquels elles étaient bâties,
Ménez Saint-Jean et Saint-Guénolé.
Seule Saint-Tudy semble oubliée. Deux
parcelles de Clohars portent le nom de
"parc ar chapel" : si celle de Kerorian fait
référence à la chapelle Saint-Jean, celle de
Sant-Dec pourrait rappeler celle de SaintTudy, mentionnée en 1665 (A.D.F., E 203)
mais non localisée. Une certaine analogie
existe entre le nom même du village et
l'autre nom de Saint Tudy, Saint Tudec (cf
B.A.S.F. 1986, Bernard Tanguy, les
origines du diocèse de Cornouaille, pp.
117-142). La prononciation locale aurait
entraîné la chute de la syllabe médiane,
soit Isãntudek I sãndek I, et ceci bien avant
le XVI ème siècle. En effet, un acte de 1575
note Saint Deecq, forme qui montre que
l'accent se place sur la dernière syllabe et
vient attester par là de la syncope de [tu].
Cette supposition reste cependant à
prouver.
La chapelle du Drennec est
rendue par le breton ilis, "église", dans
"park an ilis" à Keranroux, et "poull an
illis!' à Keramarch. La parcelle "parc ar gos
an ilis " à Squividan bras dénonce un
édifice plus ancien tombé en ruines; la
chapelle actuelle, datant de 1878, serait
donc une troisième construction.
L'église paroissiale, dédiée à Saint
Hilaire, localise les parcelles "parc an ilis"
et "prad an ilis" à Bréminou vian.
La "montagne" de Saint-Jean
s'étendait sur une zone assez vaste si l'on
en croit les parcelles "menez sant Yann" à
Bodinio et à Kerorian, "miné sant Yann" à
Kerouter. Elle situe également "parc menez
sant Yann" à Kerorian, "parc miné sant
Yann" à Kerstat vras, " parc sant Yann " à
Keranroux et à Kergarrec bian. Il est fait
mention de la chapelle de Saint-Jean dans
les registres paroissiaux à la date du 18
avril 1640 : une épidémie sévissait dans
son voisinage.
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2. du 18 avril 1640 : une épidémie sévissait
dans son voisinage.
Une quatrième chapelle, dédiée à
Saint Germain, se dressait probablement
aux limites des villages de Squividan bian
et de Kerleuré. Sa destruction est sans
doute très ancienne, puisque hormis les
parcelles "parc sant Germain" à Kerleuré et
"Parc saint Germain" à Squividan bian,
aucun acte ne la mentionne.
L'inventaire des calvaires et croix
de Basse-Bretagne mené par P.- Y. Castel
ne cite que deux croix près de la chapelle
du Drennec, l'une attestée par "parc ar
groas" à Keranroux. Comme les chapelles
détruites, les croix ont disparu de Bodinio,
"menez groaz bian" près de Saint-Guénolé;
de Keréven, "miné groas ignonec" ; de
Kermorvan, "montagne de la croix rouge";
de Kerorian où plusieurs champs se
nomment "parc ar groas" : "huella" et "d'al
laé", "d'antron" et "dem tron".
Plusieurs
croix
devaient
délimiter
l'emplacement du territoire de Saint
Germain, l'une à "menez groas bihan"
notée aussi "minez groas bian"
à
Plégavern, une autre à "parc an groas" à
Squividan vras, "park ar groas" à
Kerambombard, "parc an groes" à
Squividan bian. Une croix s'élevait peutêtre à "parc ar groes" à Kerlaret, mais plus
vraisemblablement "ar groes" désigne ici
un croisement de chemins.
Microtoponymie et anthroponymie
Nous avons été amené à quelques
reprises à citer des noms de parcelles dans
lesquels le second élément était un nom de
personne. Il est fort probable que ce nom
désigne la personne qui, à l'origine, avait la
jouissance de la parcelle elle-même. La
microtoponymie atteste donc, en quelque
sorte, des noms portés sur le territoire de la
paroisse il y a plusieurs siècles. On relève
ainsi :
- Alliou, dans "pontic à Lannaouen;
- Cuzon, dans "park cuzon" à
Kerambombard et "parc cuzen d'allae" à
Kerangouic.
- Faruel, dans "parc faruel" à Kerhanscoet, nom à rapprocher du breton
farouell " baladin, bouffon ".
- Fichou, dans "douar fichou" à Kerangaro;
- Goulven, dans "bergé an goulven" à
Squividan vras; il pourrait s'agir du nom
Gourvezen, réduit à Gourven, devenu
Goulven par dissimilation;
- Lajarry, dans "parc lajary" Squividan
bian et à Kerambombard;
- Le Belec, dans "parc ar belec" au manoir
de Kergos; il se peut que ce beleg soit tout
simplement le prêtre qui officiait à la
chapelle du manoir, et dont un champ
portait le nom.
- Le Ber dans "coat an ber" à Plégavern
et "coat am ber" à Kersaluden; an Ber a été
officialisé en Le Ber(re), (du breton berr,
"court");
- Le Bian, dans "park prat an bian" à
Kersaluden;
- Le Bras, dans "parc cozen bras" (lire
"coz en bras") à Kerangouic;
- Le Coz, dans "parc Fanch Couz" à
Nervoet (de kozh, "vieux, ancien");
- Le Don, dans "parc an don" a Kerc'hall
(de doñv, "domestique");
- Le Du, dans "parc andu" à Kerouter (de
du, "noir");
- Le Faou, dans "parc an re faou" à
Minven;
- Le Floc'h, dans "prad ar floc'h" à ty-arFloc'h et "roudic ar floch" à Kerouter (de
floc'h, "jeune homme, page");
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3. - Le Gall, dans "le bos du gall" à
Cheffontaines ;
- Le Goff, dans "goarem ar go" à
Bréminou vras (de gov, "forgeron");
- Le Lutin, dans "parc an lutin" à
Squividan vras;
- Léon, dans "foenec leon, parc leon" à
Lannaouen, "park leon" à Kerjégu;
- Le Page, dans "foenec pach" à Kerjégu;
- Le Saint, dans "liorz ar sant" à Kerorian;
- Le Touer, dans "foenec an touher" et
"parc an touher" à Kervouac'h (du breton
touer, "celui qui jure");
- Le Tourment, dans "parc an tourment" à
Sant- Dec;
- Marc, dans "parc marc" à Keréven; ce
nom est différent du prénom Marc porté
par l'évangéliste, entre autres : c'est une
réduction du vieux nom breton Marchoc,
devenu marc'heg en breton moderne,
"chevalier";
- Niger, dans " stang niger" à Pléga vern;
ce nom est différent du terme moderne
niger, "aviateur" : c'est la prononciaton
dialectale de nizher, "vanneur" (cf. le
gallois nithiwr);
- Thomas, dans "coat Thomas", "foenec
Thomas" et "liors Thomas" à Minven; la
dédicace du prieuré de Bénodet à Saint
Thomas Becket est à l'origine de la vogue
de ce prénom dans le pays fouesnantais (
cf. Kerdomas , village en Bénodet, et
Kerthomas en Saint- Évarzec);
- Yann, dans "foenec yann" à Squividan
vras.
Plusieurs autres parcelles portent
des noms dont le second élément s'adresse
à l'homme
- dimesell, "demoiselle", au pluriel dans
"liors an demezellet" à Bodinio;
- gwrac'h, "vieille femme, sorcière", dans
"parc ar vroach creis" à Kerhall;
- kemener, "tailleur", au pluriel dans
"foenec ar guemenerien" et "prad ar
guemenerien" à Kergarrec vras.
- minores, "mineure", "fille unique",
"riche héritière", dans "parc ar minores" à
Bréminou vras, et "parc ar Vinorez" à
Keramarch.
Microtoponymie et noms d’animaux
Elle nous renseigne à la fois sur les
animaux domestiques élevés autrefois à la
ferme et sur les bêtes sauvages qui vivaient
sur les terres.
1. Animaux domestiques :
- bioù, pluriel ancien et irrégulier de
buoc'h " vache" dans "prad an biou" à
Plégavern;
le pluriel en usage est saout
(cf. ALBB, carte 46);
- marc'h, "cheval", dans "an dialae march"
à Kerc'hall, "parc marc'h" à l.annaouen et à
Kerc'hall, "parc ar marc'h" au Drennec, à
Kerambombard, à Kerstrat vian et à
Kerouter; "coat marc'h" à Plégavern.
Le pluriel irrégulier keseg explique
"craou ar c'hezec" à Kerorian, "lann ar
c'hezec" à Kergarrec bian, "parc an
c'hezec" à Kerangouic, "parc ar c'hezec" au
Raquer et à la métairie de Kergos, "parc ar
rezec bian" et "parc ar rezec bras" à
Kermorvan.
- kazeg, "jument", dans "parc an gazec" à
Kermorvan;
- menn par, "chevreau (mâle)", dans "parc
ar menn par" à Kerjégu.
- oan, "agneau", dans "parc an oan" à
Kerangouic, à Lannaouen, à Plégavern, à
Kercolin, à Kerlaret, et à Kergarrec bian;
"prad an oan" à Kervouac'h, "prat an oan"
à Keramarch; "foenec an oan" à Kerc'hall.
Le seigneur de Cheffontaines
possédait une meute de chiens qu'il abritait
au chenil à "park ar chenil".
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4. Les vaches broutant les pâtures
pouvaient s'abreuver dans un bassin, un
réservoir (breton oglenn) placés :
- dans un champ, nommé alors "park an
oglen" au Tour, "parc an oglen" à Minven,
à Kerouter et à Kervouac'h;
- dans un pré, "prad an oglen" à Nervoet et
à Kervouarc'h;
- dans une prairie à foin, "foennec an
oglen" à Lannaouen, "foenec vian an
oglen" à Kervouac'h.
Le paysan breton élevait des
abeilles pour leur miel, élément de base
pour sucrer les boissons. La ruche, en
breton ar gestenn (de kestenn) se
trouvait :
- soit sur la place commune du village,
"leur guer guesten" à Kergarrec vras;
- soit dans un champ: "parc ar guesten" à
Lannaouen et à Kercadou; à Kerc'hen,
"parc ar chestennou" atteste de la présence
de plusieurs ruches, de même que "parc ar
c'hestenou" à Kermorvan, "parc ar
c'hestinou" à SaintGuénolé et peut-être
"park ar hestenigou" à Kerzanet.
2. Animaux sauvages :
- gad, "lièvre", dans "parc lann had" à
Kerouter et "poul gad" à Kerangouic;
- broc'h, " blaireau», dans "park ar
brochet" à Cheffontaines et à Pennanguer,
"parc ar brochet" au Raquer;
- tred, "étourneau", dans "park an dred" et
"park prad an dret" à Kerjégu; - gioc'h,
"bécassine", dans "foennec ar guioc'h" à
Guéréven;
- ran, "grenouille», dans "park poul ar ran"
à Bréminou vras,"parc tiranet" à
Lannaouen.
Quelques noms de parcelles n'ont
pas été mentionnés: la plupart le doivent à
l'obscurité du sens du second, voire du
troisième élément. Parmi ces noms, seul
"parc ar baIe" au manoir de Kergos (de
baIe, "promenade marche") rappelle que
l'entourage du sieur de Kergos aimait s'y
rendre pour la promenade.
Nous citerons cependant les noms
de sens incertain dont les éléments
semblent déformés :
- "park an balu" à Bréminou vian et à
Kerjégu : le terme balu pourrait être pour
pour paluc'h, "paisseau, échalas; brisoir
pour le lin ou le chanvre", avec
amuissement du c'h final. En effet, ces
deux villages cultivaient le chanvre comme
l'atteste la parcelle "liors cannab".
- "ar c'halc'h" à Kerc'hen a-t-elle un rapport
avec l'organe sexuel mâle ? Ce nom a-t-il
été donné d'après la forme de la parcelle ?
- L'élément "c'hoennec" dans le nom "parc
prat ar c'hoennec" à Bréminou vras note-til le breton c'hwenneg, dérivé en eg de
c'hwenn, "puces», et désignant un lieu où
abondaient les puces ?
Des noms de parcelles sont devenus
des lieux de résidence; des lotissements s'y
sont bâtis antérieurement à la réfection du
cadastre, ce qui explique le maintien de
leurs noms pour désigner les nouveaux
quartiers. La " Nomenclature des
Hameaux. Écarts
et
Lieux-dits"
concernant Clohars cite :
- Allée- Vibert : cette allée se trouve en fait
en la paroisse voisine de Pleuven et
plus précisément le village de Kéraris.
Cependant les parcelles limitrophes de
Kerbras et du Pont portent le nom de "parc
an alé viber», d'où l'appellation de alez
(ar) wiber.
- Beg-an Ael note Beg an Allé situé entre
Cheffontaines et Pennanguer.
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5. - Beg-ar-irr est pour Beg ar Vir, nom de
parcelle au manoir de Kergos.
- Gosveil ne désigne pas la parcelle " ar
gos veil" de Bréminou vian, mais des terres
situées au Drennec, à Lannaouen et à
Squividan vras; la carte I.G.N. porte,
comme l'ancien cadastre, Ty-ar-Gosveil.
- Kerhuel reprend peut-être le nom d'un
village disparu dont les terres auraient été
réparties entre ceux de Plégavern et de
Kerbras : cinq parcelles dans l'un, deux
dans l'autre.
- Kervalannec tire son nom de " ar
valennec», parcelle de Bréminou vras.
- Lanveur, Ty-Lanveur, carte I.G.N.
- Ménez-Landu, avec la mention Landu en
1709 (registre paroissial) s'étend sur les
villages de Kerjégu, de Bodinio et de
Bréminou vian.
- Ménez-Prat-Dever note la parcelle "an
cirez prat devez" en Plégavern.
- Menez-Saint-Jean doit son nom à la
chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste,
mentionnée en 1673 (ADF, 55 J 15); des
parcelles situées dans les villages de
Bodinio, Kerorian, Keranroux, SaintGuénolé, Minven, Kerouter et Kergarrec
bian en font référence.
- Nors Vras procède de "an ors vras" sise à
Kerc'hen.
- Pen-ar-Valannec se situe à Kerambourdiec, Keramarch, et Kerc'hen où
elle s'étendait sur onze parcelles.
- Pont-ar-Roach est déjà mentionné
comme village en 1840 sous la graphie
plus correcte de "Pont ar vroac'h", village
détaché de Kerc'hall.
- Pouligou-Kerleuré s'est bâti sur la
parcelle "ar poulligou" en Kerleuré.
- Rout-Guen, noté "Ty Rouâgüên" en
1840, désigne le village élevé près de la
source du ruisseau roud gwenn qui irrigue
des parcelles de Kerangouic, Squividan
vras, Guéréven, Squividan bi an,
Kerangaro et Kerleuré.
- Touldu-ou-Bodino (sic) c’est "foenec an
touldu" en la métairie de Bodinio.
Rappelons qu'un village en 1840 Ty ar
Ranet, disparu depuis, tirait son nom de,
"parc ti ranet" en Lannaouen.
Les terres d'un village en Clohars,
et on peut le dire de tout village, se
répartissaient essentiellement en trois
groupes distincts :
- les terres chaudes ou terres cultivables
(park, foenneg, prad,...);
- les terres froides ou non labourables
représentées surtout par menez ou un
composé en Iann;
- les bois (koad).
On complétera la superficie du
village par les espaces laissés aux
constructions (bâtiments des personnes et
des bêtes), et aux chemins.
Les terres dépendant directement
des lieux nobles et qui s'étendaient autour
du manoir étaient réservées à l'agrément,
aux loisirs du sieur ou du seigneur . Les
autres terres relevaient de son métayer qui
avait la charge de les mettre en culture ou
d'y élever les bêtes.
II Étude linguistique
1. L'emploi du français :
Les actes de Réformation de la
noblesse bretonne citent pour la paroisse
de Clohars en 1426 les lieux nobles de
Botigneau, du Coskaer, de Guériven, de
Kergoet, de Squividan, auxquels viennent
s'ajouter en 1536 Le Drennec, Kerantron,
Kergos: Kergouri an. Le "Tableau des
terres nobles de l'évêché de Quimper",
rédigé dans la première moitié du XVII ème
siècle, mentionne en plus Kerangouic et
Keramarec. Quelques noms ont évolué
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6. dans leur graphie et sont notés, de nos
jours, Bodinio, Cosquer, Guéréven,
Kergoat,...
Drennec,
Kerandraon,...
Kerorian, et Keramarch. Au XVII ème
siècle, Bodinio et Kergoat sont achetés par
le seigneur de Penfeuntenio. Le manoir de
Kergoat est rasé et remplacé par le château
de Cheffontaines.
La langue parlée par les nobles de
Cheffontaines et de Kergos était le
français. Cette situation d'îlots francisants
en zone bretonnante aboutit à la
dénomination française des noms de
parcelles, probablement récente, car des
noms bretons servent encore à désigner
certaines terres: on pourrait situer cette
période de francisation aux XVII ème et
XVIII ème siècles. Autre constatation, si le
lieu noble est "français", la métairie, le
moulin sont le plus souvent "bretons".
La lecture des plans de section de
l'ancien cadastre permet de noter :
- à Cheffontaines : "l'étang du château",
"vieux château", "jardin du vieux château",
"prairie du vieux château", "la cour
anglaise", "la basse cour", "lejardin", "parc
de la buanderie", "prairie du parc", "le petit
prateau", "allée", "la grande allée", "pré de
l'allée", "le petit verger", "bois de
Couloufren", "le grand bois", "le bois du
sapin", "la prairie du bois", "le petit étang".
- à Bodinio : "la grande allée", "le vieux
jardin", "pré du pavillon", "pré du manoir",
"les douves", "allée du moulin", "allée du
colombier", "bois des deux moulins",
"pré du moulin" "la buanderie", " allée
de Kern1orvan", "bois de Clohars", "allée
neuve" "queue de,l'étang", "pré de SaintGuénolé".
- à Kergoat : "prateau de la métairie",
"grand champ de la métairie", "verger du
Kergoat", "courtil de Kergoat", "prairie du
moulin", "pré midi du moulin d'en bas",
"pré nord du moulin d'en bas", "étang du
moulin".
- à Kergos : "allée du colombier","allée de
la rivière", "champ du colombier", "jardin
du four", "courtil du champ du colombier",
"la cour verte", "allée de traverse", "le
grand bois".
- à la Métairie de Kergos : "jardin de l'est",
"le verger", "la grande prairie".
- à Pennanguer : "la grande allée", "le
champ du sapin", "le courtil", "le petit
verger", "le grand verger", "la grande
prairie", "la grande lande". Pennanguer
n'est cité ni en 1426, ni en 1536. Pourtant,
beaucoup de parcelles portent un nom
français. Le nom n'est mentionné qu'en
1540; le village est situé aux issues de
l'ancienne sieurie de Kergoat et, depuis le
XVII ème siècle, de la seigneurie de
Cheffontaines. Son nom provient-il du
démembrement de Kergoat ou de sa
situation aux limites de la paroisse ?
- à Pen-ar-C'hoat : "le bois de pen ar
hoat".
L'emploi du français semble se
circonscrire aux lieux qui symbolisaient les
privilèges de la noblesse : l'allée, le
moulin, le colombier, le jardin, la cour, le
bois. Comme Cheffontaines est la
traduction littérale de Penfeuntenio,
"queue de l'étang" restitue maladroitement
le breton lost an len (moderne lost al
lenn). Quelques noms de parcelles font
référence à la parcelle voisine; le nom de
celle-ci n'a pas subi de transformation et
ainsi se juxtaposent français (allée) et
breton: "allée du pont coat", " allée du
quinquis «, " allée de parc an mar»,
ce qui montre que le tracé del'allée
est bien postérieur, mais aussi que le nom
était indissociable de la parcelle même.
6/10
7. 2. L’écriture du breton
N.D.L.R. : Cette partie de l'étude d'Albert Deshayes est consacrée aux subtilités de
l'orthographe et de la grammaire bretonnes, à partir d'exemples puisés dans la
microtoponymie de Clohars- Fouesnant.
Nous pensons que la lecture ne peut en être sinon accessible, du moins profitable
qu'à des personnes possédant déjà une bonne connaissance de la langue bretonne. Nous
effectuons donc un tirage à part de ces 5 pages, que nous tenons gratuitement à la
disposition de nos abonnés qui en feront la demande.
III. La distribution des terres en :
1840 en fonction de leurs noms :
les exemples, mais cela présenterait peu
d'intérêt.
Beaucoup de noms de parcelles
sont anciens. Ils se sont transmis de
génération en génération sans subir de
modification écrite de la part des notaires
de l'Ancien Régime ou de ceux du XIX ème
siècle chargés de la rédaction du cadastre.
La modernisation des graphies a été très
faible. En même temps que le nom restait
attaché à la parcelle, celle-ci se divisait en
sousparcelles, ou changeait d'affectation.
De nouvelles distributions s'ordonnaient au
gré des cultures, des transformations du
sol, des défrichements ou des friches, des
déboisements ou reboisements. Il serait
très intéressant de comparer le nom de la
parcelle et son affectation en 1840. On
précisera cependant que la division d’une
parcelle originelle en plusieurs autres vient
fausser quelque peu les chiffres. Le
microtoponyme "al leur guer" à Lannaouen
désignait en 1840 quatre parcelles: trois
pâtures et un sol; "ar c'hosquérou"
s'appliquait à cinq parcelles couvertes de
lande et une mise en pâture; "ar stang
nijer" à Plégavern était divisée en quatre
parcelles cultivées, trois abandonnées à la
lande et une mise en pâture; "ar voarem" à
Keranroux, c'était deux parcelles en
culture, deux occupées par un sol, un jardin
et un verger. On pourrait ainsi multiplier
1. Les terres labourables :
(Tableau 1 ci-contre).
Dans leur majorité, les terres
labourables ont gardé leur affectation
initiale: les park où restés en terres
représentent 318 sur un total de 672, soit
47,32 %. 32 sur 78 des pradoù, ou prajoù
selon la prononciation locale, étaient
encore des prés, soit 41,02 %. Les
foenneger ou foenneier, 102 sur 146, soit
69,86 %. 5 sur 15 des pradennoù étaient en
pâtures, soit 33,33 %.
Considérons
maintenant
leur
mutation d'un groupe à l'autre, soit terres,
pâtures et prés: on en compte 569 pour 919
parcelles, soit 61,91 %. On notera pourtant
la forte proportion de terres abandonnées à
la lande, soit 142 (15,45 %), aux bois
(bois, fûtaies, taillis, pins), soit 65 (7,07
%).
2. Les terres non labourables :
(Tableau 2 ci-contre)
On remarquera que 28,02 % des
terres froides ont été mises en culture (44
sur 157), mais aussi que 17,19 % ont été
plantées en arbres (27 sur 157), et que
31,21 % (49 sur 157) restaient encore en
landes.
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8. N.D.L.R. : Dans chacun des tableaux suivants, le bandeau horizontal porte les noms d'origine
des parcelles. Ex., tableau 1: "park, prad, foenneg..."
La première colonne verticale, à gauche, indique la nature de ces parcelles en 1840.
Ex.: "terre, pâture, pré,...". Les colonnes de droite et du bas totalisent. Ainsi, on recense, à
l'origine, 672 parcelles dénommées "park", dont 318 étaient toujours, en 1840, des "terres
(cultivées)", 32 étant devenues des pâtures, 114 des landes, etc...
Tableau 1. Les terres labourables :
Terre
Pâture
Pré
Lande
Verger
Taillis
Fûtaie
Bois
Sol
Courtil
Jardin
Terre vague
Pins
Chemin
cour
Park
318
32
36
114
71
30
5
9
30
4
7
3
7
5
1
672
Prad
9
11
32
15
3
2
2
2
1
1
78
Foenneg
9
8
102
10
2
8
1
1
2
1
1
1
146
Maes
1
1
1
1
-1
5
Pradenn
3
5
2
2
3
15
erw
1
1
1
3
341
57
173
142
80
41
6
10
34
7
7
4
8
8
1
919
Tableau 2. Les terres non labourables :
Terre
Lande
Pins
Taillis
Sol
Verger
Pâture
Fûtaie
Pré
Courtil
Bois
jardin
Brouskoad
1
3
1
1
6
Froastach
3
2
1
1
1
1
9
gwarem
lann
menez
6
8
81
2
1
1
4
1
1
1
1
27
3
5
1
2
11
11
20
4
1
4
6
2
4
1
1
3
57
Parklann
13
8
1
4
1
1
1
1
30
Parkmenez
4
4
1
1
10
ros
3
2
1
1
7
44
49
6
8
8
11
7
9
5
5
4
1
157
8/10
9. Tableau 3 : Les alentours de la ferme
Cour
Sol
Courtil
Terre
Jardin
Pré
Pâture
Bois
Taillis
Aire
Chantier
Fûtaie
Verger
Lande
Terre vague
chemin
jardin
1
34
37
1
36
1
1
1
1
1
114
leur
1
4
3
1
1
1
10
leurgêr
1
8
4
8
13
13
1
4
3
6
4
2
57
liorzh
3
31
65
31
3
3
3
1
2
2
1
22
2
1
175
porzh
2
1
2
1
1
6
gorz
1
1
1
2
5
79
109
41
42
19
19
3
3
3
1
5
27
8
5
2
367
La nouvelle distribution des "jardins" se répartit approximativement en trois tiers : un
tiers a gardé son affectation initiale; un second tiers est devenu "courtil"; le troisième
s'applique aux "sols", Les 2/5 des anciens liorzoù sont restés des "courtils", Enfin, sur les 367
parcelles, seules 112 correspondent encore à leur utilisation première, soit un peu moins de
30%.
Tableau 4 : Les bois et vergers.
Courtil
Terre
Taillis
Bois
Verger
Fûtaie
Sol
Lande
Pré
Terre vague
Marais
pâture
koad
3
21
37
6
6
2
4
10
1
2
92
gwerjez
15
15
1
2
37
12
1
1
1
1
86
18
36
38
8
43
2
16
11
1
1
2
2
178
Environ 50 % des bois
originels étaient encore plantés
d'arbres en 1840, mais on note que
30% ont été défrichés et mis en
culture. 43% des parcelles exploitées
en vergers étaient toujours plantées de
fruitiers, et 36 % mises en culture, 11
parcelles seulement sur l'ensemble ont
été gagnées par la lande après la coupe
des arbres; 19 autres ne sont pas
cultivées (marais, terre vague) ou sont
occupées par des constructions (sols).
9/10
10. Tableau 5. Les éléments typographiques
Il est difficile de connaître l’affectation exacte de ces parcelles à l’origine, certaines
étant des terres cultivables, les autres des terres froides. On notera cependant qu’au siècle
dernier la moitié en était occupé par des terres cultivées.
Tableau 6 : Les divisions agraires
Une très forte proportion était occupé par des terres cultivées, et devait vraisemblablement
l’être aussi autrefois, vu le sens des termes.
Avec ce numéro se termine l'étude consacrée à la "Microtoponymie de CloharsFouesnant" par Albert Deshayes, Docteur en breton et celtique, que nous remercions de son
aimable collaboration.
En page 1, l'exemple d'une des' 40 pages du "listing" informatique qui a servi de
point de départ à cette étude. Le relevé des données sur l'ancien cadastre, leur saisie sur
ordinateur représentent un travail fastidieux réalisé par "Foen-Izella". La contre-partie
bénéfique de ces préliminaires est la possibilité de sortie rapide des informations par
rubriques, au gré de l'utilisateur.
10/10